Rewind

Auteur : Lenvy.

Titre : Last Melody.

Disclaimer : Tayuya and her close entourage belong to Masashi Kishimoto. The evocation of some characters are mine.

Fait en écoutant : Cradle Of Filth – Nymphetamine.

Note : Bonjour. J'ai décidé de commencer un recueil de OS. Pourquoi ? Eh bien, disons que j'ai beaucoup d'idées de fictions que je ne pourrais caser qu'ici, c'est pourquoi je créée Rewind. Cela signifie rembobiner, en anglais. Le titre n'est pas innocent, disons que le thème de ce recueil sera la réecriture et l'interprétation (assez libre, comme vous pourrez le constater à la lecture) de certaines scènes vues ou évoquées dans l'anime. Je me base sur l'anime et non pas sur le manga, car je connais et maîtrise mieux le premier. Il s'agit donc d'un passage du visuel à l'écrit. Cela faisait longtemps que j'avais l'envie d'écrire ma propre version de la mort de Tayuya, c'est chose faite. J'aurais aussi voulu écrire sur les relations présentes dans l'équipe des ninja d'Oto, mais je ne sais pas si l'OS que vous vous préparez à lire vaut vraiment la peine d'être publié. Disons que je l'apprécie beaucoup, mais ayant pris beaucoup de liberté en réinventant la vie de Tayuya pour expliquer son choix, je dois avouer que c'est la première fois que je me sens aussi peu sûre de moi à la publication d'un écrit, vos critiques seront donc on ne peut plus bienvenues. M'enfin, je vais me taire, je parle vraiment trop x) Bonne lecture tout de même.

Basé sur : épisode 125.

Last Melody...

Il l'emmerdait. Elle le lui fit savoir.

Il espérait quoi, ce crétin ? Qu'il allait la vaincre ?

Mais il était trop tard pour ça, il serait temps qu'il s'en rende compte. Il s'était tout de même bien battu, ce sale morveux de Konoha, même s'il avait bien morflé, aussi. Le kunaï à la main, elle se prépara à en finir. Si on lui laissait le choix, elle laisserait la vie sauve à ses adversaires. Pas par faiblesse, ni par sensiblerie, c'était juste que, les tuer, elle n'en voyait pas l'utilité. Elle avait conscience de n'être qu'un simple pion dans une bataille que menaient d'autres, mais, tant qu'elle était en vie, elle comptait bien vendre chèrement sa peau. Avant, cette simple pensée l'aurait révoltée ; c'était il y a longtemps, quand son existence avait encore de la valeur à ses yeux, avant qu'elle ne le rencontre. Elle était une gosse un peu casse-coup, garçon manqué au possible, dévorant avec avidité la moindre miette de joie que la vie daignait bien lui laisser. Apprentie kunoichi prometteuse, assimilant vite, appliquant avec talent. De son apprentissage, elle se souvenait surtout de cette soif de techniques, cette volonté d'en apprendre toujours plus, de devenir un ninja accompli. Sa mère en était folle de rage, c'était ce qui la motivait. De sa génitrice, elle n'avait reçu qu'une rancune haineuse, un mépris des hommes et un langage ordurier. Mais aujourd'hui, avec un peu de recul, elle ne lui en voulait pas. Autrefois, sa mère lui avait parlé de son père, un grand ninja, mort en héros sur le champ de bataille. Foutaises. Il était probablement un simple fermier, bien bouseux, et pas mieux que les autres, qui avait eu envie de tirer un coup, un soir. Elle n'était même pas sûre que sa mère ait été consentante, tiens. C'était comme ça qu'elle avait choisi de devenir ninja, pour piéger sa mère dans son propre mensonge, dans une frustration qu'elle ne pourrait jamais évacuer sous peine de se trahir. C'était sa petite revanche d'enfant non désirée, mais ç'avait fini par lui plaire. Sa mère ne saura jamais, qu'elle n'y avait jamais cru. Si elle lui avait jamais épargné quoi que ce soit, ce devait être ça. Ses relations avec autrui se limitaient à sa maigre famille. Les autres élèves, elle préférait les éviter. On la disait farouche, elle n'avait tout simplement pas envie de se mêler aux autres. La flûte, à l'origine, c'était une idée pour se débarrasser des indésirables. Elle la conservait toujours sur elle, au cas où. Ceux qui tentaient de venir l'amadouer, elle leur jouait un petit air, bien discordant. Ils ne restaient jamais bien longtemps. Un jour, une fille était restée. Elle avait eu beau lui jouer tout son répertoire, massacrant allègrement les mélodies, torturant les notes, rien n'y avait fait. C'était une gamine de son âge, au visage ingrat, mais aux yeux noirs très expressifs, avec de gracieux cheveux ondulés qui lui dévalaient le dos. Elle s'était assise face à elle, et l'avait écoutée jouer, sans sourciller, bien décidée à ne pas se laisser déloger. C'avait été une bataille pour le contrôle, pour savoir qui parviendrait à imposer son contrôle à l'autre. Et Tayuya avait perdu. Première et mémorable défaite. Elle s'était obstinée, des heures durant, jusqu'à ce que le soleil se couche et que sa gorge s'enflamme. Puis elle avait baissé les armes, posant sa flûte à ses pieds. Alors, la fillette s'était relevée avec un petit air réjoui, et s'était éclipsée, satisfaite. Cette gamine aura probablement été la seule personne à l'avoir jamais séduite. Elle ne la revit plus jamais. Des rapports humains, elle ne connaissait que la relation conflictuelle, et ne pouvait aborder les Autres qu'en leur infligeant sa présence. Avec sa flûte, elle rendait sa simple existence pénible aux autres. Une existence à laquelle il était impossible d'échapper, on n'échappe pas au son, à moins de courir assez vite pour pouvoir la distancer. C'était sa manière à elle de se sentir exister. Ca, il l'avait bien compris. Elle avait pris l'habitude de rentrer assez tard le soir, traînant dans les rues sales de la ville. Elle avait vaguement espéré que sa mère lui fasse des remontrances, la gronde et peut-être, et qui sait, s'inquiète. Elle était gamine, et malgré ses attitudes fières et affranchies, elle avait besoin d'affection maternelle. Sa mère l'avait parfaitement senti. Alors elle rentrait chaque soir un peu plus tard, un peu plus barbouillée, un peu plus sauvage. Et elle espérait, accordant quelques heures à sa mère pour qu'elle puisse lui faire part de son anxiété. Elle n'avait eu que du silence. Et chaque soir, elle rallongeait encore un peu le délai, comme si ça pouvait y changer quoi que ce soit. Une nuit, dans une ruelle, alors qu'elle s'amusait à tourmenter une ritournelle apprise le matin même, recueillant avec un plaisir proche du sadisme les visages déformés par la torture auditive des passants, il l'avait apostrophée, d'un commentaire moqueur sur sa façon de jouer. Elle s'était retournée, considérant d'un œil furieux l'inconscient qui osait commenter sa mélodie. Elle avait portée sa complice aux lèvres, prête à lui pourrir irrémédiablement les tympans. Après quelques minutes, son bras était mollement retombé, vidé de toute intention meurtrière. Un beau visage longiligne, délicatement dessiné, pour l'occasion orné d'un sourire tranquille. Mais ce qui attirait surtout son attention était le regard, appuyé par l'œil cerné de noir. Elle serait bien incapable de trouver les mots pour le qualifier, mais à l'époque, il lui avait fait grande impression. Sortie de sa contemplation et vexée par la remarque, elle avait repris sa flûte et lui avait rejoué le morceau, à la perfection cette fois-ci. Puis, elle s'était arrêtée et avait attendu. Il l'avait complimentée. Ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait, il rôdait souvent autour des terrains d'entraînements, tout en conservant ses distances. Tout naturellement, la conversation avait embrayé sur ses capacités de kunoichi. Même à l'époque, elle avait flairé le piège, sous les airs doucereux et les manières enjôleuses, comme s'il tentait d'approcher un animal particulièrement peureux, qui pourrait s'enfuir à tout moment. Tayuya connaissait bien la manœuvre, sauf que, d'habitude, c'était elle qui manipulait les autres, pas l'inverse. Elle ne lui avait pas fait confiance ce soir-là, ni le lendemain où il était revenu, vérifiant si le poisson avait bien été ferré, et elle ne lui accordait pas moins de crédit aujourd'hui. Pourquoi l'avait-elle suivi, alors ? Elle n'arrivait toujours pas à se l'expliquer. Peut-être… Non, sûrement pour sa mère. Avait-elle finalement compris qu'elle n'en tirerait jamais rien ? Peut-être. Toujours était-il qu'elle avait suivi Orochimaru, et qu'il avait fait d'elle un ninja du son. Si l'occasion lui était donnée de revenir en arrière, elle ne recommencerait pas. Elle aurait quitté son village, et serait allée errer sur les chemins, sa flûte à la main. Elle n'aurait pas été plus heureuse qu'aujourd'hui, mais au moins aurait-elle conservé son indépendance. Il était un temps où elle pouvait choisir, un temps où elle était libre, ce temps n'était plus. Et puis, de toute façon, il était trop tard à présent. Toutes ces années à servir Orochimaru avaient été pénibles et humiliantes. Mais elle continuait. Pourquoi ? Sûrement pas pour ses coéquipiers, ils ne l'appréciaient pas et elle leur rendait la pareille. D'elle, ils ne connaissaient que les insultes et la hargne, et c'était tout aussi bien ainsi. Pas par loyauté envers son maître, ses ambitions mégalomanes ne lui tenant pas particulièrement à cœur. Peut-être, parce qu'il aurait fallu admettre qu'il avait eu raison d'elle, qu'il l'avait piégée et manipulée. Qu'elle avait perdu. Qu'elle avait laissé un autre avoir un contrôle total sur sa personne. Et aujourd'hui, elle se retrouvait impliquée dans un combat dont l'issue l'indifférait, à affronter un type qu'elle n'avait aucune envie particulière de tuer. Et elle mettait sa vie en jeu. Elle avait perdu quelque chose de précieux, en acceptant de devenir une kunoichi du son. Certes, il y avait bien une façon de reconquérir sa liberté. Mais elle signifiait la fin de tout. On ne quittait pas Orochimaru impunément.

Ca fait un moment qu'elle est là, cachée dans les feuillages, attendant le moment propice pour intervenir. La kunoichi de Suna. Tayuya l'a déjà vue, elle a lu les fiches de Kabuto, constituées durant l'examen chuunin. Ses facultés, elle les connaît. Après tout, elles ont combattu pour le même camp durant l'attaque du village de Konoha. Elle n'agit pas, elle n'en a pas envie. A deux contre un, et avec les capacités de cette arrivante, elle risque bien d'y passer. Son dernier regret est qu'Orochimaru ne saura probablement jamais qu'a la fin, elle aura fait son choix, en dépit de ses ordres. Elle reconquiert sa liberté, et, le bon côté de la chose, c'est que ça va terriblement l'emmerder, le vieux. Tant mieux. Elle a gagné.

La bourrasque arrache les arbres, décapite les branches. Elle pourrait éviter les tonnes de bois qui lui tombent dessus… Non. Elle ne manquera à personne, quitte à mourir, autant que ce soit par choix. C'est sa dernière volonté, et elle ne l'impose à personne, celle-là.