Disclaimer : les personnages sont de JK Rowling, l'histoire de hayseed. Titre original : Ordinary People. La version originale est disponible entre autres sur obscurus books, (www . obscurusbooks . org )
Traduction : benebu, juin 2005 - février 2008
Note : cette histoire a maintenant quelques années, mais
c'est ce qui lui a donné le temps de devenir un classique…
1. Les choses telles qu'elles sont.
Hermione Granger n'était pas belle, et elle le savait. Personne ne le lui avait jamais dit en face, bien sûr, mais au fur et à mesure des années, elle l'avait compris par elle-même.
Oh, elle ne voyait rien de spécialement laid chez elle, rien qui clochait. Surtout maintenant qu'elle avait réglé le problème de ses dents trop longues.
Elle fronça les sourcils en regardant son reflet dans le miroir, et ajusta machinalement son col. Après tout… Elle avait un quart d'heure d'avance, elle pouvait bien s'accorder un moment d'autocritique sans conséquence. Hermione regarda son reflet avec plus d'attention. Elle eut un mouvement de recul en voyant les poches qu'elle avait sous les yeux. Ça n'aidait pas. Quand à leur cause… Depuis qu'elle était arrivée à Poudlard cette année, elle dormait mal.
Bien sûr, personne ne semblait particulièrement de bonne humeur. Il y avait dans l'air quelque chose qui ressemblait à… à de l'anticipation.
On n'en parlait pas. C'était la septième année de Harry Potter. L'année où Voldemort allait porter son attaque finale sur Poudlard. L'année de la bataille finale, en fait. Personne n'en parlait, mais Hermione était consciente qu'il y avait une certaine retenue chez les élèves. Même Drago Malefoy se tenait tranquille pour une fois.
Tous les professeurs étaient à cran. Dumbledore était presque sec avec les élèves, et Snape crachait littéralement son venin. Il était rare de voir un professeur seul arpenter les couloirs, ils se déplaçaient en groupe. Et tous les élèves savaient qu'être surpris dans les couloirs après le couvre-feu signifiait perdre au moins une centaine de points pour leur Maison. Après neuf heures du soir, on pouvait entendre les mouches voler à l'autre bout du château.
Mais ils ne prenaient pas tout au sérieux. Après tout, ils étaient toujours des enfants, malgré le poids qui avait été placé sur leurs épaules. Lavande Brown se lamentait sur sa relation en dents de scie avec Justin Finch-Fletchley à quiconque lui offrait une oreille attentive, Ron Weasley faisait régulièrement apparition dans la salle commune les bras chargés de bièraubeurre et de bonbons en provenance directe de Honeydukes, et même Harry avait ri en cours de Potions le jour où le chaudron de Blaise Zabini avait explosé au visage du Professeur Snape, le recouvrant de marguerites en fleurs.
Au milieu de tout ça se tenait Hermione.
Ses amis avaient été surpris qu'elle ne soit pas nommée Préfet. Plus tard, on ne pensa pas non plus à elle pour devenir Préfète en chef. Mais Hermione en comprenait les raisons. Les notes mises à part, elle avait passé trop de temps à se créer des ennuis pour être crédible en réprimandant ceux qui se livraient à des activités qu'elle-même s'autorisait. Et puis, récemment, ses notes avaient baissé. Pas de façon visible pour quelqu'un d'autre qu'elle-même, mais une baisse était une baisse.
Arrivée à la moitié de sa cinquième année, elle s'était rendue compte qu'elle connaissait pratiquement tout ce que Poudlard devait jamais lui enseigner. Sur le coup, elle en avait été attristée. Après tout, Hermione vivait pour apprendre. En savoir plus et être capable d'utiliser ses connaissances pour aider les gens, c'était ce qu'elle aimait par dessus tout. Elle étudiait parce qu'elle le voulait, et pour aucune autre raison. Et à un moment de cette année-là, elle avait terminé le cursus de Poudlard. Avec deux ans et demi d'avance.
C'est pour ça que, l'esprit affamé d'autres connaissances, elle s'était tournée vers d'autres sujets. Des sujets moldus, pour la plupart : la littérature, magique et moldue, les mathématiques, la physique, la chimie, l'histoire, et même l'art. Mais elle continuait d'étudier avec ardeur dans le domaine de la magie, particulièrement en Métamorphose et en Potions. Elle commença à lire les publications dans ces domaines, apprenant quelles étaient les idées communes et quelles étaient les théories révolutionnaires.
Hermione fut choquée par l'ignorance apparente des sorciers qui publiaient leurs théories. Les sorciers étaient tellement concentrés sur les applications de la magie qu'ils ne s'étaient jamais préoccupés de sa description théorique. Malgré l'amplitude de ses recherches, Hermione ne trouva pas un seul sorcier, pas une seule sorcière, qui ait fait une tentative honnête pour déterminer l'origine de la magie, ou même comprendre son fonctionnement.
Alors elle creusa plus loin, poussée par le besoin égoïste de répondre aux questions qu'elle se posait. Hermione commença à utiliser ses connaissances moldues pour comprendre la magie, essayant de la définir par rapport à la biochimie, à la physique, aux mathématiques. Crânement, elle commença à proposer ses idées sous forme d'articles, à diverses publications qu'elle contacta par le biais de hiboux anonymes. Elle signait de ses initiales, H.G. Dès le départ, Hermione réalisa qu'elle ne serait pas prise au sérieux si elle révélait qu'elle était une élève de sixième année de Poudlard, âgée de seulement seize ans. Elle prit grand soin de ne pas laisser transparaître son identité.
Elle avait été immensément surprise quand son premier article avait été immédiatement accepté dans un journal de sérieuse réputation. Un deuxième, puis un troisième article suivirent rapidement, et Hermione fut bientôt engagée dans des débats par correspondance avec les plus grands esprits de la société magique de son temps. Elle recevait des lettres et des demandes à la pelle, et Harry et Ron la taquinaient sans pitié à propos de ses admirateurs secrets. Bien sûr, elle n'avait fait part à personne de sa double-vie de chercheuse en théorie de la magie, et elle n'avait aucune intention de le faire.
Mais oui, son travail scolaire en avait pâti un peu. Elle n'accordait plus d'attention à ses notes. Comment aurait-elle pu, alors qu'elle travaillait sur des idées ô combien plus intéressantes ? Pourquoi devait-elle s'embêter à retenir les vingt-trois usages de la racine de mandragore, quand elle essayait de déterminer l'origine exacte de la manifestation d'énergie magique dans un individu ?
Si ses professeurs remarquèrent que leur chouchou n'obtenait plus vingt ou plus à chacun de ses examens, ils décidèrent de ne pas en parler. Et puis, ce n'était pas comme si elle avait de mauvaises notes. Elle avait toujours plus de dix-huit, et elle savait qu'elle aurait pu passer ses ASPICs dans son sommeil en sixième année. Ses notes de BUSE, en fait, avaient été les plus élevées de l'école depuis celles de Tom Jedusor.
En conséquence, le statut d'Hermione en tant que Mademoiselle je-sais-tout de Gryffondor avait un peu décliné. Ses camarades lui demandaient toujours de l'aide à l'occasion, mais elle avait tendance à leur donner le titre du livre où ils trouveraient la réponse, plutôt que directement la réponse qu'ils cherchaient.
Même son amitié aussi solide que le roc avec Harry et Ron était un peu plus bancale. Quand Ron était devenu le gardien de l'équipe de Quidditch pendant leur cinquième année, lui et Harry avaient eu en commun une passion de plus qu'elle ne partageait pas. Ils étaient toujours ensemble, et faisaient comme si de rien n'était, mais le cœur n'y était pas. Hermione avait du mal à garder les yeux ouverts quand ils commençaient à discuter de Quidditch, et ni l'un ni l'autre des garçons ne se donnait plus la peine de lui demander à quoi elle passait son temps.
Mais elle ne leur en voulait pas. Harry était préoccupé à juste titre par la bataille qui l'attendait, et Ron…
Eh bien, Ron était Ron. Grand et amical, on l'aimait tout de suite, mais il n'était pas le Gryffondor le plus intuitif du lot. En plus, il était bien trop occupé à courir les filles pour prêter attention à autre chose.
Hermione s'était imaginé un moment qu'elle avait un faible pour Ron, pendant sa quatrième année. Elle avait été flattée qu'il soit si jaloux de Viktor Krum, et elle avait passé tout l'été à se convaincre qu'elle était amoureuse de lui.
Puis la cinquième année était arrivée. Dès qu'Hermione avait posé les yeux sur lui dans le Chemin de Traverse pour leurs retrouvailles annuelles, elle avait su qu'elle s'était menti à elle-même. Ron et Harry étaient plus des frères pour elle qu'autre chose. Ron n'avait pas été jaloux, il avait voulu l'empêcher d'être blessée, comme il aurait protégé Ginny. Elle n'était pas plus amoureuse de Ron qu'elle ne l'était de Pattenrond. Lui et Harry étaient les personnes dont elle était la plus proche, elle se sentait plus à l'aise en leur compagnie qu'en celle de n'importe qui d'autre.
Elle était plus proche d'eux que de ses parents, aussi douloureux que ce soit de l'admettre.
Mais à dire vrai, ils avaient toujours été un peu gênés par leur drôle de fille. Elle avait eu tant de problèmes quand elle était petite à cause de sa magie qui apparaissait, puis elle avait appris à se maîtriser en allant dans une école bizarre pour en apprendre plus sur ces fadaises. Hermione savait qu'ils espéraient toujours qu'elle revienne à la maison pour épouser un gentil garçon d'une famille convenable, et qu'elle commence à leur donner des petits-enfants à gâter.
Toutes ces pensées se bousculèrent rapidement dans l'esprit d'Hermione pendant qu'elle se regardait dans la glace. Elle détailla son visage sans originalité, ses cheveux bouclés qui résistaient à tout contrôle même après un nombre incalculable de coupes et de produits de coiffage, et sa silhouette totalement ordinaire, que son uniforme n'enlaidissait pas, mais ne mettait pas en valeur non plus. Elle voyait quelqu'un que personne ne regarderait à deux fois, quelqu'un que, jusqu'à ce jour, personne n'avait regardé à deux fois.
Enfin, à part Viktor Krum. Brièvement. Jusqu'à ce qu'il rentre en Bulgarie et qu'il remarque les légions de filles qui le poursuivaient pour lui demander des autographes.
Hermione soupira et rassembla ses livres, avançant doucement vers la porte. Ça avait été agréable d'être remarquée.
Elle parvint à la classe de Potions sans incident, et se glissa dans son siège habituel à côté de Neville trois bonnes minutes avant le début du cours.
« Tu n'es pas aussi en avance que d'habitude, à ce que je vois, » lui fit remarquer Neville avec un petit sourire.
Elle lui rendit son sourire. « C'est parce que je rêvais à toi, » dit-elle avec aplomb.
« Fais attention ou je te dénonce à Ginny, » répondit-il.
Hermione rit. Neville Londubat était peut-être la plus grande surprise de l'année. Quelque part entre la quatrième et la septième année, le petit garçon timide et maladroit s'était transformé en un jeune homme grand aux larges épaules, avec des traits agréables et le sourire facile. Bien sûr, il était toujours terrifié par les Potions (ou, plus précisément, par le Professeur Snape), et la plus grande partie de son assurance disparaissait une fois qu'il franchissait cette porte. Mais hors de cette enceinte, c'était l'un des Préfets les plus respectés de l'école.
Bien sûr, se disait Hermione sans rancœur, cette image parfaite était complétée par la parfaite petite amie. Ginny Weasley s'était transformée en une jeune femme gentille, douce, et extrêmement belle, et elle et Neville allait très bien ensemble. Même Ron ne trouvait rien à redire sur le petit ami qu'avait choisi son bébé de petite sœur.
Mais les pensées d'Hermione furent interrompues quand le Professeur Snape fit son entrée dans la salle, un regard mauvais perpétuellement accroché au visage depuis la rentrée de septembre. Même Drago Malefoy n'abusait pas de sa patience ces jours-ci.
Hermione savait par Harry, qui avait été autorisé à assister aux réunions de l'Ordre du Phénix, que le Professeur Snape avait eu du mal à prouver sa loyauté quand il était retourné auprès de Voldemort trois ans auparavant, et que récemment ses intentions avaient de nouveau été mises en doute.
Snape avait autant qu'eux l'air de manquer de sommeil, et Hermione remarqua sans le vouloir qu'il se crispait un peu quand il s'asseyait ou se déplaçait rapidement. Elle supposa que d'être torturé quasiment toutes les nuits et jouer le rôle d'espion contre l'homme le plus malfaisant du pays mettrait n'importe qui de mauvaise humeur.
« Nous allons commencer les révisions d'ASPIC aujourd'hui, » dit doucement Snape, sans préambule. « L'examen de Potions d'ASPIC est un examen pratique qui porte sur vos sept années de cours. Bien sûr, vous continuerez à étudier les potions les plus complexes en dehors des heures de classe – je vous demanderai des dissertations hebdomadaires. Malheureusement, ou peut-être heureusement pour vous, ces potions sont trop longues pour être préparées pendant un cours. Néanmoins, elles font partie du programme, alors ne vous étonnez pas d'être interrogés sur une ou plusieurs d'entre elles pendant vos partiels ou même lors de votre examen final. » A ce moment, il regarda Neville qui déglutit bruyamment. « Aujourd'hui vous préparerez la Potion d'Enflure que vous avez étudiée en deuxième année, sans utiliser vos livres. Chaque information que vous devrez vérifier vous coûtera un point. Maintenant, commencez ! » aboya t'il.
Neville sursauta dans son siège.
« Calme-toi, Neville, » murmura Hermione. « Elle est facile. Il suffit de tout mettre dans le chaudron et de le laisser bouillir une heure. Tu te souviens ? »
« Je… Je crois, » bredouilla Neville.
« Granger ! » interrompit Snape, derrière eux, faisant sursauter Hermione et Neville. « Souvenez-vous que vous ne pourrez pas aider Londubat pendant son examen d'ASPIC, et agissez en conséquence. Je retire dix points à Gryffondor. »
« Oui, Monsieur, » marmonna Hermione en se sentant rougir. Elle rassembla automatiquement les ingrédients dont elle avait besoin et commença à couper, émincer et éplucher.
Un quart d'heure plus tard, elle avait un chaudron qui bouillait joyeusement, plein de ce qui serait une Potion d'Enflure d'ici une heure. Elle ajusta le brûleur pour que le chaudron ne déborde pas, puis elle sortit discrètement un calepin couvert d'équations sur lesquelles elle avait buté pendant la nuit, et commença à les retravailler. Elle essayait aussi de garder un œil sur Neville pour pouvoir intervenir s'il se retrouvait dans une pagaille totale. Jusqu'ici, il se débrouillait convenablement, même s'il avait dû ouvrir son livre une fois pour vérifier certains des ingrédients.
La classe était assez tranquille. Snape allait de table en table, examinant les potions, retirant des points ici et là. Hermione était si absorbée par ce qu'elle faisait qu'elle le remarqua à peine à côté de lui, critiquant la consistance de la potion de Neville (et heureusement, pas la couleur). Elle le remarqua, néanmoins, quand il s'arrêta devant sa table.
« Miss Granger… » siffla t'il.
« Monsieur ? » Hermione leva les yeux de son calepin, non sans mal.
« Qu'est-ce que c'est que ça ? Vous faites vos devoirs d'Arithmancie dans ma classe ? Je retire vingt points à Gryffondor, et rangez-moi ça immédiatement. » Le regard noir de Snape se fit plus intense.
Hermione eut le souffle coupé par l'indignation. Sa potion était correcte, alors qu'est-ce que ça pouvait lui faire si elle choisissait de s'occuper à autre chose en attendant qu'elle chauffe ? « Ce n'est pas de l'Arithmancie, Monsieur, » lui dit-elle résolument.
Il se pencha vers elle, écarquillant les yeux devant son audace. « Je vois des équations, Miss Granger. La seule matière qui utilise des équations est l'Arithmancie. »
« Non, Monsieur. J'essaie de comprendre le Principe de Seconde Quantification, » répondit-elle, appréciant intérieurement les respirations courtes de ses camarades alors qu'elle continuait à répondre à Snape. « Ma potion doit bouillir doucement trente minutes encore, et je voulais vérifier mes calculs, je dois avoir fait une erreur quelque part. »
Elle vit qu'il articulait 'Seconde Quantification ?', perdant un instant son regard mauvais. Mais il le retrouva vite, plus prononcé encore. « Retenue, Miss Granger, » rétorqua t'il d'un ton égal. « Et rangez-moi ce carnet. Je ne le répéterai pas une troisième fois. »
L'espace d'un instant, Hermione envisagea de l'ignorer par simple provocation, mais finalement son bon sens l'emporta et elle remit de mauvaise grâce le calepin dans son sac. Elle garda la tête penchée sur son chaudron pendant le reste de la classe, s'assurant que sa Potion d'Enflure était irréprochable, et pensant à d'horribles choses à faire à Snape, tout en revoyant mentalement les équations sur lesquelles elle travaillait.
Elle alla à son bureau quand il annonça la fin de la classe. « Je crois que nous devons convenir d'une retenue, Professeur ? »
Il lui fit un bref signe de tête. « Présentez-vous ici ce soir à huit heures. Je suis certain qu'il y aura suffisamment de chaudrons à nettoyer pour vous tenir occupée. »
« Bien, Monsieur, » répondit Hermione en grimaçant, n'osant pas en dire plus. Elle tourna les talons pour sortir, glissant son sac sur son épaule.
« Oh, Miss Granger ? » la rappela t'il.
« Monsieur ? » Elle se tourna pour lui faire face.
« Pourquoi est-ce que vous travaillez sur des problèmes de physique moldue de niveau universitaire ? » demanda t'il.
Hermione fut étonnée de voir son expression. Il n'était pas renfrogné (pour une fois), et il avait l'air sincèrement curieux. Elle sourit audacieusement. Après tout, elle avait déjà une retenue, et les points perdus avaient arrêté de l'ennuyer il y avait des années de cela. « Ils sont intéressants. Et je suis curieuse de connaître les origines de la magie d'un point de vue plus mécanique, » répondit-elle franchement, oubliant un moment à qui elle s'adressait.
On pouvait lire sa surprise dans le regard de Snape. « Est-ce que vous avez déjà lu la Revue des Lettres Magiques ? »
« De temps à autre. Pourquoi ? » Hermione avait envie de rire – elle avait publié son second article dans la RLM.
« Il ont publié un article, il y a six mois de ça. Il pourrait vous intéresser. Apparemment, un sorcier quelque part se pose les mêmes questions que vous. Je ne me souviens plus du titre, mais l'auteur se présente sous les initiales H.G. Il a créé un certain émoi dans la communauté académique récemment. »
« Merci, Monsieur, » dit Hermione en sortant rapidement avant de perdre contenance. Son propre travail lui était recommandé par le professeur le plus détesté de Poudlard, dont le ton était passé de moqueur à sincèrement intéressé. Bizarre.
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Severus Snape se considérait comme un homme difficile à surprendre. Il faisait trop attention à ce qui l'entourait pour être réellement pris de court par quoi que ce soit.
Il avait auparavant classée Miss Granger dans son esprit parmi les perfectionnistes ennuyeux. Un de ces pauvres enfants qui voulaient compenser leur manque d'intelligence en étalant le savoir qu'ils avaient mémorisé dans des livres, ce genre de choses. Le but de leur vie était d'être les premiers. Mais en général leur ambition s'arrêtait là. Vingt sur vingt à tous leurs examens, premiers de la classe, tout ce qu'ils pouvaient obtenir sans avoir besoin de réfléchir par eux-même. Des gens qui apprenaient dans les livres. Qui travaillaient dur.
Il ne lui était jamais venu à l'idée que Miss Granger pouvait en fait être brillante. En fait, quand il avait remarqué que ses notes baissaient deux ans plus tôt, il s'était simplement dit qu'elle avait atteint ses limites et qu'elle ne pourrait pas aller plus loin.
Mais aujourd'hui, en la voyant travailler sur un problème de physique moldue qu'il n'avait jamais vu, pour son seul bénéfice, il avait finalement dû envisager la possibilité que Miss Granger soit une véritable intellectuelle. Que peut-être, elle n'avait pas lu l'intégralité de la bibliothèque de Poudlard (comme l'avait annoncé Madame Pince pendant la cinquième année de Miss Granger) parce qu'elle voulait étaler ses connaissances devant ses camarades, mais parce qu'elle voulait réellement comprendre les informations contenues dans ces livres.
Ainsi, ses notes de BUSE indécentes n'étaient pas dues à un besoin de se faire valoir. Elle venaient plutôt du fait que Miss Granger était véritablement la meilleure sans que ça lui demande beaucoup d'efforts. Ce qui expliquerait également pourquoi elle n'avait pas fait d'histoires quand elle n'avait pas été nommée Préfet. Elle savait pourquoi aussi bien que les professeurs, et elle comprenait leur décision. Peut-être même l'approuvait-elle.
Severus fronça le nez. Il n'avait pas l'habitude de devoir modifier radicalement son opinion de quelqu'un.
Peut-être que Miss Granger était une élève à qui ça valait la peine d'enseigner.
En fait, si ses soupçons étaient fondés, il lui restait peut de choses à lui apprendre. Douze années passées à enseigner les bases des potion à des enfants idiots avaient quelque peu engourdi son esprit. Il n'avait pas publié le moindre article depuis cinq ans. Pour le moment, il s'intéressait aux théories de H.G., en essayant d'y trouver une faille. Il y avait quelque chose dans la logique de H.G. qui le gênait, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. C'était comme s'il y avait une étape importante que H.G. n'avait pas franchie, et qui était confusément évidente pour Severus.
Il avait la désagréable impression qu'il ne maîtrisait pas suffisamment les sciences moldues pour formuler ses pensées convenablement. Et il n'allait certainement pas exposer son ignorance à l'un des plus grands esprits de son temps. Non. D'abord, il ferait des recherches, ensuite, il écrirait sa réfutation.
L'esprit de Severus revint paresseusement à Miss Granger et à ses calculs. Peut-être qu'elle pourrait…
Non ! se reprit immédiatement Severus. A quoi pensait-il ? Une Gryffondor, et une des meilleures amies de Harry Potter ? Non, il allait oublier cette idée absurde immédiatement, et il travaillerait sur les théories tout seul. Miss Granger avait admis qu'elle n'était pas familière avec le travail de H.G. Elle ne pourrait lui être d'aucune aide.
Bien sûr, se dit-il juste après, si elle était arrivée toute seule aux mêmes conclusions que H.G., elle était encore plus brillante que ce qu'il avait imaginé.
Peu importait. Elle serait en retenue, il serait aussi désagréable que d'habitude avec elle, et il pourrait se sortir de la tête toutes ces idées saugrenues.
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« Alors, Hermione, qu'est-ce que tu nous a fait aujourd'hui en Potions ? » demanda Harry ce soir là au dîner.
« Je ne vois pas ce que tu veux dire, » répondit-elle avec irritation.
Harry fit la grimace. « Ne joue pas les imbéciles, Hermione. Ça ne te va pas du tout. »
Haussant les épaules, Hermione prit un petit pain dans la corbeille et commença à le beurrer. « Je ne voulais pas laisser Snape penser que je faisais des devoirs en retard dans sa classe. »
« Mais alors qu'est-ce que tu faisais ? » demanda Harry en prenant un pain lui aussi.
« Ce que j'ai dit, » répondit Hermione. « Je vérifiais mes calculs sur la seconde quantification. Je n'arrive pas à comprendre à quoi ça sert, et aucun de mes livres ne l'explique très clairement. »
« Tu vois, Hermione, apparemment, je ne connais pas autant de mots que toi, » dit Harry avec ironie, en lui souriant. « Je sais que tu penses avoir répondu à ma question, mais… »
« D'accord, d'accord, » l'interrompit-elle. « Je suis désolée. C'est juste quelque chose que j'ai trouvé dans un livre de physique moldu. »
« De la physique moldue ? » s'exclama Harry. « Pourquoi est-ce que tu étudies ça ? »
« Parce que c'est intéressant. Et puis, je pense vraiment que les sorciers pourraient utiliser les méthodes utilisées dans l'étude de la physique des particules pour comprendre la nature de la magie. Il faut juste que j'en apprenne plus sur les notations pour en être tout à fait sûre. Au début, j'ai pensé que l'explication pouvait être biochimique, et je le pense toujours dans une certaine mesure. Je veux dire, comment est-ce qu'on pourrait manipuler cette énergie autrement, si elle ne nous était pas attachée au niveau génétique ? »
Harry leva les mains. « Je suis perdu, Hermione ! » lui dit-il dès qu'elle fit une pause pour reprendre son souffle. « Je suis persuadé que c'est fascinant, » dit-il rapidement en voyant le regard qu'elle lui lançait. « C'est juste que je ne vois pas pourquoi ça ennuyait tellement Snape que tu fasses ça pendant son cours de Potions. »
« Parce que je devrais travailler les Potions en classe de Potions, c'est tout, » lui rappela Hermione. « Ne vas pas chercher autre chose. Et puis ça l'ennuie que les élèves lui répondent. »
« Ta retenue, c'est quand ? »
« Ce soir. Dans vingt minutes, en fait, » répondit Hermine en regardant sa montre.
« Qu'est-ce qui se passe dans vingt minutes ? » demanda Ron, assis à droite de Harry, décidant de se joindre à la conversation plutôt que de dévorer des yeux une Serdaigle de sixième année.
« Ma retenue avec Snape, » lui répondit-elle d'un ton lugubre.
Ron lui offrit un regard de compassion. « Bonne chance, » lança t'il.
« Merci, je vais en avoir besoin. En fait, je devrais probablement y aller. Je ne voudrais pas être en retard. » Echangeant un dernier regard avec ses amis, Hermione rassembla ses livres et quitta le Grand Salle, de retour vers la classe de Potions.
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Le titre de ce chapitre vient du livre de Benjamin Hoff, 'Le Te de Porcinet'.
Je sais que vous attendez la suite de mes autres fics, et j'y travaille. Considérez ce chapitre comme une avant-première de vos lectures à venir… benebu
