1957
Je marchais sans but dans les rues de Manhattan, ville centrale de notre beau pays qu'était les Etats-Unis. Je réfléchissais à l'endroit où nous menait toutes ces guerres : la 2ème guerre mondiale où j'avais participé dés 18 ans. Je mettais enrôlé dans l'armée dans l'espoir de faire quelque chose avec quelques amis de fac. Mais après les avoir vus mourir les uns après les autres, j'étais retourné chez moi enterré ma jeunesse et ma mère. Pour survivre j'avais du prendre différents petits boulots : l'état ne m'ayant rien donné.
Et maintenant notre gouvernement s'était engagé dans une guerre contre l'URSS, contre le communiste et bien qu'il fasse silence sur les morts, j'avais beau me boucher les oreilles, je les entendais. Des cris de douleurs. Les familles pleurant un fils qui ne rentrera plus chez lui. Les femmes et les enfants, sous un abri, quémandant quelques nourritures pour passer la nuit dans le froid hivernale.
Je n'en pouvais plus. J'avais besoin de crier, de hurler à l'injustice. Mais que pouvait faire un homme contre une nation qui réclamait du sang encore et encore.
Et ce fut là que je la vis. Brune, élancé, mais tout dans sa posture clamait son métier : prostituée. Elle était trop belle pour faire ce métier et je me devais de l'en libérer. Comme personne ne ferait jamais pour elle mais seulement en elle, je me préparai à agir.
Doucement, calmement, calquant mes pas et ma respiration sur les balles sifflant au loin, je m'approchais. Je passai dans son dos et serrai de mes mains, sa douce nuque et sans bruit la lui brisait. Et c'est là que tout alla vite : je la mis sur mon dos et l'emportai chez moi. Je mis dans un grand sac de la glace et je fis glisser, tout en douceur, ce corps de poupée gâché par des hommes vils et abjects.
Et ce fut le commencement de la fin. Plus les années passait, plus je tuais des femmes livrant leur corps aux hommes pour quelques monnaies je ne me considérais pas comme un tueur mais comme un libérateur.
Et j'allais continuer ces délivrances longtemps, tuant ces jeunes femmes qui croisaient ma route et les congelant. Jamais la police ne le saura et personne n'enquêtera.
Mais un jour je me forçai à arrêter lorsque je rencontrais mon âme sœur mais mon chômage ne dura pas longtemps : c'était trop dur pour moi de travailler normalement alors que temps de personne souffrait.
1960
Cela faisait désormais 3ans, jour pour jour, que j'avais commencé à tuer sans compter la petite pause accordé. La police n'enquêtait toujours pas et personne n'avait signalé leurs disparitions comme si elles n'étaient pas importantes et facilement remplaçable. Je trouvais cela inacceptable. Or ce matin, j'avais ressenti un léger désir vis-à-vis de ces filles. Non pas un désir sexuel, mais un désir tout autre. Un désir de petite fille. J'avais un besoin de poupée. La femme que j'avais fait mienne ne m'avais pas comblée, elle n'était pas assez souple. Ces lèvres étaient trop pulpeuses et je l'avais donc abandonné mais à juste titre.
Ce fut donc en sifflotant que je descendis l'escalier menant à la cave. Je portais la hache de mon défunt père, bucheron, sur l'épaule droite. Je m'approchais des sacs remplies de glace, en prit un et sortis le corps, devenue rigide, pour l'étendre à même le bois du sol. Et d'un seul coup, je coupais la jambe droite, puis la gauche, la tête et les bras, de la femme. Quelques heures plus tard, la décongélation était finie et en voyant le sang ruisseler à mes pieds, un grondement bestial s'échappa de ma gorge.
C'était si doux et si simple de tuer et je ne pus résister à tremper mes doigts dans ce liquide si rouge, si pur. Tuer me procurait un certain sentiment que j'avais du mal à expliquer, à définir mais alors voir et goûter le sang d'un autre, était tellement excitant. Je me sentais puissant. Désormais cela devint ma principale drogue et prenant ma hache, je tailladais deci-delà sans cesser de regarder le liquide s'écouler et se diriger vers mes pieds, léchant la semelle de mes chaussures, comme pour saluer ma puissance et ma grandeur.
Ce fut là que je perdis tout contrôle et que je partis chercher du ruban adhésif. Redescendant de la cuisine, je rassemblais deux membres de deux corps différant, et les collais. Mais le sang poisseux rendait l'opération difficile et pour plus de sécurité, je sortis, de ma poche, le tube de glue. Je découvris les deux os et vidais la colle dessus puis les scotchais de nouveau. Observant mon œuvre un bref instant, je me mis à penser que j'étais assez fort pour construire la femme qui serais mon puzzle. Mais celle-ci ne me satisfaisait guère, c'est pourquoi j'en fis d'autre. Je passais le reste de ma journée à construire des corps.
Alors que le soleil commençait à s'éteindre et faisait place à sa sœur la lune, je me demandais ce que je ferais de mes poupées qui ne me plaisaient pas. La plupart des gens les jetait tout à la fois et je décidais de les jeter à mon tour, dans la rue, mais une par une.
OOOOO (changement de points de vue
Cela faisais 10 déjà que j'appartenais à la criminelle de New-York. Mais depuis 1an, mes journées n'étaient constituées que d'arrestation de petits truands ou de parents maltraitant. Durant un moment j'avais eu peur qu'ils me mettent à la circulation. Je ne l'aurais jamais supporté.
J'avais commencé à chuter lorsque mes deux partenaires avaient été tués devant mes yeux. J'aurais voulu courir et arrêter les commanditaires, mais j'avais reçu une mise à pied. Pour reprendre du service j'avais du faire des efforts considérables : arrêter de boire, accepter de rencontrer un psy et par-dessus le marché j'avais du, durant une semaine écrire un journal intime. Lorsque la semaine s'était terminée j'avais continué, durant un mois, puis deux…
J'étais donc là assis à mon bureau, entrain d'écrire, lorsqu'on m'appela « Smith !». Je me levais et allais voir mon boss. Peu de temps après je ressortais en courant (enfin presque) : j'avais enfin une enquête. Elle était bizarre et complexe que personne ne désirait s'en occuper.
Je partis donc sur la scène de crime et c'est là que je vis pour la première fois un corps ainsi. Ce n'était plus un corps mais un puzzle ou au mieux une poupée humaine. A l'origine ce devait être une femme, mais elle avait été découpée puis recollé, et il était donc impossible de deviner si c'était une ou deux victimes. Intérieurement je priais pour que ce n'en soit qu'une car prévenir les parents était compliqué mais en prévenir plusieurs, vous démolissait le moral et vous installait, dans votre cœur, un désir de vengeance. J'avais du mal à réaliser comment de telles atrocités pouvaient exister.
La journée avait mal commencée et se termina mal : le légiste venait de m'annoncer que je n'avais non pas une mais 5 victimes. Ce psychopathe en avait tué 5 différentes puis après s'être amusé à les découper, il les avait recollés. Je n'avais pas comme adversaire un tueur, mais un malade et un tueur en série.
Durant 5 ans, j'allais encore trouver des cadavres de jeunes femmes. Il y en avait très peu auquel il restait de la famille. Et en 5 ans le seul point commun que j'avais trouvé, était qu'elles étaient toutes des prostituées.
Alors que je m'attendais à ce qu'une unité spéciale, me reprenne l'enquête, celle-ci fut, après 3 mois passé sans trouver de corps, classé.
Je ne pouvais que me résoudre à la décision prise par mes supérieurs. Mais en mon fort intérieur, j'espérais qu'un jour, une autre équipe du NYPD, trouve le tueur et lui donne ce qu'il mérite.
C'est pourquoi, dans ce journal tout, concernant cette enquête, est consigné.
