Bien le bonjour mesdemoiselles,

Eh oui, finalement, la suite est là. Try Again (le titre est évidemment une référence au jeu vidéo) retranscrit les évènements qui se passent deux ans après l'île, les héros ont donc l'âge qu'ils possèdent dans FFXIII. J'avais songé à une suite dès le post du 3ème chapitre, et depuis, l'idée a vraiment mûrit dans mon esprit, je sais exactement où me rendre avec ces fabuleux protagonistes. Cette fois par contre, ce sera beaucoup plus long, j'ai fait le détail des évènements dans les premiers chapitres, et sans être à la moitié de l'intrigue, j'en suis déjà à plus de 11 chapitres… Donc une histoire beaucoup plus longue, mais toujours une dizaine de pages par post. Vous aurez de la lecture, soyez en certaines.

La difficulté première étant néanmoins de faire un texte égal ou mieux que Game Over. Je suis vraiment surprise du succès que mon histoire a eu, et je crains vraiment de faire quelque chose de nul à côté. Mais j'ai pris goût à ce petit risque je crois. J'avais envie d'explorer davantage les personnages, les traumas des uns, le futur des autres, la vie qui se poursuit et celles qui peine à avancer après l'île. J'aime le voyage, donc si vous acceptez de prendre le risque, vous allez voir du pays, je peux vous l'assurer !

Bien évidemment, vous vous en doutez, je vais aussi plus m'intéresser à la relation Lightning/Fang, puisque c'est quand même pour ça que nous sommes toutes là. Je ne vais rien vous dire sur ce que je compte faire avec elles, juste qu'elles ne vont pas avoir une histoire de tout repos.

J'essaie de faire quelque chose de très cohérent, il y aura sûrement des choses bancales, ou un peu maladroites, mais si c'est le cas, n'hésitez pas à me le faire remarquer, je ne pense pas à tout parfois… Certaines choses que j'ai évoqué dans le dernier chapitre et qui a apparemment laissé certaines d'entre vous sur leur faim seront très légèrement abordé, je tente de ne pas laisser trop de zones d'ombres non gérées.

Je tiens à vous remercier toutes pour vos commentaires, vos avis pour avoir la suite. Merci à Arya12, AerinVolk, DarkkLight9, noicz, Dahkyn, Laine55455, RandomReader, RiseOfPhoenix, l'Inconnue, Tache de Son, Syxtine…

Désolée si j'en ai oublié ou si j'ai mal écrit vos pseudos, l'intention y était.

Maintenant je vous dévoile Try Again. N'oubliez pas de me laisser vos avis à la fin, ils sont le meilleur carburant qu'un auteur puisse rêver.

Disclaimer : Les personnages appartiennent à Square Enix.

Bonne lecture !

Swynn.

Chapitre 1 : Tes cicatrices

Elle courrait, sans pouvoir empêcher la pluie de tomber sur son visage, cette eau sale qui rendait la terre boueuse sous ses pieds. Sa respiration était suffocante, elle avait mal aux jambes, se traînait en avant avec une force désespérée. Des coups de feu résonnaient autour d'elle. Un éclair de douleur perça sa chair. Elle hurla, ses pieds ne surent plus la porter et elle tomba, ouvrant les yeux sur la mer tout autour d'elle, des bulles qui sortaient de sa bouche et des relents rouges montant de son corps. Le sel piquait chaque fragment de son être. Ses membres étaient trop lourds, elle ouvrit la bouche pour hurler, pour chercher de l'air, mais rien ne bougeait, ses mains refusaient de la faire sortir de là. Elle s'enfonçait dans le noir, hurlant pour qui voulait bien l'entendre.

Elle heurta le fond de la mer, dans le noir, les yeux clos, suppliante pour que la douleur s'arrête. Lorsqu'elle ne sentit plus d'eau sur son visage, ses paupières s'ouvrirent. Ce soleil. Il tapait sur son corps sec, elle avait mal au dos. En baissant le regard sur ses jambes, elle les vit brûlées, la chair à vif, brillante sous la lumière impitoyable. Et puis un torrent de souffrance se déversa en elle. Ses doigts étaient recouverts de sang. Elle se rendit compte de la présence du couteau qu'elle serrait de toutes ses forces contre elle, et dans un geste paniqué elle le jeta au loin.

Droit dans une poitrine qui se couvrit peu à peu de rouge, et ses yeux océaniques la fixaient tandis que le corps de la blonde chutait sur les genoux, regardant la blessure la déchirant davantage à chaque seconde, un air de reproche sur le visage :

- Regarde ce que tu as fait. Dit-elle simplement.

Et puis elle s'effondra.

Fang se rua vers elle, ignora la douleur dans ses jambes qui peinaient à la porter. Elle saisit ce corps sans vie, percé de trois balles laissant s'écouler une mer de sang. Mais à peine ses mains eurent-elles saisit la jeune femme qu'elle se dissoudait sous ses yeux, coulant entre ses doigts, et son image disparue, malgré ses supplications, ses tentatives pour la retenir, la garder près d'elle. Une sensation froide s'appliqua contre son cou, en levant les yeux elle vit son père, se tenir là, un fusil en joug, dardant sur sa progéniture un sourire mauvais.

Il pressa la détente et Fang hurla.

Son cri résonna dans l'appartement, résonnant dans sa chambre alors qu'elle venait de se redresser, en sueur, le souffle court. Il lui fallut plusieurs minutes pour se rappeler où elle se trouvait. Décrispant les dents et les poings, elle se laissa doucement tomber en arrière pour se passer les mains sur le visage. Il n'y avait pas une semaine sans que ça arrive. Pas une fichue semaine sans que les démons la rattrapent. Depuis deux ans elle sursautait aux moindres bruits suspects quand elle était seule, elle avait même fait une crise de panique en allumant un moteur au garage.

Les draps lui semblaient lourds sur ses jambes. Elles lui faisaient mal. Tellement mal. Mais il n'y avait que des vilaines cicatrices, les médecins disaient qu'elle était guérie. Elle ne cessait pourtant d'être réveillée la nuit par cette douleur lancinante dans sa chair, jusque dans ses os, et encore on lui disait qu'elle l'imaginait, que ce n'était que le fruit de son imagination. Les séances chez les psychologues n'avaient rien changé, si ce n'est lui faire comprendre que le cauchemar était terminé. Oui finit. Dans le réel. Mais pas pour son esprit.

Elle vivait seule, ne pouvant plus supporter de réveiller sa sœur et sa mère à chaque crise, elle disait qu'elle avait besoin d'avoir un chez soi, mais c'était surtout éviter de les inquiéter qui la tarauder. Elle donnait toujours l'impression d'aller mieux, d'aller même bien, pourtant quand les ombres de son esprit commençaient à se manifester de nouveau, il était impossible de les ignorer.

Les images continuaient d'affluer derrière ses paupières, elle crispa ses ongles dans ses cheveux, se recroquevilla, enfouissant son visage sous les draps en désespoir de cause.

Que ça s'arrête… Juste que ça s'arrête… répétait-elle pour elle-même, se balançant légèrement d'avant en arrière. Que ça cesse…

Mais jamais ses supplications ne fonctionnaient.

X

- Vanille !

- Serah !

La mécanicienne attrapa la valise de sa sœur pour la laisser sauter dans les bras ouverts de la jeune Farron, la serrant contre elle dans une étreinte qui ravit Jaw près d'elle. Il était toujours incroyable de voir à quel point les deux filles s'étaient tout de suite attachées l'une à l'autre, depuis leur première rencontre à la clinique, il y avait deux ans de cela. Maintenant, Serah avait repris des couleurs, elle semblait plus enjouée, et la présence de son amie y était forcément pour quelque chose. Vanille profitait des week-ends et des vacances pour passer la voir. Elles parlaient pendant des heures sous les yeux hagards de la brune qui se contentait de sourire, heureuse de voir la lumière de sa jeune sœur arriver à supporter Serah dans son handicap. Snow les salua gentiment, serrant doucement la brune dans ses bras au passage, lui disant qu'il était très content de la voir.

C'était un commun accord entre eux, de ne plus en parler, de se contenter de vivre, d'avancer. De tenter de ne plus y penser. Mais à chaque fois qu'ils se retrouvaient, les images revenaient, inlassablement, de la souffrance de l'autre, de leur cauchemar commun et mutuel.

Jaw les regardait, un peu à l'écart, voyant la faiblesse dans le regard de son aînée qui demeurait pourtant le plus joviale possible, taquinant déjà Serah sur tout un tas de sujets, s'attirant les foudres de Vanille qui s'attaquaient gentiment à sa sœur. Le rire de la jeune Farron résonna dans l'aéroport. Les gens qui passaient autour de leur petit groupe devaient vraiment se demander d'où sortaient ses fous.

- Comment vas la future mariée ? demanda Fang, frottant les cheveux de la rouquine dans ses bras.

- Comblée mais nerveuse. Dit Serah, tout sourire.

- Tu m'étonnes, c'est un grand évènement. Il va y avoir du monde en plus, je crois savoir que tu as invité ton médecin et les infirmières de la clinique ?

- Oui. Ils sont vraiment très gentils avec moi. Je tenais à les remercier pour les progrès qu'ils me font faire.

- On va parler médecine toute la cérémonie alors ?

- Je n'espère pas !

Le cas de Serah était devenu moins douloureux à évoquer. Chacun faisait son possible pour l'aider, lui apporter du soutien, du réconfort, et la jeune femme allait mieux, elle en parlait sans avoir l'air aussi triste qu'avant. Snow l'accompagnait toujours à la clinique où elle ne restait plus tout le temps. Ils avaient emménagé dans un petit appartement de Hong-Kong, tous les deux. Il travaillait comme serveur dans un bar du centre-ville, la nuit. Le jour il le passait avec sa fiancée, faisant de son mieux pour lui changer les idées en l'emmenant dans des parcs d'attractions ou au cinéma. Le grand blond se passa une main nerveuse sur le visage, jetant des regards un peu partout autour de lui. Ce détail ne passa pas inaperçu aux yeux de Fang :

- Un problème Snow ?

Il posa ses yeux pâles sur elle, déglutit. Ce fut Serah qui répondit pour lui, prenant la main de son futur époux avec tendresse et compassion :

- Il a peur depuis ce matin, j'ai beau lui dire que ça va bien se passer, il angoisse.

- La trouille du fiancé pour le grand jour ?

- Pire que ça. Souffla le blond, la gorge serrée. La peur pour la belle-sœur qui ne va pas tarder.

C'est justement à ce moment précis qu'un appel résonna dans le hall de l'aéroport, annonçant qu'un avion en provenance de Tokyo venait d'atterrir. Le blond se raidit, n'osant même plus regarder autour de lui. Fang étouffa un rire moqueur sous un coup de coude de la part de Vanille.

- Les rapports sont toujours aussi polaires c'est ça ? demanda-t-elle, taquine.

- Arctiques. Rétorqua Serah, un petit sourire mal à l'aise sur le visage.

Le visage de la jeune Farron s'illumina soudain, et la brune ne put s'empêcher de pivoter sur ses talons, son cœur ratant un battement quand elle aperçut cette chevelure tellement reconnaissable. Un flot de passagers sortaient des couloirs, et elle se faufilait entre les groupes, le visage impassible, dardant sur le monde un regard neutre et stoïque. La militaire crispa un peu sa main autour de la courroie de son sac de voyage, posé sur son épaule et qui semblait presque vide. Claire détestait les endroits trop peuplés. Cette pensée étira un sourire sur les lèvres de Fang.

Les yeux polaires balayèrent la foule dans l'aéroport, avant de se poser enfin sur eux, et elle marcha résolument dans leur direction. Serah sautillait sur son fauteuil, ravie de voir sa sœur. Quand la militaire les rejoignit, sa main serra celle de Jaw avant de se faire entraîner dans un étreinte maternelle à laquelle elle n'était toujours pas habituée. Devant son inconfort, la mécanicienne eut un sourire moqueur, juste avant de lâcher Vanille. La rouquine profita de l'instant où Jaw lâchait Claire pour se jeter autour de son cou, manquant de faire tomber la jeune femme dans le processus.

- Bonjour Claire !

- Bonjour Vanille.

- Tu devrais éviter de serrer trop fort, les humains ont besoin de respirer tu sais… Même si on se demande tous si Sunshine fait partie la même espèce que nous. Dit Fang à sa sœur.

La rouquine se recula en s'excusant, laissant une militaire toujours aussi crispée, reprenant peu à peu possession de son espace personnel. Les yeux océaniques rencontrèrent bientôt les émeraudes, et l'ombre d'un sourire poli passa sur le visage de Claire. Elle posa une main fine sur son épaule, dans un geste typiquement Claire Farron. Mais Fang savait qu'elle devait prendre ça comme un « bonjour ». Elle fut tout de même amusée quand la blonde lui souffla un « merci je te revaudrais ça » avant de se tourner vers sa jeune sœur et de mettre un genou à terre pour la prendre dans ses bras.

La brune les observa, trouvant ce moment toujours aussi touchant. Elle se souvint quand Claire faisait le mur pour aller voir sa sœur dans sa chambre lorsqu'ils étaient à la clinique. A chaque fois, c'était comme si elles ne s'étaient pas vu depuis des mois. C'était d'ailleurs la seule personne dont la blonde acceptait l'étreinte en public.

- Mon avion avait du retard, désolée. Dit-elle en se redressant après un moment, ne lâchant pas la main de sa sœur.

- On a eu le temps de bavarder, hein Snow ? se moqua Jaw, aussi piquante que son aînée.

Le blond se raidit quand les yeux meurtriers de la militaire se posèrent sur lui, dans une menace silencieuse évidente. Voyant son fiancé en mauvaise posture, Serah tira sur la main présente dans la sienne, attirant de nouveau l'attention de sa sœur sur elle :

- Alors ? Tu as eu ta réponse ?

- Oui. Dit simplement Claire.

- Et ?

- Je suis promue Sergent en chef.

La jeune Farron eu un sourire fier, félicitant la nouvellement gradée comme tous les autres. Fang resta un peu à l'écart, avec sa mère, laissant les autres entourer la blonde toujours aussi mal à l'aise devant l'attention collective. Elle sentit le regard insistant de sa mère sur elle et tourna la tête dans sa direction, curieuse :

- Maman ?

- Quand est-ce que tu vas lui dire ?

- Dire quoi ? A qui d'abord ?

- Au nouveau sergent, que tu en pinces sacrément pour elle.

La mécanicienne fronça les sourcils, croisant les bras. Réflexe défensif. Jaw ne manqua pas de le remarquer puisqu'elle souriait déjà :

- J'en pince pas pour elle maman.

- Ah non ? Qui est-ce que tu espères tromper avec ça ? Je suis ta mère, et je vois bien comment tu la regardes.

- Je la regarde comme tout le monde enfin !

- Oui bien sûr. Si tu avais fixé l'hôtesse de l'air de la même manière, je pense qu'elle ne t'aurait pas laissé descendre de l'avion.

- Maman…

- Pourquoi tu ne lui dis pas ? Vous avez eu quelque chose sur l'île.

- Comment tu sais ça ?

- J'ai mes sources.

- Vanille. Je vais lui tordre le cou.

- Ne t'en prends pas à ta sœur chérie, tu la connais, elle ne résiste pas aux réglisses.

- J'ai été vendu pour des sucreries… C'est humiliant.

- Alors ? Pourquoi tu ne lui dis pas à ton sergent ?

Fang soupira, regardant Claire qui écoutait sa jeune sœur lui raconter tout un tas de choses, enjoignant parfois Snow à ajouter quelques choses. Elle avait toujours ce regard rempli de tendresse pour elle, n'écoutait qu'elle, avec une attention aimante, patiente, douce… Le cœur de la brune jalousait un peu ces yeux-là, cet air de ne voir qu'une seule personne. Au fond, malgré toutes ses réticences, les limites qu'elle se donnait, quelque chose lui donnait envie de voir cette attention posée uniquement sur elle, que la recrue la regarde comme ça elle aussi. Claire avait cette aura de force tranquille, beaucoup moins froide quand on la connaissait. Elle arrivait à apaiser l'électricité autour d'elle juste en se trouvant là. Elle parvenait à calmer l'agitation désordonnée. La mécanicienne eu un soupir noué, un petit sourire lointain sur le visage. La seule chose qu'elle put dire à sa mère lui comprima l'estomac :

- C'est compliqué maman.

Jaw jeta un regard à sa fille, à cette gêne discrète qui apparaissait sous l'habituelle aisance. Fang se tenait mal sur ses jambes, l'air parfois douloureux, comme si elle se remémorait ses brûlures qui n'avaient laissé que des cicatrices. Leur petit groupe finit par se réveiller pour se mettre en route vers la sortie de l'aéroport, néanmoins Jaw ne put s'empêcher de songer à l'ironie de cette situation entre sa fille et la militaire. Survivre sur une île peuplée d'assassins était possible, mais dire simplement ce qu'on ressentait devenait compliqué.

- Ah la jeunesse… souffla l'aînée du groupe, emboîtant le pas aux autres.

X

L'agitation des mariages. L'impatiente des convives. Les murmures sur qui est qui. Le marié qui est tendu, cherchant à s'occuper pour éviter de paniquer. Sazh donna une tape réconfortante dans l'épaule de Snow, évitant de rire devant ses gestes nerveux. En dix minutes, il avait renversé son verre d'eau, s'était pris les pieds dans une chaise, avait manqué d'assommer une invitée dans un grand mouvement de bras mal contrôlé… L'ex-garde du corps lui dit de rester où il était, de ne pas bouger et de surtout se calmer. Comme quoi tout allait bien se passer, qu'elle allait venir.

Evidemment que Serah viendrait. Ce n'était pas l'absence de volonté de la fiancée dont Snow devrait se méfier, mais plutôt de la réticence de sa future belle-sœur qui n'avait que quelques minutes pour tenter de kidnapper sa sœur. Sazh se fraya un chemin entre les quelques convives, rejoignant Fang qui regardait autour d'elle avec un sourire amusé :

- Il tient le coup ? demanda-t-elle lorsque le grand noir se planta à ses côtés.

Elle était ravissante. Dans une robe dos nu bleue fluide qui coulait jusqu'au sol, dans des drapés délicats, sans fioritures, sans extravagance. Mais Sazh comprenait sans mal pourquoi depuis son arrivée, la brune s'était tout de suite faite remarquer par bon nombre d'hommes présent à la réception. Il lissa un pli sur sa veste de costume, n'appréciant pas vraiment d'être serré dans sa chemise. Ça lui rappelait ses années de sale boulot pour de grands patrons fortunés.

- Si elle a deux minutes de retard, j'ai bien peur qu'il tombe dans les pommes. Avoua Sazh, les mains dans le dos.

- Claire va sûrement faire exprès de conduire très lentement, juste pour le faire un peu paniquer. Fit remarquer la mécanicienne.

- C'est exactement ce que je me dis.

Ils se sourirent. L'avis du sergent sur le futur époux de sa sœur n'était pas vraiment un secret pour tout le monde. Elle avait vraiment tout tenté pour le faire fuir, mais il aimait trop Serah. Vanille trouvait ça romantique. Claire trouvait ça agaçant.

- Tu as du succès Fang. Glissa le grand noir, regardant autour d'eux.

Un haussement de sourcil charmeur lui répondit.

- Et toi aussi on dirait.

Il jeta discrètement un coup d'œil vers l'endroit que fixait la brune, tombant sur deux femmes d'une quarantaine d'années qui lui coulaient des regards intéressés. Leur histoire sur l'île était assez connue, et venant des infirmières de Serah qui l'avait vu souvent à la clinique lors de sa convalescence, il avait vraiment l'étoffe d'un héros. Charmant dans son costume trois pièces. Sazh avait perdu sa femme deux ans après la naissance de son fils, et il n'avait jamais songé à se remarier depuis. S'occuper de sa progéniture était son seul but, mais avec la fin des hostilités de la vie, il se posait la question.

Un choc dans sa jambe le fit aussitôt sursauter, et il attrapa le garçon qui lui avait foncé dedans, riant avec une Vanille impatiente. L'homme prit son fils dans ses bras, peinant un peu au passage.

- Alors champion ? Qu'est-ce que tu fais ? s'exclama-t-il sous les yeux de Fang.

- Je joue avec Vanille !

- Oh. Tu te rappelles ce que je t'ai dit hein ?

- Oui papa ! Les filles sont des princesses, il faut être charmant avec elle !

- C'est bien champion. Allez files.

Il embrassa le front de son fils et le déposa dans l'herbe, le laissant reprendre sa course effrénée, Vanille aux trousses, riant aux éclats. La brune envoya un coup de coude à Sazh, le tirant de sa rêverie paternel :

- Tu m'avais caché que tu te la jouais séducteur. Glissa-t-elle, un sourire espiègle sur le visage.

- Comment tu crois que j'ai eu un fils aussi fantastique hein ?

La réception prenait place dans une prairie loin de la ville. On avait installé des chaises autour d'une allée aménagée pour le fauteuil de Serah, et au bout de l'allée, au sommet d'une légère rampe un arc floral était placé, sous lequel les vœux devaient être prononcés. Des chaises bordaient les deux côtés de l'allée, là où Vanille et Dajh courrait sans pouvoir se calmer. Il faisait beau, une belle journée d'Avril. Sur les collines alentours on apercevait des rizières, quelques forêts de bambous par poignets de ci de là d'un fleuve qui coulait en contrebas de la prairie d'herbe rase.

Le prêtre appela enfin les convives à prendre place, quémandant la venue du marié auprès de lui. Sazh assit de force son fils auprès de son amie rousse avant de s'approcher de Snow, remplissant du mieux possible son rôle de témoin auprès du jeune homme complètement tendu. De sa place, la brune regardait rêveusement le ciel, se perdant dans la contemplation des quelques nuages venus de la mer, blanc sous le beau soleil de l'après-midi. Il faisait bon, à peine chaud, suffisamment pour ne porter aucun gilet sur sa robe. Les murmures continuaient autour d'elle, mais elle n'y fit pas attention, perdue au loin, dans les rizières où quelques ouvrières s'affairaient sous des chapeaux de roseaux. Elle sentait l'odeur des fleurs se mélanger à l'herbe coupée. Elle avait presque le sentiment d'être en paix. Pourtant, il y avait toujours cette douleur dans ses jambes, qui la tiraillaient parfois. Il faisait humide ici, et les cicatrices la démangeaient. Inutile de se demander pourquoi elle n'avait même pas regardé pour une robe courte. Vanille l'avait accompagné de bon cœur, grimaçant en voyant les jambes brûlées de sa sœur, triste de voir qu'elle ne regardait même pas dans la glace lorsqu'elle s'habillait.

C'était comme ça. Depuis deux ans, Fang détestait les miroirs. Avant, elle adorait se vêtir, elle était naturellement séduisante, et autant dire qu'elle appuyait un peu son talent. Mais elle n'y parvenait plus, voir ces marques dans sa chair un peu partout sur son corps, qui commençaient tout juste à se rapprocher un peu de la teinte de sa peau. Mais c'était toujours un rappel vif qu'elle n'avait pas juste fait un cauchemar.

Elle se rendit soudain compte que les murmures avaient cessé. Et que Snow avait l'air aussi raide qu'un piquet de clôture. L'espace d'un instant, elle se demanda comment serait Claire. Puis elle le sut en se tournant légèrement. La blonde sortait de la voiture, la contournait pour aller chercher sa sœur de l'autre côté. La brune resta figée dans la contemplation de cette femme, impeccable dans son tailleur pantalon, plus féminine que certaines invitées. Sa silhouette élancée franchissait chaque distance sans hésiter, avec une rigueur martiale, et dans ses cheveux roses, Serah avait dû insister pour y déposer quelques fleurs blanches, les mêmes qui apparurent sur la tête de la mariée quand elle émergea de la voiture. Claire la portait tout contre elle, pour aller ensuite s'arrêter face à cette allée. Qui paraissait soudainement très longue.

Serah serra son bras autour des épaules de sa sœur, elles se regardèrent un long moment, et puis un sourire discret étira les lèvres de la militaire. Elle se mit à marcher, doucement, laissant une longue traine blanche voleter derrière elles. Elle n'avait pas l'air de faire le moindre effort en soutenant sa sœur, d'une manière cérémonieuse, un bras dans son dos l'autre à l'arrière de ses genoux. Snow déglutit, debout avec la main de Sazh sur son épaule. L'espace d'une seconde Fang se demanda si l'homme noir l'encourageait ou le forçait à ne pas s'écrouler.

En passant à sa hauteur, Claire décocha un regard à la brune, qui dura quelques minuscules secondes avant qu'elles gravissent la rampe, les invités se tournant pour se remplir de cette réception peu commune. Quand enfin elles furent auprès du prêtre, Claire mit un genou à terre et déposa sa jeune sœur dans son fauteuil, délicatement, repoussant la robe autour d'elle. Serah posa sa main sur sa joue avant de la laisser se redresser et de faire un pas derrière elle, calquant l'attitude solennel de Sazh. L'ex-garde du corps lui adressa un clin d'œil admiratif, s'étonnant toujours de ce bout de femme remplit de force.

Snow se baissa alors, s'agenouillant pour être à la même hauteur que sa fiancée. Il leva la main entre eux, paume vers le bas, et les doigts fins de la jeune Farron se posèrent sur les siens, dans une caresse tendre, aimante. Ils se sourirent, l'un incapable de dire quelque chose tant il était sous le charme, l'autre au bord des larmes.

La cérémonie fut lente, posée, on entendait les grillons chanter dans l'herbe. Le prêtre était debout face au public, parlant de tout un tas de choses belles et romantiques qui ne laissa personne indifférent. Vanille avait des étoiles dans les yeux. Elle avait le même regard que quand elle regardait un film à l'eau de rose qui donnait à Fang des envies de vomir.

Ce mariage avait quelque chose d'irréel, jusqu'au moment où Snow tourna son épouse vers lui pour échanger un baiser cérémonieux, tendre et qui fit pleuvoir des applaudissements. Même Claire, de ça la brune en était quasiment sûre, avait esquissé un sourire.

- Tu as pris la route la plus longue pour venir n'est-ce-pas ? chuchota Sazh à l'oreille de la blonde tandis que le couple descendait l'allée sous un torrent de riz jeté sur eux.

La recrue fit mine de ne pas comprendre, ne perdant pas sa sœur des yeux jusqu'à ce qu'ils se rendent dans la grande tente blanche, montée à l'écart de la cérémonie et qui devait accueillir la suite du mariage. Quand elle ne vit plus l'éclat rose des cheveux de Serah, ses yeux se tournèrent vers la seule personne qui ne la lâchait pas des yeux, maintenant debout, lui accordant un sourire, là au milieu de l'allée.

- Je ne vois pas ce qui te fait dire ça. Mentis la blonde en descendant le long de la rampe, laissant un serveur guider le fauteuil jusqu'à la tente.

Elle rejoignit Fang, ne pouvant pas s'empêcher de se dire que cette robe lui allait à ravir. Et elle remarqua aussi les regards que plusieurs hommes leur jetaient, pas tellement innocents.

- Bonjour Fang.

- Bonjour Sunshine. Quelle classe !

- Jolie robe.

C'était toujours comme ça. Ces échanges paraissaient froids pour un œil extérieur, mais pas pour Sazh qui les observait en passant près d'elle, suivant le cœur de la fête. Dans un coin, Fang aperçut sa mère, qui devait sûrement ne rien rater de leur rapprochement, mais elle chassa cette pensée de sa tête d'un sourire, attrapant le bras de la blonde :

- Je pensais que tu jouerais la carte de la panne d'essence, je suis déçue. Murmura la mécanicienne, suivant le pas tranquille du sergent à ses côtés.

Elle perçut parfaitement le rictus moqueur de la part de sa compagne, cela ne fit que l'amuser d'avantage.

- Serah avait tout prévu, jusqu'au double des clefs dans sa robe avant de partir. Je n'ai rien pu faire, à part rouler moins vite que d'habitude. Admit-t-elle.

- Tu aurais pu refuser de démarrer.

- J'y ai songé. Mais je n'allais pas gâcher le bonheur de Serah.

- Et celui de Snow ?

- N'exagère pas Fang.

Doucement elles quittèrent peu à peu l'allée, laissant là les restes du riz et de pétales de fleurs. C'était étrange de marcher au bras de la militaire, de sentir son épaule frotter parfois contre la sienne, d'avoir cette chaleur rassurante près d'elle. La brune s'accorda un regard pour le visage de la recrue, encore sous le charme des roses blanches que Serah avait dû glisser après des heures de supplications dans les cheveux de sa sœur.

- Ça te va bien. Dit-elle, s'attirant un regard océanique.

La blonde s'apprêtait à dire quelque chose quand Vanille déboula devant elles, bondissante, attrapant l'autre bras de Fang.

- Fang ! Tu es là !

- Oui, il me semble bien. Se moqua l'aînée.

- On est assise avec Serah, tu viens ?

- Je m'apprêtais à m'y rendre, je faisais confiance à mon charmant guide pour ne pas me perdre en route.

- Bonjour Claire !

- Bonjour Vanille. Murmura la blonde, lui offrant un sourire. Tu es ravissante.

- C'est vrai ? C'est Fang qui m'a aidé à choisir ! dit la rouquine, tournoyant sur elle-même, faisant voler l'ourlet de sa robe à fleurs qui s'arrêtait au-dessus du genou.

- Fang a l'œil pour les belles choses.

La brune cessa brusquement de rire, voyant sa mère qui venait de débarquer, adressant un regard plus qu'équivoque à la recrue, soudainement plus raide.

- N'est-ce-pas Sergent Farron ? renchérit-elle, ressemblant vraiment à son aînée dans son attitude charmeuse et sûre d'elle.

- Je… commença Claire, ne sachant pas tellement quoi dire.

- Et si on allait s'asseoir à cette fameuse table ? coupa aussitôt Fang, attrapant plus fort le bras de son guide et celui de Vanille.

Ce mariage allait être vraiment un drôle de moment.

X

- Sergent alors ?

La recrue se tourna, étant sortie prendre l'air après leur dîner chez Serah et Snow. Les Yun ne tarderaient pas à retourner à l'hôtel, mais les futurs mariés avaient insisté pour les inviter chez eux, histoire de se retrouver ensemble. Claire avait passé la soirée à menacer Snow du regard, lui faisant peur dès que possible, s'attirant les protestations de sa jeune sœur.

Ça avait été une bonne soirée.

- Ça date d'une semaine. Je voulais faire la surprise à Serah. Dit la blonde, laissant sa compagne s'appuyer sur la rambarde près d'elle.

Elle avait marché jusqu'au fleuve, restant à regarder la ville illuminée et palpitante, l'esprit bien loin du moment présent.

- J'ai toujours eut un faible pour les femmes de pouvoir.

Cette réplique lui arracha un sourire discret, sentant le coude de la mécanicienne contre le sien.

- Tu as combien de jours de permission cette fois ?

- J'ai eu droit à une semaine, comme je n'avais pas pris de congé depuis plusieurs mois le Colonel s'est montré conciliant.

- C'est gentil de sa part.

- Je suppose. Je peux aider Serah pour son mariage au moins.

- Tu veux toujours tuer Snow ?

- Il la rend heureuse, je ne peux pas m'y opposer.

- Mais tu peux rendre les choses plus compliquées ?

- C'est évident.

Fang éclata de rire. La différence entre l'attitude de Claire de maintenant et durant le dîner était subtile, discrète. Elle était plus naturelle, plus sereine, moins sur la défensive. Et surtout plus loquace.

- Désolée au fait. Dit soudainement la recrue, s'appuyant un peu plus sur la rambarde, le regard perdu dans le vague.

- De quoi ? s'étonna sa compagne.

- D'être partie sans rien dire. Il fallait que je rentre à la base et je ne voulais pas te réveiller.

- Je sais Sunshine, j'avais compris.

- Je tenais juste à m'excuser.

- Merci.

Elles restèrent un long moment en silence, leurs épaules se touchant tandis qu'elles observaient la ville lumineuse, entendant parfois le son des voitures et des klaxons, quelque part dans une rue agitée. Il y avait une certaine quiétude en cet instant, un réconfort dans ce contact léger, Fang ferma les yeux, écoutant le son du fleuve devant elles et la respiration de Claire, perdue dans ses pensées.

Il lui semblait parfois que l'univers pouvait se résumer à ça, à la subtilité d'un de leurs moments, égarées toutes deux quelques parts dans la nuit, sans que personne ne daigne les déranger.

X

- Et donc vous travaillez dans la police ?

- Non. Je suis dans l'armée.

- C'est pareil non ?

Ce type commençait vraiment à l'énerver, et cela faisait à peine deux minutes qu'il s'était planté à côté d'elle, prenant l'excuse de se rapprocher du buffer pour l'accoster. Il n'était vraiment pas discret, ne cessant de la regarder sous tous les angles dès qu'il pensait qu'elle ne le verrait pas. Elle lui coula un regard sombre, espérant que ça le ferait fuir. Le problème d'être militaire, c'était ce genre de types. Il y avait deux réactions à son travail : les types que ça faisaient fuir à des kilomètres, et les accros des menottes qui arrivaient en courant. Celui-là devait faire partit de la deuxième catégorie. Il s'appuya sur le buffet, d'un air qui se voulait nonchalant, mais cela ne fit que l'agacer davantage :

- Sergent ? Impressionnant. Je veux dire pour une femme, au milieu de tous ces hommes…

Si elle lui cassait le saladier de ponch sur le crâne, est-ce qu'on l'enverrait au poste pour les prochaines vingt-quatre heures ? Remarque, passer la nuit en garde à vue pour violence serait peut-être plus supportable que ce type qui ne cessait de se repeigner les cheveux à la gomina.

- Vous devez avoir du succès à votre base militaire. Ça vous arrive de…

Elle allait lui envoyer son verre à la figure mais il fut sauvé de justesse par l'apparition de Sazh à ses côtés, tendant la main vers la blonde pour lui intimer de venir. Sans même s'excuser, elle suivait l'homme qui attendit plusieurs secondes de marche avant de se tourner vers elle et de lui tendre un verre :

- C'est le combien déjà ?

- Le cinquième. J'aurais dû prendre mon arme de service.

- J'ai vraiment cru que celui-là ne survivrait pas à son audace.

- Si tu n'étais pas arrivé, je le pense aussi.

L'homme sourit. Il avait détaché son nœud papillon et les deux premiers boutons de sa chemise, se sentait mieux. Sûrement à cause du champagne qui lui réchauffait le ventre. Ils observèrent la piste de danse où quelques invités se balançaient. Serah était dans les bras de Snow, la tête sur son épaule, se laissant porter par les pas lents de son époux. Ils avaient l'air perdu dans leur monde, ne semblant rien voir autour d'eux.

- Ta sœur a l'air heureuse. Dit le grand noir avant de boire une gorgée de sa coupe.

Même Claire ne pouvait dire le contraire. C'était un mariage vraiment réussi, et oui, sa petite protégée était bien, comblée, elle ne cessait de rire. Rien que pour ça, la recrue se félicita de ne pas avoir refusé de la conduire jusqu'à Snow.

- Je t'ai vu danser avec une femme tout à l'heure. Glissa-t-elle après un moment de silence entre eux. Elle avait l'air sous le charme.

- Ce n'est pas parce que je suis père que je dois cesser d'apprécier la compagnie des jolies femmes. Rit Sazh, mettant une main dans sa poche.

- Et moi qui croyais qu'on cessait d'intéresser qui que ce soit après soixante ans…

- Eh !

Il lui tapa gentiment le bras, s'attirant un coup d'œil espiègle de la part de son amie. Le sergent se sentait bien avec l'ex-garde du corps. Deux ans après leur cauchemar commun, ils étaient restés très liés, un peu comme un père et sa fille. Sa douceur paternelle était un plaisir pour Claire, qui aimait beaucoup le voir jouer avec Dajh, son jeune fils. Ils se parlaient souvent par mail lorsqu'elles étaient en mission, même en trois lignes il lui apportait un soutien et une affection évidente.

La musique changea, et ils virent Fang émerger de la piste de danse, aillant finit par convaincre Vanille qu'elle devait vraiment faire une pause. Elle aurait vraiment dû porter ses foutues chaussures avant la réception. Apercevant Claire et Sazh, elle se dirigea vers eux, attrapant le verre dans les mains de la recrue pour en boire quelques gorgées.

- Ne te gêne pas hein ? s'offusqua la blonde.

- Tu es si généreuse Sunshine. Vanille n'arrête pas de me faire bouger, elle a trop d'énergie.

- Et c'est moi le vieux après ? se moqua Sazh.

- Sympa ta cavalière d'ailleurs, tu lui as tapé dans l'œil.

- Merci Fang, notre cher Sergent me disait justement qu'elle en était surprise. Rapport à mon âge n'est-ce-pas Claire ?

Un sourire amusé lui répondit, sous les yeux émeraude de la brune. Sa compagne avait l'air plus détendu qu'en début d'après-midi, l'alcool et la compagnie de l'homme devait y être pour quelque chose. Elle lui reprit la coupe des mains et bu une lampée de champagne, la redonnant à Fang sans même s'en rendre compte. La brune sentait toujours le regard de sa mère sur son dos, comme l'incitant à tenter une approche avec la soldate. Elle avait détaché un bouton de sa chemise, remonté les manches de sa veste et se tenait un peu moins crispée.

Décidément ce tailleur lui allait à merveille.

Ils parlèrent un moment avant que la cavalière de Sazh ne revienne à la charge, se glissant contre lui pour lui quémander une danse qu'il lui offrit avec un sourire charmeur. Et un clin d'œil pour ses deux amies qui le regardèrent s'éloigner, toutes les deux admiratives :

- Veinard.

- Comme tu dis.

- J'en suis à sept à propos. Finit par confier la mécanicienne, se plaçant à côté de la recrue.

- Ah. Seulement cinq pour moi. Ils t'ont tous demandé pour le cambouis ?

- Tous. Le dernier a beaucoup insisté sur sa banquette arrière.

- Nous avons affaire à des poètes.

- C'est indéniable.

C'est à ce moment que deux autres types se plantèrent devant elles, se donnant des coups de coudes mutuels comme si elles ne pouvaient pas le voir. Fang coula un regard à sa compagne, croisa un air des plus blasés. La brune se retint d'éclater de rire. Le premier type, un blond de taille moyenne aux épaules larges, ne cessant de croiser les bras sur son torse leur adressa un sourire sûrement séducteur, tandis que l'autre, un brun aux cheveux mi- longs, plus grand, avait une main dans le dos, l'autre enroulée autour d'une coupe de champagne :

- Bonsoir mesdemoiselles. Dit le brun, tout mielleux.

- Nous vous regardions depuis un moment, et on a remarqué que vous n'aviez pas de cavaliers. Continua son ami.

- Nous vous proposons donc nos bras, c'est bien triste deux jolies femmes seules à un mariage.

- Comme c'est altruiste de votre part. grinça Claire, les incendiant du regard.

- Vraiment charitable. Renchérit Fang, sentant sa compagne bouillonner à côté d'elle.

- En plus, ce n'est pas tous les jours que l'on croise une militaire et une mécanicienne de votre genre.

Et voilà. Ça recommençait.

Claire serra les poings et glissa doucement à l'oreille de Fang, faisant mine d'épousseter sa veste :

- On les compte double ces deux abrutis. Mais trouves une solution pour les éloigner, sinon je vais faire un meurtre.

- J'ai carte blanche ? chuchota son amie, faisant semblant de boire une gorgée de champagne.

- Eloignes-les toi ou j'en prends un pour taper sur l'autre.

- J'aurais presque envie de voir ça.

- Ne me tente pas.

- Moi ? Jamais.

Elle adressa un sourire charmeur aux deux hommes qui leur parlaient toujours, leur demandant tout un tas de choses dont elles se moquaient éperdument.

- Messieurs, je crois en fait qu'il s'agit d'un malentendu. Dit-elle, enroulant son bras autour de la taille de Claire. Nous n'avons pas besoin de cavalier le Sergent Farron et moi, puisque nous avions prévu de danser ensemble.

- Quoi ? s'étonnèrent-ils tous les trois.

Fang adressa un regard réprobateur à sa compagne, la serrant un peu plus près :

- N'est-ce-pas, chérie ? renchérit-il, ne lâchant pas les orbes bleus du regard.

- Oh. Oui mon amour, bien entendu.

- Vous… Vous deux vous…

- Maintenant si vous voulez nous excuser, il me tarde de faire danser ma cavalière.

- Mais…

- Bonsoir messieurs !

Et c'est dans cet élan qu'elle laissa sa coupe vide dans les mains du brun, entraînant Claire dans son sillage sur la piste de danse. La réaction de sa compagne ne tarda pas à venir, faisant naître un sourire sur le visage de Fang :

- C'est tout ce que tu as trouvé, évidemment.

- Tu m'as donné carte blanche Sunshine, tu devrais me connaître à force.

- Je devrais. C'est vrai.

La brune pivota soudain, se plantant en face du sergent, à quelques centimètres d'elle, tenant toujours son bras. Les couples dansaient autour d'elles, les évitant sur leur passage. Le regard de Claire en disait long sur ce qu'elle pensait :

- Tu ne plaisantais pas quand tu parlais de me faire danser, c'est ça ?

- Tu vois que tu me connais bien.

- Fang…

- Allez Sunshine ! Juste une !

- Je ne sais pas danser Fang, c'est ridicule.

- Tu me dois ça pour t'avoir sorti du pétrin.

- Dans lequel tu étais également.

- L'un n'empêche pas l'autre

- Ce n'est pas me rendre service si c'était aussi pour toi.

- Tous les sergents sont aussi têtus que toi ?

- Et toutes les mécaniciennes sont aussi bornées ?

Elles se turent, se défiant du regard, plantées l'une en face de l'autre. La musique venait de changer, pour quelque chose de lent, de plus calme. La main de Fang descendit le long du bras de son opposante pour saisir la sienne, soufflant du bout des lèvres :

- S'il-te-plaît Claire.

Un soupir las lui répondit. La blonde regarda par terre, de gauche à droite, comme essayant de trouver une échappatoire, et puis elle poussa un deuxième soupir, moins lourd, levant doucement leurs mains liées tout en attrapant la taille de la brune. Sa paume chaude se plaqua sur la peau nue, et l'espace d'un instant, elle fut troublée par ce contact. Tout comme Fang qui sourit pourtant, un léger rouge sur les joues, posant sa main sur l'épaule de la recrue.

Claire ne mentait quand elle disait ne pas savoir danser, mais la brune s'en moquait éperdument, elle se contentait de suivre le rythme tranquille de la musique, respirant le parfum de la blonde contre elle, se remplissant de sa chaleur douce, essayant de ne pas trop penser à cette main fine apposée contre le bas de son dos, délicatement, comme craignant de la blesser. Fang avait toujours aimé danser, lorsqu'elle était plus jeune, elle adorait se rendre à des soirées, revenaient au beau milieu de la nuit, exténuée par des heures à bouger sur des pulsations vivifiantes. Mais là, c'était différent de toutes ces fois-là, des danses d'adolescentes. Il faisait bon d'être là, dans l'étreinte de cette femme contre qui elle venait de poser sa tête, se rapprochant un peu plus. Elle s'attendait toujours à ce que Claire s'éloigne, pourtant elle n'en fit rien, continuant de suivre les pas paisibles de leur danse.

La mécanicienne resta contre cette épaule où une cicatrice trônait, sur une peau de lait, trace d'un passé cauchemardesque. Elle se rendit soudain compte qu'elles avaient réagie pareil concernant leur habillement. Chaque pièce de vêtement cachait simplement de mauvais souvenirs. Ses jambes la lancèrent brusquement, elle crispa sa main sur l'épaule de Claire, fermant les yeux pour tenter de penser à autre chose, mais la voix de la jeune femme contre son oreille fut plus utile :

- Tu as toujours mal.

Ce n'était pas une question. Juste une remarque aux accents de regrets. S'il y avait une personne qui pouvait comprendre ça, c'était bien la recrue. Parfois, sa main se portait à ses reins, comme ressentait encore la morsure de l'une des balles qui avaient fait cesser les battements de son corps. Au milieu de ses gens qui riaient, dansaient, s'aimaient, elles avaient l'esprit ailleurs, l'une soutenant l'autre qui refusait de laisser ses cicatrices prendre le dessus sur son moral.

- C'est quand il va pleuvoir… chuchota Fang pour toute réponse.

- Ou que tu es proche de la mer… compléta Claire, regardant un point vague quelque part.

- Sunshine ?

La blonde grimaça à l'entente de ce surnom qui lui collait à la peau.

- Ne m'appelle pas comme ça.

- Je vais partir quelques temps.

La main dans la sienne se fit plus lasse, mais elle ne la lâcha pas pour autant, continuant leur échange chuchotant sur cette piste de danse.

- Je vais partir seule, essayer de me retrouver, de mettre un peu de côté cette histoire.

- Où est-ce que tu pars ?

- En Himalaya. Sazh me l'a conseillé. Il connait un bon guide qui pourra m'être utile.

- Si c'est ce que tu dois faire.

Un petit sourire pensif étira les lèvres de Fang quand elle murmura :

- On ne pourra pas se voir pendant quelques temps.

Claire regarda Jaw qui les observait, dansant elle aussi.

- Je n'ai pas de permission avant trois mois de toutes manières.

- Je voulais juste te prévenir.

- Tu ne me dois rien Fang, on n'est pas ensemble je te rappelle.

- Je sais.

- J'espère que tu trouveras la paix là-bas.

- Je l'espère aussi. Et que toi tu ne te feras pas tuer lors d'une mission.

- Tu me connais non ? Je suis en adamantium.

X

Un mois plus tard

Le Sergent Farron marchait dans les couloirs de la base militaire, sous les saluts des soldats sur son passage. Elle avait été promu caporal il y a deux ans, comme récompense pour son héroïsme sur l'île. Elle avait trouvé ça absurde, mais finalement, maintenant, la voilà officier. Et respectée dans son sillage. On racontait partout comment elle avait courageusement survécu, néanmoins elle considérait les différentes versions comme très lointaines de la réalité. De la vérité, elle n'en parlait jamais. C'était un souvenir qu'elle préférait laisser dans un coin de son esprit, et ne plus y songer. C'était mieux pour tout le monde, et surtout pour elle. Aujourd'hui, elle participait à des manœuvres dans l'océan pacifique, au large du Japon. Le bateau partait dans une trentaine de minutes, elle devait simplement passer remplir un formulaire pour citer les soldats sous ses ordres pour cette opération.

Elle salua un lieutenant qu'elle croisait et rentrait dans le centre administratif, tombant sur la secrétaire qui la gratifia d'un sourire :

- Sergent Farron, ravie de vous voir.

- De même madame. Je viens remplir les papiers habituels.

- Je m'en doutais. Asseyez-vous, ça ne sera pas long.

Reconnue pour ses exploits, elle se sentait un peu trop sur le devant de la scène, regardée comme si elle venait d'un autre monde. Les avances de ses collègues avaient cessé, ou du moins s'était tues. Les hommes voyaient en elle une guerrière chevronnée, et ne souhaitaient pas risquer leurs peaux en se montrant un peu trop maladroits.

Elle avait apposé sa signature quand un soldat entra brusquement, essoufflé :

- Caporal, que se passe-t-il ? demanda-t-elle en se levant, surprise.

- Un appel pour vous Sergent. Votre sœur.

A la mention de Serah, la jeune femme se mit aussitôt en marche, suivant l'homme jusqu'au central où elle attrapa le téléphone qu'un soldat tenait, coupé en pleine conversation avec quelqu'un :

- Sur quelle ligne est-elle ?

- La trois. Elle a dit que c'était urgent Sergent, je me suis dit qu'il fallait que je vous prévienne.

- Vous avez bien fait.

Elle appuya sur une touche et le son d'une respiration résonna dans l'appareil :

- Serah ?

- Claire ! Enfin j'arrive à te joindre !

- Je travaille Serah, je pars en mission dans un quart d'heure.

- Je devais absolument t'appeler !

Claire serra les dents en percevant l'évidente panique de sa cadette :

- C'est Snow c'est ça ? Qu'est-ce qu'il a fait cet abruti ? Il est parti ? Il t'a fait du mal ? Je vais le tuer…

- Non Claire, ce n'est pas Snow ! Ecoutes-moi ! C'est Fang !

Il y eut un silence, durant lequel le Sergent fronça les sourcils, s'asseyant sur le bureau en poussant un soupir las.

- Tu ne m'as quand même pas appelé pour me dire qu'elle avait rencontré l'illumination ou je ne sais pas n'importe quelle chose qui me met en retard pour ma mission…

- Non Claire, Fang… Elle…

Ça s'annonçait mal. Notamment parce que Serah ne bafouillait jamais comme ça. Et parce que sa voix était grave, tendue, nouée.

- Serah. Dis-moi ce qu'il se passe.

- Fang est portée disparue.

Sa main se crispa sur le téléphone lorsqu'elle assimila ces quelques mots. Et puis elle leva les yeux au plafond, se félicitant de s'être assise.

Merde, Fang. Songea-t-elle.

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Swynn