Courant d'air
Le souffle court et les joues brûlantes, Tegoshi senti une goûte de sueur lui couler le long de la nuque pour s'échouer sur le col de son t-shirt blanc. Il venait d'attraper le bus de justesse et n'osa même pas se demander comment il avait fait pour courir aussi vite tout en trainant une énorme valise derrière lui.
Sa gorge le brûlait mais il n'avait pas penser à prendre une bouteille d'eau avec lui et il déglutit difficilement, n'arrivant pas à calmer sa respiration affolée. A vrai dire, il n'arrivait pas à se calmer tout court. Une peur panique lui nouait l'estomac.
Et si le bus arrivait trop tard ? Et s'il n'arrivait pas à le voir ? Et s'il partait sans lui ?
Essayant de se vider l'esprit, Yuya inspira profondément et approcha sa valise plus près de lui. C'était l'heure de pointe et le bus était bondé, rendant la chaleur de la capitale japonaise encore plus insupportable.
Le jeune homme essaya de respirer profondément et calmement une nouvelle fois cependant le véhicule prit un virage un peu trop brusque, le faisant presque tomber, avant de se stopper net.
Des embouteillages.
S'il n'avait pas été pris en sandwich entre deux salaryman, Tegoshi en aurait pleurer. Était-ce donc une fatalité qu'il n'arrive pas à l'heure et fasse la plus grosse erreur de sa vie ?
Une seconde goûte de sueur lui glissa le long de l'échine cette fois-ci et il se mordit la lèvre pour ne pas hurler. En plus d'être en retard, il allait être tremper de sueur et certainement puer. Quelle journée de rêve...
Une éternité plus tard, le bus se remit en route et Tegoshi recommença enfin à respirer plus ou moins normalement.
Lorsqu'il posa enfin le pied à terre, une brise d'été chaude lui ébouriffa les cheveux et il laissa échapper un soupire. Devant la gare, l'air était bien plus respirable qu'à l'intérieur du bus.
Ne perdant pas une seconde de plus, il empoigna sa valise et se mit à courir vers le bâtiment. Il devait aller quai L et d'après ses souvenirs, celui-ci se trouvait presque à l'opposé de l'entrée qu'il avait pris. Comme par hasard.
En passant rapidement devant un tableau d'affichage, il regarda l'heure et accéléra. Il lui restait moins de cinq minutes. Au point où il en était, sa gorge était en feu, son épaule lui faisait mal à force de faire rouler la valise après lui et il n'arrivait même plus à inspirer correctement.
Au moins, s'il ratait pour de bon la chance de sa vie, il mourrait asphyxié en même temps, cela rendrait peut-être les choses moins douloureuses...
Cependant, contre toute attente, Tegoshi réussi à voir le quai L et il réussi même à voir un bout de bras de ce après quoi il courrait avant d'enfin, voir cette personne en entier.
- Kei-chan, cria-t-il aussi fort que sa gorge asséchée le lui permettait.
Courant toujours, il vit l'autre se retourner lentement, encore plus magnifique à ce moment là dans son marcel blanc qui lui collait légèrement à la peau que dans tous les souvenirs que Yuya pouvait avoir de lui.
Arrivant enfin à sa hauteur, il s'arrêta et, plus essoufflé que jamais, lui sourit.
- Je viens avec toi.
Il n'avait fait que souffler ses mots pourtant, cela suffit à éclairer de visage de Keiichiro qui lui sourit de toutes ses dents avant de glisser sa main dans la sienne.
- J'ai bien cru que tu ne viendrais pas.
Le plus jeune devait certainement avoir la main moite et ne ressembler à rien mais il s'en fichait, il était arrivé à temps.