Auteur : Natsu
Titre : (Calamity) Jane
Genre : Comme d'habitude, romanchiku
Disclaimer : Jane m'appartient, et c'est le seul perso qui m'intéresse le moins dans l'histoire… enfin quand j'ai demandé à l'échanger avec Duo, ils ont refusé. Pas juste.
Note de l'auteur : Aucun rapport avec l'auteur Calamithy, je vous rassure :-).
Note 2 : surtout… c'est pas du tout mon point de vue sur la famille ! XD


(Calamity) Jane

Chapitre 1 : T'as le droit d'avoir peur

J'aime ma famille. Et quand je dis ça, c'est sans être ni hypocrite, ni ironique. Non non.

A commencer par mes parents. Compréhensibles, ouverts, je me rappelle encore de leur réaction quand je leur ai annoncé pour la première fois « Il y a quelqu'un dans ma vie ».

Ma mère a sourit et mon père a dit « Il était temps ! Je commençais à me demander si tu étais bien mon fils ! Quand même… 17 ans pour se trouver une copine… à moins que tu nous aies caché les précédentes ! ».

Et ma mère « Tu nous la montreras ? »

Et j'ai répondu tout naturellement « J'ai dis quelqu'un, pas quelqu'une. »

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Et la… silence de mort. A gêner les morts parce que plus mortellement silencieux que ça, c'était pas possible.

Le sourire de ma mère a disparu, et la langue trop pendue de mon père s'est vite rangée. Et c'est là que je me suis dis « Putain… et c'est eux qui ont engueulé la télé la semaine dernière parce que le gouvernement a refusé une énième fois le mariage homosexuel… ». J'aurai mieux fait de me taire ?

On peut pas cacher toute la vie que y'a jamais eu de rapport sexuel avec une nana, parce qu'on a jamais réussi à bander pour elle. On peut pas parler avec les autres gars de la famille ce qu'on ne connaît pas. Et avouez qu'on peut pas faire l'intéressé et le curieux quand Truc nous dit « Ouah, elle était trop bonne Machine ».

A moins d'être bon comédien (et faux cul).

Finalement, mes parents ont accepté mon copain. On ne juge pas quelqu'un par ses préférences sexuelles. J'ai même pu le leur présenté et il a fait bonne impression.

Enfin, ça c'est de l'histoire ancienne. Le copain, ça fait depuis belle lurette que je l'ai plaqué.

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La famille, ça passe aussi par le grand frère modèle ET sympa. Le grand frère qui a tout fait avant le petit frère et qui veut absolument partager ce qu'il a de plus intime, parce que c'est pas avec les parents qu'il le ferait.

Pas de chance pour lui, on n'est pas sur la même longueur d'onde.

Le grand frère sympa mais qui comprend rien à son petit frère, qui le regarde de biais quand celui-ci lui parle de son projet qui est un gars, et qui lui répond « Mais comment tu fais pour aimer les mecs ?? Les filles, c'est quand même vachement plus sexe ! ».

Bah… pas forcement, non. La preuve.

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Puis tout autour du cocon familial interne, y'a les grands parents, les arrières grands-parents, et toute l'armada de tonton, tantines, cousins, cousines, nièces, neveux, demi tantes, demi oncles, cousins/cousines au second/troisième degré, cousins/cousines par alliance, futur demi tontons/tantes/cousins/cousines/neveux/nièces, etc… parce que ma famille est, vous l'avez deviné, grandement composée de couples recomposés/rerecomposés.

Ca passe par la grand-mère qui se plaint tout le temps à la grand-mère poule et pot de colle. Du grand-père énergique au grand-père mou comme un chewing-gum. De l'oncle brico-touche-à-tout à l'oncle casto-phobe (qui déteste castorama). A la tante moulin à paroles à celle qui dit rien mais n'en pense pas moins.

La demie belle grand-mère anciennement catho convertie dans le néo-shintoïsme.

L'arrière papy écologique, l'arrière mémé hypochondriaque.

La mère afro hystérique du filleul barjo. Les neveux boutonneux accro à la playstation et au coca, les demies nièces sportives.

Les petites cousines casse-couilles mais trognones quand elles dorment ou quand elles te font des bisous escargot. Les cousins en phase de crise de pré ado/ado/post ado (quelle est longue cette période !) et qui font chier tout le monde parce que « laissez moi vivre ma life ».

Les nièces qui découvrent les garçons et le condom, et la combinaison de ces deux objets.

Les cousins/cousines éloignées/proches qui ont le même âge que toi. Les confidents.

Les radio-telephones arabes, les voyageurs aventureux, les maniaco-dépressifs, les affectueux, les fêtards, les bosseurs, les glandeurs, les chieurs, les beaufs, les envahisseurs…

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Bref, que des gens bien.

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Ah c'est sûr, pour les repas de familles, il faut louer le stade de France.

C'est pour ça qu'on fait pas des réunions tous les quinze jours et qu'on invite pas toutes les branches de l'arbre généalogique d'un coup.

Pour retenir tous les prénoms et les dates d'anniversaire, d'anniversaire de mariage, d'anniversaire de tel ou tel évènement qu'on s'en fout mais faut les retenir quand même (les évènements AUSSI), il faut plusieurs classeurs.

Tu vas me dire « Mais c'est cool ! A Noël on reçoit plein de cadeaux ! ». Ben voyons. Ca serait trop beau.

T'imagines le nombre de personnes dans la famille ? C'est-à-dire le nombre de cadeaux à acheter et à offrir ? A Noël, le budget n'est pas rentabilisé par les trucs pourraves que tu reçois, toi. Parce que plus y'a de personnes, plus le cadeau vaut moins cher, et plus il est nul.

Donc à Noël tu offres pleins de cadeaux pas chers et nuls, et tu reçois pleins de cadeaux pas chers et nuls. Ca te revient quand même à fusiller ton porte-monnaie et en échange t'as pleins de trucs inutiles que tu sais pas à qui refiler parce que même sur ebay on n'en voudrait pas.

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Mon frère et moi sommes les seuls rescapés de la famille nombreuse car on est bien la seule famille qui comporte QUE quatre membres.

D'ailleurs, mes parents ont voulu DEUX enfants, et comme je suis le deuxième, j'ai hérité du prénom Duo.

Y'avait pas assez de propositions de prénoms par tous les autres membres de l'arbre généalogique. Remarque, j'ai échappé à Gilbert-Henri, alors j'ai pas trop le droit de me plaindre.

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J'aime ma famille, mais y'a des limites à tout.

Quand y'a un énergumène tu te prends la tête avec lui, c'est pas top après pour expliquer pourquoi tu veux plus le voir, tu lui fais la gueule, tu refuses tout contact avec sa famille, tu reçois TOUTE la famille sur le dos, ça fais des histoires…

Mais bon, j'arrive toujours à sauver le coup.

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Et quand la smala débarque dans ta ville (toi t'es en appart avec un colocataire, tu vas pas les accueillir à bras ouverts… oh non surtout pas, t'es pas assez fou pour ça)…

Là ton week-end, il est niqué.

Parce que le vendredi soir t'as fais un apéro avec eux. T'es sortis en boîte avec les cousins cousines. T'es rentré à 5 heures du mat. Tu t'es levé à 14h30. T'as mangé de 16h à 18h. T'as fais des pictionnary et des trivial poursuites jusqu'à 22h. A 22h t'as rebouffé jusqu'à minuit. Et à minuit c'était l'heure d'aller en boîte.

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Rebelote pour le dimanche.

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Et c'est reparti pour un tour gratos avec l'autre coté de la famille le week-end d'après.

Yeah.

En plus ton excuse de « chuis étudiant, laissez moi ma dernière année » elle marche pas parce que tout le monde sait que t'es trop balèze, que tu bosses trop et que « t'as besoin de faire des pauses ! ».

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Nan mais sinon ils sont sympa.

Quand ils sont à 200 bornes de toi, c'est clair qu'ils le sont encore plus… mais on peut pas tout avoir dans la vie.

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Si je vous parle de ma famille, c'est parce que justement y'a ma cousine qui déboule chez moi dans quelques heures. Je vous raconte pas l'angoisse.

Ouais, elle est toute seule. Mais cette cousine là, 24 ans, soit un an de moins que moi, la quatrième fille de ma deuxième tante du coté de mon père, elle vaut au moins une branche complète de l'arbre machin.

Elle est gentille. Une crème, cette nana. Mais putain… fatigante

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Son portrait en trois points majeurs :

1) Elle s'appelle Jane et on a l'impression qu'elle sort tout droit de la jungle.

Ses parents savaient pas quand elle est née qu'elle porterait hyper bien son prénom, surtout ajouté de « Calamity ».

On l'appelle Calamity Jane. Parce que Jane tout court, ça fait trop sage. Et en fait on l'appelle même pas comme ça parce que le temps qu'on prononce « Calamity Jane », cinq syllabes, ben elle nous a déjà coupé la parole. C'est trop long. Elle parle beaucoup et vite.

Du coup on l'appelle Cal' Jane, ou Cal'.

2) Elle est hyperactive.

Elle a abandonné le judo parce que c'était trop calme pour elle et trop dangereux pour les autres. Elle a trouvé sa voie dans la boxe, mais elle a abandonné aussi, préférant le kick-boxing où les coups de pieds sont permis.

Parce que les coups de poing seulement, ça lui suffisait pas.

Elle tient pas devant la télé ou devant un livre. Même devant une page de Oui-Oui. Et pourtant, c'est écrit gros dans les livres de Oui-Oui, et y'a pas beaucoup de mots sur une page.

Elle tient pas dans un cinéma (ou alors quand on y va avec elle, c'est pas pour regarder le film, mais plutôt critiquer un morceau, raconter sa vie, faire des batailles de pop corn…).

Elle tient pas à table. Faut pas se mettre à coté d'elle pendant les repas de famille, parce que toutes les dix minutes elle s'en va, revient, s'en va, revient, et comme t'es serré autour de la table avec tout le monde que y'a, il faut que tu bouges ta chaise.

3) C'est un garçon manqué.

Mais attention, elle est hétéro. Et t'as pas besoin (ni le temps) de lui demander qu'elle t'a déjà déballé toute sa vie privée.

C'est juste qu'elle a pas le temps de faire du shopping et d'essayer les fringues (ça veut dire faire la queue pour des cabines… ah oui, elle tient pas dans les files d'attente), et le matin elle se pomponne pas, se bichonne pas, se maquille pas comme les autres nanas. Trois coups de brosse, un élastique et une queue de cheval et c'est parti. Elle est belle naturellement.

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Ha ha… sa vie privée j'ai dis ? Elle a une vie privée ? Non. Sa vie est publique. Elle pourrait raconter sa dernière partie de jambe en l'air à un parfait inconnu que ça ne la dérangerait pas.

Elle a pratiquement toujours un copain. Faut préciser, si ça a pas déjà été fait, qu'elle est active, donc le copain, une fois qu'elle l'a épuisé, elle en prend un autre. Ca s'appelle le « mec à la chaîne ».

D'ailleurs, elle nous montre toujours son actuel copain (qui change) qu'elle prend en photo (elle doit faire la collection d'albums de photos d'ex).

La dernière fois, c'était un mec super baraqué, gonflé de muscles de partout, et sur la photo il était torse nu.

Tu vois la photo, tu réponds à sa question « Alors tu le trouves comment ?? »

-Nié ? Lui Tarsinge l'homme zan ?

Le Tarzan de Jane, c'est Musclor, quoi. Limite le bibendum de chez Michelin.

Avec sous les bras, la forêt Amazonienne. Et encore. La forêt Amazonienne, elle est sous le coup de la déforestation.

C'est là tu te dis putain… ça doit être trop gore quand ils baisent ensemble, ces deux là…

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Elle aime raconter sa vie. Mais sa vie… sa vie entière, quoi. Ca va aux conneries qu'elle a fait depuis ces deux dernières heures (et y'en a) à sa vie privée publique, avec TOUS les détails. En passant par les précédentes visites dans les différentes branches de la famille, qui sont toutes aussi paaaassionnante, avec les disputes et tout et tout.

Et aussi. Tu n'échappes pas à la question tabou « Alors, les amours, ça va ??? ».

Trois options s'offrent à toi dans ce cas là.

Option un : Tu dis oui.

C'est pas forcément la bonne réponse, parce que si t'as le malheur de dire « oui » elle te soûlera pour que tu lui racontes ta vie privée, qui est publique pour elle, avec TOUS les détails. Mais quand je dis TOUS les détails, c'est TOUS les détails.

Option deux : Tu dis non.

Ca non plus c'est peut être pas une bonne réponse, parce que non seulement elle te feras chier pour que tu lui racontes ta vie privée, mais en plus elle vas te soûler pour savoir pourquoi tu ne veux pas raconter ta vie privée.

Option trois : Tu lui réponds pas.

Ou tu lui dis « Plus tard ». Mais ce n'est qu'une bombe à retardement que t'as enclenché, et y'a bien un moment ou un autre où le moment fatidique où elle revient à l'attaque pour tout savoir sur ta vie privée arrivera.

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En gros, t'as pas trop le choix. Faut vraiment tout lui raconter. Remarque, ça permet de te libérer, hein. Faut voir le bon coté des choses. Et puis elle est vachement compréhensive, donc elle peut t'aider (sisi).

C'est pas la peine d'essayer de la raisonner, la prise de conscience ça marche pas avec elle.

Faut croire que Jiminy Criquet, ou la ptite voix dans la tête, elle connaît pas.

C'est pas la peine de la prendre dans son jeu et de jouer à celui qui est le plus chiant. Elle gagne tout le temps.

Celui qui croit lui faire faire l'arroseur arrosé, ben il a pas prit le bon tuyau.

Et enfin, c'est pas la peine de lui en vouloir. Elle est peut être stressante, mais méga nette et ouverte d'esprit. Donc avec elle tu discutes. T'as même plus besoin de psy. En plus si tu marches avec elle, elle peut te rendre service.

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Mais… lourde. Elle est lourde quand elle s'y met.

C'est bien simple, la dernière fois qu'elle a rencontré mon ancien colocataire dans notre appart', elle l'a fait fuir. Le gus est parti la semaine d'après.

Et là… mon coloc c'est pas quelqu'un que j'aimerai voir fuir.

Mon coloc j'y tiens, parce qu'il est beau. Il est sympa. Il est amusant. Il est intelligent. Il est parfait.

Tu vois pourquoi je redoute l'arrivée de ma cousine ?

En plus, il sait même pas que je suis gay. Il sait pas qu'il me fait trop de l'effet. Il sait RIEN. Et c'est pas moi qui vais lui dire, parce que je l'entends toutes les semaines dans sa chambre parler à « Len » ou « Léna », qui doit sûrement être sa poufiasse de petite copine de pourquoi qu'il est pas homo ???

Je la connaît pas, Len. Si ça se trouve elle est sympa.

Mais comme Heero s'intéresse visiblement à elle, c'est une poufiasse. Voila.

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Vendredi soir, 20h30.

Elle arrive dans une heure et demie. Heero est prévenu. On a même prévenu les voisins qui sont cool et qui me plaignent.

« -Pardon, si vous entendez des agissements ce week-end, c'est chez nous. On s'excuse d'avance. Je reçois de la famille.

-Ah oui, je comprend. Le troupeau familial…

-Non non, pire. La fiancée de George Delajungle. »

-

Tu penses peut être qu'à minuit, après six heures d'avion et deux heures de train elle va être crevée, hein ?

Eh ben non.

Elle marche aux piles Duracel +++.

Aux piles Bidule, dans la bd de Gaston Lagaffe, réputées pour être inusables.

Y'a pas de bouton stop. Elle s'arrête jamais.

C'est ça le problème. Parce qu'en tant qu'être humain normal, y'a bien un instant où tu t'arrêtes pour souffler. Bah elle t'as du mal à la suivre.

Et en association avec les chaînes d'email bidon que tu reçois qu'il faut envoyer à 10 personnes, ça te portera chance et bonheur et blablabla… :

Un objet : une arme de destruction massive

Une couleur : toutes. Elle t'en fait voir de toutes les couleurs.

Un aliment : tous. Tu les digères pas forcément et ils te font chier.

Une boisson : un alcool. Parce qu'elle te soûle.

A consommer avec modération.

BEAUCOUP de modération.

-

Heero dessert la table. On a mangé avant elle, après l'avoir attendu une heure et après qu'elle nous ait filé un coup de bigo en disant « mangez sans moi, j'ai pris un sandwich ! ».

-Tu n'exagères pas un peu ?

-Non.

Il hausse les sourcils, un peu amusé.

Ah… il me croit pas ? Bah il va voir… Il sera pas déçu du voyage.

-Oh… mais elle est sympa ?

-Ah oui, très sympa. Très sociable. Très franche. Trop franche. Fais gaffe à ce qu'elle dit. Elle non plus c'est pas du genre à exagérer. Si tu fais un sondage auprès de ses ex, ils te diront que ce qu'elle dit, c'est vrai. Et y'a pas de « je me la raconte mais en pratique j'en fais pas autant ».

-Duo… tu es trop dur avec ta cousine. Elle s'appelle comment ?

-Calamity. Euh… Jane.

-Ca va bien se passer, t'inquiète pas !

-

Ben si je m'inquiète. Comme je l'ai dis, elle est trop franche. Style elle déballe aux autres aussi tout ce qu'elle sait de moi, mes coups foireux avec mes ex, les râteaux, les petites anecdotes gênantes, et les souvenirs humiliants que j'ai de commun avec elle…

Eh bah Heero, ça fait depuis deux ans qu'on est coloc', parce qu'on est dans la même école post-prépa et que quand je l'ai rencontré, je l'ai pu lâché.

Ca se fait pas, quoi. Lâcher un mec en or comme ça. Même s'il a une copine TT.

Et puis j'ai pas envie de paraître vraiment con devant lui.

-

Heero lave les assiettes. C'est à son tour. Je reste dans la cuisine pour lui tenir compagnie en théorie, pour le mater en vérité.

Parlant un peu de lui, il est parfait. Ca vous le savez.

Il a un corps d'athlète. Un corps bien sculpté. Finement musclé, pas trop, ni trop peu.

Ce que je préfère chez lui, ce sont ces yeux, bleus, que chez les japonais y'en n'a pas des masses des personnes aux yeux bleus.

Mais aussi ses mains, avec ses doigts longs et fins, des doigts de musicien, des doigts de fée.

Et puis ses jambes. Ah lala… ses jambes… ses jambes élancées, bien dessinées…

Et encore… bah en fait j'ai pas de partie du corps préférée. Y'en a tellement que je vais citer le corps tout entier.

Ce mec me rend...

-

Il tourne la tête et me regarde. Je n'ai rien dis depuis cinq minutes, et ça peut faire louche.

-Ouais euh… donc t'es sûr que ça te dérange pas que je dorme dans ta chambre ce soir et demain soir ?

-Duo, c'est moi qui te l'ai proposé.

Héhé. Ca tombe bien, j'aurai pas pu lui demander.

-Ca aurait pu être par politesse. Ou par pitié, pour éviter de me faire dormir misérablement sur le canap'.

Il sourit et secoue la tête. C'est son canapé, il est confortable, mais ne permet pas à une personne de 25 ans de dormir dessus car trop petit.

-Tu critiques pas mon canapé… !

Ah… j'adore quand il fait semblant de me menacer. Il est trop craquant. Croquant aussi.

-J'espère qu'elle va pas me démolir ma chambre.

-T'as qu'à cacher les trucs auxquels tu tiens ou que tu veux pas qu'elle découvre.

-Déjà fait.

-Bon, il te reste plus qu'à croiser les doigts.

Bonjour la confiance… c'est ma cousine pourtant !

Bon en fait c'est pas du genre voleuse… mais fouineuse, si ! Et ouvertement en plus ! C'est-à-dire que le soir elle va regarder sur les étagères et le lendemain elle va te poser des questions sur ce qu'elle a vu.

-

Quelque part, je la remercie un peu car je vais dormir dans la chambre de Heero.

Non… pas de fausse joie, je ne vais pas dormir dans son lit, il a un lit une place. On a un futon de secours, parce que des fois y'a un pote de cours ou un autre qui vient dormir chez nous.

Et on va pas le caser sur le canap'.

Mais c'est sa chambre quand même. Je pourrai le voir plus longtemps ce soir. Je pourrai l'entendre plus longtemps aussi. Sauf si ma cousine nous épuise, dans ce cas on se pieute et on s'endort tout de suite.

-

Minuit dix. On sonne à la porte.

Je jette un rapide coup d'œil à Heero, assit à l'autre coté du canapé bleu marine. Il me le rend avec un sourire complice.

-Bon… c'est là que ça va être drôle.

-

C'est ça, fous toi de ma gueule en plus.

-

On va à la porte d'entrée. La sonnette retentie une deuxième fois, plus longtemps.

Ca va ! Calmos ! C'est pas la peine de t'exciter sur la sonnette !

On ouvre et une boule de nerf me saute au cou.

-Duoooooooooooo !!!!!!!!!!!!! Duo Duo Duo comme ça fait longtemps !!!

Gargl putain elle m'étouffe !!!

-C… Cal' ! Euh… tu m…

La furie me lâche, les yeux pétillants, les joues rougies, un énorme sourire aux lèvres.

-Presque un an !!! Nan j'y crois pas attends… décembre, janvier, février, mars, avril, mai, juin, juillet, août, septembre, octobre ! 11 mois ! Ca fait depuis Noël dernier qu'on s'est pas vu ! Olala et puis à Noël y'avait tellement de monde, on s'est pas parlé beaucoup ! J'ai vraiment bien fait de passer par là… je vous dérange pas au moins ?

-Non non t'inquiète p…

-Tant mieux parce que sinon c'était le week-end chez tata Berthe… et… bon. Je l'aime bien, hein. Mais qu'est ce qu'est ce qu'elle est chiante ! Et chez elle c'est triste ! Et tonton Franc il est pas souvent là non plus alors la causette elle est pas géniale.

-Ca fait vraiment plaisir de te voir.

-

Allez… dites moi que j'ai l'air valable.

-

-Ouais trop. Mais dis donc, c'est la première fois que je viens dans cet appart' là ! T'es pu avec l'autre gugusse ? Vous vous êtes quittés ?

-Euh… en fait…

-

Tu l'as fais fuir !!!!!!!!!!

Bah, de toute façon on n'était pas ensemble et il m'intéressait pas. Donc c'est pas comme si je l'avais regretté.

-

-Ben il a changé d'école. Il a fait un échange et là il doit être en Ecosse.

-Ok. Et lui c'est qui ?

Heero, qui jusqu'à là regardait la scène les mains dans les poches, se redressa (égal : se mit en position défense) quand Jane s'attaqua à lui.

-Wouah t'es super mignon !

-

Quand je vous dis qu'elle est trop franche… on dit pas ça à une personne qu'on connaît pas si c'est pas de la drague… si ?

Et il lui fait le sourire ultra bright TT.

-

-Euh, merci. Je suis le colocataire de Duo. On est dans la même promo.

-Cool ! Est-ce qu'il a toujours son affreux pyjama blanc transparent ?

-

Oh non TT… merde… non, quoi !

-

Je vis Heero se mordre la lèvre supérieure, qui voulait dire qu'il se retenait de rire.

-Ben… je ne l'ai jamais vu avec.

-Ah, ouf. Parce que pas plus tard qu'à Noël il l'a porté.

-

Bon là faut que j'intervienne. Ca urge.

-

-Hey ! Il était pas à moi ! On me l'a prêté ! D'habitude je dors en caleçon.

-Ah d'accord ! Mais pourquoi tu l'as mis ?! C'est qu'il était moche ! Et puis…

-

Et blablabla et blablabla. Mais attendez… vous voyez le truc ! A peine arrivée elle parle déjà de ma récente honte en famille !

Le pyjama, on me l'a prêté parce que je sais pas qui supportait pas que je dorme en caleçon parce qu'on devait faire chambre commune. Voila. Vous savez toute l'histoire. Même si j'avais pas trop envie de la raconter à l'origine.

-

-C'est bien ici ! Pas du tout le même style que ton ancien appart. Celui-ci est plus grand, je me trompe ? Et puis c'est plus rangé. Ton nouveau coloc' ne laisse pas traîner ses chaussettes dans le salon au moins. Ah moins que ça n'ait été les tiennes… ? Bref. Tiens j'aime bien ce machin. Oh c'est joli ça ! Et… wouAAAAAAAAAAAAAAAAh !!! (Cri strident)

-

Et elle s'arrête à chaque objet pour s'émerveiller dessus et le tripoter. Heureusement qu'on n'a pas des tonnes de bibelots. A part…

OH NON !

-

-Oh mais… une photo ! De vous deux ! Mais pourquoi vous vous êtes pas plus rapprochés l'un de l'autre ?! Roh vous êtes trop chou quand même…

-

Hey ! Nan ! Je croyais avoir caché tous les trucs douteux !

-

Je lui prends le cadre des mains.

-Euh… je vais plutôt te montrer où tu vas dormir ce soir et demain soir.

-Ok !

Heero, toujours amusé, nous lance :

-On prend un apéritif ?

Aïe… mauvaise idée…

-Ah oui tiens ! Il est sympa ton coloc, au moins il me propose un apéro ! C'est pas comme l'autre qui faisait la gueule tout le temps là… Oui oui un apéritif ! Et après on ira en boîte.

-En boîte ? Mais tu viens d'arriver, tu n'es pas fatiguée ?

-Non je pète la forme !

-Ah, parce que Duo et moi avons eu une semaine chargée, alors si tu veux ce soir on prend juste un apéro tranquille et demain soir on sort. Ok ?

-

Heero je t'aime.

-

-Trop cool ! Ca marche, comme ça je serai plus en forme demain et on s'éclatera mieux, on restera plus longtemps.

-

Heero je t'aime pu.

-

L'option boîte de nuit ce soir, on peut quand même la prendre ? Et nous on rentre discretos pendant qu'elle se fatigue ?

Bah nan ça sert à rien, dans tous les cas elle sera aussi en forme demain.

-

Je l'emmène gentiment par le bras dans ma chambre pendant que Heero sort les verres et les derniers gâteaux apéritifs survivants.

-Alors voila. C'est ma chambre mais tu y dormiras.

-Ok. Sympa ta chambre. C'est rangé pour une fois. J'espère que je vais pas y trouver une capote sous le lit. Et toi tu dors où ?

-Dans la chambre de Heero.

-Oh… s'il vous plait, j'aimerai dormir ce soir, donc pas de bruit. D'accord ? Vous pouvez bien vous retenir deux nuits ?

-Euh… je te suis pas.

-

En fait, j'ai peur de comprendre.

-Bah baisez pas ce soir, j'imagine que les murs sont pas épais.

C'est bien ce que je pensais.

-

-Bon, Cal'… deux trois trucs à te dire.

-Hey toi… petit cachottier ! Tu m'avais pas dis que t'avais un copain ! Mmmm en plus il est canon ! Je savais pas non plus que t'avais un penchant pour les asiat. Non, là j'avoue que t'as bien choisis… il est vraiment trop beau. Bon, moi je les préfère plus musclés, mais il est bien dans son genre, et…

-Cal' ! On sort pas ensemble !

Elle ouvre la bouche, puis la referme. Puis la rouvre mais aucun son ne sort. Finalement elle trépigne et explose.

-Mais… ! Mais quoi mais tu sors pas avec lui ??? Mais attends tu…

Je lui mets rapidement ma main devant sa bouche.

-Cal'… les murs sont pas épais, t'as raison… alors s'il te plait, ne me trahis pas ! Il sait rien de ma sexualité, et j'ai pas trop envie qu'il sache quelque chose.

-Mais t'es con ! Faut lui dire !

-Je crois qu'il a une copine. Et pour l'instant j'ai d'autres problèmes.

-

Par exemple, j'ai une cousine chez moi.

-

-Bon… mais c'est trop dommage. Quel gâchis. Nan franchement tu me déçois. Je te croyais plus… plus, quoi ! Merde, il est vraiment canon ! Vous allez bien ensemble, et t'as entendu quand il a dit « Duo et moi… » ?

-

Ah ça… si je l'ai pas entendu…

-

Je lui dirai… peut être. En tout cas j'aimerais qu'il le sache dignement, et pas alors que je me prends la honte.

-Bon allez, on y va et tiens ta langue. Pas de blague, hein ?

Elle me répondit lassée avec un énorme soupir pour bien montrer qu'elle est déçue.

-Mais ouiii…

-Jte fais pas confiance.

-Duo ! Oh et puis si tu veux sortir avec lui faut se bouger le fion un peu. Je serai pas toujours là alors profite en !

-

Surtout pas.

-

Ben quoi ?

Elle a aussi une fâcheuse manie à essayer, je dis bien essayer, de caser les gens ensemble.

Dans la rue, si t'es célibataire, elle va te montrer du doigt tous les gars qu'elle trouve potable en criant « Eh t'as vu celui là ? Il est pas mal, non ?? Et celui là ! Non non attends regarde lui ! Lui là bas, avec les cheveux mi-longs ! Et avec le t-shirt noir ! Wouah et matte lui aussi avec son jean gris et sa chemise ! Trop la classe, non ?? ».

Insortable. Elle est insortable. Ou alors faut se mettre un sac plastique sur la tête.

Et il faut surtout pas lui dire pour qui t'en pinces, parce que là, c'est l'échec.

-

Et maintenant, vous me croyez quand je définissais le mode de vie de Jane ? Même Tarzan il raconterait pas la vie des autres aussi facilement et aussi rapidement.

Non mais.

(En plus c'est vrai qu'il était moche le pyjama…)

-

On s'est installé sur la canapé, enfin moi par terre pour qu'on soit pas trop serré, et comme on avait que de la bière, bah on boit de la bière (mais pas à la canette, dans un verre exprès pour la bière ça fait mieux).

Jane a découvert la bière japonaise (bah Heero est jap) et nous à parler pendant une demie heure de son voyage au Japon de y'a trois ans (c'est pas comme si je le connaissais pas, mais Heero, lui, le connaissait pas).

Quand un moment, elle fait un geste (trop) brusque et renverse le verre de Heero qui était (bêtement) posé près du bord de la table basse (nan mais avec elle il fallait garder les verres loin).

-Oh meeeeerde nan c'est pas possible… qu'est ce que je suis conne ! Je suis vraiment désolée putain nan quoi à chaque fois ça m'arrive ça m'énerve rahlala… Merde nan c'est pas vrai… !

J'ai mentionné le fait qu'elle parlait beaucoup et très vite qui se résume à pas grand chose ?

-C'est rien, je vais chercher une éponge…

-Ah non, c'est moi qui l'ai fais tomber, c'est moi qui nettoie. Bouge pas, je reviens. Bouge pas hein ? Tu bouges pas.

-Mais… t'es sûre ?

-Oui je t'assure j'ai l'habitude ! Nan mais c'est une manie chez moi… j'arrive pas à ne pas faire ça quand je suis chez quelqu'un. Bah du coup maintenant je suis experte pour enlever les tâches.

Heero un peu inquiet pour son canapé (il aurait voulu le nettoyer lui-même, au moins il est certain que ça soit bien fait), me regarde pour me demander mon avis.

J'approuve la jeune fille. La connaissant, je l'ai vu à l'acte souvent, en effet.

-Angoisse pas, vieux. Les tâches avec elle, elles disparaissent.

Pendant ce temps là Jane s'active à la cuisine pour trouver une éponge, tout en bavardant la voix haute pour qu'on l'entende.

-Ca me rappelle la fois chez Hubert (tu sais Duo, cousin Hubert, le petit petit fils du mari de Arrière Mémé)…

-

Ca me fait un peu rire, et je baisse la tête pour ne pas le montrer en publique, parce que ça fat des lustres que je n'ai pas vu Arrière Mémé et son mari, (et que j'ai dû voir cousin Hubert trois fois dans ma vie), d'ailleurs je savais même pu s'ils étaient encore vivants, alors cousin Hubert…

-

Heero me demande tout bas, parce que là je crois qu'il vient de réaliser.

-Elle est tout le temps comme ça ?

-Ouep.

-

C'est une aliène, j'vous dis.

-

D'ailleurs, la revoilà armée d'une éponge humidifiée.

-J'avais renversé le reste du saladier de punch sur le fauteuil mais aussi sur la moquette ! Ah lala, Baptiste était furieux. Mais le pire c'était pas lui, c'était Valérie… quelle hystérique celle là ! Ok, j'avais un peu tâcher son bas de robe, mais tu l'aurais vu ! Elle m'a engueulé, je te raconte pas…

-

Ca me fait marrer aussi quand elle dit « je te raconte pas ».

-

Et elle a une mémoire terrible. Elle retient tout le monde qu'elle rencontre, et tous les liens de parentés, alors que moi chuis obligé de me faire un dessin pour me rappeler des personnes familiales éloignées.

-

La tâche fini par s'en aller, laissant place à une tâche d'eau qui sécherai et qui ne se verrai plus.

-Tu vois, coloc' à Duo, il sera comme neuf le canapé. J'te dis, j'ai fais un master en enlevage de tâche de toute sorte.

-Tu peux m'appeler Heero, tu sais.

-Ok ! T'es sympa. Wouah quand je vais parler de toi à Stéphane, Jean et Sylvie… Ce sont trois de mes demis frangins et frangines que je vois la semaine prochaine.

-

Bienvenu dans la famille, Heero. T'as rien à voir avec, mais t'as juste le malheur d'être mon coloc et d'avoir croisé son chemin.

-

Je cru qu'il allait lui répondre « T'es pas obligée » mais… nan. C'est Heero.

Heero ne montre pas trop ses sentiments.

Heero aime bien les gens zarb.

La preuve, c'est que c'est mon coloc. Bah ouais, chu pas très net non plus.

La zarbité, c'est de famille.

-

Elle ramène l'éponge dans la cuisine et sa voix s'élève.

-Je peux ramener d'autres gâteaux apéro ? S'il en reste ?

-Oui vas y, fouille. Fais comme chez toi.

Il en reste pu, mais elle est pas sensée le savoir.

-Ok. Alors c'est pas la dedans, la dedans non plus, c'est… ooooh ! Des pailles ! Duo ? Je peux prendre une paille ?

Je lui répondis avec un soupir, mais une pointe d'amusement quand même.

-Oui, bien sûr.

-

Elle va boire de la bière avec une paille…

Si si, elle va le faire.

-

Elle se ramène avec sa paille, faute de gâteaux apéritifs. Il ne restait que des fonds de trois paquets Curly (parce qu'on raffole des Curly) qu'on a pas tellement touché parce qu'on a mangé juste avant, et des Curly après un dessert, bof.

-Ah, et le mois dernier ! Tu sais qui j'ai rencontré en plein centre ville à Compiègne ? J'étais aller à la banque, je me retourne, et qui là je vois ? Zoé ! L'ex de Paul, tu sais, Paul, le fils de Francine et oncle Pierre ! Je m'étais bien entendu avec elle. C'est dommage qu'ils aient cassé ces deux là. Quand même, ça faisait depuis quatre ans qu'ils étaient ensemble. J'ai bien cru qu'ils allaient se marier.

Pauvre Zoé. Rencontrer Jane en pleine rue…

-

Elle s'assit sur le canapé, une jambe repliée, mis sa paille dans son verre. Elle commença d'abord à aspirer la mousse sous nos regards.

Et quand il n'y eut plus de mousse, elle plongea sa paille dans la bière et souffla dedans pour faire des bulles.

Puis au bout d'un moment, elle s'arrêta et but sa bière à la paille normalement. Enfin. Normalement…

Sans reprendre son souffle.

-

Ok…

-

Le verre se vide petite à petit, dans le silence entrecoupé des bruits de la paille quand elle aspire.

-

Heero la regarde avec beaucoup d'étonnement. Moi avec beaucoup de gêne. Je me retiens de mettre ma main devant ma figure.

La jeune femme but le verre de bière d'un coup avec sa paille, et elle aspira bruyamment jusqu'à la dernière goûte au fond du verre, et sur les rebords. Elle reposa le verre et saisit un des trois paquets de gâteaux apéritifs.

-

Elle nous regarda suspicieusement, avec un grand sourire jusqu'aux oreilles.

Et ça… c'est pas bon signe. Du. Tout.

En plus elle dit rien. Aïe.

Danger. Warning.

-

Ohla… non… elle va faire quelque chose là… c'est sûr… Je la vois venir.

Maman au secours.

Heero n'est pas très rassuré non plus.

Vite… repérer une planque, un bouclier… n'importe quoi…

Y'a un coussin pas loin.

Méfiance, méfiance.

-

Et elle hurla.

-

-BATAILLE DE GÂTEAUX APERO !!! YAHAAAAAAAAAAAAA !!!!!!!!!!!!!!!!!!!


Je passais par là alors... :-)

Voila. Premier chapitre. Description de la super cousine et du contexte. J'espère que ça vous a plu et que vous continuerez à lire, surtout que y'aura que trois chapitres en tout :-).