Auteur : Zoemathemata
Artiste : Deadflowers5
Personnages/couples : Dean x Castiel
Rating : M
Spoilers : Aucun.
Nombre de mots : 78970 (version originale).
Nombre de chapitres : 22.
Résumé : Adaptation du Soap-Opera 'Dark Shadows'. Le vampire Castiel Collins est éveillé de sa tombe par Chuck Shurley, auteur qui porte la poisse. Avec l'aide [et le sang] de Chuck, Castiel entreprend de faire sa vie à Collinsport, de restaurer son ancienne demeure et espère retrouver son ancien amant, Dean Winchester.
Disclaimer : Aucun mal et aucune atteinte à la loi voulue.
Titre traduit : Gravité Métaphysique
Traductrice : Marple-Juice.
Bêta-lectrice : Mama-Marple
Nombre de mots dans la version française : /
Remerciements : Merci à Zoemathemata pour sa permission de retraduire cette fanfiction ! Merci également à elle d'avoir répondu à mes questions, sans oublier Deadflowers5, qui m'a autorisée à utiliser ses arts.
Notes : les notes culturelles que j'ai fait moi-même se trouveront au tout début des chapitres concernés afin de faciliter la lecture.
Vous pouvez retrouver le lien vers la fanfiction originale dans mon livejournal.
Les reviews anonymes sont acceptées et tous les messages que vous laisserez seront traduits et envoyés à l'auteur original de cette fanfiction.
Playlist conseillée : Black is the Color – The Corrs | Cemetery Drive – My Chemical Romance | Post Blue - Placebo | Cut- Plumb | Still in Love song – The Stills | Lovesong– Tori Amos | It's no Good – Depeche Mode | Blood Bank – Bon Iver | No One's Gonna Love You – Band of Horses | Roads - Portishead
/!\NOTE/!\: Je compte bel et bien faire comme à mon habitude et sortir un chapitre tous les weekends~ (pour répondre à une question posée dans les commentaires)
Chapitre 1 : Chuck Shurley, pilleur de tombes.
Il y avait trois choses que Chuck Shurley savait. La première : écrire était difficile. La seconde : écrire ne payait pas les factures. La troisième : s'il se faisait attraper en train de piller une tombe, il ne ferait pas long feu en prison.
Il ne voulait vraiment pas finir en étant l'esclave de quelqu'un.
C'était la raison pour laquelle il mordit assez fort sa lèvre au point d'en saigner au lieu de crier de douleur lorsqu'il laissa tomber son pied de biche sur ses doigts de pied. Il n'y avait personne dans les environs, mais si quelqu'un passait par là, il ne voulait pas attirer l'attention avec un cri à glacer le sang. Il ne devait surtout pas se faire prendre. Ni par la loi, ni par la famille Collins. Ils étaient si gentils avec lui. Avec tout le monde. Bon sang, la ville toute entière avait été bâtie par eux.
Par eux et leur argent.
L'argent, ou le manque d'argent dans ce cas, conduisait au pillage de tombes.
Et il ressentait un profond malaise à faire ça. Vraiment, vraiment. Mais pas assez pour arrêter.
La première fois, c'était un accident. Une coïncidence totale. Il était parti boire (encore) pour essayer de contrer la série de maux de tête et les cauchemars (Jésus, quels cauchemars) et il réfléchissait à un moyen de payer ses fichues factures de chauffage cet hiver parce qu'il faisait foutrement froid dans le Maine. Ou ses factures d'électricité, parce qu'il faisait foutrement noir dans le Maine. Ou acheter ses provisions. Ou payer son loyer. Jésus, il était tellement fauché.
Il était conscient de ne pas être un écrivain formidable. C'était un écrivain compétant. Un auteur dévoué. Personne ne se souciait davantage de la structure d'une phrase ou de l'utilisation d'un verbe que Chuck Shurley. Personne d'autre.
Cependant, ça ne payait pas les factures. Il n'avait pas vendu la moindre histoire depuis des mois, et ce n'était pas faute d'essayer. Il avait pratiquement écrit sans s'arrêter. Le problème était que personne ne voulait lire l'histoire d'un vampire vieux de plusieurs siècles et de son retour soudain et menaçant dans la ville qu'il avait contribué à coloniser. On avait répété à Chuck que le marché vampirique était 'inondé' à l'heure actuelle. Un truc de vampires adolescents et de lycéens qui 'fait fureur'. Le livre de Chuck Shurley qui consistait en un buveur de sang torturé qui n'avait pas l'air d'avoir dix-sept ans et qui n'harcelait pas une belle lycéenne marginale avec des problèmes de socialisation, désirait la réincarnation de son amant tout en essayant de réfréner son appétit pour le sang n'était 'pas bankable'.
Chuck n'y pouvait rien si c'était la seule chose à laquelle il rêvait. Toute sa vie, il avait écrit ce dont il rêvait. Il voyait des images dans sa tête et il se réveillait puis les mettait sur papier. C'était ainsi que ça avait toujours marché. Il s'était plutôt bien débrouillé pendant plusieurs années.
Puis les maux de tête avaient commencé. Chuck se réveillait suite à ces rêves en nage, sa tête lui faisant mal, son cœur battant et au lieu de se mettre au travail à partir de son rêve comme il avait l'habitude de le faire, il sentait… Une envie irrésistible. Il avait essayé de simplement rester allongé et de se remémorer les images, de transformer les images volant dans son esprit en histoire. Mais il ne le pouvait pas. Son estomac tanguait, sa tête faisait mal et il devait se lever et commencer à écrire. La façon dont il le couchait sur papier importait peu, du moment qu'il l'écrivait immédiatement. Il avait toujours tapé ça sur ordinateur, mais le disque dur mourut une nuit et tout était perdu et lorsqu'il se leva le lendemain… Il essaya d'ignorer l'envie irrésistible, se disant qu'il attendrait que son ordinateur soit réparé. Il y avait eu un sursaut de douleur dans sa tête qui fut si violent qu'il s'était évanoui et, lorsqu'il s'était réveillé, il était à son bureau, griffonnant avec un crayon HB sur tous les bouts de papier qu'il pouvait trouver.
Il en eut la peur de sa vie.
Après une semaine avec des migraines à chacun de ses réveils, il était allé à la clinique. Ils n'avaient rien trouvé de particulier chez lui, ce qui était assez ironique vu son état d'agitation constant. Ils lui avaient prescrit des antidouleurs pour les maux de tête, des somnifères pour les cauchemars et des séances de méditation pour ses nerfs.
La méditation. Et puis quoi, encore ?
Ça ne fonctionna pas. Pas du tout. Et Chuck n'avait pas les moyens de retourner à la clinique. Surtout lorsqu'aucun de ses travaux n'était publié.
C'est ainsi qu'il se retrouva à tituber jusqu'à chez lui en revenant du bar de Dean Winchester, les yeux chassieux et il avait assez bu pour se battre contre le vent. Dean avait pris ses clefs de voiture et lorsqu'il avait tourné le dos pour demander un taxi pour Chuck, Chuck s'était dépêché de sortir. Il pouvait dépenser ses précieux deniers pour acheter de la bibine (et merde, Dean mettait ça sur son ardoise et l'arrêtait généralement avant qu'il soit trop bourré ou qu'il soit trop dans le pétrin) mais il ne gaspillerait pas d'argent dans un taxi. Encore moins lorsqu'il pouvait marcher. Ou trébucher. Ou tituber. Bref.
Il avait pris un raccourci pour rentrer chez lui et tituba dans une vieille partie du cimetière lorsqu'il commença à pleuvoir. Il était gelé, fatigué, saoul et dormir dans l'un des mausolées n'avait pas semblé être une idée si stupide sur le moment. Les portes s'étaient ouvertes plutôt facilement, et il se retrouva à regarder vaguement le nom inscrit sur la tombe.
Collins.
Bien sûr, près de la moitié des tombes de la partie ancienne avaient comme nom 'Collins'. Ce n'était pas bizarre.
Cela lui fit un choc lorsqu'il tomba sur l'un des cercueils en pierre et que le couvercle glissa et s'effondra.
Il aimait se dire qu'il ne cria pas comme une gamine de six ans, et s'il racontait un jour cette histoire (sur son lit de mort, au moment où il n'aurait plus aucune chance de finir en prison et d'être l'esclave de quelqu'un), il ne l'avouerait jamais. Après tout, il n'y avait que lui et les os comme témoins.
Son cri aigu mourut lorsqu'il vit la lumière de la lune faire luire quelque chose de brillant près de la cage thoracique. Il dégrisa rapidement lorsqu'il se rendit compte qu'il regardait un pendentif en diamant. Il était petit. De bon goût. Élégant. Et tout à coup, il se retrouva dans ses mains et fut fourré dans sa poche.
Après cela, doucement et sûrement, il devint pilleur de tombes amateur à mi-temps.
C'était un sale boulot. Il ne fallait pas se leurrer. Ce n'était pas pour les mauviettes. Le problème, c'était que Chuck était une 'mauviette'. Il haleta, eût des haut-le-cœur, frissonna, hoqueta et oui, vomit. C'était un travail difficile aussi. Toutes les tombes des Collins étaient de pierre. Du marbre lourd et solide ainsi que du ciment, la top qualité que seul l'argent pouvait acheter pour les morts. Il soupira. Ce serait beaucoup plus facile pour Chuck de détester toute cette famille si seulement ils n'étaient pas aussi gentils. Il essaya de ne pas penser à eux alors qu'il allait de tombe en tombe.
Jusque-là, chaque tombe abritait un objet brillant.
Cette nuit, il allait toucher le jackpot.
Cette tombe, cette sépulture était foutrement scellée. Chuck avait méthodiquement fouillé chacune des tombes dans le troisième mausolée de la famille Collins, et après tout le temps qu'il y avait passé, il s'était rendu compte que l'extérieur était trop grand pour les dimensions internes. Jusqu'à ce qu'il trouve la dernière tombe cachée derrière un faux mur. Sans rire.
Cela avait demandé à Chuck trois nuits pour descendre le mur et lorsqu'il vit le sarcophage de marbre immaculé, il faillit pleurer. Chaque jour, Chuck avait imaginé encore et encore des objets précieux cachés dans la tombe. Il devait y avoir de l'or. Des pierres précieuses peut-être, mais sûrement de l'or.
C'était étrange, il le savait. C'était vraiment étrange, mais il aimait connaître le nom des morts qu'il volait. Il avait toujours prononcé à voix haute une excuse, en disait un peu sur lui et la raison pour laquelle il faisait ça, et il terminait avec une petite prière en disant qu'il espérait qu'ils comprendraient.
Il était un pilleur de tombes, certes, mais un vraiment, vraiment correct.
Il repoussa une couche de poussière du marbre et regarda les inscriptions. Cette tombe en avait beaucoup. La plupart avaient juste le nom, les dates et parfois une ligne, « Mon cher époux, » « Mon épouse dévouée, » « Mère adorée, » « Repose en Paix. »
Cette inscription était plus longue. Chuck leva sa lampe poche, faisant défiler la lumière sur chaque ligne alors qu'il lisait.
Castiel Collins, frère bien aimé,
Enlevé par les forces surnaturelles.
Puisse le Seigneur lui offrir sa clémence éternelle,
Et lui pardonner ce que nous n'avons pu.
« Mon âme se repose en Dieu seul
C'est de lui que vient mon salut.
Psaumes 62 :1 »
Chuck frissonna. Bien sûr, le pillage de tombe était un business un peu flippant, mais il y avait quelque chose de trop flippant dans l'inscription. Chuck traça du doigt le 'C' profondément gravé de 'Castiel'.
Il y avait des croix partout sur le marbre aussi, gravées dans la pierre, et d'autres ancrées dans la structure. Il devait avoir été très pieux.
C'était un peu… Triste. Flippant et triste. Il dira une prière supplémentaire pour Castiel. Vous savez, après qu'il l'ait volé.
Il poussa le couvercle du sarcophage de pierre, levant légèrement pour en libérer le bord, puis il le fit glisser de toutes ses forces. Il réussit à en soulever un coin et se percha sur le rebord. C'était suffisant pour prendre le pied de biche et s'en servir de levier.
Le couvercle tomba sur le sol avec un bruit terrible qui retentit sur les murs. Il se serait sérieusement inquiété s'il était dans la nouvelle partie du cimetière, près de la route d'accès. Mais comme il se trouvait dans l'ancienne partie, au fin fond du terrain, personne n'aurait pu entendre le bruit. Son cri de fillette aurait pu être entendu, le hurlement aigu portant dans la nuit, donc il fut heureux d'avoir eu un peu de contrôle dessus, mais le marbre s'écrasant sur le ciment ne l'inquiéta pas.
À présent que le couvercle n'était plus, il vit un autre cercueil. C'était étrange. Habituellement, il n'y avait qu'une couche de pierre. On était dans le Maine, et c'était humide.
Le matériau du second cercueil était terne mais reconnaissable, même dans la faible lumière.
De l'argent. Oh. Merde. Alors.
Il resta là, la mâchoire au sol. Ce. N'était. Pas. Possible.
Il y avait des serrures luxueuses et des poignées sur le côté, le tout orné mais solide, visiblement fait sur mesure. Ça avait dû coûter une fortune.
Ce qui le ramenait une fois de plus à l'argent des Collins. Ils en avaient toujours eu et en auraient sans doute toujours. Ils étaient riches. Pleins aux As. En fait, le terme de pleins aux as avait sans doute été créé pour eux. Un éclair de jalousie le traversa et l'espace d'un instant, il détesta les Collins et leur argent.
Puis il se sentit mal parce qu'ils étaient vraiment très gentils. Envers tout le monde. Les bourses d'étude, les dîners de charité, les soirées au Nouveau Domaine de Collinwoood, les donations aux écoles et à l'hôpital local. Anna Collins lui adressait toujours un sourire aimable lorsqu'elle le voyait en ville. Ce doux sourire calme lui donnait envie de déballer tous ses maux et de tomber à ses pieds en sanglotant et de bafouiller en disant à quel point il était désolé, il était tellement désolé de profaner les tombes de ses ancêtres. Et même si Becky Collins avait l'air un peu dingue et une voix un peu haute, Chuck pensait être peut-être, possiblement, un peu attiré par elle. Et il pourrait peut-être lui demander de sortir avec lui un jour. S'il avait assez d'argent pour qu'ils sortent quelque part.
Et le voilà reparti au pillage de tombes.
C'était vrai. Le pillage de tombes. Tiens-t-en au fichu plan, Chuck.
Il prit sa flasque et en but une gorgée. Sa coupure à la lèvre brûla et un peu de sang s'écoula sur son menton. Il s'essuya du dos de sa main.
Il ouvrit les trois loquets, chacun avait une petite inscription au-dessus. Il plissa les yeux. On aurait dit du latin. Il haussa les épaules. Les gens qui avaient de l'argent voulaient toujours une petite touche d'extravagance sur tout, même les cercueils. Les loquets craquèrent de protestation et s'emboîtèrent bruyamment contre le couvercle une fois qu'il les ouvrit. Ses doigts trouvèrent le bord du couvercle et il réussit à faire bouger le bout de ses doigts dedans. Tournant légèrement la tête, il ferma un œil et plissa l'autre, son visage tordu dans une grimace d'appréhension face au dégoût et à la peur. En fait, c'était l'expression typique de Chuck Shurley, pilleur de tombe. Il souleva le couvercle.
Il y regarda à deux fois.
C'est quoi ce bordel ?
Le corps de Castiel Collins n'était pas un mélange atroce d'os et de chair encastrée. Il n'était même pas ridé et flasque. Il était… Chuck inclina la tête. Castiel Collins avait l'air de dormir.
D'accord, c'était affreux avant, mais maintenant, c'était flippant. Emmuré dans sa tombe. Une cage de fer. Un cercueil d'argent. Un corps qui n'avait pas d'air mort avec les mains serrées sur sa poitrine.
Avec un anneau foutrement doré et noir sur l'index de la main droite. « Bonjour beauté. »
Toute l'extrême étrangeté et la bizarreté tout à coup fut oubliée. Chuck allait prendre cet anneau.
Il tendit le bras pour attraper la main.
La main l'attrapa.
« Jésus ! »
« Non. Il est revenu de parmi les morts. Je ne faisais que me reposer. »
Chuck ne regarderait pas. Il ne regarderait pas le corps. Le corps qui ne lui parlait pas nom de Dieu à présent d'un ton râpeux.
Des doigts longs et fins étaient enroulés autour du poignet de Chuck. Chuck ne put éloigner son regard de la prise sur ses os, des doigts pressés avec une force telle qu'il sentait les os de son poignet grincer. Il ne regarderait pas sur le côté où il vit un éclat de dents et le blanc des yeux. Il ne le ferait pas, il ne le ferait pas, il ne le ferait pas.
Il était en stage terminal de sa psychose alcoolique. Son foie devait subir des défaillances depuis des mois et les toxines avaient dû s'accumuler dans son système et maintenant, il hallucinait. Horriblement. Parce qu'il n'y avait aucune raison pour qu'il soit dans une tombe avec un mort qui tirait sa main vers sa bouche.
« Il y a du sang sur ta main. »
Et une langue qui léchait le sang de sa main. Ne regarde pas, ne regarde pas, ne regarde pas. Si tu ne regardes pas, ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. Ce sont de fichues hallucinations. Il retira sa main la seconde fois où il sentit un coup de langue humide.
Castiel Collins la tira de nouveau vers lui.
Chuck ne cacherait jamais le cri aigu de terreur qu'il fit. Dans un pic d'horreur, il libéra sa main et se retourna rapidement, se prenant les pieds dans le fil d'alimentation de sa lampe et tomba sur le sol.
Il leva les yeux et vit… Des chaussures.
Doux Jésus. Non, non, non, non, non. C'était impossible. Cet homme, ce corps ne s'était pas relevé hors de son cercueil.
« Quel est ton nom ? »
Un petit gémissement s'échappa des lèvres de Chuck. Le corps parlait. Chuck sentit la même envie irrésistible de ses rêves (Sainte Marie, les rêves. Non, ce n'était pas possible) et répondit. « Chuck. »
« Quelle étrange dénomination est-ce ? »
« C'est le… Le diminutif de Charles. » Chuck refusa de lever les yeux. Tout ce qu'il vit fut les chaussures noires. C'était tout ce qu'il voulait voir, tout ce qu'il voulait savoir.
« Charles. Oui, c'est un nom acceptable. Je t'appellerai Charles. »
Chuck pleurnicha. « Je suis désolé. Je suis vraiment désolé. Ne me faites pas de mal, je vous en prie. »
« Et tu peux m'appeler Maître Collins. »
