DÉFENSE CONTRE LES FORCES DU MAL

BREVET UNIVERSEL DE SORCELLERIE ÉLÉMENTAIRE


Peter Pettigrow fixait depuis de longues minutes le questionnaire presque vierge posé sur sa table. Des gouttes de sueur perlaient déjà sur ses cheveux clairs. Non que la chaleur de ce mois de juin 1976 eut été particulièrement étouffante, mais plutôt parce que l'anxiété le gagnait tout entier. La Grande Salle vibrait au rythme incessant des grattements de plumes ; tous les parchemins noircissaient peu à peu.

Pris d'une migraine soudaine, il releva la tête. Trois tables plus loin, Lily semblait avoir déjà écrit pour près de soixante-cinq centimètres, et il la dévisagea, admiratif. Elle ne répondit pas à son sourire et pinça les lèvres. Il se prit à jouer avec son encrier, honteux.

Flitwick trottinait au centre de la rangée, se penchant de temps à l'autre par-dessus l'épaule d'un élève, secouant parfois la tête d'un air navré. Peter gratta de l'extrémité de sa plume son nez pointu et se pencha sur sa copie pour répondre tant bien que mal aux cinquième et huitième questions. Lorsqu'il lut la neuvième, il glapit. Le maléfice du Bloque-Jambes n'avait depuis longtemps plus de secret pour lui. Il retourna brusquement sa feuille dans un froissement de papier et il sourit. Donnez cinq signes permettant d'identifier un loup-garou.

Il suçota son index l'air rêveur. Pour quelqu'un comme lui qui fréquentait une fois par mois l'un d'entre eux, il était facile de penser à la forme particulière du museau d'un loup garou, à ses pupilles, ainsi qu'à une queue anormalement touffue...

Il abattit brusquement sa rangée de dents sur ses ongles lorsqu'il réalisa qu'il n'avait tout bonnement pas la moindre idée de ce qu'il pouvait encore bien répondre.

- Plus que cinq minutes !

Le jeune homme sursauta, il n'avait pas remarqué le crâne du professeur progresser entre les tables. Quand Flitwick se fut suffisamment éloigné, il jeta un coup d'œil affolé à la copie de son voisin, dont l'écriture était pourtant bien trop serrée pour y lire quoi que ce soit de sa place. Son regard parcourut la salle. Devant son air défait, Sirius avait cessé de se balancer d'avant en arrière sur sa chaise et le fixait. Mu par un espoir soudain, Peter articula alors silencieusement le numéro de la question. Il s'y reprit à trois fois mais obtint pour seule réponse la moue d'incompréhension de son ami. Le Gryffondor se redressa alors sur sa chaise, songeant à mimer la créature.

Il se décolla de sa chaise et se cambra légèrement, lissant une queue et des oreilles imaginaires pour lui faire comprendre ce dont il voulait parler. Les yeux de Sirius brillèrent et son sourire s'étira. Peter cercla ses yeux de ses mains et retroussa ses lèvres, découvrant ses grandes canines blanches. Pour compléter le tableau, il poussa alors un petit rugissement. Il y eut un moment de flottement. Devant l'absurdité de la situation, ils pouffèrent bruyamment, récoltant au passage une demi-douzaine de regards noirs.

Après s'être calmé, le brun pointa simplement du doigt Remus qui relisait son travail deux tables plus loin et lui adressa un clin d'œil. Il avait compris, mais était bien trop éloigné pour pouvoir lui répondre quoi que ce soit... et faire circuler des bouts de parchemin était sûrement la dernière chose à faire en temps d'examens. Il lui adressa un regard désolé.

- Posez vos plumes, s'il vous plaît ! couina le professeur Flitwick. Cela vous concerne également, Stebbins ! Veuillez rester assis pendant que je ramasse les parchemins ! Accio !

Perdus pour perdus, entre deux ricanements, ils se prirent à singer James qui ébouriffait ses cheveux trois rangs plus haut.