Hatôri Yoshiyuki :

Il était passé vingt-deux heure, tout était calme, la plupart des gens devaient dormir. Pourquoi ce n'était pas le cas de ce pauvre Tôri ? Tout simplement parce qu'il avait eu la bêtise d'ouvrir quand son amant s'était mis à sonner à la porte d'entrée. S'il avait su... Enfin, on ne change pas le passé.

Que faisait-il donc à une heure aussi avancée ? Il rangeait le désordre provoquer par Yoshino. Pendant qu'il faisait ça, le responsable, lui, était assis au milieu de la pièce, les bras croiser. Il semblait réfléchir le plus sérieusement du monde, c'était assez rare pour être souligner. Le plus vieux se demandait bien à quoi il pouvait penser, mais bon au moins comme ça, il n'embêtait personne.

« S'il m'aidait, ce serait pire que tout ! »

Les minutes passaient et l'appartement commençait à retrouver son état d'origine. Un rapide coup d'œil au mangaka lui fit comprendre que ce dernier était aux portes du sommeil. Enfin, avec la façon dont il piquait du nez, n'importe qui pouvait arriver à cette conclusion. Il s'approcha donc du jeune homme et posa une main sur son épaule.

« - Tu ferais mieux d'aller dormir. »

D'un coup, le brun redressa la tête, comme s'il venait de recevoir un grand choc. A voir son visage s'illuminer, Hatôri comprit tout de suite ce qui allait arriver. Il venait de commettre une grosse erreur. Aussi vite qu'il le put, le plus vieux se plaqua contre la porte de sa chambre, y interdisant tout accès.

Yoshino essaya tant bien que mal de le déloger, mais il n'y arriva pas. Ce n'était pas avec son gabarit qu'il pourrait y parvenir. C'est pour cela qu'il baissa vite les bras et adopta une autre stratégie. Il regardait maintenant Tôri avec des yeux de chien battu, les mains jointe, comme pour le supplier.

« - Juste un coup d'œil.

- ça m'étonnerait que tu trouves ton manuscrit là-dedans ! »

Il avait beau dire, l'autre n'en démordait pas et continuait ses supplications. Au bout de quelques minutes, l'éditeur admis sa défaite et le laissa passer. Heureux comme jamais, le jeune s'engouffra dans la pièce et commença ses investigations.

« - Tu as intérêt à tout ranger. » Souffla Tôri, mais autant parler à un mur.

L'ainé ne voulait plus qu'un chose, aller dormir. C'est pour cela qu'il retroussa ses manches et se remit au travail. Il ne s'occupait même pas de ce que faisait son amant, c'était le mieux à faire pour conserver le peu de santé mentale qui lui restait.

S'il avait su où ça le mènerait, jamais Tôri n'aurait ouvert sa bouche concernant le storyboard... En tout cas, pas en fin de soirée. Mais non, il a fallu qu'il appelle le plus jeune pour lui rappeler que la date pour rendre son travail était toute proche... Et voilà le résultat.

« J'ai au moins la preuve qu'il n'est pas ici » Pensa-t-il simplement en terminant le rangement. Yoshino avait beau dire qu'il lui avait rendu les feuilles dans les temps, il n'en voyait pas la moindre trace. Il ne demandait qu'à le croire, mais il n'y avait aucune preuve, juste sa parole.

« Ce n'est pourtant pas un menteur... »

Tôri ne savait plus quoi penser de cette histoire, tout ce qu'il souhaitait, c'était de pouvoir retrouver son lit. Du fait de l'absence de Takano, il avait beaucoup à gérer, ce n'était vraiment pas le moment.

Un grand silence s'était maintenant installé dans l'habitation, au plus grand bonheur de l'ainé, mais c'était bizarre. Yoshino ne faisait pas le moindre bruit, alors que d'habitude... C'en était vraiment étrange. Par curiosité, il ouvrit la porte et passa la tête dans la chambre. La scène qui s'offrait à lui le désola complètement. Le plus jeune était à plat ventre, à moitié sous le lit. Qu'espérait-il trouver là-dessous ? Croyait-il Tôri assez stupide pour mettre une chose aussi importante à cet endroit ? L'homme se pinça l'arête du nez et soupira fortement.

« - Sors de là, tu as l'air ridicule. »

Ne s'attendant certainement pas à cet appel soudain, Chiaki sorti précipitamment de sous le lit, se cognant la tête au passage. Lui ne put s'empêcher de pouffer légèrement, tandis que l'autre se massait le crâne là où une belle bosse allait surement se formée.

« - Qu'est-ce que tu veux Tôri ?

- Que tu arrêtes de faire le clown, pour commencer. »

Le brun soupira et croisa les bras, dans un silence religieux. Il devait surement se demander quel endroit de l'appart serait sa prochaine victime. Cela dit, il n'eut pas le loisir de réfléchir bien longtemps, un gros bruit venait de se faire entendre... Le bruit de son propre ventre. Allons donc, en plus de ranger derrière lui, il allait devoir lui préparer de quoi manger ?

« - ... J'ai faim...

- C'est bon, j'ai compris. »

Hatôri s'avoua vaincu, il se dirigea lentement vers la cuisine pour faire le repas. Rien ne lui serait donc épargner ? Il était maintenant passé vingt-trois heure, mais il ne pouvait toujours pas aller se reposer. Que faisait l'autre pendant ce temps ? Il était tout simplement assis dans le canapé, l'air complètement ailleurs. Enfin, en connaissant ses talents pour la cuisine, ce n'était pas plus mal qu'il ne participe pas.

Après un bon repas, le plus vieux mis les assiettes de côté, il n'avait pas la force de faire la vaisselle. Il se racla la gorge en regardant l'heure, essayant de faire comprendre à son amant qu'il était plus que temps d'aller dormir.

« - C'est bête, je n'ai pas retrouvé mon storyboard...

- Tu es encore là avec ça...

- J'étais pourtant certain qu'il était chez toi. » Affirma le plus jeune en soupirant.

Avec tout l'acharnement que le plus jeune avait mis pour le chercher, il était un peu difficile de penser qu'il mentait. Pourtant, il avait du mal à le croire, surement à cause de l'habitude des retards... Où était-ce simplement la fatigue qui le faisait penser ainsi.

« -S'il n'est pas chez moi et chez toi non plus...

- Je n'ai pas vérifier chez moi. » Avoua le brun d'une toute petite voix.

Tôri ne savait pas ce qui le retenait de l'étrangler. Il venait mettre la pagaille chez les autres sans même penser à quelque chose d'aussi basique ? Comment était-ce possible. Enfin, c'était du Yoshino tout cracher.

« - Je suis désoler, je vais regarder tout de….

- Tu verras ça demain.

- Tu m'aideras ?

- Non ! » Protesta le plus vieux. Il avait beaucoup de travail en ce moment, est-ce que le brun pouvait seulement comprendre cela ? A voir sa mine de chien battu, ce n'était pas le cas. Pour lui, la discussion était close, il partit donc en direction de la chambre, bien décider à se coucher. C'était sans compter sur l'autre, qui l'attrapa par le bras, le forcent ainsi à s'arrêter et se tourner vers lui.

« - Pourquoi ? » Questionna le plus jeune, visiblement intriguer par ce refus.

Que pouvait-il bien répondre à ça ? Il n'en avait pas la moindre idée. Chiaki ne voulait pas le lâcher, il le regardait avec insistance, attendant une réponse. Pourquoi ne voulait-il pas simplement le laisser en paix ?

Hatôri était vraiment à bout et la façon dont Yoshino réitérait sa question encore et encore ne l'aida pas. Il finit par se dégager de l'emprise du plus jeune.

« - Je n'ai pas de temps à perdre avec tes chimères… »

Chiaki Yoshino :

Plus Chiaki prenait conscience de ce que son amant venait de dire et plus son visage se décomposait. En résumer, il ne le croyait pas ? C'était bien ce qu'il laissait entendre. Pourquoi ? Il était pourtant certain d'avoir rendu son manuscrit il y a de cela deux jours, il n'avait pas pu le rêver.

« - Alors, tu ne me crois pas…

- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.

- Si, c'est exactement ça ! » Protesta le plus jeune.

Tôri leva le bras, sans doute avait-il l'intention de poser sa main sur la joue du brun, mais ce dernier ne se laissa pas faire. D'un geste, il repoussa son amant, il était trop tard pour essayer de se rattraper.

« - Je vais rentrer.

- Il fait nuit…

- Je m'en fiche, c'est mieux que de rester avec quelqu'un qui ne me crois pas. »

Sans un mot de plus, il s'exécuta et s'en alla. Comme il s'en doutait, l'autre n'avait pas fait le moindre geste pour le retenir. C'était un peu triste, il aurait espéré le contraire… Pour ne rien arranger, il s'était mit à pleuvoir, mais dans l'état actuel des choses, c'était vraiment le cadet de ses soucis.

Une fois rentrer chez lui, le plus jeune commença à tout retourner, dans l'espoir vain de retrouver son storyboard. Comme il le pensait, la recherche fut infructueuse, normal. Alors pourquoi avoir tout fouiller ? Juste par acquit de conscience.

Il finit par s'allonger sur son lit, attendant que vienne le sommeil. Alors qu'il essayait de se remémorer ce qu'il avait fait il y a deux jours, une évidence le frappa de plein fouet.

« - Yuu ! Lui doit savoir ! »

Oui, c'était bien joli tout ça, mais il était passé minuit, peu de chance que l'assistant réponde à une heure pareille. En plus, cela ne se faisait pas de déranger les gens. Maintenant qu'il avait un début de solution, il put s'endormir l'esprit tranquille.

C'est à la première heure qu'il saisit son téléphone et composa le numéro de son meilleur ami. Il ne fut pas longtemps pour entendre la voix qui allait sans doute lui sauver la vie. Au lieu de tout lui raconter de cette manière, il lui proposa de passer ici, ce que l'autre accepta tout de suite.

« - Alors Chiaki, de quoi voulais-tu me parler ? »

Le plus jeune lui raconta toute l'histoire et c'est tout naturellement que son ami finit par écarquiller les yeux.

« - Tu lui as pourtant rendu, j'étais là quand tu as décidé d'aller chez lui.

- Je sais, mais apparemment, il ne l'a pas eu… »

C'était bien sa veine, il n'était pas plus avancé. Enfin, au moins, ce n'était pas un menteur. Il réfléchit à ce qu'il pourrait bien faire, jusqu'à ce que Yuu ouvre la bouche.

« - Tu aurais dû lui donner une bonne claque.

- Tu plaisante j'espère ?

- …. Bien sûr. »

Chiaki n'étais pas totalement certain que ce soit la vérité, mais bon, il ne releva pas et continua de réfléchir. Il fallait se rendre à l'évidence, tout ce qu'il restait à faire, c'était de tout recommencer. Il le fallait, pour oublier toute cette histoire, pour repartir sur de bonnes bases.

« - Je vais recommencer.

- Tu ne devrais pas, ce n'est pas ta faute si Hatôri a perdu ton travail. »

Il ne répondit pas et appela ses assistantes, bien sûr aucunes ne voulait de ce boulot, quoi de plus normal après tout. Il était maintenant résigné à tout faire seul et être en retard, mais c'était sans compter l'intervention de l'assistant.

« - C'est bon, je vais te donner un coup de main.

- Merci Yuu, tu me sauves ! »

Evidemment, même à deux, ce ne serait jamais terminer à temps, mais c'était mieux que rien. Si Chiaki tenait tant à ce storyboard, ce n'était pas par fierté d'avoir finis dans les temps, c'était bien autre chose. Une promesse qu'il avait fait avec le plus vieux. Jamais il n'aurait de récompense, mais à l'heure actuel, cela n'avait plus d'importance.

Tous les deux avançaient à bon rythme, après tout, ils avaient déjà fait tout cela, c'était donc plus facile.

DING DONG

Les deux compères arrêtèrent en même temps, ils se regardèrent, sachant chacun qui se trouvait derrière la porte. Chiaki hésita un moment, mais il finit quand même par se lever pour aller ouvrir. Sans surprise, il découvrit Tôri. Il ne l'invita pas à rentrer, il était occupé et n'en avait, de toute façon, pas très envie.

« - Qu'est-ce que tu veux ?

- J'ai parlé avec Takano et …

- C'est bon, j'ai compris. » Souffla le brun sans même prendre la peine de le regarder en face. Il n'en avait pas la force, pas du tout. Alors quoi, si c'était ainsi, qu'était-il advenu de ce qu'il avait fait ? Bah, ça n'avait plus trop d'importance maintenant.

« - Ce n'est rien, je… »

Yuu Yanase :

Il aurait pu rester à sa place, continuer de travailler et faire semblant de rien. De ne pas les entendre, mais ce fut plus fort que lui. Doucement, il se leva et alla se positionner derrière Chiaki, les mains posées sur les épaules du plus jeune.

« - On est en train de recommencer.

- Yanase… » Souffla Hatôri, sur un ton tout sauf amical. Voilà, il avait réussi à l'énerver, pile ce qui lui fallait pour pouvoir être de nouveau seul avec son Chiaki.

« - Très bien, passe au bureau quand vous aurez terminé. »

Sans plus de cérémonie, le plus vieux fit volte-face et s'en alla, sans demander son reste. Pendant quelques instants, ils restèrent dans cette position, jusqu'à ce que le brun ouvre enfin la bouche.

« - Yuu, tu peux me lâcher ?

- Oups, désoler. » S'excusa-t-il faussement avent d'enlever ses mains. Ah, si seulement il pouvait le prendre dans ses bras, ici et maintenant… Mais ce n'était pas le moment de penser à cela, pas du tout. A la place, il prit le plus jeune par la main et l'entraina à l'intérieure.

« - Ce n'est pas tout ça, mais on a du boulot. »

L'assistant avait l'air enthousiaste en disant cela, mais ce n'était qu'une façade. Non pas qu'il n'était pas content de pouvoir passer du temps avec celui qu'il aimait, non, c'était tout autre chose. Il chassa toute pensée négative pour se concentrer sur l'instant présent.

« - Tu as l'air de bonne humeur Yuu !

- Je le suis toujours, grâce à toi. »

Ce n'était pas une déclaration, c'était juste une vérité parmi tant d'autres. Chiaki l'avait regardé un instant avant de replonger le regard sur sa feuille, visiblement gêner par la conversation. C'est fou ce qu'il pouvait être mignon.

Les minutes s'enchainaient, tout se passait plutôt bien. Le silence ne régnait pas en maitre, Chiaki parlait et Yuu lui répondait le plus franchement et le plus simplement du monde. Un coup d'œil à l'heure et tout les deux s'aperçurent qu'il était déjà vingt heures passées. Le mangaka s'étira un bon coup, tout en regardant son ami.

« - Tu veux passer la nuit ici ? »

Il était sérieux avec sa question ? Comment pouvait-il demander ça aussi simplement, comme si de rien n'était.

« - Tu n'as pas peur que je te saute dessus ? » Demanda-t-il simplement. Le plus jeune eut l'air de réfléchir un peu, avant que son visage ne devienne cramoisi. Surement venait-il de se rendre compte de l'énormité de ce qu'il venait de demander.

« - Je…. Oublie ma question… »

Chiaki était plus qu'embarrasser par la tournure des événements, cela se voyait comme le nez au milieu du visage. Même s'il l'énervait parfois à cause de son comportement, Yuu ne pouvait s'empêcher de l'aimer et cela faisait mal, si mal…

« - De toute façon, j'ai des projets pour ce soir. » Avoua-t-il sans crainte. Le plus jeune avait un regard intriguer, mais jamais il ne lui dirait de quoi il s'agissait.

Après quelques autres familiarité, l'assistant rentra chez lui pour continuer à faire ce qu'il avait commencé avant le coup de téléphone.

« - Je suis désoler Chiaki… » Souffla-t-il en se remettant à remplir des cartons.