Ce jour-là, un beau ciel bleu brillait au dessus du petit village de Loutry Sainte Chaspoule. Le bureau de poste, le marchand de journaux, ainsi que la boulangerie étaient fermés. Les habitants s'occupaient comme ils pouvaient en nourrissant le poisson, en regardant la télévision ou en lisant un livre. Mais aucun d'entre eux ne pouvait se douter de ce qu'il se passait un peu plus au Sud de la rivière qui longeait leur commune.

En effet, une grande maison, faite de nombreux étages, était si bien caché par les arbres qu'aucun Moldu ne pouvait réellement la voir. Et pourtant, si l'un deux avait pu ne serait-ce que l'apercevoir, il se serait certainement évanoui de stupeur... C'était une maison construite de manière si confuse qu'on se demandait comment elle pouvait tenir debout. Il n'était pas rare d'y entendre des explosions plus ou moins inquiétantes, des grands cris aigus, des bruits d'objets par terre ou encore de voir des jets de lumières de toutes les couleurs.

Ce matin-là, on entendit un hurlement plus long encore que d'habitude. Mais il était plus grave et sûrement encore plus sonore que les autres. Et pour cause ! MollyWeasley était celle qui d'ordinaire, rugissait pour n'importe quelle raison. Mais cette fois-ci, c'était la voix de Bill Weasley, son fils aîné, que l'on entendait.

Celui-ci était allongé sur le lit de sa chambre. Il portait un jean déchiré au genou, des bottes en cuir de dragon ainsi qu'un tee-shirt noir. Ses cheveux, toujours aussi longs et roux, étaient cette fois-ci détachés et étalés sur le lit. A l'aide de sa baguette, il augmentait le volume de sa Radio Indépendante à Transformation Magique. Dans tous les étages, on entendait la voix du chanteur des Bizarr'Sister.

Soudain, Mme Weasley entra dans la pièce. Elle regarda son fils d'une manière déterminée et quelque peu énervée. Bill, ne comprenant pas ce qu'il se passait, lui demanda :

« Qu'est ce qu'il y a, maman ? Ma musique est trop forte ? Tu veux que je la baisse ? »

Elle croisa les bras sur sa poitrine et lui répondit :

« C'est vrai que tu as monté le son un peu fort aujourd'hui. Mais je ne viens pas pour ça... »

Le jeune homme se demanda ce qu'elle pouvait bien avoir en tête quand, tout à coup, il la vit se pousser de la porte. Aussitôt, il sursauta de frayeur en voyant l'objet au seuil de la porte : une immense paire de ciseaux flottant dans les airs. Il tourna les yeux vers sa mère et lui dit d'une voix courroucée :

« Je te l'ai déjà dit, Maman ! Si tu comptes utiliser ça pour me couper les cheveux...

- Bien sur que c'est pour ça ! L'interrompit-elle. Å quoi penses-tu qu'ils vont servir ?Å tondre l'herbe du jardin ?

- Je préférerai..., marmonna-t-il, boudant tel un enfant de cinq ans.

- Mais enfin, Bill ! Regardes la longueur qu'ils ont atteints ? Tu veux te les faire pousser jusqu'aux pieds et t'emmêler dedans ? Tu serais tellement plus mignon avec des cheveux courts...

Bill se leva du lit, massa ses tempes doucement et dit d'une voix forte :

« Maman ! Je te rappelles que je suis adulte ! Si j'ai envie d'avoir les cheveux longs, c'est mon droit !
- Tu es peut-être un adulte mais pour le moment, tu vis sous mon toit ! Donc, tu dois suivre mes lois !

Tes lois ? Mais enfin, maman, il n'y a aucun rapport entre tes lois et mes cheveux ! Je me répète, je suis un homme adulte et responsable. Je suis capable de prendre mes propres décisions. J'ai toujours été respectueux envers toi, et je ne t'ai jamais désobéi.

- Bill...

- Mais écoutes-moi bien, la coupa-t-il, avec tout le respect que je te dois, maman, si tu oses toucher mes cheveux, ne serait-ce que les raccourcir d'un centimètre, je te jures que tu le regrettera. »

Et sous les yeux ébahis de Mme Weasley, il avança à grand pas vers la porte qu'il ouvrit puis claqua d'un coup sec. Se passant la main dans ses longs cheveux roux, il soupira. Perdu dans ses pensées, il ne vit pas la personne qui avançait dans le couloir. Il y eut un grand bruit, et sans qu'il ne sache comment, Bill se retrouva sur les fesses. Avant qu'il ne puisse comprendre ce qui lui arrivait, une voix se fit entendre :

« Mais enfin, Bill Weasley ! Tu ne peux donc pas regarder où tu marches ? »