Il était 17h, le bar venait tout juste d'ouvrir. Les gens sortaient de leur travail en douceur. Le froid envahissait petit à petit les rues pour laisser place à une belle nuit de septembre. La clientèle n'allait pas tarder à arriver, ils encombraient l'endroit à partir de 18h, Hanji avait encore du temps pour rêvasser. Les coudes appuyés sur le comptoir, elle fixait le vide se demandant bien quel potin allait fuser ce soir.
Travailler dans un pub, c'était ça. Servir les gens, discuter avec eux, connaître un morceau de leur vie le temps d'un verre. Même si ce lieu n'était qu'une facette pour eux, un trompe-l'œil afin de cacher leurs réelles activités, Hanji préférait largement son service, il était bien plus divertissant.
Elle observa un moment la ville à travers la fenêtre, la commune avait décidé sur un coup de tête d'embellir cet endroit ils y avaient ajouté pas mal de fleurs qui cachaient elle-aussi la cruelle vérité.
Il n'y avait pas foule dehors, du moins pour l'instant. Aujourd'hui, c'était happy hours jusqu'à 22h et soirée étudiante, obligatoirement, le bar serait blindé.
Une légère musique de rock passait à travers une stéréo, la brune fredonnait doucement en basculant la tête sous le rythme de l'air. Le début de service était toujours incroyablement ennuyant, en plus, elle était seule pour commencer. Petra commençait dans une heure. Pour l'instant, la rouquine avait une course à faire.
Un bruit de clochette fit sursauter la barmaid qui manqua de faire un arrêt cardiaque, elle ne s'attendait pas à entendre un client arriver si tôt. La brune se retourna prête à voir une personne âgée ou un homme d'affaire.
Seulement, elle se figea intérieurement quand elle s'aperçut qu'il ne s'agissait de ni l'un, ni l'autre. En fait, elle s'attendait à tout sauf cette personne en particulier.
De longs cheveux gris attachés en chignon, une peau assez blanche, des pupilles d'une rareté époustouflante, un violet si pur et si profond que l'on s'en détachait difficilement. Hanji garda sa surprise pour elle et accueillit la cliente avec son sourire traditionnel bien que fasciné par une telle rencontre.
Peut-être qu'elle se faisait des films sur la personne, certainement. C'était impossible qu'elle se tienne ici devant elle.
—Bonjour, je vous sers quoi ?! S'exclama la brune aux lunettes.
La jeune femme lui répondit avec un sourire poli avant de lui répondre.
—En fait, je viens déposer mon CV ainsi qu'une lettre de motivation, j'ai vu que vous recherchiez du personnel, répondit-elle.
Sa voix était angélique, douce, avec des tons teintés d'une gentillesse extrême, elle ressemblait presque à une mélodie. Elle devait forcément se tromper de personne, la jeune femme en face d'elle ne correspondait en rien à la description que tous faisaient. Il n'y avait rien de froid, rien de dangereux, et certainement aucune once de méchanceté dans ses pupilles si uniques.
Hanji prit l'enveloppe que lui tendait la grise avant de l'ouvrir rapidement intrigué de savoir son nom.
Mikaël Andreï Milkovitch
Cette fois-ci, pas de doute. C'était bien elle qui se trouvait en face. Hanji réprima son excitation et parcourut rapidement le CV des yeux. Elle était en fac d'art apparemment, en dernière année plus précisément. Elle avait travaillé pendant trois ans au Devil's Nest qui était un peu plus au nord de la ville. Voilà où elle était passée. S'il ne s'agissait que de simples coïncidences, la femme aux lunettes se ferait mangé par un titan.
Hanji releva les yeux et tenta tant bien que mal de garder son sourire excité. Mais c'était trop dur pour elle, elle avait tant entendu parler de cette personne. Et aujourd'hui, elle se trouvait sous son nez à la recherche d'emploi étudiant visiblement. La fameuse Mikaël Milkovitch était si différente de ce que disait la rue. Hanji n'en revenait pas qu'une situation aussi improbable se déroule sous ses yeux.
—Bien ! Ça te dit de répondre à quelques questions ? Il y a personne, autant en profiter ! S'exclama Hanji qui ressemblait à un enfant le jour de noël.
Mikaël fronça les sourcils doucement mais acquiesça en prenant place sur un des tabourets que lui présentait la barmaid, et patronne du bar.
—Pour commencer, pourquoi avoir quitté ton ancien job ? Commença la brune en croisant les mains. Elle était absorbée par ses yeux, ils ressemblaient à de véritables pierres précieuses. Tout dans son attitude laissait dégager une confiance en soi, cette femme rayonnait de force. C'était exactement ce qu'il fallait pour Hanji.
—J'ai déménagé il y a un mois, j'ai voulu me rapprocher de mon université. Mes horaires de cours ne correspondaient pas avec mes horaires de travail, je mettais une heure pour me rendre sur le lieu, j'ai donc démissionné, expliqua l'étudiante qui gardait un sourire professionnel.
Hanji hocha la tête se doutant bien que l'étudiante en face d'elle jouait le jeu que n'importe quelle personne jouait lorsqu'il s'agissait d'un entretien d'embauche. Elle avait quand même des doutes sur cette justification, en particulier en connaissant son passé.
—Très bien... Et tes études, tu comptes faire quoi derrière ? Continua la patronne.
—J'envisage de travailler en tant que graphiste dans une maison d'édition, répondit une nouvelle fois la grise.
—C'est un sacré projet, je suis sûr que tu y arriveras ! Hanji agita son stylo en signe d'encouragement avant de reprendre, Au niveau de ton ancien travail, tu t'occupais plus de quoi ?
Mikaël lui expliqua alors qu'elle était serveuse et barmaid, elle travaillait à temps partiel ainsi que les jours fériés. L'entretien continua encore quelques minutes avant qu'un groupe d'ami ne rentre dans le pub bruyamment. Hanji serra donc la main de sa potentielle future employée et lui dit qu'elle l'appellerait très vite. La grise quitta alors les lieux et ce fut Petra qui remplaça sa présence curieuse de savoir pourquoi Hanji sautait partout.
Plus rien ne l'étonnait avec elle.
—Petra, tu peux me remplacer quelques minutes ? Je dois aller parler à Erwin !
Elle ne lui laissa même pas répondre que la brune disparut immédiatement en coup de vent laissant Petra seule face à la ruée de clients qui se déchaînaient.
—Orio veut un supplément, il dit que son équipe touche pas assez... Tss ! Pour ce qu'ils nous ramènent, hors de question qu'ils touchent une prime ! Grogna Livaï qui expliquait la situation à son supérieur et ami.
Erwin contemplait son bureau en réfléchissant posément, confortablement installé dans son fauteuil. Une tasse de café fumant sur le meuble en chêne, tout montrait qu'il était le chef ici. Livaï était installé contre le mur avec une attitude particulièrement relax face à son patron. Mais Erwin ne relevait pas, il s'en fichait, il savait que l'Ackerman était un homme de confiance, en plus d'être son ami.
—Si ils veulent une prime, ils travaillent plus. C'est le deal, en plus, les chiffres d'Orio baissent. Ils espèrent quoi... continua l'homme aux cheveux de jais sur sa lancée, mais il ne s'attendait certainement pas à être interrompu.
La porte s'ouvrit d'un coup sur une Hanji essoufflée mais qui arborait un sourire radieux. Livaï pesta fortement, son amie devait être au bar avec Petra. Pourquoi venait-elle les déranger lorsqu'ils discutaient sérieusement affaire ? Il avait beau considérer cette femme comme sa meilleure amie, elle avait parfois, même souvent le don de l'agacer.
—Erwin, j'ai une bonne nouvelle ! S'écria la dégénérée en rigolant complètement euphorique.
—Si c'est pour nous parler d'un nouveau cocktail, barres-toi. On parle sérieusement Dingo, rétorqua Livaï sèchement voulant finir sa conversation le plus tôt possible.
Hanji poussa un grognement digne d'un dinosaure en tirant la langue à son ami qui lui jeta un regard glaçant.
—ça tombe bien, moi aussi j'ai du sérieux à vous dire ! S'écria-t-elle en reprenant son sérieux, Mikaël Milkovitch vient de passer ici et a postulé en tant que barmaid !
Livaï qui était arrivé il y a trois ans en ville ne savait absolument pas de qui cette folle parlait, mais lorsqu'il vit Erwin se relever avec stupeur de sa chaise, les poings serrés et posés sur son bureau, il comprit que cette Mikaël devait être quelqu'un d'assez spécial.
Le chef se précipita à moitié stupéfait, à moitié en train de rêver vers la brune qui tenait le CV de l'homme en question. Il lui arracha des mains le souffle court comme si on venait de lui apprendre la mort d'un proche.
—T'es sûre que c'était elle ? Demanda-t-il brisant le silence mortuaire qui régnait dans le bureau.
Hanji roula les yeux agacée que son supérieur et ami soit sceptique face à ses doutes. Elle n'était pas folle au point d'avoir des hallucinations. Frustrée qu'on ne le croit pas, elle posa un poing sur sa hanche et pencha sa tête sur le côté d'un air provocateur et mesquin.
—Des yeux aussi violets, ça loupe pas ! C'était bien une Milkovitch je te dis ! Lis !
Erwin retourna à son bureau en lisant rapidement le dossier qui lui était tendu. Il fronça les sourcils à plusieurs reprises, il avait encore du mal à croire une telle chose. La jeune femme était supposée être morte depuis des années, des rumeurs couraient qu'on avait retrouvé son cadavre mutilé dans une ruelle. Alors, pourquoi était-elle ici ?
Il se força à relire deux fois le curriculum vitæ pour être sûr de ne pas devenir fou. Mais non, c'était bien elle. Erwin reconnaissait sa filleule même après toutes ses années. Il releva finalement la tête sans cacher son choc. Livaï commençait à s'impatienter, il avait horreur de ne pas savoir ce qu'il se passait.
—La fille de Azarov était donc toujours en vie... réfléchit-il à voix haute totalement dans un autre monde. Puis, comme si une idée le frappa, il ferma les yeux avant de se prendre la tête dans les mains, Qui sait si elle travaille pour un gang quelconque... On a plus aucune nouvelle d'elle depuis 4 ans, on peut pas l'accepter ici comme ça en connaissant son passé...
Hanji manqua de s'effondrer de désespoir. Il ne pouvait pas refuser sa candidature, c'était une occasion rêvée pour eux. Et puis, Mikaël ne leur ferait jamais de mal, Erwin et son père était comme des frères, ils avaient grandi ensemble. Mais elle ne pouvait pas contredire le blond, dans ce milieu, les liens que pouvaient entretenir un parent avec un ami n'avaient aucune valeur.. La pègre ne considérait que l'argent.
—Peut-être qu'elle n'est plus dans le business... commenta celle-ci avant de se faire couper la parole par le noiraud.
—C'est qui cette Mikaël ? Je peux savoir ce qu'il se passe bordel ?
Erwin releva la tête lentement se demandant sérieusement pourquoi une telle chose leur tombait dessus maintenant. Certes, il était ravi de la savoir en vie, mais connaissant la jeune femme, il savait que lorsqu'elle se montrait, c'est qu'elle s'apprêtait à frapper, et le problème, c'est qu'elle frappait fort.
Il fixa son subordonné avant de réfléchir comment il lui expliquerait la situation.
—Il y a quelques années en arrière, les frères Milkovitch dirigeaient un gang important dans la ville Maria. Ils n'étaient pas connus pour leur tendresse, et de ce fait,ils avaient beaucoup d'ennemis. Mais c'était les rois de la ville. Ils dirigeaient tous les autres gangs et personne ne leur cherchait d'emmerdes sur leur territoire. Tout le monde les respectait.
Le petit noiraud écoutait attentivement ayant eu vent d'une telle histoire au cours de ses courses nocturnes. Erwin semblait assez nostalgique et on sentait une pointe de tristesse dans sa voix.
—En quoi ça concerne la gamine ? Demanda celui-ci qui avait déjà un doute sur la réponse.
—Elle a que deux ans de moins que toi tu sais, elle est pas si gamine que ça ! Rétorqua Hanji qui surgit de nul part avant de se faire rembarrer.
Erwin roula les yeux face à leur comportement avant de reprendre d'un ton calme.
—Un des Milkovitch avait une fille, apparemment, il l'aurait éduqué de manière à ce qu'elle reprenne la suite du gang si jamais ils venaient à mourir. Je te le répète, les Milkovitch, c'était des tarés. Il y a des rumeurs qui disent que sa gamine aurait torturé et buté Darius pour avoir osé s'opposer à leur gang.
L'ambiance dans le bureau devint soudainement plus lourde. Tout le monde connaissait ses rumeurs, elles n'étaient pas infondées, loin de là. Le type n'avait plus aucune dent, des hématomes sur chaque partie de peau, sans parler des doigts qu'il lui manquait. Certains qui s'opposaient à ce régime auraient même reçu les doigts manquants en guise de message.
Travailler avec la grise semblait assez moins intéressant tout à coup pour Hanji qui se rappelait soudain cette histoire.
—Un jour, les stups ont voulu démanteler leur gang. S'en est suivi une guerre entre police et mafia, mais finalement, le père de la gosse s'est fait buté par la DEA et son oncle s'est retrouvé en taule. Pour les autres gangs, c'était une occasion en or de reprendre le pouvoir. Une chasse sur la tête de Mikaël et sa mère a commencé. Tous voulaient la tuer pour se débarrasser définitivement des Milkovitch, mais tous voulaient aussi l'avoir dans son équipe. Enfin bref, elle a disparu, elle et sa mère, il y a quatre ans de cela. Tout le monde la pensait morte quand on a retrouvé un cadavre qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Mais il était tellement mutilé qu'on a conclu qu'il s'agissait d'elle, on a jamais eu accès aux documents officiels de la police sur ce cadavre.
Après un moment de silence, Livaï poussa un large soupir avant de poser une dernière question, relevant la tête en arrière d'un air las.
—C'est quoi le lien avec notre mafia à nous ? On est à Trost ici, pas à Maria.
—Son père et moi, on était ami et allié. D'ailleurs, je suis le parrain de sa gamine par la même occasion.
Cela jeta un dernier froid dans la pièce déjà bien installé. Livaï n'était pas idiot, il comprenait bien la merde dans laquelle ils étaient. Hanji restait perplexe et fixait le sol pour cacher son inquiétude.
Erwin parut réfléchir une nouvelle fois avant de se déclarer. Certes, il éprouvait une certaine méfiance envers sa filleule, connaissant son caractère impulsif et solitaire, mais il ne pouvait absolument pas la laisser seule. Il ne pouvait pas faire ça à son ancien ami qui considérait son enfant comme la prunelle de ses yeux.
—Livaï, tu vas la suivre quelques temps, je veux savoir si elle est encore dans le milieu ou non. Ensuite, on avisera. On l'embauchera peut-être en tant que barmaid.
Le concerné saisit alors le CV de la jeune femme. Il resta bouche-bée, à vrai dire, lorsqu'Erwin lui avait dit qu'elle avait torturé un type, il s'attendait plutôt à une colosse. Au lieu de ça, elle ressemblait à n'importe quelle jeune femme de son âge. Certes, il devait l'avouer, elle était plutôt belle, et bien formée. Mais suivre cette gamine ne l'enchantait pas, il allait passer plusieurs semaines à boire du café dans sa voiture.
Jour 1 :
Livaï ne s'attendait pas particulièrement à ce qu'elle est une vie intéressante. Elle était étudiante, qu'est-ce-qu'elle ferait de plus hormis aller en cours et étudier ? Sauf si les doutes d'Erwin se confirmait et qu'elle travaillait encore en tant que mafieuse. Grâce à son CV, il avait trouvé son adresse plutôt facilement. Elle habitait pas loin du campus universitaire, il connaissait plutôt bien ce quartier pour avoir fait pas mal de livraison ici. Les étudiants étaient des clients fidèles, pour le bonheur de son salaire. Mais ce quartier là, ce n'était pas un endroit très accueillant, ni le plus chaleureux de la ville. Cependant, ça tombait de sens. Ici, personne ne la trouverait.
Il se retrouvait donc à 21h devant chez elle, installé dans sa voiture, café en main, le son de la radio grésillant en fond sonore.
Elle habitait au quatrième étage, fenêtre de droite plus précisément. Il n'y avait aucune lumière, soit elle dormait, soit elle n'était pas chez elle. La question était bien entendu : si elle n'était pas ici, que faisait-elle ?
L'homme aux cheveux ébènes poussa un large soupir avant de regarder l'heure. Seulement 15 minutes s'étaient passées, il n'allait pas se mentir, c'était effroyablement ennuyant.
Il en avait eu des gens à suivre, mais ils avaient le mérite d'avoir une vie un minimum passionnante.
La rue était sombre, le peu de passants semblaient se dépêcher très peu à l'aise de se promener ici en pleine nuit. La lumière des lampadaires clignotaient éclairant faiblement la ruelle. Il ferma un instant ses yeux conscient qu'il resterait ici encore quatre heures. Quatre longues heures...
Un bruit le sortit brusquement de sa rêverie, la fameuse Mikaël Milkovitch venait de descendre d'une petite voiture rouge. Elle salua d'un geste de main le conducteur avant de taper le code de la porte de son immeuble. L'échange avait été bref et rapide, mais c'était le deuxième fait le plus intéressant que Livaï avait noté depuis une heure. Le premier étant qu'un chien avait failli pisser sur sa voiture.
Elle s'apprêta à pousser la porte quand la jeune femme s'arrêta à mi-chemin. Son visage se crispa quand elle fixa les alentours, gardant avec précaution sa main dans sa poche, poche qui cachait sûrement une arme. Elle analysa les alentours quelques secondes avant de secouer la tête et de rentrer.
Livaï se doutait bien qu'elle devinerait facilement qu'elle serait surveillée, après tout, elle vivait dans la fuite depuis quatre ans. Elle n'était pas dupe, loin de là. Elle savait protéger ses arrières, il pouvait au moins lui accorder ça.
La nuit se passa et finalement, rien d'anormal. Livaï rentra donc chez lui avant de reprendre le lendemain. Il devait la suivre jusqu'en cours, et aussi, savoir qui était le type à la voiture rouge.
Jour 2 :
Le noiraud s'était couché à 1h du matin pour se lever à 7h, cela faisait des années qu'il n'avait pas mis les pieds dans une fac, et à dire vrai, il répugnait à y retourner. Ce n'était clairement pas son lieu de prédilection.
Alors il se retrouvait une nouvelle fois dans sa voiture à attendre qu'une troupe d'étudiant passe pour se fondre dans la masse. L'attente fut assez brève. Très vite, une ruée d'étudiant entra dans l'immense établissement. D'ailleurs, Mikaël s'y trouvait, elle discutait avec un brun plus grand qu'elle. Il avait remarqué que la voiture rouge appartenait au brun en question. Problème résolu.
Livaï sortit de sa voiture et prit son temps pour rentrer dans l'établissement, il suivit de loin la jeune femme ainsi que son ami, ou petit-ami qui sait. Les cours ne commençaient que dans une vingtaine de minutes. L'ancienne mafieuse, ou non, attendait donc dehors en compagnie d'autres personnes, une grande aux cheveux noir, un petit au cheveux longs et blond, un aux cheveux gris, et un chauve.
C'était une sacré bande, et il devait savoir leur nom afin de faire des recherches sur eux. Lassé d'être ici, il prit une cigarette qu'il roula en silence dans son coin. Il sortit son briquet et l'alluma. Il n'aimait pas fumer, c'était une sale habitude qu'il avait prise étant gamin. Mais il n'avait pas le choix, déjà qu'il était constamment énervé, s'il lui manquait de la nicotine dans les veines, l'homme aux cheveux noir de jais finirait par tout tuer.
—Excusez-moi, vous n'avez pas le droit de fumer ici, il y a un coin fumeur...
Une voix douce l'interrompit dans ses pensées. Il dévisagea la personne qui osait venir le faire chier de si bon matin. Livaï tomba sur une petite femme, avec de longs cheveux dorés, son visage laissait transparaître de la bonne humeur. La petite femme frissonna lorsque le noiraud posa son regard froid sur elle, elle lui lança alors un petit sourire pour se rattraper.
—Enfin, je préfère vous le dire... Je sais que les profs sont assez exigeants, se justifia celle-ci gênée.
Livaï soupira intérieurement, c'était bon à savoir s'il voulait rester sur le campus pour en apprendre plus sur l'autre. Il se résigna donc à rejoindre ce fameux coin fumeur, contre son gré.
—Et il est où ton coin fumeur gamine ? Demanda-t-il avec son air nonchalant habituel.
Elle lui montra d'un geste délicat le lieu où la grise était, cigarette en main également. Il roula les yeux et allait se rendre sur le lieu dit quand une autre étudiante intervint.
—Historia, si il veut se faire virer laisse-le, tu peux pas aider tout le monde !
—Tout le monde n'est pas comme toi Ymir ! Répondit la dénommée Historia.
Livaï préféra les laisser gérer ce mal-entendu et partit rejoindre le coin fumeur qui n'allait pas tarder à partir en cours de toutes manières. Il se mit dans son coin tranquillement à l'abri des regards et profita pour écouter la conversation.
Aucun ne semblait avoir remarqué sa présence, de toutes façons, il avait toujours su jouer au fantôme. Ce n'était pas Hanji qui allait surveiller quelqu'un, cette folle aux lunettes se ferait repérer à des kilomètres.
Il tendit l'oreille pour écouter la discussion du petit groupe qui semblait dénuée de sens.
—La ferme Jean ! Je suis sûr que j'aurais des meilleurs notes que toi au semestre ! Grogna le brun.
—Jäger, le prends pas mal mais tu te foires toujours... rétorqua le supposé Jean.
A peine avait-il commencé à écouter qu'il avait déjà deux noms. Il faut dire que c'était assez facile de soutirer des informations avec eux.
—Eren la frappe et Kirschtein, vous comptez réellement vous battre avant le cours de Pondichon ? Soupira Mikaël en roulant les yeux et en écrasant sa cigarette terminée.
—Laisses-les, tu sais très bien qu'ils sont comme des animaux... s'exclama le chauve.
—Elle a quelque chose à rajouter la vieille ? Attaqua le « Jean ».
—Si tu savais garçon... ricana celle-ci avant de saisir son sac et de s'en aller prendre une place dans l'amphithéâtre.
Alors que les cours commencèrent, Livaï se rendit au bar afin de rechercher qui était les amis de cette fille. Il salua vaguement Hanji pour éviter toute conversation de deux heures avec. Elle était peut-être son ami, elle était pire qu'un moulin à parole. Il prit un café et entama ses recherches.
Jean Kirschstein
Eren Jäger
Il les trouva rapidement sur Facebook, la jeune femme n'ayant aucun réseau social, il devrait faire avec ceux de ses connaissances. Il ne trouva pas grand chose mais une chose était claire, ses potes de fac n'avait rien à voir avec la pègre. Livaï savait cerner les gens, et eux, ils n'étaient que de simples étudiants.
Il soupira frustré, et dire qu'il allait faire ça encore longtemps. Il n'était pas sorti de cette affaire.
—Alors ! La petite Milkovitch, ça avance ?! S'écria Hanji avec excitation.
Le noiraud leva les yeux pour rencontrer ceux de son amie qui trépignait sur place. Elle ressemblait vraiment à une gamine quand elle le voulait.
—Elle a la vie la plus ennuyante du monde si tu veux savoir...
Hanji parut déçue mais ne se laissa pas abattre pour autant. Elle releva la tête et plaqua un sourire sur ses lèvres avant de lui répondre.
—Alors elle pourra venir travailler ici !
Cette femme était irrécupérable, il n'y avait pas à dire. De plus, Livaï ne comprenait pas pourquoi elle tenait tant que ça à l'embaucher. C'était juste une ancienne mafieuse, ils fréquentaient la pègre nuit et jour. Elle ne manquait pas de ce type de personnes. Mais il ne chercha pas à comprendre sa collègue, elle agissait parfois avec une volonté inconnue.
Une semaine plus tard...
Toujours la même chose, à quelques différences près. La même routine que Livaï suivait depuis maintenant sept jours. Entre cours, études et appartement, c'était tout ce qu'il avait à déplorer. Erwin paraissait un peu plus rassuré et proposa à Hanji de la prendre en essai. Si tout se passait bien, elle commencerait d'ici deux semaines. En attendant, Livaï était chargé de faire la même chose encore et encore. Mais il devait encore faire une chose pour être sûr que la jeune femme n'était pas leur ennemi, et ça, ça ne serait pas une mince affaire.
