Ceci est une histoire sur mon couple préféré de Band of Brother qui est aussi presque inexistant. Sérieusement, je trouve que Malarkey et Luz vont si bien ensemble (oui, ils font très bien avec d'autres personnages, mais je trouve quand même qu'il s'agit d'un couple génial qui manque cruellement d'adepte). J'ai cherché comme une folle des fanfictions sur eux et je n'ai pratiquement rien trouvé. C'est ce qui m'a motivée à écrire cette histoire. Au départ, le plan c'était de se concentrer uniquement sur le couple Luz-Malarkey à travers les yeux de Webster, mais au final, j'ai rajouté d'autres couples que j'aimais.
Pourquoi Webster comme personnage principal? Parce qu'il revenait dans la Easy et se rendait compte que bien des choses avaient changé et peut être aussi par ce que je trouve qu'il a un côté voyeur. L'histoire est T pour le même principe.
Donc, j'espère que vous allez aimer et si vous trouvez une fiction sur le couple Luz-Malarkey, s'il vous plait, dite le moi.
Couple : Malarkey/Luz Roe/Babe Lieb/Webster Lip/Speirs (légers) Winters/Nix (cité et sous-entendu) Luz/Toye(cité), Bill/Toye (cité), Martin/Bull (cité), Malarkey/Muck (cité), Luz/Hoob/Perconte (cité)
Précision : l'histoire prend place à Haguenau entre the last patrol et why we fight. Le « centre » est l'endroit où se trouve la 2e section, le « QG » où se trouve Lip et Luz et le « PC » où se trouve Winters, Nix (c'est le centre de commandement quoi)
Ps. Il se peut que certain soldat ai été changé de section, moi et les trucs militaires ça fait deux.
RePs. Certaines fautes d'orthographe sont voulues principalement dans les dialogues pour ressembler à la manière de parler des soldats. Certains mots employés (Chleu/Boche) sont là car dit par les personnages de BoB et ne sont pas des insultes envers les Allemands.
Cette histoire est basée sur les personnages fictifs de BoB et non sur les vrais vétérans. À aucun moment, je souhaite leur manquer de respect.
Cela faisait trois jours que j'étais de retour dans la Easy. Si au départ, les autres étaient distants avec moi, la petite escapade de l'autre côté de la rivière avait changé la donne. Même si certains continuaient à se montrer hostiles à mon égard, la plupart m'avaient avec joie accueillie comme le vétéran que j'étais. Depuis que l'avant-poste avait été détruit, les Allemands se tenaient tranquilles, leurs activités se limitaient à quelques tires de canons par jours. Je restais cependant ébahie de constater que tous prenaient ceci comme des vacances. En effet, le capitaine Winters avait décidé de « rediscipliner » un peu les rangs et depuis, j'avais l'impression, quand je traversais la ville, de me retrouver de nouveau au camp Toccoa. Aujourd'hui, le sergent Malarkey (du moins ce qui en restait) nous avait annoncé que Liebgott, Ramirez, moi et d'autres gars de la section avions un exercice d'entrainement sous ordre de Speirs. C'est en fouillant dans mes poches à la recherche d'une cigarette pendant que je me rendais au lieu indiqué de l'entrainement avec les autres gars que je me rendis compte d'un truc important.
-Et merde!
-Quoi? Qu'est-ce qu'il y a? me demanda Liebgott qui marchait à côté de moi.
-J'ai oublié mon couteau, il faut que je retourne au centre de la section pour aller le chercher. A fait chier! Je vais être en retard pour la formation et en plus, c'est Speirs qui la donne!
-Tu ferais mieux de te dépêcher dans ce cas. À mon avis, Speirs préfère un homme légèrement en retard à un homme non préparé. À tous les coups, s'il t'offre des clopes après, refuse!, Liebgott me sourit en me faisant un clin d'œil.
Je hochais la tête et partais à courir en sens inverse, tâchant d'oublier l'étrange sensation qu'avait fait naitre le clin d'œil de Lieb. Courir sans réfléchir semblait me réussir, car j'arrivais finalement à la maison en ruine que les autres appelaient « centre ». J'avais parcouru la distance en très peu de temps et espérais qu'avec un peu de chance, j'arriverais pile à l'heure et donc que Speirs ne « m'arroserait » pas. J'ouvris la porte en tentant de visualiser où j'avais laissé mon couteau. Surement à cause de mon entrainement militaire, je m'arrêtais net en entendant des voix.
-Luz, tu m'énerves… Et tu n'as pas une formation? Demandait la voix sans vie du sergent Malarkey.
- J'ai fait la formation hier, jeune blanc-bec. Diviser les gars en trois classes d'instruction est une idée de Winters, un brave garçon celui-là pas comme certain leuprépheum que je connais! Lui répondit la voix du colonel Sink.
Sans faire de bruit, je m'avançais vers la pièce d'où provenaient les voix. La porte était légèrement entre ouverte et je me faufilais derrière pour y jeter un œil, toujours mu par mon instinct militaire.
Malarkey son affreuse tuque grise sur la tête était accotée contre la table de la salle de séjour qui nous servait aussi de table à manger, le regard vide. Luz, lui, avait les deux mains à plat contre la table de chaque côté de Malarkey. Il était légèrement penché comme s'il faisait des demi-push-up et avait relevé la tête pour regarder Malark de plus bas.
Mon sergent avait la tête penchée vers lui.
-Leuprépheum?
Luz haussa les épaules sans se départir de son sourire : « C'est petit, roux et Irlandais. »
-C'est finement trouvé, commenta Malarkey avec autant d'émotion qu'un mort.
-Faites attention à ce que vous dites, soldat Malarkey. Pour votre indiscipline à un supérieur, votre permission est annulée! Rétorqua Luz en une parfaite imitation de Sobel.
Les deux hommes continuaient de parler et moi je restais planté derrière la porte à les épier dans l'ombre. Cette conversation ne me concernait pas et personne ne se trouvait en danger pourtant, c'était plus fort que moi de suivre leur discussion.
-Comme si je pouvais faire quelque chose de différant que ce que je fais tous les jours dans ce trou à rat.
-Des rats? Il n'y a pas de rats ici. Sinon, je les aurais pris pour faire un dé-li-cieux pâté, dit Luz en imitant le cuistot.
-Il n'y a pas de rats ici, Luz, parce que la terre est rendue infertile par tous les gravats et éclats d'obus.
-Non, Malark, le sol est infertile parce que c'est l'hiver. Au printemps, le temps sera sublime et des tonnes de coquelicots vont pousser.
-Dommage que l'on ne sera plus là pour le voir.
Luz émit une petite exclamation mi- amusé, mi- désespéré.
-Aller, décoince-toi un peu, renchérit mes blagues, admet que mes imitations sont géniales, organise un tournoi de Poker clandestin, sourie…
Luz s'était redressé et maintenant il regardait Malarkey à sa hauteur. Malarkey n'eut aucun mouvement de recul malgré le fait qu'ils étaient tellement proches que leurs nez pouvaient se toucher.
-Aller sourit, juste un peu. Après tout ce qu'on a vécu, ça ne va pas te tuer…
Malarkey releva un coin de sa bouche en un mince sourire forcé, surement plus pour que Luz cesse de l'embêter que parce qu'il s'amusait réellement.
Mon cœur rata un battement quand Luz s'avança pour déposer ses lèvres sur le coin du rictus. Puis il déposa une ligne de baiser sur la ligne de la mâchoire du sergent. Je me sentais soudainement mal. J'avais le cœur qui battait à tout rompre, je ne devais pas être là et je me sentais sale de les regarder. J'avais l'impression d'être un pervers qui violait leurs intimités. Pourtant, je restais là à regarder sans bouger Luz mordiller la lèvre inférieure de Malarkey toujours impassible.
-Tu sais la dernière personne qui m'a mordu la lèvre comme je te le fais, j'ai dû la payer et cher en plus!
-Et je suis censé faire quoi de cette information?
-Être reconnaissant de l'avoir gratos, rétorqua Luz en mordillant sa lèvre supérieure maintenant. Et s'il te vient à l'idée de me mordiller ou toutes autres choses du genre n'hésite pas à me le faire savoir.
-Hum oui Luz, j'ai envie de te faire quelques choses… répondit Malarkey un air exagérément désireux.
Luz releva sa tête du cou qu'il était en train de bécoter pour regarder Malarkey surpris, curieux et méfiant.
-J'ai envie, poursuivit mon sergent, de t'agripper comme ça.
Il attrapa Luz par sa veste, en se pressant vers lui, forçant Luz à reculer de quelques pas.
-Et de te dire, continua-t-il en murmurant, Luz sors d'ici, tu m'énerves. J'ai des choses à faire.
Son ton était dur, cassant.
Luz eut un petit sourire triste :
« Tu sais Malark, tu peux me détester, ça met égal c'est juste moins agréable. Le but c'est que tu ne restes pas l'homme stoïque et sans vie que tu es présentement. Tu peux me cuisiner un charmant souper aux chandelles ou encore faire irruption dans ma chambre un couteau à la main pour me dépecer. Mais tu ne peux pas me dire de m'en aller, tu as besoin de mon aide.
-je n'ai PAS besoin d'aide et encore moins de TOI!
Cette fois, c'était de la colère et du dégout qui transperçait dans sa voix.
-Tu as cruellement besoin de moi, Penkala et Muck ont tenté de me sauver la vie alors je tenterai de te sauver, toi.
Peut-être rappeler par les noms de ses amis, le fantôme qui avait pris la place du type que j'avais connu en Normandie était de retour.
-Hum. Fait attention, en tentant de te sauver, un obus leurs à sauter à la gueule. Tu pourrais bien en crever de ta petite mission de secours.
Luz tourna les talons en secouant la tête.
-Tu sais c'est quoi ton problème Donald Malarkey? Tu manques d'amour!
-J'en reçois d'une personne auquel je ne tiens pas.
Luz s'arrêta net, sur le coup, je crus qu'il m'avait vu ce qui était idiot, car j'étais bien caché dans l'obscurité. L'expression qu'il affichait était de la douleur puis son regard se durcit et la colère prit le relais. Je n'avais jamais vu George Luz en colère auparavant, je l'avais vu crier dans la folie des champs de bataille, mais George Luz était quelqu'un de pragmatique qui retournait toutes les situations avec humour. Pour le rendre furieux, il fallait surement abattre un enfant de sang-froid devant ses yeux ou encore un Malarkey complètement blasé. Luz se retourna brusquement et agrippa Malarkey par le col.
-Ha ouais? Des personnes auxquelles tu tiens? Et où étais-tu? C'était tes meilleurs amis et toi tu n'étais pas avec eux. Toi aussi, tu aurais dû crever dans ce trou! Ou finir comme tous tes autres supposés meilleurs amis! S'ils se sont fait toucher comment ça se fait que tu n'as pas une égratignure? Bill a sauté de son trou à l'instant où il a appris que Joe était touché! Il a été touché en lui portant secours!
-Quand Joe a été touché, je me trouvais juste derrière Bill, j'ai aidé Doc Roe, je te rappelle.
- Et quand Penkalas et Skip ont été touchés, tu te trouvais où? Riposta Luz
Luz et Malarkey continuaient de se crier des insultes aux visages. Peut-être que tous les coups de canon les avaient rendus sourd, car ils se hurlaient dessus à seulement quelques centimètres de distance l'un de l'autre et même de l'endroit où je me trouvais le volume sonore me faisait grimacer. Je considérais qu'il était temps pour moi de tirer ma révérence. Leurs gestes étaient violents et l'un des deux allait surement finir par quitter la pièce… et se retrouver nez à nez avec moi. En temps normal, je n'aurais pas voulu me retrouver en faute devant l'un d'entre eux. Maintenant, encore moins. Je me faufilais hors de la maison en usant de mes techniques furtives et restait impressionné par l'insonorisation du « centre ». Je n'avais pas récupéré mon couteau que je me rappelais avoir laissé sur ma couchette dans la salle de séjour/à manger. Mais ça n'avait plus d'importance. Trop occupé à jouer les voyeurs, j'avais perdu la notion du temps et raté la presque totalité de l'entrainement. Speirs allait me tuer, mais surement de manière moins douloureuse que si j'étais rentré dans la salle pour aller chercher mon couteau.
Le plus important maintenant était de trouver une parade. Je pouvais me tirer de ce mauvais pas en trouvant une bonne excuse et en allant tout de suite la plaider à quelqu'un de plus gradé. Les personnes qui pouvaient modifier l'opinion de Speirs se comptaient sur les doigts d'une main, Winters était un bon exemple, mais Richard Winters était un gars de terrain pas de bureau. Il se promenait beaucoup pour vérifier les effectifs, les changements chez l'ennemi, etc. Je n'avais pas moyen de le trouver autrement qu'en faisant le tour du village et j'avais alors autant de chance de tomber sur lui que sur Speirs. Nixon pouvait se trouver au PC, mais je le connaissais peu et Winters avait tendance à le tirer avec lui lors de ses rondes. Par chance, je savais où trouver une autre personne suffisamment influente pour me sauver de Speirs. Je me dirigeais vers le QG. Les excès de toux que j'entendis à mon arrivée confirmèrent que la personne que je cherchais se trouvait à l'intérieur.
L'adjudant-chef Lipton était un homme avec qui j'avais combattu côte à côte en Normandie et qui sous peu deviendrait lieutenant pour ses exploits à la guerre, mais aussi pour le côté très paternel avec laquelle il s'était occupé de la Easy après la promotion de Winters. Pour ces raisons, l'opinion de Lipton valait son pesant d'or aux yeux de Speirs. Ce dernier le consultait pour avoir son avis sur qui envoyer au combat, sur quelles tactiques adopter pour les missions, etc. Ils pouvaient passer des heures à discuter ensemble. L'adjudant-chef était bien un des seuls à ne pas avoir à craindre le lieutenant Ronald Speirs et pour l'heure, je l'enviais beaucoup.
-Adjudant-chef Lipton? Questionnais-je
Lip se redressa du divan sur lequel il était allongé.
-Webster? Tout va bien, vous avez déjà fini la formation?
-Non adjudant, j'ai perdu mon couteau, chef. J'ai fouillé le camp pour le trouver, mais rien n'y fait. Je n'ai donc pas pu participer à l'entrainement tel qu'ordonné par le lieutenant Speirs, j'inspirai un coup, je suis prêt à recevoir ma sanction.
Je retenais mon souffle, il y avait toujours cette minuscule chance que Lip me dise qu'il allait en parler à Speirs et que ce serait le lieutenant qui déciderait de la sanction.
-Et bien, comme il s'agissait d'un cours sur les techniques de combat rapproché entre autres au couteau, il était évident que vous ne pouviez pas participer sans le vôtre, j'en parlerai au lieutenant Speirs tout à l'heure afin qu'il vous inclue dans le cours de demain. Maintenant allez voir Doc Roe, il devrait avoir de quoi vous dépannez.
Peut-être Lip était-il trop fatigué pour réfléchir, car il ne me demanda pas pourquoi je n'avais pas emprunté celui d'un autre soldat ou demandé justement au Doc Roe de me passer un couteau d'un gars qui avait passé l'arme à gauche. Préférant me dépêcher avant que ça n'effleure son esprit, j'effectuais le salut militaire avant de sortir et me diriger vers l'infirmerie.
Quand j'arrivais, le Doc était assis à un petit bureau perdu dans ses pensées, ses yeux fixaient un petit bout de tissu bleu qu'il tenait entre ses mains.
-Doc Roe?
Ce dernier sursauta.
-Oui, heum, Webster c'est bien ça?
Je hochais de la tête : « L'adjugent-chef Lipton m'envoie, j'ai perdu mon couteau, il pense que vous pouvez me dépanner. »
-Heum oui bien sûr, attendez-moi ici.
Je regardais Roe s'éloigner en souriant. J'aimais beaucoup Eugene, il était le premier infirmier à courir entre les balles pour aller au secours des soldats. C'était un type cultivé avec qui j'avais eu de brillantes discussions et il ne faisait pas de préjugé. Il traitait tout le monde pareil. J'étais bien placé pour savoir que Roe était très apprécié auprès des autres soldats, pourtant, il se complaisait à toujours rester en retrait et distant des autres. Je suppose que quand on est celui que l'on regarde quand on est sur le bord de mourir, c'est mieux de ne pas trop s'attacher aux gens.
Roe revient avec une caisse remplie d'arme qu'il posa au sol.
-Voilà, c'est toutes les armes qui ont été récupérées depuis que nous sommes arrivés dans la ville.
-Merci, dis-je en me penchant pour fouiller dans la caisse.
Je pris le premier couteau sur le dessus, le sortie un peu de son étui et grimaçais. Des initiales avaient été gravées sur la lame. Prendre le couteau d'un mort était une chose, prendre le couteau d'un mort qui avait pris la peine de graver ses initiales était morbides. Pendant, que j'inspectais d'autres couteaux, je demandais :
-Qu'est-ce que c'est?
-Quoi donc?
- Le… truc bleu que vous teniez tout à l'heure.
-Ha ça? C'est rien, c'est juste un foulard. Un foulard pour les cheveux.
La voix de Roe était lointaine, je relevais la tête, interrogatif. Roe était de nouveau perdu dans la contemplation du chiffon bleu. Quand il remarqua que je le fixais, il continua.
-C'était à une infirmière, Renée.
-Je ne m'en rappelle pas.
-C'était à Bastogne.
-C'était une fréquentation? Demandais-je curieux.
Cette curiosité me perdra. L'expression de Roe s'assombrit.
-Elle est morte durant les bombardements le soir de Noël.
- Mes condoléances, c'était quelqu'un de bien?
- Oui, les yeux de Roe étaient nostalgiques.
Je décidais que ma présence n'était plus désirée. Je saluais donc avec beaucoup de respect Roe avant de retourner au « centre ».
L'entrainement était fini, des tas de soldats déambulaient de nouveau dans les rues.
-Hé Webster! Où étais-tu passé? Me questionna Ramirez en me rejoignant avec le reste de ma section.
-Speirs a remarqué ton absence, renchérit Babe
Nous étions rendus devant le « centre », je me demandais si Luz et Malarkey étaient encore là à se crier dessus ou pire encore. Insouciant de ce qu'il pourrait peut-être déranger, Babe poussa la porte. Tandis que McClung me redemandait où j'étais passé.
-j'ai fait le tour de la ville pour trouver mon couteau, mentis-je, Mais rien à faire. Je l'ai perdu.
Nous étions rendus dans la salle de séjour/à manger. Rien ne pouvait laisser croire que Luz avait été debout dans la pièce, une vingtaine de minutes plus tôt. Malarkey, toujours coiffé de sa hideuse tuque, une liasse de papier étendue sur la table devant lui, s'activait à remplir une feuille. S'ils s'étaient battus, il n'y avait aucune trace. Je me précipitais sur ma couchette afin de m'étendre/cacher mon couteau. À notre entrée, Malarkey leva à peine les yeux et je me dis que si finalement il avait tué Luz, ce type aurait pu cacher son cadavre, nettoyer les dégâts et s'asseoir comme si de rien n'était à cette table. Le gars qui était assis là n'était PAS la personne que j'avais connue et autrefois estimée.
-Tu as pourtant ton couteau? Rétorqua Ramirez me ramenant sur terre.
-Ho lui? Lip m'a envoyé chercher un couteau de rechange à l'infirmerie. Mais il était trop tard pour que je puisse participer à l'entrainement.
-Si tu veux, je peux te montrer ce que nous avons appris, proposa Liebgott qui s'était assis sur son propre lit et me fixait du regard.
- Je savais que tu n'aimais pas Webster, mais de là à vouloir le tuer… tu sais, on a tous compris la menace, plaisanta McClung.
C'était vrai que je ne m'étais pas toujours bien entendue avec Liebgott, mais quelque chose dans son expression me fit penser que ce n'était pas une menace de sa part. Je le fixais aussi un peu avant de répondre : « En fait, Lip a dit que j'allais pouvoir aller à l'entrainement de demain. »
J'eus l'impression de voir du désappointement traverser les yeux de Lieb et je me demandais si finalement McClung avait raison et qu'il voulait vraiment me blesser.
Au bout d'un moment Babe, se leva nous faisant sursauter.
-Je crève la dalle! Se plaignit-il le plus bruyamment possible
Des fois, il me faisait penser à Guarnere. Peut-être que toutes les personnes de Philadelphie étaient comme ça? Malarkey se leva à son tour.
-Allons à la cantine alors. Décréta-t-il complètement détaché
J'attendis que la plupart des gars sortent de la pièce, Liebgott resta un bon moment à flâner avant que Ramirez ne l'appelle, avant de caché d'un coup de dos mon couteau sous mon oreiller. Le sergent Malarkey était encore en train de ranger ses papiers, je m'avançais donc pour lui donner un coup de main. Quand je lui tendis la pile de feuilles que j'avais préalablement classée, il leva les yeux vers moi :
« Merci. »
Puis, il serra les documents avant de sortir de la pièce. En lui emboîtant le pas, je me dis que j'avais tort tout à l'heure, quand je m'étais dit que Malarkey n'avait plus rien de l'homme qu'il avait été et n'était plus qu'une coquille vide sans émotion, car quand il avait relevé la tête, ses yeux étaient rouges.
Le reste de la soirée se termina comme toujours, les gars qui jouent aux cartes et ce crient des insultes pendant que Malarkey les regarde faire et que je tente d'écrire dans mon journal. En fait, Malarkey était un peu différent de d'habitude. Il était perdu dans ses pensées et semblait encore plus nostalgique qu'avant. Babe dû répéter à deux reprises avant que le sergent ne lui réponde lorsqu'il lui demanda l'heure.
Finalement, tout le monde se coucha. Mais maintenant que plus rien n'était là pour me changer les idées, je me retrouvais à penser à Luz et Malarkey. À ce que j'avais surpris entre eux. Chaque fois que je fermais les yeux, c'était pour revoir Luz se pencher sur Malarkey. Alors que je me tournais sur le dos, je me dis que j'avais la poisse. Les autres soldats étaient maintenus éveillés la nuit par des images de massacre, par des vies qu'ils avaient pris trop tôt, par celles d'amis tomber au combat. Moi, j'étais maintenu réveillé par des images de mon sergent et de l'un de mes amis se tenant beaucoup trop proches l'un de l'autre au cours d'une conversation que je n'étais pas censé entendre. En plus de toutes ces images, disons troublantes, Ramirez et Liebgott ronflaient si fort que les chleux devaient les entendre de l'autre côté de la rivière. Soudain, je sentis un courant d'air m'effleurer la nuque. En tendant l'oreille, je pus entendre les ressorts d'un lit grincer sous un poids supplémentaire.
-Heim? Murmura une voix dans l'obscurité, que je crus reconnaitre comme celle de Malarkey, Qu'est-ce que tu fais ici?
-Bah quoi? On se les gèle ces temps si alors je ne vais pas lésiner sur de la chaleur. Rétorqua Luz
-C'est juste… c'est juste que je ne pensais pas que tu viendrais après… Malarkey ne finit pas sa phrase.
J'entendis les ressorts grincer à nouveau.
-Et bien, j'ai pensé à ne pas venir, mais j'avais envie de quelque chose. J'avais envie… de t'énerver.
Cette voix je la reconnaissais, c'était la voix faussement sensuelle que Malarkey avait utilisée un peu plus tôt.
Ça me fit prendre conscience que j'espionnais pour la deuxième fois, une conversation privée entre Malarkey et Luz. Il était très tard, le couvre-feu était tombé depuis longtemps et tout le monde dormait à point fermé. Luz était rentré dans le centre en silence comme nous l'avait montré l'instructeur tactique. En plus, Ramirez et Liebgott couvraient un maximum de bruit. Dans l'armée quand on dormait à quinze par chambre, c'était ce qui se rapprochait le plus d'un moment privé.
Quand j'étais petit, je voulais être journaliste. J'aimais tout savoir, je pouvais passer des heures à chercher des ragots. Mon père me répétait toujours les même vieux adages démodés : « Ta curiosité te perdra » et « la curiosité est un vilain défaut », je commençais à le croire. Aujourd'hui, je m'étais immiscé dans la vie privée de trois personnes Malarkey, Luz et Roe. Deux fois en ce qui concernait les premiers.
Le mieux à faire était de me rendormir. J'avais des bouchons pour les oreilles que j'avais volées à l'hôpital, ça ne couvrirait pas les ronflements, ni les bombes, mais je n'entendrais plus les murmures. C'était ce qui était à faire, pourtant je continuais à tendre l'oreille. Ramirez ronflait un peu plus fort alors je me concentrais encore plus.
-Sérieusement Luz pourquoi es-tu venu?
-Je te l'ai déjà dit, il fait froid et en plus, je me suis habitué, répondis Luz, son haussement d'épaules était perceptible à travers sa voix.
-Tu sais Luz, au départ on dormait ensemble pour se réchauffer en Bastogne. Parce qu'on dormait dans un trou de souris enneigé dans des couches de vêtement en lambeau avec pour plafond une bâche qui ne couvrait pas tout le trou. Ici, on a des chambres, des lits, un feu, un toit. Répondit Malarkey terre à terre.
-Tu veux que je m'en aille? Questionna Luz, la voix douce
Il y eut un léger silence, enfin en excluant les ronflements réguliers de Lieb et Ramirez.
-Non, ne t'en va pas… La voix de Malarkey ressemblait à une plainte, je pouvais l'imaginer blottir sa tête contre l'épaule de Luz, Ne t'en vas pas.
Le silence s'installa de nouveau et je me demandais s'ils allaient simplement s'endormir. Si c'était le cas, c'était une bonne idée de faire pareil. Je tournais la tête pour plus de confort, mais rien à faire. Déjà que la couchette était étroite et peu confortable, mon couteau caché sous l'oreiller n'arrangeait pas les choses. D'ailleurs, je me demandais comment Luz et Malarkey faisant pour rentrer à deux dans ces lits alors que moi-même manquaient d'espace. Le silence dura encore quelques instants encore avant que Malarkey ne le brise.
-Tu sais, quand tout s'est mis à péter à Bastogne. Quand tous ces obus se sont mis à exploser. Je n'ai pas pensé à aller les rejoindre, j'ai juste pensé à sauver ma peau. D'ailleurs toutes les fois, j'ai toujours pensé à sauver ma peau en premier… La voix de Malarkey s'était brisée.
Quand Luz lui répondit, la sienne était douce et réconfortante.
-Tout le monde pense à ça aussi en premier. Là-bas tout le monde a juste pensé à se protéger, à sauter dans le premier trou de souris venu. Ce qui a brisé Buck c'est de voir Bill et Toye blesser et Skip et Penkela se trouvait dans un trou de souri quand ils ont été touchés. L'obus est juste tombé dessus. Je n'aurais pas dû t'attaquer à ce propos, tu n'aurais rien pu faire pas plus que moi, c'était le hasard. Après que Skip et Penkala ont… Après, je me suis réfugié avec Lip et un obus a atterri à nos pieds, mais n'a pas explosé.
-Je suis heureux que non. Je ne sais pas ce que je ferais si toi non plus tu n'étais plus là.
Je pouvais très bien imaginer Malarkey s'agrippant à Luz comme à une bouée de sauvetage.
-Hum… Moi, je me demande ce que l'on ferait sans Lip. Si Lip n'était plus là, il n'y aurait plus personne pour contrôler Speirs et surtout, ce serait le nouveau lieutenant. Personne pour l'arrêter, imagine ce que ça saurait!
On pouvait toujours compter sur George Luz pour alléger l'atmosphère.
-Ha! Sans Lip la compagnie s'effondrerait. Winters fait de son mieux pour la garder soudée, mais ce n'est plus pareil maintenant qu'il n'est plus lieutenant... et que bien des gars ne sont plus là. Commenta Malarkey
J'entends le ressort grincer de nouveau.
-Hum, tu sais, Don, tu es de bien meilleure compagnie la nuit. Déclara Luz la voix enjôleuse, me laissant croire que Malarkey c'était un peu plus blotti contre lui.
-La ferme Luz, je peux encore t'étouffer avec l'oreiller, rétorqua Malarkey
Luz rit doucement et continua à débiter tout plein de choses sans intérêt. Passant de la boxe au dernier film de John Wayne. La voix de Luz avait quelques choses d'apaisantes, de douces et de réconfortantes. Ce n'était pas pour moi qu'il parlait et pourtant je me sentais dans un cocon. Luz parlait encore quand je sombrais dans le sommeil.
Review?
