...
Post-scriptum
Froid.
Il grelottait. Son portable, ouvert, affichait la dernière trace de son passage sur terre.
PS : Si je venais à ne pas m'en sortir... pourras-tu veiller sur ma petite sœur pour moi ? Elle est tout ce qui me reste et compte pour moi.
Sourire.
Shûichi essuya le filet de sang qui s'écoulait de ses lèvres sèches par un revers de sa manche.
Délicate situation que voilà. L'agent du FBI analysait les possibilités qui s'offraient à lui dans le cas présent. Hélas, très peu solutions au problème subsistait. L'oiseau était piégé dans la cage. Il ne le savait que trop bien.
Son opposant à la tenue sombre se redressa, de dos. Le sourire qui se dessinait sur son visage à mesure qu'il se tournait pour lui adresser un regard ténébreux lui glaça le sang, malgré l'habitude de se mesurer à lui.
Face à l'homme en noir dépourvu de réels sentiments autre que la haine, Haibara se battait pour stabiliser son rythme cardiaque. Au sol, les vêtements déchirés et calcinés, l'ex-scientifique de l'Organisation était dans un état déplorable. Tout autour d'eux, c'était comme si des bombes étaient lâchées sur la terre ferme, le vacarme des déflagrations résonnant dans les couloirs du bâtiment.
- Debout, balle d'argent, tonna Gin.
Sa voix perçante lui siffla les oreilles.
- Mpf. Il ne te reste qu'une balle. Sauras-tu admettre ton échec ?
- Vous êtes tous deux dans un état déplorable.
Il touchait là un point sensible.
- Si je peux t'emporter avec moi dans l'au-delà... j'en serais satisfait!
Le regard suspicieux d'Akai se releva.
Lentement, Gin leva son bras. Le beretta qu'il tenait fermement dans sa main gauche, protégée d'un gant noir de jais, pointait en direction de la sœur de sa défunte petite-amie. Le doigt sur la gâchette, le membre de l'Organisation s'apprêtait à faire feu.
« Pourras-tu veiller sur ma petite sœur pour moi ? Elle est tout ce qui me reste et compte pour moi. »
Sherry.
L'agent du FBI s'empara d'une lame aiguisée tombée au sol.
Sherry.
Malgré sa blessure à la jambe droite, dont le sang s'écoulait encore abondamment, il se releva.
Il était déjà trop tard pour le corbeau. Étonné de voir son pire ennemi se redresser, et bien qu'il se soit retourné dans le but de contrer, l'arme que détenait son adversaire venait de lui perforer le buste.
Froid.
Son sourire s'étira davantage. Les traits de son visage se plissèrent. Ses yeux s'ouvrirent en grand, traduisant la plus grande abomination visible chez un être humain. Pourtant, aucun cri ne s'échappa de sa gorge.
Un amas de sang jaillit de l'impact. Le hurlement de terreur d'Ai figea Akai.
Il réalisa l'ampleur de son acte qu'en rouvrant les yeux. Face à face avec son éternel ennemi, le tir eut lieu, la balle traversant son torse. Son poumon venait d'être tranché par le coup de feu.
Doucement, l'homme en noir s'écroula contre le buste de sa prochaine victime. La remontée de sang le poussa à recracher ce qui l'empêchait quasiment de respirer. Un murmure, à peine audible. Le tueur articula difficilement une parole, digne de sa personnalité, jusqu'à la fin...
- Rendez-vous en enfer.
Akai lui répondit d'abord par un rictus démoniaque. Il ajouta, fièrement:
- Tu y seras seul, je te l'assure.
La mort de son éternel opposant ne lui fit ni chaud ni froid.
Suite à la balle tirée, Shûichi perdit l'équilibre. Il en recula de plusieurs pas, sa vue se floutant peu à peu, avant de s'écraser contre le mur en ruine au fond de la pièce, glissant contre celui-ci jusqu'à se retrouver fesse au sol.
Sa main, couverte de sang, serra énergiquement le lieu d'impact. Le liquide rougeâtre ruisselait le long de sa chemise, déjà humide de transpiration, et boueuse par la rude journée qu'il avait traversé.
L'enfant, encore sous le choc, rampa le long de la salle de science du complexe de l'Organisation. Elle s'approchait infatigablement de son sauveur, de l'homme qu'elle avait détesté et redouté.
- Ne te dépense pas trop... Shiho...
Elle ignora son conseil et réussit à le rejoindre, agenouillée.
- Ohé, restez avec moi. On peut soigner ça.
- Non. Tu dois partir.
Il parvint, difficilement, à lever sa main. Le contact de ses doigts avec le visage de la rajeunie le fit sourire. Il y laissa une marque, une trace, tandis qu'elle retombe au sol. Sa force le quitter.
Froid.
Ses yeux, mi-clos, discernaient dans l'obscurité de la salle aux murs blancs une forme. Une silhouette familière. Akemi, habillée d'une robe grise claire, replaça une énième fois sa mèche de cheveux brune derrière son oreille.
Il prononça son prénom.
Haibara gloussa.
Sa sœur tendit une main vers celui qu'elle avait aimé, respecté, et accidentellement renversé en voiture lors d'une sortie quotidienne. Une hallucination, aux portes de la mort, rien de plus normal.
Son esprit devait lui jouer des tours. Et lui était aussi fou pour communiquer et rentrer dans son jeu.
- J'ai échoué.
La digne fille d'Elena Miyano lui adressa un grand sourire rassurant.
- Il y a toujours cet enfant... je te l'ai dit. Tu as mérité un peu de repos.
Cette fois, il n'était plus possible de faire demi-tour.
Malgré les appels d'Haibara, l'agent du FBI ferma définitivement les yeux.
Il venait de saisir la main de sa bien-aimée, laissant derrière lui sa petite sœur. Entre de bonnes mains. Celles d'un garçon prodige, et d'une autre famille qui saurait prendre soin d'elle.
Cette fois, il l'avait enfin retrouvée.
PS : Si je venais à ne pas m'en sortir... pourras-tu veiller sur ma petite sœur pour moi ? Elle est tout ce qui me reste et compte pour moi. Je sais que tu feras tout ce que tu pourras pour qu'elle soit bien entourée. Par un garçon fascinant, et par une famille qui saura lui donner l'amour que je n'ai pu continuer de lui donner.
Moi, je t'attendrais aussi longtemps que possible. Jusqu'à ce que tu me rejoignes. ❤
Je t'aime.
Petit OS sans prétention, écrit dans le simple but d'expliquer ce PS.
Bon anniversaire, Postine ! =)
