Pleine lune.

"AAAAAAAAAAAARRRRRRRRRRRRGGGGGGGGGGGGHHHHHHHHHHHHHHHH !"

Ce cri déchire la nuit. Un cri guttural. Un cri de terreur. Un cri de douleur. Un cri d'agonisant si long qu'il paraît interminable. Un cri à glacer le sang. Puis c'est le silence... Non pas ce silence réconfortant dans lequel on cherche à se réfugier... mais ce silence pesant, effrayant, terrifiant... Un silence de mort. Pas un bruit ne filtre dans cette forêt, comme si toute vie avait cessé brutalement.

Le cœur battant à tout rompre, la respiration haletante, l'ombre se faufile entre les arbres, pleine de détermination. Soudain, elle s'arrête... attentive au moindre bruit... à l'affût du moindre son qui pourrait lui permettre de remonter à la source de ce cri.

Comme si ses prières avaient été entendues, le vent soudain se lève, jouant avec les branches et laissant échapper un murmure... Ce n'est pas humain... C'est comme un petit clapotis... comme ce clapotis incessant et agaçant de la goutte d'eau qui vient s'écraser sur la porcelaine de l'évier... Interminable... Régulier... Envoûtant...

L'ombre se laisse bercer... Elle se laisse guider par ce son si réconfortant, ce seul son... Mais plus le temps passe, et plus le réconfort fait place à la terreur. Ce son qui paraissait si mélodieux n'est plus. Ce n'est plus qu'un bruit sec et froid. Sec. Froid. Sans vie. L'ombre ne se l'explique pas, mais elle a comme un nœud à l'estomac, un mauvais pressentiment. C'est là qu'elle découvre la scène. Horrible. Bestiale. Sanglante.

L'homme est étendu, gisant sur une sorte de protubérance rocheuse, les bras le long du corps. Il a les yeux grands ouverts, fixés sur le vide de l'infini, les traits figés dans une indéfinissable terreur. Un mince filet de sang s'écoule lentement de sa bouche et vient s'écraser sur le sol. Sa poitrine n'est plus qu'un trou béant, difforme, grotesque, qui brille par l'absence de son étincelle de vie... l'absence d'un muscle... l'absence d'un cœur...

"NNNNNOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNNNNNN !"

Cet homme n'est plus. Juste une enveloppe vide... froide...

Dans un geste désespéré, l'ombre le prend dans ses bras... Pour le réchauffer... Pour lui redonner vie... Qu'importe tout ce sang... Qu'importe l'absence de cœur... Il ne peut pas être mort... Il doit vivre, tout simplement.

"SSSSAAAAAAAAAAAAAAAMMMMMMMMMMMMMMMMMMMYYYYYYYYYYY !"