N/a : Et voilà, une petite histoire que j'avais dans les tiroirs depuis un bout de temps… Comme on se refait pas quand on est fleur bleue comme moi, c'est à nouveau une histoire entre Remus et Hermione… qui comprendra 4 chapitres. Bonne lecture !!
Les Désirs de Remus
Chapitre 1 : Le désir de mourir tranquille…
Remus était exténué, fatiguée, usé, bref sur les rotules. Il avait passé sa journée à manier la baguette dans tous les sens pour agencer les livres comme il le voulait dans les rayonnages de sa librairie. Petite librairie dont il était d'ailleurs extrêmement fier. Il en rêvait depuis si longtemps.
Après la seconde guerre, Remus avait investi ses économies et surtout le petit héritage que lui avait légué Sirius pour enfin réaliser son rêve. Une petite bibliothèque pépère à Pré-au-lard spécialisée dans la Défense contre les Forces du Mal. Après les derniers mois intenses de guerre, Remus avait plus d'une fois senti son heure venue. Il était tellement ironique de constater qu'à la fin, le seul des Maraudeurs qui avait survécu était lui, le lycanthrope, le condamné à une mort jeune. Remus le savait, les loups-garous ne faisaient pas long feu sur Terre. L'énergie demandée pour se transformer chaque pleine lune, d'année en année était telle qu'il ne pourrait jamais espérer atteindre la cinquantaine d'années. En résumé, Remus n'en avait plus que pour quelques années à vivre et à cela, il s'y était préparé. Très bien préparé. Mais jamais il n'avait envisagé ce qui arriverait dans les jours suivants…
Remus finissait de faire disparaître un dernier carton par un Evanesco quand l'orage au dehors éclata. Il n'était que trois heures de l'après-midi mais le ciel avait pris une luminosité crépusculaire. Les orages étaient fréquents en août, surtout après la vague de chaleur qu'avait subie l'Angleterre ces derniers jours.
Dans un soupir de fatigue, il prit un grand carnet qu'il posa sur son petit comptoir au lustre patiné par les ans. Il avait repris les locaux d'un vieux bottier qui faute de descendant avait revendu son commerce à Remus pour partir en retraite dans le Kent. En feuilletant les pages pour faire l'inventaire de ses précieux livres, il fit apparaître une tasse de chocolat. Il se sentait bien dans ces murs, à l'abri, enfin tranquille.
Il eut la pensée fugitive d'un trio de jeunes gens riant aux éclats quelques jours après la défaite du Seigneur des Ténèbres. Il esquissa un sourire, ces trois-là s'en sortiraient, assurément. Bien sûr il continuerait à prendre de leurs nouvelles mais il souhaitait s'éloigner d'eux, doucement, pour les préparer…
« Promenade au clair de Lune avec les loups-garous » Quel est l'auteur de ce livre, déjà ? Il suivit la ligne du registre jusqu'à la colonne Auteurs pour découvrir le nom de Lockhart. L'homme soupira et prit une autre gorgée de chocolat. Son métier ne lui permettait pas de choisir les livres qu'il aimait. Pour ses futurs clients, il se devait d'avoir tous les livres mis à disposition sur le sujet sans discrimination aucune de sa part.
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Le carillon de la porte d'entrée tintinnabula doucement et Remus légèrement agacé par le dérangement releva la tête. Il avait pourtant mis un panneau comme quoi il n'ouvrait que le lendemain mais il fallait croire qu'il y avait toujours des gens plus pressés que d'autres. Il écarquilla les yeux de stupéfaction en découvrant une Hermione, le cheveu trempé jusqu'à la moelle et l'air penaud.
- B…bonjour Remus, dit-elle d'une petite voix.
Il se leva et vint refermer la porte derrière elle pour éviter que des bourrasques de flotte ne rentrent à leur tour.
- Bonjour Hermione, fit-il d'une voix posée.
- Que me vaut ta visite, ajouta-t-il tranquillement en prenant sa baguette pour sécher son ancienne élève.
Celle-ci faisait de même avec la sienne et répondit :
- Et bien, j'ai croisé Tonks l'autre jour qui m'a dit que tu avais investi dans une petite librairie alors je me suis dit que…que…
Elle s'interrompit visiblement embarrassée et Remus vint à son secours :
- Tu voudrais me rendre une petite visite ? suggéra-t-il gentiment.
Elle eut un petit sourire crispé et opina du menton.
- Mais…il y a autre chose, n'est-ce pas ? fit Remus perspicace.
Il commençait à trouver étonnante l'attitude de la jeune femme pourtant si volubile dans ses propos à l'ordinaire. Alors à sa grande surprise, il vit des larmes apparaître dans les yeux bruns et Hermione s'effondra en pleurs. Complètement désemparé, il entoura ses épaules de son bras et la dirigea doucement vers le comptoir pendant qu'elle essayait de se calmer en ravalant des sanglots et en reniflant par à-coups. Il fit apparaître obligeamment un mouchoir à carreaux et Hermione le saisit promptement pour imiter le Do d'une trompette. Quand elle fut enfin calmée et que son nez ne reniflait plus que sporadiquement, Remus reprit la parole d'une voix douce :
- Que se passe-t-il, Hermione ?
Celle-ci haussa les épaules comme si elle ne savait pas ou que cela lui était égal.
- Disons simplement que je me suis disputée avec Ron une fois de trop et que j'avais envie de vous voir.
Elle prit alors une grande inspiration :
- Et le tout combiné fait que je voulais vous demander quelque chose…
Remus la regarda attentivement. Quelque chose comme un sixième sens l'avertissait d'un danger, d'un risque pour sa petite vie qu'il avait pris soin d'établir dans cette boutique. Elle reprit précipitamment :
- J'avais prévu de travailler avec lui durant les quinze prochains jours à la boutique des jumeaux mais comme il me sort par les yeux en ce moment, je me suis demandée si vous aviez besoin d'un peu d'aide pour votre librairie… Mais en venant ici et en vous voyant là…
Elle s'interrompit pour faire un geste de la main montrant toute la boutique.
- Je…je me suis dit que je vous dérangerais sûrement. Je m'excuse Remus…vraiment. Je ne voulais pas vous ennuyer avec mes soucis.
Remus, les sourcils légèrement froncés, resta silencieux. Puis comme s'il sortait d'une réflexion particulièrement désagréable, il dit d'un ton ferme.
- Tu ne me déranges pas Hermione. Jamais. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi vous ne cessez de vous chamailler Ron et toi. Depuis le temps, je pensais que c'était un jeu entre vous.
Hermione se mit à rougir violemment.
- Pour moi oui…dit-elle d'un air contrit, mais pas pour lui…Et c'est maintenant que je le réalise pleinement.
Remus lâcha un soupir en se passant une main dans les cheveux. Il invita Hermione d'un geste à le suivre parmi les rayonnages. La jeune femme le suivit timidement et ils débouchèrent dans une arrière-boutique au désordre indescriptible. Des cartons s'empilaient de travers jusqu'au plafond et plusieurs jeux de planches en bois gisaient au sol dans l'espoir de devenir un jour étagères. La pièce possédait néanmoins une fenêtre assez large mais la crasse empêchait de distinguer quoi que ce soit vers l'extérieur. Une porte près de la fenêtre menait visiblement dehors. Une autre porte, plus petite, était située au bout de la pièce. Remus l'ouvrit en ayant au préalable zigzagué parmi les cartons et Hermione trottina à sa suite non sans jeter des regards désapprobateurs à droite et à gauche.
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Ils arrivèrent dans une vieille cuisine qui avait fait son temps mais qui restait néanmoins accueillante. Faite de carrelages bleus et blancs, elle avait cet aspect qui allait tellement bien à une grand-mère préparant des confitures. Remus agita la baguette pour rallumer le feu dans l'âtre. Puis il fit apparaître deux tasses de thé bien fort et invita aimablement Hermione à prendre un siège.
- Allez, raconte-moi ce qui s'est passé, demanda-t-il d'un ton chaleureux.
Voir Hermione aussi peinée l'avait quelque peu attristé. Depuis la fin de la guerre, il avait pensé que Ron et elle sortiraient enfin ensemble mais l'attitude de Hermione l'intriguait. Elle raconta brièvement les échanges houleux qu'elle avait eus avec le rouquin et Remus posa enfin la question qui l'avait tant démangé :
- Mais, Hermione, n'as-tu jamais éprouvé des sentiments plus…poussés envers Ron ?
Hermione qui avait la tête dans une main et le coude posé sur la table se redressa lentement en fixant avec incrédulité un Remus au regard sérieux. Elle plissa un instant les yeux et éclata de rire si soudainement que Remus sursauta légèrement. Il fut fasciné par le visage de la jeune femme. Celui-ci rayonnait de joie soudaine et ses lèvres retroussées creusaient deux fossettes dans ses joues maintenant roses. Gagné par son rire communicatif, il se mit à sourire malicieusement en restant captivé par le comportement de Hermione. Son rire perlait dans l'air de la cuisine et Remus fut ravi de capter ces quelques sons. La jeune femme finit par se calmer d'elle-même et répondit les yeux rieurs mais la voix ferme :
- Non, jamais.
Remus croisa alors son regard et il sut qu'elle ne mentait pas. Interloqué par cette réponse dont il avait cru son exact contraire jusqu'à quelques instants, il porta son mug à ses lèvres pour se donner une contenance. Il se sentait fatigué mais le rire de Hermione lui avait redonné un regain d'énergie qu'il mit à profit pour réfléchir. Il était vrai qu'en ce moment, il avait bien besoin d'aide et puis même s'il n'avait pas envie ni besoin d'employé à temps plein, la jeune femme lui serait bien utile le temps des grandes vacances. Elle reprendrait ensuite ses études de Médicomage et lui sa petite vie tranquille.
- Tu peux venir travailler ici le temps des vacances, dit-il d'un ton décidé.
Hermione eut alors un regard brillant et s'apprêta à ouvrir la bouche quand Remus l'interrompit :
- Mais attention, je ne veux pas être le témoin ou l'arbitre d'une autre quelconque dispute entre Ron et toi. Tu n'auras pas un salaire mirobolant et surtout je suis extrêmement susceptible avec mes livres.
- Vous, susceptible ? s'exclama Hermione en riant. Ça je ne le croirai que quand je le verrai !
Remus gronda alors le visage néanmoins amusé :
- Je ne te le souhaite pas vraiment. Oh et j'oubliais, la boutique sera fermée le lendemain de la pleine lune.
Hermione hocha la tête en signe de compréhension et Remus se leva de son siège. Pour une raison qu'il ne comprenait pas, il commençait à regretter sa décision, surtout en croisant le regard confiant de la jeune brunette. Il lui indiqua les horaires de la boutique qu'il comptait mettre en place et Hermione s'apprêta à transplaner après l'avoir chaleureusement remercié quand Remus l'interrompit à nouveau:
- Hermione, puis-je te demander une faveur ?
La jeune femme acquiesça, intriguée :
- Promets-moi de te réconcilier avec Ron.
Elle lui fit son plus beau sourire et promit. L'instant d'après, elle transplanait laissant la cuisine étrangement vide. Seuls les grognements de Remus vinrent troubler le silence :
- Mais pourquoi ai-je accepté ?
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Le clapotis de la pluie sur le toit de sa maison cessa au milieu de la nuit et Remus ne dormait toujours pas. Allongé sur le dos, encore tout habillé, il fixait le plafond le regard vide. Il avait somnolé en début de soirée dans son petit salon mais une fois dans l'obscurité de sa chambre, il ne trouvait pas le sommeil. Des drôles d'images défilaient dans son esprit et Remus avait vite fait d'en analyser le contenu. Il avait ressassé tous ses souvenirs en commun avec la jeune femme et il en était arrivé à cette constatation fort simple : il appréciait énormément ses souvenirs.
Il avait toujours pris un plaisir particulier à l'observer en compagnie de ses amis ou quand elle engageait la conversation avec lui sur un sujet bien compliqué. Il se fit alors la réflexion qu'elle devait le considérer comme quelqu'un de bien trop sérieux et réfléchi. Il poussa un profond soupir en pensant qu'elle n'avait pas tort. Puis Remus arriva à un stade de ses pensées où il se demandait fort justement pourquoi celles-ci s'orientaient ainsi vers la jeune femme. Dans un mouvement brusque, il se retourna sur le ventre et grogna contre son oreiller. Les mots « attrait », « fascination » remplirent sa tête comme des petites bulles de champagne.
Pour une raison inconnue de son cerveau, Remus sentit son corps attraper un coup de chaud. Il gronda sourdement en pestant contre ses neurones qui ne le laissaient jamais en paix.
Elle avait voulu lui rendre visite.
Elle. Toute seule et non avec les garçons.
Elle s'intéressait alors un tout petit peu à lui ? Lui…Le lycanthrope…
Et aussitôt le visage de Remus se durcit et la réalité cruelle et sans détour revint à lui à la vitesse d'une gifle : il allait mourir dans peu de temps et rien, pas même une jeune femme brune adorable de gentillesse, ne le distrairait de son destin. Il souhaitait mourir tranquillement et trouver enfin le repos de son corps et de son âme…
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Le lendemain matin, il passa un dernier coup sommaire de baguette dans la boutique avant d'ouvrir la porte d'entrée. Il n'avait pas eu le temps d'agencer tous ses livres comme il le voulait mais il se devait d'ouvrir rapidement sa boutique pour espérer avoir la clientèle des étudiants en période d'achat avant les rentrées scolaires. La clochette retentit à la porte alors qu'il était occupé à poser délicatement à la main de vieux grimoires sur une étagère assez haute.
- Bonjour Hermione, fit-il sans se retourner, je t'ai laissé des instructions dans la cuisine. Tu devras monter les étagères dans l'arrière-boutique, agencer les livres dans les cartons sur ces dites étagères selon le classement indiqué dans les instructions.
- Bon…Bonjour mais co…comment saviez-vous que c'était moi ? bégaya la jeune femme ahurie.
- Privilège de loup-garou, grimaça-t-il en redescendant de sa petite échelle.
La jeune femme écarquilla les yeux et secoua légèrement sa tête. Elle se mit à sourire :
- Oh excusez-moi, j'oublie souvent ce…détail. Bon, j'y vais, ajouta-t-elle en retroussant ses manches et en avançant d'un pas décidé vers ce qui devait lui paraître ressembler à l'antre d'un dragon.
Remus la regarda passer amusé et aussi légèrement troublé : ne venait-elle pas de dire qu'elle se moquait de sa condition animale ? Remus n'eut pas le temps de réfléchir dessus que déjà le carillon de la porte résonnait à nouveau. Son premier client, un vieux sorcier, venait d'entrer la mine intéressée tournée vers les ouvrages.
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Remus ne vit pas la matinée passer. Il n'avait pas eu beaucoup de clients. Sept au total (en comptant le chien du couple quadragénaire). Mais Remus prenait le temps de discuter avec eux sur le sujet passionnant de la DCFM. Il rangea le reste du temps ces précieux ouvrages. Il faillit sursauter en voyant Hermione apparaître au fond des rangées de livres mais son ouïe fine l'avait averti à temps. Il cligna des yeux en la regardant, doutant soudain de sa vue. Cette dernière avait-elle baissé ou Hermione avait-elle l'aspect d'un fantôme ? Quand elle fut suffisamment près, il eut un petit sourire amusé :
- A ce point-là ? dit-il en fermant la porte d'entrée pour la pause déjeuner.
La jeune femme leva les yeux au ciel.
- Si vous saviez, dit-elle dans un soupir.
Puis elle se mit soudain à éternuer à cause de toute la poussière qui la recouvrait. Remus vint à son aide en aspirant magiquement toute la crasse qui se soulevait dans un nuage autour d'elle.
- Allons manger, dit-il, nous l'aurons bien mérité. Je n'ai pas grand-chose dans le buffet mais cela devrait suffire pour ce midi.
Ils arrivèrent dans l'arrière-boutique et Remus bloqua l'accès de la pièce à Hermione, qui suivait derrière lui. Il resta figé dans l'incrédulité : la pièce était comme métamorphosée. La fenêtre avait déjà subi un sérieux sort de récurage si bien que la clarté du jour envahissait la pièce avec bonheur. Sur deux pans opposés de murs, étaient montées toutes les étagères, remplies de livres. Au centre de la pièce, il y avait une grande table en bois épais avec, en dessous des placards et des étagères pour d'autres ouvrages. Remus put alors constater que le sol était fait de carrelage de couleur rouille.
- Je croyais que c'était de la terre battue, dit-il d'une voix atterrée.
- Euh…en fait, fit Hermione dans son dos, ça l'était…
Il se retourna alors vers son ancienne élève et la dévisagea attentivement. Celle-ci avait un air un peu gêné.
- Et bien, qu'as-tu fait ? demanda-t-il légèrement en se dirigeant vers la cuisine.
- Quand j'ai nettoyé la vitre, j'ai constaté qu'à l'extérieur il y avait un vieil établi laissé à l'abandon et puis qu'à côté, il y avait une pile de dalles rouges toutes moisies.
- C'est d'ailleurs pour cela que je ne voulais pas les utiliser, constata Remus en sortant des assiettes et des couverts du buffet. Comment as-tu fait ?
Hermione haussa des épaules et consentit à s'expliquer :
- Vous aviez de l'huile d'olive dans le placard à côté du buffet, de la sauge et de la menthe dans votre jardin et une petite mare avec des crapauds près de la haie.
Remus releva la tête de son plan de travail où il taillait les tomates en rondelles dans l'attente de la suite de ses explications mais Hermione s'occupait à couper des tranches du pain que Remus avait sorti de son garde-manger. Le sorcier eut alors l'idée subite de regarder son évier…où s'égouttait l'un de ses chaudrons.
- Une potion anti-moisissure ?
Hermione hocha la tête distraitement :
- Passer son été à décrasser l'ancienne maison de mages noirs vous apprend plein de trucs utiles.
Remus haussa un sourcil amusé puis fit revenir des pommes de terre dans une poêle. Il sortit un reste de jambon et ils se mirent bientôt à table. Hermione le questionna sur ses visites et commenta les achats des clients avec enthousiasme.
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Ils reprirent rapidement le travail. Hermione confia à Remus qu'elle avait simplement posé les livres dans les étagères sans établir le classement qu'il avait envisagé dans les instructions du matin. Remus en fut secrètement soulagé ; il avait eu peur l'espace d'un instant d'avoir engagé une sorte de wonderwoman.
L'après-midi fut assez calme, peut-être parce que la chaleur aoûtienne empêchait les sorciers de flâner dans les boutiques. Remus se chatouillait le menton avec sa plume en observant songeur son registre, quand Hermione arriva près de lui :
- Remus ?
- Hum ?
- Je n'arrive pas à ouvrir la malle noire derrière la porte.
- Ha oui ? dit-il distraitement en inscrivant « Oscar Rodobichar » en face de « Inviter le Mal à l'état pur ou comment recevoir sa belle-mère ».
Il fronça les sourcils une seconde et haussa les épaules en passant au livre suivant.
- Je…je peux avoir votre aide ?
- Oui, oui, bien sûr, dit-il en se levant mécaniquement tout en écrivant rapidement deux ou trois mots sur son calepin.
Il ne fit pas attention au soupir d'exaspération de la jeune femme. Tout en suivant Hermione vers le fond de la boutique, il parcourut du regard les étagères pour chercher ce Rodobichar. Il attrapa prestement le livre avec un sourire de satisfaction en continuant d'avancer machinalement. Il serait curieux de lire la bibliographie de cet auteur. Il ne remarqua toujours pas le regard étincelant de Hermione. Quand Remus ouvrit la première page de son livre, ce fut sembla-t-il la goutte d'eau qui fit déborder le vase. La jeune femme serra fortement les poings et dit d'une voix contrôlée et étrangement douce :
- Ce ne sera pas long, ne vous inquiétez pas, c'est juste que ça fait tellement mal…
Remus, au mot 'mal', sembla revenir légèrement à la réalité.
- De quoi ? fit-il l'air un peu paumé.
Ils étaient arrivés dans l'endroit de la boutique le moins éclairé et Remus distinguait à peine les traits du visage de Hermione. Celle-ci dans un geste surprenant, lui prit la main et la posa sur son épaule à elle. Remus resta pétrifié incapable de réagir. Mais que faisait-elle ?
- C'est tellement gentil de votre part, dit-elle en appuyant sa main sur la sienne.
Remus pouvait sentir la douceur de sa main sur le dos de la sienne et un courant électrique lui traversa le corps pour se loger dans son cœur qui se mit à accélérer.
- Qu'est-ce qui fait m…mal? bredouilla-t-il le visage soudain exsangue.
Il ne vit pas l'éclair de malice dans les prunelles d'Hermione.
- Et bien là, murmura-t-elle en pressant sa main, sur mon épaule.
Elle fit alors glisser sa main vers sa nuque et Remus sentit des cheveux au bout de ses doigts. Il se tendit imperceptiblement essayant de cacher tant bien que mal le trouble qui l'envahissait. Réfléchissant à la vitesse éclair, il tentait de se souvenir de quelques mots échangés à l'instant avec la jeune femme mais il en fut totalement incapable quand elle se tourna dos face à lui et qu'elle détacha sa main de la sienne. Elle souleva sa masse de cheveux en disant :
- Vous êtes toujours d'accord, n'est-ce pas ?
Remus avait gardé sa main sur sa nuque qui avait glissée sous ses doigts quand elle avait pivoté. Son cou était chaud et doux. Il eut soudain envie de sentir l'odeur de sa peau. Il se contracta aussitôt en retirant sa main. Il n'aimait pas, jamais, faire le loup. Et vouloir sentir les effluves d'une personne n'avait rien d'humain. Sauf dans des gestes d'affection tendres avec la personne qu'on aime, chuchota une petite voix dans sa tête… Mais elle ne reçut aucune réponse de Remus. Il était perdu, il s'avouait vaincu par son manque d'inattention à l'égard de la jeune femme.
- Excuse-moi, Hermione, soupira-t-il confus, je ne t'ai pas vraiment écouté. Que me demandais-tu exactement ?
Hermione se retourna vers lui et se mit à rire doucement.
- Oh, Remus, c'est à moi de m'excuser. Je vous ai fait marcher. Comme je ne vous voyais pas attentif à ma requête, j'ai voulu vous faire croire que j'avais besoin d'un massage de mes cervicales. Malheureusement pour moi, ajouta-t-elle dans un grand sourire, ça n'a pas marché!
Il resta un quart de seconde interloqué puis finit par rire.
- Bien essayé, dit-il dans un sourire complice. Alors que voulais-tu finalement ?
- Que vous ouvriez la malle noire derrière la porte.
Remus fronça aussitôt les sourcils:
- Ce sont des livres de magie noire, disons…très avancés et je ne préfère pas que tu y touches.
- Alors touchons-les ensemble ! répliqua la brunette rapidement en se dirigeant vers l'arrière-boutique.
Remus grimaça et la suivit à contrecœur. Il aurait dû savoir depuis le temps que Hermione obtenait toujours ce qu'elle voulait. N'était-elle pas après tout à l'origine de la libération des elfes de maison et de l'amélioration de leurs conditions de travail ?
Remus voulut ouvrir seul la grosse malle sous le regard attentif de Hermione. Il avait placé un sort d'anti-magie à code valvonombriliste à triples pulsions subbinaires, bref un verrouillage en béton.
- Pourquoi toutes ces précautions ? demanda Hermione curieuse.
Remus lui lança un regard sarcastique.
- Et c'est toi qui me demandes cela ?
Devant le plissement des yeux de Hermione, Remus se permit un sourire en coin. Hermione reformula sa question.
- Pourquoi une protection valvonite alors qu'un resserrage des paramètres physico psychiques suffirait ?
Remus coula dans sa direction un regard de filou. Hermione avec toute sa mémoire et son sens rigoureux avait néanmoins oublié un principe des plus basiques.
- Quels sont les trois attaques fondamentales de la Magie Noire sur le karma d'un sorcier ? demanda-t-il d'une voix professorale avec les yeux pétillants de malice.
Hermione récita aussitôt :
- Le cognitivisme du sorcier, l'espace tridimensionnel et…
Elle cligna des yeux, arrivée à la fin de sa phrase.
- Et ? poursuivit Remus en se redressant après avoir déverrouillé les dernières serrures latérales de la malle.
- L'espace temporel…murmura Hermione en regardant atterrée la malle qui gisait à leurs pieds.
- Remus, reprit-elle en levant les yeux vers lui, qu'avez-vous mis dans cette malle ?
- Quelques livres sur la montée des Cycles Sans Fin de la fin du XIXième siècle et…
Il hésita un quart de seconde…
- ….La série des Chronos thanatiques.
Hermione plaqua aussitôt sa main devant la bouche les yeux agrandis d'effroi.
- Remus, balbutia-t-elle.
« Evidemment, pensa-t-il immédiatement en regardant la jeune femme avec acuité, elle connaît l'envergure de tels ouvrages… »
- Pour combien de temps a été réglée la protection temporelle ? demanda Hermione.
Il y avait quelque chose dans son regard qui intriguait le lycanthrope. Quelque chose de brillant comme….comme une lueur d'excitation. La si studieuse étudiante éprouverait-elle par hasard un besoin…d'actions ? Remus n'avait que trop reconnu le genre de regard qu'elle lui avait lancé…Un regard qu'avait par exemple James, du temps des Maraudeurs, quand ils décidaient de partir explorer un coin de la forêt interdite …
- Une heure, répondit-il finalement en ne quittant pas des yeux Hermione.
L'admiration se lut aussitôt dans les prunelles de la jeune femme et Remus en fut flatté. Il se sentit néanmoins mal à l'aise pour une obscure raison.
- Je…c'est impressionnant, murmura-t-elle, le record est de 47 minutes il me semble ?
Remus acquiesça. Il leva la baguette une dernière fois pour ouvrir le couvercle de la malle.
- Tu es prête ? fit-il d'une voix monocorde.
Elle se rapprocha brusquement près de lui et leva aussitôt sa baguette.
« Courageuse mais pas si téméraire » se fit-il la réflexion avant de lancer le sort. Il commit alors une première erreur ; le déplacement de Hermione vers lui amena à son odorat sensible les effluves de son parfum fruité. Il en fut légèrement déconcentré mais cela fut suffisant pour les objets maléfiques siégeant dans l'ombre.
Dès que la malle fut ouverte, un brouillard quasi instantané les envahit. La deuxième erreur de Remus consista à accorder l'espace d'une nanoseconde trop d'importance au léger effleurement de l'épaule de Hermione contre son bras.
Ce fut une erreur de trop ; ils se retrouvèrent aussitôt propulsés la tête la première dans un caléidoscope d'images en furie passant beaucoup trop vite devant leurs rétines affolées. Un sifflement strident leur meurtrit les oreilles et leurs cordes vocales furent incapables de crier la souffrance qui montait en eux comme une vague gigantesque.
Puis soudain le noir, le silence et le vide apparurent. Remus prit rapidement conscience de ses sens amoindris et se morigéna mentalement quand il comprit qu'ils venaient d'entrer dans un livre Chronos thanatique. « Encore heureux qu'avec ma protection cela ne dure qu'une heure…reste à savoir ce que ce fichu bouquin va bien pouvoir nous montrer » Il eut soudain un haut le cœur : le livre avait sûrement pris pour cible son psyché… Il serra les dents en souhaitant à regrets qu'il aurait préféré 100 fois revoir les souvenirs de Hermione au lieu des siens… « Bon, normalement, le temps que la Magie Noire fasse son office sur ma mémoire, il nous reste, voyons...5…4….3…2…1…0 seconde… »
N/a: La suite dans 15 jours ! Titre du prochain chapitre : " Le désir de ressasser de mauvais souvenirs ? "
