Cette histoire est donc la suite de mon OS Après la guerre, nos batailles continuent mais peut être lue indépendamment. Elle sera très courte, six chapitres en tout, peut-être sept avec l'épilogue, j'hésite encore un peu pour ce dernier.
Ce n'est sûrement pas la fic la plus originale qui soit - j'ai bien conscience que cette situation a dû être traitée de nombreuses fois depuis la sortie du Soldat de l'Hiver, et même avant - mais il y avait certains aspects que je voulais vraiment écrire. N'hésitez pas à me laisser vos commentaires, qu'ils soient positifs ou négatifs, vous ne serez jamais aussi critiques que je peux l'être envers moi-même. ;)
Disclaimer : seule l'histoire m'appartient, les personnages restent à Marvel.
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« Non.
— Tony, je t'en prie !
— Pas moyen. Il est hors de question qu'il reste ici.
— Il n'a nulle part où aller, Tony.
— Les hôpitaux psychiatriques sont faits pour les gens comme lui. Ou les prisons.
— Tony, ne dis pas ça. Il n'est pas fou, il est juste...
— Complètement dément ?
— Tony...
— Écoute, Steve, je te comprends. Sérieusement, je te comprends. C'était ton ami, tu veux l'aider, c'est normal. Mais il ne peut pas rester ici. C'est trop dangereux. Et je m'y connais en trucs dangereux. Là, ce n'est même plus dangereux, c'est foutrement dangereux, putain ! Ce gars est une machine à tuer. D'accord, je sais, ce n'est pas sa faute. Pas entièrement sa faute. Mais il a été programmé pour tuer, il a tué plus de monde que la peste et le typhus réunis et je n'ai pas envie d'être le prochain, bordel ! Je te rappelle que je faisais partie des cibles visées par Hydra !
— Comme tu le dis, il était « programmé ». Mais les effets ne sont pas irréversibles, il m'a reconnu, Tony, il m'a sauvé la vie après la chute de l'héliporteur ! Je sais que c'est lui qui m'a sorti de l'eau, sans lui j'aurais dû mourir noyé. Et quand je l'ai enfin retrouvé, il se terrait comme une bête traquée mais il n'a pas cherché à me tuer, ou à me faire mal. Il n'avait déjà plus grand chose à voir avec le Soldat de l'Hiver. Il était juste... complètement perdu. »
Steve se tait un instant, avant de reprendre.
« Il commence à retrouver ses souvenirs, Tony. Il se souvient de notre jeunesse à Brooklyn, des raclées que je prenais, il se souvient même de la mort de ma mère. Je crois que Zola n'a pas totalement réussi à lui laver le cerveau. Tu sais, il m'a dit que HYDRA lui faisait régulièrement des injections et des électrochocs. Je crois... je crois qu'ils lui infligeaient ce « traitement » pour le garder sous contrôle et que son cerveau soit tellement en bouillie qu'il ne puisse rien se rappeler. Mais cela fait des semaines qu'il n'a rien subi et ses souvenirs reviennent, petit à petit. Il a juste besoin de temps, Tony. Juste un peu de temps, implore-t-il.
— Combien de temps ? Non, ne réponds pas, tu n'en sais rien. Personne n'en sait rien. Il retrouvera peut-être la mémoire ou peut-être pas. Il peut aussi bien redevenir James Buchanan Barnes que rester à vie le Soldat de l'Hiver. Je ne peux pas prendre le risque d'héberger une bombe à retardement sous mon toit, conclut le milliardaire en secouant la tête.
— Je comprends, Tony. Tu dois faire ce que tu penses juste. Et moi aussi », lui répond le capitaine en se levant. Il ramasse sa veste abandonnée sur le canapé avant de se diriger vers la chambre. Leur chambre.
Tony soupire, se passe une main dans les cheveux avant de se décider à le rejoindre.
Il reste interdit devant l'image de Steve occupé à faire sa valise.
« Qu'est-ce que tu fous ?
— Ma valise. Je ne vais pas laisser Bucky affronter ça tout seul. Si tu ne veux pas de lui ici, je pars avec lui, dit-il calmement en continuant à ranger ses affaires.
— Tu me fais du chantage, là ? », demande le génie, incrédule.
Steve se tourne vers lui, une chemise à la main.
« Ce n'est pas du chantage, Tony. Tu ne veux pas qu'il reste à la Tour, alors nous allons nous trouver un appartement quelque part. Du moins, jusqu'à ce qu'il aille mieux.
— Putain, Steve !
— Je n'ai aucune envie de partir, Tony, dit le blond qui s'est approché. Je préférerais rester avec toi. Je ne t'ai pas vu depuis des semaines et... tu m'as tellement manqué, dit-il avec un gentil sourire. Mais je ne reviendrai pas là-dessus. Soit Bucky reste, soit je m'en vais.
— Tu sais, Stevie, je n'aurais jamais pensé que tu descendrais aussi bas. Captain America ? Captain Blackmail, oui ! », crache Tony avec dégoût.
Le sourire de Steve s'élargit, une lueur malicieuse brillant dans ses yeux.
« En amour comme à la guerre, tous les coups sont permis.
— Quel est le crétin qui t'a dit ça ?
— Il me semble bien que c'était toi.
— Connard.
— Cela veut-il dire que Bucky peut rester ? »
Tony jure avant de se laisser tomber sur le lit et de se prendre la tête dans les mains. Depuis que Steve a retrouvé James Buchanan Barnes, non, depuis qu'il est parti à sa recherche - Tony n'imaginait pas un instant Steve échouer, même s'il l'a secrètement espéré - il savait que cela se passerait ainsi. Il avait bien envisagé que Steve confierait son ami aux « autorités compétentes », mais depuis la chute du SHIELD, il voyait difficilement vers qui Steve aurait pu se tourner. Un hôpital ? L'homme n'était pas malade au sens propre. Une unité psychiatrique ? Malgré ce qu'il venait de dire, Tony savait qu'un diagnostic de folie ne serait pas si facile à établir. En outre, son amant n'aurait jamais abandonné son ami d'enfance dans un institut spécialisé. Pas après l'avoir cherché si longtemps. Alors, quoi ? La prison ? Même avec toute la mauvaise foi du monde, Tony sait que reprocher à Barnes les crimes commis alors qu'il était sous le contrôle de Hydra serait aussi injuste que blâmer Clint pour ce qu'il a pu faire sous l'influence de Loki. Tony soupire. Il s'était préparé à cette situation, avait logiquement envisagé que Steve lui demanderait d'accueillir son ami sous son toit mais, l'instant venu, il éprouve les plus grandes difficultés à y faire face. Putain ! Ami de Steve ou pas, Barnes reste le Soldat de l'Hiver, celui qui a tiré sur Fury, celui qui a fait partie d'une organisation terroriste fascisante pour laquelle il a tué, torturé... celui qui a peut-être tué les parents de Tony. Sa raison a beau lui souffler que Bucky ne peut être tenu pour responsable de ce qu'on a fait de lui, son instinct se révolte contre la présence de l'assassin chez lui. Il relève finalement la tête et la vision du regard implorant du capitaine lui serre le cœur. Il soupire de nouveau et plante le regard dans celui de Steve.
« Je n'ai pas trop le choix, il me semble.
— Merci, Tony, fait le blond avec un sourire radieux.
— J'y pose deux conditions.
— Oui ?
— D'abord, je ne veux rien avoir à faire avec lui. Il a fait partie de l'organisation qui a tué mes parents et je ne me suis même pas convaincu qu'il ne les ait pas tués lui-même-
— On en a déjà parlé, l'interrompt Steve. Il n'était pas le seul à-
— Donc, tu t'en occupes, continue Tony en ignorant l'interruption. Il est hors de question que je reste seul avec lui dans la même pièce. S'il fait une connerie, tu seras le seul responsable, dit-il d'une voix posée.
— Je suis d'accord. Et quelle est l'autre condition ?
— Quand tu sors de la Tour, tu l'emmènes avec toi. Si vraiment tu ne peux pas l'emmener, tu l'enfermes à l'étage anti-Hulk.
— Tu veux l'enfermer à l'étage sécurisé ? Ce n'est pas une bête fauve, Tony ! s'exclame avec indignation le soldat.
— Pas plus que Bruce, fait Tony, toujours aussi calme mais avec dans les yeux une petite lueur de reproche. La différence entre lui et Bucky, c'est que Bruce sait qu'il est dangereux et qu'il va de lui-même s'enfermer à l'étage 23 quand il sent la crise arriver. Ton Bucky aura besoin que tu le prennes par la main. Ce n'est pas négociable, Steve. C'est ça ou je tire à vue si je le croise quand tu n'es pas là. »
Tony parle toujours d'une voix calme, mais déterminée. Ils s'affrontent un moment du regard avant que Steve ne lève les mains en signe de capitulation.
« D'accord. Je comprends tes raisons. D'ailleurs, Bucky sera avec moi le plus possible. Je suis persuadé que ça l'aide à retrouver la mémoire. Mais si je ne peux pas faire autrement, je l'enfermerais à l'étage du Hulk. Je lui expliquerai que c'est pour sa propre sécurité.
— Très bien. »
Tony se relève et se dirige vers la porte quand Steve l'attrape par le bras.
« J'aimerais que tu viennes avec moi pour le lui annoncer.
— Putain, Steve ! Tu n'as pas besoin de moi pour ça !
— Écoute, s'il doit rester ici un moment, vous allez fatalement vous croiser. Alors, oui, je trouve que ce serait bien que tu ailles lui parler. Pour qu'il s'habitue à toi, pour qu'il sache-
— Que je ne suis pas une cible ?
— Que tu es important pour moi, finit Steve en fronçant les sourcils. Tony, s'il te plaît, fais un petit effort.
— Tu ne laisseras pas tomber, hein ? soupire le brun.
— Viens. »
De mauvaise grâce, Tony se laisse traîner hors de la chambre. Une fois sortis du penthouse, ils prennent l'ascenseur jusqu'à l'étage où attend Bucky, sagement assis dans un fauteuil. Le milliardaire observe le soldat à la dérobée. Mise à part une légère crispation de la mâchoire, Barnes semble tranquille, presque détaché, loin de l'image qu'on attend d'un tueur sanguinaire.
Steve lui a dit de rester là et de l'attendre et c'est ce qu'il a fait. A-t-il seulement tourné la tête pour observer la pièce ? Ou cligné des yeux ?
« Tony ?
— Hum ? La voix du capitaine le sort de sa rêverie.
— Tony... Je te présente Bucky. Mon ami Bucky. »
Tony ne répond rien et attend la suite. Nullement découragé, Steve poursuit.
« Bucky, je te présente Tony. Il veut bien t'accueillir chez lui, le temps que... tu ailles mieux.
— Le fils de Stark, répond platement le soldat.
— Oui, le fils de Howard, Tony. Tu -
— J'ai connu votre père, fait Bucky, la voix toujours aussi dénuée d'émotion. Vous lui ressemblez.
— On me le dit souvent. Je ne le prends pas toujours comme un compliment.
— Je ne l'aimais pas. Il était arrogant et trop sûr de lui.
— Bucky ! s'exclame Steve. S'il te plaît ! Tony t'offre l'hospitalité, ne te montre pas insultant-
— Ce n'est rien, le coupe rapidement le milliardaire, on ne peut pas plaire à tout le monde, hein ? Dieu sait que je pensais parfois comme lui au sujet de mon vieux.
— Tony... soupire Steve.
— Allez Steve, on peut dire que Howard n'était pas un saint et que je tiens de lui, sans que je me sente vexé, fait Tony en souriant, sans quitter Bucky des yeux.
— Cela ne se fait pas d'insulter son hôte, poursuit le capitaine en secouant la tête. Bucky, fait-il en se tournant vers lui, Tony est mon ami et il t'accueille sous son toit, j'apprécierais vraiment que cela se passe bien entre vous », finit-il en foudroyant Bucky du regard.
Le soldat soupire, semble hésiter et déclare finalement « Merci, M. Stark », en lui tendant la main.
Tony observe un moment la main offerte, comme si elle dissimulait quelque chose. Un couteau peut-être. Ou une grenade. Il se décide finalement à la serrer, mollement.
« Je vous en prie. C'est Tony, pas M. Stark. Tony.
— Bien, M. Stark. Merci. »
Bucky sourit mais son sourire n'atteint pas ses yeux. Son regard reste froid. Scrutateur. Tony se sent frissonner sous ce regard. Il secoue la tête et bredouille :
« Bon, Steve va vous montrer les lieux et vous expliquer les deux trois choses que vous devez savoir avant d'emménager ici. Je vais vous laisser, je crois que vous avez beaucoup de choses à vous dire et moi j'ai à faire au labo. »
Au regard de reproche de Steve, Tony répond par un petit sourire avant de se diriger vers l'ascenseur. En chemin, il caresse la joue de Steve avant d'y déposer un léger baiser et se réjouit de voir l'étincelle de surprise dans l'œil de Bucky. L'homme n'est pas si détaché, finalement.
