Le démon bleu

Prologue:

Il courrait. Parce qu' il était terrifié. Par sa propre famille. Si jamais elle lui tombait dessus il n' était pas sûr de réussir à s' en sortir vivant. Mais il était hors de question de faire demi-tour. Il n' y retournera jamais. Il ne voulait plus souffrir. De toute façon ils seront sûrement enchantés de ne plus l' avoir dans les pattes. Il n' était qu' un frein pour eux. Il y avait longtemps qu' ils lui avaient fait comprendre. Son pied dérapa sur une racine mouillé et sa tête rencontra le sol boueux. Heureusement qu' il pleuvait fort ce soir sinon il aurait pu se faire très mal. Dommage qu' il pleuve si fort ce soir sinon il aurait pu échapper plus facilement à ses poursuivants.

Alors que ces pensées lui traversaient l' esprit il entendit un bruit. C' était un bruit étouffé, lointain et beaucoup trop familier à son goût. Ils voulaient vraiment le récupérer pour l' avoir envoyé LUI à sa poursuite. D' ailleurs qu' est-ce qu' il faisait ici ? Il ne devait revenir que demain raison pour laquelle il s' était enfui ce soir. Sa présence jetait tout ses beaux plans de fuite dans les plus profondes et les plus noires des oubliettes. Après tout le temps qu' il avait passé à mettre au point son plan de fuite initial. Il avait même pris la peine de faire des plans B, C, D. Il avait été jusqu'à la lettre E pour être sûr de quitter cet enfer que tout le monde appelait son foyer et voilà que l' autre se pointe. Ce taré ne le laisserait jamais s' en aller.

Il se voyait soudain rentrer à la « maison » couvert d' ecchymoses avec sûrement un ou deux membres en miettes. Non ! Il se releva soudainement. Il n' y retournerait pas. Plutôt mourir ! Il s' accroupit, caché par le tronc noueux et massif de l' arbre et repassa ses différents plans dans sa tête. L' un d' entre eux marcherait si il lui apportait une ou deux modifications. Il le fallait. Il réfléchissait depuis déjà une minute lorsqu'il eut une idée. Un peu folle peut être. Qui avait une chance sur dix de marcher d' accord. Mais toutes les raisons pour lesquelles il avait lâché ce plan s' étaient envolées grâce à une chance tellement incroyable que si il avait une petite amie il se serait cru cocu.

Certes l' empêcheur de tourner en rond était là mais il revenait de mission et, connaissant sa merveilleuse habitude de ne pas dormir pendant ses missions peut importe le temps qu' elles duraient, il ne devait avoir qu' une envie : dormir. Alors peut être que fatigué et énervé par son énième fugue il baissera sa garde une demie seconde. Un laps de temps des plus cours mais dont il allait devoir profiter. C' était sa seule chance de leur échapper. D' autant plus que maintenant que l' autre avait été lâché il ne lui laissera pas une minute de répit et le poursuivra partout. Mais partout sur LEUR territoire.

Il observa la clé qu' il avait dérobé à l' école. Il avait l' intention de la garder comme dernier recours mais il n' avait pas le choix. D' après ses calculs, en cet instant personne n' avait pu s' apercevoir qu' il manquait une clé. Tout d' abord parce que, l' ayant prise au fond du plus reculé des tiroirs remplient de clés de la salle, il allait être difficile de voir qu' elle avait disparue. Ensuite parce qu' il l' avait remplacé par une clé lui ressemblant et venant d' un autre tiroir tout aussi reculé que le premier. Enfin parce qu' il n' était pas sensé connaître l' existence de cette salle et encore moins l' utilité des clés qui y étaient rangées. De ce qu' il avait comprit, toute personne trouvée dans la salle était soit renvoyée soit prévenue de son délit et surveillée car possédant un grand talent soit tuée car prise en flagrant délit pour la deuxième fois.

Il resserra le poing sur la petite clé d' argent sertie d' une gemme rouge feu et le posa sur son cœur afin d' en calmer les battements. Son ticket de sortie. La seule chance qu' il avait jamais eut de quitter cet enfer. Il ne devait pas la laisser filer car qui sait quand une chance pareille se représentera. Dans son cas sûrement jamais. Il calma son souffle et se dirigea lentement vers le lieu d' où provenaient ce bruit maudit. Tout en marchant il essaya de se construire une expression effrayée afin de le convaincre qu' il regrettait son geste. Si, submergé par sa fatigue et par sa colère de voir sa cible se présenter devant lui et lui sortir ses quatre vérités afin de ne pas retourner à la « maison », l' autre baissait sa garde il pourrait s' enfuir. Sinon. Et bien il ne donnait pas cher de sa peau.

Il arriva à la clairière heureux de voir qu' il ne s' était pas trompé dans la localisation du bruit. C' était une belle clairière dont le sol était tapissé de fleurs fermées par la nuit et la pluie. Il y avait une petite cabane en bois à moitié écroulée sous un immense chêne centenaire. Il fit en sorte d' arriver dans la clairière juste à côté de la cabane au cas où. Il glissa la clé dans la serrure de la vieille porte branlante et regarda la gemme briller doucement. Il lui fallait vingt minutes. Il commença à compter et recouvrit la clé argenté et surtout la gemme rouge de terre pour que personne ne puisse la voir de loin. Puis il fit comme si il se cachait en espérant que personne ne le remarque. L' autre arriva quelques minutes plus tard et le remarqua agenouillé contre le mur de la cabane.

-Alors comme ça tu as décidé de t' enfuir encore une fois ? Lui hurla-t-il. Mais tu sais que je te ramènerais toujours à la maison. Peut importe le nombre de tes essais.

-Écoutes ! Cria-t-il d' une voix qu' il voulait tremblante. Je ne veux pas rentrer ! Vous n' avez pas le droit de me faire ça !

-Tu en as d' autres des comme ça ?! Ton avis ne pèse rien dans la balance !

-Mais pourquoi ?

-Ce ne sont pas tes affaires ! Il était en train de s' énerver. La fatigue des derniers jours se faisait sentir mais pas autant que la colère d' entendre sa cible poser des questions stupides.

-Vous n' avez pas le droit de décider de mes actes ! C' est ma vie et j' ai le droit d' en faire ce que je veux !

-Ta vie ?! Ton droit ?! Mais qu' est-ce que tu racontes comme bêtises. Tu n' as aucuns droits ! Et certainement pas celui de vivre !

Ça y est. Il a explosé. Et le temps s' était écoulé sans qu' il ne remarque rien. Avant que l' autre n' ait pu faire un pas dans sa direction il s' était jeté sur la porte, avait tourné la clé et avait sauté dans le puits de lumière en prenant bien soin de prendre la clé et de fermer la porte. Lorsqu'il l' entendit se fermer sans que rien ne l' en empêche un immense sourire apparu sur son visage fatigué. Il avait réussi. Il était libre !