Auteuse : Lupiot
Disclaimer : Evidemment le personnage de Voldemort appartient à JKR (très chère JKR...), ainsi que le pitit Harry. Mais je doute qu'ils apparaissent jamais tels que je les ai fabriqués dans un seul des tomes Harry Potter (étant donné qu'il reste pu que le 7, je prend pas tellement de risques...), donc en quelque sorte, ils sont à moi. :P . Pour les procès, on repassera, hein ! je me fais pas un kopeck sur ce que j'écris...
Note : J'aime tous les commentaires. Et puis c'est ma première fic du genre...
Petit, chapitre 1
-Harry Potter, si un jour vous rencontrez quelqu'un qui soit en mesure de vous prémunir
contre un Avada Kedavra, faîtes-moi signe.
(Chapitre 9)
Il sentit son cœur s'enserrer de glace et se souvint... Cela faisait quelques jours seulement... Un soupir torturé transperça sa poitrine et des yeux rouges, un masque froid, s'ouvrirent sur le monde. Le corridor était parcouru de frissons qui semblaient chatouiller les colonnes de leur pied jusqu'à leur sommet. Cet endroit serait gênant pour n'importe quel être humain : on pouvait y sentir sans vraiment le nommer ce désagrément que cause le blanc des hôpitaux. L'homme au yeux rouges, si jamais il avait été un homme, ne parcourait pas un hôpital, ni même une salle blanche, ni encore un cimetière, non. Ce lieu était un espace ouvert sur la campagne - ou la montagne - environnante, on ne le savait guère - peut-être n'était-ce pas si ouvert que cela - un manoir, avec ce que cela aura toujours de pompeux, et de longs corridors à demi à ciel ouvert du côté Est. Du côté donc, où le soir quand le plus de silhouette se profilaient entre les colonnes, aucune autre lumière ne perçait que celle des yeux angoissés des Mangemorts. Les mangemorts ont des regards angoissés. Humides, angoissés ; ceci quand ils ne sont pas humbles. Mais les Mangemorts ont ces regards uniquement en ce lieu, le repère de Vous-Savez-Qui comme le titrent si bien les journaux catastrophes. Voilà. Dans ce décor se déchirent vies et morts - car on peut torturer les morts.
Et aujourd'hui, dans ce même décor, se déchire silencieusement le cœur d'un tueur.
Des cris retentissaient dans le lointain du réveil de l'enfant. Dans son lit de bébé, il se mit debout sur ses jambes encore peu stables, bascula et retomba lourdement sur le derrière. Les bruits continuaient et intrigué, l'enfant se redressa péniblement et s'agrippa aux barreaux.
-Pas Harry, pas Harry, je vous en supplie, pas lui ! implorait sa mère
Une voix aiguë, glacée, répondit agacée.
-Pousse-toi, espèce d'idiote... Allez, pousse-toi...
Deux personnes déboulèrent avec fracas dans la pièce, faisant cligner des yeux le bébé.
-Non, pas Harry, criait Lily Evans, je vous en supplie, tuez-moi si vous voulez, tuez-moi à sa place...
L'enfant perçut des mouvements, des gestes désespérés d'un côté, exaspérés de l'autre.
-Non, pas Harry, je vous en supplie ! Ayez pitié... Ayez pitié...
Un bruit insolite, un rire froid, parvint aux oreilles du bambin. Puis une lumière verte l'éblouit. Sa mère hurla, et il n'entendit plus rien.
Des larmes d'inquiétude et d'incompréhension embuèrent ses yeux, et comme il le faisait à toutes ses siestes au grand damne de ses parents, il escalada la barrière de son lit, l'enjamba et se laissa tomber doucement de l'autre côté.
La présence de l'Autre le gênait.
A petit pas bancals, le bébé avança jusqu'au corps étendu de sa mère tomba assis au niveau de son visage, auquel il commença à faire la conversation dans une sorte de tristounet babillage interrogatif.
L'Autre s'avança de la longue et venteuse silhouette noire, prononça deux mots dans lesquels l'enfant reconnu son nom, s'approcha. Il s'approcha jusqu'à ce que le bébé puisse sentir son souffle froid sur son visage, jusqu'à ce qu'il doive plisser les yeux, gêné par la lueur rouge des siens, jusqu'à ce qu'il le regarde de cet air apeuré et avec ces yeux humides qu'avaient la plupart de ses victimes, et là, il leva la baguette.
Et juste avant l'instant fatidique le tueur sentit une petite main chaude se poser sur sa poitrine. Il entrouvrit ses lèvres quasi inexistantes, retenant inconsciemment sa respiration devant le regard indéchiffrable pour lui de l'enfant, tandis que se bousculait dans son esprit et en tout sens toutes ses idées préconçues, son froid raisonnement clinique et l'horripilante, inconnue, perturbante, sensation de cette main humaine sur lui. Ses fibres nerveuses lui intimaient de projeter sa victime contre le mur : elle s'écraserait dans une masse sanguinolente et s'en serait fini de cette prédiction à laquelle il croyait malgré lui. Son cerveau n'intima rien, siffla juste d'une voix stridente quelque chose comme Tue-le. Et alors qu'il allait s'exécuter, exécuter, il sentit la petite main chaude se lover contre son cœur et entrevit un bras se tendre vers son visage et vit ces yeux - ces yeux...
La froideur de Voldemort...
Deux jours. Son visage disparaissant dans les ombres des plis de son capuchon noir, le bruit de ses pas résonnant de façon sinistre à travers les couloirs de larges dalles, Lord Voldemort se rendait à la salle du trône. Un sifflement - fourchelang. Ses fidèles s'écartèrent humblement en s'inclinant sur son passage. Le Maître avait l'endoloris facile ces temps-ci. Deux lourds panneaux de bois orné, un battant qui s'ouvre en grinçant, deux pas qui claquent, une porte que l'on referme.
Une main squelettique caressa la courbure de la sculpture d'un serpent. Voldemort prononça un sort et dans un bouffement d'air des flambeaux s'allumèrent le long des murs, et tout au bout de l'immense et sombre pièce apparut au faible éclairage le petit corps d'un enfant recroquevillé dans un immense trône de marbre. Voldemort tiqua. Potter avait dû grimper là pour il ne savait quelle raison - sans doute simplement que quelqu'un de seul dans une immense salle peu accueillante s'assoit nécessairement sur le trône s'il y en a un - il n'en savait rien, son intelligence lui disait seulement de tuer cet enfant au plus vite. Compte tenu de l'acharnement que Dumbledore lui-même avait mis à le protéger, son importance ne faisait aucun doute. Le doute. Voilà justement ce qui était monté en lui cette nuit d'Halloween. Ou bien alors quelque chose de plus dangereux, ce qui amenait à la même conclusion que l'avaient mené ses pensées, durant les deux derniers jours. Tuer ce môme. Tuer ce môme habile et manipulateur - non, manipulateur lui plaisait, disons uniquement habile et dégoulinant de mièvrerie - il s'en voulait de penser ça - que pouvait-il faire ? - il voulait vraiment le tuer, une rage froide montait en lui quand il le voyait - ce môme !... - le tuer alors ! - oui, mais - pourquoi mais ?
Voldemort était immobile, impassible. A l'autre bout de l'interminable salle se profilait le petit tas blotti contre la pierre du siège seigneurial. L'enfant avait l'air endormi. Pourquoi mais ?
Il n'était pas près. Lord Voldemort n'était pas près à tuer ce petit tas endormi. Agacé, très agacé, il se dit qu'il penserait encore une journée. Il ressortit et la pièce fut de nouveau plongée dans l'obscurité.
HP-LV-HP-LV
Un hurlement déchira l'air, le mangemort tomba à genoux. Il cria de douleur, cria, cria encore, son corps se tordant sur les dalles froides.
Voldemort, affalé sur le grand siège de pierre qu'il avait fait installer dans l'aile récemment emménagée du manoir, leva un peu sa baguette pour réintensifier le sortilège. Supplicier lui calmait les nerfs, et en ce moment, les nerfs du Lord Noir avaient grand besoin d'être calmés. Pourquoi ? Parce qu'un bataillon de ses meilleurs mangemorts s'était fait écrasé par une troupe de l'Ordre du Phénix , parce que le grand barbu l'agaçait à lui tenir tête, à l'appeler Tom, parce que deux de ses meilleurs éléments était tombés, parce que cinq autres attendaient actuellement le baiser d'un détraqueur, parce qu'une de ces magnifiques colonnes du manoir s'était écroulée hier, trop vieille, parce qu'il pleuvait et qu'il exécrait la pluie, parce que la campagne - ou la montagne - autour était affreusement mouillée, parce que sa cape préférée était déchirée. Il torturait ce mangemort, donc.
Parce que, aussi, il n'avait pas tué le petit.
Le Mage Noir se dressa rageur et intensifia encore le Doloris.
Le mangemort hurla si fort que sa gorge se brisa. Il continua à souffrir en silence.
Deux semaines que Potter grelottait dans l'immense et sombre salle du trône. Voldemort n'y entrait même plus. C'était la raison de ce nouveau trône en quelque sorte, enfin, de l'occupation de ces nouveaux quartiers du manoir : il ne voulait plus mettre les pieds dans cette salle tant qu'il y aurait ce gosse. Tout cela l'énervait au plus haut point. Il avait confié à Bellatrix la charge d'y entrer à sa place. Pire que de ne pas oser lui lancer le sortilège de mort, ne pas oser le laisser dépérir... pourquoi ? Ç'aurait été si simple, laisser un enfin mourir de faim...
Le mangemort poussa un râle d'agonie et avant que son maître n'ait eu le temps de lever le sort, il était mort. Voldemort poussa un soupir d'exaspération. Tout allait de travers ! Ce n'était pas normal que tout aille de travers dans Son manoir.
-Bellatrix, appela La voix. Cesse de nourrir Potter. Bloque la porte de la Salle du trône et fais en sorte qu'on oublie qu'elle existe.
-Bien Maître.
Si simple... Il suffisait de le dire, de le dire à haute voix, c'est tout... L'insupportable mioche serait mort d'ici quelques jours. Quel âge avait-il ? Deux ans ? Un peu moins sans doute... déjà faible... Il serait une affaire réglée dans trois, quatre jours au plus. Un poids libéré des épaules, Voldemort se retira dans ses appartements.
HP-LV-HP-LV
Cinquante-huit heures passèrent, et le Seigneur des Ténèbres s'éveilla au milieu de la nuit. Des petits sanglots et des reniflements (malgré le lourd panneau de bois de la Salle où Potter était enfermé, malgré les longs corridors qui séparaient sa prison de la chambre de Voldemort, malgré le vent qui soufflait doucement et aurait dû emporter loin de Ses oreilles les pleurs de l'enfant) réveillèrent le Maître.
Il se leva, parcourut le chemin d'un pas rapide et ouvrit d'un geste sec la porte de la Salle du trône. Son regard lançait des éclairs et il était plus déterminé que jamais à tuer l'insolent. Le petit s'arrêta aussitôt de couiner. Il s'approcha, tout reniflant, ses grands yeux verts levés vers le visage de son geôlier encore et toujours à demi dissimulé par les ombres, agrippa de ses petites mains les robes noires et enfouit sa tête entre les genoux du Lord noir.
Celui-ci resta immobile, droit comme un i.
Au bout d'un moment le petit releva son visage plein de morve et adressa un regard incroyable à Voldemort. Un regard mouillé qui disait : 'Dis, le grand, j'ai faim'.
Le mage noir resta de marbre.
'Dis, le grand, j'ai faim'
'Dis, j'ai faim'
'J'ai faim'
-'ato ?
Voldemort tomba des nues.
Un regard angélique.
-T'as gâto ?
Voldemort re-tomba des nues.
Il alluma d'un geste les torches au mur. Marcha au travers de la pièce et leva toutes les condamnations de Bellatrix sur les portes, les passages secrets. Avança jusqu'au trône. D'un murmure glacé, appela le gamin. Qui grimpa sur ses genoux. Qui demanda nouveau un gâteau parce que les enfants ne se laissent pas mourir de faim, et parce que celui-ci n'aimait pas qu'on ne le prive de la nourriture qu'il quémandait. Voldemort lui donna ce qu'il réclamait. L'enfant le gratifia d'un sourire lumineux. Et se glissa contre lui.
Et se...
Glissa.
Contre.
Lui.
Quelque chose de chaud vient se lover encore entre les tissus noirs et fit regonfler sa poitrine.
Petite main sur cœur de glace, demande asile.
