Le souffle lourd. Et cette impression que sa poitrine serrait chaque seconde. Jane n'aimait pas toutes ces choses qu'elle ressentait à chaque fois qu'elle passait le seuil du siège de la Police de Boston.
Quand était-ce arriver ? Difficile à dire. A un moment, après ces heures trop longues passées à résoudre des affaires impensables, sordides. Personnelles, violentes à un point qu'elle avait souvent garder pour elle.
Avec elle à ses côtés. Maura.
Maura en pleur, en colère. Sourire aux lèvres. Absorbée dans ses pensées ou avec cette intensité illégale dans son regard. Il y avait eu ses manies, ses mains, ses gestes, son élégance et ses silences qui avaient voulu dire tout et son contraire. Et sa voix...
Tout ça, Jane avait le sentiment qu'elle en avait rempli ses chairs, les avait infestées avec un naturel qu'elle aurait envoyé en l'air si elle avait su. Aujourd'hui, un mot transcendait son corps. Un geste réduisait son souffle au néant.
Elle devait être à bout. A deux foutu doigt de tomber, crouler même. A ses pieds. Et chaque matin était la même histoire.
"Derek si tu lances cette opération tu détruis 3 mois de foutu travail !"
L'officier de la brigades des stupéfiants regarda sa collègue de la police criminelle. Oh non, elle n'allait pas empêcher ce coup de filet légendaire et la gloire qui allait avec.
"Tu ne devrais même pas être là Jane, je ne sais pas comment tu as eu ces informations mais reste en dehors de ça !
-3 filles sont mortes ..."
Jane inhala les paupières closes, ravalant son orgueil alors qu'une fracture multiple de la mâchoire lui semblait l'issue la plus raisonnable à ce genre de dialogue.
"Donne-moi encore un peu de temps et je serai en mesure d'inculper cette enflure de proxénétisme et d'homicide volontaire. Je te promets que tes gars seront les premiers à défoncer cette porte le jour de la perquisition. Si c'est une médaille que tu veux tu l'auras crois moi... mais si tu rentres là dedans maintenant... on aura rien."
Les deux regards bruns s'affrontèrent, l'un plein de ténèbres et l'autre plein de feu. Un mauvais sourire se dessina sur le visage de l'agent Derek.
"Ecoute, au lieu de venir pleurer le jour de mon opération, met un coup de pied au cul de ton équipe ! On attrape pas toujours les méchants assis à un bureau à bouffer des donuts, il faut aussi savoir courir après eux. Et si tu es à la traine Rizzoli, ça te regarde"
A ces mots, l'agent regarda sa montre. Il sortit son talkie Walkie vérifia la chaîne :
"M moins 3 minutes, tout le monde en place"
Sans un regard pour la brune, il vérifia que tout se passait comme prévu. 3 unités, 2 issues, 3 tireurs d'élites.
Une formalité...
Jane assista à la scène, hors d'elle.
Connard de stup à la con !
Le ventre en vrac, la mâchoire serrée, elle regarda le théâtre se mettre en place. Est-ce qu'elle devait arrêter ça ?
Encore une fois elle se demanda. Est-ce qu'elle devait arrêter de travailler avec ses tripes ? Est-ce que la colère, la rage et cette foutue conscience valaient vraiment le coup ?
"Gooooo !"
Les unités 1 et 2 donnèrent l'assaut, la porte du bâtiment ouverte à coup d'explosifs. Au bruit de l'explosion succéda le bruit des tirs, résonnant dans la lumière pâle, où la fumée s'étalait comme un voile.
L'oeil alerte de la brune se leva vers la fenêtre ouverte : un homme se présenta, trainant avec lui une jeune femme.
L'esprit de Jane s'évapora.
Un couteau à la main, il égorgea le corps qui tenta d'abord de se débattre et s'affala.
"HIJOS DE PUTAS, no pueden matar los Leones"
Un rire surpassa le chaos.
Katia...
Les flashs de la jeune filles terrifiées, le regard plein de vide, ses mains nerveuses lors de leurs entretiens surgirent de la mémoire de Jane.
"Katia, tu peux changer les choses, Rio n'est pas invincible"
Jane ferma les yeux. Des questions en pagailles dans sa tête, mélangées à la peur dans son sang.
"Merde, merde, merde, merde !"
La main sur son beretta elle dégaina, s'avançant à couvert vers le véritable merdier qui explosait à quelques mètres. Les tirs des kalashnikov, retentissaient en continue, les cris suivis de silence ne laissaient pas de doute sur ce qu'il se passait. Katia était peut être à l'intérieur, et par un foutu miracle Jane devait espérer arriver là haut à temps.
Elle inspira, expira, inspira encore. Elle sourit avant de se jeter dans cet enfer.
Même les animaux ont peur de mourir...
La suite, fût comme toutes les autres. Reconnaissables à toutes les opérations armées qui confirmaient l'échec de leur mission, de leurs idées. Quand la justice croule devant la mort.
Le foutu bruit des détonations, les yeux embués par la violence. Les uniformes noirs, fondu dans l'obscurité. Jane courut au devant des balles, sans attendre les cris et les ordres lui commandant de déguerpir. Les premiers corps apparurent, dans cette immobilité qui ne racontait plus la haine. Et qui finalement, montrait son vraie visage. Un homme à terre ensuite, un des leurs.
Jane perçut les cris de douleurs, et leva son arme sur l'assaillant. Une pression sur la gâchette, puis immédiatement une douleur à l'épaule : l'effleurement d'une balle. Encore dans la cage d'escalier, elle se tourna, tira. Courut encore. Encore et encore. Tira une fois, puis deux. Par dessus des silhouettes vagues, parfois face à face. Sourde, inconsciente. Déterminée. Elle voulait un miracle oui ou non ?
Dans l'appartement le gang des lions résistait jusqu'à son dernier souffle. Et une de ses signatures : les cocktails Molotov, jetés sur les forces de l'ordre regroupées à son seuil.
"Arrière, Arrière"
Le groupe recula à couvert. Jane erratiques s'adossa au mur. La fumée bientôt irrespirable.
Aux voix, seuls trois hommes restaient à l'intérieur.
"On donne l'assaut final les gars"
L'agent Derek savait qu'il ne restait pas beaucoup de temps. Et le carnage entra dans la pièce. Jane suivit, tira, abattit l'un d'entre eux.
"Putain Rizzoli qu'est-ce que tu fais là
-Va te faire voir Derek"
Une pluie de balles atteint un des miroirs, Jane eut seulement le temps de tourner le visage avant de ressentir les éclats percer sa peau.
Une porte.
Sûre de pouvoir encore marcher, elle ouvrit, son bras armé et son regard froid. Aucun ennemi et l'air encore un peu respirable.
La nausée lui vint quand elle regarda au sol.
Six corps sans vie baignaient dans le sang.
"Non non non non ! cria-t-elle avant de jeter vers l'un d'entre eux.
Le corps de Katia était encore chaud, son regard tétanisé presque tremblant encore de peur.
Les larmes s'écoulèrent le long des joues de Jane, la douleur plus perçante que l'horreur autour d'elle.
"Je suis désolée..."
Des mains agrippèrent sa peau à lui faire mal. Jane paralysée entendit seulement :
"Il faut partir, vite !'
Avant de comprendre elle se sentit relevée de force. Une fois à l'extérieur, l'air frais eu l'effet d'une gifle, comme les sirènes qui envahissaient chaque once d'espace.
Jane dans l'agitation fronça le regard.
Du personnel médical qui l'entourait, aucun n'était préparé... elle se détacha de ses emprises anonymes. Marcha sans même sentir ses membres.
Et puis...
Derek. Son visage parmi la foule crispa Jane. Elle s'avança...
"Jane..."
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase.
Une fracture multiple de la mâchoire. Les premières résolutions sont également souvent les bonnes.
23h30
3 heures passées en observations. 5 en interrogatoire. Et deux à écrire le rapport qui devait clore l'affaire Rio DelaFuente alias El leone.
17 morts en tout.
4 abattus par Jane. Réprimandée pour son "excès de zèle", félicitée pour avoir sauvé 3 officiers d'intervention. L'agent Derek passerait au tribunal fédéral.
Et Katia (et les autres) ne reviendrait pas.
Jane devait en avoir fini le plus rapidement possible, avant que ses "jours de repos" forcés ne l'obligent à porter cette foutue paperasse comme un fardeau sur sa conscience.
L'adrénaline encore dans les veines elle se leva de son bureau, descendit jusqu'à la morgue. Quand elle alluma, elle soupira avant d'aller s'asseoir et fixa cette blancheur. Blanche à faire mal aux yeux.
Partout.
Tellement claire.
Du genre à faire oublier que les enfers sur Terre existent. La mort arrivait ici presque pure. Calme.
Jane se sentait brûler de l'intérieur.
"Jane..."
A son nom, la brune regarda à l'entrée. Elle sourit d'amertume.
Il ne manquait plus qu'un ange pas vrai ?
Le détective en désordre se crispa.
"Maura" prévint-elle quand le médecin s'approcha.
Maura Isle s'arrêta net, ses yeux verts décomposés par l'inquiétude en tendresse déchirante. Vraiment, Jane aurait pu se perdre mille fois à l'intérieur. Happée comme dans un foutu gouffre.
"Je t'ai attendu à ton appartement..."
Cette voix douce... Et ce sourire presque absent qui suffisait à transformer n'importe quel moment en oeuvre d'art.
Jane sentit sa poitrine serrer sans combattre. Pas plus qu'elle ne décida à lutter contre le silence.
Quand Maura approcha encore, son regard sombre la fixa, acéré.
"Pourquoi Jane ?"
Jane encore assise, réfléchit. Qui aurait cru qu'une question si simple pouvait être si compliquée ? Mais la brune n'eut pas besoin de chercher bien longtemps. Elle n'eut qu'à caresser la blonde du regard pour sentir ses entrailles se tendre.
"Tu ne devrais pas être près de moi en ce moment
-Parce que tu as vécu un drame insensé et que tu as failli ne jamais revenir?"
La colère. Elle était là.
Jane rit, de bon coeur. Se leva et approcha l'autre jeune femme.
"Parce que tu es encore belle à faire mal, Maura... "
La blonde resta droite, mais elle sentit son coeur s'arrêter. Jane fit un pas de plus.
"Et qu'un jour, ça me tuera je crois"
La gifle arriva sans prévenir. Sur sa joue déjà blessée.
"Ne me dis pas ça alors que tu te jettes sous les rafales de balles"
La brune caressa son visage endolorie, puis elle effleura de celui la blonde.
"Pars Maura".
Avec ses mots elle fit un pas en arrière et se détourna.
"Je t'ai attendue en bas de chez toi pendant des heures et maintenant tu voudrais que je m'en aille ?"
Les sanglots tremblaient dans l'amertume. Ou la supplique, difficile à dire.
Jane se retourna.
"Arrête..tu sais que je n'aime pas te faire pleurer... je n'aime pas ça...
-Alors serre-moi dans tes bras"
La brune hésita.
"Ensuite je partirai"
La compréhension lourde passa entre les deux meilleures amies. Maura lâcha son sac et s'élança dans l'étreinte, ses larmes encore plus nombreuses.
"Jane Rizzoli, tu es la personne la plus rageante à aimer"
Jane serra fort et sourit.
"Sûrement"
Maura colla ensuite leur front.
"Maur..."
Leurs souffles se touchèrent.
"Tu aurais dû partir"
Sans hésiter cette fois, Jane appuya ses lèvres contre celles de Maura. Fort. Si fort que la blonde gémit. Des mains se posèrent possessives sur son corps, sur ses fesses au travers de son tailleur.
"Tu ne sais pas combien de fois dans une journée, je rêve de faire ça..."
"Remonter ta jupe" les gestes imitèrent les mots.
"Te plaquer contre un bureau"
Cette fois ci Jane murmura à l'oreille de la blonde, penchée à son propre plan de travail.
"Et te prendre Maura"
Des doigts s'infiltrèrent dans son shorty. Avant bientôt de le descendre jusqu'à ses chevilles.
"Jane..."
Cette dernière admira la vue.
"Tu es splendide" murmura-t-elle encore. "Putain..."
Ses mains écartèrent les fesses de la blonde, dans un gémissement d'agonie.
Jane colla ses hanches contre le postérieur galbé. Et ses doigt s'enfoncèrent entre les reins de cette créature certainement déchue du ciel. Un jour de grand vent, par inadvertance.
Aucune chance pour que les cieux laissent échapper sciemment un miracle pareil.
Maura se cambra. Les lèvres de Jane parcoururent sa nuque. Ses doigts rivés sur ses hanches pendant qu'elle la prenait toute entière. La blonde ferma les yeux, la sensation entre ses cuisses presque violente à faire mal. Elle soupira de plaisir.
"Je veux voir tes seins, Maur, montre moi"
Ses mains crispées sur le bureau défirent maladroitement les boutons de son chemisier. Aidé par Jane qui tira sur son sous vêtement pour dégager les deux globes bien fermes.
"Tourne toi"
La blonde écarlate obéit, se sentit acculé vers le bureau où elle finit par s'assoir. Jane aurait pu brûler l'Antarctique rien qu'avec ses yeux.
Maura mordit sa lèvre lorsque ses mains jouèrent avec ses seins. Et que des lèvres se jetèrent sur ses tétons durs et tendus. Les cuisses ouvertes, les sensations étaient envahissantes.
Jane rajouta un doigt.
"Tu dois me sentir encore mieux dans ta chatte..."
Ces mots consumèrent Maura.
"Bien au fond... tu aimes ça ?
-Oui Jane...
-Je savais que tu serais une putain de bombe sexuelle..."
Les yeux verts fixes dans les siens, Jane pensa mourir plus qu'en se jetant aux feux.
"Tu es trempée, est-ce que tu vas jouir ? Est-ce que tu vas jouir pour moi?
-Oui, fort"
Jane serra la mâchoire, sentant ses doigts de plus en plus serrés. Elle regarda le corps éperdu, offert. La perfection transformée en lame. Chauffée à blanc. Capable de réduire l'âme en cendre.
"Je vais...oh plus fort Jane !"
Jane sourit. Elle était esclave. Bien sûr, depuis une éternité déjà.
"Jouis pour moi Maur"
Et en quelques secondes la jouissance arriva, plus impitoyable que jamais. Maura se crispa, cria. Serrant Jane contre elle.
Elle pensa ne plus jamais reprendre son souffle. Mais si, elle respira enfin. Ivre.
Jane cueillit doucement ses lèvres. Elle sentit à peine lorsque cette dernière la rhabilla.
Quand elle reprit conscience elle vit la brune, les yeux humides, vulnérables. Pourtant si intenses.
"Tu aurais du partir Maur, ce soir je n'avais plus rien à perdre"
Avec ses mots, la brune sourit fébrilement, et s'éloigna vers la sortie.
Maura immobile la regarda partir. Elle ne sentit qu'à peine ses propres larmes s'écouler sur ses joues.
"Jane..."
