A trois, je saute.
1…
2…
3…
Une dernière grande inspiration.
Une impulsion.
Ça y est : je vole.
Une impression d'infinie liberté.
De la vitesse aussi, beaucoup.
Et si je mourais ?
Non, pas possible.
Et puis, ce serait presque mieux…Une impression de liberté : enfin libéré.
Un ralentissement, soudain. L'effet contraire, je remonte.
En haut de la tour d'astronomie une silhouette noire me regarde.
Debout en haut de la tour d'astronomie, face à lui. De retour au point de départ.
« Potter, qu'est-ce que vous foutiez ? Vous voulez mourir c'est cela ?
-Ce serait bien trop facile. Mais au cas où vous ne le sauriez pas, je ne peux pas ! Je suis obligé de rester ici, il n'y a que Lui qui peut me tuer !
- Vous me faites pitié Potter ! Je vous rappelle que vous avez un boulot à faire : sauver ce monde ! Alors arrêtez vos crises existentielles car la prochaine fois je ne serais pas là pour vous sauver la vie !
- Puisque je vous dis que je ne peux pas mourir ! Vous ne connaissez donc pas la prophétie ?
- Non vous ne pouvez pas mourir, Potter, mais est-ce que vous croyez qu'il sera difficile au Seigneur des Ténèbres de vous tuer lorsque vous serez dans le coma, allongé dans un lit d'hôpital ? »
Harry avala difficilement sa salive puis détourna les yeux de son professeur. Il aurait tant aimé pouvoir être quelqu'un d'ordinaire…
« Si vous cessiez de penser toujours à vous, Potter, vous verriez qu'il y a des gens qui tous les jours meurent à cause du Seigneur des Ténèbres et que vous êtes le seul à pouvoir les sauver, malheureusement il a fallu que ça tombe sur vous ! Alors occupez-vous de vos devoirs et après crevez, allez rejoindre vos chers parents si vous voulez, ça ne fera pas grande différence pour moi ! Ce serait même une bonne chose.»
Severus tourna les talons et descendit les quelques marches jusqu'à la porte… qu'il trouva fermée.
Au haut des marches se trouvait Harry. Les poings et la mâchoire serrés il fixait d'un œil noir son professeur.
Severus regarda un instant son élève, le gamin Potter devenu un homme, à cet instant la force semblait émaner de lui, un coup de vent fit bouger sa cape.
« Vous voulez me faire croire, Rogue, que la victoire de votre maître vous serez si odieuse ? J'imagine pourtant qu'en bon fidèle vous seriez fort bien récompensé de lui livrer le Survivant. Vous auriez enfin les honneurs dont vous rêvez tant et que Dumbledore comme le ministère vous refuse toujours.»
Quelques marches plus tard, Severus était en face de lui.
« Ce serait une bonne chose que vous creviez maintenant. »
Deux machoires serrées, deux paires d'yeux noires et un coup de poing qui part.
Sur la joue d'Harry tournée sous la force du coup, une larme coule et le long de la lèvre une goutte de sang.
Il aurait juste voulu qu'il reste plus longtemps.
Severus glisse les yeux vers les mains de Harry, incapable de fixer plus longtemps le visage toujours impassible de Harry trahi par une larme seule. Les doigts se desserrent doucement et derrière Severus, le cliquetis de la porte qui s'ouvre.
Il est temps de partir.
Il aurait juste voulu dire pardon.
Trop tard.
