Disclaimers : l'auteur original de RK est Nobuhiro Watsuki (quelqu'un dans cette section l'ignore-t-il, d'ailleurs?)

Pour ceux qui se poseraient la question (on ne sait jamais) et pour clore les débats, je fais partie des gens qui séparent l'œuvre de leur auteur. On peut faire passer un superbe message et être soi même un marginal. Beaucoup de génies créatifs étaient fous, et si on passe notre environnement à la moulinette de la morale occidentale moderne on peut clairement supprimer une grande partie de nos œuvres et de nos livres d'histoire (ceci étant précisé que je ne cautionne absolument pas, et si vous avez des doutes je vous engage à lire mon histoire jusqu'au dernier chapitre, vous aurez probablement la réponse à vos questions...).

Je vous recommande d'ailleurs absolument les 3 films live action de Kenshin sortis récemment (Kenshin le Vagabond, Kyoto Inferno, La fin de la légende), où l'acteur principal Takeru Sato fait des merveilles, et dont les décors comme les musiques et les chorégraphies des scènes de sabre sont impeccables...

Je vois bien que cette section de fanfiction sur RK est en passe de tomber dans l'oubli, alors voici une histoire potentiellement longue et qui verra apparaître la majorité des différents protagonistes de Rurouni Kenshin... (une petite note quand même, certains thèmes abordés sont plutôt adultes donc je vous recommande de passer votre chemin si vous avez en dessous de 16 ans, à condition que je ne me trompe pas avec les recommandations de classement de ce site bien sûr)

Assez de blabla, "on with the fic" !;+)


Chapitre 1 : L'instinct d'un père


An 11 de l'ère Meiji, 3ème trimestre du calendrier grégorien. Quelque part dans les environs de Kyoto...

Hiko Seijuro sentit une terrible peine le frapper.

Il avait eu un mauvais pressentiment ce soir là. Le genre de pressentiment qui vous noue les tripes et paralyse votre colonne vertébrale. La continuité d'un étrange malaise qui durait déjà depuis plusieurs mois. Mais puisqu'il n'était certainement pas homme à se laisser impressionner ou déprimer, il était parti s'entraîner comme chaque fois, à cette même cascade où il entraînait son unique disciple autrefois. La lune presque pleine était à son zénith et l'air doux du début de printemps soufflait paisiblement.

Qu'est-ce qu'il pourrait bien se passer pendant une si belle nuit?

Plus que tout il appréciait ces séances de kata nocturnes... Elles revigoraient son corps, soulageaient son esprit, libéraient son ki. Replongeant avec nostalgie dans cette époque, il levait les yeux vers le ciel traversé d'étoiles...

C'était un autre temps, beaucoup plus tumultueux, où la souffrance et le désespoir humain faisaient pain quotidien. Parmi tous, son disciple avait eu une des enfances les plus difficiles. Du peu qu'il en avait su, un père dur, autoritaire, qui usait parfois de ses poings et poussait son enfant jusqu'à l'épuisement dans les champs dans l'espoir de le préparer aux dures épreuves de la vie paysanne. Trop petit, trop malingre pour survivre qu'il disait. Entre pillages et épidémies, ces années là les travailleurs de la terre avaient peine à nourrir leur famille. Sa mère semblait aimante mais absente en raison de sa faible constitution et il avait fait mention de frères et sœurs, sans s'étendre à leur sujet. Probablement une des choses que sa mémoire avait choisi d'effacer pour se protéger. Puis l'épidémie de choléra avait frappé, ravageant le petit village de montagne. Une maladie comme autant d'immondices, impitoyable, qui voit ses victimes se vider littéralement de l'intérieur avant de mourir de déshydratation, le plus souvent allongés dans leur propres selles. Le jeune Shinta, miraculeusement échappé de cet accès bactérien, s'était alors retrouvé seul pour creuser la tombe de ses proches. A six ans. Les adultes du village trop occupés à faire survivre ceux qui demeuraient et enrayer la maladie n'avaient logiquement pas de considération pour les rites funéraires, et ils vendirent l'orphelin à des marchands d'esclave de passage. Cela valait probablement mieux pour lui les habitants restants ne pouvant décemment pas s'occuper d'un enfant trop jeune pour travailler et avec lequel plus personne n'avait d'attache. L'épidémie éteindrait de tout façon l'ensemble du village dans les mois qui suivirent... Mais à l'approche des heures sombres du Bakumatsu, les marchands d'esclaves eux non plus n'étaient pas des enfants de cœur. Ils ne s'encombraient pas de bouches à nourrir à moins que celles-ci ne leurs rapportent assurément de l'argent... alors, un jeune garçon au visage efféminé, aux yeux et aux cheveux parés de couleurs exotiques, trop maigre pour se défendre de leurs corps d'adultes...

Le jeune apprenti n'avait jamais parlé de cette période avec Hiko, mais il avait compris ce qu'il s'était passé en écoutant ses cauchemars, soirs après soirs. Il avait été attaché, abusé, violé comme une marchandise, au même titre que les femmes qui étaient transportées avec lui. Ces choses là étaient malheureusement monnaie courante à la fin de l'ère Edo. Seijuro avait ressenti une profonde colère en réalisant les dommages causés à son jeune disciple, mais fatalement rien ne pouvait être fait contre des personnes déjà mortes. Tout cela faisait partie de l'âpre réalité de cette époque. Malgré tout, Shinta avait enterré ces gens. Malgré tout, il avait choisi de se battre pour devenir plus fort, poussé en avant par une inexplicable envie de vivre et d'aider les autres. Jamais il n'avait vu un enfant posséder autant de détermination. Poussé à terre il se relevait, jeté dans l'eau il apprenait à nager, roué de coups il levait encore son bokken pour se défendre. Une telle rage, une telle pureté, un tel talent... Une lame parfaite pour être forgée par l'école Hiten Mitsurugi!

Pourtant il aurait dû se douter que cet enfant farouche ne resterait pas sien longtemps. Hiko avait eu secrètement le cœur brisé lorsqu'il l'avait vu se jeter à corps perdu dans le tourbillon de la révolution, faisant de lui l'un des plus grands assassins de son siècle. A chacune des nombreuses vies prises, chaque passant qui tremblait en mentionnant le nom de Battosai, Seijuro regrettait de l'avoir pris sous son aile et transmit son précieux héritage. Et lorsqu'il avait appris la mort de sa femme Tomoe par sa propre main, sa peine avait atteint son apogée.

Himura Kenshin... Il n'aura jamais fini de creuser des tombes...

Hiko balaya la scène du regard. La voix lactée dans le ciel et cette Lune ocre, le son de la cascade en amont.

... et de se relever.

Il se remémorait le jour où il était revenu, dix ans plus tard, avec un regard fatalement abîmé mais au fond duquel brillait encore cette même obstination : aider son prochain. Hiko avait alors à nouveau senti la fierté d'être son maître, même s'il n'avait jamais pu l'admettre en sa présence. L'élève renégat était revenu à la maison. Quelle insolite surprise cela avait été... Il n'avait jusqu'alors jamais eu l'espoir de recréer des liens avec son ancien disciple. Toutefois, bien qu'il ne pouvait se l'avouer, leurs destins s'étaient inexorablement liés à partir du jour où il avait choisi de donner un nom à ce petit être aux étranges cheveux couleur sang et aux yeux céruléens...

Sortant de ses réminiscences l'ancien maître reprit méthodiquement ses katas. Comme une vieille chanson, ses gestes parfaitement coordonnés et maîtrisés tranchaient l'air avec une aisance indécente. Il se fondait dans la roche et l'eau du paysage. Son corps puissant et ses muscles affûtés faisaient de lui une véritable force de la nature. Il laissait la chorégraphie martiale l'animer tout entier, subliment la parfaite scène nocturne.

...Et c'est au milieu de cette danse qu'une immense peine vint le frapper.

Le grand homme s'écroula au sol, soulevant sur son passage des masses de terre séchée, le corps pressé par une puissance occulte. Une mal d'une violence rare le transperça de part en part. L'air lui avait été ôté brutalement des poumons, comme si... comme s'il avait été poignardé en plein cœur.

Mais... Que se passe-t-il?

Il répandit son ki de toute ses forces dans l'espoir de contrer le coup invisible. La douleur le clouait sur la roche. Il ne pouvait plus respirer. Lui, le treizième maître du Hiten Mitsurugi, l'invaincu, était terrassé par une force dont il ignorait tout. C'est alors qu'il luttait pour se relever qu'il eut cet instinct. Cet instinct terrible que seul un père a pour son enfant.

"KENSHIN !"


Quelque part dans le voile de l'obscurité, une âme oubliée était en tourment.

A l'insu du regard des vivants et de la conscience, elle contemplait chaque nuit la mort comme une libération.


Prochain chapitre : Hanami


Prenez le temps de m'écrire une petite review s'il-vous plait, pour me dire si ça vaut la peine que je continue cette histoire et pour regonfler ma barre de courage ! ;)

(j'accepte toutes les critiques, positives comme négatives -à condition que ces dernières soient constructives bien évidemment...)