Just the beginning

La première fois que Regina vit Robin, elle était tranquillement assise à une table d'un café. « Sa » table pour être exacte, celle à laquelle elle s'asseyait tous les matins vers 8h pour boire un café, lire un livre et se détendre avant d'aller au travail. C'était son moment à elle.

Un petit café tranquille au cœur de Manhattan, pas très loin de l'immeuble dans lequel elle travaillait, une table dans un petit coin à l'abris des regards, c'était tout ce qu'il fallait à la riche et plutôt célèbre Regina Mills [héritière de la non moins célèbre société « Mills », société de cosmétique de luxe créée par sa famille il y a plusieurs générations] pour bien commencer sa journée.
Elle occupait depuis quelques mois un poste de marketing assez haut placé dans l'entreprise, que son père Henry Mills, dirigeant actuel, lui avait gentiment attribué. Et elle essayait depuis lors, avec ardeur, de démontrer que c'était bien pour ses qualités de travail que son père l'avait choisie et non pour leur lien familial.

Regina était une femme plutôt solitaire par nature. Se méfiant des autres et en particulier des hommes, avec qui elle avait eu plusieurs mauvaises expériences lorsqu'elle était plus jeune. Et ce trait de caractère s'était considérablement renforcé depuis la mort de son fiancé Daniel, il y a de cela presque cinq ans.
Sa tête avait alors orné les unes des magazines people pendant des jours. Les journalistes allant jusqu'à l'attendre à la sortie de chez elle. Et même à l'enterrement de son fiancé elle n'avait pas été épargnée par les flashs. Depuis, elle vérifiait chaque lieu où elle entrait de peur que sa vie soit encore étalée au grand jour dans les journaux.

Actuellement, les seules personnes avec qui elle avait une relation qu'on pouvait qualifier de « durable » étaient ses parents et la jeune et pétillante Mary Margaret, sa secrétaire au bureau, qui était le plus proche de ce qu'on pouvait considérer comme une amie pour Regina.
A vrai dire, les seules conversations non professionnelles que les jeunes femmes entretenaient, consistaient le plus souvent à laisser Mary-Margaret raconter, pendant de longues minutes, ses journées passées avec son fiancé David, tandis que Regina écoutait patiemment.

Ainsi, quand Robin entra dans ce fameux café et que ses yeux se portèrent immédiatement sur elle, Regina éprouva aussitôt une vive sensation de malaise. Le regard perçant de l'homme lui donnait l'impression qu'il arrivait à voir jusqu'à son âme et cela la fit frissonner violemment.
Puis il détourna les yeux et ce fut fini, la jeune femme pu retourner à sa lecture et le regard intense de l'inconnu fut oublié. Mais lorsqu'il fit son entrée une deuxième fois dans la semaine et qu'il recommença à fixer la jeune femme intensément pendant plusieurs secondes, Regina ne put réprimer son irritation face à celui qui osait déranger son moment de tranquillité.
Elle tenta de garder son calme, jusqu'à ce qu'une paire de jambes entre dans son champ de vision. Et bien sûr ce n'était pas n'importe quelles jambes, c'était celles de l'homme qui l'avait délibérément observé à deux reprises.

« Je peux vous offrir un café ? », commença l'homme amical.

« J'ai déjà un café. » répondit immédiatement Regina très froide et gardant volontairement la tête baissée. Après tout, tous les moyens étaient bon pour le repousser, elle ne voulait surtout pas que l'homme commence à croire qu'il était le bienvenu.

« Mais il me semble que votre tasse est vide. » dit-il prenant la tasse de Regina dans sa main pour en vérifier le contenu. « Et il me semble aussi que vous appréciez ce café, sinon vous ne viendriez pas ici tous les jours. » continua-t-il audacieux, reposant la tasse à sa place.

« Alors c'est ça ! Vous savez qui je suis n'est ce pas ? » questionna la jeune femme confiante en relevant brusquement la tête, certaine de la réponse qu'il allait lui donner.

« En effet, oui. Mais je … »

« Bien ! » le coupa Regina, laissant apparaitre un sourire méprisant sur son visage. « Et donc puisque comme tout le monde vous avez lu toutes les histoires qui sont publiées sur moi dans ces fichus journaux à ragots, que vous m'avez vu 2 fois, ici-même, dans ce café et que vous avez sans doute posé quelques questions à mon sujet aux serveuses, vous pensez me connaitre ? Et bien détrompez vous, j'en sais bien plus sur vous que vous n'en savez sur moi. » cracha-t-elle furieuse.

« Vraiment ? » interrogea Robin en fronçant les yeux, à la fois surpris et désorienté.

« Sachez qu'i types d'hommes qui s'intéressent à moi. Un, les hommes riches qui sont à la recherche de notoriété et de scandales à tout prix. » commença Regina en mimant le compte à l'aide de ses doigts. « Deux, les hommes moins riches qui s'intéressent uniquement à mon argent et à l'entreprise de ma famille. » finit-elle désabusée.

Dans toute sa vie, le seul qui avait été correct et complètement honnête avec elle était Daniel. Ses autres relations, qu'elles soient amoureuses ou bien juste amicales, n'avaient été que fiasco et déception.
La relation que cet individu essayait de commencer avec elle, était donc, elle le savait parfaitement, déjà vouée à l'échec avant même d'avoir commencé.
Regina avait trop souffert de trahison pour se laisser avoir une autre fois. Et le fait que cet homme aux magnifiques yeux bleus se tenait maintenant les jambes légèrement écartés les pieds bien encrés dans le sol et les bras croisés contre son torse faisant ressortir des biceps semblant aussi dur que l'acier, n'allait absolument rien changer à cela.

« Et dans quelle catégorie je suis ? » voulu savoir l'inconnu intéressé, arborant maintenant un sourire clairement amusé.

« Comment vous appelez vous ? » demanda immédiatement la jeune femme visiblement rodée à l'exercice, le regardant rapidement de haut en bas et notant au passage le t-shirt sans style et le jean usé qu'il portait.

« Robin, pour vous servir. » indiqua l'homme moqueur en faisant une légère révérence.

« Quel métier exercer vous ? » continua-t-elle indifférente.

« Je suis menuisier. »

« Vous êtes définitivement dans la deuxième catégorie Robin. » affirma Regina faisant mine de retourner à sa lecture souhaitant qu'il s'en aille.

« Juste comme ça ? » s'exclama Robin indigné par le jugement hâtif.

« Juste comme ça, oui. Alors maintenant s'il vous plait, allez donc polluer l'air de quelqu'un d'autre. Votre travail vous permet peut-être de rester la à bavasser pendant des heures, mais le mien est très stressant et j'aimerai pouvoir me détendre un peu avant de devoir commencer ma journée. » répliqua-t-elle avec aigreur.

Robin resta un moment estomaqué devant la dureté de la jeune femme à son égard, puis reprenant ses esprits, il lui déclara dépité :

« Je vous plains Regina. Vous êtes si seule et si méprisante que vous ne vous rendez même plus compte lorsque quelqu'un essaye de vous tendre une main amicale. Vous vous permettez de me juger, de me mettre dans une certaine catégorie mais vous ne savez rien de moi. Oui, je sais qui vous êtes et je connais votre histoire, mais en aucun cas je ne base mon jugement sur ce que les autres peuvent penser ou bien sur les magazines people. Je pensais que peut-être vous apprécieriez un peu de compagnie mais je me suis visiblement trompé. Sur ce, bonne journée. » finit-il se retournant, laissant Regina seule à nouveau.

La jeune femme aurait du se sentir soulagée du départ de Robin, mais la seule chose à laquelle elle pouvait penser, c'était à quel point il avait raison et à quel point ça faisait mal.

XXXXX

La semaine suivante, elle ne pouvait toujours pas oublier ce que lui avait dit Robin, ses paroles tournaient en boucle dans sa tête.
Elle regrettait de s'être montrée aussi catégorique et désagréable avec lui, après tout il s'était montré aimable et gentil avec elle, peut-être qu'ils auraient pu devenir amis ou au moins avoir une conversation agréable pendant quelques minutes.
Elle ressentait un besoin insensé de se justifier, de s'excuser au près de cet homme qu'elle ne connaissait pas. Elle était à la fois énervé de ressentir ce besoin face à quelqu'un qu'elle ne connaissait même pas, elle était seule depuis des années et elle s'en sortait très bien comme ça, mais elle était surtout complètement effrayée et angoissée.
Elle avait peur de ne plus pouvoir faire marche arrière si elle le repoussait, comme si Robin était sa dernière chance, le dernier rempart avant de sombrer dans une solitude et un chagrin tellement profond qu'elle ne pourrait plus en sortir.

C'est pourquoi, tous les matins dorénavant, installée à sa table habituelle, elle relevait la tête à chaque fois que la petite cloche du café sonnait annonçant l'entrée d'un nouveau client. L'angoisse lui serrait le cœur à chaque nouvelle entrée lorsqu'elle s'apercevait que ce n'était pas lui. Mais elle continuait pourtant à attendre, espérant que l'homme revienne malgré le comportement qu'elle avait eu envers lui. Elle ne connaissait rien de cet homme et ne savait pas vraiment ce qu'elle attendait d'une relation avec lui, mais si il repassait une fois de plus la porte du café, alors elle voulait saisir la chance de mettre un terme à ses craintes.

C'était dans cet état d'esprit qu'elle arriva le mercredi matin, prête à attendre à nouveau sa venue, lorsqu'elle s'aperçue qu'il était déjà la, confortablement assis dans un fauteuil, un journal à la main, chamboulant tout le programme qu'elle avait mis au point pour l'aborder et répété 1000 fois dans sa tête.
Son cœur s'emballa dans sa poitrine et malgré le soulagement que lui apportait la vue de cet homme, elle fût tentée de continuer son chemin et de feindre qu'elle ne s'était pas aperçue de sa présence. Mais elle se rappela bien vite les remords et la peur qui l'avaient envahi ces derniers jours et dont elle n'arrivait pas à se débarrasser.
Elle prit donc son courage à deux mains et s'avança lentement vers lui.

« Euh … Robin, c'est ça ? » hésita-t-elle.

« Mademoiselle grincheuse ! » s'exclama Robin en relevant la tête, surpris de la voir à ses côtés.

« Qu'est-ce que vous me voulez ? » demanda-t-il sèchement, retournant à sa lecture.

Regina leva les yeux au ciel au surnom puis continua, « Et bien je voulais m'excuser pour l'autre jour, je me suis montrée légèrement impolie et … »

« Légèrement impolie, vraiment ? » la coupa-t-il ironique, fronçant les yeux en la fixant du regard.

La jeune femme baissa la tête un instant, mal à l'aise puis repris, « Impolie, incorrecte, grossière et peau de vache. Est-ce que ça vous convient mieux comme ça ? »

Robin rit un instant, puis répondit avec un sourire espiègle mais sincère, « C'est le moins qu'on puisse dire oui. »

Elle esquissa un petit sourire à son tour, légèrement détendue par la réaction de l'homme
«Ecoutez je suis vraiment désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris et vous aviez raison pour tout ce que vous avez dit, je n'aurai pas du réagir comme ça. Quoi qu'il en soit, Voudriez- vous me donner une seconde chance ? Si vous vouliez bien me pardonner, peut-être pourrions-nous repartir de zéro ? »

Il resta un instant immobile, la regardant intensément, puis il hocha finalement la tête et lui désigna le fauteuil placé à côté du sien afin qu'elle s'y installe.
Soulagée, la jeune femme se dépêcha de prendre place à ses côtés de peur qu'il ne change d'avis.

« Alors, que puis-je faire pour me faire pardonner ? » demanda Regina, essayant d'apaiser la tension entre eux.

« Et bien vous pouvez commencer par accepter ce café que je voulais gentiment vous offrir la dernière fois, je pense que ce serait un bon nouveau départ. » déclara Robin confiant.

« Avec plaisir. » accepta-t-elle en lui souriant.

La conversation commença maladroitement, puis se fit plus naturelle au fur et à mesure qu'ils se trouvaient des affinités et qu'ils laissaient leurs craintes de côté.

Après cela, ils se retrouvèrent chaque matin en semaine dans ce café pour discuter de tout et de rien avant que chacun ne reparte de son côté pour travailler.
Regina appréciait particulièrement ces moments entre eux et bien vite elle délaissa « sa » table au profit de « leur » table et « leurs » fauteuils.

Dans ces moments, ils étaient comme dans une bulle où plus rien ne comptait à par l'autre et leur discussion. Ils se découvraient petit à petit, tout en prenant garde tous les deux, à ne jamais trop en dévoiler sur leur vie privée. C'était comme un code non-dit entre eux, une ligne qu'il ne fallait pas franchir.
Ils se retrouvaient ici, une heure par jour, puis chacun repartait à sa propre vie, laissant leur amitié naissante de côté jusqu'au lendemain matin.

Cela dura ainsi plusieurs semaines avant que Robin ne franchisse cette ligne involontairement.

« … Je ne peux pas croire ce que vous dites, c'est tout bonnement impossible que vous n'ayez jamais gouté de whisky de votre vie ! » s'écria Robin avec un air faussement choqué sur le visage.

« Non c'est vrai, je vous le jure ! » affirma Regina en éclatant de rire. « Je ne suis pas trop alcool fort généralement alors je n'ai jamais pris la peine de goûter et puis je n'y connais absolument rien, je ne saurai même pas par où commencer. » poursuivit-elle toujours souriante.

« Et bien il faut remédier à ça le plus vite possible. Réservez votre soirée je vous emmène dans mon pub préféré. »

Les deux se figèrent en même temps, surpris par la tournure des évènements.
Le sourire de Regina s'évapora et elle baissa la tête embarrassée. Robin quand à lui, avait parlé sans réfléchir, pris dans leur conversation il n'avait pu s'empêcher d'inviter la jeune femme à sortir et il s'en voulait à présent d'avoir gâché leur moment uniquement sur un coup de tête.
Pourtant plus il y pensait, plus il trouvait que l'idée n'était pas si mauvaise que ça. Il avait envie de la voir dans un contexte différent, ils avaient assez attendu pour ça.
Il s'apprêtait à faire part de ses pensées à Regina quand cette dernière reprit la parole.

« Oh, Robin, c'est très gentil mais … » hésita-t-elle tout d'abord.

« Mais ? » répéta-t-il, espérant encore qu'elle ne rejette pas complètement sa demande.

«… Je ne bois pas en semaine. » finit-elle alors, toujours incertaine.

Robin soupira soulagé. C'était un non, mais pas un non définitif. C'était sa chance.

« Samedi alors ? Est-ce que vous seriez libre ? » se pressa t-il de demander.
Puis voyant l'hésitation de la jeune femme il ajouta.
« Vous n'êtes pas obligé d'accepter Regina, mais sachez que cela me ferait vraiment très plaisir. Et vous seriez entièrement pardonnée d'avoir était si dure avec moi la première fois. » finit-il en souriant, taquin.

Regina roula des yeux, continuant dans son jeu.
« Je croyais avoir déjà été pardonné pour ça. »

« Pas totalement à vrai dire, accepter de boire un café ce n'est pas suffisant, mais si vous acceptez de boire un verre avec moi, ce le sera, c'est promis. » dit-il.

Elle hésita encore une fois à accepter. Ce que lui proposait Robin lui faisait envie, mais elle n'avait pas fait ce genre de chose depuis des années.
Pour quelqu'un de normal, sortir boire un verre, c'était un pas en avant dans une relation, pour Regina Mills, c'était un véritable saut dans le vide.
Elle était tétanisé à l'idée de s'ouvrir un peu plus à cet homme, de casser la carapace qu'elle s'était forgé. Mais pour elle s'était maintenant ou jamais, si elle voulait s'ouvrir à nouveau aux autres, elle ne devait pas rater cette occasion.

Elle finit par répondre, souriante et en rougissant légèrement, « Et bien, si c'est la seule solution pour que vous me pardonniez définitivement, alors, c'est d'accord. »

XXXXX

Robin et Regina se retrouvèrent le samedi soir devant un pub aux allures irlandaises. Alors qu'il l'invitait à entrer en lui tenant la porte, la jeune femme pu admirer le décor chaleureux de l'établissement.
De nombreuses tables en bois étaient disposées un peu partout dans la pièce et on pouvait apercevoir plusieurs billards sur une mezzanine. Un imposant bar de plusieurs mètres de long était situé à droite de l'entrée et quatre barmans s'activaient à servir les clients déjà nombreux.
Robin y avait l'air comme chez lui, en rentrant il salua plusieurs personnes, puis il guida Regina vers le coin le plus éloigné du bar où deux tabourets les y attendaient.

La jeune femme s'installa en essayant de refréner l'angoisse qui faisait battre son cœur à une vitesse folle et lui rendait les mains moites.
Elle était tendue depuis le début de la journée, elle s'était demandée pendant des heures comment elle devrait s'habiller pour cette soirée et s'ils sauraient trouver de quoi parler.
Finalement, elle s'était décidée pour une tenue décontractée, jean et t-shirt avec une jolie paire d'escarpin, tenue simple mais dans laquelle elle se sentait bien et elle faisait confiance à Robin pour trouver des sujets de conversation intéressants.

C'était quelque chose qu'elle appréciait chez lui, il trouvait toujours de quoi lui parler et réussissait à rebondir sur des sujets différents afin que la conversation ne retombe pas. Il semblait ne jamais se poser de questions, toujours à l'aise dans n'importe quelle situation, il n'avait pas peur d'être lui-même.

Elle l'observa un instant se mettre à l'aise et attraper une carte des boissons, puis lui demanda curieuse,
« Vous venez souvent ici ? Vous avez l'air de bien connaitre les lieux. »

« Je viens une fois par semaine à peu près. J'aime cet endroit, ça me rappelle un peu mon pays. » répondit Robin.

« Vous êtes irlandais ? » questionna Regina légèrement surprise.

« Non, je suis né à Londres, mais j'ai vécu quelques années en Irlande. » expliqua t-il rapidement.

« Et cela vous manque ? Je veux dire, l'Angleterre en général ?» continua Regina, avide d'informations au sujet de cet homme si énigmatique à ses yeux.

Un voile de tristesse sembla passer sur son visage, puis il répondit en haussant les épaules,
« Un peu, c'est assez différent d'ici. »
Il laissa passer plusieurs secondes, semblant toujours dans ses pensées et reprit enfin d'un ton beaucoup plus enjoué, plaçant à nouveau un magnifique sourire sur son visage.

« Bien, passons aux choses sérieuses maintenant. Alors, quel whisky voulez-vous goûter Regina ? »

La jeune femme préféra ne pas insister, quoi qu'il lui soit arrivé dans la vie, il semblait qu'elle n'était pas la seule à avoir subit des moments douloureux. C'était la première fois qu'il laissait apparaître une telle tristesse ou mélancolie devant elle et elle ne put s'empêcher de ressentir de la compassion pour lui.
Elle admirait la force et le courage qu'il dégageait malgré tout, ainsi que son côté avenant et optimiste, bref, tout ce qu'elle n'était pas. Elle lui sourit alors en retour et rétorqua,
« Et bien c'est plutôt à vous de me conseiller vous ne pensez pas ? »

« Avec plaisir » répondit-il en riant, « J'ai en tête cinq ou six whisky qui pourraient vous plaire.»

« Cinq ou six ? Vous vous fichez de moi, vous voulez me voir ivre ? » répliqua-t-elle sidérée, jamais elle n'arriverait à supporter autant d'alcool.

« Ne vous inquiétez pas, » continua-t-il, riant encore, s'amusant de la voir si peu assurée, «Je vais vous faire voyager vous allez voir. Et si vous n'aimez pas votre boisson, je serai la pour la finir. » essaya-t-il alors de la rassurer.

Ils commandèrent leurs boissons et passèrent leur soirée à discuter et à rire tous les deux.
Emportée par l'alcool, Regina se sentait libre de tout, comme libérée d'un poids immense, elle n'hésitait plus à rire à pleine voix et ça faisait du bien. Toute la méfiance qu'elle éprouvait généralement s'était complètement envolée. Elle qui était d'habitude si froide et si renfermée, se montrait pour une fois joyeuse et ouverte.
Il y avait de nombreuses années qu'elle ne s'était pas sentie aussi détendue et bientôt c'est elle qui entraina Robin à commander d'autres verres, voulant pousser ses limites au maximum.
Au bout d'un moment cependant, elle dû ralentir le rythme, son corps commençant à montrer des effets secondaires dû à l'absorption de tout cet alcool.

« Je crois que je vais arrêter là pour ma part, j'ai besoin de prendre l'air. » dit-elle manifestement ivre.

« Vous abandonnez déjà ? » demanda-t-il en souriant, voulant la taquiner.

« Déjà ? » commença-t-elle écarquillant les yeux. « Je n'ai pas bu autant d'alcool depuis … depuis toujours et c'est ma première fois au whisky, je pense que je m'en sors bien. » affirma-t-elle ensuite.

« C'est vrai, vous avez raison. Je suis assez impressionné en fait. » reprit-il sincèrement, la faisant sourire puis glousser comme une ado.

Sa tête commençait à tourner sans discontinuer, elle ressentait vraiment le besoin de changer d'air. Elle essaya donc de se lever pour se diriger vers la porte, mais quand elle lâcha le tabouret, elle manqua de s'effondrer par terre, ses jambes ne répondant plus vraiment.
Robin la rattrapa au dernier moment en entourant ses bras autour de sa taille.

« J'en suis certaine maintenant, vous vouliez me voir ivre. » accusa-t-elle en plaisantant, plantant son index sur le torse de l'homme et le regardant intensément. « Et vous avez réussi, j'ai la tête qui tourne et je n'arrive plus à marcher Robin. » ajouta Regina la voix rendue roque par l'alcool.

« Je n'en rêvais même pas. » s'indigna Robin faussement. « Mais je pense qu'il est l'heure pour vous d'aller dormir. » reprit-il ensuite.

« Oui je crois qu'il est temps que je rentre chez moi. » dit-elle en continuant à le regarder dans les yeux.

« Oh, je pense qu'il serait préférable que vous ne soyez pas seule pour cette nuit, je ne voudrais pas qu'il vous arrive quelque chose Regina. Et ce pub a quelques chambres à l'étage, je vais allez voir si je peux vous en louer une, ce serait plus sûr et plus raisonnable, ainsi vous auriez de l'aide à proximité si nécessaire. »

« Vous êtes un vrai chevalier servant Robin. » déclara Regina en s'accrochant à son cou, flirtant ouvertement. « Alors allons-y, emmenez-moi dans mon palace. »

« Je ne suis pas sûr que ça puisse être appelé un palace, mais avec plaisir milady. » accepta t-il en rentrant dans son jeu.

Après avoir récupéré les clés, Robin porta Regina jusqu'à l'étage et ouvrit la porte de la chambre permettant à la jeune femme d'y entrer.
Elle fit quelques pas peu assurés et s'adossa contre le mur, puis quand il pénétra à son tour dans la pièce, elle se jeta à son cou à nouveau, un air beaucoup plus sérieux sur le visage.

« Robin, je veux que vous sachiez que vous êtes un homme bien et prévenant et vraiment admirable. Vous êtes vrai, vous ne mentez pas aux gens, j'aime ça en vous. Vous semblait si fort, vous n'avez pas peur d'être vous-même et vous êtes aussi très, très attirant. » finit-elle se collant un peu plus à lui, affichant à présent un sourire enjôleur.

« C'est très gentil à vous. » remercia Robin, surpris par les mots de la jeune femme et par ce changement soudain de comportement. Il ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi elle agissait ainsi et ce qu'elle voulait vraiment lui dire. Mais il n'eut pas vraiment l'occasion de reprendre ses esprits, la jeune femme avança son visage vers lui, commença à frôler ses lèvres aux siennes puis se mit à l'embrasser à pleine bouche.

« Regina vous êtes saoule, vous ne savez plus ce que vous faites. » affirma Robin en essayant de se détacher d'elle.

« Et alors ? » demanda t-elle avant d'ajouter, « J'ai envie de toi Robin. » souffla-t-elle à son oreille, le tutoyant pour la première fois.
Elle le regarda dans les yeux intensément, puis se mit à l'embrasser à nouveau, commençant à caresser son dos et sa nuque.

Robin resta immobile un instant, complètement hypnotisé par les sensations qu'elle faisait naitre en lui rien qu'avec un baiser, puis il sentit Regina tirer sur son t-shirt pour le faire avancer. La sensation était plus qu'agréable et ils n'avaient plus qu'une seule envie, se perdre totalement l'un dans l'autre. Ils continuèrent comme ça pendant encore quelques pas, puis finirent par s'effondrer tous les deux sur le lit.
Il reprit alors conscience de ce qu'ils étaient en train de faire et se dégagea de l'étreinte de la jeune femme. Il s'assit sur le bord du lit et reprit.
« Non, Regina, nous ne pouvons pas faire ça. » essaya-t-il de protester.

« Pourquoi ? Tu n'as pas envie de moi ? » l'interrogea-t-elle avec un sourire espiègle, s'asseyant à son tour et tentant de ramener Robin vers elle.

« Là n'est pas la question. » commença t-il en soupirant. « Vous êtes très belle et très attirante, mais vous êtes aussi très ivre et je n'ai vraiment pas envie de subir votre colère, parce que je sais parfaitement que demain matin, c'est moi que vous blâmerez pour ce qui est arrivé. » lui certifia-t-il de façon affectueuse.

« C'est tout à fait vrai. » affirma-t-elle en explosant de rire, soudain extrêmement joyeuse.

« Donc, c'est non, point final. » termina-t-il en riant, soulagé de voir qu'elle semblait finalement entendre raison.

Ils restèrent immobile un instant, puis Robin se leva souhaitant se rendre dans la petite salle de bain attenante à la chambre.

« Est-ce que vous partez ? » s'écria Regina soudainement, apeurée. « Je ne veux pas que vous partiez Robin, je me sens si seule. » lui confessa-t-elle les larmes aux yeux.

Il s'arrêta immédiatement, encore une fois surpris par le changement de comportement de la jeune femme. L'alcool la rendait visiblement versatile, passant du rire aux larmes en quelques secondes.
Et autant il avait aimé la voir rire à pleine gorge, autant il détestait la voir si triste.
Il s'installa à nouveau à côté d'elle et caressa sa joue d'une main.

« Non Regina je ne pars pas, je ne vais pas vous laisser si c'est ce que vous souhaitez. Ne vous inquiétez pas. Je vais veillez sur vous, d'accord ? »

Elle hocha la tête rapidement et accepta avec plaisir l'étreinte que lui offrait Robin, s'accrochant à lui avec force.
Une fois ses craintes légèrement apaisées, ils s'installèrent plus confortablement, s'allongeant sur le lit toujours enlacés, puis finirent par s'endormirent au son de la respiration de l'autre.

Quand Robin ouvrit les yeux le lendemain matin, elle était déjà partie.

XXXXX

A suivre ...