Manga : One Piece

Rating : M

Disclamer : Les personnages ne m'appartiennent pas !

Note : Voici une nouvelle histoire qui commençait à me trotter dans le crâne ! J'ai déjà un autre projet mais je ressentais le besoin de commencer à mettre celui-ci en place !

J'espère que vous trouverez du plaisir à lire cette histoire !

Bonne lecture !


Il y avait des journées comme ça où on aurait juste envie de foutre un coup de tête aux responsabilités et retourner se coucher en envoyant chier le monde.

C'est plus ou moins l'état d'esprit dans lequel Sanji se trouvait, et il n'était même pas encore midi.

La journée avait commencé sur les chapeaux de roue quand le réveil de Zoro avait sonné à quatre heure du matin et que, comme chaque matin, ce dernier avait fait le plus de bruit possible, allumant la lumière, et balançant son pyjama à travers la pièce sans même un égard pour le sommeil du blond.

Il en avait résulté donc un énième coup de gueule _très_ matinal qui avait eu le mérite de réveiller complètement Sanji qui avait donc passé deux heures à ruminer tandis que l'autre était parti faire son jogging matinal.

Après cela, alors qu'il allait partir au travail, il avait été dérangé par deux hurluberlus à sa porte qui venaient prêcher la parole du grand Dieu Ener, ou une connerie du genre et lui avait tout bonnement tenu la jambe pendant une demi heure.

Il avait donc raté le tram et était arrivé en retard au restaurant, ce qu'il ne supportait pas.

Cela faisait un peu plus de cinq ans maintenant qu'il était chef dans un prestigieux restaurant de la ville, et même s'il devait reconnaître que leur patron était plutôt souple, il s'infligeait lui-même un mode de vie irréprochable.

« Bonjour Sanji-kun ! »

Il fût accueilli chaleureusement par Nami et Vivi, les chefs de salle, mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir mal à l'aise en raison de son retard.

« Bonjour mes beautés ! Vous êtes vraiment sublimes ce matin ! Je suis désolé d'arriver si tard et de ne pas avoir pu vous accueillir avec un croissant et un chocolat chaud ! »

« Ne t'inquiète pas. » Nami l'arrêta rapidement. « Il n'y aura pas de service ce midi. Rayleigh est passé rapidement tout à l'heure pour nous prévenir de ça. Il a aussi annoncé qu'il voulait nous voir à onze heure dans son bureau. ».

Sanji fut surpris de la nouvelle mais n'en dit rien. Il voyait bien que ses amies semblaient elles-même soucieuses et il ne voulait pas les inquiéter davantage.

« Ah, très bien ! Dans ce cas je vais en profiter pour aller nettoyer un peu la cuisine ! Vous savez si Usopp est déjà arrivé ? »

« Il y a tout juste dix minutes oui ! Bon courage alors ! »

Sanji leur adressa un dernier sourire et traversa la salle du restaurant pour se diriger vers son royaume.

Il avait eu la chance de trouver cette place de chef pratiquement à sa sortie de sa formation. À l'époque, il terminait juste un stage avec Zeff, un grand cuisinier de la ville, quand celui-ci l'a mis en contact avec un ami qui venait juste de reprendre l'un des restaurants les plus chics du pays.

Rayleigh cherchait alors un cuisinier et avait tout de suite donné sa chance à Sanji. C'est grâce à lui qu'il avait pu tout de suite faire ses preuves et depuis, il n'avait jamais quitté l'affaire.

Au fut et à mesure, l'équipe s'était formée. Il avait été ensuite rejoint par Usopp comme second et avait tout de suite forgé de solides liens d'amitié avec celui-ci.

Le brun avait un caractère apaisant et avait toujours sût se montrer à l'écoute du blond. Bien qu'il ne l'égale pas en cuisine, il apportait surtout son aide pour les tâches ménagères. En effet, bien que cette tâche ne soit normalement confiée à Luffy, un jeune homme d'à peine 23 ans, le duo avait vite compris que sa présence vers les fourneaux était une vraie calamité. Il ne savais pas tenir un balais sans casser dix assiettes, et même pour une tâche aussi simple que de laver les couverts, il avait un jour réussi à mettre le feu à un torchon de vaisselle. Il semblait d'ailleurs par ailleurs intéressé par les assiettes qui sortaient de la cuisine que par celles qui lui revenaient, sales, et plus d'une fois il avait été surpris à chiper une pomme de terre au milieu du service.

Il avait donc été conclu d'un commun accord entre tous les employés que Luffy ne toucherait plus à rien, ne mettrait plus les pieds dans la cuisine et se contenterait du rôle de standardiste pour prendre les réservations.

La lassitude de Sanji ne fit donc que d'augmenter d'un cran lorsque la première chose qu'il vit en entrant dans la cuisine fut Luffy, une louche dans une main, en pleine bataille d'eau contre un Usopp qui semblait désespérément chercher un endroit où se cacher parmi les casseroles.

Ils avaient déjà de l'eau pratiquement jusqu'aux mollets et des légumes flottaient un peu partout.

Pour un cuisinier, cela ressemblait à un véritable champ de bataille. Pour Sanji, c'était tout bonnement la vision de l'enfer.

« Est-ce que l'un de vous deux, bande de CRETINS, peut me dire qu'est ce que c'est que se bordel ».

Usopp, à la vue de son ami, commença à sortir de sa cachette de fortune. Mais à la vue du regard courroucé du jeune homme, il ne pu sortir que des petits marmonnements.

« Bien, tu pourrais au moins me dire ce que fout l'autre calamité dans MA cuisine ? »

« J'étais juste venu lui demander le plat du jour ! » s'insurgea Luffy, toujours sa louche à la main et la pointant d'un air conquérant vers Sanji.

« C'est vrai... Et puis, je ne sais pas...Quelque chose a dérapé »

« Bien » Sanji tentait de reprendre son calme. « Eh bien tu vas me faire le plaisir de nettoyer tout ça avant que Rayleigh n'arrive et ne nous foute tous à la porte ». Il se tourna vers Luffy qui avait déjà commencé à prendre une éponge en main « Pas toi débile ! Tu vas gentiment dégager d'ici et aller te faire oublier dans un coin du restaurant avant de détruire complètement l'entreprise ! »

Le brun ne se fit pas prier et passa en courant à côté de lui pour retourner en salle, les vêtements encore à moitié trempés.

Une minute plus tard, on pouvait déjà entendre Nami hurler sur le brun, mais Sanji était trop occupé à tenter de sauver un maximum d'aliments qui traînaient un peu partout dans la pièce.

« Au fait » demanda Usopp pour briser le silence. « Nami t'as dit pour tout à l'heure ? A ton avis, qu'est-ce qui se passe ? »

Le blond était toujours agacé mais il n'arrivait pas vraiment à ignorer son ami.

« Aucune idée. Le patron avait l'air soucieux ces derniers temps, alors j'espère juste que c'est pas trop grave. Mais bon, je suppose qu'il ne se serait pas amusé à faire durer ainsi le suspense s'il avait voulu tous nous renvoyer ».

« Arrête des dire des choses comme ça ! J'ai un loyer à payer moi... Si jamais je me retrouve sans boulot et loupe une mensualité, tu peux être sûr que je serai foutu à la porte immédiatement ! »

« Alors commence par arrêter de saccager la cuisine avec Luffy, sinon ça va finir par arriver ! »

Le brun marmonna et repris son travail, en silence cette fois.

Au bout d'une heure et demi, ils avaient enfin réussi à éponger toute l'eau qui était par terre, ranger tous les aliments encore consommables et remis les ustensiles à leur place respective.

Sanji venait à peine de terminer quand la porte s'ouvrit sur Nami.

« Les garçons, c'est l'heure d'aller voir le patron. »

La rousse arrivait généralement à garder son calme, mais elle avait rongé les ongles de sa main et tapotait nerveusement du pied. Il était évidant que la peur d'être renvoyer n'avait pas qu'effleuré l'esprit d'Usopp.

C'est donc en silence qu'ils se rendirent tous à l'étage du bâtiment où se trouvait les bureaux.

Ils entrèrent ensembles dans celui de Rayleigh et remarquèrent qu'ils étaient les derniers.

Franky et Robin, respectivement Barman et sommelière du restaurant étaient assis et paraissaient plutôt calmes. Ils ne travaillaient généralement que le soir et avait dû être appelé exceptionnellement pour cette « réunion ». Cela ne rassura pas Sanji, mais il s'empêcha malgré tout d'imaginer le pire.

Il entra à la suite de Nami et tous se serrèrent en rond autour du seul bureau de la pièce. Derrière celui-ci, le vieil homme était déjà assis et semblait visiblement attendre pour commencer.

Il régna pendant ce qui paru être une éternité au blond un silence pesant pendant lequel son patron se contentait de passer son regard sur chacun des employés.

Finalement, il pris une inspiration et afficha un sourire triste.

« Bonjour à tous, désolé de vous avoir fait venir ici. Cela fait maintenant cinq ans que l'on travaille tous ensemble. Vous êtes presque comme des enfants pour moi et cela a été de superbes années pour moi ».

« JE LE SAVAIS » Usopp se tenait la tête dans les mains « On est viré c'est ça ? Comme ça, sans rien ? »

Sanji lui donna un coup sur le crâne. « Ferme-là abruti ! Il a encore rien dit ».

Rayleigh remercia silencieusement le blond avant de reprendre.

« Bien, pas de conclusions hâtives. Je ne mettrai jamais aucun d'entre vous à la porte. Cela dit, c'est bien de l'avenir du restaurant dont il est question ».

Cette fois, il n'y eu pas d'interruptions, tous étant trop abasourdis part la nouvelle et buvant chaque parole prononcée.

« En effet, vous constatez tous que j'ai maintenant un certain âge, et je me rend compte chaque jour un peu plus du travail que me prend ce restaurant. Cela fait plusieurs mois maintenant que je traverse des problèmes de santé. Rien de catastrophique, mais suffisamment pour m'empêcher de mener à bien mon travail ».

Il y eu un nouveau moment de silence, chacun essayant d'assimiler ce qui venait d'être dit.

« C'est pourquoi j'ai décidé d'arrêter cela avant de définitivement couler ce restaurant ».

« Comment ! » Nami s'était approchée d'un bond. « Mais c'est votre restaurant enfin ! Vous ne pouvez pas l'abandonner comme ça ! »

« Allons calme-toi Nami. C'est vrai, j'ai beaucoup tenu à cet établissement, et j'y ai passé certain des plus beaux moments de ma vie. Mais aujourd'hui, je ne peux pas me permettre d'insister par pur caprice. Vous avez tous besoin de ce restaurant, vous avez des responsabilités, des familles pour certains, et pour moi, le plus important est de m'assurer que vous ne vous retrouviez pas sans emploi. J'ai donc pris la décision de trouvez un nouveau propriétaire pour rependre l'affaire. Cela ne changera rien pour vous, vous pourrez continuer à effectuer votre travail aussi bien que d'habitude ! »

Cette fois, Nami et Usopp étaient en larmes. Tous devaient leur situation de vie au vieil homme qui avait parfois même été un soutient moral dans les situations les plus difficiles de certains.

Le malaise s'amplifiait.

« Et vous savez déjà qui va reprendre le restaurant ? » la voix de Sanji était plus basse que d'habitude. Il faisait un effort pour tenter de garder la tête froide mais il était tout aussi bouleverser que les autres par la nouvelle.

« Effectivement Sanji. Rien n'est encore conclu mais j'ai déjà eu l'occasion de rencontrer un jeune entrepreneur qui semblait intéressé. À ce sujet, il doit venir ce soir lors du service pour juger lui-même du potentiel du restaurant. Si tout lui convient, nous devrions signer l'affaire dès demain. Inutile de vous demander de donner le meilleur de vous pour l'occasion ! »

Tous se contentèrent d'acquiescer silencieusement. Seul Luffy exprima sa motivation à haute voix, toujours prêt à accomplir la tâche qu'on lui demandait.

Le reste de l'entrevue se passa dans une ambiance un peu plus chaleureuse. Une fois le choc passé, tous allèrent à tour de rôle remercier Rayleigh et Robin pris même la peine d'aller chercher une des meilleures bouteilles de vin de la cave du restaurant pour fêter dignement le départ de leur ami.

Si bien que lorsque Sanji sorti finalement pour retourner en cuisine, il était pratiquement déjà 15 heures.

D'habitude, il attendait encore un peu avant de commencer les préparations du service du soir, mais il avait compris que ce dernier serait particulièrement important pour le restaurant, et même s'il avait la chance de pouvoir travailler très vite, tout en proposant une qualité exceptionnelle, il ne voulait prendre aucun risque.

Ce que leur avait dit le plus âgé n'était pas tout à fait faux, et même si le blond regretterait l'homme, c'est vrai que beaucoup d'entre eux avait besoin de ce travail.

Nami par exemple devait rembourser la dette que sa mère avait accumulé en achetant une maison. Franky n'avait jamais vraiment eu de parents et vivait dans une sorte de squat avant d'être embauché dans le restaurant.

Pareil pour Robin qui avait besoin d'argent pour financer la fin de son doctorat d'archéologie.

Lui-même avait la chance de pouvoir compter sur Zoro pour payer une partie du loyer. Mais il était hors de question pour autant qu'il passe le reste de sa vie à se reposer sur cette aide financière. Il avait toujours été fier d'être indépendant financièrement et pour lui, devoir renoncer à cela constituerait un véritable déshonneur.

Cela ne lui plaisait pas tant que ça de devoir changer de patron, mais il allait devoir faire avec. Jusqu'à maintenant, il avait été complètement libre de composer lui-même les menus, et il craignait surtout de devoir à l'avenir travailler avec des contraintes.

Après tout, si le nouveau venu décidait de s'impliquer davantage dans la cuisine et d'imposer ses idées, Sanji ne pourrait tout simplement rien dire.

Il était particulièrement confiant au sujet de sa cuisine. Il avait toujours eu d'excellents retours et il savait adapter ses plats pour n'importe quel client de façon à satisfaire tous les palais.

Il n'y avait donc aucune raison en soit qu'il ne parvienne pas à conquérir celui de ce « jeune entrepreneur ».

Il opta donc au menu du jour pour des gougères aux escargots accompagnées de cuisses de grenouilles poêlées en entrée, pour un gigot d'agneau rôti et son gratin dauphinois en plat principale et pour des profiteroles en dessert.

C'était un menu à la fois gastronomique et avec des saveurs sûres.

Sanji préparait ces plats depuis des années et savait que ce genre de menu régalait toutes les tranches de clients.

« Qu'est-ce que tu en penses ? Tu crois que c'est suffisamment ambitieux ? » Il avait pris l'habitude de toujours demander l'avis de Usopp. Après tout, ce dernier était aussi derrière les commandes et il était toujours d'un bon conseil.

Le brun pris un moment pour réfléchir. D'habitude, il se contentait d'approuver dans l'instant les propositions de son ami, mais lui aussi semblait prendre conscience de l'importance du repas du soir.

« Je sais que tout ces plats sont excellents. Mais je pense seulement qu'on devrait proposer une autre alternative en entrée. Certains personnes sont rebutées par les escargots... Peut être une croûte forestière ou une assiette de saumon fumé ? »

« Tu dois avoir raison. Je vais voir ce qu'il nous reste comme champignons en réserve et on s'y met ! »

Usopp commença naturellement à remplir une casserole d'eau pour faire cuire les pommes de terre destinées au gratin.

Sanji lui se dirigea vers la pièce située au fond de la cuisine. La réserve était de loin son endroit favori : il adorait par dessus tout contempler les aliments frais et passait parfois même un temps considérable dans cette pièce, juste pour imaginer tous les plats qu'il allait pouvoir faire.

Par conséquent, le blond avait toujours mis un point d'honneur à ce que cet endroit soit d'une propreté impeccable. Ainsi, il savait exactement où se situait chaque ingrédient et aurait pu se diriger même dans le noir.

C'est donc naturellement et sans hésitation qu'il se dirigea immédiatement vers le fond de la remise, là où se trouvaient les bocaux de cèpes, morilles et chanterelles séchées. Les prix avaient été particulièrement bas cette année et Sanji en avait donc profité pour s'en faire un véritable stock.

Avec les fêtes de Noël qui approchaient, ce genre de saveurs étaient très demandées, que ce soit en soupe ou en accompagnement.

Il profita d'être là pour prendre également une gousse d'ail et une échalote et regagna finalement les fourneaux pour se mettre à l'ouvrage.

Le reste de l'après-midi passa très vite et sans incidents, mise à par les tentatives répétées de Luffy pour goûter la sauce, la viande, etc...

Finalement, l'heure d'ouverture arriva très vite et le rythme du service se mis en place rapidement avec les premiers clients.

Usopp tentait de se faufiler régulièrement en salle le plus souvent pour surveiller la venue de leur invité de marque, mais Sanji le rappelait bien vite au travail.

Le restaurant n'ayant pas ouvert le midi, on eut dit que la ville entière s'était passée le mot pour venir prendre un repas ce soir même. Le blond jonglait avec un peu de difficultés entre les différentes commandes et les allers et venues de Robin qui, ce soir, devait aussi aider au service des plats.

Mais à part cela, la soirée commença sans accrocs. Le service était fluide, pas trop lent, les plats arrivaient tous en même temps aux tables et aucun retour de plat n'avait encore été relevé.

Au bout de deux heures, toute l'équipe avait retrouvé son calme habituel, s'impliquant dans sa tâche et même Luffy fit preuve de bonne foi et aida à débarrasser certaines tables, non sans piquer quelques restes par-ci par-là.

Mais sur les coup de 21 heure, Nami entra en fracas dans la cuisine à moitié essoufflée. Sanji lâche immédiatement sa casserole pour lui apporter un verre d'eau qu'elle vida en une gorgée.

« Votre attention les garçons ! L'entrepreneur dont nous à parlé Rayleigh vient tout juste d'arriver ! C'est le moment de se donner à fond »

« Bon sang j'avais presque finit par l'oublier ! » Usopp en avait presque laissé tomber l'assiette qu'il avait dans les mains. « C'est tout de même pas une heure pour arriver dans un restaurant ! »

« Comment est-il ? » Sanji tentait de garder son calme au maximum, même s'il est vrai que la nouvelle avait fait monter l'adrénaline en lui.

La jeune fille sembla réfléchir un instant, sans trop savoir quoi dire.

« Eh bien..il est jeune effectivement. A vue d'œil, je dirai qu'il doit avoir ton âge, ou peut être un peu plus vieux. Pas le genre de client qu'on est habitué à voir dans le restaurant en tout cas. Il est même difficile de croire qu'il ait l'argent pour racheter un restaurant : je l'imaginerai plutôt tenir un coffee-shop ou une boutique du genre... »

La description laissa les deux cuisiniers plutôt dubitatifs. Il est vrai que leur clientèle était exclusivement composée d'hommes d'affaires ou de personnes âgées. Les jeunes ou les familles préféraient souvent aller dans des restaurants plus abordables et populaires.

« Après, au niveau de la personne en soit je ne sais pas. Il m'a simplement salué sobrement, pas plus chaleureux que ça. Bon, je vais d'ailleurs aller prendre sa commande avant qu'il attende trop, je reviens vite ! »

Elle pris un instant le temps de remettre en place son chemisier qui était légèrement froissé et elle reparti aussi vite, une carte en main.

Alors que Sanji reprenait déjà les commandes en route, Usopp une fois de plus peinait à se concentrer à nouveau. Il jetait des regards vers la porte toutes les minutes et faillit même faire brûler un gigot qui ne dû son salut qu'à l'attention de Sanji.

Ce n'est que dix minutes plus tard que Nami revint finalement en cuisine. Elle semblait encore plus pâle qu'avant et ses mains tremblaient légèrement.

« Sanji...on a un problème ».

Le jeune homme fronça les sourcils. « Qu'est-ce qui se passe Nami-san ? »

« Il n'aime rien » La rousse semblait au bord des larmes. « Il a lut la carte de long en large, je lui ai proposé le menu du jour, mais à chaque fois quelque chose n'allait pas. Il n'aime pas le pain, les feuilletés ou quoique ce soit du genre. Il trouve que l'agneau est une viande trop forte et il n'aime aucun poisson...Je ne sais pas quoi faire, j'ai dit que j'allais voir avec toi.. »

« Ne t'inquiète pas, tu es excellente à l'accueil. Je sais que tu as fais de ton mieux avec lui. Je vais prendre la relève avec lui, repose toi un instant. Usopp, tu veux bien te charger de la cuisine un moment ? »

« Ah euh, oui bien sûr »

« Merci Sanji-Kun...il est à la table 12 »

Sanji prit à peine le temps d'entendre cette dernière phrase et se dirigea en salle d'un pas furieux. S'il y avait bien deux choses qu'il ne supportait pas, c'était le manque de courtoisie et les clients difficiles.

Les personnes attablées en salle regardèrent avec étonnement passer le jeune homme, encore en tablier et avec sa toque.

Il s'arrêta finalement pour jeter un coup d'œil parmi les tables et se figea quand il le trouva finalement.

La description de son amie avait été un euphémisme. L'homme avec un look qui jurait furieusement avec le cadre qui l'entourait. S'il avait été question d'un jeu, cela aurait sûrement été le « trouvez Charlie ».

C'était un homme d'environ trente, trente-cinq ans, avec des cheveux noirs en pagaille. Il avait pris la peine de mettre un costume noir, mais ce dernier était trop grand pour lui et le nœud de sa cravate n'était pas serré. De toute évidence, il n'avait pas l'habitude d'en mettre au quotidien.

Il avait un bouc mal taillé et de légers favoris, noirs comme ses cheveux.

Comme les autres clients, il observait Sanji avec étonnement. Ses yeux étaient brillants mais les légères cernes qu'il arborait rendait son regard très particulier.

Après ce rapide examen, Sanji se rendit à la table de l'invité et resta un instant droit devant lui.

« Bonsoir Monsieur. Je suis Sanji, le chef de ce restaurant. J'ai cru comprendre que vous rencontriez des problèmes avec notre menu et vous m'en voyez navré. »

« Bonsoir » La voix était plutôt grave et exprimait une sorte de lassitude naturelle. « Oui, voyez-vous je suis assez compliqué, et les plats que vous me proposez ne correspondent malheureusement pas à mes goûts ».

Sanji mourrait d'envie de demander à ce type immature s'il avait au moins déjà essayé l'une de ces saveurs, mais il se contenta de serrer discrètement les poings le long de ses jambes.

« Je vois. Je pourrais peut-être vous préparer autre chose ? Quel genre de plat vous ferait envie ? »

Mais son interlocuteur ne le regardait déjà plus. Il avait fixé son attention sur le reste de la salle, comme s'il la découvrait pour la première fois.

Son regard s'attarda sur chaque table, sur le sol, le plafond. Sanji avait l'impression de voir une grille d'évaluation passer devant ses yeux.

« Tout cet endroit est bien trop pompeux. Pas du tout le genre de cadre qu'on souhaite trouver dans une jeune ville dynamique. Même vos plats dégoulinent de snobisme ». Il lui avait dit ça sans même prendre la peine de se retourner vers le cuisinier.

Il soupira une nouvelle fois et c'en fut trop pour Sanji qui aplatit violemment ses mains sur la table, juste sous le nez de l'individu.

« Je me fiche de qui vous êtes Monsieur, ou de savoir que je fous en l'air votre soirée. On m'a dit de vous lécher les bottes parce que vous devez reprendre cette affaire alors je vais me contenter de vous redemander une nouvelle fois ce que vous voulez avaler ce soir. Mais sachez pour autant que si vous vous obstinez à critiquer cet endroit ou ma cuisine, c'est mon poing que vous allez bouffer ! »

Il avait dit ça d'une traite, à moins de 20 centimètres du visage du brun.

Autour d'eux, les gens observaient la scène silencieusement avec une expression outrée. Vers l'entrée, Vivi semblait elle aussi effrayée par la réaction de Sanji tandis que Robin observait sans aucune expression.

Seuls Franky et Luffy, qui avaient observé la scène de loin, riaient aux éclats et encourageaient Sanji par de grands signes.

Ce dernier, toujours essoufflé par sa tirade commençait seulement à mesurer l'ampleur de ses paroles et regardait désormais ses pieds.

Bon sang, il avait complètement pété les plombs, et à cause de son comportement merdique, tout le monde allait en pâtir. Lui se fichait désormais d'être viré, mais si la sentence retombait sur ses amis, il en mourrait de culpabilité.

'Eh merde, trouve une manière de t'excuser...n'importe comment' son cerveau moulinait à toute allure, mais avant qu'il n'ait eu le temps de trouver quoique ce soit, le client vint lui-même rompre le silence.

« Des pâtes carbonaras. »

Sanji ne compris tout d'abord pas la portée des mots qui lui parvenaient. Il regarda l'homme d'un air hébété, comme s'il lui avait parlé dans une autre langue.

« Vous m'avez demandé ce que je voulais manger non ? J'imagine que pour un chef fier tel que vous, faire cuire des pâtes ne devrait pas poser de problème ? » Pour la première fois depuis le début de leur entrevue, l'homme quitta son expression neutre pour afficher un sourire supérieur.

La réponse piqua à nouveau Sanji au vif, mais il se contenta d'acquiescer légèrement de la tête avant de vite faire demi tour. En cet instant, il voulait simplement regagner sa cuisine, et s'éloigner le plus possible de type infect.

Les dix mètres qui le séparait de son espace de travail lui semblèrent les plus longs qu'il ait jamais parcouru. Il avait l'impression, même de dos de sentir encore sur lui le regard moqueur.

Quand il poussa finalement les portes, il tomba presque immédiatement au sol sous les regards impatients de Nami et Usopp.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? On a entendu crier à côté ! »

« Sanji, est-ce que ça va ? » La jeune fille s'était penché vers lui, inquiète.

Après ce court instant d'absence, Sanji repris finalement ses esprits et se releva doucement.

« Tout va bien. On s'est mis d'accord sur un plat. Tu peux retourner en salle Nami-san, il ne devrait plus t'embêter ! »

Nami sembla hésiter un instant, mais le cuisinier était déjà retourné vers son plan de travail recommença à travailler. Elle le remercia une nouvelle fois et quitta finalement la cuisine.

Après son départ, Usopp tenta une nouvelle fois de tirer les vers du nez de son ami, mais ce dernier ne l'écoutait pas. Il avait commencé immédiatement à mettre des pâtes dans l'eau chaude et à préparer à côté la sauce pour le plat qu'on venait de lui demander.

Il se sentait à la fois insulté et mis au challenge, et il était hors de question que cette personne trouve quoique ce soit à lui redire.

S'il voulait un plat aussi commun, il allait manger les meilleures carbonaras de sa vie, qu'il le veuille ou non.

D'habitude, il ne fallait pas plus d'un quart d'heure à Sanji pour exécuter une recette aussi simple. Mais cette fois, il pris les plus grands soins pour que la cuisson soit parfaite, que l'assaisonnement ne soit pas trop prononcé, mais malgré tout assez pour donner de la saveur au plat.

Il décida même de donner une présentation élégante au plat et termina en ajoutant le jaune d'œuf et du parmesan.

Une fois le plat terminé, ce fut Vivi qui vint le chercher pour l'emmener à la table.

Mais la tension de Sanji ne retomba pas pour autant. Maintenant, il attendait impatiemment le retour du client. Jamais il ne s'était ainsi inquiété de savoir si sa cuisine plaisait ou non, et il avait toujours détesté ces chefs qui font le tour des salles pour quérir des louanges.

Mais aujourd'hui, pour la première fois, il attendait un compliment, et en plus de la part d'une personne qui lui était absolument antipathique. Pour la première fois, il doutait de ses facultés.

Après une bonne demi heure qui lui parut interminable, il craqua finalement et profita d'un nouvel aller de Vivi pour interpeller la jeune femme.

« Vivi chérie, excuse moi de t'interrompre mais je voulais savoir comment ça s'était passé avec le client du patron, à la table 12 ? »

« Oh...Et bien, il n'a rien dit de spécial quand je lui ais apporté le plat. Il a mangé la moitié de ses pâtes, il a payé et il est parti il y a tout juste cinq minutes je crois ».

Le visage de Sanji se décomposa. Il venait juste de recevoir la dernière insulte possible de la part de cet enfoiré.

Il était parti sans même lui dire s'il avait relevé ou non le défi, s'il avait pu le satisfaire. Et le fait qu'il n'ai pas terminé son assiette ne faisait que renforcer le sentiment d'échec du blond.

« Il est parti comme ça...en payant, sans rien dire ? »

« Oui, je suis désolée, j'aurai dû lui demander... » Vivi tenta de consoler son ami comme elle pu « Oh d'ailleurs, on sait maintenant au moins son nom »

En effet, la jeune femme sorti un instant et revint presque immédiatement avec un chèque en main. Elle le tendis au jeune homme qui le pris, toujours abattu.

C'était le règlement pour le repas et la bouteille de vin que l'homme avait pris. Au dessous du prix payé, il y avait effectivement un nom et des coordonnées.

'Trafalga Law' Sanji lu le nom à plusieurs reprises jusqu'à être sûr de s'en souvenir. Il ressentait toujours une certaine dépression.

« Usopp, tu veux bien que je prenne une petite pause s'il te plaît ? »

Le métisse le regarda avec un sourire affectueux et lui donna une petite tape dans le dos.

« Rentre plutôt chez toi ! Je crois que t'as eu assez de travail pour ce soir, et puis de toute façon le service s'arrête dans une demi heure. Je devrais pouvoir gérer seul les dernières tables ! »

Sanji sembla hésiter, mais il n'avait même pas la force de contester cela. Il remercia donc chaleureusement son ami et se rhabilla rapidement.

« Tu diras bonne nuit au reste de l'équipe pour moi ! Et encore désolé de te laisser en plan.. »

« C'est rien je te dis, c'est pour toutes les fois où tu m'as couvert parce que je foutais rien ! Allez, bon retour, et dis bonjour à Zoro de ma part ! »

Une fois dans la rue, Sanji commença par s'allumer une cigarette. Il s'était rendu compte qu'avec tous les événements de la journée, il n'avait pas encore eu le temps de s'en griller une seule et il en avait vraiment besoin en cet instant.

Il était tard, et il dût encore attendre une bonne vingtaine de minutes à l'arrêt avant qu'un tram n'arrive enfin. Il avait l'impression que sa dernière nuit remontait à des jours et il était épuisé, aussi bien physiquement que moralement.

À 23 heures trente, il glissa enfin la clef dans le trou de la serrure de son appartement et commença par poser négligemment au sol ses affaires et son mentaux.

Si d'habitude, il était plutôt soigné, ce soir il était tout bonnement trop crevé pour chercher même le porte mentaux.

Il envoya valser ses chaussures et se dirigea mécaniquement vers la chambre à coucher.

Zoro était déjà au lit et lisait une revue d'arts martiaux quand le blond entra dans la pièce. Le vert releva les yeux d'un air étonné.

« C'est rare de te voir si tôt ! D'habitude je dors déjà quand tu rentres ».

« Hum hum » le blond marmonna alors qu'il se laissait tomber à côté de son compagnon, la face contre l'oreiller.

« Eh bien, tu as l'air d'avoir passé une journée difficile on dirait, dis-moi tout. »

Sanji se releva un peu. Bien qu'il ait une envie furieuse de dormir, il sentait qu'il avait besoin de vider son sac pour la première fois de la journée.

Cela faisait un peu plus de sept ans que lui et Zoro étaient en couple. D'amis, leur relation avait ensuite évolué en confidence, et puis encore d'un cran.

Mais ils étaient tout deux très différents, et si cela les avaient beaucoup réunis au début, Sanji devait admettre que depuis quelques mois, les tensions permanentes avaient quelque peu assombrie le tableau.

C'était donc un effort quotidien pour le blond. Il essayait de peser toutes ses paroles et de passer outre le comportement parfois brutal de Zoro.

Et ce travail commençait aussi par la confidence.

Il raconta donc le détail de sa journée à son amant, le départ imprévu de Rayleigh et la venu de ce Trafalgar Law, son comportement imbuvable et la crise de nerf.

« Je suis sûr qu'à cause de moi, il va jamais signer ce foutu contrat et reprendre le restaurant... Et d'abord, quel genre de personne dans un restaurant gastronomique et demandes des putains de pâtes carbonaras ? Je suis sûr qu'il a seulement fait ça pour s'amuser et qu'il n'a jamais eu l'intention de devenir le nouveau patron ! Suffit de voir la manière dont il portait son costume ».

Zoro écoutait son petit ami s'exciter, et au grand damne du blond, il semblait davantage s'amuser de la situation que réellement compatir.

« Dis tout de suite si je te fais chier hein ! » bougonna le jeune homme.

« Roh mais nan ça va. J'ai compris, t'as eu une journée de merde, t'as rencontré un connard et puis voilà. En attendant, t'as l'air sur les nerfs et je connais un bon moyen pour te détendre ».

Zoro commença en effet à se rapprocher encore du blond. Il le pris dans ses bras et déposa de longs baisers au creux de son cou.

Sanji soupira. Il était complètement épuisé, et déçu que son petit ami ne prenne pas au sérieux ses soucis.

Quand il senti une main commencer à se glisser sous son T-shirt de pyjama, il s'écarta brusquement.

« Non s'il te plaît pas ce soir... »

« Allez...ça fait plus de deux semaines que tu refuses systématiquement. Là j'ai envie.. »

« Arrête » Cette fois Sani s'était montré plus brusque. « Je t'ai expliqué que j'avais eu une journée de merde, que je suis crevé et tu pourrais donc comprendre que je suis absolument pas d'humeur pour baiser ce soir ! »

Zoro fronça les sourcils « Élégant. Je te rappelle quand même qu'on est en couple, mais je vois que tu portes pas beaucoup d'importance à nos rapports. De toute façon ça fait un an que je dois faire des mains et des pieds pour pouvoir te toucher. Si je te dégoûte, tu peux le dire tout de suite ».

Le blond en avait assez. Tout ce qu'il voulait, c'était dormir pour que cette journée se termine enfin. Pas déclencher une nouvelle crise de couple.

« Tu te monte la tête pour n'importe quoi. Et peut être que si tu n'avais pas envie de le faire cinq fois par jour, ça rendrait la chose un peu plus précieuse ! En attendant, j'ai absolument pas envie de me fritter avec toi. Donc je te demande encore une fois de me laisser dormir et de pas me faire une crise. »

« J'ai compris, ça va. T'es prêt à faire des concessions pour des cons à ton boulot mais t'es pas foutu d'en faire avec moi. » Il se leva, laissant Sanji seul dans le lit. « Je te laisse dormir dans ce cas, et je vais aller mater la télé histoire que cette soirée soit pas entièrement merdique ! »

Il claqua la porte en sortant et, cinq minutes plus tard, Sanji entendit effectivement le son étouffé de la télévision provenir de la pièce d'à côté.

Il aurait pu s'attrister de la réaction de son amant, mais ces derniers temps, c'était devenu monnaie courante.

Le débat provenait principalement du fait de la libido surdimensionnée de Zoro. Au début de leur relation, le blond ne s'en était jamais plaint, mais il avait du mal à suivre depuis un moment déjà.

Il n'y avait plus de longues préliminaires comme avant, c'était simplement le fait de « le faire ». Si bien que le jeune homme commençait sérieusement à se demander si ce n'était pas lui qui avait un problème.

Il lui arrivait encore d'avoir des rapports avec son petit ami, mais c'était toujours Zoro qui demandait. Si cela ne tenait qu'à Sanji, il ne se passerait pratiquement jamais rien.

Pourtant il trouvait encore son partenaire attirant. Mais il n'éprouvait plus de désir comme avant, et cela commençait sérieusement à le préoccuper.

Il écouta un instant les bruits qui provenaient du salon, se laissant bercer par les vibrations discrètes du poste.

C'est sans même le réaliser qu'il s'endormit environ cinq minutes plus tard, tourné naturellement vers le coin du lit vide qu'occupait habituellement Zoro.


Voilà qui est fait !

J'ai écrit ce chapitre presque d'une traite, sur une idée qui m'est venue complètement par hasard !

Je ne sais pas comment me situer encore par rapport à cette fic, et j'espère simplement que ce début aura sût attiser votre curiosité ou vous plaire d'une façon ou d'une autre !

N'hésitez pas à me faire part de vos impressions, avis, critiques, et je vous revois bientôt pour la suite !