Je vivais dans le plus beau pays, au meilleur des siècles. L'Italie, au XIXème. Née en 1873, je venais de fêter mes 17ans. Père, un riche homme d'affaires, un homme du monde, que je ne voyais presque jamais à cause de ses voyages, m'avait déjà promise à un homme plus que fortuné. Je ne doutais absolument pas qu'il se fichait de mon bonheur. Mon « fiancé », que j'avais eu le bonheur de rencontré une fois (notez l'ironie de ma pensée), était l'homme le plus repoussant que la Terre ait jamais porté.

Je le trouvais gras, malpropre, rustre, bestial, et d'après ses regards, fourbe et vicieux. Mère le disait bien portant, quelques peu odorant, simple. Père ne perdait pas de temps à savoir ce que j'en pensais. Et oh miracle de la bourse, le lendemain de nos fiançailles, mes parents avaient assez d'argent pour partir en Amérique, et ainsi ouvrir l'usine qu'il prévoyait. Le pur hasard, évidemment.

Mère avait toujours dit que ma beauté était un cadeau du ciel. Je n'avais jusqu'à ce jour jamais compris comment mon physique, dont je n'avais certes pas à me plaindre, pouvait changer quelque chose à sa vie. De Père, j'avais hérité mes cheveux châtains, aux reflets dorés, mes yeux marron vert, et ce qu'il appelait le charisme. De Mère, mes traits fins, et selon père, le caractère capricieux.

J'avais longtemps été une enfant gâtée, mais depuis deux ans, tous mes plaisirs de la vie m'avaient été retirés. Je n'avais plus que l'escrime comme loisir, et encore, je la pratiquais en cachette, avec le bel Alessandro. Nous nous connaissions depuis tous jeunes, il était le fils du cochet et se chargeait de prendre soin des armes et chiens de chasse de Père. Lorsque celui-ci était en déplacement, et Mère en ville, il me laissait m'entrainer avec lui. J'avais peu à peu développé des sentiments très forts pour lui. Mais je n'avais jamais réussi à savoir s'ils étaient réciproques. Depuis l'annonce de mon mariage, à mon plus grand chagrin, il restait distant avec moi. J'avais essayé de lui en parler, il m'avait répondu qu'il était inconvenant d'être plus proche d'une femme de la société, qui plus est, promise.

Nous étions le jour de mon mariage. Le pire jour de ma vie. Je ne pouvais me résoudre à passer ma vie avec ce… Porc. La réception était fausse et superficielle. Rien ne me plaisait, pas même ma robe. Celui qui était désormais mon époux tint à me présenter à des « amis » à lui. Deux hommes à la beauté époustouflante se tenaient devant moi. Je ne me permis pas des les détailler longuement, mais assez longtemps pour noter que l'un était très grand, aux cheveux noirs, lisses et courts. Le second était encore plus beau, le teint aussi diaphane que son frère, des cheveux châtains et un peu plus longs. Je ne pourrais décrire la beauté de leur visage. Pourquoi n'étais-je pas promise à l'un deux ? Pourquoi ?

-Ma chère, laissez-moi vous présenter mes amis, les frères Volturis.

J'inclinais poliment la tête tandis que le premier s'empara délicatement de ma main avant de la baiser. Je notais qu'il avait la main et les lèvres très froides. Le second fit une brève révérence avant de m'offrir un sourire à couper le souffle. Pour une fois, ce n'était pas à cause de mon bustier que je n'arrivais pas à respirer. Je les vis se lancer un regard satisfait avant de nous quitter, mon cher et adoré époux et moi.

La déception que je ressentis à cet instant me surprit grandement. Comment pouvais-je être plus déçue de ma journée que je ne l'étais déjà ?

La réception pris finalement fin, et je me rappelais avec effrois ce qu'il allait ensuite se passer. Une bonne me guida vers notre suite, à monsieur et moi, tandis qu'il disparaissait.

-Je laisse madame se préparer, m'avait-il lancé avec un sourire tordu avant de s'en aller.

Monstre. J'allais devoir passer ma vie avec lui. Pouvais-je l'égorger dans son sommeil ? Personne ne se rendrait compte de rien ! La précieuse fille à papa que je suis sait pleurer sur commande, il ne me serait pas dur de jouer la jeune veuve attristée…

Alors que nous entrions dans la chambre, la bonne et moi, elle me fit m'asseoir devant une commode sur laquelle trônait un grand miroir. Elle défit mon chignon et entreprit de me démêler les cheveux, après quoi elle me dit une tresse lâche et légère. Elle détacha (enfin !) ma robe, me retira mon bustier, et tout le ridicule attirail qui m'ornait. J'étais désormais en nuisette et je pouvais respirer convenablement.

-Madame est sur le point de passer la plus belle nuit de sa vie. Commença la servante. Vous avez de la chance d'être mariée à un tel homme.

Le regard noir et furieux que je lui lançais la fit fuir. Bon débarras. Incapable ! Elle avait sans doute voulu être gentille, mais pour qui se prenait-elle à se ficher de moi ainsi ? Il faut être complètement dérangée pour dire ça et le penser ! Le phacochère déboula dans la chambre.

Il se précipita vers moi, secouant la graisse qui lui parsemait les hanches, agitant l'odeur nauséabonde qui le caractérisait juste sous mon nez. Ce goujat se mit à me toucher indécemment. Je lui assenai une gifle magistrale qui retentit dans toute la pièce. Qu'avait-il cru ?

Voyant son regard furieux, je me demandais ce que moi-même j'avais pu croire. Quand étais-je devenue aussi stupide ? Il m'empoigna par les cheveux, à la base de la nuque et me jeta rageusement à terre. J'allais prendre…

Alors qu'il se penchait pour me frapper, il fut comme stoppé par un mur invisible. Comme si une force l'empêchait de m'approcher. Ce n'était pas la première fois que j'assistais à ce phénomène. La dernière fois remontait au jour où je m'étais opposée à mon mariage, Père était enragé. Il avait tenté de me faire du mal lui aussi, mais la force était apparue. Cela c'était produit toutes les fois où je m'étais sentie en danger.

Le gnome qui me servait de mari tenta une nouvelle fois de me frapper mais son poing resta en l'air, une main blanche le tenait fermement. Toujours au sol, j'en profitais pour me reculer le plus possible. L'homme brun, Monsieur Volturis, avait lâché sa main pour poser la sienne sur sa bouche et ainsi l'empêcher de beugler comme un possédé.

Son frère, aux cheveux plus clairs, me tendit lentement la main pour m'aider à me lever. La lueur calme dans ses yeux me rassura et je m'en emparais timidement. Le grand costaud qui tenait fermement mon mari disparut en un battement de cil, me laissant seule avec le second Volturis.

-Allez-vous bien Madame ? S'enquit-il poliment.

J'eu le souffle coupé en entendant sa voix. Douce et mélodieuse. Ses pupilles rouges me fixaient avec inquiétude. Je ne pus qu'hocher imperceptiblement la tête, incapable de laisser un son s'échapper de ma bouche. Les battements de mon cœur m'étaient douloureux. Il se pinça les lèvres et n'insista pas. Je vis son regard se poser sur mes jambes et me rappelais seulement à cet instant que je n'étais couverte que par le petit bout de tissus qu'était ma nuisette. Je rougis furieusement et il eut la décence de se tourner pour être dos à moi.

-Prenez vos affaires. Nous partons dès que Félix en aura finit avec… Votre époux, murmura-t-il.

Soulagée de pouvoir m'échapper de ce château, je filais à mon dressing et attrapais ma valise que je n'avais pas encore défaite, y étant arrivée seulement ce matin. Je l'ouvrais et enfilai la robe la plus longue que j'avais. Elle était verte comme l'émeraude à mon annulaire, et des broderies dorées ornaient ma poitrine. Jusqu'à mes hanches, elle était droite et cintrée, les manches fines recouvraient mes bras jusque mes poignets. Au niveau du bassin, elle était plus ample mais ne laissait pas apparaitre ma peau jusqu'aux chevilles. Je me couvrais également de mon manteau le plus chaud, une fourrure hors de prix que ma mère m'avait offerte peu avant son départ. Malheureusement, toutes les chaussures que j'avais n'étaient pas faites pour la marche. Uniquement des nus pieds à talons hauts. Je me chaussais de celles qui allaient le mieux avec ma robe, à défaut d'autre chose et rejoignis le Volturis qui attendait patiemment dans la chambre, toujours dos à moi.

-Je suis prête, soufflais-je à voix basse. Mais je ne pense pas que mes chaussures supportent une marche, avouais-je mal à l'aise.

L'homme me fit face et m'offrit un nouveau sourire époustouflant. Il s'empara de ma valise et prit ma main.

-Vous n'aurez pas besoin de marcher. Voulez-vous une nouvelle vie jeune fille ?

Je hochais la tête en fermant les yeux. Je ne pouvais rien demander de mieux. A cet instant, un courant d'air se fit sentir dans mon dos, me faisant frissonner malgré ma tenue chaude. Je me tournais et retins un sursaut en voyant le dit Félix juste derrière moi avec un sourire amusé.

-Aurais-je effrayé cette dame ? S'enquit-il.

-Sans aucun doute, admis-je.

-Pourtant, ne viendrais-je pas de vous sauver ? Quelle idée d'avoir peur de son sauveur, répondit-il en se retenant visiblement de rire.

-Pouvons-nous y aller ? Demanda son frère. Les gardes ne vont pas tarder à se poser des questions.

Je me braquais.

-Pourquoi m'avez-vous sauvée ? Que faisiez-vous ici ? Qui êtes-vous au juste ? Que me voulez-vous ? Paniquai-je.

Félix ne se retint plus et éclata de rire.

-Je sens qu'on va s'amuser avec une bavarde pareille ! Parvint-il à souffler.

Son frère le fixa durement, probablement pour l'inciter à se calmer.

-Je suis Eléazar Volturis, et mon frère s'appelle Félix. Nous pensons que vous pouvez nous être utile. Vous avez du potentiel.

-Du potentiel ? De quoi s'agit-il ?

Il soupira, agacé que je le coupe.

-Comment avez-vous fait pour l'empêcher de vous frapper ? Eluda-t-il.

Je me figeais. Ils avaient observé la scène ? Croyaient-ils à la magie ?

-Je… Je ne sais pas. Je ne sais pas comment j'ai fait, balbutiai-je en sentant mon rythme cardiaque augmenter de nouveau.

-Vraiment ? Grogna Félix.

Je me tétanisais, il était vraiment terrifiant à cet instant. Une boule se forma dans ma gorge tandis que mes mains transpiraient. Mes membres tremblaient.

-Félix, calme-toi, gronda Eléazar.

-Elle va parler ! Cria-t-il en fonçant sur moi.

Je levais les mains vers mon visage, comme pour me protéger, attendant un coup… Qui ne vint pas. Je relevais timidement la tête, essoufflée par ma peur et vit qu'il se tenait à quelques centimètres de mon visage, ahurit.

Une main blanche comme la neige se posa sur l'épaule de Félix et le força à s'éloigner. Je crus voir l'autre homme souffler un « Absolument fantastique ».

-Aro va être aux anges ! S'extasia la brute.

Je le fixais en haussant un sourcil. Cet homme était-il atteint de bipolarité ? Toujours terrifiée, je n'esquissais pas le moindre mouvement.

-C'est malin, marmonna le frère du brun. Elle est tétanisée maintenant. Franchement Félix il m'arrive de penser que tu ne réfléchis pas.

Celui-ci grommela des paroles inintelligibles en attrapant ma valise.

-On y va, grogna-t-il.

Eléazar me prit dans ses bras et me conseilla de fermer les yeux. Préférant ne pas contrarier mes « sauveurs » je m'exécutais sans rechigner (pour une fois). J'avais remarqué que cet homme était musclé mais son corps était dur comme la pierre. Je ne me sentis pas m'endormir jusqu'à ce que mes oreilles n'entendent une conversation murmurée.

-Elle est réveillée, nota Eléazar.

-Parfait ! Pile à temps pour rencontrer le maître ! S'exclama Félix, visiblement aux anges.

Je n'osais pas pour autant ouvrir les yeux.

-Vous pouvez regarder Madame, m'incita mon porteur comme s'il avait lu dans mes pensées.

Il me reposa sur mes jambes qui tremblaient encore. Je du les suivre dans un immense château. Dès que nous fumes à l'intérieur, tous les regards se tournèrent vers nous. Hommes et femmes me regardaient comme un délicieux encas. Instinctivement je me rapprochais des deux frères qui m'accompagnaient. Je vis Félix fulminer en balayant la salle d'un regard noir.

-N'y pensez même pas ! Cria-t-il. Aro risque de vous en vouloir s'il apprenait que vous avez touché à ce bijou, ajouta-t-il avec un sourire mauvais.

Un petit blond, jeune adolescent, s'approcha vivement de lui, visiblement intéressé.

-Une douée ? S'exclama-t-il en me détaillant de haut en bas sans aucune gêne.

Eléazar hocha la tête et le contourna pour me faire avancer.

-Nous allons vous présenter à nos maîtres, m'expliqua-t-il. Vous feriez mieux de ne pas leur manquer de respect.

Je déglutis silencieusement et acquiesçais. Tout excité, Félix ouvrit d'un geste brusque les immenses portes de bois foncé qui nous faisaient face. Nous entrions dans une gigantesque salle, uniquement décorée de marbre. Au fond de la salle siégeaient trois énormes trônes où étaient assis trois hommes. J'étais tellement terrifiée que j'arrêtais de contempler ce qui se passait autour de moi. Félix, apparemment peu satisfait que je ne partage pas son excitation, revint vers moi si vite que mes yeux ne virent pas son déplacement. Il s'empara brutalement de mon bras et me tira avec aussi peu de délicatesse jusqu'aux pieds des trônes. Je gémis douloureusement en sentant ses doigts froids et durs maltraiter mon membre mais une petite voix intérieure me suggéra de me faire discrète.

-Voyons Félix ! S'insurgea un homme blond, assis au trône du milieu. Un peu de tenue ! Est-ce là une façon de traiter une dame ?

L'homme me lâcha en exagérant sur sa délicatesse pour se moquer de moi. Il arbora un sourire faussement angélique à l'adresse de son maître, celui-ci leva les yeux au ciel.

-Elle a un don, maître.

Les yeux du blond reflétèrent immédiatement sa joie, son regard pétillait et j'eu le sentiment qu'il allait sautiller.

-Vraiment ? Et quel est-il ? Demanda-t-il à Eléazar.

Ce dernier sourit doucement et me fixa brièvement.

-C'est un bouclier, maître.

Avec un soupir impatient, l'excité se leva et s'approcha d'Eléazar pour lui prendre la main en fermant les yeux. Il les rouvrit quelques secondes plus tard, encore plus joyeux.

-Fantastique ! Fantastique mes amis ! S'extasia-t-il.

Il tourna autour de moi pour mieux me détailler. Je trouvais ses manières vraiment déplacées mais gardais le silence.

-J'ai hâte que vous fassiez partie de la famille ma chère… ?

Sa phrase resta en suspens tandis qu'il interrogeait ses hommes du regard pour avoir mon nom. Tous deux haussèrent les épaules.

-Je suis vraiment outré par vos manières messieurs ! Enlever une dame sans même savoir son nom ! C'est une honte… Pardonnez-les mademoiselle… Me dit-il.

-Madame, rectifiai-je pour moi-même dans un souffle à peine audible.

-Une dame ? S'exclama-t-il. Mais oui c'est vrai !

Je relevais la tête. M'avait-il entendu ?

-Ainsi, comment souhaitez-vous qu'on vous appelle ?

Je sentis tous les regards posés sur moi.

-Renata.

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Et voilà ! Une petite review pour me donner votre avis ? **

Je vous avoue que je n'ai pas l'habitude d'écrire sur les Volturis, l'inspi est pourtant là, mais si je vois que personne ne la lis, je risque de l'arrêter. Ne me découragez pas s'il vous plait... =)

Je pense pouvoir poster un chapitre par semaine si j'ai assez de review ... *moue suppliante*

Bisous, Niinà !