Note d'auteur : Cette fic est un peu particulière, puisqu'à la base les chapitres qui la composent sont des OS indépendants. Cependant j'ai choisi de les publier dans une seule et même fic sur ce site, c'est infiniment plus simple. Ils sont publiés dans l'ordre chronologique, mais pas dans celui de publication, par exemple le premier de ce recueil est le 2e ou 3e que j'ai écrit et publié.
Il y en aura au total 17, 15 sont des réponses à des prompts (prompts que j'indiquerai dans la note d'auteur) et les 2 autres sont des participations à des concours. Aucun OS n'est la suite immédiate du précédent, mais ils ont tous un lien entre eux puisqu'appartenant à la même histoire.
On entre maintenant dans ma deuxième phase d'écriture, ce sont des texte beaucoup plus travaillés, dont je suis plus satisfaite. Je les ai écrits à partir de juin 2011 alors que les fics que j'ai précédemment publiées ici datent du deuxième semestre de 2010, j'ai eu une bonne coupure en terme d'inspiration, et puis en juin 2011, pendant mon bac, pouf ça m'est revenu et j'ai choisi de travailler sur le personnage d'Asteria Greengrass, de lui inventer une histoire tout en suivant le canon (ce qui signifie qu'elle finit avec Drago comme JKR l'a dit, mais j'écris sur tout ce par quoi elle est passée avant d'en arriver là, et Drago ne sera pas présent dans tous les OS).
Cet OS est une réponse au prompt "L'odeur du thé".
Voilà, j'arrête mon blabla, et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant que ma vision d'Asteria vous plaira ! Ah oui, dernière chose, j'ai choisi l'orthographe "Asteria" plutôt que "Astoria", parce qu'Asteria est la fille d'un Titan et d'une Titanide, Céos et Phébé, alors qu'Astoria est une marque d'électroménager et une chaîne d'hôtels, alors je sais que les deux orthographes sont employées dans le monde de la fanfiction mais ma préférence va clairement à la première x)
Le ruban blanc lui échappa des mains et Asteria se baissa pour le ramasser. Elle se rassit devant sa coiffeuse et soupira. Elle se demanda jusqu'à quand il faudrait rehausser son petit tabouret recouvert de velours rouge pour que son visage pût être à la hauteur du miroir. Elle qui pensait être grande… Daphné avait un tabouret à hauteur normale, et pourtant elle n'avait que deux ans de plus qu'elle… Est-ce que commencer à faire de la magie faisait grandir plus vite ? Et pourquoi elle, n'en avait-elle encore jamais fait ? Elle avait six ans, elle était grande pourtant !
Elle savait lire, elle savait compter, elle avait même déjà volé sur un balai. Enfin, volé… C'était celui de son père, qui avait été Poursuiveur dans l'Équipe de Serpentard lorsqu'il était à Poudlard. Il avait fait essayer son balai à Daphné qui avait fait le tour de la maison sans tomber, une vraie championne… Et puis Asteria avait voulu essayer, et à peine était-elle grimpée sur le manche de bois marqué par les années qu'elle était retombée au sol. Daphné avait bien ri, son père aussi. Il avait dit à Daphné qu'elle avait l'étoffe d'une vraie joueuse de Quidditch. Et il n'avait rien dit à Asteria.
Pourquoi ne faisait-elle pas de magie ? La première fois que Daphné en avait fait, elle avait cinq ans et demi. Asteria était plus grande, maintenant, elle avait bientôt six ans et demi, et pas la plus petite trace de magie… Elle soupira et reprit sa brosse en bois d'ébène pour se coiffer. Ses cheveux étaient insupportables, ils ne voulaient jamais aller dans le sens qu'elle souhaitait. Ils faisaient tout pour la contrarier. Elle regarda ses mains potelées et grimaça. Sa mère vantait la beauté des poignets fins, des attaches aristocratiques. Elle n'avait rien de tout cela, elle…
Asteria arrangea le ruban blanc dans ses cheveux bruns et sourit enfin, contente de s'en être sortie toute seule. Un craquement sonore se fit entendre dans sa chambre quand un elfe apparut, les bras chargés d'autres rubans. Il parut horrifié quand il vit qu'Asteria s'était coiffée seule. Il se confondit en excuses en s'inclinant très bas, visiblement très contrarié qu'elle ne l'ait pas appelé pour l'aider. Asteria le rassura d'un grand sourire mais l'elfe continuait à se tordre les mains de gêne. Finalement, Asteria descendit de son tabouret et arrangea les plis de sa jolie robe blanche. S'il y avait une chose qu'elle aimait dans les dimanches, c'était la permission de mettre de jolies robes qu'on lui interdisait les autres jours de peur qu'elle ne les abimât.
Ses grands-parents allaient arriver d'un instant à l'autre, comme tous les dimanches. Elle perdit un peu son sourire. Sa grand-mère était très stricte, et ne cessait de faire des remontrances à Daphné et Asteria sur leur tenue, leur comportement. Elle leur donnait des leçons de savoir vivre à chaque fois qu'elle venait. Leur grand-père était moins sévère, mais ne leur parlait pas. Il les considérait sans doute trop jeunes pour être intéressantes. C'était ce que répétait Daphné, en tout cas. Ce devait être vrai. Daphné avait toujours raison.
Asteria sortit de sa chambre et descendit les grands escaliers menant au rez-de-chaussée. Elle adorait voir sa robe blanche bouger au gré de ses pas, elle avait l'impression d'être une princesse. Se prenant au jeu, elle saisit deux pans de sa robe entre ses doigts, pour la soulever devant elle afin de ne pas tomber et descendit d'un pas théâtral. Elle entendit un pouffement de rire derrière elle et se retourna. Daphné était assise en haut des escaliers, elle riait à gorge déployée en la montrant du doigt. Asteria rougit et lâcha sa robe pour descendre précipitamment.
Leurs parents étaient dans le salon. La théière en argent fumait. Le thé était déjà prêt, leurs grands-parents n'allaient pas tarder. En effet, lorsque quatre heures de l'après-midi sonnèrent, un craquement se fit entendre dehors, le craquement familier du transplanage. Daphné arriva dans le salon, suscitant les sourires de leurs parents lorsqu'elle tournoya avec sa belle robe verte. Asteria sourit et tenta de faire pareil, mais le tournis la prit très vite et elle manqua tomber, se raccrochant au bord de la cheminée, faisant vaciller un vase de cristal. Elle se fit vertement réprimander et se tint tranquille, rouge de honte.
Leurs parents se levèrent pour aller accueillir les grands-parents, suivis des deux fillettes. Daphné trottinait devant, un grand sourire aux lèvres. Asteria surveillait la mise en plis de sa robe, espérant que leur grand-mère ne lui ferait pas de remarque désobligeante… Si elle souriait et se tenait droite, elle était sûre de faire bonne impression. Daphné embrassait déjà leur grand-père et les parents saluaient la grand-mère. Cette femme avait toujours fait peur à Asteria. Elle était froide, son visage était dur, on ne semblait lire que du reproche dans ses yeux…
Asteria se fit toute petite, jusqu'à ce que la voix glaciale de sa grand-mère la sorte de sa rêverie. « Eh bien, Asteria, tu ne viens pas m'embrasser ? » La fillette se précipita en avant, les mains tremblantes, et embrassa sa grand-mère sur les deux joues. L'aïeule demeura de glace et regarda Daphné qui faisait virevolter sa belle robe verte. Verte, comme Serpentard, ainsi que le faisait si judicieusement remarquer leur grand-père. Asteria regarda sa robe blanche dont elle était si fière tantôt, et se sentit à nouveau rougir, consciente qu'avec cette couleur – pourtant proche de l'argent si on y réfléchissait – elle ne s'attirait pas les bonnes grâces de leurs grands-parents, qui ne juraient que par la maison de Salazar Serpentard et y imaginaient déjà leurs petites filles réparties…
Ils passèrent au salon après quelques minutes de bavardages dans l'entrée. Daphné racontait que la veille elle avait encore fait de la magie, qu'elle avait réussi à faire voler une de ses poupées autour de son baldaquin, comme un oiseau. Leur grand-mère s'en montra très satisfaite, disant que sa petite-fille un talent inné pour la magie et qu'elle était très contente de voir à quelle vitesse elle progressait. Et Asteria avait à nouveau baissé la tête quand leur grand-père avait demandé de sa voix grave pourquoi elle, elle ne faisait pas de magie. Personne n'avait pu lui répondre, et il avait prononcé le mot « Cracmol » qui avait fait pâlir leurs parents…
Daphné avait grimacé, comme si elle avait été choquée de ce qui se disait, et s'était rapprochée d'Asteria pour poser sa main sur son épaule. Asteria était habituée aux revirements de sa sœur, qui pouvait tantôt se vanter et rabaisser sa cadette, et quelques secondes après se montrer protectrice envers elle et la défendre vigoureusement. Malgré leurs différences, et tous les talents de Daphné qui rendaient sa sœur si imparfaite aux yeux des autres, elles restaient très proches, et Daphné faisait souvent de la magie pour amuser Asteria, notamment quand elles jouaient aux poupées toutes les deux. Mais Asteria ne pouvait cependant s'empêcher d'être terriblement jalouse de sa sœur si douée et si talentueuse…
Au salon, leur grand-mère s'assit avec élégance dans un des fauteuils couleur anis, veillant à ne pas froisser sa robe de sorcière. Asteria prit place dans le fauteuil voisin et se tint silencieuse. Elle n'aimait pas l'atmosphère qui régnait, et était consciente d'en être la cause. Elle sentit une main ferme dans son dos, et alors qu'elle croyait que sa grand-mère la réconfortait, elle entendit la voix sèche de celle-ci lui dire de se tenir droite et de ne pas croiser les jambes. Les critiques, les reproches, les remontrances… Ne savait-elle faire que cela ?
Les adultes commencèrent à discuter, mais Asteria ne les écoutait pas. Elle ne trouvait pas d'intérêt aux conversations des grandes personnes, elle n'en comprenait jamais la moitié, et les sujets abordés ne la concernaient pas. Daphné faisait semblant d'écouter, Asteria le savait. Cette manie de toujours vouloir faire bonne figure, de toujours vouloir qu'on soit fier d'elle… Pourquoi ne pouvait-elle pas être elle-même ? Pourquoi avait-elle besoin de se montrer comme leurs parents le voulaient, et non comme elle était ? Asteria serra ses petits poings, sentant la colère la gagner. Elle croisa le regard courroucé de sa grand-mère et pâlit.
L'elfe de maison apparut, prit la théière en argent finement ciselée, et servit le thé. Leur grand-mère fut la première servie, comme il était de coutume, puis leur grand-père, puis leur mère, et enfin leur père. Mais alors que l'elfe allait reposer la théière, leur père lui fit signe de servir également les deux fillettes. Asteria l'entendit dire qu'il n'y avait pas d'âge pour éduquer les jeunes filles et les habituer à boire ce qui était proposé aux gens de qualité. Asteria ne comprenait pas, ne donnait-on du thé qu'aux gens de « qualité », comme il le disait ? Elle le soupçonnait plutôt de vouloir voir si elles savaient apprécier ce genre de breuvage, et comment elles tenaient leur tasse.
Asteria prit la soucoupe, comme elle voyait si souvent sa mère le faire. La tasse vacilla légèrement, mais tint bon. La fillette porta la soucoupe au niveau de sa poitrine et prit la tasse en porcelaine par l'anse. Ses mains tremblaient, et la fumée qui se dégageait de la tasse faisait pleurer ses yeux. Mais alors qu'elle portait la tasse à ses lèvres, elle entendit des acclamations à sa droite. Elle tourna la tête pour voir Daphné boire son thé avec toute l'élégance que pouvait avoir leur mère ou leur grand-mère… Et tout le monde la félicitait. Et personne ne faisait attention à Asteria… Elle sentit son cœur battre, ses doigts se crisper, elle serra l'anse fragile entre son index, son majeur et son pouce, et… la tasse explosa. La soucoupe également. Accompagnant le bruit cristallin de porcelaine brisée, tout le thé se déversa sur le sol, sous les cris des adultes et de Daphné.
Il y eut un instant de silence, avant que leur mère ne sourie enfin, et dise d'une voix pleine de fierté que leur fille venait enfin de faire de la magie. Son premier sortilège… Asteria sentit enfin la colère la quitter, remplacée par le contentement. Elle était une sorcière, elle avait fait de la magie... Elle sentit un frisson de bonheur la prendre et un sourire éclatant éclaira son visage d'enfant, tandis qu'elle contemplait les débris de la tasse sur le sol et dans sa main. De la magie, de la magie... Elle n'était pas une Cracmole, ses parents en avaient la preuve, et ses grands-parents, elle irait à Poudlard comme eux, et comme Daphné, elle apprendrait plein de sortilèges, de potions, ils seraient si fiers d'elle...
Mais leur grand-mère avait ce don pour ternir une ambiance chaleureuse, et elle s'en servit une fois de plus. De sa voix froide, elle dit :
— L'odeur de ce thé est tenace, le tapis va en être imprégné. Cette petite est décidément une catastrophe. Son premier sortilège aura été de briser une tasse de porcelaine, sans même en avoir bu le contenu. Quand je pense que le premier sortilège de sa sœur a été de redonner vie à un bouquet de fleurs fanées…
Et elle se tut, après avoir poussé un sifflement qu'Asteria assimila à du mépris. Reproches, reproches, reproches… C'était toujours pareil ! Daphné, si parfaite, si jolie, si gracieuse, et elle, Asteria, si maladroite, si peu élégante, si petite… Elle avait tant espéré s'attirer les bonnes grâces de leur grand-mère avec ce premier sortilège, lui prouver qu'elle était bel et bien une sorcière, une Greengrass à part entière… Mais elle savait au fond d'elle qu'elle serait toujours comparée à sa sœur, et que tenir la distance ne serait probablement pas simple…
Note de fin : J'espère que ça vous a plu, vous avez déjà un aperçu des relations qu'Asteria peut entretenir avec ses parents, sa sœur, c'est là-dessus que va se fonder la majeure partie de mon recueil puisque c'est par rapport à ces relations qu'Asteria se construit et devient ce qu'elle est dans ma vision du personnage.
Merci d'avoir lu et n'hésitez pas à me donner vos avis, je suis très attachée à ces OS et à ce personnage tel que je l'ai imaginé et ça me ferait plaisir de savoir ce que vous en avez pensé :) A samedi pour le chapitre 2 !
