Traduit en français par l'incroyable Aolympia ! (Translated into French by the amazing Aolympia!)
Avertissement : la plupart des personnages et des situations de cette histoire appartiennent à Marvel Comics, Fairview Entertainment, Dark Blades Films, NBC, et autres entités, et je n'ai pas la permission de les emprunter. Aucune intention d'infraction de quelque manière, et cette histoire est à but non-lucratif. Tous les autres personnages m'appartiennent, et si vous voulez les emprunter, vous devez me le demander en premier. Toutes les erreurs sont les miennes, rien que les miennes, et non vous ne pouvez pas en avoir.
Encore un autre cliché (je ne peux pas les éviter). Une montagne d'abjectes remerciements pour Cincoflex pour avoir composé avec tout ça pendant presqu'un an maintenant, m'encourageant, me poussant, re-relisant,… et en étant en permanence la merveilleuse et enthousiaste personne qu'elle est ! Merci beaucoup à Laura27md aussi pour le réconfort de dernière minute et un point de vue éclairant. Notez que je n'ai pas toujours suivis leurs excellents conseils ! Aussi, le rating peut être amené à changer.
L'icône de la boîte mail clignotait devant lui. Encore.
Tony l'ignora de la même manière qu'il avait ignoré les cinq dernières fois, mais elle continuait de clignoter avec une patience ridicule, presqu'aussi irritante que la personne qui avait laissé un message. Mais Tony n'était pas du tout intéressé par le fait de parler à l'Agent Phil Coulson, alors lorsqu'il eut terminé le dernier point de soudure, il se pencha et glissa un doigt sur l'écran tactile pour déposer l'icône dans la poubelle.
J'ai dit à Fury que je ne ferai rien avant d'avoir nettoyé le bordel de Stane. Le SHIELD peut aller se faire foutre.
« Jarvis, dit-il d'une voix absente, expédie directement à la poubelle tous les futurs messages vocaux de n'importe quel membre du SHIELD. Et ne les laisse pas passer par le numéro de Pepper »
S'il ne faisait pas attention, elle pourrait lui arranger un entretien avec ce groupe de tarés, et Tony n'avait simplement pas de temps à gaspiller, là maintenant. Dans un coin de son esprit, il pensa que cela pourrait être une idée intéressante, si ça se passait bien, mais il avait d'autres chats à fouetter en ce moment.
Il était tellement occupé que cela lui prit une autre heure pour remarquer que Pepper n'était toujours pas apparue.
Normalement, elle descendait à l'atelier et venait le harceler à propos de quelque chose vers le milieu de la matinée s'il n'était toujours pas monté. Mais lorsqu'il leva les yeux des schémas de l'armure, il était déjà presque midi et il n'y avait aucun signe de son assistante personnelle d'ordinaire ennuyeusement ponctuelle.
Il fronça les sourcils, déconcerté. « Jarvis ? Qu'est-ce que Pepper fabrique en ce moment ?
— Je ne sais pas, répondit l'IA (intelligence artificielle). Elle n'est pas dans la maison »
Cela fit se rassoir Tony. « Qu'est-ce que cela veut dire ? Est-ce qu'elle est partie faire une course ? »
Ce n'était pas dans ses habitudes d'aller quelque part sans au moins en informer Jarvis avant.
« Elle n'est pas encore arrivée à la maison aujourd'hui, annonça Jarvis. Aucune raison n'a été fournie.
Aucune raison ?
— Qu'est-ce qu'elle a dit exactement lorsqu'elle a appelé ? »
Le ton de Jarvis était patient : « Pepper n'a appelé sur aucune ligne ce matin »
Tony fronça les sourcils, l'inquiétude commençant à s'installer. Pepper appelait toujours. Bordel, est-elle malade ?
Cette pensée l'alarma, parce qu'une Pepper trop souffrante pour appeler et faire savoir qu'elle ne viendrait pas était une Pepper gravement malade. « Appelle-là »
Après un moment de pose : « Son téléphone renvoie directement à la boîte vocale ».
— Numéro du domicile, ordonna Tony. Et met le sur haut-parleur »
Jarvis s'exécuta et Tony écouta les quatre sonneries avant d'entendre le clic de la boîte vocale.
« Bonjour, vous êtes bien au 310-555-4310. Je ne suis pas disponible pour le moment, alors laissez un message »
Lorsque le bip résonna, Tony s'exclama : « Pepper, où est-ce que vous êtes, bon sang ? Appelez-moi ». Se levant, il prit une chemise pour couvrir le réacteur qui apparaissait à travers le trou dans son t-shirt sans manche. « Jarvis, sauvegarde et ferme tout. Je vais chez elle »
Il survola les escaliers pendant que Jarvis éteignait les hologrammes. Je n'aime pas ça du tout. Pepper avait de l'importance, qu'elle voulait le reconnaitre ou non, et il avait soudainement des visions d'elle fiévreuse ou inconsciente, ou les deux à la fois, étendue sur le sol de sa salle-de-bain ou trop faible pour bouger.
Il alla directement dans le petit bureau qu'elle avait aménagé dans une de ses suites. Tony n'avait pas pour habitude de se mêler du bureau de Pepper, mais il la connaissait, et il devait y avoir quelque part un trousseau de clé de secours elle était assez prudente pour en avoir au moins un de rechange.
Le premier tiroir qu'il ouvrit comportait des fournitures de bureau et du papier à entêtes, mais le second avait des objets plus personnels. Tony sorti une boîte quelconque qui renfermait une brosse à cheveux et plusieurs élastiques, et il sourit lorsqu'il vit les clés en-dessous. Il les prit, déposa la boîte à sa place et referma le tiroir.
Alors qu'il quittait son bureau, Jarvis annonça : « Il y a un appel entrant de M. Hogan.
— Prend le message, ordonna Tony, se dirigeant vers l'escalier. Je vais conduire moi-même.
— Je vous suggère de faire autrement, Monsieur. Il dit que c'est une urgence.
— Ngh... Tony s'arrêta et passa une main dans ses cheveux. Okay, passe le moi.
— Monsieur ? La voix de Hogan était enrouée et inégale. L'inquiétude de Tony doubla soudainement.
— Je suis là. C'est quoi le problème ? Vous allez bien, Happy ?
— Non… Je veux dire, ouais, je vais bien, mais ce n'est pas… nous… notre voiture a été attaquée, monsieur. Ce matin »
Tony fronça des sourcils dans le vide. « Attaquée ? D'où est-ce que vous appelez ? Et attendez… attendez une minute, qu'est-ce que vous voulez dire par nous ? »
Ses veines se glacèrent alors que Hogan formulait une réponse, la voix du chauffeur remplit de douleur. « Mlle Potts et moi-même. Sa voiture ne voulait pas démarrer alors elle m'a appelé pour que je passe la chercher. Ils nous ont arrêté sur le bas côté de la route… » Sa voix s'effaça un moment : « Je me suis réveillé mais je ne sais pas où elle est. Elle n'est tout simplement pas là »
Tony avait déjà eu peur avant. Il avait fini par très bien connaitre ce sentiment en Afghanistan, mais jamais ne l'avait-il senti de cette manière, comme si la terre était en train de s'ouvrir juste devant lui. Le calme mortuaire de sa propre voix le surprit. « Où êtes-vous maintenant ?
— L'hôpital Queen of the Valley… monsieur, je suis…
— J'arrive tout de suite ». Tony fit un geste de la main qu'il savait que son ordinateur comprendrait, et couru en bas des escaliers, en avalant les marches. « Jarvis…
— Monsieur, je ne pense pas que l'armure est une réponse appropriée à ce moment » dit Jarvis inconfortable.
Tony ne ralentit pas. « Evidement que ça ne l'est pas, mais ça ne m'avance à rien si je n'ai pas une putain de cible ». Il s'arrêta en dérapant devant l'Audi et ouvrit la portière, sauta dans le siège et choisit de mettre sa ceinture, parce que la vitesse à laquelle il avait l'intention de conduire nécessitait des mesures de sécurité. « Met toi au boulot. Trouve tout ce que tu peux. Pirate les registres de la police si tu le dois je veux n'importe quelle bride d'information disponible. Fais-moi un rapport dès que tu as quelque chose »
Il claqua la portière et fit rugir le moteur, laissant des traces sur le sol en démarrant.
La route jusqu'à l'hôpital se fit dans la confusion la plus totale, entre changements de files et klaxons énervés. Tony garda le minimum d'attention nécessaire pour conduire, le reste de son esprit tournant furieusement.
Pepper.
En extrapolant à partir de ce que Hogan avait dit, la limousine avait été prise dans une embuscade et Hogan assommé. Le lieu où se trouvait Pepper était inconnu. C'était complètement et totalement inacceptable, et la peur et la rage qui criaient dans sa tête et dans sa poitrine étaient seulement contenus parce qu'avant qu'il ait plus d'informations, il n'y avait rien que Tony puisse faire.
Heureusement pour ses nerfs à vifs et pour l'équipe médicale de l'hôpital, Happy était dans un lit normal, et pas en soins intensifs, ce qui voulait dire qu'il pouvait recevoir des visites en dehors de sa famille. Le chauffeur était l'employé de Tony, pas de Stark Industries, mais il avait la même assurance maladie que les cadres de SI, et cela impliquait une chambre privée.
Happy était assis sur, et non pas dans, son lit lorsque Tony débarqua dans sa chambre. Son visage était verdâtre et il arborait un bandage sur une oreille. Son visage exprimait l'angoisse. « M. Stark… »
Tony leva une main. « Les choses importantes d'abord. Comment allez-vous ? »
Happy haussa les épaules et grimaça. « Mal de crâne. Je vivrai »
Tony hocha la tête. « Commencez depuis le début »
Le chauffeur se frotta la nuque. « Elle a appelé pour que je vienne la chercher lorsque sa voiture refusait de démarrer. Je suis arrivé juste avant sept heures l'autoroute était un vrai parking, alors on a pris une route secondaire »
Tony savait de quel chemin parlait Hogan c'était une route côtière qui traversait de belles étendues inhabitées. Hogan baissa sa main et continua : « On était la seule voiture sur quelque chose comme 1.5 kilomètres il me semble, quand une moto de policier nous a arrêté. Du moins, c'est ce qu'ils voulaient nous faire croire »
Il leva les yeux jusqu'à Tony, le regard rempli de douleurs qui n'étaient pas dû à ses blessures. « C'était la routine, permis de conduire et numéro d'immatriculation, et Mlle Potts a ouvert la vitre de séparation pour demander ce qui se passait. Le policier a alors jeté quelque chose à l'intérieur, une sorte de fumigène, parce que ça puait vraiment et on a commencé à suffoquer »
Tony serra les poings, mais il n'interrompit pas. Hogan était la meilleure piste qu'il avait.
« J'ai sauté sur ce fils de pute et on est tous les deux tombés à terre, mais il a eut un coup chanceux avec sa matraque. Lorsque j'ai ouvert les yeux, la limousine était partie et il y avait une camionnette entière de travailleurs immigrés qui se tenaient autour de moi ». La mâchoire de Hogan tiqua légèrement. « Deux d'entre eux m'ont tenu en place jusqu'à que l'ambulance arrive. Je n'étais pas très content sur le moment mais je ne n'avais pas les idées très claires non plus »
Une partie de l'esprit de Tony fit une note mentale de trouver qui étaient ces deux bons samaritains, parce que dans sa bible, les gens qui aidaient ses employés méritaient une récompense. Mais son attention était ailleurs. « Ont-ils vu où est allé la limousine ? »
Happy commença à secouer la tête et puis renonça sous l'effet de la douleur. « Non, elle était partie depuis longtemps »
Avec Pepper à l'intérieur… et gazée, il semblait. « Très bien ». Il réfléchit rapidement pendant un moment. « La limousine a un GPS et un traqueur, et le téléphone de Pepper a une puce pour le localiser. C'est un début. Ils ont peut-être jeté le GPS mais je doute qu'ils vont penser à chercher le traqueur de la voiture. » Il avait besoin d'appeler Jarvis maintenant. « Si vous pensez à quoi que ce soit d'autre… »
Hogan sauta sur ses pieds. « Monsieur, je viens avec… »
Tony attrapa rapidement le bras de Hogan alors que le chauffeur tanguait.
« Vous restez là, au moins jusqu'à que vous soyez en mesure de marcher sans que vos yeux se croisent. » Il adressa à Hogan un regard sévère.
« Vous allez avoir besoin d'aide ». Hogan n'abandonnait pas facilement, mais il n'allait clairement pas bien.
« J'ai Jarvis. Je vais avoir Rhodey. Vous restez jusqu'à que les docteurs décident que vous pouvez partir ». Du fait que Hogan soit blessé, Tony fut capable de le repousser sur le lit. Chacun de ses nerfs lui criait de courir trouver Pepper maintenant, mais il avait des responsabilités envers Happy aussi.
Hogan déglutit péniblement et céda, ferma les yeux et devint encore plus vert. « C'était des pros, monsieur » dit-il, presqu'aussi bas qu'un soupir. « C'était sans accroc »
Tony hocha légèrement tête, même si Hogan ne pouvait pas le voir. « Bien »
Il donna une tape sur l'épaule de l'homme en face de lui. « Reposez-vous. On vous tiendra au courant.
— Merci ». Hogan semblait s'enfoncer dans le matelas. « Vous allez la trouver »
Tony tourna sur ses talons et quitta la pièce au pas de course.
Si la drogue l'a rendu malade, quel effet est-ce que ça a sur Pepper ? Cette pensée alimentait sa rage dopée par la peur. Il fouilla dans ses poches pour sortir son téléphone, jura lorsqu'il vit un de ces panneaux qui en interdisent l'usage et accéléra le pas.
Dès que son téléphone fut allumé, Tony activa le détecteur vocal et appela Jarvis, lui demandant de chercher le traqueur de la voiture. Il appela ensuite Rhodey.
Le colonel n'était pas vraiment enchanté de se faire interrompre au beau milieu d'une réunion, mais il prêta attention à l'annonce de la nouvelle. « Merde, Tony. Pepper, elle… as-tu déjà appelé les flics ?
— Qu'est-ce qu'ils vont faire que Jarvis ne peut pas ? répliqua Tony. Ça doit être un enlèvement pour une rançon, où ils l'auraient juste tuée sur les lieux.
— Ouais… ». Tony entendit le doute dans la voix de Rhodey, mais il refusa d'y prêter attention. La même inquiétude était tapie dans son propre esprit, constamment ignoré : l'idée que Pepper puisse avoir été enlevée dans le cadre d'un plan de vengeance. Tuer quelqu'un immédiatement n'offrait pas les mêmes possibilités que faire durer l'espoir. « Je suis en route… où es-tu en ce moment ?
— Je retourne à la maison. Jarvis devrait avoir quelque chose d'ici le temps que j'arrive »
Tony fit adroitement un écart autour d'une voiture plus lente. « Rejoins-moi là-bas »
Il arriva avant Rhodey, mais pas de beaucoup la jeep du colonel se rangea dans le garage au moment où Tony sortait de sa voiture. Tony ne lui adressa pas un regard. « Jarvis, au rapport » ordonna-t-il.
« J'ai localisé aussi bien le portable de Pepper que le traqueur de la limousine, même si le GPS semble éteint ». La voix de Jarvis était crispée : « Le téléphone est stationnaire, approximativement quarante cinq kilomètres nord/nord-est d'ici. Le traqueur est quelques cent kilomètres plus loin, et il est en mouvement »
— Bien. Charge les deux coordonnées dans l'armure et allons-y ». Tony ouvrit d'un coup sec le tiroir où il conservait les combinaisons en néoprène qu'il portait sous l'armure.
« Tu es sûr que tu ne veux pas appeler la police ? demanda Rhodey hésitant. Ils ont beaucoup plus d'expérience dans ce genre de domaine »
Tony grinça des dents : « J'ai été kidnappé, Rhodey, ça compte comme de l'expérience ». Il commença à se déshabiller sur place. « On n'a pas de temps à perdre. Tu ferais mieux de me suivre au sol ». Tony pouvait, si nécessaire, porter un passager en vol, mais seulement si la personne était assez consciente pour s'accrocher.
« Compris ». Rhodey retourna à son véhicule. Tony envisagea brièvement de lui proposer quelque chose de plus rapide, puis abandonna l'idée ; la jeep pouvait supporter une sortie de route, s'ils en venaient à ça.
La plateforme d'assemblement s'ouvrait alors que Jarvis préparait l'armure. Tony enfila la combinaison, zippa la fermeture et fit un pas en avant pour permettre aux bras mécaniques de faire leur travail.
Accrochez-vous Pepper ; j'arrive.
Non, se dit sévèrement Virginia pour elle-même. Non, non, non.
Devant l'inconnu qu'il y avait derrière ses yeux, ce mot pouvait vouloir dire plusieurs choses. Ne panique pas, ne bouge pas, ne vomit pas. D'une certaine manière, cela les signifiait tous. Virginia resta parfaitement immobile, en essayant de paraitre encore inconsciente, et serra les dents pour réprimer la nausée qui menaçait de la submerger.
Le ruban adhésif sur sa bouche pouvait la tuer si elle perdait le contrôle sur son ventre. Elle inspira aussi profondément et silencieusement qu'elle le pouvait à travers son nez douloureux. Heureusement, l'air qu'elle respirait était frais, et son ventre s'apaisa un peu.
Elle n'avait pas besoin de savoir ce qu'il se passait ; Virginia se souvenait très bien que Happy avait été arrêté par un motard qui n'était pas un flic. Elle se souvenait même de l'avoir vu plaquer le faux policier au sol, mais au même moment les gaz avaient eu raison d'elle. J'espère qu'il va bien...
Sa gorge était sèche et elle avait un goût horrible dans la bouche. Qu'importe le gaz qu'ils avaient utilisé, il semblait lui avoir brûlé le nez. Mais elle ne constatait pas d'autres blessures.
Virginia essaya d'en apprendre autant que possible sur son environnement sans bouger. Elle était allongée sur quelque chose de relativement mou, sinon bosselé, et ses mains ‒ attachées dans son dos ‒ étaient pressées entre elle et quelque chose d'également mou. Un canapé ?
L'air était frais, oui, mais il y flottait une odeur de renfermé. Et il y avait des voix, légèrement étouffées par la distance ou un obstacle. Mais avant qu'elle puisse suffisamment se concentrer pour essayer de distinguer ce qu'il était dit, elles s'éteignirent.
Il y avait aussi quelque chose qui lui couvrait les yeux, réalisa Virginia ; quelque chose de léger et ample. Elle ouvrit prudemment les yeux et ne vit rien, ses cils battaient contre le bandeau. Et, bien, c'est rassurant. En quelque sorte.
Un bandeau signifiait que ses ravisseurs ne voulaient pas qu'elle les voit, ce qui sous-entendait qu'ils avaient l'intention de la libérer au bout du compte. C'était un maigre espoir, mais c'était déjà quelque chose après tout.
Ce qui lui entravait les poignés était serré et fin : pas au point de lui couper la circulation, mais assez pour qu'elle ne puisse pas se dégager. Ses chevilles étaient elles aussi attachées, réalisa-t-elle, et elle ne pu s'empêcher de frissonner. Je suis complètement impuissante.
Ses chaussures avaient disparu, mais à sa connaissance, elle portait toujours les mêmes vêtements, ce qui était aussi rassurant. C'est une bonne chose que j'ai choisi de porter un pantalon ce matin plutôt qu'une jupe...
Une voix à côté d'elle la fit presque tressaillir. « Elle s'est réveillée ? » Froide, masculine, brusque.
Une voix plus jeune, aussi celle d'un homme, répondit : « Elle bougeait il y a encore une minute, mais elle a arrêté »
La première voix grogna. Virginia entendit des pas et elle réussit à ne pas réagir lorsqu'une main agrippa son épaule et la secoua. Puis des doigts tâtonnèrent le long de sa joue, et d'un geste brutal, le ruban adhésif fut arraché.
Virginia ne put s'empêcher d'hoqueter. Elle eut l'impression que la peau avait été arrachée avec le scotch, mais il était bon de pouvoir prendre une grande inspiration. Elle entendit grogner de nouveau, mais cette fois de satisfaction. La main sur son épaule se resserra, pas de manière menaçante, mais presque. « Vous êtes réveillée maintenant ? »
Il semblait inutile de le nier, alors Virginia passa sa langue sur ses lèvres ‒ l'adhésif avait un goût amer ‒ et dit : « Oui ». Sa voix était rauque.
« Bien. Ecoutez : on ne veut pas vous blessez, donc tant que vous coopérez, tout ira bien pour vous. Faites juste ce que l'on vous dit sans faire de problème et vous pourrez rentrer dans un jour ou deux ». La main la secoua. «Vous m'avez compris ? »
Virginia acquiesça frénétiquement.
« Bien » dit-il de nouveau, et il la lâcha. Les pas s'éloignèrent et une porte se ferma. Virginia resta sans bouger, sachant qu'il y avait toujours quelqu'un dans la pièce, mais sa gorge était aussi sèche que ses lèvres et elle demanda finalement : « Est-ce que... est-ce que je pourrais avoir quelque à boire ? »
Sa propre voix lui parut étrangère et Virginia réalisa que sous son masque de logique se cachait une peur glaçante.
« Ouais, j'imagine ». L'homme le plus jeune semblait plus ennuyé qu'autre chose. Elle entendit des bruits de verre qui s'entrechoquait et puis le son d'une bouteille ouverte. Un moment plus tard, un bras maladroit se glissa sous elle pour la placer droite sur le canapé.
Il lui était difficile de garder son équilibre avec les mains dans le dos et ses chevilles attachées, mais Virginia y parvint, sentant le béton glacé sous ses pieds, et plus concentrée sur la promesse d'eau qu'autre chose. Elle sentit le goulot de la bouteille lui frôler les lèvres et pencha la tête lorsque l'homme l'inclina.
Chaude... chaude mais sucrée. Virginia voulait vider le contenu d'un seul coup, mais son estomac n'était pas encore remis, elle se contenta de quelques gorgées. Des gouttes s'échappèrent au coin de sa bouche et elle les lécha rapidement. « C'est assez ». Après une seconde, elle ajouta : « Merci »
Etre polie était bien la dernière qu'elle avait envie de faire, mais cela pouvait faire la différence.
« Ouais... ». L'homme s'éloigna, et en jugeant d'après le son, il se rassit de nouveau. Un léger froissement de papier trahit la présence d'un magazine.
Virginia réprima un haut-le-cœur de son ventre mécontent et essaya de respirer lentement. L'hyperventilation ne va pas aider, Virginia.
Son esprit tournait toujours à toute vitesse, essayant de comprendre ce qui c'était passé. Il était évident qu'elle était retenue pour une raison, et la cible était plus que manifeste. Tony.
Virginia se demandait s'il avait même conscience qu'elle avait été enlevée. Elle se demandait si Happy allait bien, s'il était blessé, ou mort... ou captif tout comme elle. Elle se demandait quelle serait la réaction de Tony lorsqu'il découvrirait qu'elle était utilisée comme un moyen de pression contre lui.
Elle se demandait si elle allait s'en sortir vivante. Et si elle verrait encore quelque chose dans sa vie.
« L'homme qui était avec moi, essaya-t-elle un moment plus tard, pouvez-vous me dire s'il va bien ? »
Le bruit d'une page tournée atteignit ses oreilles. « Je ne suis pas supposé vous parlez » répondit la voix de façon désintéressée.
Bien essayé. Il était difficile de restée assise avec aussi peu d'équilibre et sans voir, et sa tête était douloureuse. Lentement, Virginia s'allongea sur le côté. Le canapé n'était pas plus confortable de cette manière, mais horizontal était mieux que vertical, et Virginia essaya de se détendre.
Si Tony a un tant soit peu de bon sens, il leur dira d'aller se faire voir. Cela serait la chose la plus pragmatique à faire.
Mais elle connaissait que trop bien son patron. Tony verrait son enlèvement au moins comme un coup porté à sa fierté elle avait bien peur que ses ravisseurs ne viennent de provoquer une super-armure mécanique commandée par un homme très en colère.
Ils doivent savoir. Ils doivent être préparés pour Iron Man. Et cette pensée lui glaça le sang, parce que cela signifiait soit l'usage d'une violence déchaînée sur une échelle qu'elle ne voulait même pas imaginer, soit qu'elle était si bien cachée que même l'éventuelle combinaison de Tony et de Stark Industries ‒ et sans doute la police ‒ ne pourrait la trouver.
Dans les deux cas, cela ne semblait pas bon. Ni pour Tony, ni pour les ravisseurs, et ni pour elle.
Fermant les yeux, Virginia essaya de ne pas trembler.
Elle était presqu'à demi-assoupie lorsque la porte s'ouvrit de nouveau et que quelqu'un entra bruyamment. « Debout » ordonna l'homme à la voix froide, et Virginia le surnomma mentalement Numéro Un.
Le deuxième homme, Numéro Deux, se rapprocha. Les liens qui entravaient ses chevilles furent coupés d'un coup sec, et elle fut ensuite hissée sur ses pieds. Une main se referma sur son bras en la serrant fort, mais elle était reconnaissante pour le soutient alors qu'elle trébuchait. Ensuite, l'homme la poussa en avant, sans être trop rapide.
Et Virginia se souvint.
Sans le vacillement du feu dans la cheminée et la lueur de l'arc reactor, le rez-de-chaussée était presque dans le noir. Elle avait été absorbée par le travail dans son bureau au manoir Stark, et seul son estomac lui avait rappelé combien il se faisait tard, mais elle avait imaginé que Tony était sorti pour la soirée. Virginia ne s'était pas attendue à la trouver assis effondré sur son propre canapé.
Il y avait assez de lumière pour qu'elle puisse distinguer les détails. La chemise de son patron était déboutonnée. Le verre dans sa main ne contenait presque plus que de la glace. Ses yeux étaient ouverts mais perdus dans le vague.
« Tony, vous allez bien ?
— Quarante sept marches, lâcha-t-il d'une voix qu'elle ne pouvait qualifier mais qui lui serra la gorge. J'ai tout mémorisé »
De temps à autres, Virginia réagissait à l'instinct. Elle marcha jusqu'au canapé et s'assit, ni trop proche, mais ni trop loin non plus. « Qu'avez-vous mémorisé ? »
Et il le lui dit. Pas beaucoup, juste quelques brides décousues qu'elle essaya d'organiser, à propos des caves, des tunnels, et du fait d'utiliser ses oreilles et sa mémoire puisqu'ils ne le laissaient jamais voir où il allait.
Et entre deux mots, il s'endormit en ronflant légèrement. Virginia retira le verre de ses doigts, l'allongea sur les cousins et le couvrit d'une couverture qui reposait sur le dossier du canapé. Et elle rentra chez elle.
En se souvenant.
C'était la même chose à ce moment. Tourner à droite juste après la porte. Un couloir probablement. Quatorze marches, non, quinze, tourner droite encore. Une autre pièce... Au moins, cela semblait différent.
La main sur son bras la conduisit quelques pas plus loin, puis la laissa soudainement. « Ne bougez pas avant qu'on ait fermé la porte » prévient Numéro Un, et elle sentit des mains manipuler les liens sur ses poignets. Un instant après, ils avaient disparus.
Virginia resta docilement immobile jusqu'à que la porte derrière elle se referme et qu'elle entende le son d'un verrou. Puis, elle leva ses mains tremblantes à ses yeux et retira le bandeau.
La lumière fit larmoyer ses yeux, mais elle les sécha et s'empressa de regarder autour d'elle. Il n'y avait personne d'autre dans la petite pièce. Le bandeau dans ses mains était un de ces masques pour dormir que l'on trouvait dans les avions ; il avait même une paire d'yeux stylisés imprimés d'un côté.
Virginia respira profondément et essaya d'arrêter ses tremblements. Puis, elle regarda plus attentivement. La pièce avait été clairement aménagée comme une cellule - tiret - chambre : il y avait un petit lit pliable avec une pile de couvertures, une chaise qui semblait peu solide, une petite table et rien d'autre. Il n'y avait aucune fenêtre, et la porte de l'unique autre sortie avait été retirée pour être remplacée par un rideau de douche bon marché. Lorsqu'elle le tira sur le côté, Virginia découvrit une salle-de-bain, petite mais fonctionnelle, avec un lavabo et des toilettes. Ce n'était pas récent, mais relativement propre malgré tout. Il y avait même deux serviettes et un peu de savon.
Elle chercha du regard des caméras. Il y en avait une, plutôt en évidence, dans le coin gauche du vestibule : elle couvrait la plupart de la pièce, et même si elle pouvait tirer le rideau pour avoir un peu d'intimité, la personne de l'autre côté l'appareil saurait où elle était. La salle-de-bain, elle était soulagée de le constater, n'avait pas de caméra.
Enfin, elle pourrait bien être dissimulée. Mais pourquoi se donner la peine alors que l'autre est bien en évidence ?
De toute façon, cela ne faisait pas beaucoup de différence. Elle ne pouvait rien faire à propos de la surveillance... du moins, rien que ses ravisseurs ne pouvaient pas rectifier.
Virginia utilisa les toilettes et se lava les mains, en se regardant son reflet dans le miroir taché. Son visage était dénué de couleur, à l'exception d'un rectangle rouge là où l'adhésif avait été collé, et ses cheveux frisottaient en dehors de son chignon à moitié défait. Elle paraissait terrifiée et malade. Ça correspond : je suis terrifiée et malade.
Mais un peu plus d'eau, but au robinet, l'aida à se sentir un peu mieux, et l'usage du savon permit de retirer le restant de colle de l'adhésif, même si cela lui brûla la peau. Elle défit sa coiffure, regrettant de ne pas avoir de peigne et se frotta le crâne pour faire passer la douleur.
Sa montre lui avait été retirée, c'est pourquoi elle n'avait aucune idée du temps qu'elle était restée inconsciente. Des heures probablement, le temps de m'emmener là où je suis. Les mûrs étaient en parpaing et le sol en béton, ce qui paraissait plus industriel que résidentiel. Virginia réalisa qu'elle ne pouvait rien entendre : pas de circulation ou de sirène, pas de voix.
Peut-être que c'est la nuit. Peut-être que je suis dans une pièce intérieure. Peut-être...
Mais ce n'était que des spéculations. Sans plus d'informations, elle ne pouvait que supposer.
Sa gorge était irritée. Agissant à l'instant, Virginia se dirigea vers le matelas, secoua une des couvertures et s'allongea, en se couvrant entièrement. En formant un cocon.
Elle ne pleura pas. Mais seulement parce qu'elle bloqua chacun de ses muscles jusqu'à que le sommeil l'emporte.
