Prologue :

Au départ, elle ne voyait rien, n'entendait rien, ne sentait rien … C'était le noir complet.

Elle ne se souvenait de rien, avant cet instant. La seule chose dont elle était sûre, c'est qu'elle venait tout juste de naître.

Au début, elle s'inquiéta un peu de cette amnésie… Était-ce normal ?

Puis un son trouva son chemin dans son oreille, la calmant peu à peu.

Un son léger et doux. Un clapotis continu, répétitif mais apaisant…

Gardant les yeux fermés, elle essaya d'écouter et de sentir son environnement…

Elle savait qu'elle était allongée sur ce qui semblait être… de l'herbe ?

Elle prit conscience que ses pieds, nus, trempaient dans l'eau jusqu'aux chevilles.

Lentement, elle bougea sa main sur le sol qui l'entourait.

Sous ses doigts fins, elle sentit la verdure naissante venant de la terre, lisse et légèrement humide de rosée.

Elle écouta…

Entendit le bruissement caractéristique des grillons et des feuilles d'arbre se balançant au rythme du vent, étouffés par le bruit du flux d'eau voisin.

Elle sentit l'odeur de la terre humide, des pâquerettes nouvellement nées et du bois lui chatouiller les narines.

Elle était bien… Et n'aurait jamais voulu bouger de là où elle était.

Soudain, elle se sentit tirée doucement vers le haut par une force invisible, ce qui la fit sursauter.

Ses doigts quittant l'herbe neuve, elle se retrouva petit à petit en position verticale, les paupières toujours closes.

Puisqu'elle continuait à s'élever au bout de plusieurs secondes, la curiosité l'emporta et elle ouvrit les yeux.

La première à voir ses prunelles fut la lune.

Elle était… énorme, c'est le cas de le dire.

Une gigantesque boule, d'un blanc nacré dans cette nuit au ciel complètement dégagé qui semblait noir d'encre tant l'astre céleste ressortait.

Elle observa la jeune fille avec un sourire tendre…

Ladite jeune fille observa les alentours, remarquant qu'elle était perchée à plusieurs mètres au-dessus d'une vallée, et écarquilla les yeux lorsqu'un rayon blanc bleuté se posa avec douceur sur son visage, et qu'une voix emplie d'une sagesse infinie, s'immisça dans son esprit ;

« Désormais, tu répondras au nom d'Emmanuelle, l'Esprit du Printemps. »