Salut salut, petit mot pour vous donner quelques mots de vocabulaire sur les termes et les techniques :
Randori : combat au sol ou debout. Le but est d'immobiliser son adversaire sur le dos à l'aide de plusieurs techniques pour le premier cas, ou de le faire tout simplement tomber.
Kata : première épreuve pour passer la ceinture noire. Elle est constituée de trois séries avec trois techniques respectives pour passer le premier dan.
Ippon seoï nage : technique qui consiste à faire passer l'adversaire sur son dos avec l'aide de son épaule.
Kata-guruma : troisième technique de la première série des katas. Sasuke l'explique plus bas.
Je suis désolée si ce n'est pas très clair mais ça me paraît tellement logique que j'arrive pas à mieux l'expliquer. Pour les techniques, vous pouvez toujours aller voir des vidéos sur Youtube.
Sur ce, bonne lecture !
Le vent soufflait fort contre les parois vitrées alors que quelques gouttes de pluie tombaient dans la nuit noire. Cela ne perturba pas le jeune homme assis en tailleur au milieu du tatami. Les yeux fermés et les mains sur les genoux, il reprenait son souffle après son échauffement. Il entendit la porte de la salle s'ouvrir, le bruit d'un sac qu'on posait sans aucun ménagement par terre. Connaissant déjà l'intrus, le brun ne bougea pas d'un pouce.
« Il faut toujours que tu mettes trente ans à te changer alors qu'on arrive en même temps Suigetsu.
— Désolé vieux mais c'est pas comme si on était pressé. On est arrivé une heure en avance et ton frère n'est même pas là, répondit-il.
— Itachi arrive toujours en retard, se défendit l'autre en ouvrant ses yeux noirs.
— À l'heure mon petit Sasuke, nuance. »
Le « petit Sasuke » jeta un regard noir à son soi-disant meilleur ami. Vêtu d'un kimono blanc et de sa précieuse ceinture, le blanc salua le tatami et rejoignit le jeune homme, se plantant à côté de lui. Ses améthystes détaillèrent le brun toujours assis.
Sasuke Uchiwa avait – presque – tout pour lui. Une peau opaline dont le kimono laissait voir un torse finement musclé, des yeux noirs qui trahissaient la plus part du temps ses émotions, des cheveux corbeaux qui remontaient à l'arrière tel des épis indomptables avec deux mèches qui encadraient son joli petit minois. Faisant du judo depuis son plus jeune âge grâce à son père qui possédait un dojo, il avait développé un esprit combatif et généreux. En plus de ça, il était intelligent, bien éduqué mais possédait malgré tout un sale caractère – comme la fois où il avait rembarré une serveuse parce qu'elle lui avait marché sur le pied –. C'est pour cela qu'il n'avait pas vraiment beaucoup d'amis, surtout depuis la mort de Fugaku.
En effet, trois ans auparavant, ce dernier mourut dans un tragique accident de voiture. Les Uchiwa furent tous bouleversés par cet évènement, mais pas autant que Sasuke. Il ne s'était jamais trop entendu avec son géniteur mais sa mort lui avait fait l'effet d'une décharge électrique et le brun s'en était voulu de ne pas avoir été plus proche de son père. Fugaku était un homme froid voire distant et le petit brun n'avait jamais apprécié la façon dont il les éduquait son frère et lui. Néanmoins, grâce à sa famille et à une psychanalyste, le jeune garçon avait réussi à s'en sortir.
Maintenant âgé de dix-sept ans, Sasuke s'était complètement remis de cet accident et vivait au jour le jour. Itachi avait repris le dojo de son défunt père et le cadet des Uchiwa ainsi que le blanc étaient devenus ceinture noire depuis. Se connaissant depuis la primaire, ils avaient fait les quatre cents coups ensemble. Il se mit à rire discrètement en se rappelant le jour où ils avaient tenté de faire le mur tous les deux et qu'ils s'étaient fait chopper par les policiers. Le requin se souvenait encore du savon que lui avait passé sa mère. Néanmoins, Suigetsu ne regrettait en rien d'avoir rencontré ce mauvais joueur qu'était Sasuke.
Le brun soupira en se passant la main dans ses cheveux. Il n'y pouvait rien si seul le judo arrivait à le détendre. Son regard s'attarda sur l'horloge murale qui affichait dix-neuf heures. Bientôt, Itachi ainsi que les autres membres du club serraient là. Il émit un grognement en rougissant malgré lui alors que ses pensées dérivaient vers une personne qu'il ne voulait surtout pas voir. « Pourvu qu'il ne vienne pas », se dit-il. Se frottant énergiquement les cheveux, le scientifique pria tous les dieux pour que son vœu soit exaucé. Il fut sorti de ses pensées quand la porte s'ouvrit de nouveau dans un grand vacarme. Sasuke fixa un à un les nouveaux arrivants, s'attirant alors un petit ricanement de la part du blanc. Le judoka reporta son attention sur son ami.
« Tu penses toujours au bleu ? Enfin, ça fait maintenant trois mois qu'il vient ici.
— La ferme, siffla-t-il entre ses dents.
— Oh, le petit Sasuke est en colère ? » dit-il d'un ton moqueur.
Sans crier garde, le brun fit un croche-patte au lycéen qui s'étala sans aucune grâce sur le tapis. Des rires retentirent dans la salle tandis que Sasuke se levait. Affichant un air supérieur et un sourire narquois, il toisa Suigetsu toujours allongé sur le tatami.
« Le « petit » te dépasse même quand tu es debout », dit-il d'un ton hautain.
Le concerné maugréa des insultes avant de se lever à son tour, fixant son camarade.
« Je m'en fous, tu restes petit face à ma force mentale et à mon intelligence.
— Qui est celui qui vient me voir avec un regard suppliant pour que je l'aide à faire ses exercices de maths ? demanda innocemment Sasuke.
— Enfoiré de petit, le reste de sa phrase fut étouffé par un grognement.
— Tu sais ce qu'il te dit le petit ? »
Alors qu'ils allaient se sauter dessus, ils furent interrompus par une petite rousse aux yeux noisette. Elle se posta en face d'eux, les poings sur les hanches en fusillant du regard ses deux imbéciles qui lui servaient d'amis depuis plus de deux ans.
« Franchement les gars, vous êtes ceinture noire : vous devriez montrer l'exemple au lieu de vous chamailler.
— On t'a pas sonnée la ceinture verte, répondit Suigetsu.
— Je te rappelle qu'elle te fout K.O. à chaque randori, soupira le brun.
— Sasuke, tu cherches vraiment la merde aujourd'hui, cracha-t-il.
— En attendant Karin a raison », déclara une voix qui était loin d'être inconnue aux trois lycéens.
Le noiraud regarda Itachi poser son sac dans un coin de la pièce d'un air nonchalant. Le grand brun fouilla un bon moment dans sa sacoche avant de sortir un chronomètre, son portable et un élastique. Il prit place sur le tatami après avoir salué. Les judokas se rangèrent par ordre de grade pendant que l'aîné des Uchiwa attachait ses longs cheveux en une queue de cheval haute. Le plus grand des frères se mit en face de ses élèves qui étaient déjà agenouillés. Le professeur fit de même et, après s'être incliné tous ensemble, leur dit de faire le tour de la salle en trottinant.
Alors que Sasuke courait avec ses deux camarades, son frère l'interpella. Il s'arrêta à sa hauteur, le plus vieux cherchant encore une fois dans son sac.
« Je les ai mises où », murmura-t-il, plus pour lui-même que pour son jeune frère.
Le brun haussa des sourcils et attendit patiemment qu'Itachi daigne lui parler. Dans un petit cri de victoire, l'aîné sortit une petite boîte jaune et la lui donna.
« Euh, c'est quoi ? questionna Sasuke.
— Des barrettes pour les cheveux. Tu te plains toujours qu'on te tire tes deux mèches et comme tu ne veux pas les couper. »
Au même moment, Suigetsu explosa de rire en entendant la réplique du grand frère sous l'œil irrité de Karin. Le brun se pinça l'arête du nez, une aura menaçante s'échappant de son corps. Le requin s'arrêta presque aussitôt, avalant difficilement sa salive.
« Mon cher Suigetsu, je te prends au randori au sol », déclara-t-il.
Si le lycéen avait pu s'enfuir en courant, il l'aurait fait volontiers. Tout le monde savait que Sasuke était du genre impitoyable au randori, surtout quand on le mettait en rogne juste avant. Suigetsu se remit donc à courir, Karin à ses côtés. Sasuke reporta son attention sur Itachi, celui-ci lui fit un sourire avant de se tourner pour débuter le cours. Le brun regarda la petite boîte dans ses mains. Résigné, il soupira avant de l'ouvrir et de mettre les dites barrettes dans ses cheveux soyeux. Au moins, il ressortirait avec toute sa tignasse après un combat. Alors que le ténébreux rangeait l'étui dans son sac, la porte s'ouvrit dans un claquement sonore.
Un jeune homme blond, dont la tenue était désordonnée et le souffle court, s'appuyait sur la porte. Itachi se retourna et envoya un sourire au nouveau venu.
« On a failli t'attendre, Naruto.
— Je suis désolé », répondit-il entre deux respirations, affichant toute sa dentition.
Sasuke posa ses pupilles sur le retardataire. Pourquoi était-il venu ? Son regard croisa le sien et il sentit un léger frisson parcourir son corps. Le brun détestait ses deux yeux, il les haïssait même. Naruto haussa les sourcils en signe d'interrogation, avant d'émettre un petit rire.
« Ça te va plutôt bien cette coupe », dit-il, moqueur.
Le lycéen tiqua à cette réplique et regarda le blond se diriger vers ses amis avec l'envie de lui sauter dessus pour l'étrangler. Sasuke ne releva pas le regard insistant de son meilleur ami quand il le rejoignit. Ils commencèrent l'échauffement dans la joie et la douleur pour certain tandis que le brun détaillait l'objet de ses pensées entre deux exercices.
Naruto Uzumaki-Namikaze, dix-sept ans, en terminale littéraire – et heureusement parce qu'il n'aurait pas supporté de l'avoir avec lui en cours, étant dans l'unique classe scientifique –, était un grand blond – même s'il ne dépassait pas le brun – avec une peau halée à damner un sain. Faisant parti des personnes qui vivaient dans le monde des Bisounours, il souriait et riait tout le temps à un point que ça en était dérangeant. Mais le plus impressionnant restait ses yeux : d'un bleu comme la mer en plein été. Même lui, le grand Sasuke Uchiwa, devait l'admettre : ils étaient magnifiques. Et il les détestait parce qu'ils arrivaient à faire naître un sentiment inconnu en lui.
Sasuke arrêta de penser au beau blond quand il mit une raclée à Suigetsu lors du randori au sol. Prises d'étranglement, clés de bras, tout y passa : l'essentiel était que son ami sache qu'on ne se moquait pas d'un Uchiwa comme il l'avait fait. « Alors qu'il souffre, ça lui remettra les neurones en place », songea-t-il.
À la fin des combats, Itachi leur montra la prise qu'ils devraient travailler pendant une demi-heure. Les ceintures marron, quant à elles, préparaient leurs katas dans un coin du tatami à l'écart. Sasuke s'était mis avec Suigetsu tandis que Karin avait rejoint Sakura : une fille aux cheveux roses que le brun ne pouvait pas se voir. Le blanc prenait un malin plaisir à effectuer Ippon seoï nage sur son ami, se vengeant de ce qu'il avait vécu quelques minutes plus tôt. Ils commencèrent à papoter tranquillement au bout de dix minutes, ayant marre de répéter la même technique depuis des années. Les deux amis furent coupés dans leur discussion quand Sasuke sentit qu'on lui tapait l'épaule. Le scientifique se retourna vers l'opportun en lui lançant un regard noir.
Le brun tomba nez à nez sur Naruto. Ses sourcils se froncèrent dangereusement alors qu'il jaugeait d'un œil « l'animal » du nom de Kiba qui le suivait. Pourquoi venaient-ils le voir ? Ils étaient du côté kata en temps normal.
« Dis Sasuke, tu pourrais me montrer comment on fait Kata-guruma ? demanda le blond.
— Vas demander à Itachi, je ne suis pas le prof, répliqua-t-il froidement.
— Mais il est occupé avec Kakashi ! s'exclama Naruto.
— Je ne suis pas la seule ceinture noire. Demande à quelqu'un d'autre.
— Tu me vois parler à Orochimaru ? »
Sasuke se pinça fortement l'arête du nez. Orochimaru était un véritable psychopathe. Même lui l'évitait le plus possible : à chaque fois qu'il sortait d'un combat avec lui, il lui manquait la moitié de sa chevelure. À se demander s'il faisait vraiment du judo et où il avait péché sa ceinture noire si ce n'était dans une pochette surprise.
« S'il te plaît, implora le blond d'une petite voix en imitant le chat botté avec de grands yeux larmoyants et les mains devant la moitié inférieure de son visage.
— Bon OK », soupira le judoka, ne supportant pas ces petits yeux bleus emplis de tristesse.
Suigetsu lui envoya un regard plein de sous-entendu que Sasuke ignora. Il prit le blanc par le kimono et commença le déplacement avec un pas en arrière.
« Quand tu arrives au deuxième pas, la main qui est à la manche rentre à l'intérieur du coude. »
Il appuya ses dires en faisant le mouvement.
« Au troisième, tu te décales, tu t'accroupis. La main qui tient le col prend la jambe opposée. Tu le soulèves pour le mettre sur tes épaules, il fit le geste et faillit tomber en prenant le requin sur son dos. Putain t'es lourd Suigetsu ! Et puis tu fais tomber ton partenaire. »
Le blanc atterrit sans ménagement sur le tapis pendant que l'autre s'étirait le dos, faisant craquer un os ou deux au passage.
« Tu sais ce qu'il te dit le gros ? déclara Suigetsu. Il t'emmerde !
— Merci, je suis touché par tant de délicatesse venant de toi. »
Sasuke se retourna vers les deux spectateurs. Les deux ceintures marron hochèrent de la tête dans un mouvement synchronisé. Ils partirent dans leur endroit respectif. Le brun proposa sa main à son meilleur ami qui l'accepta après l'avoir insulté. Au moment où il le souleva, le judoka entendit son nom derrière lui. Il se retourna en haussant un sourcil : Naruto avait fait marche arrière.
« Merci », murmura-t-il avec un petit sourire.
Et il partit, rejoignant son ami qui l'appelait. Le brun mit sa main sur son visage, cachant de faibles rougeurs. Pourquoi son cœur battait-il si vite et si fort dans sa cage thoracique ? Suigetsu le regarda, une lueur amusée dans le regard. Il frotta énergiquement les cheveux de son ami, le décoiffant plus qu'il ne l'était déjà.
« Alors, le petit Sasuke rougit ? »
Une seconde plus tard, il se retrouvait par terre avec Sasuke qui lui faisait une clé de bras.
X.X
Sasuke sortit du gymnase en s'étirant. Changé et de bonne humeur, le vent caressait doucement son visage. Le brun sentait que ce week-end avait plutôt bien commencé. La pluie avait cessé mais une forte humidité était encore présente et le judoka adorait l'odeur de l'herbe mouillée.
Sans attendre son frère qui venait en voiture, il enfourcha son vélo, réajusta son sac en bandoulière et pédala en direction de chez lui. Il rêvait d'une bonne douche et de son lit douillé. La fin du cours s'était bien passée, il avait réussi à éviter Orochimaru qui voulait à tout prix faire un randori, avait ignoré soigneusement Naruto depuis sa démonstration et avait fait mordre la poussière – pour changer – à Suigetsu.
Le chemin se fit dans le silence rompu de temps à autre par une voiture qui passait par là. Dix minutes plus tard, il mit son vélo dans le garage et entra dans la maison. Il fut accueilli chaleureusement par sa mère Mikoto, une jeune femme charmante. Habillée d'un tablier rose avec ses longs cheveux attachés en un chignon, elle s'attelait à préparer le repas. Il lui raconta rapidement sa journée avant de monter à l'étage pour prendre une douche.
« Et dépêche-toi, ils vont bientôt arriver ! » cria sa mère en bas des escaliers.
Le brun s'arrêta devant la porte de la salle de bain. Qui allait bientôt arriver ? Depuis qu'il était parti du dojo, il avait l'impression d'avoir oublié quelque chose. Il secoua la tête : ça ne devait pas être très important. Il rentra dans la salle d'eau, se dévêtit et s'engouffra sans aucun préliminaire dans la douche. L'eau chaude décontracta ses muscles et il se sentit reposé. Il aurait pu rester des heures mais il fut interrompu par son frère qui toquait vivement à la porte.
« Je voudrais y aller moi aussi ! »
Ça lui était complètement sorti de la tête : son frère venait manger tous les week-ends avec eux, étant seul le reste de la semaine. Sasuke poussa un juron avant de sortir de l'eau. Il se sécha rapidement et sortit, habillé d'un jogging et d'un t-shirt noir. Une serviette sur ses épaules, il laissa la place à son aîné qui s'enferma dans la salle de bain. S'essuyant les cheveux d'une main, le brun descendit les escaliers lentement avant de s'arrêter brusquement.
« Tu m'as encore oublié ! » maugréa la personne à l'entrée.
« Merde ! » pesta le judoka. En effet, Naruto ainsi que sa mère venaient de rentrer dans la demeure Uchiwa. Voilà maintenant trois mois que Mikoto et Kushina se connaissaient, travaillant dans la même école primaire. Elles étaient devenues, comme par hasard, amies et, comme par hasard encore, la brune avait recommandé le club de son fils pour que le blond reprenne le judo. Sasuke n'avait jamais cru au hasard jusque-là mais il fallait admettre que c'était un peu gros. À croire que sa mère avait tout manigancé pour qu'il agrandisse son « cercle d'amis » comme elle le disait si bien. Donc le vendredi soir, la famille Uzumaki-Namikaze mangeait elle aussi à la maison. Et comme Naruto ne possédait aucun sens de l'orientation, le brun devait lui montrer le chemin une fois le cours de judo terminé. Chose qu'il n'avait jamais faite encore, feignant l'oubli – qui était le cas aujourd'hui –.
Bref, il en avait l'habitude depuis trois mois mais le seul hic était que Mikoto enfilait sa veste. Le brun fronça les sourcils d'un air contrarié : « ne me dites pas que », commença-t-il sans finir sa pensée.
« Désolé Sasuke, j'avais oublié de te le dire mais je mange avec Kushina au restaurant ce soir. Je vous ai fait à manger pour tous les trois. »
Elle s'approcha de son fils et lui fit un bisou sur la joue en murmurant « bonne soirée » puis sortit avec la mère de Naruto, une grande femme rousse. À croire que l'oubli était de famille. Ses yeux quittèrent la porte fermée pour se poser sur Naruto qui le regardait avec un sourire scotché sur le visage. Sasuke soupira avant de se diriger vers la cuisine, le blond sur ses talons. S'approchant de la table mise, il ouvrit le couvercle du plat : pâtes à la carbonara. Naruto s'assit sur une chaise, face à Sasuke. Ils attendirent patiemment Itachi dans le silence le plus total. Celui-ci ne tarda pas à montrer le bout de son nez.
La conversation fut animée par le plus vieux et le blond, Sasuke ne répondant qu'aux questions qu'on lui posait. Ils débarrassèrent la table ensemble, toujours dans la joie et la bonne humeur. Puis Itachi prit congé, au grand malheur de son cadet, ayant malencontreusement oublié ses devoirs à faire pour ses études de droits. Ce fut ainsi que Sasuke et Naruto se retrouvèrent seuls dans la petite maison. Le brun en était sûr, il avait définitivement la poisse.
Le noiraud s'installa dans le salon, prit le livre sur la table basse et commença sa lecture pendant que l'invité allumait la télévision. Au bout de quelques minutes, Naruto se désintéressa du jeu stupide qu'il regardait pour se rapprocher du brun. Ce dernier tiqua quand le blond lisait par-dessus son épaule et referma avec violence le pauvre bouquin. Il se retourna vers l'importun et se recula vers l'accoudoir en remarquant la faible distance qui séparait leurs deux visages, légèrement gêné par cette soudaine proximité.
« Quoi ? demanda-t-il d'une voie glaciale.
— Je m'ennuie, tu ne peux pas jouer avec moi ? demanda Naruto d'une petite voix infantile.
— Non, répondit le scientifique d'un ton catégorique.
— Aurais-tu peur de perdre ? »
Ses yeux étaient emplis de défi et la fierté du brun venait d'être touchée, si bien que Sasuke se leva et se posta devant une armoire. Ouvrant un tiroir, son regard navigua entre les jeux.
« Tu veux jouer à quoi ? »
Naruto le rejoignit, il prit un air pensif pour enfin saisir la boîte du UNO. Il se tourna vers son ami qui haussa les épaules, signifiant qu'il s'en foutait. Ils s'installèrent sur la table basse, assis sur le tapis. Pendant que le brun mélangeait les cartes, le littéraire prit la parole.
« Ça te dit qu'on rende le jeu plus intéressant ?
— Plus intéressant ? répéta Sasuke.
— Genre, par exemple, si je gagne, je peux te poser n'importe quelle question. Si tu ne veux pas répondre, on refait une autre partie et si jamais je gagne une nouvelle fois, tu as un gage. T'en dis quoi ? »
Le brun pesa le pour et le contre mais, ayant un caractère joueur et combatif, le choix fut vite pris. Il hocha la tête et le blond lui montra ses dents blanches. Sasuke distribua les cartes et la première partie commença. Naruto avait adopté une attitude calme et réfléchie, ce qui surprit le judoka. Le voir ainsi le rendait assez mignon et, tandis qu'il se donnait une claque mentale, l'autre lycéen cria un « UNO » qui le fit sursauter. Bien sûr, le tour suivant, le littéraire posa sa dernière carte. Un sourire triomphant sur le visage, il regarda Sasuke qui paraissait imperturbable.
« T'as toujours vécu ici ? »
Sasuke marqua un temps d'arrêt : quelle question débile.
« Oui, répondit-il simplement.
— Oh, dommage. »
La seconde partie débuta. Elle fut vite remportée par le brun qui le regarda, une lueur hautaine dans les yeux.
« Pourquoi as-tu déménagé ?
— À cause de mon père, il voulait qu'on habite ici parce que mes grands-parents sont enterrés dans cette ville », répondit le blond.
Plutôt glauque comme raison mais Sasuke ne releva pas. Il continua le jeu normalement et le blond le remercia d'un regard. Ce dernier perdit une nouvelle fois la manche. Le brun ne prononçait aucun mot : il cherchait une question alors qu'il l'avait trouvée depuis longtemps, n'osant pas la lui poser. Naruto comprit enfin sa question muette.
« Il est en Irak vu qu'il est marine… Sa voix se brisa quelques secondes avant de se ressaisir. C'est pour ça que je suis arrivé en retard au cours, je parlais avec lui via Skype. »
La main du brun se serra fortement sur la table en avalant difficilement sa salive et un silence gêné empli la pièce. Même Sasuke, d'un naturel « je m'en fiche des autres », ne savait plus où se mettre.
« Il est courageux, murmura-t-il.
— Hein ? dit le renard, ne s'y attendant pas.
— Laisser sa famille pour défendre le pays et combattre des connards de terroristes. Il mérite le respect de tous. Tu dois être fier.
— Ouais, déclara-t-il en se grattant nerveusement l'arrière du crâne, j'ai surtout peur en fait.
— J'imagine », conclut le brun.
Sasuke esquissa un petit sourire malgré lui qui parut lumineux aux yeux du petit blondinet. Ils commencèrent une autre partie qui dura dix minutes mais Naruto la gagna.
« Et toi, il est où ton père ?
— Mort depuis trois ans, déclara le brun.
— Aïe, excuse-moi, déclara le littéraire, pensant qu'il portait la poisse.
— Tu ne pouvais pas savoir et puis, nous n'étions pas très proches.
— Il reste quand même ton père.
— Ouais et je m'en suis rendu compte un peu tard », dit-il avec un rire amer.
Une pointe de regret et de tristesse trahissait sa voix calme. Le blond culpabilisait sous les yeux du scientifique qui soupira d'agacement.
« Franchement, Naruto, je n'ai pas besoin de ta pitié. J'ai fait mon deuil avec l'aide de ma famille et d'une psy. Tu n'as pas à t'en vouloir. »
Le fils de marine frissonna en entendant le mot « psy » mais se fit violence pour sourire. Si Sasuke allait bien, c'était l'essentiel. Ils continuèrent leur jeu pendant un moment, le silence rompu par des « passe ton tour dans ta face ! », « retour à l'envoyeur », « ça fait du bien un plus quatre hein ! » et le traditionnel « UNO ». Se posant des questions aussi ridicules les unes que les autres, ils rirent de bon cœur – des petits ricanements pour le brun –.
Alors qu'ils finissaient leur dernière partie, qui fut remportée par Naruto, Sasuke s'attendait à une autre question foireuse : heureusement qu'il n'avait pas parié.
« Dis Sasuke, t'es amoureux ?
— Je refuse de répondre à cette question, trancha le brun assez surpris d'avoir dit ces mots. Ça ne te regarde pas de toute manière, finit-il par murmurer pour lui-même.
— Très bien, on en refait une autre ! »
Pourquoi avait-il dit ça ? Il aurait pu émettre une réponse négative puisque c'était le cas. Seulement, les mots étaient sortis sans demander son accord et son cœur fit un bond dans sa poitrine quand il regarda le jeune homme en face de lui qui mélangeait les cartes. Il secoua discrètement la tête : il était juste énormément fatigué. Son cerveau commençait à saturer.
Sa bonne étoile semblait l'avoir abandonné pour la journée vu qu'il perdit comme un bleu alors que le blond criait un « yes ! ». Sasuke s'appuya contre le canapé derrière lui, attendant la sentence. Naruto prit place sur la table basse, ne prenant pas en compte les cartes qui tombèrent sur le tapis. Les yeux dans les yeux, le brun le vit hésiter, camouflant de légers tremblements. L'atmosphère avait changé, ce qui perturba les deux judokas.
« Ton gage est de ne pas bouger : tu peux juste fermer les yeux », souffla le renard d'une voix incertaine.
Sasuke haussa les sourcils pendant que Naruto prit son visage en coupe. Le scientifique fut pris au dépourvu quand le blond s'approcha de lui et posa délicatement ses lèvres sur les siennes. Le brun fixa un moment les yeux clos du lycéen avant de fermer les siens à son tour. Ne sachant pas trop quoi faire dans ces moments-là, le judoka se concentra sur cette unique pression et ces lèvres si douces. Il n'amorça aucun geste plus par pudeur que par l'interdiction de l'autre. Le baiser prit fin d'un coup de klaxon qui retentit dans la rue. Le fils de marine s'éloigna à regret de lui et, avec un tendre sourire, lui embrassa le front. Il sortit de la pièce tandis que le brun baissait la tête.
Naruto enfila rapidement son manteau et ses chaussures. Il dit au revoir à Madame Uchiwa et sortit de la petite maison. Le vent refroidit son visage et ce fut avec les joues rouges, plus part le geste qu'il venait de faire que par le froid environnant, qu'il rejoignit sa mère dans la voiture.
Mikoto entra dans le salon, fixant son fils qui avait replié un genou pour y poser sa tête, perdu dans ses réflexions.
« Ça va Sasuke ? » demanda-t-elle, inquiète.
Un vague « oui » fut prononcé et la mère prit congé : si son petit dernier avait un problème, il lui en parlerait en temps voulu.
De son côté, Sasuke ne savait plus quoi penser. Les battements affolés de son cœur lui vrillaient les tympans, il reprenait sa respiration qu'il avait arrêtée pendant le baiser. Les endroits qu'avaient touchés ces lèvres le brûlaient et ses pommettes le chauffaient dangereusement. Il n'avait pas été dégouté par ce geste, au contraire même : son corps en redemandait. Il porta sa main à l'emplacement de son organe vital et serra fortement son t-shirt. Comment une simple pression pouvait engendrer tant de sentiments ? Surtout que ce baiser avait l'air sincère, mais ce n'était pas comme si Sasuke ressentait la moindre chose pour Naruto…
N'est-ce pas ?
Voili voulou chers lecteurs ! J'espère que vous avez aimé. Je précise que l'histoire est un Two Shots et qu'elle est terminée : je mettrais la suite bientôt, d'ici deux à trois semaines je pense.
N'hésitez pas à dire votre avis.
Je tiens à remercier Emystral pour avoir corrigé les deux chapitres : je t'adore ma petite Emy.
À bientôt pour vous jouer des mauvais tours :3 !
Canaan-chan !
