Chapitre 1 – God have mercy of Mercy.
Il y a peu de choses qui m'exaspèrent. Je me considère plutôt comme une femme avec une patience infinie. En effet, ils ne sont pas nombreux capables de vivre dans une meute de loup-garou sans en être un, ou encore de supporter des vampires revanchards qui ont la fâcheuse tendance à s'inviter au milieu de la nuit pour vous tuer. Non en vérité, ce genre d'aventures qui sont devenues mon quotidien depuis deux ans, je commençais à m'y habituer. Sans vouloir me vanter, je suis une femme patiente.
En revanche, je ne supporte pas qu'un client s'invite dans mon garage alors que je suis sur le point de fermer pour prendre ma pause déjeuner.
Je suis du genre fauchée, je ne peux pas cracher sur une affaire, surtout que toutes les aventures citées plus haut ont un prix, avoir un médecin dans mon entourage ne suffisait malheureusement pas et je devais encore payer quelques frais à cause de mon dernier séjours à l'hôpital. Le déjeuner allait devoir attendre.
Avec un soupir je rouvris la porte et attendis. La silhouette que j'avais vu se profiler de l'autre côté de la rue s'immobilisa une seconde, hésitante puis se baissa vers le taxi qui l'avait amené jusqu'ici.
A vrai dire, il n'est pas anormal qu'une personne vienne jusqu'à mon garage en taxi, étant donné que je peux garder un véhicule le temps des réparations, mais c'est beaucoup plus rare quand je ne reconnais pas l'individu qui en sort.
Je n'ai pas un nombre de clients faramineux au point d'oublier leurs visages.
Pourtant la jeune femme qui apparut devant moi ne me disait rien du tout. Et encore moins quand je la vis traîner une grosse malle sur roulette dans une main, et un petit garçon dans l'autre. Elle en revanche semblait parfaitement savoir qui j'étais, car elle s'avança droit vers moi et me tendit sa main :
-Mercedes Thompson je suppose ?
-Mercedes Hauptman. Rectifiais-je avec un sourire fier.
Je la lui serrai par simple politesse : on m'avait bien élevée. Cependant j'avais appris ces derniers temps à me méfier. De plus, elle n'avait pas l'air très bien dans ses pompes, dans le jargon de mécanicien, j'aurais qualifié son air de « shooté ».
-Je suppose que vous n'êtes pas ici pour faire réparer votre voiture ? Devinai-je.
-Enchantée de vous rencontrer. Vous supposez bien...
Bien qu'elle semblât parfaitement clean vu la phrase parfaitement correcte qu'elle venait de produire : Un sujet, un verbe, un adjectif, et même un mot magique. Incroyable. Cela m'apprendra à jouer les mauvaises langues.
-Tuture ! S'exclama le gamin que la femme tenait en pointant une Ford sur laquelle je travaillais ces derniers temps.
La jeune femme face à moi hocha simplement du chef, et caressa le crâne du petit. Je la regardais plus attentivement. Elle était plus petite que moi, ce qui relevait déjà d'un bel exploit, et malgré la chaleur environnante qui annonçait un été difficile à venir, elle ne dévoilait pas la moindre parcelle de peau. Elle n'avait pas le physique d'une mère au foyer, beaucoup trop jeune pour cela, elle devait à peine avoir plus de 20 ans, aussi assumais-je qu'elle devait juste garder l'enfant qu'elle tenait par la main. Une sorte de fille au-pair comme c'était de plus en plus à la mode.
-Vous avez vu juste, je ne suis pas vraiment là pour une histoire de voiture. Cependant j'ai l'air de vous déranger, je peux revenir plus tard, si vous le désirez.
J'haussais un sourcil, peu habituée à être traitée avec autant de compassion. Même si j'ai des clients sympathiques, beaucoup me prennent pour un chien, et ce n'est pas parce que je suis une métamorphe coyote que j'aime être traité de la sorte. Je tâchais de déterminer d'où elle pouvait bien venir (pour m'y installer aussitôt), mais je ne parvins pas à reconnaître un accent dans sa façon de parler. Ce qui est plutôt incongru, car je suis capable de savoir si un habitant que je croise dans la rue vient plutôt du sud ou du nord de Tri-cities.
-C'est gentil, à vrai dire j'allais prendre une pause déjeuner, mais vous pouvez très bien m'accompagner.
Ne pouvant donc me fier à l'ouie, je décidais de me concentrer sur l'odeur qui émanait de cette jeune femme, et je restai figée de stupeur : je ne reconnaissais aucune flagrance. Il faut bien le comprendre, qu'on soit Fae ou Humain, certaines senteurs sont inévitables, inhérentes à l'existence. Quoi que l'on fasse et qui que l'on soit, peu importe les artifices dont on use, magie ou déodorisant, un être vivant doit avoir une odeur. De sang, de sueur, et de tout un tas de petits autres compléments. Hors, cette femme ne sentait rien.
Rien du tout.
Il n'y avait aucune senteur de shampoing ou de savon, et pourtant elle ne se révélait pas sale au point d'en porter les marques olfactives. Elle ne transpirait apparemment pas, ni n'avait quelque relent d'odeur sanguine, liée aux problèmes mensuels des femmes ou même à la plus simple et bête piqure de moustique qu'on aurait gratté par mégarde. Le seul parfum que j'arrivais à identifier venait de ses vêtements et des tissus dont ils étaient faits. De la laine, du velours, du cashmere. Rien que des matériaux bien chauds alors qu'il ne faisait pas vraiment froid.
Tout cela n'était vraiment pas normal. Je ne connais aucun être surnaturel capable de camoufler son parfum à ce point, pas même les vampires, qui pourtant sont des êtres totalement morts, avaient quelques relents bien plus vivants que la femme qui se tenait devant moi en cet instant. Je sais d'expérience que la plupart des Fae n'ont pas un bon odorat, aussi délaissent-ils souvent cette partie d'eux dans leur glamour, il m'est même arrivé de percer un sort d'un seigneur gris, éminence parmi les Fae, parce que son odeur l'avait trahi.
J'ignore si le fait de savoir effacer les capacités de mon odorat avec sa magie est signe de puissance incroyable, mais ce n'est certainement pas une marque de faiblesse.
Aussitôt je reconsidérais mon offre et la regardais d'un autre œil. Derrière cette cascade de boucles mal coiffées blondes vénitiennes, se cachait un être fantastique. Le glamour pouvait camoufler bien des secrets, et il était impossible de savoir si cette créature possédait véritablement sous sa vraie forme des yeux bleus outremer qu'elle affichait en cet instant. J'en doutais.
Il est impossible de dire ce qui peut planquer un Glamour. Je me félicitais aussitôt de ne pas l'avoir remercié. Il n'est jamais bon de dire « merci » à un fae. Tout comme leur demander un service.
Néanmoins le problème de mon odorat me déstabilisait. Pour me rassurer je me concentrais sur celle de sa tenue, car si l'être parvenait à échapper aux senteurs du quotidien, cela ne pouvait pas être le cas de ses habits. Je tombais juste dans mes déductions et j'y croisais l'odeur typique de la cuisine, des ustensiles ménagers, des pots d'échappement –bien que cette partie pouvait venir de l'environnement dans lequel nous nous trouvions- et même, quelque chose d'informatique. Entourée de pas mal de geek j'ai pris l'habitude de reconnaitre la senteur atypique des claviers neufs et autres câbles de fibres optiques. Mais encore une fois, je ne sentais rien qui se rapporte à l'être humain, pas de restes de sueur ou de sang qui se serait attardés sur le tissu. Ce mélange de flagrances me laissait pour le moins perplexe et plus encore l'absence d'autres, aussi, je détournais mon attention vers un autre sujet.
Je m'agenouillais et souriais au petit qui se cachait sous la jupe longue de la Fae inconnue. J'ai toujours adoré les enfants, et généralement ceux-ci me le rendent bien. Il ne sentait pas le Fantastique, même s'il dégageait une flagrance un peu similaire à celle de la jeune femme, les mêmes lieux, les mêmes vêtements. Cela ne me rassurait que légèrement, car voir une Fae en compagnie d'un enfant humain n'était jamais vraiment bon signe.
La plupart des gens ont tendance à croire que les créatures fantastiques sont d'adorables bestioles qui leur veulent du bien, comme les lutins réparant les souliers d'un pauvre vieillard. Ceux-là devraient relire leurs livres de contes plus attentivement, car je n'avais jamais vu de lutin faire un travail gratuitement. Les Fae n'emmenaient pas les gamins faire un tour pour les amuser, ils étaient plutôt du genre à les kidnapper, ou les manger, plus simplement.
Le petit pouvait très bien se révéler en grand danger. Je m'agenouillais près de lui pour me mettre à son niveau.
-Dis-moi bonhomme, tu t'appelles comment ?
L'enfant se cacha un peu plus, ses petits poings s'agrippant avec inquiétude le long de la jupe de la Fae. Qui qu'elle soit, le garçon semblait lui faire bien plus confiance qu'à moi, ce qui n'était pas forcément rassurant.
-Oh, excusez-moi, j'ai été tout à fait impolie. Sembla se rendre compte l'étrangère.
Personnellement je l'avais plutôt trouvé tout à fait polie et respectueuse, voire même un peu trop, mais je devais avouer que l'absence d'odeur humaine qui émanait d'elle expliquait ma méfiance actuelle.
-C'est vrai, je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Nova. Voici Kaen. Reprit-elle.
J'insistais vers le petit et tâchais de l'identifier par un peu plus qu'un prénom.
-Bonjour Kaen, alors, tu as quel âge ?
Comme il est de coutume à cet instant de la vie, le petit oublia toute timidité et pointa fièrement sa main pour annoncer qu'il était grand :
-J'ai deux ans…
Il marqua une pause et considéra les deux doigts tendus de sa main, hésitant avec un troisième. La Fae se pencha vers lui et lui murmura, en lui levant la moitié d'un troisième doigt de sa main tendue :
-Et demi.
Le regard du petit s'illumina.
-Et demii ! Répéta-t-il avec un sourire.
Finalement, peut-être que je lui plaisais, et il était mignon. Il ne ressemblait pas du tout à la grande, ce qui me confortait dans l'idée qu'ils n'avaient aucun lien de parenté, ses cheveux à lui étaient tellement blonds qu'ils en apparaissaient presque blancs, apparemment lisses et soyeux bien qu'un peu trop longs et mal coiffés, et pour ce que je pouvais voir de son visage sous cette crinière hirsute, il avait des yeux clairs, gris clairs. Le seul lien que je pouvais trouver entre eux était que le petit avaient plusieurs tâches de rousseurs qui lui dévoraient le visage en plus de quelques grains de beauté, mais c'était des impuretés que de nombreux petits avaient à son âge. Néanmoins, Nova ne paraissait pas hostile non plus, ni ne lui vouloir le moindre mal.
Peut-être, avais-je fait ma mauvaise langue, elle pouvait très bien se révéler être un Brownie, un génie écossais reconnu pour être un ami des enfants… Mais une bronwie sans odeur… ?
Même s'il fallait toujours se méfier, mieux vaut prévenir que guérir, et j'ai eu ma dose en matière de guérison, je devrais même sérieusement songer à prendre un abonnement à l'hôpital du coin.
-Peut-être devrions-nous y aller dans ce cas ? Conclus-je.
Je les emmenais là où je prenais habituellement ma pause, une caravane reconvertie en fast-food. J'appréciais le fait de pouvoir voir la confection de mon sandwich, et ils y servaient des tacos le Mardi. De plus j'étais certaine d'être tranquille, là-bas les gens parlaient presque exclusivement l'espagnol. Je pouvais comprendre ce qui se disait autour de moi, mais l'inverse n'était pas valable.
Nova n'avait pas rechigné en montant dans ma voiture et y avait même abandonné sa malle, bien qu'elle conservât un sac sur son dos, qui puait atrocement. Normalement, les Fae ne supportent pas le contact du Fer, et donc n'aime pas les transports en commun. J'aurais du comprendre qu'elle faisait partie des rares à ne pas s'en soucier, vu qu'elle était arrivée jusqu'à moi en taxi…Néanmoins un Fae dont on connait les faiblesses est toujours plus rassurant.
Je la laissais commander pour elle et Kaen, et entreprit de nous dénicher une table, sans quitter des yeux l'enfant et la Fae. Cependant cela me paraissait totalement idiot que la créature ait choisi de venir me passer le bonjour, histoire de montrer qu'elle détenait un gosse, pour ensuite me fausser compagnie. Je ne voyais pas du tout ce qu'elle me voulait à vrai dire…
Je n'étais qu'une marcheuse, une humaine capable de se transformer en coyote. Je n'avais pas ce genre d'importance dans le monde magique. De plus –et même si le nombre décroit beaucoup trop à mon goût ces derniers temps- peu de gens venant me voir se doutait de mes véritables capacités.
Nova finit par me rejoindre et elle prit place sur la chaise que je lui désignais, elle n'avait opté que pour un verre d'eau en guise de repas. Elle avait un teint cadavérique, ce qui faisait ressortir les tâches de rousseurs qui lui butinaient toute la frimousse, et sans être mince il émanait d'elle une aura de faiblesse. A la voir ainsi je craignais qu'elle ne perde le combat contre le premier coup de vent qui croiserait sa route. Ce qui était totalement absurde, et sûrement la stratégie de son glamour.
-Donc, vous vouliez me dire quelque chose ? Engageais-je en mordant pour la première fois dans mon hamburger, tâchant de paraitre totalement à l'aise et rassurée même en sa présence.
Je réalisais dès la première bouchée à quel point j'avais faim ces derniers temps. Le regard bleu de Nova se posa sur moi et sans les rayons du soleil venant les heurter ils m'apparurent presque noirs. Elle sortit un biberon de son sac à dos et le tendit à Kaen.
Je ne me souvenais pas boire encore au biberon à son âge, mais celui-ci le prit avec gourmandise. D'un autre côté, je ne suis pas la référence quand il s'agit de la normalité de l'enfance, et encore heureux !
-Oui, j'ai quelques questions à vous poser, si ça ne vous dérange pas.
Je fis un mouvement du poignet pour lui signifier que non. Cette cordialité commençait à me déranger. Je n'en avais pas l'habitude, certes Adam, mon compagnon, avait toujours été respectueux avec les femmes du fait de son éducation, mais il restait un Loup-garou. Et il n'existe rien de plus macho qu'un Loup-Garou. De plus j'ai tendance à croire que trop de politesse et de cordialité cache une hypocrisie monstrueuse. Tout comme un glamour innocent et frêle peut cacher un monstre de 300 kilos et plus.
Nova hocha simplement du chef, puis jeta scruta la pièce avec indécision. Elle dut juger qu'elle ne craignait rien, car elle continua :
-C'est à propos des Loup-Garou…
J'avalais plus lentement ma bouchée, mais je n'étais pas surprise. De plus en plus de gens connaissaient mes liens avec Adam, l'Alpha de la meute de la ville, et il m'était déjà arrivé de me faire aborder au garage à ce sujet. Bien que, la plupart ignore mon statut de marcheuse, et qu'en plus cela ne m'avait jamais rien apporté de bon.
A dire vrai, il me semblait bien que les dernières fois j'avais même failli y passer en tombant dans un piège tendu par les vampires.
-Que voulez-vous à la meute d'Adam… ? Demandais-je avec suspicion.
Je ne perçus aucune odeur de crainte émanant de Nova, elle paraissait parfaitement sereine et déterminée, mais son expression blasée n'affichait aucune autre émotion depuis que je l'avais rencontrée et cela m'intriguait. Tout chez cette fille titillait ma curiosité tout en faisant hurler d'inquiétude mon instinct de survie.
Kaen nous regarda tour à tour en suçotant son biberon : il ne devait pas comprendre grand-chose à la conversation.
-J'aimerais la rencontrer, j'a quelques questions à poser à son…alpha. Mais surtout à quelques uns des leurs. Expliqua simplement Nova.
-Pouvez-vous développer… ?
-Je ne préfèrerai pas.
Comme je m'en doutais, elle hocha négativement du chef. Les Fae dévoilent rarement leurs intentions. Le dernier Fae qui m'avait fait ça m'avait conduite à l'hôpital avec en cadeau tellement de points de suture que j'en avais perdu le compte. Et il faut ajouter à cela que rien ne me fait plus horreur que d'être manipulée. Adam dit même souvent qu'il suffit de m'imposer une limite avec pour consigne de ne pas la franchir pour que je saute par-dessus dans la minute. Je ne peux pas nier ce fait-là, je déteste qu'on restreigne mes libertés.
-Dans ce cas j'ai peur de ne pas pouvoir vous présenter à Adam. Répliquai-je.
Il est vrai que j'avais déjà apporté assez d'ennuis à la meute, et j'avais comme l'impression que si j'en ramenais encore un, ce serait celui de trop. Adam avait beau être compréhensif envers moi, il avait la fâcheuse tendance à être trop protecteur également et à risquer beaucoup trop pour me tirer du pétrin. Et moi, j'avais tendance à me mettre très souvent dans le pétrin ces deux dernières années.
-Je vois. Murmura Nova. –Merci de m'avoir accordée un peu de votre temps alors, vous êtes très aimable. Je trouverai un autre moyen de les contacter.
Peut-être que ce fut le « Merci » qui me fit douter, s'il n'est pas recommandé de dire ce mot à un Fae il est encore plus improbable qu'un Fae le prononce.
-Attendez…Lançais-je alors qu'elle regroupait ses affaires.
De toute façon, elle semblait déterminée à contacter Adam, avec ou sans mon intervention, alors mieux valait que je sois présente pour avertir la meute de la possible menace. Je puisais donc dans mon lien pour l'avertir. Il ne fallut pas longtemps pour le contacter, et je souriais à l'entente de sa voix : A chaque fois que j'utilisais ce moyen de le toucher je confirmais un peu plus notre union. Ce lien m'était devenu à tel point évident, instinctif, que cela m'étonnait que j'ai un jour douté pouvoir l'utiliser.
« Mercy ? Un problème… ? » Me demanda aussitôt Adam malgré la distance.
Je le rassurai aussitôt quant à mon état : je ne risquais rien.
Mais tout de même, qu'avait-il à me demander tout de suite ça, comme si je ne le contactais qu'en cas de danger !
« J'ai rencontré quelqu'un au Garage. Une Fae et un enfant. Ils aimeraient te rencontrer toi et la meute pour te poser quelques questions.
-Une Fae ? Une Fae et un enfant… ? »
Je perçu la note d'inquiétude qu'il devait dissimuler : notre lien était omniscient.
« Je trouve ça étrange aussi…
-Peut-être qu'il s'agit d'une marraine, quel âge a le garçon, est-il un loup-garou ? »
Je n'avais pas songé à cette possibilité, tout simplement parce que pour moi il était impensable que les Fae agissent en parrain bienveillant comme dans les contes tels Cendrillon. Tout comme il m'était impossible de croire qu'un aussi jeune enfant puisse être un Loup-garou.
Contrairement à la pensée véhiculée durant ce siècle, il ne suffit pas d'une petite morsure pour devenir l'un des leurs. Généralement il faut être laissé pour mort, se trouver dans un tel état de faiblesse que les défenses immunitaires humaines abandonnent la lutte. Si l'individu ne mourrait pas durant cette période, alors la magie lycanthrope prenait le dessus et enclenchait le changement. Autant dire que peu d'adultes survivaient à une telle épreuve…Alors un enfant !
Mais je fis tout de même l'effort d'y réfléchir et de considérer à nouveau l'odeur du petit Kaen. Lui, au moins, en avait une !
« Non, ce n'est pas un loup. J'en suis presque certaine. Et il est trop jeune de toute manière.
-Etrange. Tu lui as demandé pourquoi elle veut nous voir ?
-Oui, elle ne veut rien dire.
-Cela ne présage rien de bon.
-C'est pour ça que je préfère te prévenir. Elle semble décidée à te rencontrer de toute façon, et je me méfie d'elle…Je suis incapable de percevoir la moindre odeur humaine sur elle.
-Aucune odeur ? tu en es certaine ? »
Je roulai des yeux, et même s'il était impossible qu'il ait vu mon geste, il dut percevoir mon agacement, car il grogna.
« Je n'ai jamais entendu parler d'un Fae capable de dissimuler son odeur…
-Moi non plus. Quand peux-tu la voir ?
-Est-ce que la meute doit obligatoirement être présente ? »
Le fait qu'il demande impliquait qu'il prenait la menace au sérieux et craignait pour la sécurité de ses protégés. Je transmettais la question à Nova, et celle-ci affirma, presque timidement :
-Je préfèrerais.
Je perçus le soupir d'Adam.
« J'essayerai de les réunir pour ce soir. Rejoins-moi à la fin de la journée. Mais garde un œil sur elle.
-J'ai du boulot aussi tu sais !
-Mercy…Fait attention. »
J'haussai des épaules je faisais toujours attention, enfin !
