Une fois prêt, comme tous les jours, Tatsuya passa sans s'arrêter devant le miroir voilé de sa salle de bain. Il ne se regardait plus depuis des années. Il avait arrêté car l'image qui lui était renvoyée ne lui plaisait pas du tout. Son visage trop rond, sa bouche trop charnue, ses sourcils trop fins ses cils trop longs... bref tout ce qui rendait son visage trop féminin, l'insupportait. Il s'insupportait et c'est pourquoi les séances photos comme celle qui était prévue ce jour-là, était pour lui une véritable épreuve, pire une torture. Pourtant, l'aîné des KAT-TUN faisait avec et montrait bonne figure aux membres du groupe, au staff qui les suivait, bref à tout le monde. Personne ne se doutait de son tourment... et ce pour la simple raison qu'il n'avait pas vraiment d'ami. Il avait beau faire partie du groupe depuis des années, il était conscient qu'il était trop différent, trop à part pour s'intégrer réellement même si les autres ne lui en faisaient jamais la remarque. Un soupir lui échappa, tandis qu'il remettait en place cette maudite mèche qui lui tombait sans arrêt dans les yeux. S'apitoyer sur son sort ne servait à rien. De toute façon, les choses étaient ainsi et même s'il haïssait son visage, il n'y pouvait hélas rien.
Prenant ses clés de voiture qui trainaient sur le meuble d'entrée de son grand appartement solitaire, Ueda quitta son havre de paix pour ce monde hostile dans lequel il n'avait pas réellement sa place, avec un risque... tomber sur sa bête noire personnelle, son empêcheur de tourner en rond exclusif, celui qui lui pourrissait la vie chaque jour par le simple fait qu'il existe : Nishikido Ryo, membre ô combien influent de News, qui se payait même le luxe de faire partie de deux groupes, histoire de bien l'écraser de sa supériorité.
La matinée était déjà bien avancée, le réveil qui hurlait son retard à la réunion prévue ce jour-là, et Ryo continuait tranquillement de prendre sa douche. Il savait bien que, étant le meilleur ami du leader des News et connu pour envoyer bouler ceux qui ne restaient pas à sa place, personne ne lui ferait le reproche d'arriver avec plus d'une demi-heure de retard. Cela expliquait donc pourquoi il sortait à peine de la douche, une serviette de bain autour des reins, s'admirant dans le grand miroir de la salle de bain. Il plaqua ses mains sur ses pectoraux, suivit la courbe de ses biceps et sortit un "putain, je suis vachement beau quand même", avant de se retourner pour s'habiller. Lui, le grand et majestueux Nishikido Ryo, adepte du "Moi, je" et hautain à toute heure, se plaisait à rappeler aux autres, les pauvres choses incapables de ce monde, à quel point il leur était supérieur. Il avait d'ailleurs une cible favorite, inlassablement ornée d'un écriteau lumineux "à faire chier en priorité", son aîné Ueda Tatsuya. La Princesse.
Tatsuya passa l'entrée de l'agence en arborant l'air d'un condamné montant à l'échafaut. Encore quelques minutes. Il s'autorisait cet air désespéré juste pour les quelques minutes nécessaire pour gravir les escaliers menant au troisième étage de la Jimusho. Ensuite, son habituel sourire de façade prendrait sa place pour ne plus le quitter et une bonne humeur factice régirait sa journée. "Sois beau et tais-toi" pourrait très bien être le slogan de cette agence, tant ce qui leur était demandé dépassait même le cadre du superficiel la majeure partie du temps. Sa seule consolation : il aimait chanter et danser. Piètre compensation comparée à tout ce qu'il endurait. Plus que quelques mètres... Il était devant la porte. La main sur la poignée de la porte de leur loge maintenant. Et il hésitait à entrer. Comme tous les jours. Il inspira et se décida à l'abaisser. Comme toujours, pousser le battant lui coûta, mais il le fit malgré tout et le fameux sourire commercial qui lui était devenu si familier, apparut sur ses traits.
- Bonjour, tout le monde ! lança-t-il à la cantonade en pénétrant dans la pièce.
- Hello Tat-chan ! lui répondit Junno, dont la bonne humeur, elle, n'était pas feinte.
Cet homme était toujours tellement positif... A se demander si, des fois, il était capable de déprimer, comme n'importe qui. Le regard de Ueda passa ensuite sur le reste du groupe : Kamenashi dont la beauté et la sensualité à fleur de peau provoquaient des émeutes ; son acolyte Akanishi qui, en plus d'avoir lui aussi un beau visage, affichait une nonchalance qui rendait les filles dingues ; Tanaka, dont l'assurance et les manières bourrues cachaient un coeur d'or ; Nakamaru, aussi sage qu'intelligent... Comment pourrait-il se sentir à son avantage et marcher la tête haute face à ces cinq personnalités hors du commun ? Impossible. Il n'était que l'insignifiant et trop féminin Ueda.
- Oh, Tatsu, t'es dans la lune ? plaisanta Taguchi.
- Hum, oui désolé.
- T'as passé une bonne soirée hier ? lui demanda Koki. Tu es parti juste après la réunion.
- J'avais entraînement, répondit-il.
Ah si. une autre bonne chose dans cette vie qui n'en était pas vraiment une : la boxe qu'il avait commencée depuis un an et dans laquelle il excellait aux dires de son entraîneur. Evidemment, à force, cet exercice physique lui avait forgé les muscles des bras... qui contrastaient tellement avec le reste de son corps, qu'il répugnait à les montrer en shooting.
- Ah oui, j'avais oublié. Mais j'ai l'impression que tu as plusieurs cours par semaine, non ?
- J'en ai trois, répondit l'aîné, avant de s'adresser à son leader penché sur une feuille. T'as l'air vachement concentré, Kame...
- Il y a eu des modifs dans la dernière choré, alors j'essaye de les mémoriser pour vous les apprendre.
Il était bien content d'avoir refusé de devenir le leader du groupe à sa formation. C'était trop de prise de tête, trop de souci... sans compter les nuits blanches quand quelque chose foirait.
- Beaucoup de changements ? demanda Nakamaru.
- Pas mal. Ça va décaler tous nos placements. Je déteste quand ils font ça... râla leur cadet à tous en se levant, plaquant ladite feuille sur la table devant laquelle il était assis. Bon, ben j'espère que vous êtes en forme, parce qu'on a du pain sur la planche.
- Iregushi degu... commença Taguchi, avant d'être coupé dans son élan, par un Kame qui ne semblait pas d'humeur à supporter l'humeur douteux de son aîné.
- Ouais ouais c'est bon, on sait. Allez, en place.
Bon, super... Kame avait les nerfs. Merveilleux, il ne manquait plus que ça. Ils allaient tous prendre cher... Vautré sur le canapé, Akanishi poussa un immense soupir avant de se lever et de les suivre. Lui savait bien que Kazuya ne les ménageait pas d'habitude, et encore moins quand il était agacé. Et ses bêtises n'allaient pas arranger les choses, il le savait.
Une dizaine de mètres plus loin, Ryo ouvrait la porte de la loge des News et entrait dans celle-ci, découvrant ainsi qui était les premiers arrivés, comme toujours. Kato Shigeaki et Koyama Keiichiro. Nishikido referma la porte sans leur adresser un seul mot et alla s'affaler sur l'un des canapés en poussant un petit grognement, juste pour la forme.
- Bonjour aussi, Ryo-chan, fit Koyama qui faisait une passionnante partie de jankenpon avec son comparse.
- B'jour.
Le cadet des trois n'ajouta rien, peu désireux de s'attirer les foudres du grand méchant Ryo, et continua donc sa partie.
- Ouais ! J'ai gagné !
- Salut, les gars. Qui a gagné quoi ? demanda Yamashita en entrant à son tour dans la loge, avant de persifler en regardant son ami : Wow, Ryo, t'es arrivé finalement ? Je suis impressionné là.
- J'avais juste envie de faire péter mon mythe.
- Ce qu'il faut pas entendre... fit le leader en levant les yeus au ciel. Quelqu'un a vu Tego ?
- Pas arrivé. Massu non plus d'ailleurs, répondit Keiichiro en s'approchant.
- Nan mais sérieux, ils sont encore plus à la bourre que Ryo, c'est abusé...
- Hé, je ne te permets pas ! Qui arrive avant le leader est à l'heure.
- ... Et tu crois que j'étais où, Nishikido ? Dans le bureau de Johnny-san, comme c'était prévu depuis une semaine...
- Et pourquoi ?
A cette question, Tomohisa afficha un air désespéré.
- Si des fois tu te préoccupais un peu moins de toi et un peu plus de ce qui se passe en dehors de ton nombril, tu le saurais, répondit-il, plus coupant que d'ordinaire.
Il adorait Nishikido, c'était son ami, mais son arrogance et son je-m'en-fout-isme chroniques commençaient à devenir lassants. Celui-ci, à qui le ton tranchant de Yamashita n'avait pas plu, se renfrogna et ne répondit rien. Il n'aimait vraiment pas qu'on le remette à sa place de cette façon. Et surtout pas par son meilleur ami.
- Et il a dit quoi, Johnny-san ? demanda Shige en les rejoignant.
- Au moins un qui s'y intéresse... fit Yamapi en jetant à Ryo un regard lourd de sous-entendus. Donc pour répondre à ta question, Shige, il va falloir qu'on répète dans la même pièce que les KAT-TUN pendant un moment.
Aussitôt, un grand sourire sadique s'étira sur les lèvres du Kanjani. Qui disait Kat-Tun, disait Ueda, et donc cible lumineuse numéro 1. Il allait s'amuser, il en avait des palpitations d'avance.
- Coucou tout le mooooonde ! s'exclama alors Masuda en entrant dans la loge, scotché, comme toujours à son siamois Tegoshi.
- Heeeeeeeey~ ajouta celui-ci.
- Salut ! leur lança Shige.
- Massu, Tego, vous tombez bien. Pi nous expliquait qu'on allait partager la loge des KAT-TUN un petit moment.
- Heeee ?! Nande ?! fit l'aîné des Tegomass en clignant des yeux.
- La loge va être refaite et la plomberie des douches aussi. Pendant les travaux, on va devoir cohabiter.
- Bah c'est cool pour Keii-chan, reprit Kato en souriant, il va pouvoir parler plus facilement avec Taguchi-kun. Par contre, pour nous, comme on est pas spécialement très proches...
- Si ! fit le plus jeune. Moi et Koki ! On est suuuuuuuper potes !
- On dit "Koki et moi" quand on est poli, baka, fit Koyama en lui tapant gentiment sur la tête.
- Gomen... souffla-t-il avec une petite moue penaude.
- Et on le sait que tu es suuuuuuper pote avec Tanaka, pas besoin de le rappeler toutes les cinq secondes, fit Yamashita.
- Pi-chan il m'en veuuuuut !
- Ne, Pi, y'a un problème ? s'informa Takahisa en se plaçant en bouclier devant son meilleur ami.
- Non aucun. Allez au boulot !
Après une heure de répétitions acharnées, Kazuya décréta une petite pause et fixa ses troupes avec l'air de quelqu'un qui n'a pas une bonne nouvelle à annoncer.
- Qu'est ce qui se passe ? demanda Taguchi, intrigué.
- La loge des News sera en réfection à partir de demain, alors ils vont s'installer avec nous jusqu'à ce que les travaux soient terminés.
- Oh, cool ! s'exclama le plus grand, qui voyait là une occasion de passer plus de temps avec son meilleur ami.
- Ouais, c'est bien, ça ! ajouta Koki. Et ça va durer combien de temps ?
- Je ne sais pas. Il n'y a pas eu de délai annoncé, répondit le leader.
Personne ne s'était aperçu que Tatsuya avait sensiblement pâli en entendant la nouvelle. Non... Non, pas ça... Pas une cohabitation forcée avec les News... C'était une catastrophe, car qui disait cohabitation avec les News disait... Nishikido sur son dos en permanence. Il n'allait pas pouvoir le supporter. Déjà que rester calme lorsqu'il le tournait en ridicule dans les couloirs était difficile, alors là... Il ne pourrait pas. Impossible. C'était psychologiquement au dessus de ses forces.
- Hé, Tat-chan, fit Nakamaru, ça va pas ? T'as un air bizarre...
- C'est vrai, ça. T'es tout pâle, renchérit Junno en observant son aîné avec inquiétude.
Mentir. Faire croire que tout allait bien. A n'importe quel prix. Qu'aucun ne comprenne que ce rapprochement imprévu entre les deux groupes était une horreur pour lui.
- Si si, ça va, fit Ueda en essayant d'empêcher sa voix de trembler.
- Tu devrais peut-être prendre un peu l'air, continua Yuichi. Tu parraissais déjà pas très bien ce matin.
- Ouais sors un peu, Tat-chan, va pas nous tomber dans les pommes, ne. On serait bien emmerdés avec un membre de moins, renchérit Kame.
Evidemment. Le groupe, forcément. Comment avait-il pu croire ne serait-ce qu'un minute que c'était pour lui que Kamenashi s'en faisait ? Il était vraiment transparent.
- D'accord. Je reviens dans quelques minutes, fit-il en quittant la loge.
- Le pauvre, reprit Tanaka. Il va devoir supporter Nishikido...
Il y eut un silence, preuve qu'ils avaient presque tous oublié ce "léger" détail.
- Ah putain, ils vont recommencer à se bouffer le nez sans arrêt et ni nous ni les News n'allons pouvoir bosser... Bordel... désespéra Kazuya.
- Hé, Kame... tu veux pas essayer de penser à ce qu'il ressent un peu, pour une fois, au lieu de toujours penser qu'au groupe ? Je sais que c'est important, mais quand même...
- Mais j'y pense. Je suis quand même pas insensible. Mais avouez tous que ça vous fatigue autant que moi, leurs disputes incessantes. Et je suis sûr que les News sont du même avis.
- Je dis pas le contraire. Mais bon, celui qui doit supporter ça, c'est quand même Tat-chan.
- Il va revenir quand même j'espère... fit Taguchi.
- Pourquoi il ne reviendrait pas ?
- Ben il avait vraiment pas l'air bien...
- Ouais... Je pense que lui n'avait pas oublié que Nishikido serait là... Bah, on peut bien lui laisser un peu de temps, non ?
- D'accord, on fait une pause, capitula Kazuya en se laissant tomber sur un canapé.
Akanishi s'installa à côté de lui en silence pendant que Tanaka s'asseyait à même le sol, devant la table basse.
Une fois dans le couloir, Tatsuya s'adossa au mur et se laissa glisser jusqu'au sol, ramenant ses genoux contre sa poitrine. Il ne pouvait pas... Il ne tiendrait pas deux jours dans la même pièce que lui. Ils allaient forcément s'étriper. Si seulement il savait pourquoi son collègue le détestait autant... Lui, n'avait rien de spécial contre lui, mais il se défendait des incessantes attaques verbales dont il était l'objet presque chaque jour depuis la formation de leurs groupes respectifs.
- Alors Hime, on boude ?
La voix honnie, totalement inattendue, fit sursauter Ueda, qui releva la tête. Merveilleux, il ne manquait plus qu'il tombe précisément sur celui qu'il cherchait à éviter à tout prix... Ne pas répondre, ne pas répondre. L'ignorer, surtout l'ignorer... Faire comme s'il n'était pas là...
- T'as l'air toute faible, Princesse. T'as mangé un truc pas net ?
- Fous-moi la paix, Nishikido.
Manqué. Jamais il n'y arrivait. Quoi que lui dise son ennemi, il fallait toujours qu'il réplique quelque chose. Ce qui était fort stupide.
- Oh, je sais. Je vais t'appeler Pacifica maintenant. Parce que tu me demandes toujours la paix, Hime. C'est chou, comme une Princesse.
Et c'était reparti. Pas un jour sans qu'il ne recommence. Tatsuya en avait assez. Vraiment assez. Il arrivait à la limite de ce qu'il pouvait supporter.
- Je te conseille d'arrêter... fit-il sans bouger, essayant de garder son calme par tous les moyens.
- Sinon quoi ? Tu vas utiliser tes petits poings sur moi ? Arrête, j'ai peur...
Alors, ce fut plus fort que lui. L'aîné fit à son vis à vis un croche-pied qui le fit lourdement chuter au sol, puis se redressa à demi et lui flanqua une droite en pleine mâchoire et de toutes ses forces. Un cri rauque étouffé passa les lèvres de l'aîné qui plaqua sa main sur le torse de son aîné pour l'empêcher d'approcher, l'autre se posant sur sa mâchoire endolorie.
- Putain mais t'es malade !
- Peut-être que là tu vas comprendre ! Ne-m'appelle-plus-jamais-COMME CA ! cria-t-il, hors de lui, en reculant.
Il était plutôt quelqu'un de doux et de calme en temps normal, mais Nishikido avait le don de faire resortir des côtés de lui qu'il aurait préféré ignorer ou laisser en sommeil. Malgré la douleur, en le voyant reculer, un sourire malicieux apparut sur le visage du cadet qui se redressa. Il se mit debout, eut un éclat de rire, et son sourire s'agrandit, mystérieux.
- Si tu crois que je vais te laisser tranquille, tu te trompes lourdement.
- Alors je te frapperais encore et encore si t'es trop con pour piger comme ça semble être le cas. J'en ai ras-le-bol, Nihikido.
- Tu peux y aller, j'ai la tête dure.
- Ton cas est vraiment désespéré... fit Ueda en se relevant pour de bon.
- Si tu le dis. En attendant, c'est moi que tu redoutes.
Le terme effara Tatsuya, qui cligna des yeux, abasourdi.
- Que je... quoi ? Tu plaisantes j'espère ? Tu crois sincèrement que j'ai peur de toi ? Tu te fourres le doigt dans l'oeil jusqu'à l'omoplate, Nishikido ! Et tu prends tes désirs pour des réalités surtout !
- Ah, j'aime comment tu te braques dès que je sors un truc. C'est vraiment plaisant.
- Ah mais la ferme ! Tu soules !
- La preuve ! lança-t-il dans un grand sourire.
Les cris de Tatsuya avaient fini par attirer hors de leur loge le reste des deux groupes, qui fixaient leur aîné d'ordinaire si tranquille et effacé d'un air éberlué. Koki se lança alors pour ceinturer Ueda et l'empêcher de défoncer à coups de poings la tronche d'imbécile heureux de son pire ennemi.
- Laisse-moi, Tanaka, je vais lui casser la gueule à ce connard ! criait Ueda, les vannes cédant brusquement et surprenant tout le monde parce qu'ils n'avaient pas l'habitude d'entendre leur aîné parler comme ça ni crier.
- Non, calme-toi. Il ne mérite pas que tu t'énerves comme ça. Si tu le frappes, il aura gagné.
- Bordel, Ryo, qu'est ce que tu lui a encore dis, espèce de grand couillon ? s'agaça Tomohisa. Tu te rends compte qu'on va devoir cohabiter un bon moment ? Mets-y du tien un peu, merde !
- C'est pas ma faute s'il ressemble à une princesse !
- ET TU CROIS QUE JE L'AI CHOISI, MON CON DE VISAGE, DÉGÉNÉRÉ ?! hurla Tatsuya en échappant à l'emprise de Koki, puis s'éloigner aussi vite qu'il le pouvait.
La phrase laissa tout le monde pantois au point que personne ne pensa à le retenir ou à le suivre et le silence s'installa.
- Merde, c'était quoi ça ? souffla Kame.
- Baka, fit Shige à l'intention de Ryo qui fixait toujours l'angle du mur derrière lequel Tatsuya avait disparu.
- Ano... on fait quoi ? demanda Koki. Quelqu'un va le voir ou on le laisse ?
- J'ai rêvé ou il vient de dire ce que je crois qu'il a dis ? demanda Junno, interdit.
- J'en ai bien l'impression... fit Nakamaru.
- Et du coup, ajouta Jin, on a un sacré problème...
En finir. Stopper tout ça. C'était les seules choses qui traversaient l'esprit de Ueda pour le moment. Et pour ça, n'importe quel moyen serait bon. N'importe lequel pour en terminer avec ce visage. Il s'enferma dans les toilettes et, avisant le miroir qui ornait le dessus des vasques, donna un violent coup de poing dedans, la brisant en mille fragments qui lui entaillèrent la peau. C'est après quelques instants qu'un bruit sourd résonna dans la pièce, signe que quelqu'un essayait d'entrer dans les toilettes. Voyant que la porte était fermée à clef, quelques coups furent frappés sur le battant.
- Tat-chan ! fit la voix légèrement étouffée de Koki. Ouvre !
- Va-t-en...Laissez-moi tous...Que j'en finisse... Que ça s'arrête...
- Arrête ! Qu'est-ce que tu fous ? Fais pas de connerie !
Sans répondre et sans se soucier de sa main profondément entaillée, l'aîné approcha un morceau de verre coupant de son visage.
