Disclaimer : A l'exception de Saori et Sasha les personnages féminins sont de moi, les masculins de Masami Kurumada et Shiori Teshirogi
Attention 1 : Je me base uniquement sur l'anime où notamment la chronologie prise de pouvoir par Saga / tentative de meurtre sur Athéna n'est pas très clair. Donc, j'ai pris mes aises, mes excuses aux puristes.
Attention 2 : Ceci est une deathfic, traitée en POV d'un OC et avec un gros fond de guimauve de surcroit. Bref, un truc un peu bizarre qui ne ressemble en rien à ma fic précédente. Vous êtes prévenus…
Note : d'après la Mythologie, Athéna est la fille de Zeus et de sa première épouse Métis déesse de la raison, de la prudence et de la sagesse. Désireux de connaitre le sexe de son enfant, Zeus alla consulter l'oracle. Celui-ci lui prédit que se serait une fille, mais que si Métis venait à lui donner un second enfant se serait un fils et que celui-ci le détrônerait comme il avait détrôné son propre père Chronos. Désireux de ne pas prendre de risque et ce dès le premier enfant, il prit le parti de tuer Métis en l'avalant. Quelques mois plus tard victime de violente douleur à la tête, il demande à Héphaïstos de lui percer le crâne afin de le soulager. De son crane percé surgit Athéna, adulte et en arme portant lance et bouclier. Par la suite, Athéna est considérée comme la fille de Zeus seul.
J'ai quinze ans et je suis amoureuse…
Enfin, amoureuse… je ne sais pas vraiment si c'est de l'amour, mais ce que j'éprouve en ce moment est différend de tout ce que j'ai pu éprouver jusqu'à maintenant.
Peut-être est ce dû à mon statut ou à mes pouvoirs. Oh je n'en ai pas beaucoup, juste une sensibilité exacerbée, assez pour faire de moi une empathe. Cela me rend extrêmement réceptive aux émotions des autres et cela fait aussi de moi une guérisseuse. Mais on ne me laisse guère utiliser ce talent car je suis une « Elue ».
Qu'est ce qu'une « Elue » ? Rien de moins que la possible future mère de la réincarnation de notre déesse Athéna. Déesse qui tous les deux cents cinquante ans s'incarne sur Terre pour la protéger. Quand je dis « rien de moins » je pourrais ajouter « rien de plus » aussi, car nous ne sommes que cela : la « possible future mère ». Nous sommes protégées, choyées, vénérées presque, mais aussi cloitrées sur cette île sacrée retirée du monde et ignorée de tous. Au fond nous ne sommes rien d'autres que les premières victimes de ces guerres que se livrent les olympiens depuis les temps mythologiques.
Pourquoi j'utilise le pluriel ? Tout simplement parce que nous sommes plusieurs à postuler au titre de future mère. Enfin postuler… je ne peux pas vraiment dire que nous sommes volontaires. Nous avons entre treize et quinze ans et pour l'instant nous sommes douze… comme la garde dorée qui protégera notre déesse après son incarnation. Encore six ans et nous ne serons plus que trois candidates. C'est par l'une de ses trois là que Athéna s'incarnera… et j'espère ne pas être celle-là.
Je sais, je blasphème. Depuis mon enfance on nous serine – à nous les Elues – que devenir la « Mère » est le plus grand honneur qui soit car c'est par nous que viendra Athéna et la Paix. Mais moi je ne veux pas de cette vie, je n'en veux plus… je n'en peux plus ! Je n'ai jamais voulu être une « Elue » ! Mais on ne m'a pas laissé le choix : je suis une des douze. C'est ainsi.
Comment devient-on une Elue ? On le sait, ou plutôt on nous le dit car « On » le sait. D'abord il y a tous ces signes qui entourent notre naissance, aussi obscures que mystiques. En bref, les augures « on dit que »… et puis des marques de naissance dont les cheveux… en fait ce sont eux le signe le plus distinctifs des Elues, cette longue chevelure mauve lisse et fine que nous avons interdiction de couper. Toutes les Elues sont ainsi. Nous sommes plus ou moins petites, grandes, ronde ou mince mais toutes nous avons ces cheveux mauves. Qu'aurais-je donné pour avoir n'importe quelle autre couleur ! Mais non. Ils sont mauves, alors, je suis une Elue. Et je suis prisonnière de cette île.
Je ne suis pas très claire, je sais. Je dois avoir l'air d'une enfant pleurnicharde qui fait un caprice. Après tout, ma vie est « idyllique ». Mais en fait, pour que vous puissiez me comprendre, il faudrait que je vous décrive mieux ce qu'a été ma vie jusqu'ici.
D'abords parlons de cette île. Si une poignée de gens – en dehors de la chevalerie bien sur – connaît le Sanctuaire, alors seulement une poignée de Sanctuarien connait l'existence de l'Île Sacrée d'Athéna située au large de ses côtes. Elle est entourée de récifs et de courants contraires… une merveilleuse défense pour qui voudrait y aborder sans connaitre le chemin menant à l'unique embarcadère de l'île. Et pas question non plus de s'y téléporter : barrière divine oblige. On ne badine pas avec la protection des Elues. Tout comme on ne prend aucun risque avec leur « pureté ». A part le Pope et les deux hommes qui l'accompagnent lors de sa visite annuelle - encore une tradition parmi les autres - nuls hommes de moins de cinquante ans ne résident sur cette île. Et encore, je suis gentille, les quelques fermiers qui travaillent ici doivent plus approcher les soixante-dix ans et vivent sur la côte sud de l'île, à l'opposé des temples et de l'enceinte des élues. Et si je dois en croire les légendes qui court ici, le pope les dépasse tous largement. Alors…
Toujours est-il que je vis cloitrée ici depuis mon enfance. Je ne sais même pas qui sont mes parents, sont-il encore en vie ? Mort ? Ai-je des frère et sœurs ? Des gens qui au-delà des flots qui entoure cette prison pensent à moi parfois ? Je n'en ai pas la moindre idée et de toute façon cela n'a aucune importance. Du moins c'est ce que le Conseil nous serine à longueur de journée. Nous sommes les élues, et notre temps doit être dédié à la prière et à l'étude de la mythologie. Alors, j'étudie, je prie et je meurs lentement entre ses colonnes de marbre les yeux perdus sur le ballet des mouettes libres d'aller et venir à leur guise.
Ah oui, il faut aussi que je vous parle du Conseil. Il est composé de douze femmes chargées de la gestion et de l'intendance de l'île. Il s'agit, comment dire… de notre « gouvernement ». Mais plus que tous, elles sont chargées d'éduquer les Elues, de leur apprendre leur rôle, de guider leur prières, de tisser leur destins… et de les surveiller. A leur tête notre « Pope » à nous, Ramielle, la Matriarche. On dit d'elle qu'elle appartient à un peuple disparu. Je veux bien le croire. Malgré son âge ses pouvoirs mentaux sont sans égales, et lorsque je croise son regard dépourvu de sourcil, je ne vois qu'une immense sagesse qui n'a d'équivalent que sa bonté. Elle m'a dit un jour qu'en moi coulait un peu du sang de son peuple, que c'est de là, que venait mon empathie et mes talents de guérisseuse. J'ai eut du mal à la croire, j'ai des sourcils moi, pas deux points écarlates à leur place qui sont la dernière touche de couleur dans son visage blanchit par les ans.
J'aurais voulu lui poser des questions sur ma famille, mon passé mais je savais que ca n'aurait servi à rien. A la façon de tenir sa tête j'avais deviné qu'elle s'en voulait de cette confidence. Alors je me suis tue. Après tout, grâce à cette confidence ? Lapsus ? Erreur ? J'en savais plus sur moi que beaucoup de mes compagnes. Alors je n'ai rien dit et j'ai conservé ce morceau de mon passé par devers moi.
Contrairement à Androclée - la numéro deux du conseil qui me déteste et réciproquement - j'aime beaucoup Ramielle. Malgré sa position et son âge, elle a toujours été très accessible pour moi. Sans doute est-ce pour cela que je m'en veux autant de l'avoir trompé. Ce que j'ai fait, je l'assume ! Il n'y a que pour elle que je regrette. Car je vous l'ai dit, je suis amoureuse et sur cette île entièrement dévoué à la déesse Athéna, cela constitue un véritable crime.
Voila ce qu'est ma vie, ou plutôt ce qu'elle a été jusqu'ici car au début de ce récit je vous ai dit que j'étais amoureuse et il faudrait – du moins je le crois – que je vous explique le déroulement des choses. Certaines me diront que ce n'est pas de l'amour… peut-être. Peut-être même ont-elles raison. Que tout cela ce n'était qu'une passion passagère née des événements, de la fatigue et de la lassitude ou bien d'une dérisoire tentative de rébellion. Qui sait… mais moi je préfère voir cela comme un instant de partage parfait, absolu, une rédemption malgré l'interdit divin. Oui cette nuit là, j'ai aimé et été aimé par celui-là même qui entre tous n'aurait pas dû me toucher…
Mais voila que je repars dans mes pensées et vous, vous ne savez toujours pas de quoi je parle. C'est pourtant simple…
C'était lors de la fête du solstice où durant les trois jours de célébration venait officier le Pope, maintenant ainsi un lien entre notre île Sacrée et celle du Sanctuaire. J'appelle ces trois jours les « jours des masques ». En effet dans l'enceinte du temple nous ne les portant pas mais comme officiellement personne ne peut voir notre visage – surtout pas un mâle - dès que nous nous trouvons en présence d'un « extérieur » fut-il le Pope, nous devons arborer ce morceau de métal sur notre visage. Le Pope étant lui-même masqué cela en deviendrait presque drôle de nous voir toutes et tous, là à prier nos véritables sentiments scellés derrière le métal froid et inexpressif. Certains esprits chagrins – dont je fais partie – vous diront qu'au fond cela ne change guère de l'ordinaire. Pourtant une chose c'est produite cette année là.
En ce début d'été la chaleur était accablante rendant les trois jours de cérémonie particulièrement éprouvants. Alors quand, dans l'après-midi du dernier jour, de lourds nuages noirs s'amoncelèrent au large de l'île, toutes nous les attendîmes avec espoir. Un proverbe dit qu'il faut prendre garde à ce que l'on demande aux Dieux car ils pourraient bien leur prendre l'envie de nous exaucer. Ce fut le cas ce soir là. Très vite la mer se démonta et l'atmosphère devint irrespirable avant que dans un éclair de fin du monde le ciel ne se déchire et laisse tomber des trombes d'eau sur l'île Sacrée.
Renvoyée avec mes « sœurs » dans nos chambrées et alors que celles-ci, respectueuses de la colère de Zeus, se terraient sous leurs draps, je me souvins avoir laissé un foulard dans un des jardins intérieur. Prétexte futile s'il en est, vu le déluge qui frappait l'île la pauvre étoffe devait être détrempée et nager dans la boue. Mais moi, je n'avais jamais eu peur des orages, au contraire, et je voulais sortir. J'avais besoin de sortir. Besoin de me confronter à cette violence… de vivre tout simplement.
Alors profitant de la couardise de mes « sœurs », j'enfilais une simple toge dépourvue de tout ornement, sortis de la chambrée et pris la direction des communs du temple, vers les jardins.
Arrivée sous le péristyle je fus frappée par la violence de l'orage, mais au lieu de courir me réfugier dans mon lit je quittais l'abri offert par les colonnades exposant mon corps et mon visage aux éléments déchainés me gorgeant de cette énergie brute et primitive. Je me mis à tourner sur moi-même et peut-être même à rire comme une démente. Qu'importe en cet instant, je me sentais si vivante !
Au bout d'une longue fraction d'éternité la tempête se calma et se mua en une pluie fine et dense qui rafraichit mon corps brûlant. Un éclair illumina le ciel et c'est à ce moment que je l'aperçu : puissante silhouette vêtue de noir assise sur un banc au fond du jardin. Il avait dû arriver bien avant moi et donc… tout voir ? Qui était-il et comment était-il entré dans l'enceinte sacrée ? Et moi qui n'avais pas mon masque ! Soudain affolée, j'amorçais un mouvement de fuite.
- Non, ne partez pas ! appela la haute silhouette en se levant.
J'aurais pu, j'aurais dû partir – après tout je n'avais pas à lui obéir – pourtant je restais figée sur place le regardant avancer vers moi avant de s'arrêter à, à peine, un pas.
C'était un homme, grand et aux longs cheveux plaqués sur son torse par la pluie. Il dégageait une puissance impressionnante et pourtant comme contenue, voir éteinte.
- Si jeune, si pleine de vie, murmura l'homme d'une voix rendue lasse par le poids des ans et de sa charge.
Il leva une main large aux longs doigts fins et la posa sur ma joue.
Lorsqu'il la toucha mon empathie naturelle se réveilla et hurla ! Cet homme, maintenant je savais qui il était et comment il s'était retrouvé dans l'enceinte sacrée ! Lui non plus n'aurais pa dû être sans masque ! Mais je m'en moquais car plus que son identité ce furent ses sentiments et ses émotions qui affluèrent en moi.
Conscient de cet « échange » il retira vivement sa main, rompant ainsi le contact.
Une immense sensation de vide se fit en moi.
- Non ! criais-je à mon tour en saisissant sa main. Restez ! demandais-je, presque timidement, en portant à mon tour ma main sur son visage.
Sous mes doigts la peau était fine et sèche, presque parcheminée, mais je n'accordais que peu d'importance à ce détail, pas plus qu'aux yeux délavés par les ans et qui pour l'heure me fixaient incrédules. Non, je ne fis attention à rien de tout cela car en moi sa douleur avait commencé à revenir. Cette douleur nait de siècle de solitude, écrasé par le poids de sa charge et de son devoir, ainsi que par le chagrin de voir partir les uns après les autres tous ceux auquel il avait pu s'attacher et ce jusqu'à barricader son cœur contre tout sentiment.
Lui aussi était une victime de la déesse protectrice de la terre, notre Déesse… Mais face à tant de noblesse et d'abnégation j'eus honte de moi, me sentant soudain bien geignarde et capricieuse. Alors je portais mon autre main à son visage la laissant écartant ses lourdes mèches assombries par la pluie.
- Laissez-moi vous aider, laissez-moi alléger votre fardeau et vous soulager… au moins cette nuit… soufflais-je mon visage levé vers le sien.
Je sentis ses étranges yeux clairs me fixer, hésitant.
- S'il vous plait, suppliais-je encore
J'allais commettre un crime de lèse-déesse. Je le savais et pourtant, à cet instant, rien ne me semblait plus juste que ce que je lui proposais. Car plus que tout je voulais rendre le sourire cet homme à l'échine courbé par le joug trop lourd imposé par la Déesse. Et d'une certaine façon, me libérer moi aussi.
Il m'avait laissé rire et danser sous l'orage, jouir pleinement de cette sensation de liberté jusque-là inconnue de moi. Rien que pour cela…
- Laissez-moi le partager avec vous, implorais-je une dernière fois en lui laissant libre accès à ses sensations uniques éprouvées quelques minutes plus tôt.
Lentement, presque à regret, je vis son visage s'abaisser vers le mien. Puis ses lèvres effleurèrent les miennes avant de s'en emparer dans un baiser aussi brûlant que la passion qui m'avait habitée lors de ma danse. Et alors qu'au loin les derniers éclairs zébrés encore le ciel de leurs lumières divines, il fit ployer mon corps sur le sol détrempé et s'emplit des sensations et de la plénitude que je lui offrais.
Depuis la fenêtre où je suis postée, je ne peux pas voir le débarcadère mais je sais qu'il est là-bas, qu'il repart. La tempête d'hier et les protections de l'île l'en ont empêché. Mais aujourd'hui tout est à nouveau calme, serein, immuable…
Portant inconsciemment ma mains à mes lèvres je me rappelle…Très tôt ce matin, je me suis réveillée à ses cotés, dans sa chambre. Comment nous y sommes arrivés, je ne saurais l'expliquer, mais si ce que l'on dit de lui est vrai, c'est un ancien chevalier d'or, alors… De toute façon, pourquoi ce poser des questions quand les réponses n'ont aucun intérêt. Je l'ai regardé dormir à la lumière des premières lueurs du jour. Presque timidement j'ai effleuré les deux points qui ornent son front et qui le désignent plus sûrement que tout autre signe comme un atlante, la race des créateurs des armures. Doucement, afin de ne pas le réveiller, je me suis levée. Il semblait si calme, apaisé, heureux presque. L'ombre d'un sourire ornait le coin de ses lèvres… je me souviens avoir souri à mon tour et dans un dernier regard avoir quitté la pièce, l'avoir quitté lui : Shion, le grand Pope. Le premier serviteur d'Athéna… mon amant d'une nuit.
J'ai quinze ans et je l'aime…
