« Twin Blade Legacy »
Lordess Ananda Teenorag
Titre : « Twin Blade Legacy »
Auteur : Lordess Ananda Teenorag
Série : Beyblade Métal Fusion / Beyblade Métal Master / Beyblade Métal Fury
Genre : Aventure, Semi-Alternate Universe, avec une pointe de romance
Résumé : Twin Blade. Encore connu sous le nom de Lame Sœur. Désigne deux forces d'amplitude équivalente, dont les variations de puissance et les spécificités du talent permettent la création d'une puissance infinie, au cœur d'une relation symbiotique.
Personnages principaux : Ginga Hagane et Kyoya Tategami
Personnages : Tous
Pairing : Ginga x Kyoya
Autres pairings : Multiples.
…
Prologue : Au Cœur des Constellations
…
…
Inscription du temple des étoiles.
…
(…)
(Illisible)
Twin Blade.
Encore connu sous le nom de « Lame Sœur ».
Désigne deux forces d'amplitude équivalente, dont les variations de puissance et les spécificités du talent permettent la création d'une puissance infinie.
(…)
Les Twinbladers (…) (illisible) (…) sont deux êtres liés par un contrat particulier.
Chacun d'eux, quoiqu'unique et différent, permettent la réalisation de ce contrat, au terme d'une relation symbiotique.
(…)
…
Chapitre 1 : La Renaissance de Pégasus, le Porteur d'Amitié
…
Sous-titre : Celui qui était l'Elu des cœurs et rassemblait le monde autour de lui.
…
« Je dois y aller. Jamais je ne tourne le dos à un défi, quel qu'il soit. (…) Je ne perdrai aucun combat. Le jour où je perdrai… ce sera le jour où j'abandonnerai le Beyblade ! »
…
…
Montagne.
Nuit étoilée.
…
Une étoile.
Toi qui gardes en ton âme les souvenirs des épopées,
Et en ton cœur la force de l'amitié,
Retrouve les chemins de l'aventure.
Une douce nuit étoilée, sur la montagne.
Reprends la route qui te plonge dans l'aventure,
Et te mène vers tes amis
Au cœur des constellations de l'amitié,
Où t'attend l'étoile de la victoire.
Une silhouette frêle sur l'herbe émeraude. Mais, si endormie semble-t-elle, une étonnante énergie baigne un cœur passionné.
Elle sommeille en lui, prête à se déployer.
« … »
Une comète enflammée embrase le ciel, laissant dans le vaste firmament, un arc-en-ciel de feu au symbole de l'espoir, augurant une aventure immense.
Renaît, Cheval Ailé. Envole-toi dans ce nouveau ciel.
« Wou-ah ! Une étoile filante ! Oh, mais… ! »
Les yeux noisette d'or se plissèrent, reflet d'un étonnement profond.
'Tiens, une comète ? En même temps qu'une étoile filante ? C'est hyper rare… ça veut dire que… oh, c'est une double étoile filante !'
« Lorsqu'une étoile filante apparaît, c'est le moment de formuler un souhait. Lorsqu'une double étoile filante traverse le ciel, c'est que deux désirs entremêlés réaliseront le souhait d'un immense univers. »
Qui, un jour, lui avait appris cela ?
« On m'a toujours dit, que, quand y'a une étoile filante… il faut faire un vœu. Et que, quand y'a une comète… c'est le signe qu'une épopée se prépare. »
Le jeune garçon se gratta la tête, l'air songeur. Alors, il y avait une étoile filante, ET, une comète. Cela voulait-il dire qu'il devait à la fois faire un vœu, et, qu'il y aurait une épopée ?
'Hé, et si ça pouvait être la mienne, d'épopée, ça serait hyper cool ! Et ben, puisque je dois faire un vœu, voilà mon souhait : vivre une nouvelle aventure ! Mon aventure !'
D'un air heureux, il bailla largement, sans élégance. Eh, on peut être un héros – dans tes rêves ! – avoir des défauts, et garder l'air cool ! Et puis, de toute façon, il avait toujours l'air cool (et pas de défauts) ! Enfin, c'était sans importance.
Vole, cheval ailé. Disperse les étoiles autour de toi et rassemble les lumières autour de ton cœur.
Tu es la comète qui rassemble les forces de tes amis dispersés.
Il adorait ce lieu paisible, qui lui rappelait tant son propre montagne natale. Mais il fallait avouer, que la solitude lui pesait un peu, et que ça manquait un peu d'êtres vivants, par ici ! Surtout, les batailles lui manquaient. Les défis légendaires, les émotions grandioses, où les cris d'excitation de ses rivaux et les larmes joyeuses de ses amis entraient dans son cœur, pour accélérer la cadence déjà effrénée d'un combat légendaire.
Tourne, cheval ailé.
Nourris la force de la toupie que tu habites, tournoyant dans une ronde sans fin formée par tes amis.
Que tes rivaux t'insufflent leur force, par leur propre âme. Que tes ennemis dispersent le mal de leur cœur, pour devenir tes défis permanents de justice.
Allait-il se faire de nouveaux amis ? Allait-il rencontrer des adversaires extraordinaires ? Est-ce que son sang battrait dans son cœur, au rythme d'une pulsation effrénée que n'égalerait que la course d'une toupie ?
'Une… toupie ?'
Glouglouglou.
« Oh-oh… »
Okay… son ventre. Il avait faim. Mais peut-être pourrait-il se reposer un peu avant de…
Glouglouglou glouglouglou glouglouglou.
D'accord, il avait très faim.
…
Quelque temps plus tard.
Devant un stand solitaire.
…
« Un stand à nourriture ? Ouais ! »
Plein de vie, le jeune garçon roux se projeta sur le tabouret pour s'asseoir. Il avait faim, très faim. Vite, un…
« Jeune homme, bien le bonjour, mais vous me paraissez bien jeune pour errer seul en ce lieu ! »
« Oh, c'est vous le gérant de ce stand ? J'en ai pas l'air, mais j'ai dix-sept ans, vous savez ! »
« Effectivement, vous n'en avez pas l'air. Je vous aurais donné trois ans de moins. »
« … »
« C'était une plaisanterie. Vous désirez manger quelque chose, je suppose ? Voici notre menu. »
« Je prendrai un hamburger. »
« Mais vous n'avez même pas regardé la carte ! »
« Pas grave. Les hot-dogs, c'est pour les losers de toute façon ! »
« Dois-je vous mentionner que nous n'avons ni hamburger, ni hot-dogs ? »
« … et pouvez-vous m'expliquer à quoi sert un stand de fast-food, sans hamburger ni hot-dog ? »
« … … … au cas où vous ne l'auriez pas remarqué – malgré ce panneau de 1, 80 m de long – il s'agit d'un stand de nouilles. »
« … »
« … »
« … alors, que désirez-vous prendre ? Je vous conseille notre spécialité du jour. »
« Tout ce que vous voulez, tant que c'est pas un hot-dog. »
Quelques instants plus tard, le jeune et énergique garçon était attablé devant un… appétissant bol de nouilles fumant.
« Mmm… »
Devant lui, le gérant avait un air malicieux.
« Alors, hésitez-vous toujours entre un hamburger et un hot-dog ? »
« Hum, je crois qu'un bol de nouilles sera parfait… miam ! »
Et, d'un air heureux, d'engloutir le somptueux plat posé devant lui.
« Mmm… slurp… miam… »
« Alors, qu'en dites-vous ? »
« Mmm… slurp… aussi… miam… bon… qu'un… slurp… hamburger… »
Intrigué, le vieux marchand le questionna.
« Dites-moi, jeune homme, pourquoi aimez-vous tant les hamburgers ? »
« Oh, parce que y'a que ça de vrai ! Avant, avec mes amis, on en mangeait tout le temps, et… »
Soudain, il s'arrêta.
« … »
Ses… amis ?
« Ginga, je vous ai à tous préparé des hamburgers maison. A toi, (…), (…), (…), (…), et aussi à (…). »
Ami… ami ?
« (…) est vraiment ton rival ! »
« (…) est très doué, tu sais. »
« Euh… jeune homme ? »
« … ah, euh, pardon, vous disiez ? »
« … … … ce n'est rien. Bon appétit. »
'Bizarre…'
D'un geste songeur, le garçon engloutissait ses nouilles, sans le moindre degré d'élégance.
'Mes… amis ?'
« …slurp. »
Alors que les pâtes délicieuses glissaient de sa bouche à son estomac, le jeune vagabond se prit à regarder le ciel, les baguettes coincées dans la bouche.
'A quoi je pensais, moi ? C'est bizarre, j'avais l'impression de me souvenir de quelque chose d'important, mais c'est comme si je me souviens pas quoi…'
Un bâillement soudain vint ponctuer cette réflexion philosophique. Ce qui eut pour conséquence de replonger son auteur dans une torpeur ensommeillée.
'Bah, ça me reviendra bien un jour ou l'autre… réfléchir, pendant le repas, c'est pas trop mon truc.'
Et d'appliquer cette maxime, en levant la tête. Puis de regarder les étoiles, heureux d'un bonheur qui allait venir. Une aventure. Une légende. Sa légende, à lui, où les étoiles de l'amitié formeraient une constellation autour de son propre cœur.
'Mon propre cœur… hein ?'
…
Au même moment.
D'une falaise, caché par un arbre.
…
Quelque chose, comme un rire discret, chanta dans l'arbre au rythme du rapace qui s'envola dans les cieux.
« Décidemment… Porteur de Pégasus, tu es vraiment un cas. »
Peut-être était-ce un rire, qui résonna avec une légèreté toute gracieuse : ou peut-être n'était-ce qu'un sourire, tant le son avait été cristallin, si imperceptible que seule la nature pouvait le comprendre.
« Ginga… Hagane. Le Détenteur du Cheval Ailé, n'est-ce pas ? Etoile Maîtresse sur toutes les étoiles, Lame Sœur du Seigneur Lion, protégée par l'étoile du Bélier Gardien, soutenue par le Petit Sagittaire et le Taureau Fidèle... et assemblée par les Doigts de Fée. »
'Tu me surprendras toujours… même dans ce monde, tu restes toi-même.'
Un regard aigu, perçant comme les yeux dorés d'un rapace, fixait la forme décontractée du jeune garçon.
« Si tu es ici… c'est qu'une nouvelle légende se prépare. »
'Mais je me demande si tu as toujours tes souvenirs… pourquoi ne parles-tu pas de Pégasus, et pourquoi… n'es-tu pas avec tes chers amis ?'
Les yeux d'or parurent songeurs. Puis, d'un mouvement aérien, leur possesseur se glissa avec grâce dans une position plus proche de leur cible.
« Le Seigneur Lion est ton Twinblader, j'en mettrais ma main à couper. Tu auras besoin de lui. Non que cela m'étonne, il a toujours été ton rival… et un acharné chronique pour tout ce qui te concerne. »
Elégant comme le plus solitaire des êtres, l'oiseau se posa sur le bras bronzé, avant de se préparer à un nouvel envol, les ailes déployées.
« C'est le moment d'agir. Fonce, fais ce que tu as à faire ! »
'Seras-tu encore le Maître des Constellations de l'Amitié, Ginga Hagane ?'
Un piqué transperça l'air.
…
Soirée étoilée avancée.
Devant un stand à nouilles solitaire.
…
PSSSSSCHAAACCC !
Sous les yeux du garçon éberlué, un aigle magnifique avait foncé sur son unique bagage, avant de reprendre son envol, son butin entre les serres.
« EH, MON SAC ! MAIS Y'A MON ARGENT DEDANS ! ARGGGHHH ! »
Le rouquin tenta – très vainement – d'attraper le rapace, mais ne parvint qu'à se prendre un tabouret et à se vautrer par terre.
« AAÏÏÏEEEUUHHH ! Mais, REVIENS ICI ! »
Inutile de dire que l'oiseau ne l'écouta pas vraiment. Il tournoya dans le ciel, sans se diriger nulle part.
« Maieuh, je t'en supplie, comment je vais payer mon bol de nouilles, moi ? »
Comme pour le narguer, l'aigle se posa sur un pic de falaise, hors de portée du jeune garçon, mais sans pour autant s'enfuir. Inutile de dire que ce dernier n'apprécia pas vraiment.
« Grrr, méchant, méchant, méchant oiseau ! (La réplique étant ce qu'elle était, mais on faisait avec…) Tu vas voir ! Je vais te reprendre ce sac en moins de deux, moi ! Technique secrète… du REPRENEUR DE SAC ! YAAAHH ! »
Soyons sincère : la technique légendaire consistait principalement, il faut le dire, en des tentatives désespérées pour grimper sur le talus escarpé. Tentatives, qui, ajoutons-le, n'eurent pas franchement le succès escompté.
BAMM !
« AÏÏÏEEUUHH ! Grrr, on a pas idée de se percher sur un rocher aussi haut ? Attends, encore un peu… j'y suis presque ! »
En effet – au bout du millième essai – le garçon parvint enfin à approcher le rapace. Mais, alors, que se passa-t-il ? Horreur, malheur, pot de beurre !
« EEEEEEHHHHHHH ! »
L'oiseau s'envola, se perchant sur un talus encore plus haut ! Et il tourna la tête, fixant les yeux noisette du garçon, qui fulmina.
« Oh, tu veux jouer à ça… attends un peu, espèce… d'aigle ! »
Et ainsi de suite, jusqu'au sommet de la montagne…
…
Quelque temps plus tard.
Faîte de la montagne.
…
« Argggh… pfff… aaah… pffff… »
Après moult et moult périples – qui consistaient en une ascension parsemée de chutes et d'insultes, le garçon était arrivé au plus haut point possible.
'Raaaaah… satané rapace. A ce rythme, je vais jamais pouvoir payer le marchand de nouilles et on me prendra pour un voleur ! Et… oh !'
Soudain, les yeux noisette tombèrent sur le paysage vu d'en haut. C'était… magnifique.
« Wouah… »
Oubliant sa contrariété, tant le spectacle était extraordinaire, le jeune vagabond étendit les bras en croix, comme pour embrasser le paysage.
« Hi hi, je peux même voir le stand de nouilles, d'ici… ah, ce qui me fait penser, où est passé ce rapace ? »
Son regard parcourut l'endroit, assez perplexe.
'Eh… où est-ce qu'il a disparu ? Je ne l'ai pourtant pas entendu s'envoler…'
« Hé oh, l'oiseau, t'es où ? Si tu m'entends, réponds-moi, j'ai besoin de mon sac, moi ! »
Mais aucune réponse ne se fit entendre – le contraire eût d'ailleurs été étonnant. Par contre, l'entrée d'une grotte taillée dans le marbre apparut devant lui, alors qu'il cheminait entre les pierres.
« Eh ? Mais qu'est-ce que… »
'Quel drôle d'endroit. C'est bien la première fois que je vois un lieu pareil…'
Avec stupeur, sa main toucha les piliers, exprimant toute l'interrogation du jeune vagabond.
'Mais pourquoi j'ai l'impression… que je dois y entrer ?'
Soudain, les yeux noisette d'or s'ouvrirent très grands, en tombant sur un motif gravé dans la pierre.
'Tiens, le dessin…
…d'une Toupie ?'
…
Crépuscule.
Grotte sacrée ?
…
Devant lui, l'entrée s'enfonçait dans les ténèbres, mais le chemin devant lui avait quelque chose d'attrayant, dans tout le danger qui le baignait pourtant.
Mystérieux comme un secret, puissant comme le mystère…
« Grotte… Sacrée… des… '…' ? »
'Ce mot… est illisible. Mais… où suis-je donc ?'
Il venait de déposer un pied dans la pénombre : cette terre habitée par les ténèbres avait quelque chose d'aussi étrange que les lunes noires. A tout hasard, il se mit à héler un éventuel inconnu.
« Euh… y'a quelqu'un ? »
Pas de réponse. Le rouquin prit alors son courage à deux mains, et courut en avant en criant.
« Euh, je cherche mon sac… vous l'auriez pas vu ? Une espèce d'oiseau me l'a piqué et… »
'Qui que vous soyez, répondez-moi !'
Ce qui devait arriver arriva : l'inconnu imaginaire devint réel, et la réponse attendue se fit entendre. Ou, plus réalistement, quelqu'un sortit de l'ombre et lui parla.
« Il n'est pas nécessaire de crier si fort. Tu as été entendu, jeune homme. »
« BoouaaAAAHHH ! »
Le rouquin en tomba de surprise – et de peur également, il fallait bien l'avouer.
'Par l'âme de tous les hamburgers, quand je disais de me répondre, je pensais qu'il y aurait personne pour, moi !'
« Ginga Hagane. »
Devant lui, un étrange vieil homme, avec un sourire qui faisait penser à un sage chinois. Mais même le grand dragon Lao n'eût pu impressionner le jeune garçon comme le faisait ce calme, si serein vieillard.
'Ce gars…'
Ses yeux minces avaient quelque de subtil, comme s'il lisait au plus profond de son âme. Comme s'il avait capté toute la profondeur de ce grand désir d'aventure, qui l'avait mené ici sans même qu'il ne s'en rendît compte.
« Tu es frêle… bien plus frêle que l'on ne pourrait attendre de quelqu'un comme toi. Et tu n'es pas bien grand non plus… malgré ton âge. Mais je vois à ces yeux que tu as bien un cœur passionné et épris de bien. »
S'il n'avait pas lui-même été un personnage un peu hors du commun, Ginga se fût dit qu'il appartenait à un monde de science-fiction.
« Euh, euh… si vous le dites. Mais… hé ! Mais comment vous connaissez mon nom ? C'est… ! »
Une autre voix résonna – une voix de femme, sembla-t-il. Plus acide.
« Mais voyons, tout le monde le connaît, ton nom ! Quelle question stupide. Allez, dépêche-toi, on a pas toute la soirée ! Entre donc ! »
Sans prêter la moindre attention à l'air expressivement interloqué du jeune garçon – et comme lui seul savait l'avoir – la vieille grand-mère apparut devant lui, une tonne d'accessoires à la main, puis le fixa sans la moindre retenue.
« Humph, mais c'est qu'il est gringalet, ce petit ! Je m'étonne qu'il ait pu rassembler autant de monde avec une silhouette aussi minuscule. Et battre autant de puissants ennemis ? Ça paraît incroyable. »
« Ha ha, ne le sous-estime pas. C'est que ce disait le Lion… avant d'en faire son adversaire éternel. »
Le garçon se frotta les oreilles, il avait dû mal entendre. 'Lelion' ? C'était quoi, ce truc ? Et de quoi parlaient ces deux vieux ?
« Ah, celui-là, j'aurais aussi deux mots à lui dire. Démolir mon mobilier juste après avoir appris que son rival avait entrepris un nouveau voyage initiatique, avant d'honorer leur duel d'adieu. Ariès aurait quand même le prévenir de ce qu'il en était… il était au courant de tout, comme d'habitude ? Alors pourquoi il ne l'a pas fait ? »
« Tu sais bien que c'est son rôle de veiller sur eux, et qu'il a une façon très, euh… personnelle de le faire. Enerver ses alliés, c'est aussi une façon de les tester. »
« Alors dans ce cas, c'est réussi, moi il m'énerve aussi. J'ai toujours apprécié Ariès, mais lui et sa manie des stratagèmes ! A croire que ça l'amuse de trouver le subtil moyen de réaliser des plans auxquels on ne comprend rien… sauf à la fin, bien sûr, et encore. Je l'ai toujours trouvé un peu trop intelligent. »
« Intelligent, ça, il l'est, pour sûr. Mais revenons à notre petit cheval, qui a l'air un petit peu… surpris de nos discussions. »
Dire que le 'petit cheval' était un 'petit peu surpris' par leurs discussions, c'était un euphémisme : en réalité, Ginga Hagane les contemplait avec des yeux grands comme des soucoupes, avec une expression qui oscillait entre l'envie de rire et de s'enfuir très loin. Mais cela n'empêcha nullement la grand-mère de poursuivre sa diatribe.
« Je suppose que tu es venu consulter le Livre des Destinées… fort bien. Je t'attendais, de toute façon. La page a été ouverte. L'Ere nouvelle va pouvoir commencer. Mais d'abord, tu vas devoir passer le Test de l'Elu. »
Prenant en pitié leur invité, le vieil homme entreprit de calmer l'ardeur de sa compagne, en lui tapotant sur l'épaule.
« Attends, va plus doucement en besogne. Tu vois bien que ce jeune homme est un peu perdu. »
Les yeux s'étaient fermés, comme l'acceptation d'un destin.
« Nan, en fait, je suis pas un peu perdu. »
Alors le regard noisette d'or s'ouvrit brusquement, dévoilant une expression qui oscillait entre la folie partagée et la panique totale.
« Je suis complètement perdu ! Au secours, j'ai atterri dans un monde de cinglés ! »
Et de courir dans tous les sens en poussant de grands cris. A côté, le grand-père se contenta de soupirer, jusqu'à ce que sa compagne, excédée par la comédie du jeune garçon, décidât de l'arrêter en l'attrapant par l'oreille.
« Aïe aïe aïeeuuuhhh ! D'accord, d'accord, je cours plus, mais, pour l'amour de toutes les toupies, lâchez-mooooooooooooii ! »
La grand-mère lui darda un regard très suspicieux, mais finit – heureusement – par desserrer sa prise. Alors que son interlocuteur gémissait encore comme un gamin, elle prit soudain le parti de dire.
« Mais, je vois qu'il te manque ton légendaire '…', n'est-ce pas ? Comment comptes-tu remporter tes batailles, sans lui ? Tu n'as aucune chance de passer le Test de l'Elu sans '…' ! »
Le jeune garçon roux haussa les sourcils. Est-ce qu'il avait bien compris ?
« Qui ça ? »
« '…'. »
Cette fois, il se demanda si ce n'était pas lui qui était devenu complètement fou, en fin de compte. Il se déboucha les oreilles, en espérant entendre clairement tous les mots.
« ? Pardon ? Euh, vous pouvez répéter, s'il vous plaît ? »
« Tu ne comprends pas ? C'est '…' »
Cette fois, il devait vraiment se rendre à l'évidence. Il entendait très bien. Tout, sauf ce mot-là. Soudainement dépassé par la réalité, Ginga se laissa tomber sur un rocher.
« … … je comprends rien du tout. »
Les deux vieillards paraissaient surpris, voire indignés. Même le bienveillant grand-père avait l'air grave.
« Tu ne l'entends pas, c'est ça ? »
« Mais de quoi ! »
« '…'. Non, tu ne l'entends pas. Et si tu ne l'entends pas, ne parlons même pas de tes compagnons. Et ton fameux rival alors ? »
Les yeux noisette se plissèrent sous l'effet d'une réflexion intense, qu'aucun souvenir connu ne vint éclairer.
« Mon… euh, j'ai un rival, moi ? »
'C'est bizarre, j'm'en souviens pas…'
A l'air profondément consterné – non catastrophé, en fait – de leurs interlocuteurs, le jeune garçon roux comprit qu'il avait dû dire une boulette. (Ce qui lui arrivait fréquemment, en fait, mais là…)
« … okay. Ginga Hagane… »
« Euh, ouais ? »
« Mais qu'est-ce que tu fous espèce d'abruti, comment ça se fait que tu… »
Le pauvre rouquin n'eut plus qu'à se boucher les oreilles, mais, malheureusement, les hurlements étaient tellement forts que ça ne filtrait pas tout. Lorsqu'il osa les enlever, ce fut pour constater que ses oreilles bourdonnaient encore, mais que la grand-mère avait cessé de crier, pour se cacher la tête dans ses mains, l'air franchement désespéré. A côté de lui, son compagnon tenta de la rassurer.
« Calme-toi, calme-toi. Tu vois bien qu'il ne fait pas exprès… »
« C'est justement ça qui me consterne ! Mais qu'est-ce qui s'est donc passé, depuis la fin de la dernière Ere ? Entre le Lion qui erre dans la nature en n'écoutant personne, les autres qui sont complètement déboussolés, et voilà même que l'Elu ne sait pas qui il est… pourquoi Ariès ne m'a-t-il rien dit ? Et... »
« Oublie Ariès pour l'instant, et laisse-moi faire. »
Devant un Ginga médusé, le vieil homme se massa les tempes, avant de porter sur lui un regard fatigué.
« Bon, je sens que ça va être long… commençons par le début. L'évaluation des dégâts, en quelque sorte. »
'Dégâts ? Eh, chuis pas une toupie en réparation ! Tiens, pourquoi je pense à une toupie, moi ?'
« Rassure-moi : tu connais quand même ton nom, n'est-ce pas ? »
Au regard que le couple lui lança, ce dernier comprit qu'il était préférable de répondre par l'affirmative.
« Euh, je m'appelle Ginga. Ginga Hagane. »
« Un bon point. Maintenant, deuxième question : connais-tu ta Constellation ? »
'Ma… quoi ?'
Le frêle rouquin cligna des yeux, toujours ahuri.
« Ma… constellation ? »
Et comme attendu, cette réplique causa des remous chez l'un de ses interlocuteurs.
« MAIS C'EST PAS POSSIBLE IL NE CONNAÎT MÊM-… »
Qui se fit fermement couper par son autre interlocuteur.
« Ginga Hagane, chacun d'entre nous est l'émanation d'une énergie de l'univers. Chacune d'entre elle possède ses caractéristiques et donc sa propre représentation. Par conséquent, nous possédons tous une Constellation dont nous sommes issus. »
« Ah euh… et je suis ? »
L'homme fit un signe de dénégation de la tête, en gardant un sourire bienveillant.
« Eh bien, ça, Ginga, tu vas le découvrir toi-même. Je pourrais te le dire, mais il y a certaines choses qui doivent être vécues pour être comprises. »
'En gros, c'est à moi de me démerder.'
De plus en plus perdu – où était la réalité, et où était la légende ? – le jeune garçon contemplait tour à tour le sourire du calme prophète, et l'air exaspéré de sa compagne. Et ces deux derniers, de reprendre en cœur.
« Ginga Hagane, Maître du Cheval Ailé… sais-tu ce qu'est… le Beyblade ? »
Le… 'Beyblade' ?
Les yeux noisette et or du garçon clignèrent, à plusieurs reprises. Mais, en dépit de leur charmante couleur pleine d'énergie, il n'y avait pas à l'intérieur cette pétillante lueur, qui parlait de légende et racontait les épopées.
Avec, pour héros, son propre cœur, et pour narratrice, sa brillante volonté.
« … »
« … »
La femme semblait avoir atteint un point de désespoir intense.
« Je vais faire une dépression. »
A côté d'elle, même le vieillard paraissait un peu triste.
« Ah, pauvre Seigneur Lion, pauvre jeune et féroce Lion. Il va se sentir blessé… que tu l'ais oublié. Le Beyblade est tout ce qui peut réunir deux cœurs… de Bladers ardents, et puissants… comme le lien qu'ils partagent et partageront toujours. »
Et il ressentit, au fond de son cœur, ce sentiment qu'il ne pouvait pourtant comprendre : alors que le couple le contemplait, à la fois méditatif et nostalgique.
« Je… »
« Ginga Hagane. »
Le regard des deux prophètes fut si sérieux, que pour la première fois durant cet étrange entretien, le jeune garçon en oublia d'avoir peur d'eux.
« Mais, euh, pourquoi tu me parles de Blader, grand-père ? J'ai quoi à voir avec eux ? »
Alors, comme la promesse d'une légende décrite par les cieux et leurs étoiles, les paroles du vieil homme résonnèrent dans l'espace, passant par la porte de son cœur.
« Tu es le plus grand Blader que le monde ait vu naître. »
…
Quelque temps après.
Grotte Sacrée.
…
« Il a perdu ses souvenirs. Mais, bon sang, pour quelle raison ? A quoi il joue ? »
Soupir.
« Et moi, je crains que les chères étoiles liées à sa Constellation soient affectées par le cours des choses. Ses amis vont être tristes, voire extrêmement contrariés. Et j'imagine que le Seigneur Lion n'appréciera pas, mais alors, pas du tout. Tu sais comment il est sauvage et puissant… »
« Et le Bélier Gardien ? »
« Oh, lui, impossible de savoir ce qu'il pense. Il a toujours un plan en tête. »
Hochement de tête.
« Je compte sur l'Aigle Solitaire. Il a beau agir seul, on peut compter sur lui pour accomplir sa mission. »
…
Crépuscule naissant.
Versant ouest de la Montagne.
…
« … »
De nouveau solitaire, sur le chemin descendant, le jeune garçon roux marchait, pas par pas, plongé dans des pensées qu'un moment un peu trop intense avait éveillées.
« Vraiment… vraiment trop étrange. »
Ses yeux, si vifs d'ordinaire, semblaient perdus dans un début de rêve, et une fin de songe. Songe, d'ô combien les expériences de cette vie – de la vie qu'il vivait – étaient si mystérieuses, si extraordinaires.
'Je me demande qui étaient ces vieillards… et ce qu'ils me voulaient.'
Si méditatif était-il, dans le calme rêve de la nuit, qu'il en avait complètement oublié son sac et toute cette mésaventure.
« … »
En revanche, son sac, lui, ne l'avait pas oublié. A moins que ce ne fût le destin, qui après lui avoir infligé une sacrée mésaventure, avait décidé de lui faire un petit clin d'œil.
« Eh, mais c'est… ! »
'Mon sac !'
Posées sur un rocher, au bord de la route, ses possessions semblaient sagement l'attendre. A la fois éberlué et anxieux quant à leur bon état, le garçon s'empressa d'accourir vers elles.
'Qu'est-ce qu'il fait là ?'
Mais alors qu'il toucha le sac, un cri d'aigle – puissant comme un augure – résonna dans le ciel.
« Encore… lui ? Je me demande ce qu'il fait… »
Le jeune garçon s'était inquiété pour rien : toutes ses affaires étaient là, sagement disposées, sans la moindre détérioration. Même son argent se trouvait dans son porte-monnaie, sans la moindre diminution qui eût montré la présence d'un voleur. Le destin avait vraiment été farceur…
« Bon, au moins je vais pouvoir payer le grand-père du resto… »
Oui, le destin avait été farceur. Lui rendre intactes ses affaires, après les avoir fait disparaître sous ses yeux sans aucun possibilité de les récupérer. A moins qu'il ait voulu lui dire quelque chose… lui parler de quelque chose…
'Tu es le plus grand Blader que le monde ait vu naître.'
Toujours remué par toute cette histoire qu'il jugeait rocambolesque, le garçon secoua la tête, pris d'une intense migraine. Décidemment, les gens étaient trop bizarres par ici ! Une légende ? Pourquoi pas, il avait rien contre… mais…
« Mais, enfin, c'est quoi, un 'Blader' ? Et… »
'…pourquoi moi ?'
Le cri d'un aigle résonna, lointain dans le firmament, cette fois. Comme si, comme s'il voulait lui dire, que…
…que c'était l'heure.
« Décidément, je ne comprends vraiment r-… ahh ! »
Il n'était pas seul ! Il n'était plus seul ! Devant lui, là, sur la route, il y avait quelqu'un !
'Espérons que ce soit pas un gars mal intentionné !'
De surprise, Ginga en manqua de trébucher, mais se rattrapa à temps, pour contempler la silhouette qui se présentait à lui.
N'oublie pas de le regarder, celui qui t'accompagnera dans ta quête.
Je suis ton seul et unique rival
Et tu es mon seul objectif
Quoiqu'il arrive,
Ne n'oublie jamais.
« … »
Une dégaine. Une dégaine de sauvage. C'était la première chose qui lui venait à l'esprit, en le voyant. Ça lui était surprenant, mais étrangement, quelque part, un peu familier.
'Dis-moi… est-ce que… je t'ai déjà vu ?'
On aurait dit un lion. Un animal sauvage, puissant comme le roi de la nature, à l'exception qu'il était humain. Un garçon, même, et de son âge…
« Euh… »
Il… il connaissait ce garçon.
Ses yeux ardents, d'un bleu argenté étincelant, avait une expression de sauvagerie indomptée, à la limite de la folie.
'Pourquoi… pourquoi j'ai l'impression… qu'on s'est déjà rencontré ?'
La lueur qui luisait dans ces prunelles était indescriptible. S'il avait eu le loisir de les examiner de plus près, sans crainte de s'exposer à un danger fort probable, Ginga Hagane eût juré qu'elles reflétaient un mélange de colère furieuse et d'attirance puissante.
« … »
'Pourquoi mon cœur me hurle… de le combattre ? De le défier ?'
Comme mû par une étrange intuition, le rouquin fit un pas vers lui, avançant la main. Et au plus profond de ces prunelles argentées qui semblaient n'avoir ni dieu ni maître, Ginga Hagane vit pourtant le reflet de sa propre silhouette se découper comme le plus grand des défis.
'Je veux… je veux lui montrer à quel point on se sent moins seul, quand on joue… au…
…Beyblade.'
Mais, avec un grognement puissant, le garçon à la tignasse verte rugit, comme pour marquer son territoire. Un peu effrayé par cette attitude, l'autre recula, sous l'intensité des prunelles argentées qui dardaient leur belliqueuse intention sans la moindre retenue.
« T'as un problème ? »
Un peu pris de court par l'agressivité de son vis-à-vis, le rouquin répondit simplement.
« Nan, rien. »
« Alors laisse-moi passer. »
Et de passer devant lui, sans lui jeter d'autre regard, mais en le bousculant copieusement. Estomaqué par une attitude aussi incompréhensible, Ginga en oublia quasiment de protester alors qu'il tomba sans mal sur l'herbe verte.
« Euh… euh… désolé ? »
Avant même que le rouquin eût le temps de dire ouf, son agressif interlocuteur avait disparu, comme happé par la nature. Et il eût beau regarder de tous les côtés, plus la moindre trace de l'animal sauvage qu'il avait dû déranger. Etrangement, quelque part, ça le contrariait.
'Hum… j'aurais bien aimé lui parler…'
Et de se relever, avec une lenteur qui lui était inhabituelle.
« … tu… »
'Ce garçon… je le… connais ?'
Puis, soudain, comme animé par des sentiments complètement antagonistes, Ginga se mit à secouer la tête en tous les sens, comme un cheval fou et un peu perdu – ce qu'il avait vraiment l'impression d'être en cet instant !
« Raaaaaahhh ! Je comprends rien du tout, et ça m'énerve ! Comment je peux avoir envie de parler à un gars que je ne connais pas ? Et comment je peux avoir l'impression de connaître un type que je n'ai jamais vu ? Ça n'a aucun sens ! »
'Bah, après tout, j'ai peut-être passé trop de temps tout seul dans la montagne ! Il serait temps que je fréquente des gens, ça me ferait du bien !'
Et de brusquement dévaler le chemin, en proie à des interrogations inextinguibles, qui eurent le don d'accélérer sa migraine comme sa vitesse.
« Sayonara aux mystères, et bonjour aux hamburgers ! Wouh-ouhh ! »
Bientôt, il ne fut plus qu'une lointaine silhouette, qu'un nuage de poussière brouilla en illusion, masquant sa piste. Mais, tout aussi dense fût-il, ce dernier ne peut le soustraire à un regard aigu, qui surveillait à son insu – et depuis le début – le moindre de ses mouvements.
« … »
Où que tu ailles, je te suivrai
Je suis ton seul et unique rival
Et tu es mon seul objectif.
Dans l'ombre, des yeux gris de fauve le fixaient, brillant d'une lueur indéchiffrable où se mêlaient tour à tour, colère, rage, envie, passion et… espoir.
'Je ne te laisserai plus jamais t'enfuir...
…Ginga Hagane.'
…
Temple des étoiles.
Même moment.
…
« La Constellation… que, que… ! »
« Le dessin des Twin Blades… il… il s'est allumé ! »
« Mais alors… ça signifie… qu'ils viennent de se rencontrer ? »
Le couple de vieillards sourit, à l'unisson.
« Bon travail, Aigle Solitaire. »
