Mes sens sont en éveil. Chacun d'eux. J'entends tout, je ressens tout et pourtant, ce n'est pas mon cerveau qui dirige mon corps. Je sens la rugosité de la poignée entre mes doigts, mais ce n'est pas moi qui la tient. Je sens mes lèvres s'étirer, mais ce n'est pas moi qui souris.

Et surtout, je vois Scott, devant moi. Son visage est couvert de sueur et ses yeux trahissent sa douleur alors que la lame que je tiens entre mes doigts s'enfonce dans son ventre. Mais je ne peux l'empêcher.

Je suis piégé dans mon propre corps.

Je me débat pour chasser ce renard, mais cela n'a aucun effet sur lui. Je ne peux éviter à Scott d'endurer toute cette souffrance alors que je vois la lame transpercer ses organes. Je n'ai plus aucun contrôle et j'ignore comme le reprendre.

Alors je cris. Encore et encore, en espérant que cela me permette d'au moins reprendre les rennes quelques secondes. Quelques secondes pour donner à Scott le moyen de se défendre.

Réveille-toi !

Je suis dans le noir et frappe les murs autour de moi. Mais aucun son n'en provient. Je n'entend que cette voix qui sort de ma bouche rythmée par les gémissements de mon meilleur ami. Alors, je continues.

Réveille-toi, bordel, Stiles !

Je ne cesse de taper, jusqu'à m'en écorcher les mains. Je me fichai bien de ce qui pourrait m'arriver du moment que mes amis étaient sains et saufs. Voir mes propres membres blesser Scott est une des plus terribles tortures que je dois endurer.

Réveille-toi, bordel de merde !

Je n'ai aucune solution pour sortir de ma prison. Crier est ma seule défense. Je voudrais que Scott sache que je me bats pour le sauver. Je voudrais qu'il me voit me battre pour lui comme jamais. Je voudrais qu'il sache que jamais je ne lui ferais de mal, que tout ça n'est pas moi.

J'espère qu'il le sait, au fond de lui.

Mais à force de crier, de taper, de laisser parler ma colère dans cette obscurité, je m'épuise et m'écroule. Mes genoux cognent violemment ce sol que je ne définis pas et mes bras supportent le haut de mon corps, puisant des dernières forces pour ne pas faire chuter ma tête. Des larmes tombent et ma mâchoire se serre.

Stiles, réveille-toi.

Je ne cris plus. Mes mots se perdent dans un murmure à peine audible à travers mes sanglots. Je suis à bout de souffle. Je voudrais garder l'espoir pour continuer de me battre, mais je ne peux pas. Je n'ai plus de force. Alors, je m'effondre. Ma joue cogne la surface lisse et froide et je serre ma mâchoire. Je passe doucement mes bras autour de mon ventre et ferme les yeux.

Mais le cauchemar ne s'arrête pas. Le renard m'envoie ces images de Scott et de mes mains couvertes de son sang. Je me crispe et mes pleurs s'intensifient.

Je t'en prie, Stiles, réveille-toi.

Ma propre voix s'insinue dans mon esprit.

Réveille-toi et sauve-le. Je t'en prie, Stiles.

Mais malgré mon envie de me relever, je sens une force me laisser à terre. Le renard reprend le contrôle. Il efface tout libre arbitre, peu à peu, et je me retrouve, je ne sais comment, dans cette immense pièce blanche.

Je comprends alors en le voyant devant moi que c'en est fini.

Et mes souvenirs s'effacent.