Une petite histoire qui me trottait dans la tête... Let me know what you think...
Prologue
18 Mai 2016 - Madrid - 11h15
En ce mercredi de mai ensoleillé, une jeune fille, s'installa tranquillement à la terrasse d'un café de la Plaza Mayor de Madrid.
A l'ombre d'une large capeline, on pouvait apercevoir son visage, encadré d'une masse ondulée de cheveux châtains. Elle possédait des trait doux, quoi qu'un peu anguleux, ses yeux, quant à eux, restaient invisibles derrière une paire de lunettes de soleil ronde à la monture fine et rétro. Mince et élancée, elle frôlait sûrement les 1m70. Son corps, qui possédait encore ce côté dégingandé typique de l'adolescence, semblait noyé dans ses vêtements ; une simple chemise blanche et un pantalon marron à bretelles type année 30. Ses mains fines et son teint pâle complétaient ce tableau et finissait de lui conférer une forme de fragilité.
Après avoir commandé, auprès du serveur, un verre d'Horchata de Chufa - une boisson valencienne dont elle raffolait - , elle se pencha vers sa sacoche et, avec un large sourire, en sortit plusieurs enveloppes ainsi qu'un téléphone, un vieux Nokia 3310 qui semblait avoir connu de meilleurs jours. Sans quitter des yeux les enveloppes qu'elle avait sorties, elle appuya sur la touche d'appel rapide du portable avant de porter le téléphone à son oreille. Après un premier essai infructueux, elle patienta quelques minutes avant de lancer un deuxième appel, patientant tranquillement que son correspondant ne décroche.
« Allô ? » Finit par répondre une voix masculine au bout du fil.
« Holà mi Profesor ! » Lui rétorqua la jeune fille d'une voix chantante, faisant un petit signe de tête et un léger sourire au serveur alors que celui-ci lui déposait sa boisson.
« *soupir* Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler ainsi….»
« Mais c'est vrai que tu ressembles à un prof ! Et je refuse de croire que tu fabriques du cidre …. »
« Pourquoi m'appelais-tu ?» La voix calme restait avenante, mais on sentait que l'homme était un peu pressé, occupé sans doute...
« hmm » La brunette se mordilla les lèvres « je te dérange? Je peux te rappeler plus tard si tu préfères… » Sa voix emprise de tristesse, elle semblait nerveuse et son sourire n'était plus qu'un souvenir. La gorge nouée, elle prit une gorgée de la boisson nacrée qu'elle avait commandée pour se donner un peu de courage.
« *nouveau soupir* non, non bien sûr que non….Je m'apprêtes juste à commencer un projet et je ne serais pas très disponible dans les mois à venir…Je t'avais prévenu non ? » Toujours cette voix, professoral, gentille, patiente, pédagogue, mais semblant quand même la prendre pour une enfant un peu lente, elle aimait autant qu'elle détestait cette intonation…. C'était toujours celle qu'il utilisait lorsqu'il voulait qu'elle fasse quelque chose dont elle n'avait pas envie …. Comme par exemple ne pas chercher à le contacter pendant les 6 mois à venir ….
« Oui… Je sais… *soupir* je voulais juste te dire, j'ai eu les résultats de mes examens, tu sais les examens passerelles » elle esquissa alors un très léger sourire « j'ai été acceptée partout ! » La fierté qu'elle ressentait était clairement audible. « Je voulais juste te le dire …. Avant que tu ne te transformes en ermite et que je ne puisse plus te joindre…. » Finit-elle d'une voix plus triste, elle n'aimait pas quand il disparaissait.
« Oh… » Il y eut un petit moment de flottement « Je..Je suis très fier de toi » continua-t-il maladroitement, il n'avait jamais été très doué pour les émotions, elle le savait, mais elle était heureuse de l'entendre lui dire cela, qu'il était ''fier'' d'elle, et son sourire s'agrandit. « Je savais que tu y arriverais » la voix était plus assurée et chaleureuse maintenant « tu sais où tu souhaites aller ? »
« Non… Pas encore… Je voulais juste partager la bonne nouvelle avec toi ! Mais je sais que tu es occupé… Je ne veux pas te retenir d'avantage… On en reparlera quand tu seras disponible… Promis ? »
« ….Promis » la voix était devenue étrangement évasive et incertaine
« Pas de mensonge hein ? Tu me donnes ta parole d'honneur ? » Insista-t-elle, inquiète.
« Oui, je t'en donne ma parole, nous en parlerons dès je serais disponible » La voix était lasse, mais semblait sincère.
« Je t'aime et je tiens fort à toi …. » Conclut-elle, avec le mauvais pressentiment qu'elle lui parlait pour la dernière fois.
« Moi aussi…Ciao Bella » finit-il dans un murmure avant de raccrocher
Elle fixa son téléphone d'un regard vide avant de pousser un profond soupir, et de se mettre a étudier les différentes propositions de lycée étalées devant elle en reprenant une gorgée d'Horchata en fredonnant un air Italien.
Elle ne pouvait pas savoir à quel point elle se trompait.
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18 Mai 2016 - Maison de Tolède - 11h15
Le Professeur regardait avec plaisir ses futurs collaborateurs sagement assis devant lui tels des écoliers prêts a écouter ses moindres paroles. Il avait d'ailleurs ressentit, même s'il ne l'admettrait jamais, un plaisir coupable de voir cet homme élégant qui porterait par la suite « Berlin » devoir s'asseoir de la sorte. Ce dernier, pas dupe, lui lança un regard ironique et provocateur, le concours de regard aurait pu durer longtemps entre les deux hommes si le téléphone du Professeur n'avait pas sonné à ce moment-là.
En fronçant les sourcils, il décida d'ignorer l'appel, et commença son discours.
« Alors déjà bienvenu à tous » fit-il en écrivant un énorme ''bienvenu'' sur le tableau « et merci d'avoir accepté cette euh… Disons cette offre d'emploi. »
L'un des jeunes au 2e rang, le fils du spécialiste des tunnels si le Professeur se souvenait bien, eu un rire à ce moment-là et un sourire s'esquissa sur les visages des autres escrocs présents.
« On va vivre ici, à l'écart de la folie du monde 5 mois, et ces 5 mois nous allons les passer à étudier comment réussir notre coup » poursuivi le Professeur avant de se faire brutalement interrompre par le spécialiste des tunnels justement, « Moscou » …
« Oh minute, tu veux rire, 5 mois! t'es dingue! »
Le professeur prit une grande inspiration et se lança dans son opération séduction, il avait besoin que ses associés lui fassent confiance et le suivent sans, trop, discuter.
« Prenez les gens, pendant des années, ils étudient, pour toucher un salaire, qui pour ceux qui ont de la chance, reste de toute façon un salaire de merde…. » Son regard balaya la salle, afin d'être sure d'avoir l'attention de toute l'assistance.
« C'est quoi ces 5 mois ? Je prépare ce coup ça fait… » Il fit une pause, son esprit commençant à se noyer dans ses souvenirs, des souvenirs un peu trop douloureux, il se frotta les yeux et se força à se re-concentrer sur son public. « …Bien plus que 5 mois. Pour ne plus travailler de toute ma vie…. » Il marqua une pause, les regardant tous un par un « Même chose pour vous… Et pour vos enfants aussi… » Laissant la phrase en suspens, il scruta leurs expressions, ça y est, il les tenait, ils le suivraient jusqu'au bout du monde… Il pouvait donc reprendre le cours classique de son discours.
« Bien pour l'instant on ne se connaît pas…. Et je veux que cela reste ainsi, pas de nom, pas de questions personnelles… »
A ce moment là il fut à nouveau interrompu, mais pas par un membre de son équipe, mais par la sonnerie de son téléphone. Excédé, il décrocha en soupirant.
« Allô ? »
C'est alors qu'il entendit au bout du fil une voix qu'il ne connaissait que trop bien….Et ça tombait mal. « Holà mi Profesor !» La voix était enjouée, un fait assez inhabituel, mais il n'avait vraiment pas le temps pour ça.
Il soupira en se frottant les yeux « Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler ainsi….»
« Mais c'est vrai que tu ressembles à un prof ! Et je refuse de croire que tu fabriques du cidre …. »
Non, vraiment pas le temps. « Pourquoi m'appelais-tu ? » Essayant de garder sa voix calme et en tournant le dos à sa classe, qu'il entendait déjà chuchoter derrière lui.
« Hmm ….Je te dérange ? » Oui, clairement. « Je peux te rappeler plus tard si tu préfères… »
Le Professeur ferma les yeux et serra les dents, il détestait entendre cette voix abattue…. Il soupira et se força à rester patient.
« Non, non bien sûr que non….Je m'apprête juste à commencer un projet et ne serait pas très disponible dans les mois à venir…Je t'avais prévenu non ? » Il lui avait pourtant demandé de ne pas le contacter…
« Oui…Je sais…*soupir* je voulais juste te dire, j'ai eu les résultats de mes examens, tu sais les examens passerelles, j'ai été acceptée partout ! » La fierté qu'elle ressentait était clairement audible. L'homme eut presque envie de se gifler, oui bien sure… Il avait complètement oublié avec la mise en place de son plan…. « Je voulais juste te le dire ….Avant que tu ne te transformes en ermite et que je ne puisse plus te joindre…. »
« oh…» Dieu qu'il détestait l'entendre aussi triste « Je..Je suis très fier de toi » continua-t-il cherchant à rattraper le coup « Je savais que tu y arriverais » reprenant son rôle de professeur « tu sais où tu souhaites aller ? »
« Non…Pas encore…Je voulais juste partager la bonne nouvelle avec toi !Mais je sais que tu es occupé…Je ne veux pas te retenir d'avantage…On en reparlera quand tu seras disponible…Promis ? »
«….Promis » fit-il évasif… Comment lui dire qu'ils ne se reverraient sans doute pas avant long moment? Il n'était même pas totalement certain de se sortir de ce coup en un seul morceau.
« Pas de mensonge hein ?Tu me donnes ta parole d'honneur ? » La voix était inquiète, elle était loin d'être idiote cette petite et elle le connaissait sans doute un peu trop…
« Oui, je t'en donne ma parole, nous en parlerons dès je serais disponible » Il n'avait pas vraiment le choix, et c'est le plus proche qu'il pouvait être de la vérité, il ne définissait simplement pas quand il serait à nouveau disponible…
« Je t'aime et je tiens fort à toi ….» Conclut-elle.
L'homme esquiva un sourire « Moi aussi… Ciao Bella » finit-il dans un murmure en couvrant le téléphone de sa main pour masquer ses derniers mots, avant de raccrocher.
Il soupira et se retourna vers la salle, ou ses ''étudiants'' qui s'arrêtèrent de chuchoter et le regardaient maintenant interrogateurs, son regard glissa vers le futur Berlin qui fronçait les sourcils… Il semblerait qu'au moins une personnes ait entendu ce ''Ciao Bella''. Non ce coup de téléphone n'était vraiment pas bien tombé….
« Bon ou en étions nous… Ah oui pas de nom, pas de questions personnelles… Et surtout aucune relation personnelle. Chacun va se trouver un pseudo, il faut faire simple, un numéro, un nom de planète un nom de ville…. » Continua-t-il pour changer de sujet et ne pas perdre l'attention de son équipe.
« Genre Bôgoss77, jolieNana23 » rigola le même jeune homme que la dernière fois, celui qui prendrait bientôt le nom de « Denver » .
« Moi, j'ai déjà des problèmes avec mon numéro de téléphone » répondit son père
« C'est pour ça que je suis là non ? »
« Les planètes ? Moi je serais Mars et lui Uranus » s'exclama le plus jeune de la bande, « Rio », assis au troisième rang en pointant du doigt son voisin de devant.
L'échange s'accentua alors entre les deux jeunes hommes… Bon sang… De vrais gosses, il avait VRAIMENT l'impression d'être devant des lycéens…
« Va te faire foutre, Uranus, c'est non »
« Quoi, t'as un problème avec Uranus?»
« J'aime pas comment ça rythme »
Bon, il était temps de recadrer le débat… Au moins, plus personne ne pensait à son coup de téléphone.
« D'accord, d'accord... ça sera des nom de ville! » Interrompit le Professeur.
« Oui, c'est mieux les villes! » Conclut Denver.
« Parfait ! » Termina le Professeur, soulagé de voir qu'il était capable de gérer cette équipe sans trop de difficulté.
Mais ce coup de téléphone était loin d'être anodin…. et le professeur aurait peut-être dû y prêter plus d'attention….