D'aussi loin qu'il pouvait s'en souvenir, Falcon avait toujours adoré voyagé. Déjà petit, il explorait la forêt non loin du petit village de sorcier ou il habitait. Il rêvait de fouiller le ciel, d'explorer les nuages. Chaque nouvelle expédition en territoire inconnu le réveillait, et l'attirait inexorablement. Il était de ceux dont leur vie ne tourne qu'autour de longues traversées et de grandes aventures. Oui, Falcon était de ceux que l'on appelait plus communément les Hiboux. Vous savez, ces grands oiseaux dont la peau est couverte de plumes de diverses couleurs, et dont les grandes ailes parcourent le ciel.
Il était de notoriété publique, dans le monde des moldus, que ces volatiles étaient des créatures nocturnes, c'est à dire, ne sortant que la nuit, et se reposant de jour, mais dans le monde de la sorcellerie, la réalité était tout autre. Depuis longtemps déjà, les hiboux et les chouettes, servaient de messager entre les sorciers éloignés, qui s'envoyaient du courrier pour prendre des nouvelles d'un ami. Aussi, on peut qualifier ces remarquables animaux de tout à fait intelligent. Après tout, savoir se repérer parfaitement dans tout l'Angleterre, et même parfois au delà, relevait d'un niveau que même certains sorciers ne pouvaient prétendre atteindre. Chaque rues, et chaque recoins leur était connu, de sortes qu'ils parvenaient toujours à trouver le destinataire du courrier, et en réalité, bien nombreux étaient ceux qui se demandaient comment.
Ces rapaces donc, étaient pour la plupart des êtres intelligents, mais cela semblait ne pas concerner Falcon, car si son cœur eut toujours aimé les longues traversées, il n'était pas rare qu'il commette des erreurs. Il était même très distrait.
Voilà pourquoi, le 31 Juillet, alors qu'il volait vers Godrics Hollow pour adresser à James Potter une lettre du Collège de Sorcellerie Poudlard, l'idée lui vint de s'arrêter en chemin. Comprenez le, le pauvre, cela faisait deux jours déjà qu'il avait quitté l'agréable serre du Château ou l'attendait la douce Dixie, une chouette particulièrement jolie, dont les plumes blanches attiraient les jalouses. Deux jours qu'il volait dans un ciel sec au dessus de beaux paysages, que le premier mois de vacance avait transformé en un désert aride. Ainsi, alors qu'il touchait au but, il s'arrêta dans un jardin que l'ombre d'un grand arbre avait préservé du climat chaud qui sévissait sur la Grande Bretagne. Trois semaines de beau temps avaient suffit à dessécher la plupart des terres du sud, et il fallait dire que ce petit endroit offrait des airs de Paradis.
Or donc, alors qu'il se posait délicatement une des branches de l'arbre, et qu'il prenait un repos bien mérité selon ce qu'il en pensait, une boule de fourrure rousse lui tomba dessus, engageant ainsi un combat féroce. Ce chat se nommait Capri. Il n'était pas mauvais bougre, et vivait dans un endroit luxueux ou il était chéri, mais il manquait sans doute de distraction, ceci expliquant sans doute cela. Alors qu'il « jouait » avec le Hibou qui avait eu l'imprudence de se poser sur son territoire, un bruit de raclure se fit entendre, mettant fin à la dispute.
Apparue alors, dans l'encadrement d'une porte fenêtre, une jeune femme brune au sourire charmeur. Elle était de toute beauté, dans cette robe noire, qui faisait ressortir d'avantage ses yeux à la prunelle marron. De longs cheveux châtains et noirs, cascadait dans son dos, jusqu'entre ses omoplates, et son corps fin était de toute beauté. Notre cher Falcon faillit en oublier sa douce Dixie, et resta un instant à fixer la jolie femme brune qui venait d'arriver. Celle éclata de rire :
"Capri, cesse d'importuner le Hibou, il est venu pour James !"
Aussitôt, le chat interrompit ses prouesses, et se rua vers sa maîtresse qui le gratifia d'une caresse. Elle détacha de la patte du volatile deux lourdes enveloppes, et rentra dans le salon du Manoir des Potter. Elle s'approcha alors de son fils unique, qui boudait dans le canapé du salon.
"Jaaaames ?"
"Mh."
"Pourquoi fais tu la tête ?"
"M'ennuie, se plaignit le jeune garçon."
Bien entendue, les vacances d'été n'étaient pas du tout à son aise. D'ordinaire, ses parents l'emmenaient faire le tour du monde, et il visitait de fantastiques pays. Des tombeaux des pharaons, aux temples grecs, le monde de la sorcellerie l'avait enchanté, mais cet été là, rien. De plus, la lettre qu'il attendait depuis trois semaines ne venait pas, et l'enfant s'ennuyait.
"Alors voilà qui devrait te plaire, répondit la jeune femme avec un sourire"
Le visage de son jeune fils s'éclaira, et elle sourit. Le voir dans cet état la réjouissait...
Severus regarda la lettre longuement, puis la reposa. Il n'y avait ni joie sur son visage, ni surprise. Il savait que la lettre viendra, et il était donc tout naturel qu'elle soit là, là ou sa mère rangeait le courrier. De toutes façons, cette journée ne serait pas la plus belle de sa vie, il le savait. Tout le long, il attendit le soir. Mangeant en vitesse, il se pressa de sortir pour presser son oreille contre la porte de la salle à manger.
« Il n'ira pas la bas, Ellien. »
« Tu ne peux pas l'en empêcher, il a déjà les pouvoirs de notre monde, et tu le sais. »
« Je ne veux pas d'un deuxième fou dans cette famille, j'en ai déjà bien assez à faire avec toi. »
Il y eu un instant de silence, puis le père repris.
« Cette maladie doit être curable. Il ira dans un collège de quartier, ou il étudiera les mathématiques, la physique, l'histoire, et il deviendra un homme comme un autre. »
« C'est trop tard Tobias, il est inscrit, et si tu ne le laisses pas partir, ils viendront le chercher. »
Le père pesta. Il ne laisserait pas son fils unique devenir taré. Déjà, quant sa récente épouse lui confia son statut, il l'avait de suite haïe. Non pas par ce « défaut » mais par ce mensonge. Par le fait qu'elle ne lui aie pas dit plus tôt, et à présent, la magie et le mensonge n'était plus qu'une même et unique entité à ses yeux.
« Je préférerais mourir que de le voir devenir comme toi. »
Cette fois ci par contre, ce fut trop. Dans le dos de Tobias, la bouilloire explosa. Malgré un frisson, le père poursuivit néanmoins. Il ne se laisserait pas faire. Severus lui, en avait entendu assez. Il monta dans sa chambre. Dix ans que ses parents se disputaient. Il était temps de tourner la page.
Claque. La gifle était partie vite. Trop vite pour qu'il aie le temps de l'éviter. La joue brûlante, le regard brûlant, il fixa son père dans les yeux. Seigneur, il haïssait cette famille. La voix grave et rocailleuse du père le congédia. Le cœur lourd, l'esprit amer, il rejoignit sa chambre. Il était en colère. Très en colère. Ce jour aurait du être exceptionnel. Ce jour aurait du marquer la fin de onze années de calvaires à supporter son père tyrannique et sa mère excentrique. Mais naturellement, les choses avaient dérapé. Il en était toujours ainsi dans la famille Black. Serrant l'enveloppe entre ses doigts, il pressa le pas. Cette enveloppe représentait tant. S'enfermant à double tour, il revisionna la journée passée. Dès le matin, il était descendu en trombe, au grand désespoir de sa mère. Mais le père n'était pas là, il travaillait, et il n'aurait pu lui infliger la correction quotidienne. Aussi, malgré son boucan, il ne reçu rien d'autre que les menaces de Walburga Black. A son passage, Kreattur étouffa un grognement. Si il avait son mot à dire, le fils aîné de cette famille serait bannie. Peut être un jour cela arriverait il ? Quoiqu'il en soit, il se rua à l'endroit du courrier. Elle était là, la lettre qui le mènerait vers un ailleurs au combien reposant. Et puis, la journée se déroula de la façon la plus naturelle qu'il soit, sa mère l'emmena faire des courses sous le regard envieux de Regulus. De toute sa famille, son frère cadet était de loin son préféré. Certes, il se rattachait aux ridicules idées de sang pur que prônait sa famille, mais Sirius associait cela à de la timidité plus qu'une réelle conviction politique. Regulus avait toujours été en retrait devant le tempérament fougueux de son unique frère. Peut être était ce la raison de leur entente ? Il se complétait. Après avoir ébouriffé les cheveux de son petit frère en lui promettant que le jour viendrait ou ce serait son tour, il se dirigea droit vers le chemin de traverse. Comme dans un rêve, il se vit remettre sa première baguette, et comme dans un rêve, il se vit équipé du complet attirail d'un sorcier de premier cycle. Et puis, la nuit venue, le père rentra. Il félicita son fils pour la lettre, et durant un instant, Sirius cru à une soirée paisible, mais l'espoir s'envola lorsque durant le repas, le sujet dévia sur la maison du nouvel écolier.
« Tu seras un Serpentard, ordonna son père. »
Le jeune fils le contempla stupéfait. Ce n'était ni une supposition ni une suggestion. C'était un ordre, et il détestait ça. D'autant plus que de toutes les maisons, il préférait de loin éviter cette option. Il y serait mêle aux gens partageant les idées de famille, alors qu'il les détester. Il serait mêlé aux gens pratiquant les formes les plus douteuse de la magie, alors que lui même les mépriser, et puis, il serait avec ses cousines. C'était sans doute le pire de tout. Poudlard ne serait alors même pas différent de chez lui. Dès que cette phrase résonna dans la pièce, le silence tomba. Ce débat avait été vu et revu, et il était toujours houleux. Pendant un bref instant, il n'y eu aucune réponse, et les convives se mirent à espérer que rien ne se dirait mais non, ç'aurait été contraire aux points de vue du futur étudiant. Alors, il murmura un non cinq seconde plus tard. Régulus retint son souffle. La bombe allait exploser. Cependant, son père demeura impassible. Il se leva de son siège, et répéta :
« Tu seras un Serpentard »
Ce n'était plus un ordre, c'était une menace, Sirius le savait.
« Je refuse d'être mêlé à ces prétentieux ne jugeant que par la pureté du sang. »
Il avait été trop loin, il le savait, mais la finesse n'avait jamais été son point fort. Ce fut là, que la gifle arriva.
Adossé à la fenêtre, le jeune garçon se frotta la joue. Bientôt, tout cela serait derrière lui.
