Bonjour les Apprentis Sociers!

Me voilà lancée dans une nouvelle histoire, bien sombre et douloureuse alors, âmes sensibles s'abstenir!

Mais je vous souhaite tout de même une bonne lecture...

Laissez des encoragements ou des critiques aux auteurs si vous voulez qu'ils s'améliorent!

SNT59


Introduction:

Ces yeux verts ont quitté mon champ de vision. Je sens les vibrations de leur part s'éloigner. Trois silhouettes quittent la pièce, me laissant seul. Le bois de la maison craque, les murs tremblent… Elle mérite vraiment son surnom.

Je ne me sens pas mal, je ne me sens pas bien… Quoique cela fait des années que j'ignore ce que signifie « se sentir bien ». L'ai-je déjà été ?

Oui, sans aucun doute.

Mais toujours en présence d'yeux émeraudes qui me regardent sans jugement. Et qui s'attachaient à aller au-delà des apparences.

Dans cette sombre bâtisse où je suis allongé, je tâche de ressentir mon corps. D'abord les jambes qui, depuis quelques instants, ont cessé de me faire souffrir. Je suis anesthésié. Mes bras font de même : ils deviennent lourds, rigides… Je suis impotent. Cela commence par mes doigts qui s'engourdissent lentement, au rythme du poison. Ce dernier brûle mes veines, comme un feu doux et latent qui ne cesse de progresser. Quand cette chaleur se sera propagée au niveau de ma poitrine, je serai enfin délivré.

L'un des effets du venin de Nagini est de donner l'apparence d'une mort sereine. Pure illusion car l'individu mordu aura pleinement conscience de ces derniers instants de vie tout en ayant un rythme cardiaque ralentit au maximum, entraînant un manque de sang au niveau cérébral et donc un dysfonctionnement du système circulatoire, nerveux et des organes.

La maîtrise de mon corps va m'être ôtée. Cela va débuter par des difficultés respiratoires. Je vais étouffer, ne plus savoir inspirer l'oxygène nécessaire à ma survie. Puis, une perte du contrôle de mes sphincters sera ma déchéance absolue. Enfin, avant même d'avoir perdu connaissance, je serais déjà raide, cadavérique et résolu à quitter ce monde le plus rapidement possible.

A l'extérieur, la bataille a repris. Les bruits des combats me parviennent. Les couleurs des différents sortilèges parviennent jusqu'à cette pièce où ma mort suit son cours. Les murs se teintent souvent de vert, me ramenant à des yeux que je pourrais bientôt contempler.

Cessant de songer à mon passé, j'essaie de savoir où en est la bataille.

Harry Potter doit être au courant de sa mort prochaine. Ce morveux aura le courage nécessaire de se planter devant Le Seigneur des Ténèbres en attendant son destin. De ne pas fuir.

J'aurai quand même souhaité pouvoir lui faire entendre ce que je pense réellement de lui. Il en a une légère idée au vu de notre passé commun mais…

Lui dire en face qu'il n'est qu'un abruti congénital étant né pour faire de ma vie un enfer et ayant démontré des aptitudes impressionnantes pour se fourrer dans des situations critiques pour MA survie…

En première année, Albus aurait pu se donner la peine de tenir en respect Quirrel. Mais non, c'est moi qui fut chargé de sauver le Gamin d'une chute de balai ou de surveiller un professeur de DCFM incompétent, non doué d'une forme de conversation un temps soit peu acceptable et promis à un bégaiement éternel!

Mes poignets sont maintenant touchés. Mes mains inutilisables, je suis incapable de me défendre. Même les informulés ne me seront d'aucune aide.

Je cesse de songer à ma déchéance et me concentre sur ma haine pour le gamin.

Deuxième année : un elfe de maison se prend pour l'ange gardien de l'Elu , une malédiction se répète dans Poudlard, des traits du Maître des Ténèbres se révèlent chez Potter… Les yeux de Lily enchâssés dans le visage de mon pire ennemi qui, de surcroît, sait parler le Fourchelangue. Je sais que je ne suis pas un saint, mais de là à me rendre la vie encore plus horripilante… J'avais déjà Lockhart.

Un sourire se dépose sur mes lèvres tandis que je songe aux points retirés aux nombreuses groupies de cet imbécile incapable. « 5 points de moins pour gloussements intempestifs Mademoiselle… »…

Mais j'interromps cette pensée réconfortante. Mon bassin est désormais touché par la paralysie et la brûlure du poison a atteint la moitié de ma région lombaire…

La troisième année m'apporte la satisfaction de pouvoir replonger dans des souvenirs heureux. Les tortures de Black, sa condamnation, sa future arrestation de mes mains. Mais encore une fois, ce stupide Gryffondor s'amuse à rendre ma vie plus infernale en libérant ma Plaie et en m'attaquant, Moi, un Professeur…

Je grogne un peu. Pour une fois que je peux me laisser aller à exprimer une pensée personnelle à « voix haute » !

Mais voilà que je tombe sur le côté. Je suis allongé sur le sol, la tête à moitié immergé dans mon propre sang…

Ma survie risque d'être raccourcie de quelques minutes…

Quatrième année. La marque des Ténèbres qui s'accentue sur mon avant-bras… Mes anciennes douleurs, dues aux heures de tortures, à mes cauchemars et à mes choix passés se réveillent à nouveau. Le Seigneur qui nous appelle, Potter qui est en sécurité, moi qui espionne de nouveau. Et jamais cette tentation de tout arrêter. Pour Lily… La rejoindre… C'eût été trop simple.

Le léger soupir qui passe mes lèvres suffit pour me faire prendre conscience de la quantité de sang laissé sur le sol. Finalement, je vais peut-être être exsangue avant de mourir d'empoisonnement.

Pourrai-je comparer ces deux morts jusqu'au bout ?

Le poison, quand à lui, à immobilisé mes membres supérieurs jusqu'aux coudes tandis que la région dorsale est désormais « grignotée »…

L'Ordre du Phoenix qui reprend ses activités, devoir être dans la même pièce que Black, devoir supporter Ombrage… Les cours d'Occlumancie avec le fils de mon ennemi. Est-ce qu'Albus avait conscience de la torture qu'il m'imposait ? Devoir plonger dans ce regard… Dans SON regard…

Je ne le saurais jamais. Et je n'ai jamais osé lui faire part de mon ressentit. Croyait-il que j'allais pouvoir rester insensible et professionnel ? Je reste un être humain !

L'été arrive… Avec lui j'ai le droit à la visite surprise de Narcissa Malfoy et à ma condamnation : tuer mon mentor qui, lui, par une folie qui m'est encore inconnue, a décidé de se suicider. User d'un artefact contenant un sortilège de magie noire… Je n'ose imaginer la douleur du quotidien.

L'année scolaire qui commence, Albus qui part longtemps pour des destinations inconnues et Potter qui se rapproche de lui…

Son assassinat.

Ma fuite.

Ma douleur cachée.

Ma nomination au poste de Directeur.

La vie au château.

Les actions nécessaires pour que le Trio d'Or achève sa mission.

Ma mort.

Je peux parler d'elle au présent. Je ne sens plus ni mes bras, ni mon tronc.

Ma respiration est sifflante et difficile.

Je peine à pouvoir inspirer quelques goulées d'air…

Qui ont un goût prononcé de sang.

Je vais me noyer dans ce liquide écarlate qui aura teinté ma vie depuis ma naissance.

- Pourquoi m'habiller en noir ?

- C'est une habitude de vie.

- Pourquoi pas le rouge ?

- Ce n'est pas le courage des Gryffondors mais la couleur du sang que j'ai versé.

- Ai-je des regrets ?

- Ma vie est un regret.

Tout cela me semble être une confession.

Je mets cela sur le compte de la présence d'un poison dans mon organisme.

Les neurones manquent d'oxygène.

C'est peut-être pour cela que j'ai l'illusion de distinguer plus nettement la pièce.

De me sentir mieux.

De redécouvrir ma proprioception, ma sensibilité tactile et kinesthésique.

Mes paupières clignent plusieurs fois, me permettant d'humidifier ma cornée et de recouvrer une sensibilité visuelle.

Devant moi se tient un fantôme.

Qui me désigne le fauteuil près de la cheminée.

Je me lève.

Difficilement.

Parcours le peu de mètres qui me sépare de ma destination avec lenteur.

Je m'y affale.

Un oiseau se tient sur le dossier du fauteuil. D'or et de rubis vêtu, je reconnais Fumseck.

Et identifie le personnage qui se tient confortablement en face de moi :

Abus Dumbledore.

- Vous ne me laisserez donc jamais en paix ?

- Non, mon cher Severus. En effet.