Titre : cent deux
ans
Auteur :
ylg
Fandom :Angel†Sanctuary
Personnages/Couples : Mikaël,
Raphaël, Barbiel ; indices de Mikaël/Raphaël et de
Barbiel/Raphaël
Rating : PG / K+
Disclaimer : Yuki
Kaori, merci pour la création de ces personnages, même
si leur histoire est parfois embrouillée.
Timeline/Spoil éventuel : post série, un siècle plus tard.
fic écrite en réponse à une requête d'Ishime sur fic sur demande, où il était question, entre autres, du réveil de Raphaël et ses retrouvailles avec Mickaël.
oOo
Dire que Mikaël se lassait d'attendre était un euphémisme. Mikaël n'avait jamais supporté d'attendre, pourtant il avait attendu toute sa vie, un peu d'attention. Il avait attendu l'amour de son grand frère, il avait joué autant qu'il pouvait avec les limites de la patience de Raphaël, attendant de voir quand il ne pourrait plus le supporter. Il attendait le réveil de cet imbécile qui comatait dans un caisson d'hibernation, toute son énergie brûlée. Que de temps perdu…
Le jour où enfin Raphaël se réveilla, Mikaël mit un point d'honneur à lui reprocher d'avoir mis si longtemps. Pas question de pleurer d'émotion à le voir enfin remis, tiens !
« Ah… Mikanou… tu es là
?
-Je passais juste par hasard. Ne vas surtout pas croire que je
m'inquiétais pour toi. D'ailleurs depuis le temps, je ne
sais même plus ce qu'on fiche là.
-On ?
-Ce quetu fiches dans cet état. Ça m'intéresse
pas.
-Ben tiens… euh, au fait, ça fait combien de temps
?
-Cent deux ans, trois mois, cinq jours, huit heures, sept
minutes et trois secondes, » répondit Mikaël du tac
au tac.
Raphaël contempla longuement le visage de Mikaël.
Ce garçon n'avait jamais su mentir… du moins, autrefois,
il ne savait pas. Aujourd'hui, ses traits durcis s'obstinaient à
ne rien refléter. Jusqu'à ce que leurs regards se
croisent. Mikaël soupira, excédé.
« Je
plaisaaante ! j'en sais rien, moi, combien de temps ça fait
exactement ! Comme si j'allais me fatiguer à compter !
-Cent
deux ans, trois mois, cinq jours, à plus ou moins quelques
heures, intervint Barbiel. J'ai là la fiche de mise en
congélation, avec la date. Belle estimation, Maître
Mikaël. Contente de vous revoir en bon état, Maître
Raphaël. »
Nouveau regard appuyé.
«
Ouais, bon, ronchonna Mikaël. Évidemment j'ai dit ça
au pif. Si vraiment j'avais passé ma vie à te
regarder pioncer, tu penses bien que j'aurais pas regardé la
pendule pour passer le temps non plus.
-Reformule ça de
manière compréhensible ? ça ne m'a pas l'air
très logique…
-Oui, tout le monde sait que malgré
son grand cœur, la réflexion n'est pas le point fort de
Maître Mikaël. Et que même s'il avait voulu, il
aurait rapidement perdu le compte du temps qui passe. Moi en tout
cas, si j'avais passé cent deux ans à contempler
votre visage endormi, Maître Raphaël, j'aurais perdu
toute notion du temps. »
Mikaël maugréa quelque chose à propos des gonzesses et de leurs idées tordues. En tendant l'oreille, on aurait pu l'entendre demander à ne pas être fourré dans le même sac.
«
C'est ce que tu as fait ?
-Mais ça va pas, non ? »
Mikaël
agrippa Raphaël et se mit en devoir de le secouer comme un
prunier en beuglant :
« Tu me prends pour quoi, exactement
?
-Aaah, du calme. Ne maltraite pas le pauvre petit malade que je
suis.
-Oui, et, Maître Mikaël, je vais devoir vous
demander de surveiller où vous mettez vos mains, je vous prie.
Que je ne vous reprenne plus à faire des bêtises avec le
corps de Maître Raphaël…
-De quoi ? »
Cette
fois, l'interrogation dans les yeux de Raphaël n'était
plus entièrement feinte. Mikaël se gratta la tête,
embarrassé.
« Ben, y'a une fois, je voulais te
dessiner au marqueur sur le corps, j'ai même pensé à
te tatouer le même dragon que le mien, mais ta Barbiel, là,
a catégoriquement refusé de me laisser ouvrir ton
bocal. Elle disait que t'allais pourrir si on te décongelait
trop vite.
-Et alors ?
-Alors je lui ai conseillé de
rajouter du vinaigre puisque t'avais tellement l'air d'un
cornichon comme ça. Ça lui a pas plus et elle m'a
fichu dehors. »
Barbiel fit semblant de ne rien
entendre. Raphaël prit le temps de digérer cette
information.
« Nooon, j'plaisante, corna de nouveau Mikaël
; évidemment qu'elle m'a pas fichu dehors, je suis l'ange
le plus fort du Ciel ! »
Cette fois, Barbiel le regarda de
travers. Raphaël aussi.
« Bon, d'accord,
concéda-t-il, en fait j'y ai pensé qu'après
être reparti, je lui ai pas vraiment dit ça. »
Il
bouda quelques instants.
« Tu vois. Rien de scabreux.Elle en revanche ça m'étonne qu'elle ne te
soit pas tombée dessus plus tôt.
-Tiens c'est vrai
: et toi non plus, tu ne m'as même pas fait de câlin
pour montrer à quel point tu étais heureux de me voir
réveillé. Tu as perdu ton cœur pendant que je dormais,
mon Mikanou ? »
Oh que oui. Cent ans de solitude, ça l'avait usé. Raphaël lui avait terriblement manqué, tout ce temps. Mais ça, il n'allait pas lui dire de but en blanc ! À la place, il lui colla une tape sur la tête, comme à un enfant pas sage. Comme Raphaël le faisait pour lui autrefois quand il disait des bêtises en public.
«
En fait, les interrompit Barbiel je vais même devoir vous
demander de sortir, le temps que j'examine Maître
Raphaël.
-Heh ? »
Cette exclamation peu élégante
provenait du patient en puissance.
« Tu comprends plus
le mot « examen » ? Ton cerveau doit être encore
sévèrement congelé. À poil et elle va te
tripoter de partout ! Là, j'avais raison !
-Il s'agit
juste d'un examen de routine pour s'assurer qu'il se remet bien
de son hibernation, que son corps fonctionne correctement. Et, si
non, je verrai le nécessaire à faire pour l'aider à
se remettre en marche. Non, rien à avoir avec ce qu'il
pratiquait sur des patientes ne souffrant que du mal d'amour,
précisa-t-elle.
-Non, c'est pas ça. Barbiel…
depuis quand tu t'y connais en médecine ? »
Elle
haussa les épaules : « Il fallait que quelqu'un vous
remplace pendant votre longue absence. Bien sûr, je n'ai pas
vos pouvoirs de guérison, mais j'ai bien acquis tous les
aspects mécaniques et médicaux nécessaires au
maintien d'un corps céleste. »
L'examen terminé et Raphaël réinstallé plus confortablement pour achever de se remettre, Barbiel se retira, laissant son chef retrouver seul son meilleur ami. À regret sans doute, mais elle savait que Mikaël passerait toujours avant tout le reste auprès de Maître Raphaël.
«
Mikaël. Tu as… grandi…
-Gaffe à ce que tu dis,
Belle au Bois Dormant !
-On dirait que tu as pris un bon
centimètre. Peut-être même un centimètre et
demi.
-Dans tes rêves. C'est toi qui t'es tassé
pendant que tu roupillais. »
Pourtant, ça ne serait pas impossible. L'absence de son meilleur ami, pour prendre soin de son besoin d'affection et de reconnaissance, cent années durant, l'avait forcé à mûrir. Cela aurait bien pu se répercuter sur son apparence, après tout. Ou bien, ce n'était peut-être vraiment juste qu'une impression, depuis le temps qu'ils ne s'étaient pas vus… qui sait ?
L'espace d'un instant, Raphaël envisagea
de demander à Barbiel d'examiner aussi son Mikanou, et de ne
pas oublier la toise à mesurer. Pour le taquiner comme dans le
temps. Pour faire comme si rien n'avait changé. Ils en
avaient besoin tous les deux, de plaisanter un peu.
Et
finalement, non, il ne pouvait pas se résoudre à ça.
Cela ne ferait rire aucun des deux. Il redevint sérieux. Comme
devrait l'être un Ange Élémental de retour
après une longue absence.
« En tout cas, tes
yeux… quelque chose a changé. Tu as l'air plus vieux.
-Laisse tomber ça, tu veux ? »
Mikaël était
prêt à se camper à nouveau dans sa bouderie.
«
Qu'est-ce que tu veux, que je demande plutôt quelles
conneries tu as faites pour t'en tenir à ton rôle de
sale môme insupportable, à part des graffiti sur la
vitre de ce caisson –qui soit dit en passant, espèce de
petit irresponsable, coûte une fortune ?
-Plaisante pas avec
ça, ou tout convalescent que tu es, je te botte les fesses
!
-Maître Mikaël, attention à ce que vous
proposez : cela pourrait être mal interprété, rit
la voix Barbiel depuis la pièce voisine. »
«
Au moins me mettre au courant de ce qui est arrivé, alors ? je
ne sais même pas si l'Ange Salvateur a atteint son but, avec
tout ça… »
Mikaël se carra sur sa chaise et
adopta un ton formel, imitant les rapports que Camaël lui
faisait et qu'il n'écoutait que distraitement. Il se mit
en devoir de lui résumer cent ans d'histoire officielle, de
reconstruction du Royaume des Cieux, de surveillance des Enfers, de
restructuration hiérarchique. Il donna des nouvelles plus
personnelles d'Uriel et de Jibrill. Petit à petit, son ton
se fit moins formel, il retrouvait sa propre voix. Il sema même
son récit d'anecdotes sur tel ou tel ange.
Quand il
eut fini, Raphaël était certain d'avoir retrouvé
son Mikanou d'avant et eut alors tout loisir de regretter de
l'avoir laissé seul tant de temps. Mais, sur le moment, il
ne pouvait pas ne pas sauver Barbiel, il ne se le serait jamais
pardonné. Mikaël lui-même lui en aurait fait
reproche, une fois la bataille finie : à l'entendre parler
sérieusement aujourd'hui, il en était certain.
Et
malgré ces retrouvailles, ce fut le nouveau Mikaël qui se
leva de lui-même et prit congé :
« Bon, ben,
maintenant que tu sais tout, je vais pas t'assommer plus longtemps
avec mes commérages. Barbiel me ficherait à la porte,
de toute façon. Et si tu veux encore les potins de qui fricote
avec qui dans ton dos, c'est à elle qu'il faudra demander.
»
Au moment de franchir la porte toutefois, il se
retourna pour lui lancer :
« Mais tu ne perds rien pour
attendre ! J'comprends pas comment on peut encore te demander de te
reposer après que tu aies pioncé si longtemps, mais tu
vas voir, je reviens d'embêter demain sans faute ! T'as
trente six mille trucs à rattraper et j'te lâcherai
pas, na ! »
Merci, Mikanou. Et pardon, murmura-t-il à l'intention de la porte close. Il faudrait encore qu'il répète ces mêmes mots à Barbiel, quand elle repasserait le voir, aussi. Et peut-être qu'ensuite, il pourrait effectivement tenter de rattraper tout ce temps perdu.
oOo
(pour quelque chose de plus léger sur Mikaël qui s'ennuie pendant ce temps, j'ai aussi une petite fic bien plus courte, dans mon recueil "tentations")
