Disclaimer : Les personnages et l'univers d'Harry Potter sont à J.K. Rowling. La fic appartient à Hannah-1888. La traduction est à moi, je suppose.
Note : Ceci étant une suite, il est préférable de lire la première partie d'abord. Personne ne vous empêche de commencer par ici, ceci dit, mais je ne le recommande pas :)
Le titre anglais de cette deuxième partie est The Diary of a Somebody, mais comme je n'ai pas trouvé de traduction satisfaisante, je me suis contentée d'ajouter une "Partie 2" à mon Journal d'un inconnu, titre emprunté à Cocteau. Je suppose que vu la différence d'âge entre Hermione et Severus et les réflexions faites par ce dernier sur le sujet dans ce premier chapitre j'aurais pu emprunter à Bukowski son Journal d'un vieux dégueulasse mais je ne suis pas certaine que Severus apprécierait, lol.
Merci d'avance à ceux qui voudront bien me suivre dans cette nouvelle année des aventures de notre Severus !
Journal d'un inconnu : Part II
Jeudi 12 Janvier
15:00 — A la Maison.
Ceci est donc mon journal intime. A nouveau.
J'avais précédemment décidé de ne pas continuer à en tenir un mais, malheureusement, Hermione m'a acheté ce nouveau carnet pour mon anniversaire. Il a bien fallu que je fasse semblant d'être ravi, pas vrai ? J'aurais difficilement pu dire que je n'étais pas intéressé. Heureusement, elle ne me l'a pas donné en personne et n'a donc pas pu entendre mon grognement de résignation.
Il va me falloir m'en servir - ou à tout le moins avoir l'air de m'en servir - autrement elle s'en trouverait offensée, et il est bien trop tôt pour cela. Je ne voudrais pas mettre les pieds dans le plat pour l'instant.
J'attendrais d'être certain de pouvoir m'en tirer sans dommages - sans qu'elle me largue, pour être précis.
17:00
Je ne voulais même pas d'un cadeau d'anniversaire. Quel ingrat je fais, n'est-ce pas ? Je ne lui avais pas dit que c'était mon anniversaire, préférant garder toute référence à mon grand âge au strict minimum. Ma philosophie jusqu'ici est que si je l'ignore assez longtemps, peut-être pourrais-je oublier la différence d'âge... bien que j'aie effectivement promis de ne pas y attacher d'importance...
Dans cette optique, dirons-nous... j'ai quarante-six ans, et alors ? Il me semble avoir eu quarante-six ans toute ma vie. Cela ne devrait donc pas faire de différence.
Et voilà — aucune importance.
Donc, je ne l'ai pas informée de ma date de naissance, mais les événement, échappant à mon contrôle, se sont chargés de rectifier cet oubli.
Le jour qui suivit mon anniversaire, j'avais rendez-vous avec elle après le travail pour prendre un verre au Chaudron baveur. Tout se passait bien ; le pub était relativement calme ; nous ne manquions pas de sujets de conversation ; je commençais même à vaguement me détendre, ce qui, pour être honnête, en dit beaucoup. Tout allait bien, donc, jusqu'à ce que, jetant un oeil aux alentours, je rencontre accidentellement le regard de nul autre que Draco Malfoy en personne.
Pourquoi a-t-il fallu que cela arrive ? Il m'aurait probablement ignoré si je ne l'avais pas regardé. En l'occurence, il se dirigea vers nous, avec cet air narcissique qu'il ne semble pouvoir gommer de son visage.
'Attention,' murmurai-je et Granger regarda derrière elle, perplexe.
'Bonjour... Severus... Oh, et... Granger,' dit-il, et si nous avions manqué de remarquer le dégoût qu'affichait son visage, le ton de sa voix ne nous laissait aucun doute quant à son mépris.
'Draco.' Quel malheur de tomber sur toi.
'J'espère que vous allez... bien ?'
'Ça va.'
'Je ne peux pas rester,' ajouta-t-il. 'J'ai du travail qui m'attend.'
Comme si nous avions prévu de lui demander de se joindre à nous.
'Bonne journée, donc...' Son regard passa d'elle à moi avec un vague dédain.' Oh, et joyeux anniversaire en retard, pour hier.'
Granger tressaillit visiblement, tandis que mes yeux lançaient des éclairs dans le dos de Draco qui s'en allait.
Qu'ont les Sang-Purs avec leur ridicule sens de la propriété ? Je n'ai eu aucun contact avec les Malfoy depuis des années ; aucun d'eux ne m'a jamais pardonné ma 'trahison' (ce qui ne m'empêche pas de dormir, pour être franc). Mais l'étiquette dicte que l'on se salue, que l'on se souhaite un bon anniversaire, et parfois même que l'on envoie une carte pour Noël, et ce quelle que soit la froideur de nos relations.
Quoi qu'il en soit, Granger me fixait, contrariée, et dit, 'Pourquoi ne m'as-tu pas dit que c'était ton anniversaire hier ? Je t'aurais acheté un cadeau.'
Un cadeau ? 'Je n'ai aucun besoin de cadeaux,' dis-je d'un ton impérieux. 'Je ne fête pas mon anniversaire.'
J'aurais dû savoir que cela ne serait pas encore assez clair et limpide pour elle.
'Tu aurais quand même dû me le dire. J'aurais —'
'Un cadeau ? Vraiment ? Qu'aurais-tu donc bien pu m'offrir ?'
Elle ouvrit et referma la bouche plusieurs fois. 'Eh bien, je n'en sais rien maintenant, mais j'aurais bien trouvé quelque chose.'
'Eh bien... à présent tu peux t'épargner cette peine.'
Elle parut un peu vexée tout l'après-midi. Je ne vois pas pourquoi. Elle doit bien avoir remarqué que je suis une personne secrète. Elle ferait mieux de s'habituer à ma réticence maintenant, ou je prévois d'énormes problèmes dans notre futur.
Et donc, elle ne prêta aucune attention à mes protestations, et le jour suivant un foutu hibou apparut avec ce carnet vierge. La note qui l'accompagnait disait, 'Je promets de ne même pas ne serait-ce que poser les yeux sur ce journal-ci.'
Elle a intérêt ! Merlin !
Peut-être devrais-je me résoudre à ne pas écrire à son sujet du tout, au cas où je m'oublie et laisse ce carnet sans surveillance.
Bien sûr. Et de quoi d'autre pourrais-je bien parler ?
Cela n'a guère d'importance, de toute manière. Le nombre de sorts que j'ai placé sur ce second journal est tel que cela me prend une bonne quinzaine de minutes avant de pouvoir l'ouvrir, sans parler des dix minutes dont j'ai besoin pour enlever le sort qui camoufle mon écriture.
Ce sortilège d'obscurcissement est ma création et j'en suis très content. Je l'ai testé l'autre jour quand Granger et moi étions au Chaudron baveur. Tout en fouillant mes poches pour trouver de la monnaie, j'en ai sorti un bout de parchemin et l'ai placé avec désinvolture sur la table. Dessus était écrit en gros 'WEASLEY EST UN BRANLEUR !' et elle l'a regardé sans même cligner.
Oh, j'ai appris ma leçon, pour sûr.
17:30
En y réfléchissant, je suis vaguement satisfait à l'idée d'avoir un nouveau journal. Cela me donne quelque chose à faire. Il est amusant de constater à quel point cela m'a manqué de me poser avec une tasse de thé et de prendre la plume pour transcrire les événements de la journée.
Triste, je sais.
Samedi 14 Janvier
16:30 — A la Maison.
Je sors avec Granger ce soir. C'est seulement notre deuxième rendez-vous officiel. La première fois nous sommes allés au Chaudron baveur pour le dîner et tout s'est bien passé. Ce n'a pas été un désastre complet. Du moins, je ne crois pas. Il m'a fallu boire un peu pour me donner la forcer d'y aller sans céder à la panique, donc tout est un peu flou...
(Je n'ai à dire vrai jamais cédé à la panique de ma vie, et pourtant, il y a eu de nombreuses fois en sa compagnie où j'ai réellement cru que c'était imminent.)
Il n'y a pas eu trop de silences inconfortables. Même si son discours sur je ne sais quel article de loi a duré un peu trop longtemps à mon goût. Même elle ne peut réussir à rendre intéressants les rouages du Magenmagot. Ceci dit, ce n'est pas comme si j'avais de meilleurs sujets de conversation à proposer. Et je préfère l'entendre parler que le contraire. Ha.
La perspective de la voir me remplit d'une certaine satisfaction et, oui, de crainte. Une quantité significative de crainte, pour être franc. Je ne peux pas m'en empêcher !
Quoi qu'il en soit, elle avait suggéré que ce soir nous explorions notre côté Moldu, car apparemment la population magique n'a que très peu d'appréciation pour la cuisine en dehors de la tambouille que l'on sert au pub.
J'avais envie de lui dire que je n'ai purement rien à faire de ce que je mange. Tout a le même goût pour moi quand mon esprit est occupé à s'assurer que je ne me couvre pas de ridicule devant elle. Le conseil que tout un chacun donne dans cette situation est de 'rester soi-même,' mais honnêtement ? Est-ce vraiment un très bon conseil en ce qui me concerne ?
Je suppose qu'il est temps pour un changement de décor, mais... au moins, la familiarité du Chaudron baveur me procurait un certain confort.
16:45 — Chambre.
Et que suis-je censé porter ?
Apparemment, ce n'est pas suffisant que je doive m'adapter à un établissement Moldu inconnu qui pourrait aussi bien servir des horreurs immangeables plus prétentieuses les unes que les autres. Non, en plus il me faudra subir tout cela en étant engoncé dans ces vêtements ridicules que les Moldus affectionnent tant.
Fantastique.
16:55 — Garde-robe au bord de la démolition.
Je n'ai que des chemises blanches. Hmmm...
Si l'on ne compte pas mes robes, il semblerait que je ne possède rien d'autre que des chemises blanches. Je ne peux pas sortir en blanc. Le blanc me fait me sentir trop exposé ; je ne peux pas porter de blanc à moins qu'il ne soit recouvert par quelque chose d'autre, de longues robes de sorcier noires par exemple.
Par ailleurs, que se passera-t-il si je me tache ? Je ne pourrais pas effacer la tâche d'un coup de baguette.
Même à moi il m'est arrivé de faire tomber de la nourriture de ma fourchette à un moment ou à un autre. Personne n'est parfait, après tout.
Il va me falloir changer la couleur d'une de ces chemises par magie...
Hmm...
17:05
Gris, peut-être ?
Bleurgh.
23:30 — A moitié soûl ; ai à peine survécu à cette soirée.
Oh Merlin.
La soirée a légèrement tourné au désastre cette fois-ci. Il y a des jours où les choses ne peuvent que mal tourner. Aujourd'hui était l'un de ces jours.
J'ai Transplané jusqu'à chez elle et ai frappé à la porte. Jusque-là, tout allait bien. Au moins ai-je réussi à ne pas gâcher cela.
Mais... lorsque la porte s'est ouverte et que je l'ai vue se matérialiser devant moi, j'ai bien peur de ne pas avoir su contrôler l'expression de surprise qui a envahi mon visage. C'était... Il y avait ce que l'on pourrait considérer comme un détail dans son apparence qui m'a... C'était inattendu, voilà tout — je n'ai pas pu m'empêcher de rechigner légèrement. (Je réalise à présent que c'était une erreur de ma part.)
'Quelque chose ne va pas ?' s'enquit-elle avec inquiétude.
'Oh, non, ah... Tes cheveux...' Pourquoi ai-je dit cela ? Pourquoi ai-je attiré son attention là dessus ? J'aurais dû prétendre que le froid me faisait frissonner, ou... tout sauf la vérité !
Sa main se porta à ses cheveux, qui lui tombaient sur les épaules. 'Oh... Je les ai raidis,' expliqua-t-elle froidement. Une explication superflue, d'après moi.
Pourquoi ? me demandai-je. S'il y avait une chose sur laquelle j'étais certain de pouvoir compter, c'était bien que les cheveux de Granger resteraient toujours aussi volumineux que bouclés. Toute autre possibilité était inenvisageable. J'avais le sentiment d'avoir mis les pieds dans un univers parallèle.
'Ca ne te plaît pas...'
Oh, que c'était embarrassant ! J'ai encore envie de me recroqueviller sur moi-même rien que d'y penser.
Je me demandais bien pourquoi nous avions cette conversation, mais ce n'est tout de même pas ma faute si je m'attendais à voir Granger et pas un sosie aux cheveux lisses, si ?
'Non, non...' ai-je commencé à dire mais elle m'a dépassée, et je suis certain de l'avoir entendue marmonner 'Je me fiche de ce que tu penses, de toute manière.'
Oh Seigneur. J'admets que je n'ai pas particulièrement apprécié un changement aussi abrupte, mais je ne la trouvais pas pour autant moins... convenable. Un très mauvais choix de mots, j'en ai peur, mais je n'ai pas l'habitude d'exprimer ce genre de choses, même dans mes pensées.
'Tu as l'air, um, charmante,' réussis-je à lâcher, et aussitôt l'envie de disparaître de la surface de la Terre m'envahit.
C'était une tentative de réconciliation un peu désespérée, mais c'est tout ce que j'ai pu trouver. Bien que je doute que ce soit le rêve de toute femme d'être décrétée "um, charmante" elle m'a néanmoins parue un peu moins... sur la défensive, et j'ai pu m'autoriser à respirer à nouveau. Je garderais mes réflexions pour moi dorénavant et m'arrangerais pour être préparé à tout ce qu'elle pourra inventer. Cheveux roses ? Très bien. Vêtements ridicules ? Je ne cillerais même pas.
J'ai détesté le restaurant où elle nous a emmenés. Je savais qu'il allait être rempli de Moldus, mais il y en avait partout. Je jurais atrocement dans le décor. Je ne me suis pas senti aussi mal à l'aise depuis longtemps. Il me semblait que nous attirions plus de regards en coin que si nous nous étions trouvé dans un établissement magique. Les sorciers se montrent souvent plus aveugles aux bizarreries de la nature que les Moldus. Et il faut l'admettre ; Granger et moi ensemble entrons parfaitement dans cette catégorie. Il ne servirait à rien de prétendre le contraire.
La nuit menaça à nouveau d'entrer dans les annales de l'absurdité lorsque le serveur prit ma commande, et demanda : 'Et que prendra votre fille ?'
Formidable ! Il ne manquait plus que cela !
'Oui, espèce d'abruti décérébré !' avais-je envie de hurler. 'Je suis en plein milieu d'un romantique dîner aux chandelles avec ma foutue fille !'
Merlin !
Je jetai un regard consterné à Granger, me demandant si je la surprendrais rouge d'embarras, mais elle examinait tranquillement son menu. Le flegme personnifié.
'Sa fille,' a-t-elle dit d'un air pensif, 'prendra les pâtes à la carbonara, s'il vous plaît.'
Le serveur s'éloigna et je la fixai, ébahi.
'Ecoute,' a-t-elle dit. 'Ce ne sera probablement pas la dernière fois que cela arrive, alors autant nous en amuser.'
Pardon ?
'C'est simple ; au moment de partir, tu n'auras qu'à m'embrasser en plein sur les lèvres et ce sera bon ; il sera traumatisé à vie.'
Vous y croyez, vous ? Parce que moi non.
Elle est peut-être capable de voir le bon côté d'un faux pas pareil, mais je ne suis pas certain de le pouvoir. Pas encore, en tout cas. Je ne sais pas si je devrais voir sa désinvolture de façon positive - considérer que cela signifie qu'elle est déterminée à ne laisser personne se mettre entre nous. Ou si je devrais la prendre de façon négative et considérer qu'elle s'en fiche parce que ce qu'il peut y avoir entre nous n'est qu'un... amusement.
D'ailleurs, tout va bien pour elle, n'est-ce pas ? C'est moi qui serais le réceptacle des jugements à l'emporte-pièce et du mépris des gens, puisque je suis l'homme, l'homme plus vieux, de cette relation. Et tout cela sans mentionner mon passé douteux et mon actuel manque de perspectives professionnelles — ou de perspectives en général.
Serais-je un éternel insatisfait ?
Je pourrais avoir tout ce dont j'ai toujours rêvé et trouver quand même le moyen d'y voir des défauts.
Je ne sais pas. La soirée ne s'est pas très bien passée. Je crois m'être montré assez distant ; mon esprit ressassait l'incident avec cet imbécile de serveur. Pour faire court, nous avons parlé. Nous avons mangé. Nous sommes rentrés.
Cela ne me surprendrait pas si je n'entendais plus parler d'elle durant un certain temps.
Humph.
Je vais aller me servir un verre. Un grand verre.
Mardi 17 Janvier
16:00 — A la Maison.
Je viens de jeter un oeil aux offres d'emploi de la Gazette du Sorcier.
C'est un peu perturbant à vrai dire. Certains employeurs demandent à connaître les raisons pour lesquelles vous avez quitté votre précédent emploi. Pourrais-je m'en tirer avec 'Je n'aurais pas pu supporter de passer une minute de plus dans cette antichambre de l'enfer' ? Et... Je préfère ne pas réfléchir aux raisons pour lesquelles j'ai quitté Poudlard, et encore moins les écrire.
D'ailleurs, mon C.V. est un document assez vague. Aucun problème du côté de mes diplômes, bien sûr ; le problème vient du reste.
Expérience professionnelle :
1981 - 1996 : Maître de Potions/Directeur de la maison Serpentard — École de Magie et de Sorcellerie de Poudlard.
1996 - 1997 : Professeur de Défense contre les forces du Mal/Directeur de la maison Serpentard — École de Magie et de Sorcellerie de Poudlard.
1997 - 1998 : Directeur de Poudlard — École de Magie et de Sorcellerie de Poudlard.
2001 - 2004 : Employé — Département des Mystères. Ministère de la Magie.
(Jusqu'ici, tout va bien.)
Aptitudes :
Préparation de potions — peux préparer du Tue-loup avec une main attachée dans le dos (ha!). Occlumencien exceptionnel. Legilimencien compétent. Connaissances approfondies des sorts... et contre-sorts. Excellent en vol. Doué pour l'espionnage.
Accomplissements notables :
Ancien membre des Mangemorts. Membre de l'Ordre du Phénix.
Aargh!
C'est proprement ridicule. Suis-je autorisé à ne pas mentionner certains détails de mon passé, dans l'espoir qu'il existe encore quelques personnes sur cette planète qui ne connaîtraient pas déjà toute l'histoire de ma vie ? Soyons réalistes ; combien d'employeurs seraient contents de voir mon nom sur une liste de candidats ?
Mon poste au Ministère m'est tombé dessus. A dire vrai, tous mes postes me sont tombés dessus. Je ne me suis jamais présenté pour aucun. Je n'en ai jamais voulu aucun. Pas même celui de Défense contre les forces du Mal.
Peut-être devrais abandonner mes recherches et attendre qu'un nouveau travail me tombe dessus ? Tout vient à point à qui sait attendre, après tout.
18:00
Un coup d'oeil à mon coffre chez Gringotts me suggère d'abandonner cette dernière idée.
J'ai calculé que je ne suis qu'à quelques mois de l'insolvabilité.
18:10
Merlin. J'espère que Granger n'a pas des goûts de luxe. Je suis fichu si c'est le cas.
Jeudi 19 Janvier
Me suis rendu chez l'apothicaire aujourd'hui. Apparemment Jigger est mort. Il se serait pris une caisse de tritons sur la tête.
Dommage.
Samedi 21 Janvier
Pas de nouvelles de Granger depuis notre dernier rendez-vous. Cela fait une semaine. Combien de temps suis-je censé attendre ? Si je n'ai pas eu de ses nouvelles dans un mois, je saurais qu'elle a décidé qu'elle ne peut pas me supporter. Mais une semaine, ce n'est pas si grave, si ?
Et, en fait... je suppose qu'il faudrait que j'envisage de la contacter moi-même à un moment donné, n'est-ce pas ? C'est elle qui a tout organisé jusqu'ici.
Oh, Seigneur. Pourquoi me suis-je laissé embarquer dans toutes ces... inepties ?
18:00
Mais pour être honnête... je sais exactement pourquoi.
18:09
Nous y voilà. Je n'ai plus qu'à lui envoyer un mot et prier que tout se passe bien.
Chère Hermione,
Quand nous réunirons-nous maintenant tous deux ? Sera-ce par le tonnerre* —
Non, restons sérieux.
Chère Hermione,
Me ferais-tu l'honneur de m'accompagner pour dîner —
Cela me paraît un peu trop guindé.
Chère Hermione,
Le Chaudron baveur. Lundi. Sept heures.
Sois là.
J'aimerais croire que je pourrais me montrer aussi brusque sans risquer de représailles, mais... mieux vaut ne pas tenter le sort.
Chère Hermione,
J'aimerais beaucoup te revoir —
Un peu désespéré, ne croyez-vous pas ?
Bah. Je ne sais rien faire de bien. Je ne suis bon à rien.
18:30
J'ai finalement réussi à lui envoyer une courte missive. Je suis certain de mourir de honte et d'embarras si elle ne me répond pas.
20:00
Pas de réponse pour l'instant.
Dimanche 22 Janvier
09:30
Toujours pas de réponse.
Humph.
21:00
Je n'ai toujours pas reçu de réponse. Commence à m'inquiéter.
Lundi 23 Janvier
11:00
Je suis sorti ce matin acheter la Gazette du Sorcier, afin de me pencher sur les recherches d'emplois. Quelle perte de temps. Je n'ai rien trouvé. Que vais-je bien pouvoir faire ?
Il n'y a aucune chance que je retourne en rampant au Ministère. Et je ne vais pas non plus me tourner vers Poudlard.
Quel triste constat — au chômage et snobé.
Trop tôt pour un verre...? Probablement. Toutefois, quel mal cela peut-il faire d'ajouter alcoolique à la liste ?
Voilà : Je suis un chômeur snobé et alcoolique.
Parfait.
21:30
Une enveloppe portant l'écriture de Miss Granger vient d'arriver par hibou...
Après des heures et des heures passées sur les dents, j'ai maintenant peur de l'ouvrir.
21:40
Je peux respirer à nouveau. Nous sortons Samedi soir. Suis déterminé à faire un effort particulier pour éviter le désastre cette fois. Oui. Suis déterminé. Rien ni personne ne pourra ternir cette soirée.
Et mon visage, cette fois, ne sera qu'un masque impassible au moment où je poserais les yeux sur elle. Rien ne me décontenancera.
Jeudi 26 Janvier
Samedi arrive vite mais c'est tout ce que j'écrirais sur le sujet.
Rien d'autre jusqu'à ce que ce soit terminé — je ne réussirais qu'à m'énerver tout seul.
Samedi 28 Janvier
23:30 — A la Maison.
Première chose à signaler : j'ai survécu. Elle aussi, bien sûr.
A mon grand soulagement, elle n'a pas mentionné notre désastreuse balade au restaurant Moldu de la semaine dernière. Ses cheveux étaient bouclés au possible ; j'ai pu me fondre dans le décor familier du Chaudron baveur — tout allait bien.
Jusqu'à ce qu'elle se mette à parler.
'Qu'as-tu fait de ta semaine ?' demanda-t-elle, l'air réellement intéressée.
Mon esprit se vida. En vérité, il ne s'est pas vidé, à proprement parler ; il était déjà vide parce que je n'ai rien fichu de la semaine. Je n'allais pas lui dire cela, bien sûr. Je voulais garder une certaine image d'homme intriguant.
'Eh bien,' dis-je vivement. 'Je profite du fait que ma recherche d'emploi poursuive son cours pour travailler à quelques projets personnels. J'écris un livre, vois-tu.'
Oh mon Dieu. Pourquoi ai-je dit ça ? C'est la faute de ce stupide journal. Ecrire là-dedans, voilà à peu près tout ce que j'ai fait cette semaine. Et qui dit journal dit livre, apparemment.
Son visage s'est éclairé d'approbation, ceci dit. Un point pour moi, dirais-je.
'Oh, vraiment ? Et quel est le sujet de ce livre ?'
'Oh… er… Cela parle des techniques de découpe des ingrédients au douzième siècle.'
Oh bonté divine.
Les techniques de découpe des ingrédients au douzième siècle ?
Que...?
'C'est, ah, c'est d'avantage une monographie qu'un roman...'
Elle hocha la tête. 'Ça m'a l'air très intéressant. J'aimerais beaucoup la lire quand elle sera terminée.'
Tu parles ! Elle devait mentir. Les techniques de découpe des ingrédients au douzième siècle ? Je me désespère, vraiment.
'Comment était ta semaine ?' demandai-je précipitamment, avalant mon verre d'un trait dans l'espoir d'effacer mes idioties de mon esprit.
'Fatigante,' répondit-elle d'un air sombre. 'Je ne sais pas comment ce pays fait pour survivre, je l'ignore vraiment. As-tu entendu parlé de cette nouvelle réforme que le Ministère veut à tout prix faire passer au Magenmagot ? C'est inadmissible. Pour les gobelins, ce ne sera ni plus ni moins que du vol organisé.
J'acquiesai vaguement.
'C'est moi qui te le dis, le Ministère va se retrouver avec une autre révolution sur les bras s'ils ne font pas attention. Quoiqu'il en soit nous sommes en train de monter un dossier au nom des gobelins pour poursuivre le Ministère si la réforme passe ; nous les poursuivrons pour discrimination.'
Eh bien... Cela me remet à ma place, n'est-ce pas ? Tandis que j'écrivais une monographie fantôme sur les techniques de découpe des ingrédients au douzième siècle, Granger était occupée à intenter un procès au Ministère. Je sens déjà ce vieux complexe d'infériorité qui reprend le dessus...
Non... Je suis impressionné ; bien sûr. Je n'aurais pas été assis en face d'elle si elle ne me fascinait pas et, oui, si je n'étais pas un peu impressionné. Et ce n'est pas commun pour moi, ce n'est rien de le dire.
'Donc, voilà, une semaine fatigante', continua-t-elle, 'mais heureusement on m'a donné quelque chose à attendre avec impatience.'
Je me préparais à demander de quoi il s'agissait lorsqu'elle me regarda d'un air entendu et que je réalisai qu'elle parlait de moi ! Je me sentais dangereusement près de rougir. Cela n'a pas été le cas, heureusement. Après tout, peut-être a-t-elle tout autant que moi tendance à l'exagération ? Quoiqu'il en soit, il me faut admettre mon inconfort.
'La nourriture ici vaut la peine d'attendre, je l'admets,' dis-je sèchement.
Elle sourit lentement. 'Oui...'
Je suis navré, mais je suis incapable de faire face aux compliments. Je les déteste. Je ne supporte pas l'attention. Il me faut la contre-balancer avec une bonne dose d'auto-dévalorisation.
Malgré tout, je suis assez content du tour qu'a pris la soirée. C'était probablement notre meilleure jusqu'ici, ce qui ne veut peut-être pas dire grand-chose dans notre cas... mais c'est ainsi. Et le court moment d'intimité passé devant sa porte lorsque je l'ai raccompagnée était également très sympathique. Je n'ai pas à me plaindre sur ce point. Nope.
Une première, pas vrai ?
00:35
Oh Merlin. Je viens juste d'avoir une vision épouvantable de Granger rentrant chez elle et sortant son propre journal pour se plaindre à mon sujet.
A-t-elle un journal ? En a-t-elle un ? Elle ne l'a jamais mentionné...
Tout va bien... elle est probablement trop occupée pour garder une trace de sa vie de tous les jours. Les journaux intimes sont faits pour les paresseux comme moi qui n'ont que cela à faire...
Humph.
Oh et puis tant pis ; je vais me coucher.
Et voilà, c'est reparti pour un tour ! Je m'excuserais bien d'avoir mis tant de temps à commencer la traduction de cette deuxième partie mais bon, c'est comme ça ! De toute façon j'ai bien l'intention d'aller jusqu'au bout !
*Cette phrase est tirée de la pièce de Shakespeare "Macbeth" (Acte 1 Scène 1). La voici en entier si ça vous intéresse : "Quand nous réunirons-nous maintenant toutes trois ? Sera-ce par le tonnerre, les éclairs ou la pluie ?" C'est une réplique de l'une des trois sorcières.
