Texte écrit dans le cadre des nuits d'HPF


Titre : L'odeur douce-amère du satin
Thème : Satin
Fandom : Underworld
Nombre de mots : 501
Personnages : Viktor, Sonja
Rating : Tout public


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Viktor errait comme une âme en peine. Insensible aux sanglots douloureux qu'il percevait depuis une bonne heure grâce à son ouïe plus fine que celle d'un mortel. Il ne voulait en aucun cas s'approcher du bruit, qui pourtant provenait de sa chambre. Il ne voulait en aucun cas s'approcher de l'être qui lui avait volé ce qu'il avait de plus précieux au monde, sa femme.

Que le nourrisson s'étouffe en hurlant, qu'il se brise dont les cordes vocales, au moins le vieux vampire pourrait-il dormir en paix. Il aurait dû entendre sa voix, sa douce voix aussi douce que du satin. Mais cette sonorité, jamais plus, ne retentirait. L'instrument était brisé, la musique s'était tue, Ilona était partie dans un endroit d'où Viktor ne pouvait la ramener.

Un autre cri lui déchira les tympans. Ne se tairait-elle donc jamais cette créature immonde sortie de l'être qu'il chérissait le plus au monde ? L'aîné se tordait les mains, indécis. Après que sa femme eut rendu son dernier soupir il avait hésité. Il avait contemplé son corps froid et dénudée les larmes aux yeux avant que sa tristesse ne se transforme en haine face aux vagissements de l'enfant. Alors il avait hésité, pendant quelques minutes, au dessus du berceau. Il avait pris dans ses mains blanches comme le lait, la robe en satin que portait Ilona la veille. Il l'avait serrée, faisant ressortir les jointures sur ses mains. Et il avait regardé la fillette. Sonja hurlait à plein poumons, innocente face au meurtre qu'elle venait de commettre. La robe de satin était douce entre ses doigts, tentante, traitre. Il avait levé le tissu au dessus de la petite fille qui le fixait de ses grands yeux bleus vifs, mécontents. Et le satin lui avait glissé des mains.

Viktor avait tremblé, interdit devant ce qu'il avait failli accomplir. Puis lentement, il s'était penché au dessus du berceau et saisit le petit être gigotant qui avait, depuis, cessé de pleurer. Sonja l'avait fixé encore quelques secondes avec de bailler, cligner des paupières et s'endormir, insouciante de la mort qui l'avait guettée quelques instants plus tôt.

Le vieux vampire l'avait observée, se perdant dans la douceur des traits de la fillette et passant ses doigts dans ses cheveux de satin noir. Elle était fragile, elle ressemblait à Ilona.

Ses jambes s'étaient dérobées sous lui et il était tombé à genoux sur la robe, l'enfant pressé contre sa poitrine glacée. La petite avait bougé un peu, puis était demeurée inerte, perdue dans les bras de Morphée. Viktor avait senti ses épaules s'affaisser également, et rapidement, il avait dû se retenir d'une main pour ne pas choir totalement sur le sol.

Avec mille précautions, il avait posé délicatement l'enfant sur le tissu déjà humide des larmes qui perlaient sur ses joues. Sonja avait bougé et l'une de ses mains minuscules s'était refermée sur la douceur du tissu. Viktor s'était allongé, posant sa tête à quelques centimètres de celle de sa fille, plongeant son nez dans le parfum qui diffusait depuis la robe, l'odeur douce-amère du satin.

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