Passion interdite
Il faisait froid, trop froid pour un mois d'octobre. Lily enfila donc un cache-cœur avant de sortir.
Mais dans son cœur, il faisait toujours aussi froid.
Car il n'était plus là. Il était partit, il l'avait abandonnée, contrairement à la promesse qu'il avait fait neuf ans plus tôt:
-Dis 'Go, on restera toujours ensemble?
-Toujours. Jamais on ne s'abandonnera.
Et dans son cœur de petite fille de huit ans, ça lui avait suffit.
Plus maintenant. Elle voulait plus, toujours plus; être près de lui, le toucher, le rassurer, l'embrasser... l'aimer.
Car elle en était certaine, maintenant: elle était tombée amoureuse. Amoureuse d'une personne qui partageait le un-quart de ses gènes et de son sang.
Passion interdite, mais ô combien agréable!
Lui par contre, il ne l'aimait pas. Pas comme elle voulait, en tout cas. Il l'adorait, mais comme une sœur, comme une meilleure amie... Comme une cousine, puisque c'était ce qu'elle était.
Cousine; ce mot la répugnait.
Et il n'était plus là, maintenant, même pas en t'en qu'amis, même pas en t'en que cousin. Lily ne savait pas ce qu'elle avait fait de mal pour qu'il s'éloigne comme ça.
Pour qu'il lui brise le cœur.
Il faisait froid. Trop froid pour un moi d'octobre, mais pas assez froid pour glacer le cœur d'Hugo plus qu'il ne l'était déjà.
Il était dehors, attendant on-ne-sait-quoi, appuyé sur les marche du perron.
Il s'en voulait d'être partit comme ça, à la va vite, mais c'était pour leur bien à tout les deux, non?
Car ils n'avaient pas le droit de s'aimer, Hugo en était certain.
C'était si... malsain. Son père était le frère de la mère de Lily. C'était définitivement malsain.
-Hugo? Tu boude?
Il rit intérieurement. Ils avaient dix-sept ans, mais employaient toujours ce genre d'expressions débiles.
Du moins entre eux.
-Tu boude?
-Non.
-Moi, je ne veux pas que tu ne me parle plus. Ca fait mal.
Elle n'avait pas dit « ça me fait mal » mais « ça fait mal ».
Ce qui ne rassura pas Hugo le moins du monde.
-Je ne veux pas que tu aie mal, dit il doucement.
-Tu fais tout pour!
-Non!, hurla-t-il.
-Si!
Elle avait hurlé elle aussi, les larmes aux yeux, la lèvre inferieure
tremblante.
-N-n-n-on, murmura Hugo en voyant de grosses larmes rouler sur ses joues.
Il la prit dans ses bras.
-Chut... ça va aller, puce, calme toi...
Puce. Cela faisait une éternité qu'il ne l'avait pas appelée comme ça et c'était t'en mieux. Elle appréciait mieux l'instant, colée à lui, suffoquant perdue dans ses larmes.
Elle le regardait de ses yeux brillants et elle fit fondre son cœur tout en brisant les bonnes résolutions qu'il avait prises.
Il sourit et baissa la tête, de façon à être à sa hauteur.
-Je t'aime, chuchota-t-il.
-Moi aussi.
-Pas comme ça.
Ca y est, il lui avait brisé le cœur, il avait compris et il l'avait repoussée. C'était à prévoir, mais Lily sentit qu'elle ne s'en remettrait jamais.
-Pas comme ça???, hurla-t-elle.
-Je sais que c'est mal mais je ne peux pas m'en empêcher, je...
-Pas t'en empêcher???
-Eh bien, non!, hurla-t-il à son tour.
Elle le poussa et se leva d'un bond.
Il n'y avait rien d'autre à faire, pensa-t-elle, je l'aime, et lui pas. Pas comme ça.
-Lily, attend! Laisse moi une chance!
-Hein?
-Une chance... Un baiser?
-Un bai-baiser?, bégailla-t-elle.
-Tu ne m'aime pas comme ça, d'accord, mais laisse moi juste t'embrasser. Rien qu'une fois...?
-Je... Je... vas-y.
Il posa ses lèvres sur les siennes pour un chaste baiser qui devint vite fougueux, Lily incitant Hugo à poursuivre.
-Qu'est ce que... Toi... Moi... Pourquoi... Gné?
-Pourquoi je t'ai embrassé?, l'aida Lily.
-Heu... oui.
Elle ne répondis pas, collant juste pour une deuxième fois ses lèvres contre celle d'Hugo.
-Il faut croire que...?, commença le jeune homme.
-Il faut croire que je t'aime!
Ils s'enfuirent main dans la main vers le château.
Fin!
