Nous ne sommes que des êtres humains…
Auteur : Petite Souris
Titre : Nous ne sommes que des êtres humains…
Animé : Full Metal Alchemist
Disclaimer : Les personnages utilisés dans cette fanfic ne m'appartiennent pas. C'est pour ça que ça s'appelle une fanfic :p
Rating : T pour le moment, peut-être M plus tard, mais pas forcément, je zapperais peut-être les passages trop "durs"…
Pairing : J'aime bien Roy/Ed, mais je ne promets rien, j'écris au fur et à mesure, alors on verra bien comment ça tourne :)
Voilà ! En avant pour ma première fanfic FMA ! N'hésitez pas à me dire ce qui ne va pas que je puisse corriger :)
CHAPITRE I
Le claquement brutal de la porte de son bureau résonnait encore à ses oreilles. Il ferma les yeux et serra les dents de frustration. Fullmétal était décidément encore un enfant à bien des points de vues, quoi qu'il en dise. Son sale caractère et cette façon qu'il avait d'exploser ou de bouder en était bien la preuve affligeante. Il n'était qu'un petit garçon aussi hargneux qu'une puce attaquant un chien et le mordant sans réserve, se sachant intouchable, se croyant intouchable. Agacé, le colonel ferma les yeux, le souvenir de leur conversation lui revenant en mémoire bien malgré lui :
"Fullmétal ? Je ne pensais pas te revoir avant une bonne semaine, voire même ne pas te revoir du tout. Ceci dit, il faut bien avouer que cela n'aurait pas changé grand-chose étant donné que de derrière la paperasse de Hawkeye, j'ai toujours eu un peu de mal à t'apercevoir…"
"QUI est-ce que vous appelez si petit qu'une limace à coté lui apparaîtrait aussi grosse qu'une baleine !"
"Mais voyons Fullmétal, je parlais de TOI bien sûr, vois-tu quelqu'un d'autre dans cette pièce ? Même si il est vrai que TOI tu peux passer facilement inaperçu aux yeux de quelqu'un de taille NORMALE, je t'assure que tu es bien une exception…"
"Espèce de bâtard égocentrique !"
"Modère ton langage Fullmétal, n'oublie pas que tu parles à ton supérieur !"
"Et en quoi êtes-vous mon supérieur ! Vous n'êtes qu'un lâche ! Alphonse est mort et c'est vous qui l'avez tué par notre lâcheté ! Vous deviez venir nous rejoindre et vous n'êtes pas venu, parce que vous aviez peur ! Vous êtes arrivé trop tard vous comprenez ça ! Alors en quoi est-ce que vous seriez mon supérieur hein ?"
"Fullmétal ! Calme-toi, tu ne sais plus ce que tu dis ! Et quoi que tu penses de moi je suis et je resterais ton supérieur, alors je t'ordonne de te calmer sur-le-champ !"
Sans doute n'aurait-il pas du le provoquer ainsi, mais cela avait été plus fort que lui. Ceci dit, il ne comprenait pas comment la conversation avait pu dériver aussi rapidement. La colère déversée par l'adolescent à son égard avait rarement été d'une telle intensité. Il est vrai qu'il avait toujours aimé le faire enrager, mais habituellement, le plus jeune des deux alchimistes le lui rendait bien, sans pour autant le menacer de démissionner, ou le traiter de lâche…
Ce gosse avait toujours eu le don de réussir à l'amuser autant que de l'exaspérer bien plus que n'importe qui. Lui qui était très fier d'être toujours capable de rester calme et impassible en toutes circonstances… Non pas qu'il n'ait pas réussi à le rester encore une fois, non pas du tout… Il était resté de marbre comme à son habitude devant les accusations de son subordonné, avant de finir par lui ordonner froidement de quitter son bureau sans daigner répondre à ses attaques, peu de temps après qu'il ait annoncé sa "démission"… Etait-il sérieux ? Il en avait eut l'impression…
Ses pensées s'arrêtèrent de vagabonder et son visage s'assombrit une fois encore tandis qu'il se remémorait une fois de plus les mots du Fullmétal. Son regard quittant lentement la porte qu'il fixait depuis quelques minutes se concentra alors sur son bureau, ou plus exactement, dans le néant qui se trouvait entre lui et son bureau, alors qu'il se prenait la tête entre les mains, essayant de se raisonner, de ne pas se laisser abattre par les pensées brutales qui se bousculaient désormais dans son cerveau, lui faisant mal, très mal.
"Ah ouais vous êtes mon supérieur hein ? Et bien si c'est comme ça alors je démissionne ! Je n'ai pas besoin de vous pour vivre ! Je n'ai JAMAIS eu besoin de vous !"
"Fullmétal. Sors de mon bureau. Tu reviendras chercher ton nouvel ordre de mission lorsque tu seras calmé et prêt à me présenter tes excuses."
"Plutôt crever que de jamais remettre les pieds dans ce bureau !"
Il avait ordonné au jeune prodige de quitter son bureau sans lui répondre… Mais qu'aurait-il pu lui répondre de toute façon ? Qu'aurait-il bien pu dire pour sa défense alors que tout ce que l'enfant venait de lui dire n'était autre que la pure vérité ? La réalisation de ce fait lui fit enfouir encore plus profondément sa tête entre ses mains. Il sentit les larmes affluer lentement, mais les combattit rapidement, les refoulant au plus profond de lui-même avant même qu'elles n'aient le temps d'apparaître au coin de ses yeux. Il n'était pas homme à pleurer, il ne l'avait jamais été. Mais il n'était plus en colère contre l'alchimiste. De quel droit aurait-il été en colère contre lui ? De quel droit puisqu'il l'avait lâchement abandonné au plus cruel des destins alors que celui-ci, pour la première fois de toute sa courte vie, lui avait accordé sa confiance ?
Cette dernière pensée le fit étrangement se reprendre et se redresser lentement sans son fauteuil. Il releva la tête, éloignant de lui ses propres mains dans lesquelles il se cachait encore seulement quelques instants auparavant. Il n'était pas homme à s'apitoyer sur son sort non plus, pas plus qu'il n'était homme à abandonner. Mais il n'était pas non plus pour rien l'un des meilleurs tacticiens de l'armée. Il était bien connu pour manipuler les gens, les modeler selon ses désirs et ses besoins, sans que ceux-ci puissent rien y faire pour se défendre. Le jeune Edward Elric le lui avait bien souvent reproché par le passé, mais il savait que ce trait de caractère était un de ses meilleurs atouts. Tout comme l'était sa lucidité par rapport à la réalité.
Et il était actuellement très lucide quand à sa situation actuelle.
Posant les mains à plat sur son bureau, il se leva lentement, puis se tourna et se dirigea vers la fenêtre, regardant la large place en contrebas puis laissant longuement son regard errer sur la ville elle-même, Central City. La ville qui l'avait vu passer son test pour être alchimiste d'Etat à dix sept ans, qui l'avait vu être accepté par l'armée, qui l'avait regardé partir pour Ishbal et revenir transfiguré. La ville qui l'avait vu grimper les échelons pour espérer un jour devenir furher et ainsi changer la face du monde. Rêve utopique qui lui avait un jour paru accessible, vu au travers des yeux de son meilleur ami. Rêve qu'il voyait désormais pour ce qu'il était réellement : un rêve. Jamais il ne deviendrait furher, jamais il n'accomplirait son rêve et celui de Maes… Maes était mort à cause de lui, car il n'avait pas été là pour le sauver, n'avait pas été à la hauteur de sa confiance. Il était mort par sa faute, sa seule et unique faute. Il était mort pour le protéger, lui, alors qu'il aurait du rester en retrait, laissant l'alchimiste de flamme prendre ses responsabilités, et risquer sa vie ainsi que son rêve l'exigeait.
Son regard se troubla alors que ses souvenirs refaisaient surface, cinglant sa mémoire plus durement que n'importe quel coup de poing en plein visage. Il y avait eu tous ces innocents à Ishbal, puis il y avait eu Maes, et puis, et puis… Il y avait eu Al…
Alphonse Elric, sans aucun doute possible le plus gentil garçon qui lui ait jamais été donné de rencontrer. Impossible de ne pas succomber au charme indéniable de l'innocence et de la naïveté que cette gigantesque armure avait toujours été capable de dégager. Et pourtant, Alphonse aurait du perdre une grande partie de son innocence lorsqu'il avait été forcé de ne plus quitter cette armure de fer. Et bien plus encore par la suite, les aventures que les deux jeunes enfants avaient connues n'ayant jamais été de tout repos. Il était devenu au cours des années d'une lucidité et d'une capacité à comprendre les sentiments d'autrui qui était tout simplement stupéfiante. Mais après tout, cela n'était-il pas normal pour une âme sans corps d'être capable de comprendre mieux que n'importe qui les tourments de l'âme ? Al lui avait accordé sa confiance, et il avait échoué quand à l'honorer. Puis Edward enfin lui avait également accordé sa confiance, après tant d'années durant lesquelles il n'avait jamais cru en personne d'autre qu'en lui-même et en son frère. Et Al était mort. Al était mort sans qu'il ne puisse rien y faire. Et Ed ne le lui pardonnerait jamais. Pire encore, il ne pouvait désormais plus rien faire pour protéger le plus âgé des deux frères en l'état actuel des choses. Plus encore que la perte d'êtres qui avaient comptés pour lui, savoir qu'il était désormais impuissant à protéger le jeune alchimiste… Plus que toute autre chose, cela lui déchirait le cœur.
Lentement, consciemment, il souleva légèrement un coin de la veste de son uniforme, révélant son holster et l'arme qu'il contenait. Cette arme de service ne le quittait jamais, car il lui était interdit par le règlement de s'en séparer, bien qu'il ne l'utilisait pas. Ou plus exactement, bien qu'il ne l'utilisait plus. Ce pistolet n'avait plus jamais tiré depuis ce fameux jour à Ishbal qui l'avait vu tuer de sang-froid, sous les ordres stupides de Basque Gran, les parents de Winry, médecins innocents dont le seul crime était celui d'avoir essayé de sauver un maximum de vies au milieu de cette boucherie appelée guerre. Contemplant le froid de l'acier brièvement, il la détacha de son étui et la porta rapidement à sa tempe. Laissant son regard se fixer à nouveau sur la ville s'étendant derrière sa fenêtre, il ferma les yeux, calme et serein alors que son doigt se posait lentement mais sûrement sur la gâchette.
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Riza se retint de pousser un gros soupir de frustration lorsqu'elle vit sortir le jeune Edward Elric du bureau de son supérieur en claquant une fois de plus la porte rageusement derrière lui. Les retrouvailles entre les deux alchimistes n'avaient pas été bien joyeuses apparemment. C'était la première fois qu'ils se retrouvaient à nouveau dans la même pièce depuis le jour où Al avait… "disparu". "Disparu" était la version aussi bien officielle qu'officieuse, étant donné que rien n'avait été retrouvé de son corps. Seules les explications d'Edward avaient permis au colonel de comprendre ce qu'il s'était passé exactement. Al avait utilisé la pierre philosophale pour rendre vie à son frère, au détriment de la sienne, au détriment de sa propre âme. Son cœur se serra à cette idée. L'amour entre les deux frères avait toujours été fort et unique… Chacun aimant l'autre plus que sa propre vie… Et le prouvant, allant jusqu'à accomplir cette dernière extrémité, cette ultime preuve d'amour.
Le colonel avait semblait-il été profondément affecté par la mort du plus jeune des enfants Elric. Bien qu'il n'en laissait rien paraître, elle le connaissait depuis suffisamment longtemps pour en distinguer les signes. Le plus évident étant qu'il s'était mis à travailler sans qu'elle ait besoin de le menacer de mort. Elle sourit à cette pensée, puis son sourire s'effaça alors qu'elle se rendait compte qu'elle préfèrerait largement s'énerver après lui et tirer quelques coups de feu plutôt que de le voir si pâle et si fermé. Elle ne se souvenait que trop bien de l'état dans lequel l'avait mis la mort de Hugues, la seule chose qui lui ait fait alors tenir le coup étant son désir de vengeance. Il s'était mis à travailler d'arrache pied pour trouver les assassins de son meilleur ami. Mais étrangement, depuis la mort d'Alphonse, il avait cessé ses recherches, et leur avait ordonné de faire de même, clôturant définitivement le dossier "Hugues", et le classant dans les affaires non résolues. Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Le colonel pensait-il que son ami avait été vengé ? Les personnes qu'Edward et lui avaient combattues le soir de la mort d'Alphonse étaient-elles les agresseurs ? Mustang était revenu particulièrement amoché, un peu comme la fois où il s'était retrouvé pris dans une bagarre de bar et était tellement saoul qu'il avait oublié qu'il pouvait claquer des doigts pour ce débarrasser de ces agresseurs. Avait-il vraiment combattu ceux qui avaient tués Maes ? Et si oui, avait-il gagné ?
Elle secoua la tête, essayant de se replonger dans les papiers qui parsemaient son bureau. Inutile qu'elle se casse la tête sur ce cas, il y avait bien trop de choses qu'elle ne savait pas, et qu'elle ne saurait jamais. Le peu qu'elle savait lui avait été dit officieusement par son supérieur, mais sans rentrer dans les détails. L'alchimiste de Flamme n'avait jamais été très bavard, préférant garder pour lui seul les secrets qui pourraient se révéler trop dangereux. Et sans doute avait-il raison, la seule personne à qui il avait jamais osé se confier ayant été tué à cause des secrets qu'elle connaissait. Quand à l'alchimiste d'acier, il était pire encore, si cela était possible. Son frère mort, elle se demandait vers qui il pourrait bien se tourner pour se faire aider, se faire comprendre, et ne pas porter seul le poids de ses tourments. Elle avait cru un instant que cette personne pourrait être le colonel… Mais leur "petite" altercation venait de lui prouver le contraire. Ces deux-là étaient décidément bien trop fiers pour comprendre et accepter le fait qu'ils avaient peut-être besoin l'un de l'autre.
Le passage en coup de vent devant son bureau du plus jeune des deux têtes de mules l'arrêta net dans ses pensées. Elle redressa la tête et l'interpella sèchement :
"EDWARD ELRIC !"
Il se figea immédiatement, et se retourna vers elle, les sourcils froncés, visiblement toujours aussi en colère qu'il y a cinq minutes lorsqu'il avait quitté le bureau de leur supérieur. Elle se leva et se plaça entre lui et la porte vers laquelle il se dirigeait, puis, croisant les bras sur sa poitrine dans une posture de gardien de prison, elle le toisa de haut en bas. Ce qui ne lui prit pas bien longtemps il faut avouer, mais ça, elle se garda bien de le dire à haute voix ! Le visage de l'enfant perdit un peu de sa contenance, intimidé malgré lui par cette femme au regard plus dur que celui de n'importe quel homme.
"Hum… Oui Lieutenant ?"
Elle haussa un sourcil, bien décidée à ne pas le laisser insulter à nouveau son chef, et donc, à ne pas le laisser pénétrer ainsi dans son bureau.
"Peut-on savoir où vous allez ? Il me semble que le colonel vous a congédié il y a peu, et je doute que vous ayez déjà terminé la mission qu'il a certainement du vous laisser… Quelle que soit cette dernière."
Le ton froid et cassant glaça le jeune alchimiste, mais les mots le provoquèrent suffisamment pour qu'il réplique avec son mordant habituel.
"Voilà la seule mission qu'il me reste à accomplir ici", gronda-t-il.
Se disant, il arracha la montre qui se trouvait attachée à son coté et la brandit sous le nez du lieutenant, qui le regardait désormais avec de gros yeux.
"J'ai ceci à lui rendre. Ne vous inquiétez donc pas, Lieutenant, c'est bien la dernière fois que je dérange votre Mustang bien-aimé"
L'amertume des mots s'échappant de la gorge du jeune garçon la frappèrent bien plus que les sous-entendus cruels qu'ils contenaient. Ne se laissant néanmoins pas démonter, elle se dirigea elle-même vers la porte du bureau, se préparant à frapper pour au moins prévenir du retour du Full Métal Alchemist… Lorsqu'un bruit étrange de l'autre coté de la porte attira son attention.
CLICK
Alors que son cœur s'arrêtait de battre, elle ouvrit la porte et sortit son arme de son étui dans le même mouvement, tirant aussitôt en direction de la menace imminente qui planait sur l'homme qu'elle avait juré de protéger au péril de sa propre vie si il en avait besoin. Elle n'avait tiré qu'une fois, mais deux coups de feu résonnèrent dans la sombre pièce.
Son cœur se remit à battre alors qu'elle contemplait devant elle Roy Mustang tomber au sol en se tenant la main, tout en lui criant dessus et en grimaçant de douleur.
"HAWKEYE ! Putain ! Qu'est-ce qui vous a pris de me tirer dessus !"
La vulgarité de l'homme la surprit un bref instant. Elle n'avait pas l'habitude de l'entendre jurer ainsi, il avait toujours eu un langage très châtié, contrairement au plus jeune de ses subordonnés. Sans doute la surprise alliée à la douleur lui avait-elle fait perdre sa contenance habituelle. Elle accouru vers lui, se penchant sur sa blessure, essayant d'évaluer l'étendue des dégâts. Elle ne put réprimer un sourire satisfait lorsqu'elle constata qu'elle avait parfaitement visé le centre de la main. La balle avait traversé de part en part, brisant deux os, mais ne faisant pas d'autres dégâts plus sérieux. Il s'en remettrait et ne garderait pas de séquelles, c'était le plus important. Surtout pour lui, dont la meilleure arme était de claquer des doigts…
Puis une goutte de sang heurta son bras gauche et elle reporta son regard vers son visage. Il avait la tête baissée mais elle pouvait voir à sa crispation la douleur qu'il devait actuellement endurer, et… Une longue traînée de sang dégoulinait le long de sa joue, faisant des "ploc" "ploc" inaudibles sur son bras qui se trouvait juste en dessous. Se redressant sur ses genoux, elle écarta rapidement une mèche de cheveux du colonel puis mieux voir l'étendue des dégâts. Elle pressa deux doigts sur la plaie béante de deux centimètres qui ornait désormais sa tempe, obtenant un grognement de la part de son propriétaire. Cela avait l'air assez profond, mais ce n'était qu'une égratignure par rapport à ce que cela aurait pu être… Retirant ses doigts, elle serra le poing de rage, fermant un bref instant les yeux, essayant de contenir la colère qui battait présentement à ses tempes. Rester calme, il fallait qu'elle reste calme, la colère ne servait jamais à rien d'autre qu'à aggraver les choses. Mais la réalité de ce qu'il venait de se passer lui permettait à grand peine de se contenir.
Il avait essayé de se tuer ! Le colonel avait essayé de se suicider !
Elle rouvrit les yeux lentement. Fixant le visage devant elle qui quand à lui fixait du regard sa main sanguinolente. Ne pouvant se contenir plus longtemps, elle lui pris le menton entre ses deux doigts plein de sang et lui redressa la tête brutalement, l'obligeant à la regarder dans les yeux. Il parut surpris, avant qu'une légère inquiétude ne fasse son apparition tandis qu'il se rendait compte de la fureur qui brûlait dans les pupilles de sa subordonnée. Il la vit alors desserrer les dents difficilement pour laisser échapper un seul mot :
"Pourquoi ?"
Elle n'avait pas réussi à contrôler sa voix, et la question sortit de sa bouche telle une plainte, ce qu'elle regretta aussitôt, ne souhaitant pas faire affichage de sa faiblesse même en de telles circonstances.
"Pourquoi ? Tu lui demandes pourquoi ! Parce que c'est un lâche voilà pourquoi ! Ce n'est qu'un lâche, il l'a toujours été ! Il a toujours fui au moment où j'avais le plus besoin de son aide, il n'était pas là le soir où Al est mort ! Il est arrivé après la bataille ! C'est un lâche, un lâche et un salaud qui ne mérite pas de vivre !"
Hawkeye eu juste le temps d'apercevoir la peine et la honte embuer les yeux de son supérieur avant de se retourner d'un bloc vers le Fullmétal Alchemist, le foudroyant du regard et levant brutalement son arme dans sa direction.
"Fullmétal. Dehors. Maintenant."
Alors que ce dernier tournait les talons et claquait la porte, indigné mais pas au point de ne pas craindre de se prendre une balle dans le crâne, elle retourna son attention vers son colonel, qui avait à nouveau le visage baissé vers le sol, l'empêchant de voir ses yeux. Se redressant, elle ouvrit son uniforme et arracha une large bande de son t-shirt noir qui se trouvait en dessous. Etonnamment, l'homme agenouillé devant elle ne leva pas les yeux. Quoi ? Une femme déchirait devant lui son t-shirt, révélant la peau blanche et bien musclée de son ventre, et il ne levait pas les yeux ? S'agenouillant à nouveau devant lui, elle lui attrapa la main et entreprit de la lui bander fermement, se demandant ce qui avait bien pu lui arriver pour le changer à ce point. Oh, elle avait bien vu qu'il n'était plus le même depuis ce fameux jour, mais… Mais pas à ce point là. Pas au point de s'ôter la vie. Et dans son bureau en plus ! A même pas trois mètres d'elle ! N'avait-il donc pensé qu'à lui alors qu'il pointait l'arme sur sa tempe ? Sa gorge se serra à cette pensée. Est-ce qu'elle comptait si peu pour lui ? Est-ce qu'ILS comptaient si peu pour lui ? Ils avaient tous juré, plus ou moins officieusement, de rester toujours à ses cotés, et de le soutenir jusqu'au sommet, quoi qu'il arrive. Et lui… lui devait tout faire pour y accéder également, c'était sa part du contrat ! Ses yeux s'embuaient malgré elle tandis qu'elle s'occupait désormais d'attacher rapidement une bande de tissu autour de sa tête pour que le sang cesse de couler. Ce n'était qu'une légère blessure, la balle qui était partie de son arme lorsqu'il avait eu la main transpercée n'avait fait qu'effleurer son crâne au lieu de passer au travers comme elle l'aurait due. Mais il s'en était fallu de peu, de très peu que cette malheureuse balle ne le tue pour de bon. Comment avait-il pu leur faire ça ?
Une fois sa tache finie, elle le regarda à nouveau, tandis que lui fixait toujours le sol. Lorsqu'elle lui adressa enfin la parole, sa voix était froide et maîtrisée, contrairement à la première question qu'elle lui avait posée. Mais les mots qu'elle exprima n'en atteignirent pas moins leur but.
"Roy… Je ne sais pas pourquoi tu as fais ça mais… Mais tu n'en avais pas le droit. Tu n'avais pas le droit de me faire ça à moi, tu n'avais pas le droit de faire ça à Havoc, à Fuery, à Breda, à Falman, à Gracia, à Maes… et à Ed…"
Il redressa brusquement la tête pour la regarder dans les yeux. Elle fut choquée de ce qu'elle y lu, car c'était la première fois qu'elle lisait un tel désespoir dans les yeux de celui qu'elle avait toujours vu aller de l'avant, quelles que soient les circonstances. Et il avait toujours su masquer ses sentiments, ne laissant personne s'approcher trop prêt de son cœur, hormis Maes.
"Roy… Je veux que tu me promette de ne jamais recommencer ce que tu as fais aujourd'hui"
Elle attendit longuement une réponse, et alors qu'elle s'apprêtait à insister, elle lui parvint enfin. La voix était faible, mais distincte et claire. Lucide. Il n'avait pas baissé les yeux, mais son visage s'était recomposé lentement devant elle. Son masque d'impassibilité finissant enfin par revenir, et, quelque part, cela la rassurait. Elle avait besoin qu'il soit fort pour elle, il fallait qu'il soit fort pour eux tous. Il n'avait pas le droit de craquer, non, il n'avait pas le droit. Rassurée, elle esquissa un léger sourire qui disparu aussitôt alors qu'il lui répondait doucement, mais fermement.
"Riza, je ne peux pas"
Elle déglutit. Voilà bien la dernière chose qu'elle souhaitait entendre. Mais elle était calme maintenant, et elle reconnaissait l'homme qu'elle avait devant elle pour celui qu'elle avait toujours connu. Elle savait comment traiter avec lui. Il lui était déjà arrivé d'être obligée d'utiliser certaines… "extrémités" pour qu'il signe des papiers importants en temps et en heure, ou lui faire avouer quelque chose qu'il ne souhaitait pas, ou simplement s'excuser parfois.
"Roy. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, et je ne sais pas pourquoi tu as fais ça. Mais tu n'en avais pas le droit. Tu dois devenir furher, pas seulement pour toi, mais pour nous tous. Tu ne peux pas l'oublier. Tu ne peux pas nous abandonner. Promet que jamais tu ne recommencera"
"Je ne peux pas devenir furher, je ne le pourrais jamais. Je suis impuissant, totalement impuissant. Tu aurais du me laisser en finir"
Le regardant droit dans les yeux, elle prit lentement la main bandée de son supérieur entre les siennes et serra. Le hurlement de douleur qu'elle obtint fit s'ouvrir la porte en fanfare, révélant un Fullmétal Alchimiste confondu par le spectacle qui s'affichait devant lui. Comment ? Le lieutenant Hawkeye était en train de martyriser le colonel ? Non pas qu'il ne le méritait pas mais… De toute façon, il ne se risquerait pas à essayer d'intervenir, encore moins de demander une explication. Il croisa donc les bras devant lui et attendit, observant et écoutant le lieutenant continuer son étrange "conversation" avec son colonel.
"Roy… Promet"
La voix était dangereusement doucereuse tandis qu'une de ses mains caressait le bandage recouvrant la main de son supérieur, promettant de douloureuses conséquences si il continuait à lui donner la mauvaise réponse. Il couina et laissa échapper entre ses lèvres serrées :
"Riza nom de Dieu !"
"Oui Roy ?"
Petite pression sur la paume qui le fit inspirer bruyamment et ouvrir des yeux comme des soucoupes sous la douleur.
"JE PROMET RIZA ! JE PROMET TOUT CE QUE TU VEUX MAIS ARRETE PAR PITIE !"
Un large sourire éclaira victorieusement son visage tandis qu'elle regardait le regard abattu de son supérieur. Il avait les larmes au bord des yeux. Elle aurait eu presque pitié de lui, mais elle lui en voulait toujours terriblement de la frayeur qu'il lui avait causé lorsqu'elle avait ouvert la porte et l'avait trouvé face à la fenêtre, une arme sur la tempe, prêt à tirer…
Elle l'aida à se relever, prenant garde de ne pas le faire plus souffrir maintenant qu'elle avait eu sa promesse. Une promesse qu'elle avait obtenue par la force, certes, mais une promesse quand même ! Et elle connaissait suffisamment le colonel pour savoir qu'il ne manquait jamais à sa parole une fois celle-ci donnée. Cependant… Elle ne pouvait pas s'empêcher de craindre pour lui. Il faudrait qu'elle le surveille dans les jours à venir. Qu'elle le surveille et le fasse parler, le fasse s'expliquer sur les raisons de son acte. Car ce n'était pas un acte irréfléchi, mais un acte lucide, très lucide, comme la réponse à sa question le lui avait fait comprendre, et cela lui faisait vraiment peur. Qu'avait-il bien pu lui arriver pour qu'il soit aussi désespéré ?
Tournant la tête vers le Fullmétal Alchimiste, qui n'avait pas bougé d'un pouce depuis qu'il était entré à nouveau dans le bureau, elle le toisa et lui ordonna de la suivre à l'infirmerie. Si quelqu'un pouvait l'aider à mieux comprendre ce qu'il s'était passé, cela ne pouvait être que lui. Après tout, n'avait-il pas parlé de rendre sa montre d'alchimiste ? Qu'avaient-ils bien pu se dire qui ait poussé le Flame Alchimiste à retourner sa propre arme contre lui ?
A SUIVRE ...
Alors, vous en pensez quoi ? Ca se laisse lire ? Je continue ou pas ? Y a des trucs qui clochent et qui sont à corriger ?
