Oui, ça sera encore une fic humaine. Désolée. Je sais que beaucoup de gens n'aiment pas. Laisser moi quelques chapitres, pour vous convaincre, svp, que cela sera une histoire intéressante, mais pas joyeuse du tout. Oui, encore. Je sais : je suis sadique.


L'histoire se passe en suite du film des Tortues 2016. Je ne suis pas fan de ces films, mais cela faisait changement. J'ai donc décidé de m'imaginer une suite alternative où Raph n'aurait pas fracassé l'échantillon, mais aurait décidé, avec ses frères, de reporter leur décision à un moment plus opportun (après la tentative d'invasion).

Donc, c'est à ce moment que débute notre histoire.


CITY KILLER

Donnie fixa rêveusement le bécher. Tant de possibilités dans cette substance, tant de mystères, mais aussi de risque. Il avait fait et refait les calculs plus de cent fois et il arrivait toujours au même résultat : plongés dans l'iridescent liquide violet, lui et ses frères pouvaient devenir humains.

Humain. Ce seul mot était synonyme de tant de promesses : l'amour, l'amitié, la reconnaissance, le succès, le confort et surtout, le soleil, l'air pur, la neige, la caresse du vent.

Tout ce qui leur avait toujours été interdit était là, à portée de mains, entre les parois de verre du bécher. C'était la substance originale, mais synthétiser le mutagène avait été pour lui un jeu d'enfant. Il en avait désormais assez pour remplir une cuve et donc, couvrir entièrement un cobaye. Il mordilla sa lèvre. C'était là que le bât blessait. Car le mutagène, bien qu'il parût en soi une bénédiction, comportait son lot de variables inconnues. Si, comme il le croyait, il se transformerait en humain, qui dit qu'il ne pourrait pas avoir des conséquences à moyen-termes? Ceux qui avait expérimenté le mutagène qu'il avait vu, Be-Bop et Rocksteady, ne lui donnait pas une absolue confiance aux effets secondaires du produit. Mikey lui avait dit que sans doute les deux mutants avaient été des tarés dès le départ et oui, cela avait du sens, n'empêche que…

Il ne savait pas. Et ce dont il n'était pas certain l'emplissait toujours de crainte. Ce n'était pas l'intégrité de n'importe qui, qui était en jeu, mais celles de ses frères et de leur Sensei, sa seule famille. Si le mutagène se révélait néfaste de quelque façon, cela demeurerait sa faute, car il était le scientifique, sur lequel sa famille comptait et il ne pouvait se permettre sur une matière aussi sérieuse, d'avoir tort.

Léo ne l'avait pas formulé explicitement, mais il éprouvait des craintes similaires et se méfiait de la mixture mauve extraterrestre. Donnie ne pourrait vivre, ensuite, avec le reproche muet de « Je le savais bien » dans les yeux du leader jusqu'à la fin de leurs jours, si cela virait mal.

Le problème était donc qu'ils étaient dans une impasse. Donnie était persuadé que la formule fonctionnait, mais il ne pouvait garantir à Léonardo qu'elle était absolument sans risque. D'un autre côté, Mikey et Raph s'impatientait, tous deux ne tenant plus en place depuis qu'il savait l'humanisation, une possibilité.

Le chef n'avait pas osé s'immiscer dans ce désir si cher à ses frères et leur avait donc laissé le champ libre. Et depuis, cela faisait déjà deux mois, les tortues en rouge et en orange faisaient le siège de son labo pour lui demander quand la précieuse formule serait au point.

Elle l'était, mais Donatello continuait à avoir des réserves. Selon ses prédictions, le procédé était hautement douloureux et traumatisant. Est-ce que cela en valait la peine? N'étaient-ils pas tout de même heureux comme ils étaient, comme Léo le soulignait?

Le doute le rongeait.

Pour se libérer de cette incertitude, il devait bien entendu, faire un test sur un sujet vivant présentant la même mutation qu'eux. Et ils n'étaient que 4 à entrer dans cette définition.

Se choisir lui-même aurait pu aller de soi, mais au contraire, la logique voulait qu'il soit le dernier à tester la substance, afin de monitorer les suites de la métamorphose de ses frères. Il y avait réfléchi longuement, déjà, durant ses nuits blanches.

La prudence exigeait un Sujet A qui subirait la transformation. Celui-ci serait testé bi-hebdomadairement au moins un mois. Ensuite, un sujet B serait possible, en attendant toujours au moins deux ou trois semaines avant le sujet C, tout en poursuivant les tests avec les sujets A et B. Puis, deux semaines après C, cela serait son tour.

Cette façon de faire était la seule possible. Ainsi, il pourrait à tout moment suspendre le procédé d'humanisation pour les frères demeurants.

C'était la seule possibilité et pourtant, il n'aimait pas cela. Et il savait, chose certaine, que Léo aimerait cela encore moins.

Il se trouvait donc coincé, entre l'arbre et l'écorce. Entre son frère ainé, si prudent, réfléchi et protecteur et les deux autres, impulsifs, insouciants et si enthousiastes.

Il savait quand ce moment même, Mikey et Raph l'attendaient de pied ferme à l'extérieur du labo. Le leader avait donné le feu vert à une présentation de ce que devrait être le protocole d'humanisation et il ne s'était jamais senti aussi nerveux.

Lui et Léo savaient qu'ils ne pouvaient plus reporter et ses frères avaient le droit de savoir. Il soupira et alla ouvrir la porte…

Après avoir écouté toutes les explications de Donatello, et ses tentatives de relativiser, Léonardo plissa le front sous l'effort de la réflexion, tentant de faire abstraction des cris de joie de ses deux autres frères.

« Donc, Donnie, si j'ai bien compris », répéta lentement le leader, « tu me demandes de laisser un des membres de notre Clan se sacrifier et de servir de hamster de laboratoire en testant un produit dont tu ne peux me garantir l'inoffensivité? »

Donnie hocha la tête. Il était vain d'essayer de reformuler ce que Léo venait de dire. C'en étais un concis, mais fidèle, résumé.

Raphael vit clairement le drapeau rouge et se retourna vivement vers le chef :

« Léo, arrête d'agir comme une mauviette », le sermonna-t-il « y a pas d'omelettes sans casser d'œufs, et j'en ai marre de me planquer dans des égouts comme un pestiféré, alors qu'on a sauvé la putain de ville deux fois! Je mérite mieux! Mikey mérite mieux! Il mérite de se faire des amis avec des gosses de son âge mental », ajouta-il sans se soucier du « hey » offusqué de la tortue concernée. « Donnie mérite de travailler avec un vrai équipement, dans un vrai labo, avec des collègues avec qui il pourrait discuter de théories à la con. Et toi, Fearless, tu mérites beaucoup mieux que l'ombre aussi », finit-il avec passion. J'veux plus de cette vie terrée sous terre. J'étouffe, Léo. Si tu nous aimes, tu nous laisseras prendre ce risque, plutôt que de crever ici, dans l'obscurité et l'humidité.

Mikey, de l'autre côté, ne fut pas en reste, suppliant, rassurant et promettant, après les menaces de Raphael. Pour finir, Léonardo, étourdi, mais maté, céda :

« Si vous le voulez, je ne veux pas être un obstacle à votre bonheur, mais je serai le sujet A. Ainsi, si quelque chose doit arriver, je serai le premier frappé! »

Raph secoua obstinément la tête.

« Fearless, t'es trop utile pour cela. Je te laisserais pas te sacrifier pour un truc dont tu ne veux même pas. J'ai pas envie que, s'il t'arrive quelque chose, de me sentir responsable ma vie durant ».

Donnie hocha la tête encore une fois, même si personne ne le regardait. Il comprenait Raphael. Personne ne voulait vivre avec le poids d'avoir fait un quelconque mal à un de ses frères, encore moins le leader, qui en plus, ne leur ferait même pas de reproches ce qui serait pire au centuple.

Il laissa l'altercation brûler entre ses deux frères. Le benjamin et lui savaient d'expérience que s'en mêler leur en cuiraient. Ils demeuraient donc prudemment à l'écart durant les proverbiales disputes de leurs ainés.

Finalement, voyant que cela menait nulle part, il intervint :

« Vous allez le temps d'y réfléchir. Avant d'amorcer la transformation de n'importe lequel d'entre nous, nous devons préparer notre vie à la surface. Nous trouver un endroit où vivre et ensuite, un emploi pour avoir de quoi nous nourrir. Ce genre de chose prend du temps! »

« Alors, qu'est-ce que tu foutais dans ce labo tout ce temps », riposta la tortue en rouge, agressivement. « J'suis malade d'attendre … »

Le leader fit un geste pacificateur.

« J'ai parlé avec la chef Vincent des …possibilités pour nous, si un jour, une telle éventualité se présentait. Elle nous a promis son aide et même, suite à la réussite d'un cours, un poste dans les forces de l'ordre pour ceux d'entre nous qui voudrions rejoindre leurs rangs. »

Donnie croisa les bras, l'air méditatif, faisant fi des cris de joies de ses frère pro-humains.

« C'est intéressant comme offre, Léo, concéda-t-il, mais j'ai besoin de voir en quoi consiste exactement cette proposition. Nous ne pouvions nous fier sur des promesses vagues, comme appui. Nous devons pouvoir compter sur du concret. Laissez-moi parler à April, puis 48 heures. Cela vous laissera le temps de décider qui sera le cobaye A. »

Il laissa Mikey et Raph lever les bras dans les airs en signe d'exaspération devant ce nouveau délai, mais il continua :

« Ce que j'ai besoin de savoir », poursuivit le scientifique, « c'est combien d'entre nous désire devenir humain. Autant pour les préparatifs du labo que pour notre vie future à la surface : faux papiers d'identités, type d'habitation, etc. »

Les trois frères se regardèrent, Raphael particulièrement interloqué.

« Yo, Donnie, il me semble que c'est évident. On fait ça tous ensemble. N'est-ce pas Mike? « Demanda-t-il au benjamin qui hocha la tête avec enthousiasme. « Et toi, Donnie? « Le génie fit le même signe d'acquiescement. « Moi, je suis d'accord. Y a que toi, Fearless qui reste…Tu…tu nous abandonneras pas, non? »

L'accent de Raphael se fit insistant, mais pas menaçant, plutôt désemparé.

Le leader baissa les yeux et avec reluctance, murmura un « Non, bien sûr que non ».

« Tu vois, Donnie? On sera les 4, comme on a toujours été », conclut fièrement la tortue aux sais.

Le génie eut un air dubitatif en regardant Léo.

« 48 heures » répéta-t-il

« Je vais m'entrainer », déclara Léonardo en quittant précipitamment la pièce.

Il n'avait nul besoin d'être un devin pour voir que la situation ne plaisait pas au porteur de katana. Donnie allait lui parler quand Raph le saisit par le bras.

« J'attendrai pas 48 heures et de toute façon, j'veux le faire avant que Léo s'en doute. Si tu me prends pour cobaye, sans lui en parler, y aura rien qu'il pourra faire. Faut pas que Fearless le fasse, si c'est potentiellement dangereux. Sa vie est plus précieuse que la mienne, tu le sais, Donnie.

Donatello n'était pas nécessairement d'accord, bien qu'il comprît ce qu'il voulait dire. Tout le monde avait son importance, dans leur famille, mais Léonardo était un pilier et, pour Raph, un garde-fou contre sa personnalité limite.

Raph continua :

« J'ai confiance en toi, Don. J'le sais que, s'il tu pourrais, tu te prendrais toi-même comme cobaye, mais t'es trop utile toi aussi pour qu'on te sacrifie. Promets-moi juste que, si cela tourne mal, tu veilleras sur Fearless. Il risque de culpabiliser et tu sais comment il est dans ce temps-là » expliqua la tête chaude, « il dort plus, il s'entraine sans arrêt et il oublie de manger. Empêche-le de se détruire car je lui ai tenu tête pour faire mes conneries. ».

Le cœur de Donnie se serra. Il n'aimait pas le tour que prenait la conversation. Cela rendait les risques encore plus réels que d'entendre ce testament oral de la bouche de son frère. Cela confirma aussi un soupçon qu'il avait depuis quelques semaines. Raph et Léo n'étaient plus que de simples frères. Sans connaitre toute l'étendue de leur intimité, les légers frôlements, les regards appuyés et la relative bonne humeur des derniers temps de Raphael, ne trompaient pas. Que Raph formule comme possible dernière volonté que Don veille sur Léonardo et qu'il refuse aussi farouchement que le leader soit le cobaye, étaient transparents : leur lien n'était plus que fraternel. Mais qui était-il pour juger? Raph et Léo, en tant que tortues, n'avaient pas l'embarras du choix et de plus, tous deux étaient des partenaires fiables, l'un pour l'autre.

Ce n'était pas cela qui le préoccupait dans le moment présent, mais plutôt que Raph demande à Donnie de faire un acte aussi important dans le dos du leader. Il se mordit les lèvres, nerveusement. Il savait que c'était la seule solution. Léo, à la base, était le moins intéressé à la transformation. Il serait injuste que cette abnégation lui coûte autant.

« Je te le promets, Raph. Viens me rejoindre demain soir, après que Léonardo soit couché », conclut-il, finalement.

La tortue rouge eut un sourire satisfait et soulagé.

« Merci, Donnie. Ça m'enlève un grand poids. J'serai là »

Raphael quitta le laboratoire à grandes enjambés, plus heureux qu'il ne pourrait le souhaiter. Ils allaient enfin pouvoir sortir de ce merdier hideux qu'était leur repaire. Ouais, c'est sûr, Donnie avait fait un super job pour l'aménagement avec leurs peu de ressources, mais il voulait plus. Travailler comme policier avec son pote Casey, conduire une voiture sport décapotable pour prendre une glace en plein jour avec ses frères et pouvoir amener Léo visiter les temples en Asie, comme celui-ci en rêvait, l'enivrait. Tout serait désormais possible, pensa-t-il en regardant son frère aux katanas dansant son ballet létal. Évidement que Léo, lorsque quelque chose le préoccupait trop, allait se défouler au Dojo jusqu'à ce qu'il soit si épuisé qu'il n'arrivait plus à penser. Mais comme d'habitude, il se surprit à être hypnotisé par ce spectacle fascinant qu'était le leader performant un kata armé de son cru.

Léo était à la fois un maitre et son chef d'œuvre pensa-t-il en regardant les cuisses puissantes campés dans une position de combat, les muscles tendus de ces biceps de jade, sous l'effort et il se demanda si, humain, son frère serait aussi séduisant. Probablement, déduit-il, même si cela n'avait pas d'importance. Léo restait son âme sœur, peu importe son enveloppe charnelle.

« Hey, Fearless. Un match, ça te dit? » hélà -t-il, tirant la tortue de ses pensées.

Léo hocha la tête.

« Pas vraiment, Raph, j'allais me retirer dans ma chambre… »

Raphael se retient de ne pas rouler des yeux. Léo s'en allait méditer sur son échec de leader ne pouvant pas empêcher ses frères de ce qu'il voyait comme une incommensurable bêtise. Il devait lui changer les idées. Et il avait un truc pour cela.

« Bonne idée », répliquait-il langoureusement. « J'avais pensé qu'on pourrait profiter de nos corps de tortue une ultime fois. Tu sais, je pourrais goûter une dernière fois à la chair violacée de ton… »

Le rouge aux joues, Léonardo tira vers sa chambre un Raphael goguenard.

« Tu sais Raph que je le sens pas du tout…J'ai peur que cela change quelque chose…entre nous, spécifia-t-il, une fois la porte refermée.

Attendri, la tortue aux sais sourit :

« Hé, bébé, ça changera rien. Je te le promets »

Les yeux verts papillonnèrent brièvement vers les lèvres de jade.

« J'vais toujours avoir envie de te faire ça », ajouta-il en se penchant pour capturer cette bouche.

Léo se recula un bref instant, tentant de se dégager pour faire valoir son point.

« Justement, Raph, tu… »

Il fut coupé par les lèvres possessives et après un moment, sa réponse d'abord incertaine devint ardente.

Raphael, fier de lui, se dit qu'il avait gagné son pari. Il allait distraire Léo comme il savait si bien faire et dans 36 heures, il allait être un humain, pour vivre avec ses frères, la vie qu'ils méritaient.

A suivre…


Demain (ou vendredi) je vais publier un premier chapitre d'une autre fic (pas un RaphxLeo!) qui me trotte dans la tête, très différente. Vous pourrez voter sur laquelle des deux vous préférez que je continue.