1er juillet 2016 : 3ème anniversaire sur le site! Pour fêter ça, j'en reviens à mes premières amours et je vous livre un petit Spamano ;)
Disclaimer : tous les personnages appartiennent à Hidekaz Himaruya.
Pairings : Spamano, PruAus, GerIta. Mention de Spain/Netherland.
Genre : UA, Vacances ! Romance, friendship, hurt/comfort peut-être. Légèrement.
Résumé : Après une énième dispute avec son compagnon, Antonio est emmené en vacances de force par son meilleur ami Gilbert, qui accompagne son petit frère en Italie. Antonio n'espérait rien de ce séjour, mais c'était sans compter sur un jeune et magnifique Italien un peu râleur...
C'est le film Unrelated de Joanna Hogg qui m'a donné l'idée de cette fic. La chanson Young and Beautiful est de Lana Del Rey et apparait sur la BO de Gatsby le Magnifique.
Playlist YouTube : /watch?v=Qqoszj1tQhI&list=PLiAGOJyChRm1MFbIxNEsNwmxMO8qrAcn7 (encore sujette à modifications et ajouts, si vous avez des suggestions n'hésitez pas!)
J'essaierai de poster un chapitre par semaine au cours des vacances d'été.
Bonne lecture! N'hésitez pas à laisser une review!
Young and Beautiful
Chapitre I
Vendredi 1er juillet 2016, Bruxelles.
Antonio raccrocha d'un geste las et envoya son téléphone valser sur un tas de magazines qui traînait dans le salon. Il laissa échapper un gros soupir et se pinça l'arête du nez, avant de passer une main sur son visage fatigué et de recueillir quelques larmes au passage.
Une énième engueulade téléphonique avec Willem. Comme si ces dernières semaines n'avaient pas apporté leur lot de disputes en face à face… Maintenant qu'Antonio avait réintégré son appartement après une énième rupture provisoire et qu'ils commençaient à se parler comme des gens civilisés par téléphone et au bureau, au moment où Antonio commençait à espérer que, cette fois, c'était la bonne, que son compagnon allait changer et le laisser tranquille avec ses foutues crises de jalousie, alors qu'il s'était montré charmant et plus attirant que jamais… Alors qu'ils étaient sortis la veille et avaient passé une excellente soirée, une fois de plus, le Néerlandais avait tout gâché.
Tout ça parce qu'Antonio avait eu le malheur de répondre à deux messages de Francis de toute la soirée. Et Monsieur Vermeulen recommençait ses films de tromperie et de favoritisme. Antonio n'en revenait pas qu'après deux ans de vie commune, il arrive encore à le soupçonner d'adultère. L'Espagnol était de nature honnête, tromper son amant était pour lui inconcevable, et pourtant Will semblait ne pas le comprendre, ne pas comprendre qui était Antonio et quel était son caractère. Certes, cette possessivité était une démonstration d'affection, mais… Ca devenait simplement insoutenable.
Après la scène de ménage d'hier soir qui avait suivi une accusation honteuse où il était question d'Antonio remontant le moral de Francis après le départ d'Arthur en voyage d'affaires, l'Espagnol était retourné chez lui à la fois blessé et hors de lui. Willem avait clairement un problème… Mais à chaque fois, c'était pareil. Des promesses, une naïveté peut-être trop exacerbée de la part d'Antonio, un retour, deux mois de bonheur, un mois de descente aux Enfers, et ainsi de suite.
Antonio en avait vraiment marre, cette fois.
Il finissait de soupirer une fois de plus quand son téléphone sonna à nouveau. Un instant, il fut tenté de le laisser en l'état, trônant sur sa pile de revues de jardinage et de décoration, mais il se résigna finalement à se lever du canapé et à traverser le salon à pas lourds pour se pencher et attraper le fauteur de troubles. Avec la ferme intention, bien entendu, de raccrocher si c'était encore Willem.
Il constata avec soulagement que ce n'était pas le Néerlandais. Une photo d'un jeune homme aux cheveux blancs, à la peau d'albâtre et au sourire ravageur s'étirant d'une oreille à l'autre apparut sur l'écran. Gilbert, avec un canari sur la tête. Son meilleur ami.
"Allô?"
"Tonio! J'ai cru que tu répondrais pas, bordel!"
"Bien le bonjour à toi aussi, Gil." répondit Antonio sans conviction.
"Ca a l'air d'être la joie, chez toi. Mal dormi?"
"Pas dormi." rectifia Antonio.
"Je ne savais pas Monsieur Vermeulen si endurant." commenta l'albinos, sarcastique.
"Pour les disputes, tu sais parfaitement qu'il bat des records."
"… Répète-moi ça."
"Non, Gil, c'est rien…"
"Redis-moi ça!" exigea le Germanique.
"Gil…"
"Il a recommencé, cet enfoiré!" déduisit-il. "Tonio, je te jure que je vais te massacrer! Combien de fois je t'ai dit de résister et de ne pas retourner avec lui? Hein? Combien de fois?"
"Mais, Gil…"
"Y a pas de mais, bordel de merde. J'en ai ma claque que tu te détruises ainsi! Si votre trip c'est le sado-maso, y a des clubs pour ça, tu sais? T'as pas besoin de te briser le cœur quinze fois par an!"
Antonio aurait ri, en d'autres circonstances.
"Je sais…"
"Je t'assure que cette fois, si vous vous remettez ensemble, je te tue."
"Ce serait la solution la plus sûre, en effet."
"N'y pense même pas, Antonio Fernandez Carriedo."
"Je n'y pensais pas."
"J'ai une meilleure solution."
"Tuer Willem?"
"Ne me tente pas. Je pensais plutôt à te garder à l'écart un moment. A mettre de la distance entre vous pour voir comment vous le vivez. En même temps, vous êtes vingt-quatre heures sur vingt-quatre ensemble! Quand ça va bien, évidemment. Vous bossez ensemble, vous vivez ensemble, vous couchez ensemble…"
"Merci, Gil, je sais en quoi consiste ma vie."
"Je veux simplement dire que ça te ferait du bien de t'éloigner. De prendre du recul."
"Et que proposes-tu? Je devrais rentrer en Espagne…?"
"Pour te morfondre tout seul dans ta maison d'enfance et sombrer dans la mélancolie? C'est au moins aussi hors de question que de retourner avec le Taré. Non, en fait… Je pars en Italie demain, avec Roderich. On accompagne Ludwig dans la seconde résidence du grand-père de son cher et tendre."
"La seconde du…Quoi?"
"Pas très vif dès le matin, hein?" se moqua Gilbert. "Bon. Mon frangin, Ludwig. Il a été invité par son adorable petit ami à passer les vacances chez son grand-père, en Italie. Mon vieux a accepté, à condition que je l'accompagne. J'ai eu des contacts avec le Papy Vargas. Il m'a assuré que je pouvais amener des amis. Roderich m'accompagne. On sera pas trop de deux pour rassurer Papa Beilschmidt sur les fréquentations de son petit Lulu, t'es d'accord? Il reste de la place dans la villa. Tu es le bienvenu."
Antonio pesa un instant le pour et le contre. Il se souvenait de voyages à travers l'Europe qu'ils avaient faits, tous les deux, avec Francis. Des purs moments de folie. Une bouffée de nostalgie l'envahit alors qu'il repensait à leurs périples. Ses souvenirs le ramenaient à une autre époque, un autre temps, ceux de leur rhéto, puis de leurs années à l'université où, entre deux blocus intensifs et sessions d'examens ardues, ils visitaient un coin de l'Europe. La France, l'Espagne, l'Allemagne pour commencer. Le Royaume-Uni. Mais l'Italie… Jamais.
"Combien de temps?" demanda Antonio.
"Les deux mois de vacances scolaires. Oh, allez. Le Taré peut bien t'offrir deux mois de congé! T'en prends jamais. Tu frises le burn-out. Tu peux vivre un peu, quand même…"
"Hé, Gil?"
"Oui, quoi?"
"Tu n'as même pas besoin de me convaincre."
"C'est vrai? Ahah! Awesome! Mais, heu… On prend ta voiture, hein."
oOo
Dimanche 3 juillet 2016, Région de Mazzano Romano.
Antonio ouvrit sa portière, ankylosé par des heures de trajet accumulées. Ils étaient partis la veille de Bruxelles et avaient traversé la France en une journée, avant de s'arrêter un peu après la frontière italienne pour quelques heures de repos sur une aire d'autoroute, avant de rouler de nuit jusqu'à la campagne romaine. Autant dire qu'ils avaient très mauvaise mine.
Antonio, excédé par son travail intensif d'interprète ces derniers mois mais aussi par ses problèmes domestiques à répétition, était parti cerné et fatigué. Gilbert, diplômé en langues et littératures germaniques, enseignait dans un Collège huppé de la capitale et avait déjà eu quelques jours de congé depuis la fin des examens. Traduction : il disposait d'énergie à revendre.
Ludwig, son jeune frère, n'avait pas cette chance. Un mois de révisions et d'examens l'avaient vidé. Ses beaux yeux bleus étaient soulignés de cernes, ce que le voyage d'environ 24 heures n'avait pas arrangé. Ses cheveux lui retombaient devant les yeux ; il avait omis de les coiffer vers l'arrière comme à son habitude.
Roderich Edelstein, compagnon de Gilbert, semblait pour sa part ne souffrir d'aucun mal d'aucune sorte. Aussi frais et élégant qu'à l'ordinaire, le pianiste irradiait de grâce. Comme si rester des heures assis sur un siège de voiture inconfortable ne l'atteignait pas. Antonio l'admirait, en quelque sorte.
"Besoin d'un coup de main, Tonio?" demanda Gilbert de sa voix éraillée et enjouée.
Il lui tendit une main secourable et l'extirpa de sa voiture. Antonio fit quelques pas sur le sol rocailleux. Ils se trouvaient sur une colline, en haut d'une pente infernale. Il inspira l'air encore un peu frais et revigorant du matin, savoura la sensation du soleil sur sa peau, soleil trop souvent absent de ses balades bruxelloises, et enfin il se retourna.
Le panorama offert était tout simplement à couper le souffle. A quelques kilomètres en contrebas s'étendait la Ville Éternelle, baignée par le soleil du matin. Les clochers des églises, les ponts sur le Tibre, les hautes tours, les palais, les châteaux, les dômes se fondaient en une masse harmonieuse et merveilleuse pour le ravissement de leurs yeux de touristes. De l'autre côté, la mer. Alentours, des collines et des bourgades à perte de vue.
"Ludwig!" s'exclama une voix sur leur gauche.
Elle provenait de la villa devant laquelle Antonio s'était garé. Une imposante maison toute en longueur, sur un niveau, à flanc de colline. Une bâtisse de pierre protégée d'un soleil trop agressif par des oliviers, des orangers et des rosiers en fleurs. Au-dessus de quelques marches, sur le pas de la porte d'entrée, se tenait un adolescent à la tignasse auburn et au visage illuminé de joie, qui courut vers eux et se précipita dans les bras du grand blond.
De la porte apparut ensuite un homme plus âgé, d'une bonne cinquantaine d'années mais toujours séduisant. Ses cheveux conservaient leur couleur chocolat, il portait une légère barbe. Il s'approcha des visiteurs et se présenta :
"Bonjour, soyez les bienvenus! Je suis Romeo Vargas."
Il serra les mains des garçons, qui lui déclamèrent leur nom à leur tour. Après quoi, celui qui se présenta sous le nom de Feliciano prit la main de Ludwig et l'entraîna à l'intérieur en riant.
"Vous avez fait bon voyage?" s'enquit le grand-père.
"Pas trop mauvais." répondit Antonio. "Monsieur, je vous remercie pour votre hospitalité. Je sais que ma présence n'était pas prévue, alors…"
"Tss! Antonio, c'est bien ça? Ne t'inquiète pas, Gilbert m'a parlé de toi. C'est un plaisir. Vous le voyez, la maison est grande et tellement vide quand on est peu! Plus on est de fous, plus on rit, n'est-ce pas? J'espère que vous passerez de bons moments en notre compagnie."
Sur ces paroles, l'Italien les aida à décharger les valises du coffre et à les rentrer dans le hall. Les murs peints en blanc accentuaient encore l'impression d'espace qu'Antonio avait déjà eue de l'extérieur. Les murs étaient harmonieusement couverts de tableaux, les meubles design soutenaient des sculptures et autres objets d'art. Papy Vargas devait en être amateur.
Le hall s'ouvrait, d'un côté, sur la cuisine et la salle à manger. De l'autre, sur un couloir plus obscur percé de nombreuses portes closes.
"Les chambres sont de ce côté." les informa Romeo en désignant le couloir. "Il y a des salles de bain communes à deux chambres. Faites comme chez vous!"
Traînant leurs valises derrière eux, les touristes choisirent leurs quartiers. Roderich et Gilbert choisirent la première porte, voisine de la chambre de Feliciano et Ludwig. Antonio hérita de la chambre au fond du couloir, mais ne s'en plaignit pas : il avait ainsi deux murs percés de larges baies vitrées, l'une donnant sur la terrasse et la piscine à l'arrière de la villa, l'autre sur les montagnes. Le mobilier de sa chambre était élégant quoique simple : une penderie, un lit à baldaquins de bois clair, une table de nuit, une coiffeuse et un fauteuil. Les murs étaient peints en orange abricot, couleur chaude et profonde qui donnait à la pièce une atmosphère à la fois intime et lumineuse.
L'un des murs comportait une porte. Antonio supposa qu'il s'agissait de celle de la salle de bain et décida d'inspecter les lieux. Il abandonna sa valise dans un coin de la chambre et la traversa pour ouvrir la porte.
La salle d'eau, parquée de bois foncé, comportait une douche et un lavabo surmonté d'un grand miroir. En face d'Antonio, une autre porte donnait sur la chambre voisine, dont le propriétaire…
Était justement en train de se brosser les dents face au miroir. Il tourna la tête violemment lorsqu'il remarqua la présence d'Antonio et sursauta, au point qu'il fit un bon d'au moins trente centimètres. Visiblement, le visiteur l'avait surpris.
"Cazzo!" jura-t-il, la bouche pleine de dentifrice. "Tu pouvais pas frapper, stronzo?"
Antonio resta coi, surpris par l'accueil peu commode que lui avait réservé cet adolescent filiforme aux cheveux auburn et aux grands yeux ambrés.
Il cracha dans le lavabo, se rinça la bouche, et déguerpit, fuyant dans sa chambre en claquant la porte et en proférant des insultes. L'Espagnol voulut lui présenter des excuses, mais avant qu'il n'ait pu se décider à bouger, il entendit la porte de la chambre claquer ; son bel adolescent aux dents blanches l'avait quittée.
Hébété, il sortit de la salle de bain et de sa chambre, parcourut le couloir en sens inverse. Il déboucha dans la salle à manger, qui communiquait avec le salon. Le mur de baies vitrées offrait la vue sur la terrasse, où on dressait la table pour un apéritif anticipé. Feliciano et Ludwig s'y affairaient déjà, faisant des aller-retours entre la cuisine et le jardin. Antonio se décida à les rejoindre.
"Bonjour!" le salua Feliciano de sa voix enjouée. "Tu es Antonio, c'est ça ?"
"Oui, c'est moi."
"Enchanté!"
Il lui serra vigoureusement la main.
"Je peux aider à quelque chose?"
"Hm? Il reste à aller chercher les olives à la cuisine."
Antonio s'exécuta. Ils s'assirent ensuite autour de la table en rotin et Feliciano meubla la conversation de son babillage.
"Et, heu…" se lança finalement l'Espagnol. "Feli, est-ce que tu as un jumeau?"
"Hu? Oh, tu as rencontré Lovino! Oui, c'est mon frère jumeau! J'espère qu'il n'a pas été trop désagréable? Il est un peu bourru, il fait souvent peur aux étrangers! Mais…"
"Feli!" fit une voix grave et sévère. "Tu arrêtes de médire dans mon dos, oui?"
Antonio se retourna. L'adolescent de la salle de bain sortait de la villa. Il portait un short bleu marine qui laissait voir des jambes musclées et halées, ainsi qu'un polo blanc à col en V.
"Je savais pas qu'ils étaient arrivés." avoua l'Italien avec plus de douceur. "Ça m'a surpris, c'est tout."
Antonio hocha la tête et lui tendit la main. L'adolescent la considéra un moment, comme s'il pesait le pour et le contre de forger une nouvelle relation, puis s'en saisit et la serra.
"Je suis Antonio."
Les yeux ambrés fuirent les émeraudes.
"...Lovino."
Traductions
Cazzo : putain (italien)
Stronzo : connard (italien)
Notes
La rhéto (diminutif de rhétorique) est la dernière année de l'enseignement secondaire en Belgique, l'équivalent de la Terminale française. Les élèves ont généralement 17 ans au début de l'année, et 18 à la fin de l'année scolaire.
Mazzano Romano est une commune italienne située dans le Latium, près de Rome. Elle regroupe plusieurs hameaux.
J'espère que ce premier chapitre vous a plu! J'attends vos reviews ;)
Le deuxième chapitre est presque terminé... Il paraitra bientôt!
