Me voilà de retour avec une fic un peu différente. C'est la suite d'Alter Ego. Il s'agit d'une succession de petites histoires, racontant les "premières fois" de Castle et Beckett, avec leur fils Eliott, mais aussi leur famille et leurs amis. Une enquête en trame de fond, et des histoires pour chacun des personnages qui se placent dans la continuité des fils construits dans mes fictions précédentes. Bonne lecture :)
1- « One and Only"*
* chanson d'Adele
Chapitre 1
20 avril 2015
Loft, New-York, 4 h du matin.
Kate dormait paisiblement quand les petits pleurs commencèrent à se faire entendre, en provenance du bureau. Ce ne fut d'abord que de simples gémissements et petits couinements, et, comme à chaque fois qu'elle dormait si bien, elle eut espoir que ce ne soit qu'une fausse alerte et qu'Eliott se rendorme. Mais les pleurs s'intensifièrent, et elle se résolut à ouvrir les yeux, difficilement. Elle se demandait bien pourquoi elle espérait encore, alors que l'appétit de son fils de presque trois semaines était réglé comme une horloge, et que toutes les quatre heures, il réclamait le sein. Il n'y avait jamais de fausse alerte.
- Avant même qu'elle ne se décide à se lever, elle sentit Rick bouger dans son dos, sa main venir caresser son bras, et ses lèvres déposer un baiser dans son cou.
- Ne bouge pas …, chuchota-t-il. Je vais le chercher …
- Merci …, murmura-t-elle en baillant, alors que déjà elle sentait la chaleur du corps de son homme s'éloigner.
Elle tendit le bras pour allumer légèrement la lumière, de façon à créer une ambiance tamisée, et s'assit, calant son dos dans les oreillers. Elle regarda l'heure, par acquis de conscience, parce qu'elle savait de toute façon quelle heure il était. Quatre heures du matin. Elle se frotta les yeux, et tenta de s'éveiller davantage, tout en écoutant Rick qui essayait de calmer Eliott. Les pleurs de leur fils s'étaient transformés en hurlements qui auraient pu être terrifiants, s'ils n'y avaient pas été habitués depuis trois semaines. Eliott était un bébé plutôt placide, mais il ne plaisantait pas avec les tétées, et s'égosillait à pleins poumons tant qu'il n'était pas satisfait. Elle découvrit son sein, pour ne pas perdre de temps, tant elle ne supportait pas d'entendre son fils pleurer ainsi.
- Voilà, petit vampire … ça arrive, maman est là …, chuchota Rick au bébé, qui, blotti dans ses bras, n'en finissait plus de crier.
Il déposa délicatement son fils contre la poitrine de Kate.
- Chut … mon petit cœur … ça vient, ça vient …, murmura Kate, en le serrant contre elle, alors qu'il s'agitait et pleurait de plus belle, ayant reconnu l'odeur et la douceur maternelle.
Aussitôt, Eliott frotta son nez contre le sein de sa mère, et se mit à téter, son petit corps encore parcouru par quelques soubresauts.
- Je me demande comment ma mère fait pour ne pas se réveiller quand il hurle comme ça …, constata Castle, se penchant pour caler un coussin sous le bras de sa femme.
- Oui … Les voisins vont finir par croire que je ne le nourris pas …, sourit Kate, regardant son fils téter goulument. Quel goinfre … Tu as vu comme il s'est jeté sur mon sein ?
- Oui … En même temps je le comprends, la poitrine de maman est divine …, sourit-il, en s'allongeant, en appui sur le coude, pour contempler cette scène dont il ne se lassait pas.
- Hum …. Tel père, tel fils …, répondit-elle, relevant les yeux vers son homme avec un sourire.
- Mais tu sais, c'est bon signe qu'il mange autant … c'est qu'il est bonne santé …
- Ta mère dit que tu étais un gros gourmand toi aussi …
- Oui, ça veut dire que notre petit ange deviendra aussi grand, beau et fort que son papa …, sourit-il fièrement.
Elle sourit, tout en observant le visage désormais apaisé d'Eliott qui tétait calmement, sa petite main posée sur son sein, comme s'il avait peur qu'il ne lui échappe.
- J'ai simplement hâte qu'il arrive à rester rassasié plus de quatre heures …, reprit Kate.
- Ça viendra … hein mon petit bonhomme ? chuchota Rick caressant du bout du doigt la petite tête châtain du bébé. Dans peu de temps tu regretteras ces moments si précieux …
- Je sais …, répondit-elle, avec un sourire. J'en profite …
- Et moi aussi …, ajouta-t-il, se redressant pour venir déposer un baiser sur ses lèvres.
Il savait que, malgré la fatigue, pour rien au monde elle n'aurait voulu renoncer à allaiter leur fils. Quant à lui, il n'y avait pas une nuit, où il ne se réveillait pas pour partager ce moment avec elle et Eliott. Le temps passait vite, il le savait. Les bébés grandissaient vite, et avant même qu'ils n'en aient conscience, leur petit garçon marcherait et ferait les quatre cent coups dans tout le loft. Alors il savourait chaque instant.
- Qu'est-ce que tu dirais de sortir dîner tous les deux ce soir ? reprit Rick.
Il vit qu'elle hésita à répondre, et comprit qu'à première vue, elle n'était pas très enthousiaste.
- Je ne sais pas, mon cœur …, finit-elle par répondre.
- Tu n'en as pas envie ?
- Ce n'est pas ça mais … Il est quatre heures du matin … et pour l'instant, la seule chose dont j'ai envie, c'est dormir … Je ne sais déjà pas comment je vais tenir debout toute la journée, alors sortir ce soir …
Rick faisait son possible pour la soulager, mais l'allaitement, le manque de sommeil et le contrecoup peut-être aussi de toutes ces émotions, de tous ces changements physiologiques l'épuisaient.
- Je sais que tu es fatiguée, Kate … mais je suis sûr que ça nous ferait du bien …, insista-t-il avec douceur. Peut-être qu'il est temps de mettre en application nos vœux de parents, non ?
Elle esquissa un sourire, repensant à leurs vœux, et à la promesse qu'ils s'étaient faite de prendre du temps pour eux, de se consacrer l'un à l'autre, de continuer à sortir et à profiter ensemble de tous les petits plaisirs de la vie.
- C'est vrai …, sourit-elle. Tu as raison.
Son sourire le rassura d'une certaine façon. Non pas qu'il fût vraiment inquiet, mais il sentait que Kate était dans une phase de fusion totale ou presque avec leur fils, et sans se sentir exclu pour autant, il commençait à ressentir le besoin de la retrouver un peu plus pour lui. Kate était toujours aussi tendre et câline, aussi douce et attentionnée, mais il avait besoin de ne l'avoir rien qu'à lui, au moins le temps de quelques heures. Pour la première fois depuis des années, il avait un peu de mal à cerner les envies et les désirs de sa muse, tant elle était essentiellement concentrée sur leur fils et pleinement investie dans son rôle de maman. Et c'était normal. Il le savait. Eliott était le centre de toutes ses attentions à lui-aussi. Mais il avait du mal à savoir si Kate avait envie ou non de retrouver un peu d'intimité avec lui, si cela lui manquait ou non, ou si, simplement, être maman lui suffisait pour le moment.
- On pourrait aller au Sandro's ? suggéra-t-il, sachant qu'il avait de grandes chances de la séduire avec ce restaurant.
Et en effet, Kate sourit rien qu'à cette idée. Le Sandro's était leur endroit. Ils y avaient passé leur premier dîner romantique il y avait près de trois ans maintenant, quelques jours après leur première nuit d'amour. Il ne se passait pas un mois sans qu'ils ne sortent dîner dans ce petit restaurant italien, retrouver la douceur de leurs premiers émois. Sortir tous les deux leur ferait du bien. Il était temps. Cela faisait trois semaines que leur vie était réglée sur Eliott, et qu'elle n'avait pas quitté le loft. Jusque-là, elle n'en avait pas vraiment envie, tant elle était fatiguée. Et puis, elle ne s'était pas éloignée d'Eliott non plus depuis qu'il était né, et ne savait pas vraiment comment elle vivrait le fait de se trouver loin de lui pendant plusieurs heures. Elle appréhendait cette première fois. Pourtant, elle avait très envie de passer du temps avec Rick. Rien que tous les deux. Ils passaient leurs journées et leurs nuits ensemble bien-sûr, mais la majorité de leurs conversations tournaient autour d'Eliott. Leurs nuits, courtes et hachées, étaient des plus chastes. Ils n'avaient pas fait l'amour depuis trois semaines, depuis la veille de la naissance de leur fils. Et sans même parler du désir de Rick, dont elle était témoin tous les jours, elle sentait en elle-aussi poindre de nouveau une délicieuse envie de lui. Quand Rick la regardait, quand il couvrait son cou de baisers, ou se blottissait contre elle, quand ses mains effleuraient son corps pendant leur sommeil, ou qu'elle sentait la force de son désir né d'un simple baiser, elle-même avait envie de s'abandonner au plaisir dans ses bras. Mais elle était si fatiguée. Pour ce qui serait là-aussi une sorte de première fois, refaire l'amour après l'accouchement, elle était aussi pleine d'appréhensions, et n'avait pas osé en parler à Rick. A vrai dire, ils n'avaient pas abordé ce sujet-là. Elle connaissait bien son mari. Il savait que jusqu'à présent, elle avait la tête toute à sa maternité et à Eliott, et ne prenait donc pas d'initiative, malgré son désir manifeste. Quoi qu'il en soit, aussi épuisée soit-elle, après trois semaines, elle commençait à ressentir le besoin de se sentir de nouveau femme, et de consacrer du temps à Rick.
- Ok … mais que fait-on d'Eliott si on sort ? demanda-t-elle, alors que déjà le bébé commençait à se rendormir.
- Ma mère pourrait le garder …
- Si elle est disponible …, lui fit remarquer Kate. Je ne suis pas sûre qu'au dernier moment, elle puisse se libérer. Et si Eliott a faim ?
- Il a faim toutes les quatre heures. On part à dix-neuf heures après sa tétée, et on rentre avant vingt-trois heures … ça ne fait pas super romantique vu comme ça …, mais …
- L'essentiel c'est d'être tous les deux, sourit-elle. Mais si jamais il ne pouvait pas attendre jusque vingt-trois heures ?
- Tu peux peut-être prévoir ce qu'il faut pour lui au cas où … Ma mère lui donnera au biberon si vraiment il avait faim avant notre retour.
- Ok, sourit-elle, prenant Eliott contre son épaule, tout en tapotant très légèrement son dos.
- Tu es d'accord ?
- Oui.
- Génial …, sourit-il, à son tour, tout content, comme s'il venait de décrocher son tout premier rendez-vous.
Il se pencha vers elle pour l'embrasser, et elle répondit à son baiser avec douceur, accompagnant son geste d'une caresse sur sa joue, attendrie par son enthousiasme.
- Dès que ma mère sera debout, reprit-il, je lui demande si elle est disponible … Je suis sûr qu'elle va se faire une joie de le garder …
- Ok. Je vais recoucher ce petit bonhomme …, répondit Kate en se levant. Et c'est reparti pour quatre heures de sommeil …
Rick éteignit la lumière, écouta Kate bercer leur fils de quelques paroles douces, et la vit réapparaître et se glisser sous la couette. Elle vint aussitôt se blottir tout contre lui, et se tournant vers elle, il l'enlaça de son bras autour de sa taille, pour sentir pleinement son corps contre le sien.
- Dis …, chuchota Kate. Tu crois que Martha … enfin … cela fait longtemps qu'elle n'a pas gardé un si petit bébé et …
- Elle sera parfaite. Ne t'inquiète pas … Mais si tu veux, je peux aussi demander à Alexis si elle est disponible … Avec la « brigade rousse », Eliott devrait survivre à la soirée …, plaisanta-t-il, tout en caressant doucement son dos.
- Elles vont penser que je ne leur fais pas confiance …
- Mais non … tout le monde sait combien il est difficile pour une jeune maman de laisser son petit trésor …, la rassura-t-il. Et puis, j'ai envie que ce soir tu aies l'esprit tranquille, que tu ne sois pas stressée ou inquiète …
- Et que je ne me consacre qu'à toi …, conclut Kate avec sourire.
- Voilà … ça fait un peu égoïste dit comme ça, non ? constata-t-il.
- Non, mon cœur …, répondit-elle, caressant ses cheveux sur sa tempe. Ce n'est pas égoïste. J'ai besoin de ça, moi-aussi. J'ai besoin de toi …
Elle caressa doucement son nez du sien, et sa bouche vînt retrouver avec plaisir celle de son homme. Là, dans ses bras, sentant la force avec laquelle il l'étreignait, le parfum viril de sa peau, la chaleur de son corps et la douceur de ses mains dans son dos, elle savoura la sensation délicieuse du désir naissant au fond de son ventre. Elle happa ses lèvres, doucement, effleura sa bouche de sa langue, tandis que ses mains se glissaient dans ses cheveux, sur ses larges épaules, sur son torse, dans son dos. Rick se laissa transporter par la sensualité du baiser et des caresses qu'elle lui offrît, heureux et rassuré de sentir qu'elle avait envie de lui, et submergé par le désir furieux qui grondait en lui dès que sa muse l'embrassait ou le touchait.
- Rick …, chuchota-t-elle contre sa bouche entre deux baisers. Je suis si fatiguée et si je ne dors pas maintenant, je ne tiendrais jamais le coup jusqu'à ce soir …
- Oui …, répondit-il simplement, en l'embrassant.
- Mais je ne veux pas que tu crois que je n'ai pas envie … ou que …
- Je ne crois rien, ma chérie … Je sais que tu en as envie, la rassura-t-il. Je suis fatigué moi-aussi … Il est quatre heures du matin … Je meurs d'envie de te faire l'amour … mais je veux que cette première fois soit parfaite …
Il la sentit sourire contre sa bouche, ce qui le fit sourire lui-aussi.
- C'est fou … on dirait que ça va être notre toute première fois …, constata-t-elle, amusée.
- Après trois semaines, c'est presque pareil que la toute première fois …, plaisanta-t-il, jouant à effleurer sa joue pour écarter quelques boucles de cheveux.
- Je t'aime, sourit-elle.
- Moi-aussi, je t'aime …, répondit-il, déposant un baiser sur ses lèvres, puis un autre sur son front. Viens, dormons ...
Il la prit contre lui, et elle vint se blottir contre son torse pour y trouver le sommeil.
Quelques heures plus tard …
Cette fois, c'est la lumière du soleil qui la réveilla, et Kate se fit la réflexion, au vu de la luminosité qui inondait la chambre, qu'ils avaient oublié de tirer les rideaux la veille. Il devait être six ou sept heures sans doute, puisqu'Eliott dormait encore. Elle tendit l'oreille pour s'en assurer, mais tout semblait calme. Elle passa doucement sa main sur le torse de Rick, sur lequel sa tête reposait toujours, et se blottit un peu plus contre lui, comme pour profiter de la douceur de cet instant. Il dût sentir qu'elle était réveillée car elle sentit sa main effleurer ses cheveux d'une caresse, et sa bouche déposer un baiser sur sa tête.
- Tu devrais dormir encore un peu …, chuchota Rick doucement. Chaque minute de sommeil est précieuse …
- Je suis trop bien réveillée pour réussir à me rendormir maintenant, murmura-t-elle, en se redressant pour le regarder.
Il n'avait pas encore ouvert les yeux, comme s'il cherchait à demeurer à tout prix au pays des songes, et refusait d'affronter la lumière du jour. Elle sourit en observant sa mine endormie, ses cheveux en bataille, et sa barbe de trois jours, qui le rendait si craquant, tout en jouant à tracer des dessins imaginaires du bout des doigts sur son torse.
- Pas fatiguée ? reprit-il à voix basse, toujours les yeux clos, laissant sa main glisser naturellement dans les longs cheveux de sa femme.
- Oh … pas plus que d'habitude …, sourit-elle.
Elle savourait la douceur de ce réveil. C'était la première fois depuis trois semaines qu'ils ne s'éveillaient pas tous les deux avec les pleurs déchirants de leur fils réclamant à manger, alors ce matin, elle profitait pleinement de ce réveil-câlin.
- Et puis j'ai des choses à faire ce matin …, ajouta-t-elle, venant nicher son visage au creux de son cou.
- Des choses à faire ? répéta-t-il, intrigué, refermant ses bras autour d'elle pour la serrer contre lui.
Lui-aussi profitait de cet instant, où, câline, elle n'était que douceur et tendresse, n'appartenait qu'à lui, et réclamait toute son attention.
- Oui … je vais sortir un petit peu ce matin …, répondit-elle, un brin mystérieuse, tout en déposant quelques baisers dans son cou.
- Avec Eliott ? s'étonna-t-il, surpris, car ni lui ni sa muse n'avaient mis un pied hors du loft depuis trois semaines.
- Non, toute seule. Je vais aller retrouver Lanie si elle a un peu de temps, et puis je dois m'occuper de quelques petites choses.
- Quoi ? demanda-t-il, ouvrant enfin les yeux, intrigué.
- Tu es bien curieux …, sourit-elle se redressant pour le regarder.
- Oui …
- Figure-toi que j'ai un rendez-vous galant ce soir …, expliqua-t-elle, avec un grand sourire.
- Oh … et qui est l'heureux élu ? fit-il mine de s'étonner.
- Un mystérieux écrivain … plutôt craquant le matin au réveil …
- Le veinard …, sourit-il, plongeant ses yeux dans les siens.
Il vit dans son regard cette petite lueur joyeuse et coquine qu'il adorait, et sentit qu'il retrouvait pleinement sa femme. Elle avait envie de sortir, ce qui n'était pas arrivé depuis trois semaines, s'enthousiasmait pour leur dîner, et se montrait tellement douce et câline. Elle était même prête à laisser leur fils au loft, et à s'éloigner de lui plusieurs heures, ce qui était, à son sens, vraiment bon signe. Il l'avait vue pendant ces premières semaines devenir la maman dont il rêvait pour son fils, et s'épanouir à merveille dans ce rôle, au-delà même de ce à quoi elle s'attendait certainement. Lui-même était totalement sous le charme d'Eliott, et tous deux avaient été accaparés par leur rôle de parents, le plaisir de découvrir tout ce bonheur et de profiter de chaque instant auprès de leur fils. Il avait pris conscience il y avait quelques jours qu'il était maintenant temps de sortir de ce doux cocon, de se retrouver tous les deux, et de retrouver une vie un peu plus normale. Et ce matin, après leur discussion de cette nuit, il était heureux de constater que Kate, elle-aussi, sentait que le moment était venu, et même qu'elle s'en réjouissait.
- Il y a eu un peu de laisser-aller depuis trois semaines, alors je vais m'occuper un peu de moi ce matin, expliqua-t-elle. Coiffeuse, esthéticienne …
- Je vois … mais tu n'as pas besoin de …
- Chut …, l'interrompit-elle avec un sourire posant un doigt sur sa bouche, sachant pertinemment ce qu'il allait dire. J'en ai besoin, et j'en ai envie …
- Ok … mais tu es magnifique, Kate ... Je ne dis pas ça pour te faire plaisir … Tu l'es vraiment …
- Tu n'es pas objectif …, répondit-elle, avec un grand sourire.
- Je suis totalement objectif ! se défendit-il.
- Bon, alors peut-être que je suis magnifique … mais je le serai encore plus ce soir …
- Plus magnifique ? Je ne vais pas survivre à cette soirée moi !
Elle rit, avant de déposer quelques petits baisers sur ses lèvres.
- Ne t'inquiète pas …, reprit-il. Tu peux sortir l'esprit tranquille, je m'occupe de notre petit ange.
- Ok, sourit-elle.
- On va faire des trucs de gars …
- Comme ? demanda-t-elle, d'un air suspicieux.
- Il y a cette vieille série de science-fiction qu'il adore …. On a regardé à la télé l'autre fois quand tu faisais la sieste …
- Tu plaisantes ? lui fit-elle avec sérieux, sachant pertinemment que l'enfant qui sommeillait en son mari était parfaitement capable de faire regarder la télévision à son fils de trois semaines.
Il sourit, ravi de la taquiner.
- En partie …, rigola-t-il. En fait, je regardais … et il dormait dans mes bras … mais je suis sûr qu'il souriait dès qu'il entendait le bruit des tirs intersidéraux et des sabres-laser …
- Hum …, fit-elle sceptique. Il se moquait plutôt de toi à mon avis avec ces vieux trucs que tu regardes …
- Mes séries ? Des vieux trucs ? s'offusqua-t-il. Tu oses blasphémer ainsi !
Elle éclata de rire face à la mine faussement outrée qu'il arborait, et il en profita pour se jeter doucement sur elle, la chatouiller et l'embrasser dans le cou, pour la faire rire plus encore.
- Rick …, fit-elle doucement, en riant le plus discrètement possible. On va réveiller Eliott …
- Tu te sers de notre fils pour échapper à ma vengeance ?
- Oui, tout à fait, répondit-elle en riant.
Allongé sur elle, cessant doucement son attaque chatouilleuse, il contempla son rire, et se pencha pour l'embrasser. Tous deux soupirèrent de plaisir, sous l'effet du désir immédiat que déclencha ce baiser. Ils se regardèrent avec un sourire, bien conscients tous les deux de la situation, et se séparèrent à regret après un dernier baiser.
- Si on allait déjeuner ? suggéra Rick.
- Bonne idée … Je crois que j'ai entendu Martha descendre l'escalier …
- Parfait, répondit Castle en se levant. On va pouvoir lui demander pour ce soir.
Sans faire de bruit, ils traversèrent le bureau, s'attendrissant quelques instants devant la vision d'Eliott paisiblement endormi dans son petit lit, et rejoignirent la cuisine, où Martha, déjà prête et toute pomponnée, buvait son thé, installée à l'îlot central, tout en lisant le journal.
- Bonjour les enfants ! s'enthousiasma-t-elle aussitôt.
- Bonjour, Martha, sourit Kate.
- Bonjour, Mère …, ajouta Rick, en se dirigeant vers la cafetière.
- Qu'avez-vous fait de votre petite merveille ? s'étonna Martha. Ne me dites pas qu'il dort encore ?
- Si, il dort, répondit Kate.
- Eh bien … ce jour est à marquer d'une pierre blanche …, sourit Martha. Je vous ai fait couler du café … et il reste des pancakes.
- Merci, sourit Castle, servant à Kate son décaféiné, avant de remplir sa propre tasse de café.
- Pour une fois, le soleil nous a réveillés avant les pleurs d'Eliott, expliqua Kate, en s'installant près de sa belle-mère.
- Vous auriez dû en profiter pour traîner un peu au lit …, leur fit-elle remarquer, et faire tout ce qu'on peut faire dans un lit le matin de bonne heure quand Bébé dort encore et qu'on a besoin de retrouver un peu d'intimité …
- Oui, bien-sûr avec les oreilles indiscrètes de ma mère dans le salon, on ne risquait pas de faire grand-chose …, la taquina Rick, avec un petit sourire.
- Oh, moi je disais ça pour vous … Je me soucie de votre épanouissement …, répondit-elle.
Kate sourit, face à la sollicitude de sa belle-mère. Martha était revenue habiter au loft depuis près d'un mois maintenant. Elle avait pourtant son propre appartement désormais, mais son désir de les épauler avec Eliott l'avait amenée à revenir vivre avec eux, de façon temporaire, en théorie.
- Justement, Mère …, poursuivit Rick, tout en préparant pour sa muse des pancakes nappés de sirop d'érable. On aimerait sortir dîner ce soir, juste tous les deux.
- Oui ! s'exclama Martha, enthousiaste, avant même que son fils ne lui ait posé la moindre question.
- Quoi « oui » ? s'étonna Rick.
- Oui, je peux garder mon petit-fils préféré !
- Vous êtes sûre Martha ? Vous n'avez rien de prévu ? demanda Kate, contente de son enthousiasme.
- Je dois sortir vers vingt-deux heures seulement …
- Vingt-deux heures ? Où vas-tu à vingt-deux heures ? Tu sors en boîte ou quoi ? lui lança Rick, étonné par l'horaire tardif des sorties de sa mère.
- Mieux que ça, chéri … si tu savais …, répondit-elle, taquine. A quelle heure pensiez-vous rentrer ?
- Vers vingt-trois heures, pour la tétée d'Eliott …, expliqua Kate.
- Je peux tout annuler si cela vous arrange, proposa Martha, pleine de bonne volonté. Je peux même garder Eliott cette nuit …. Comme ça, vous prenez une chambre d'hôtel et …. faites ce qui bon vous semblera loin de mes chastes oreilles …
- Tu te soucies vraiment de notre bonheur sexuel ? rétorqua Rick, avec un sourire.
- Sincèrement ? Oui, sourit-elle, comme si c'était naturel.
- C'est un peu … bizarre …, constata Rick, avec une petite moue.
- Je sais simplement combien un bébé peut chambouler l'intimité d'un couple, ajouta Martha.
- Ne t'inquiète pas pour nous, tout va bien, la rassura son fils.
- Merci, Martha pour la proposition… mais laisser Eliott une soirée ce n'est déjà pas facile, alors toute une nuit, non … pas tout de suite.
- Je comprends, chérie …, sourit Martha, posant doucement sa main sur son épaule en guise de compassion.
- Et puis, je ne veux pas que vous annuliez vos projets pour nous, ajouta Kate.
- Je vais voir si Alexis peut nous accorder une heure de son précieux temps …, reprit Castle, s'installant face à sa mère et sa femme, pour déjeuner.
- Alexis est partie pour trois jours avec Cody, répondit Martha.
- Partie ? Où ça ? s'étonna Castle.
- Voir des amis dans le Maine …, expliqua simplement sa mère.
- Pourquoi je ne suis jamais au courant de rien ? marmonna-t-il.
- Peut-être parce que depuis trois semaines, vous vivez un peu comme dans un petit cocon au loft … avec votre fils à savourer votre bonheur …
- Mais quand même …, on n'est pas coupés du monde non plus ! s'exclama-t-il.
- Un peu, sourit Martha.
- Ta mère n'a pas tort, Rick …, lui fit remarquer gentiment Kate.
- Je sais … mais je n'aime pas qu'elle ait raison, grogna-t-il. Alexis aurait pu me dire qu'elle partait de toute façon …
- Richard … qu'est-ce que ça change ? Elle est adulte de toute façon.
- Ça change que … j'aurais aimé le savoir, c'est tout.
- Vous voulez un conseil non sollicité ? proposa Martha.
- On a le choix ? demanda Rick. Ou de toute façon, tu vas nous le donner ce conseil non sollicité ?
Elle sourit, alors que Kate avait déjà une petite idée de ce qu'allait leur dire Martha.
- Il est temps, je pense, de sortir de votre douillet petit cocon …, annonça Martha. Commencez par enlever ces pyjamas …
- On les enlève … parfois …, répondit Rick, qui était forcé de reconnaître que depuis trois semaines, il y avait eu beaucoup de laisser-aller au loft.
- Richard … il serait peut-être temps de te raser … Cette barbe m'horripile …
- Kate adore …
- C'est vrai, sourit sa muse, amusée par les conseils de Martha, qui n'avait pas tort.
- Ensuite, Katherine …, continua Martha, ignorant leurs remarques sur la barbe.
- Mère, je ne sais pas s'il est nécessaire de continuer … Je crois qu'on a compris, l'interrompit Rick, redoutant les conseils qu'elle pourrait donner à Kate.
- Ce que je veux dire, les enfants … c'est que je comprends. Un bébé c'est grisant, c'est émouvant … bouleversant … vous êtes sur votre petit nuage depuis trois semaines et c'est formidable. Mais il est temps de penser à vous, de retrouver la vie en société …, de sortir, de voir vos amis, de faire l'amour …
- C'est bien ce qu'on compte faire …, répondit Rick, échangeant un regard entendu avec Kate mais merci de ton intérêt pour notre bien-être.
- Oui, c'est gentil, Martha …
- Je suis là pour ça …, sourit Martha.
- Cela ne résout pas notre problème d'horaire pour ce soir …, constata Rick.
- Vingt-deux heures, c'est mieux que rien …, positiva Kate.
- Même pas sûr qu'on ait le temps de manger le dessert …
- Ne vous tracassez pas, j'annule ma soirée, annonça Martha. Je m'occuperai d'Eliott.
- Non, Martha. Hors de question … Je vais appeler mon père, répondit Kate en se levant. Il pourra sûrement venir pour une heure … et il sera tellement content.
- Je dois y aller, moi, les enfants, continua Martha. Prévenez-moi s'il y a un souci … Je me ferai un plaisir de rester garder Eliott aussi longtemps qu'il sera nécessaire pour que vous profitiez l'un de l'autre …
- Merci, mère, sourit Castle.
- Au fait, Richard, j'ai fixé la date pour le début des répétitions … On commence le 12 juillet …
- Tu crois vraiment que j'ai besoin de répétitions pour jouer un cadavre ?
- Oui, évidemment ! Allez, je file … Embrassez mon petit trésor, pour moi …, répondit Martha, s'éloignant joyeusement vers la porte d'entrée.
- Bonne journée, Martha !
- Bonne journée ! lança-t-elle depuis le palier avant de disparaître.
