Auteur : Gillian Middleton ( u/483952/Gillian_Middleton )
Titre : Memories Of Me (Souvenirs de moi)
Genre : Romance
Résumé : En enquêtant sur une malédiction de routine dans une petite ville de Californie Dean perd la mémoire. Avec seulement son frère sur lequel compter des sentiments commencent à se développer et ils ne sont pas exactement fraternels. Comment Sam va-t-il faire face à ça?
Pairing : Sam/Dean
Rating : M
Disclaimer : Les persos appartiennent aux créateurs de la série, et l'histoire à Gillian Middleton.
Avertissements : Je précise encore qu'il s'agit d'une traduction et que l'autrice de cette fic est Gillian Middleton. Si vous le pouvez, je vous suggère d'aller la lire en VO sur ce même site. Cette fic est une fic slash, traitant donc de relations homosexuelles qui iront jusqu'au lemon donc vous êtes prévenus. Inceste.
Me revoilà avec une fic Supernatural que j'ai beaucoup appréciée. L'histoire prend place dans la première saison, avant même que Sam et Dean aient retrouvé leur père - une fic plutôt traditionnelle donc. Ce sera la première fois que je traduirai un lemon ^^. La fic fait quatre chapitres, mais il y a deux courtes séquelles que je traduirai si vous êtes intéressés. Enjoy !
Partie 1 sur 4
« Hé, Sam ? »
« Hm ? »
« Tu te souviens de cette scène dans Mission Impossible ? »
Sam leva les yeux au ciel, sachant exactement de quelle scène son frère voulait parler. « Non. »
« Tu sais, » pressa Dean avec un sourire malicieux, ses doigts lissant la surface froissée du plan du musée. « Celle où Tom Cruise est suspendu au-dessus du sol avec les détecteurs. »
« Dean, c'est un musée familial dans une ville de 25 000 habitants. Ils n'auront pas de détecteurs dans le sol. »
La grimace de Dean était une expression mi-sérieuse mi-moqueuse de déception. « Ça aurait été cool pourtant. »
« Comme si j'allais suspendre ton gros cul au plafond de toute façon. »
Dean sourit et fit passer une main sur l'une de ses minces cuisses. « C'est du pur muscle, Sammy. »
« Ouais ouais, » marmonna Sam, les plans absorbant de nouveau son attention. « Attends jusqu'à ce qu'une vie passée à ingurgiter la graisse frite qui passe pour de la nourriture dans ton monde te rattrape. »
« Je ne t'ai pas vraiment vu déguster des germes de blé et du plancton au petit-déjeuner récemment, » remarqua Dean.
Sam écarta le commentaire d'un signe de la main, principalement parce que c'était vrai. Une vie de cafétérias et de Big Macs froids à l'arrière de l'Impala avait bousillé son estomac pour de bon. Il prit mentalement la résolution de commander de la salade pour accompagner son poulet frit au dîner, et poursuivit la conversation.
« Ok, on dirait que nous n'avons à nous soucier que d'une alarme ordinaire sur les fenêtres et sur les portes. »
Très sérieux quand il s'agissait des affaires, Dean se concentra sur les plans du bâtiment, faisant intervenir une capacité à mémoriser de subtils détails qui était le résultat d'une longue pratique. « Et la vitrine elle-même ? »
« Une simple alarme dans le verre, elle se désactivera avec le reste du système. Et les gants en cuir devraient nous protéger de la Malédiction quand nous tiendrons le pendentif. »
« Est-ce qu'on est sûrs que c'est le Ruby de Sang qui tue ? Parce que la collection a été rassemblée pendant une centaine d'années. Ça pourrait être l'une des autres pièces. »
Sam sortit un sac à dos kaki délavé. « C'est pourquoi je pense qu'on devrait prendre toute la collection. Ecraser les pierres et faire fondre le métal. Ça devrait mettre fin à la malédiction avant qu'elle n'emporte sa part de membres de cette génération de la famille Brackett. »
« Ça marche, » acquiesça Dean, se redressant et vérifiant à nouveau le rouleau d'instruments de précision dans la poche de sa veste. « Un cambriolage de musée, hein ? Ça devrait faire bien sur notre CV. »
« Ouais, Bonnie et Clyde sont à l'affût, » dit Sam sarcastiquement, rangeant les plans dans son sac à dos et le mettant sur son épaule.
« Tu es Bonnie, » ricana Dean.
« Très bien, » accepta Sam avec complaisance. « Le cerveau et la beauté de la bande. Ça correspond. »
« Huh, » railla Dean, sortant le premier de la chambre de motel dans le crépuscule grandissant. « Tu aimerais bien, petit malin. »
Le musée ferma à six heures de l'après-midi et les Winchester observèrent le déroulement routinier des choses qui n'avait pas changé au cours des deux derniers jours où ils avaient fouillé l'endroit. Un gardien raccompagna les derniers visiteurs à la sortir, retourna l'écriteau OUVERT pour afficher FERMÉ et ferma les portes de devant au reste du monde. À l'intérieur Sam savait qu'il brancherait le système d'alarme plutôt archaïque avant de se traîner jusqu'à son petit coin tranquille. Il y resterait jusqu'à huit heures avant de faire ses premières rondes.
« En théorie, » souligna Dean lorsqu'ils se glissèrent sur le côté du vieux bâtiment classé au patrimoine historique et allèrent jusqu'à l'entrée de derrière. « En réalité tu sais que le vieux s'installe avec une tasse de chocolat pour regarder Desperate Housewives. »
« Espérons qu'il a quelque chose d'un peu plus fort que du chocolat, » murmura Sam en réponse en crochetant la serrure du boîtier de puissance et en se mettant au travail avec une petite pince. « Je ne suis vraiment pas d'humeur à attaquer un vieil homme ce soir. » Le système d'alarme dépassé se débrancha de la ligne téléphonique, et ce fut un jeu d'enfant de brancher une dérivation sans perturber la ligne et envoyer un signal à l'entreprise d'alarmes.
Papa lui avait appris à faire ça quand il avait treize ans.
Après un rapide vissage la dérivation fut en place et Sam retint un instant sa respiration en coupant le fil d'alarme. Puis il adressa un sourire triomphant à son frère. « Le cerveau de la bande, » murmura-t-il, faisant danser ses sourcils à la Groucho Marx (1).
Dean lui donna une tape sur l'épaule et se mit au travail sur la porte de derrière. En quelques instants il la fit ouvrir mais quand il tourna son propre air triomphant vers son frère Sam mit un point d'honneur à avoir l'air ennuyé et passa à côté de lui. « Pas trop tôt, » siffla-t-il dans l'oreille de Dean en l'effleurant, puis il dut faire un grand pas en avant pour éviter une autre tape plus forte derrière la tête.
« Crâneur, » chuchota Dean, mais il était déjà en train de diriger la fine lumière de la lampe de poche de la cuisine jusqu'à l'entrée plongée dans l'obscurité. Ils avaient retrouvé leur sérieux et avancèrent prudemment sur la moquette usée du long couloir, leurs pas entraînés testant chaque latte pour le cas où elles émettraient des grincements bruyants comme c'était souvent le cas dans ces vieilles constructions en bois. Ils parcoururent presque en silence le chemin mémorisé jusqu'au couloir d'exposition qui avait hébergé la collection Brackett depuis 1906.
« La voilà, » signala Sam lorsque le mince faisceau de la lampe torche passa sur la vieille vitrine qu'ils avaient innocemment vue le jour précédent avec une demi-douzaine d'autres visiteurs ennuyés. Elle paraissait différente dans la lumière vacillante, plus sombre, plus sinistre, les vieux bijoux de famille or et argent luisant faiblement tandis que la lumière dansait sur eux.
Ils vérifièrent une dernière fois qu'ils n'avaient rien manqué et ils se retrouvèrent de chaque côté de la vitrine, soulevant le verre vieux et lourd à l'unisson et le posant le plus discrètement possible sur le parquet ciré à côté de son stand.
Dean jeta un œil à Sam et son frère lui répondit d'un signe de tête. Puis, faisant jouer ses doigts gantés, Dean tendit la main vers le pendentif qui portait le Ruby de Sang en forme de larme. C'est à ce moment-là que ça arriva.
Il y aurait dû y avoir un éclair, pensa Sam plus tard. Un bruit, un avertissement, un quelconque signe montrant que quelque chose était arrivé. Ça n'aurait pas dû être juste Dean, s'immobilisant pendant un instant comme si une décharge l'avait traversé, puis se laissant tomber comme une masse sur le parquet, le pendentif retombant dans la vitrine, sa lampe valdinguant sur le sol bien ciré.
« Dean ! » murmura Sam, laissant tomber sa propre lampe tandis qu'il se penchait rapidement pour essayer d'attraper son frère pour arrêter sa chute. Il réussit à empêcher la tête de Dean de heurter le sol, mais Dean s'était évanoui, totalement mou et inconscient dans les bras paniqués de Sam.
« Dean ? » siffla-t-il, secouant son frère, mais il était évident que Dean n'allait pas se réveiller de sitôt. D'un regard sur l'ensemble de la pièce et sur les lampes torches dispersées qui jetaient leurs minces faisceaux dans des directions improbables sur les murs, Sam fit le point sur la situation en un instant. Il respira profondément et souleva son frère sur son épaule, interrompant la mission en un éclair. Dean n'avait même pas touché le ruby, il l'avait simplement soulevé délicatement par la chaîne.
Il était clair qu'ils devaient faire plus de recherches avant de tenter de détruire le maudit objet.
Il sembla que le temps s'était étiré, mais moins d'une minute après que Dean ait tendu la main vers le pendentif Sam parcourait le couloir sombre à grandes enjambées, portant avec facilité le poids mort de son frère sur son épaule. Il se retrouva dehors sans incident et foula l'herbe humide jusqu'à la voiture. Il eut du mal à trouver son trousseau de clés et à ouvrir la Chevy, avant de lâcher Dean aussi promptement qu'il le pouvait sur le siège passager et de contourner la voiture en courant.
Il ne respira avec facilité que lorsqu'ils furent à des kilomètres et à seulement quelques minutes du motel, puis arrêta la voiture sur le bas-côté et tendit à nouveau la main vers son frère.
« Dean ? Réveille-toi, mec ! Parle-moi ! »
C'est avec soulagement qu'il vit le sourcil de Dean tiquer et ses paupières battre.
« Dieu soit loué, » murmura Sam. « Dean ? Qu'est-ce qui s'est passé, bordel ? »
Les yeux de Dean s'ouvrirent avec un grognement et il sursauta, regardant l'intérieur de la voiture comme effrayé.
« Dean, tout va bien, » dit Sam, tendant la main vers le bras habillé de cuir de Dean et le pressant de manière réconfortante. Dean se projeta en arrière, retirant son bras de la prise relâchée et se retrouvant contre la portière. Son coude se cogna avec élégance contre la fenêtre et Sam grimaça avec sympathie.
« Bordel ! » jura Dean, se frottant le coude et fixant Sam les yeux écarquillés. « Qu'est-ce qui se passe ici ? »
« Tu ne t'en souviens pas ? Tu as pris le Ruby de Sang et tu es tombé, mec. Comme un sac de pommes de terre. J'imagine que ça ne fait aucun doute que c'est le pendentif qui est maudit. »
« Quoi ? » Les yeux de Dean se détournèrent du visage de Sam et parcoururent rapidement l'intérieur de la voiture et le regard de Sam suivit automatiquement, assimilant le vieil intérieur reluisant, la boîte à chaussures remplie à la va-vite de cassettes abîmées, le miroitement des gouttes de pluie qui s'accumulaient et coulaient lentement le long des vitres sombres.
« Où est-ce que je suis de toute façon ? »
Sam fronça les sourcils. « Près du motel. J'ai interrompu le boulot et je me suis tiré de là, Dean. Je n'avais pas vraiment le choix. »
« Ok, ok, » fit Dean, levant les mains pour demander un temps mort. « Va moins vite, mec, commençons par le début. Pourquoi tu m'appelles comme ça ? Qui es-tu, au juste ? »
Sam le regarda bouche bée, ne sachant pas s'il avait manqué le début d'une quelconque blague et si c'était la chute. Un frisson de panique parcourut sa colonne vertébrale lorsque Dean regarda de nouveau autour de lui, fronçant davantage les sourcils.
« Où suis-je de toute façon ? » Un air d'appréhension passa sur le visage de Dean et il baissa les yeux sur lui-même, sa veste en cuir marron, ses mains toujours enveloppées par les gants en cuir usés, son jean et ses bottes foncées. « Qui suis-je ? » murmura-t-il.
Et le frisson d'angoisse de Sam se transforma en accès de panique total.
« Dean ? » coassa-t-il, caressant un dernier espoir que tout ça était une farce stupide. Mais le regard que son frère lui adressa bannit cette idée, les yeux de Dean s'étant élargis jusqu'à ne plus sembler être que des pupilles et sa poitrine se soulevant et retombant irrégulièrement.
« Qu'est-ce qui cloche chez moi ? » murmura-t-il.
Sam tendit à nouveau le bras et cette fois Dean ne se retira pas, se contentant de regarder avec des yeux vides la main de Sam qui saisissait son avant-bras d'un air rassurant.
« Je ne sais pas, » dit Sam, grimaçant au tremblement de sa propre voix. « Mais ne t'inquiète pas, on va le découvrir. »
« Ne t'inquiète pas ? » répéta Dean. Il se débarrassa de la main avec violence. « Ne t'inquiète pas ? Tu ne comprends pas, mec ? Je ne me souviens de rien ! J'ai l'esprit totalement vide ! »
« J'ai compris, » dit Sam d'un ton apaisant. « C'est bon, j'ai compris. Mais faire une crise de panique ne va rien arranger. Nous devons retourner au motel et nous remettre en mode recherche. Il est évident qu'il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas sur cette Malédiction. »
« Malédiction ? » répéta Dean d'un air incrédule. « Quel motel ? Non, laisse tomber. Je veux dire, oublie les motels, mec. J'ai besoin d'un hôpital. Emmène-moi aux urgences. »
Sam secouait la tête. « Non, Dean, sérieusement. Je sais que tu ne comprends pas mais ce n'est pas une chose pour laquelle un docteur peut t'aider. »
« J'ai perdu la mémoire, » dit Dean avec lenteur, comme s'il parlait à un idiot. « Ma mémoire, génie. Si tu ne vas pas voir un docteur pour ça, qu'est-ce que tu fais ? »
« Ce n'est pas quelque chose qui a été causé par une condition médicale, » dit Sam avec frustration. Comment diable allait-il expliquer ça sans avoir l'air d'être totalement cinglé ?
« Mais oui, » fit Dean sarcastiquement. « J'oubliais. C'était une malédiction. Quel idiot je fais. »
« Je sais que ça n'a pas de sens, » commença Sam mais Dean l'interrompit d'un geste brusque.
« Non, tu sais ce qui n'a pas de sens ? Moi, assis ici à côté du taré qui m'a probablement fait ça en premier lieu. Va te faire voir, je me tire d'ici. »
« Dean ! » Sam ouvrit la portière alors que Dean cherchait une poignée de porte à tâtons et se précipitait sur la route. Il pleuvait des cordes à présent et en quelques instants il put sentir les couches extérieures de ses vêtements se saturer. Dean avançait déjà en trébuchant le long du bas-côté herbeux, jurant à voix basse lorsque ses bottes s'enfoncèrent dans une flaque presque invisible dans l'obscurité.
« Dean, pour l'amour du ciel arrête-toi, » cria Sam, attrapant le bras de son frère et le faisant s'arrêter. Il était prêt lorsque Dean se détacha de son emprise et amena un poing pour le frapper, il le bloqua facilement et esquiva le coup suivant, se tordant jusqu'à ce que son frère perde pied et finisse par trébucher contre la silhouette plus grande de Sam.
« Merde, » jura Dean, serrant les dents et levant les yeux vers l'homme plus grand avec frustration. « Merde, qu'est-ce qui se passe ici ? »
Le cœur de Sam se serra au ton implorant de la voix de son frère. Il ne se souvenait pas avoir vu Dean aussi vulnérable avant, aussi effrayé. Sam eut presque honte d'admettre intérieurement que ça l'effrayait un peu de voir son frère comme ça. Dean était celui sur lequel il comptait pour se sortir de ce genre de pétrins. Sam jouait son rôle mais c'était sur la force de Dean qu'il se reposait.
La forte pluie était plus froide qu'une nuit d'été devrait l'être, elle coulait sous forme de ruisselets dans son col et sur son visage, l'aveuglant presque. La tête de Dean était inclinée contre elle, l'eau zigzaguant sur ses joues et gouttant faiblement sur le cuir de sa veste.
Avec une bouffée de résolution Sam se redressa, soutenant la silhouette défaite de son frère, sentant sa détermination se renforcer à l'intérieur de lui. Il n'avait pas Dean contre qui se reposer maintenant. Dean était celui qui avait besoin de lui. Et Sam ne le laisserait pas tomber.
« Je sais que tu n'as aucune raison de le faire, » dit calmement Sam, sentant les mains de Dean agripper ses avant-bras convulsivement. « Mais tu dois me faire confiance, Dean. Je te promets que nous allons arranger ça. S'il te plaît. Fais-moi confiance. »
Dean renifla, levant une main gantée et essuyant les gouttes de pluie qui coulaient sur ses joues et gouttaient sur son menton. Il se redressa, se détachant de Sam, le lâchant délibérément et se remettant sur ses deux pieds. Avec un dernier regard vers le bas-côté sombre et herbeux puis vers l'Impala, dont les fards entaillaient toujours la pluie battante, il regarda finalement Sam. La panique et la peur étaient parties, remplacées par une sorte de masque impassible.
« Je n'ai pas vraiment le choix, je pense, n'est-ce pas ? »
« Je suis désolé, » fit Sam avec impuissance.
« Et je suis trempé, » répliqua Dean. Il se tourna et retourna prudemment vers la voiture. « Tu as une serviette ou quelque chose dans le coffre ? » lança-t-il par-dessus son épaule. « Je ne veux pas ruiner le revêtement. »
Sam resta bouche bée un moment avant de pouffer et de secouer la tête. « Au moins tu te souviens de ce qui est important. »
« Dis-moi que c'est pas là que je vis ? » dit Dean en suivant Sam dans la chambre d'hôtel.
« Non, nous louons juste la chambre pour une semaine. » Sam lâcha le sac à dos sur la table, écartant les vieilles boîtes à pizza graisseuses et les bouteilles de bière vides.
« Dieu merci, » soupira Dean avec soulagement. « Pour citer Oscar Wilde, mec, soit ce papier peint s'en va soit c'est moi. »
Sam s'arrêta. « Pour citer Oscar Wilde ? » répéta-t-il d'un air incrédule, mais l'attention de Dean était déjà ailleurs.
« Est-ce que ce sont des canards volants ? » dit-il avec stupéfaction, étudiant les trésors de porcelaine qui ornaient ledit papier peint. « Est-ce que c'est pour de vrai ? » Il se tourna vers Sam et eut un petit sourire en coin. « Sérieux, mec. Est-ce que je suis dans Candid Camera (2) ? »
Sam secoua la tête en se laissant tomber dans la chaise en bois près de la table. « Je ne comprends pas, » dit-il avec des yeux vides. « Tu te souviens d'Oscar Wilde et d'Allen Funt (2), mais tu ne te souviens pas de moi ? Et d'ailleurs, Oscar Wilde ? » répéta-t-il avec stupéfaction.
« Je ne sais pas quoi te dire, » dit Dean en passant un doigt sur une lampe recouverte de bourre et frissonnant. Il s'arrêta et se retourna vers Sam d'un air curieux. « Et qu'est-ce que tu veux dire par nous la louons pour la semaine ? » Il fronça les sourcils vers Sam puis vers les deux lits doubles flanqués d'une table de chevet et d'une lampe affreuse. « Tu veux dire toi et moi ? »
« Ouais, on est seulement en ville pour une semaine. »
« Ce n'est pas la partie sur la semaine qui m'intéresse, » dit prudemment Dean. Il regarda à nouveau vers les lits puis vers Sam. « C'est la partie sur nous. Toi et moi. »
Sam suivit son regard vers les lits puis regarda à nouveau Dean, remarquant avec horreur la nature spéculative de ce regard, la chaleur ambiante faisant luire ses yeux.
« Nous sommes frères ! » lâcha-t-il. « Toi et moi, » continua-t-il mollement alors que les yeux de Dean s'agrandissaient. « Nous sommes frères. »
Dean renifla avec incrédulité. « Ouais, c'est ça, » railla-t-il. « Mon oeil, mon pote. Frères. »
Étrangement blessé par ce rejet rapide Sam poursuivit défensivement. « Ne m'appelle pas ton pote, » dit-il froidement, songeant que même le détesté surnom « Sammy » serait le bienvenu à présent. « Mon nom est Sam. Et nous sommes frères. »
Dean le contempla dubitativement pendant quelques secondes inconfortables puis secoua la tête, des gouttes d'eau se répandant sur le mur proche. « Comme tu veux, mec. C'est possible d'avoir des vêtements secs ? »
Sam désigna son sac de voyage et Dean le posa sur le lit le plus proche pour l'ouvrir. « Le meilleur est pour moi, » dit-il sarcastiquement en sortant un t-shirt et un jean froissés.
« Nous irons bientôt à la laverie, » marmonna Sam. « Tu m'as bien entendu ? Nous sommes bien frères, Dean. »
« Écoute, mon pote, » commença Dean, puis il s'arrêta délibérément. « Je veux dire Sam. Tu as manifestement de sérieux problèmes et une histoire très tordue à me raconter. Et, crois-moi, ayant un grand vide à la place de la mémoire, je meurs d'envie de l'entendre. Mais ne commence pas avec l'histoire du frère, ok ? Parce qu'il se pourrait que je ne connaisse pas mon nom de famille ou dans quel foutu état je me trouve, mais je sais que toi et moi nous ne sommes pas apparentés. » Un autre coup d'œil papillonnant vers les lits. « Pas par le sang en tout cas, » ajouta-t-il avec un sourire en coin. « Je vais essayer de ne pas utiliser toute l'eau chaude. »
Puis il fut à l'intérieur de la salle de bain et Sam put clairement entendre le loquet tourner pour fermer derrière lui.
« Sale petit con arrogant, » jura Sam à voix basse. Il s'avérait que même sans sa mémoire Dean était une grande gueule. Et c'était quoi ces conneries sur la fraternité ? Qu'est-ce qui rendait le Dean amnésique aussi certain que lui et Sam n'étaient pas apparentés ? Sam jeta un œil aux lits et sentit ses joues rougir en pensant aux petites insinuations de Dean. C'était suffisamment fatiguant d'encaisser ce genre d'allusions de la part des employés de motels, des pompistes de stations service, des serveuses de cafétéria et des barmans de bouges miteux, sans devoir les entendre de son unique frère !
Réalisant que le temps passait et que la douche coulait maintenant avec bruit derrière la porte fermée à clé de la salle de bain, Sam commença à se défaire de ses propres vêtements trempés, les empilant sur le petit carré de vinyle qui abritait la petite bouilloire ébréchée et le frigo. Décidant de ne pas prendre de douche il s'essuya rapidement et enfila un pantalon de survêtement chaud. Il se penchait sur son sac de voyage pour trouver un t-shirt propre quand la porte de la salle de bain s'ouvrit derrière lui et Dean émergea dans un nuage de vapeur. Il essuyait toujours ses cheveux courts avec une serviette, même s'il avait enfilé le vieux jean et le t-shirt.
Il s'arrêta et fixa Sam tandis que celui-ci se tournait pour le regarder et se redressait, se demandant si quelque chose d'autre était arrivé pendant que son frère était dans la salle de bain.
« Est-ce que ça va ? » demanda-t-il avec inquiétude, oubliant instantanément son irritation.
Dean le regarda fixement pendant quelques secondes de plus avant de cligner des yeux et de se concentrer sur son visage. « Quoi ? Ouais, je vais bien. Tu ne veux pas te doucher ? » Sa voix était rauque et Sam saisit le t-shirt qu'il avait sélectionné et contourna le lit.
« Tu es sûr, mec ? »
Dean fronça les sourcils. « Ouais, qu'est-ce que tu veux, un mot d'un médecin ? En fait ce ne serait pas une si mauvaise idée. »
Sam secoua la tête. « Je t'ai dit – »
« Pas de médecin, je sais. » Dean se frotta la tête avec la serviette une dernière fois avant de la jeter sur le tas des vêtements de Sam. « Euh, tu ne commences pas à avoir froid, mec ? »
Sam inclina la tête sans comprendre puis baissa les yeux vers son propre torse nu. « Oh, ouais, c'est vrai. » Il passa le t-shirt par-dessus sa tête et écarta ses cheveux de ses yeux, observant furtivement son frère. Dean s'était assis au bout du lit et fixait ostensiblement le sol entre ses pieds nus. Sam s'assit précautionneusement sur l'autre lit, écartant les cuisses et attachant lâchement ses mains entre ses genoux. Il voulait vraiment tendre la main et réconforter son frère à ce moment précis, Dean semblait tellement perdu assis là, tellement seul. Mais être le frère et le fils d'hommes qui préfèreraient être mis en pièces par des chiens enragés plutôt que d'admettre leurs sentiments avait appris à Sam quelques leçons simples.
De plus, Dean n'avait pas besoin d'un câlin à l'heure actuelle. Il avait besoin que son frère soit fort pour lui.
« Je ne sais pas par où commencer, » dit Sam, l'énormité du fait d'essayer d'expliquer ça à Dean le submergeant presque.
« Par le début ? » suggéra Dean, les yeux toujours baissés comme si ses propres pieds le fascinaient.
« Par le début, » répéta Sam. « Bien. Ce serait mieux si je te disais ce que tu as manifestement à l'esprit. Ton nom est Winchester. Dean Winchester. Pas de deuxième prénom. »
« Winchester, » répéta Dean. Il leva les yeux vers Sam. « Et tu es Sam. »
« Sam Winchester, » dit fermement Sam, bien que sans hausser le ton. Ce n'était pas le moment de laisser Dean l'ennuyer, aussi rodé son frère soit-il à le faire. Il devait garder à l'esprit que c'était la manière qu'avait Dean de gérer les choses, même les choses les plus dures. Une vanne, une blague, un sourire en coin pour cacher ce que diable il pouvait bien ressentir en réalité.
« Comme tu veux. » Dean haussa les épaules.
« Et nous sommes en Californie. Une petite ville côtière appelée San Marco. 25 000 habitants, » dit-il tristement, se souvenant du moment où il l'avait signalé à son frère il y a seulement quelques heures.
« Ok, donc maintenant je sais qui et où. Et pour le pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'on est ici ? »
« Nous sommes ici parce que notre père nous a envoyé un sms nous demandant de venir ici. »
Dean cligna ses yeux de surprise. « Notre père ? »
« Ouais. John Winchester. »
« Wow, » dit Dean, l'air impressionné. « Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas pensé à poser des questions sur ma famille avant. Ça semble plutôt évident quand on y pense. »
« Ça pourrait être parce que nous n'avons pas d'autre famille, » dit gentiment Sam. « Il y a juste toi, moi et papa. »
Dean y réfléchit. « Pas de maman ? »
Sam secoua la tête. « Elle, euh, elle est morte quand j'avais six mois. »
« Dur, » dit Dean avec sympathie. « Donc, où est ce papa alors ? » Il regarda la pièce comme si Sam allait sortir John Winchester de son sac de voyage à tout moment.
« Hum, à cet instant je ne sais pas vraiment, » confessa Sam. « Il voyage seul en ce moment. C'est une longue histoire. »
Dean l'inspecta d'un air sceptique, croisant les bras et se penchant un peu en arrière. « Je vois, » dit-il calmement. « Comme c'est commode. Pas de papa dans les environs pour appuyer ton histoire. Commode pour toi, en tout cas. »
L'irritation fut de retour, et avec elle une bonne dose d'impatience. « Écoute, Dean, je comprends que tu puisses avoir du mal à accorder ta confiance pour le moment, » dit fermement Sam. « Vraiment. Je ne peux pas imaginer à quel point ça doit être effrayant de se réveiller et de ne se souvenir de rien. Mais je ne sais pas quoi te dire, mec. Soit tu me fais confiance maintenant soit tu franchis cette porte. Je ne te retiens pas. »
Dean jeta un œil à la porte puis de nouveau à Sam. « Cool, » dit-il âprement. « Où est-ce que je suis censé aller, au juste ? »
« Exactement, » dit Sam avec dureté. « C'est une situation emmerdante mais on y est ensemble, d'accord ? Tu n'as pas d'autre choix que de me faire confiance maintenant et tout ce que je peux faire c'est te promettre de ne pas te mentir. Ok ? »
Dean se leva et marcha jusqu'à la porte et pendant un instant où son cœur s'arrêta de battre Sam pensa qu'il allait l'ouvrir et sortir dans la nuit noire. Mais Dean marcha à peine jusqu'à la porte et se retourna pour revenir.
« Je déteste ça ! » s'exclama-t-il avec frustration. « Je déteste ne pas avoir le contrôle de la situation ! »
« Je sais, » sympathisa Sam, reprenant sa respiration alors qu'il n'avait même pas remarqué qu'il l'avait retenue. « Pour ce que ça vaut, Dean, ta mémoire peut bien être temporairement égarée mais ce n'est certainement pas le cas de ta personnalité. Et je te connais assez bien pour comprendre à quel point ça doit être frustrant pour toi. » Sam se leva, se penchant en avant pour rendre compte de sa sincérité. « S'il te plaît, Dean. Laisse-moi t'expliquer ça. Pour que nous puissions commencer à chercher comment diable nous pouvons arranger ça. »
Leurs visages n'étaient qu'à quelques centimètres de distance et Dean fronçait farouchement les sourcils vers lui, le regardant dans les yeux comme s'il pouvait l'atteindre et lui arracher la vérité. Finalement l'expression féroce s'estompa et Dean secoua la tête et soupira. « Eh bien ça me va, » accepta-t-il, contournant Sam et reprenant sa place sur le lit. « Donc, ton père t'a envoyé un message. »
« Notre père nous a envoyé un message, » corrigea Sam, s'asseyant confortablement sur le bord du lit.
« D'accord. »
« Il nous a dit que la malédiction de la famille Brackett recommençait. »
« Voilà encore ce mot, » marmonna Dean. « Malédiction. »
Sam continua malgré tout. « Tous les 25 ans environ les femmes de la famille Brackett commencent à mourir. D'habitude, après qu'elles aient produit des héritiers pour la perpétuation de la lignée de la famille. Nous avons pensé que papa devait être tombé là-dessus en cherchant… quelque chose d'autre. Il a probablement noté le moment où ça reprendrait, et c'est la raison pour laquelle il nous a envoyés ici maintenant. »
Dean étudia son visage attentivement. « En cherchant quoi ? » demanda-t-il astucieusement.
Sam retint un gémissement intérieur. On pouvait compter sur Dean pour mettre le doigt juste dessus. L'homme n'était peut-être pas un intellectuel, mais son intelligence était tout aussi vive que celle de son frère éduqué à l'université. Surtout lorsqu'elle était mobilisée pour une chasse. Et Dean Winchester chassait depuis très longtemps.
« En cherchant des informations sur la mort de notre mère, » admit-il avec réticence.
Dean haussa un sourcil avec surprise mais il ne se précipita pas dans le genre de questions que Sam poserait à sa place. « Et c'est ce que fait notre père ? Essayer de trouver comment notre mère est morte ? »
Sam acquiesça. « C'est comme ça que ça a commencé. C'était un démon, apparemment. Ça l'a tuée. » Autant faire les choses jusqu'au bout, pensa Sam.
Dean acquiesça pensivement. « Ça a du sens. »
« Ah oui ? » demanda Sam, pris de court.
« Ouais, enfin, il nous envoie ici pour enquêter sur une malédiction, nom de Dieu. J'imagine qu'il n'a pas fait ça à l'improviste. Alors c'est ce que nous faisons ? Briser des malédictions, chercher des démons ? »
« Eh bien en partie, » dit Sam avec ahurissement. « Je n'arrive pas à croire que tu le prennes aussi bien. »
« Je ne vois pas pourquoi, » dit Dean raisonnablement. « Je veux dire, tu l'as dit tout à l'heure. Je me souviens de Candid Camera (2), de comment me servir d'une douche et de comment parler, nom de Dieu. »
« Et d'Oscar Wilde, » souligna Sam. « Je me remets encore de celle-là. »
« Je l'ai vu dans un film, » opposa Dean. « Ce que je veux dire, c'est que je me souviens de trucs. Mais juste pas des trucs sur moi. Rien du tout sur moi. »
Sam considéra la question. « J'imagine que c'est ça. »
« Donc ça revient à dire que ce truc ne devrait pas être trop dur à avaler. Je veux dire, ouais, une malédiction, ça semble insensé. Mais pas impossible. Et pas si surprenant, quand j'y pense. Je veux dire, ça t'arrive souvent de te réveiller avec la mémoire effacée ? »
« Alors tu connais tout ça ? » demanda Sam avec espoir. « Tu sais que ça existe ? »
Dean grimaça. « J'imagine que oui. »
« Eh bien ça me facilite beaucoup la vie. »
« Et ça rend la mienne bien plus difficile, » marmonna Dean. « Je veux dire, l'amnésie, très bien, intéressant, glamour même. Ça fait une super histoire la prochaine fois que je veux impressionner un canon dans un bar. Mais une malédiction ? Comment je suis censé la ramener avec ça au juste ? »
Et il ressemblait tellement à l'ancien Dean que Sam ne put s'empêcher de sourire. « Je vais te le dire, on arrange ça et on fera semblant que tu l'as juste eue en te cognant la tête, ok ? D'une manière cool et glamour. »
« Tu as intérêt à m'épauler, » sourit Dean. « Alors ok, retour à la Quatrième Dimension. Papa nous envoie un message à propos d'une malédiction. Comment ça se termine avec moi la mémoire en moins ? »
Sam entreprit d'expliquer comment ils étaient tombés sur la légende du pendentif du Ruby de Sang maudit directement. Comment les Brackett avaient fondé cette ville il y a 200 ans et comment le pendentif avait été hébergé dans le musée familial pendant la plus grande partie du siècle précédent.
Et qu'il était temps que ce foutu objet soit détruit.
« Et je n'ai fait que le toucher ? »
« Tu n'as fait que toucher la chaîne, » clarifia Sam avec inquiétude. « En portant des gants qui avaient été traités à l'eau bénite. Ce foutu objet n'aurait pas dû pouvoir te toucher. »
« Est-ce qu'il y a la moindre preuve que ça ait maudit quelqu'un d'autre que les femmes de la famille Brackett ? »
« Non, mais ça ne veut rien dire. La plupart des Brackett mortes le sont de cause naturelle. Seulement le fait que tant d'entre elles soient mortes dans un laps de temps aussi réduit a fait naître la légende. Il est possible que d'autres soient morts ou aient souffert et que ça n'ait jamais été rapporté. »
« Mais je ne suis pas mort, » souligna Dean. « Où diable est-ce que ce truc de mémoire entre en ligne de compte ? »
« J'y ai réfléchi. » Sam se pencha et sortit son ordinateur portable de son sac en cuir, l'ouvrit, et afficha le document le plus récent. « Voilà ce que j'ai déterré sur les bijoux de famille. »
« Les bijoux de famille, » ricana Dean, se levant et regardant par-dessus son épaule.
« Mec, tu as fait toutes les blagues sur les bijoux de famille dans les dix minutes qui ont suivi le moment où on est arrivés dans ce bourg, » informa Sam avec un sourire.
« Ouais, mais c'est les bijoux de famille, » rigola Dean. « Un classique indémodable qui mérite d'être répété. »
« Si tu le dis. » Sam fit descendre la page. « Regarde, lis ça. »
« Alma Brackett, » lut Dean, jetant un œil à la photo d'illustration qui montrait une vieille femme impressionnante. « Ooh, elle est jolie. Alma Brackett, qui est morte le 13 mai à l'âge de 93 ans, a légué la Collection de la Famille Brackett au Musée du Père Fondateur. La petite-fille de Mme Brackett, Sarah Lester-Brackett, prévoit de remettre en cause le testament. Mme Lester-Brackett a été citée comme disant aujourd'hui que sa grand-mère n'avait pas toute sa tête souffrant vers la fin de sa vie des effets du grand âge. Sa mémoire l'avait presque entièrement quittée… »
La voix de Dean s'éteignit et il se rassit sur le lit. « Sa mémoire l'avait quittée. »
Sam se frotta le menton. « Je ne sais pas si ça veut dire quoi que ce soit. »
« Et c'était en 1906 ? »
« Ouais. »
« Donc le cycle de 25 ans a commencé avec sa mort. Et l'héritière qui a remis en cause le testament de la vieille femme ? »
« Elle a été la première à mourir, 25 ans plus tard. Même si c'était des décennies avant que les archivistes de la famille ne prennent note de ça quand ils spéculaient à propos de cette Malédiction. »
« Donc on dirait que ça a commencé avec la vieille femme. Et que ça s'est terminé avec les bijoux. »
« C'est ce que nous avons pensé, » acquiesça Sam. « Mais cette histoire de mémoire est vraiment inattendue. »
« M'en parle pas. Donc quelle est la solution ? »
« Peut-être la même qu'avant ? » dit Sam pensivement. « Nous devons toujours détruire le Ruby de Sang. »
« Mais et si cette foutue Malédiction riposte ? » supposa Dean. « Elle sait que nous sommes ici pour y mettre fin, et c'est pourquoi elle m'a fait ça. »
« C'est un bijou, Dean, » fit remarquer Sam. « Les objets maudits ne pensent pas en général. »
« Ouais, mais à moins que ce soit autre chose que j'ai oublié, nous ne savons pas exactement comment les objets maudits fonctionnent, si ? Comment toute cette malveillance se retrouve aspirée dans un seul objet et devient ensuite un foyer de douleur et de souffrance pour les années à venir ? » Dean hocha la tête devant l'image sur l'écran d'ordinateur, la fière et hautaine vieille femme leur adressant un regard noir, une collerette de dentelle et le pendentif du Ruby de Sang autour du cou. « Cette vieille fille a perdu la mémoire. Et maintenant moi aussi. Ce n'est pas une coïncidence. »
« Non, ça ne l'est pas. » Sam ferma l'ordinateur avec un clic ferme. « Ok, donc on détruit le pendentif. Mais on le fait sur place, sans risquer de toucher le foutu objet, et encore moins de le transporter. Bordel, sil j'avais eu un marteau avec moi la nuit dernière j'aurais pu le faire dès que la chose t'a endormi. »
« Donc, quand est-ce qu'on le fait ? Maintenant ? »
Sam jeta un œil à sa montre. « Non, le garde aura remarqué qu'il y a eu une intrusion ce soir à l'heure qu'il est. Le mieux qu'on puisse faire est d'y retourner demain pour faire le tour de l'endroit en espérant qu'ils n'aient pas trop renforcé la sécurité d'ici là. »
« Et tu penses vraiment qu'on peut arrêter ça ? »
Sam poussa un soupir inquiet, haussant les épaules. « Je l'espère. »
« Pfiou. » Dean se pencha en arrière sur ses mains et laissa son regard dériver sur la chambre de motel. « On ne s'ennuie pas avec toi, pour sûr. »
Sam arqua un sourcil. « Eh bien, pour ce que ça vaut, je n'aurais pas pu trouver quelqu'un qui prenne mieux la chose. »
« Ouais, je suis toujours beau joueur, » marmonna Dean. Il glissa un coup d'œil à Sam et se frotta la nuque d'un air contrit. « Écoute, désolé pour toute cette histoire de fraternité tout à l'heure. Tu sais, te traiter de menteur et tout. J'imagine que ce n'est pas quelque chose pour quoi tu prendrais la peine de mentir. »
Sam fronça les sourcils. « C'était quoi cette histoire de toute façon ? Pourquoi c'était si dur de croire que nous sommes frères ? »
« Eh bien, euh, nous ne nous ressemblons pas beaucoup, » fit remarquer Dean.
« Beaucoup de frères ne se ressemblent pas. »
« Hum, bon point. Écoute, est-ce qu'on a déjà mangé ? Parce que je meure de faim. »
« Nous avons mangé tôt. » Sam fronça les sourcils, étudiant la déconfiture de Dean avec curiosité. « Mec, est-ce qu'il y a un problème ? »
« J'ai faim, c'est tout. Allons chercher quelque chose à manger. Ok ? »
« Il pleut encore, » dit Sam avec réticence. Il ne se sentait pas de s'habiller et de sortir. « Nous pourrions commander, il y a un grill en bas de la route. »
Dean haussa les épaules et s'allongea sur le lit. « Ouais, ok, » dit-il.
« Il y a un menu dans l'armoire, passe-le moi, tu veux ? » Sam tendit la main et Dean attrapa le menu en carton rigide et le lui passa, s'affaissant à nouveau dans le lit et évitant le regard de Sam. Avec inquiétude Sam s'affaissa à l'opposé et essaya de croiser son regard.
« Dean, je sais que ça fait beaucoup à encaisser pour toi. »
Dean leva la main dans un geste familier. « Laisse, » dit-il calmement. « J'ai juste besoin d'assimiler tout ça, ok ? »
S'il y avait une autre chose que Sam avait apprise, c'était le moment où il fallait se retirer.
La viande était bonne et chaude et il restait un pack de bière dans le frigo de la nuit précédente. Après la sauce barbecue épicée et la boisson fraîche Dean se détendit un peu, la tension quittant ses épaules.
« Alors, les chambres sont peut-être pourries mais la bière est fraîche et on mange comme des rois, pas vrai ? » dit Dean, léchant ses lèvres collantes d'un air appréciateur et s'enfonçant dans sa chaise avec sa seconde bière à la main.
« Il n'y a que toi pour penser que c'est en devenant collant jusqu'aux oreilles que mangent les rois, » sourit Sam.
« Regardez qui parle, » rigola Dean. « Mec, tu as de la sauce barbecue sur ton sourcil. Comment diable quelqu'un peut-il faire ça ? »
« C'est vrai ? » Sam tenta de scruter son propre sourcil, un geste qui fit marrer Dean. Sam ramassa l'une des serviettes mouillées et se frotta le front.
« Tu l'as manquée, » signala Dean.
Sam réessaya.
« Tu l'as encore manquée. » Dean attrapa le tissu humide et se pencha en avant. « Voilà. » Il brossa le sourcil de Sam et retira la sauce offensante d'une pichenette. Sam cligna des yeux et lui sourit, appréciant ce moment. C'était presque comme si l'ancien Dean était de retour.
Puis le sourire sur le visage de Dean s'effaça et ses yeux chutèrent du regard de Sam à ses lèvres et en l'espace de quelques horribles secondes Sam vit quelque chose qu'il avait vu plus de fois qu'il ne pouvait s'en rappeler, mais toujours sur la ligne de touche, en tant qu'observateur généralement amusé ou moqueur.
C'était le désir, et il n'était pas dirigé vers une poupée dans un bar ou vers une malheureuse serveuse au décolleté spectaculaire.
Il était dirigé vers lui, Sam. Et il n'y avait pas d'erreur possible.
Sans réaliser ce qu'il allait faire Sam se retrouva debout, ayant repoussé sa chaise de la table avec fracas, la main levée comme pour se protéger d'un coup. Il ne réalisa à quel point il avait l'air ridicule que lorsque le désir s'effaça des yeux de Dean et lorsque ses lèvres se tordirent avec autodérision.
« Eh bien, » dit prudemment Dean, froissant la serviette mouillée et la jetant sur son assiette. « J'imagine que ça répond à ta question de pourquoi je n'ai pas cru que tu étais mon frère. »
Sam laissa tomber sa main, espérant qu'il pourrait trouver un moyen désinvolte de se rasseoir. Quelque chose de désinvolte à dire.
« Merde, » murmura-t-il à la place.
« Ouais. » Dean ne croisa pas son regard.
« Je veux dire… » Sam cligna des yeux, haussa les épaules, cherchant ses mots. « Merde, Dean. »
À présent Dean haussait les épaules, se levant et retournant à son lit. « Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? » dit-il d'un ton égal. « Désolé ? Est-ce que c'est approprié ? »
Prudemment Sam retourna à la table, tournant la chaise pour faire face à son frère sur le lit. Il était plus secoué qu'il ne l'aurait cru, probablement plus consterné que la situation le nécessitait. Après tout, Dean ne se souvenait même pas de lui. Pour lui ils étaient des étrangers qui s'étaient rencontrés il y a seulement quelques heures. Des étrangers partageant un secret que personne d'autre ne pourrait comprendre ou croire. Tout ça doit sembler plutôt intime pour un homme qui n'a pas d'autres souvenirs au monde que des souvenirs de lui.
« Tu n'as pas à t'excuser, » dit Sam, maudissant le tremblement dans sa voix. « Je suis celui qui devrait le faire. J'imagine que j'ai réagi excessivement. »
« Non, une réaction excessive aurait été de m'attraper et de me donner un coup de poing, » dit raisonnablement Dean. « Je pense que l'air de fillette horrifiée est plutôt soft en comparaison. »
Malgré lui Sam ne put s'empêcher de rigoler. « Est-ce que c'était un air de fillette horrifiée ? » lança-t-il, appréciant la tentative de son frère pour alléger l'atmosphère.
…son frère, dont les yeux étaient descendus à ses lèvres et s'étaient assombris, brûlants. Qui s'était léché les lèvres, sa respiration s'accélérant, sa peau s'empourprant…
La tentative d'allégement de l'atmosphère avorta lorsque Sam se serra les mains pour les empêcher de trembler. Comment diable est-ce que ça avait pu arriver ?
« Tu n'es pas gay, » dit Sam brusquement. « Je veux dire, je t'ai connu toute ma vie. Je t'ai vu flirter avec des centaines de femmes. Tu n'es pas gay. »
Dean parut intrigué. « Des centaines ? » dit-il avec curiosité. « Comment je fais ? »
Sam renifla. « Tu as mieux que tu le mérites. »
Dean sembla flatté. « Mais pas de gars, hein ? »
« Non, » dit fermement Sam.
« Eh bien, comme je l'ai dit, je ne sais pas quoi te dire. Peut-être que j'étais discret, peut-être que j'étais dans le déni. Mais quand je suis tombé sur toi en train de te changer tout à l'heure, mec, je n'ai pas eu le moindre doute. Je… Tu… » Il jeta un rapide regard à Sam puis détourna les yeux. « Eh bien disons juste que je ne me sentais pas du tout comme un frère et restons-en là. »
Sam se souvint s'être tenu sans t-shirt avec seulement son pantalon de survêtement qui descendait bas sur ses hanches lorsque Dean avait émergé de la douche et dut résister à l'envie irrépressible de croiser les bras sur sa poitrine.
« Mec, tu me regardes comme si j'étais sur le point de te kidnapper, » dit Dean avec dérision. « Calme-toi. »
« Me calmer ? » répéta Sam avec incrédulité. « Mon propre frère vient juste de me regarder comme s'il voulait me dévorer ! Essaie donc de prendre ça calmement ! »
« En fait je pense que j'ai été plutôt calme à propos de tout ça ! » répliqua Dean avec colère. « Ce n'est pas exactement du gâteau pour moi tu sais. Je veux dire, je me réveille, pas de mémoire, tu me dis de te faire confiance et ensuite tu enlèves ta chemise. »
« Mec, » dit Sam fébrilement. « Tu dois dépasser ça. »
« Et ensuite tu me dis que tu es mon frère. Essaie donc de gérer ça ! »
« En fait je crois t'avoir dit que nous étions frères avant d'enlever ma chemise. »
« Comme tu veux, mec ! C'est pas comme si je t'avais cru ! »
« Eh bien, peut-être que tu aurais dû essayer un peu plus de me croire ! » rétorqua Sam vivement. « Comme ça tu ne m'aurais pas reluqué quand je me trimbalais plutôt innocemment sans ma chemise. »
« Innocemment ? » renifla Dean. « Il n'y a rien d'innocent dans ce corps, Sam. »
« Arrête de parler de mon corps ! Nom de Dieu, Dean ! C'est tellement toi ! Tu ne peux pas pour une fois voir au-delà du sexe ce qu'il pourrait y avoir dessous ? »
Les yeux de Dean s'écarquillèrent de surprise, la bouche à moitié ouverte, sans aucun doute prête à rétorquer quelque chose. Au lieu de cela il resta un instant bouche bée avant de la fermer avec un clic sonore.
Sam baissa la tête, sentant la colère et l'embarras réchauffer ses joues.
Dean se frottait l'arrière de la nuque. « Est-ce que je fais ça ? » demanda-t-il d'un air contrit. « Qu'est-ce que je suis, fou de sexe ou quelque chose comme ça ? »
Sam pensa à mentir puis se souvint qu'il avait promis de ne pas le faire. De plus il était encore nerveux à propos de cette conversation et pas d'humeur à épargner les sentiments de son frère. « Est-ce que les mots « chien en rut » t'évoquent quelque chose ? » dit-il franchement.
« Aïe, » dit Dean, mais il souriait à moitié, lançant à Sam un regard d'excuse.
« Ça peut être embarrassant, » admit Sam, quelque peu radouci par l'air contrit de Dean.
« Je parie, » reconnut Dean. « Donc, hum, qu'est-ce que tu penses qu'il y ait en dessous ? Que je ne vois pas ? »
« Eh bien, qu'est-ce que tu penses de l'amour, mec ? » demanda Sam avec une sincère exaspération. « Et avant que tu ne fasses la moindre plaisanterie je parle du fait que tu es mon frère et que tu m'aimes. Tu ne t'en rappelles peut-être pas pour le moment, mais peut-être que c'est le cas d'une partie de toi. »
« Euh, au risque d'être crié dessus et traité de chien à nouveau, » dit Dean avec hésitation. « La partie de moi dont nous parlons n'est franchement pas la partie dont tu parles. »
Sam se couvrit le visage d'une main. « Comment aurais-je pu savoir que nous finirions par parler de ta queue ? Je voulais dire ton cœur, enfoiré. Mais tel que je te connais, ça passe pour de la pornographie. »
« Donc maintenant je suis un chien obsédé ? » dit Dean avec indignation.
« Ça te rend plutôt fier, pas vrai ? » réplica sarcastiquement Sam.
Dean fronça les sourcils et ouvrit la bouche, puis le froncement s'effaça et il sourit d'un air penaud. « Ouais, plutôt, » admit-il.
« C'est parce que tu es… plutôt dépravé, » taquina Sam et Dean acquiesça pensivement.
« Je l'ai senti chez moi. »
Sam secoua la tête. « Et maintenant je découvre que tu n'es pas seulement un dépravé, tu es un bisexuel dépravé. » Il ne put s'empêcher d'afficher un sourire éclatant à ce moment-là.
« Quoi ? »
« Je m'imagine juste, tu sais, ta tête. Quand nous t'aurons rendu ta mémoire et que tu te souviendras de cette conversation. Ce sera tellement bon. »
« Enfoiré, » marmonna Dean. Il se frotta encore la nuque, son expression devenant sérieuse. « Tu en es si sûr ? Que je vais retrouver la mémoire ? »
« Bien sûr que j'en suis sûr, » dit Sam avec confiance. « C'est ce que nous faisons. »
Dean fronçait les sourcils, secouant la tête et plissant les yeux et Sam se pencha vers lui avec une soudaine inquiétude.
« Ça va, mec ? »
« Je sens quelque chose, » dit Dean d'une voix rauque, puis son corps se raidit, comme s'il était soumis à des électrochocs et Sam ne put que regarder avec une horreur muette Dean tomber comme une masse entre les deux lits et se courber dans une agonie silencieuse.
« Bon Dieu, Dean ! » Sam repoussa le lit et se laissa tomber à genoux à côté de son frère, le choc l'immobilisant tandis que ses mains restaient suspendues au-dessus des membres convulsés de Dean. Son vieil entraînement de premiers secours lui revint en mémoire, le manuel de la Croix Rouge à oreilles de chien qu'il avait mémorisé avec son frère pendant de longues heures où ils s'étaient tapés et poussés à l'arrière de l'Impala lors de l'un de leurs voyages interminables. Leur père à l'avant, les écoutant apprendre leurs réponses par cœur puis les questionnant, leur demandant leur opinion, les faisant réfléchir. Sam avait toujours trouvé ironique le fait que son père désapprouve son amour des études quand lui-même avait aidé à aiguiser l'esprit de Sam comme une autre arme de son arsenal.
Écartez les objets du passage. N'essayez pas d'entraver les mouvements des membres durant l'attaque. N'essayer pas d'insérer des objets dans la bouche. Les patients ne doivent pas avaler leur propre langue.
Il tourna précautionneusement Dean sur le côté, une autre instruction tirée de sa mémoire. Le reste semblait consister à « les laisser traverser ça seuls », mais ce devait être le conseil le plus dur à suivre, parce que c'était son frère sur le tapis rouge brique usé. C'était la mâchoire de son frère qui claquait, les mains, les bras et les jambes de son frère qui tremblaient quand enfin l'attaque cessa, laissant Dean flasque et vidé sur son passage.
« Dean, » dit Sam d'une voix rauque, ne remarquant que maintenant les larmes dans sa bouche et qui dévalaient sur son visage. Enfin il put le toucher lorsqu'il prit le visage de Dean dans le creux de sa main, sentant la sueur moite sur sa peau, les tremblements qui persistaient alors que son corps s'agitait avec l'effort et le stress que l'attaque lui avait demandés.
Sam attrapa une couette et la tira du lit, en recouvrant Dean et le soulevant avec un grognement pour l'allonger sur le matelas le plus proche.
« Tout va bien, Dean, » murmura-t-il, souhaitant que sa voix cesse de trembler, que ses mains cessent de trembler. C'était sorti de nulle part ! Un moment il se disputait, celui d'après il souriait, puis Dean se retrouvait sur le dos à se battre contre son propre corps, son propre cerveau, une bataille dans laquelle son petit frère ne pouvait pas intervenir. « Je vais t'emmener à hôpital, ok ? Mon pote ? » Il prit à nouveau les joues de Dean dans ses mains et le secoua doucement, sentant le besoin de sentir le souffle rassurant de son frère, mourant presque d'envie de voir ces longs cils papillonner.
« Ne m'appelle pas ton pote, » grinça Dean et la respiration de Sam reprit avec un énorme soupir.
« Bon sang, » dit-il à voix basse, attrapant l'épaule de Dean et la serrant. « Est-ce que ça va ? »
Dean ouvrit les yeux et les plissa. Ce simple regard signifia à Sam tout ce qu'il avait besoin de savoir. Que le cerveau de Dean manquait peut-être encore de mémoire mais qu'il était toujours capable de se moquer de son frère pour avoir posé des questions stupides. Qu'il avait mal, mais que oui, il était en vie et prêt à gémir et à tenter de se redresser et de se plaindre.
Qu'il comprenait et laissait passer la question stupide, juste pour cette fois.
« Non ça ne va pas, » râla Dean, tournant la tête et gémissant en sentant ses muscles le tirer. « Qu'est-ce qui s'est passé au juste ? »
Sam secoua la tête. « Une sorte d'attaque. Une grave. »
Dean plissa à nouveau les yeux vers lui et Sam réalisa que la lumière lui faisait mal aux yeux. Il tourna l'horrible lampe jusqu'à ce que son éclat ne soit plus tourné vers le lit.
« Merci, » marmonna Dean. « Vu ta tête, j'en déduis que je ne suis pas dans le genre à faire des attaques d'habitude. N'est-ce pas ? »
« Je pense que c'est la Malédiction, » dit Sam d'un air désolé. « Elle a fait quelque chose à ton cerveau. »
« Est-ce que ça aurait pu être autre chose ? » demanda Dean avec espoir, tentant de s'asseoir. Sam posa une main sur sa poitrine et le repoussa doucement.
« N'essaie pas de te lever, » ordonna-t-il brusquement. « Je vais mettre mes chaussures et t'emmener aux urgences. »
« Je croyais que tu avais dit qu'un hôpital ne pouvait rien faire ? »
« Au point où on en est ils ne peuvent pas faire de mal, » marmonna Sam, sortant une paire de baskets sèches et y fourrant ses pieds. Ses clés étaient toujours dans sa veste mouillée et il passa une minute frustrante à mettre la main dans des poches humides avant de les trouver. Il ne dit pas ce qu'il pensait, que certaines attaques pouvaient endommager le cerveau. Que parfois les gens en mouraient, mais il sembla qu'il n'avait pas à le faire puisque Dean ne se disputait pas avec lui, se contentant de le regarder se déplacer dans la pièce, les paupières lourdes et les yeux contusionnés.
« Ne t'inquiète pas, » promit Sam. « Je vais prendre soin de toi. »
(1) Groucho Marx (1890-1977) : Comédien américain connu pour ses épais sourcils.
(2) Candid Camera : Émission télévisée américaine de caméra cachée créée en 1948 par Allen Funt.
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