En avant pour une nouvelle aventure !

Un peu de dépaysement

Spéciale dédicace aux trois mousquetaires du Rinch :

Paige0703, Nourann et Jade181184 auteures de talent, toujours fidèles,

Merci à tous ceux qui me lise en général !

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Finch poussa doucement la porte de la chambre pour vérifier que tout allait bien. John dormait. Il avait l'air tranquille. Son visage était serein. Finch s'accorda le droit de l'observer quelques minutes. Pas plus sinon il risquait de le réveiller. Il était si intuitif qu'il devinerait immanquablement sa présence. Mais il aimait le regarder dormir. Son visage calme, détendu dans le sommeil. Image trompeuse. L'informaticien savait qu'il ne lui faudrait même pas une minute pour s'éveiller et être de nouveau prêt à se battre. Son agent était à lui seul une arme des plus efficaces. Le moindre de ses gestes calculés avec précision pour parer toute attaque. Ses mains, que Finch se prenait à admirer si souvent, étaient capable de tuer en quelque secondes sans aide. Avec une arme il devenait précision, efficacité. Autrefois cette précision ne laissait aucune chance à ses adversaires, mais depuis qu'ils travaillaient ensemble elle ne tuait plus, elle blessait seulement, pour respecter sa volonté. Finch détestait les armes et la violence, mais puisqu'il ne pouvait les éviter autant les tempérer, et John avait accepté parce qu'au fond de lui il n'était pas le tueur froid pour lequel la CIA voulait le faire passer. Finch savait qu'il était autre chose. Il savait la part d'humanité qui en faisait un homme meilleur que bien d'autre, meilleur que ses anciens collègues espions. Cette part d'humanité endormie, muselée, étouffée lorsqu'il était en service actif et que Finch avait su ranimé lorsqu'ils avaient commencé à travailler ensemble. Au début il avait été surpris. Il pensait avoir engagé un agent froid, conditionné, qu'il aurait sans doute quelque peine à convaincre d'user d'un peu de sensibilité, de respect de la vie humaine. Même s'il le savait capable d'un geste de ce genre pour en avoir été témoin. Et puis il avait découvert l'homme derrière le masque. Premier indice, il n'avait pas eu de mal à le convaincre d'agir comme il le souhaitait : « blesser et non tuer ». Il n'avait même pas eu besoin d'insister vraiment. Puis il avait fait d'autres découvertes. La façon dont il employait le généreux salaire qu'il lui versait, ses réactions face à certains de leur numéro, son implication dans leurs missions. Et il avait compris la bonté de cet homme, juste masquée mais toujours présente. Enfin il y avait son attitude envers lui. Il s'était intéressé à lui dès le départ et Finch avait dressé autour de lui de solides barrières pour se protéger de cet inconnu si redoutable. Puis il avait découvert que son intérêt pour lui était avant tout motivé par le besoin de savoir à qui il avait affaire, non par de mauvaises intentions à son encontre. Et John avait multiplié les gestes envers lui, s'était montré d'une loyauté sans faille. Il l'avait secouru, cherché, assisté en toutes circonstances. Au fil du temps une solide amitié avait fini par naître entre eux tandis que Reese revenait à la vie et que lui relâchait lentement ses défenses. Quand cette amitié était-elle devenue amour ? Ca Finch l'ignorait. Il n'y avait peut être pas de moment précis ? Juste une accumulation ? En tous cas aujourd'hui il en était là et c'est pourquoi ce matin il se tenait au seuil de la chambre à l'observer secrètement, profitant de chaque instant offert, les collectionnant précieusement dans un coin de son esprit.

John était proche de lui, Finch le savait. Leur lien était solide. Il doutait cependant qu'il évolue autant chez son associé que pour lui. Il était même persuadé que cela ne pouvait pas arriver. Alors il prenait bien garde de ne rien laisser transparaître de ses véritables sentiments. Ils étaient bien ainsi, amis, associés, toujours là l'un pour l'autre. Il devrait s'en contenter. Avec de temps en temps quelques petits instants spéciaux.

Il soupira, se décidant à refermer la porte et à rejoindre le salon. Leur dernière mission s'était terminée à 3H du matin avec le retour de John à l'appartement qui leur servait de planque, épuisé par cinq jours de mission en continu pendant lesquels il avait à peine réussi à obtenir quelques heures de sommeil. Ces trois derniers jours ils avaient juste communiqué par téléphone, sans se voir. Une véritable torture pour l'informaticien. Aussi s'était-il réjoui de voir enfin cette mission prendre fin. Leur dernier numéro en sécurité, John l'avait appelé pour le prévenir qu'il rentrerait directement au loft. « Sauf si vous avez besoin de moi » avait-il tout de même ajouté. En dépit de sa fatigue, il le faisait passer en priorité comme toujours. Finch s'était alors enquit de son état. La fatigue, ça il savait, mais était-il sain et sauf ? Il y avait eu une hésitation puis John avait fini par avouer, un coup reçu, « Presque rien, je m'en arrangerais Finch » avait-il affirmé. Non. Il était hors de question qu'il le laisse se débrouiller seul. Surtout il voulait être certain de la gravité de la blessure car il connaissait son agent, avec lui rien n'était jamais grave, même une balle était réduite à la mention de simple égratignure si elle n'avait pas fait de dégâts sérieux. Il avait alors exigé que John vienne le rejoindre à la planque « Vous pourrez vous reposer ici aussi » avait-il plaidé. Et John avait cédé. « Pour me faire plaisir » avait songé l'informaticien. Il ne pouvait se douter que John avait cédé avant tout à un irrépressible besoin de le retrouver, de le voir, après trois jours privés de sa présence qui lui avait paru interminables. S'il avait pensé que son partenaire n'était pas encore chez lui il n'aurait pas annoncé qu'il rentrait directement. Sans qu'ils le sachent, c'était la même sensation de bien être qui les avait envahi chacun de leur côté lorsque leurs regards s'étaient croisés au retour de John.

Finch avait soigné sa blessure, réellement peu importante, avec des gestes doux et attentifs comme à son habitude et John était allé se coucher pour prendre ce repos dont il avait alors tant besoin. Finch veillant discrètement sur son sommeil. Il n'avait pas beaucoup dormi non plus ces derniers jours, bien trop inquiet pour cela, mais John n'avait pas besoin de le savoir. Il s'était assoupi quelques heures dans le canapé et maintenant, après avoir vérifié le sommeil de son agent, il attendait impatiemment son réveil pour le retrouver et profiter à nouveau de sa bonne humeur et de son sourire si lumineux qu'il aimait tellement.

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Une délicieuse odeur de café tira John du sommeil. Il ouvrit les yeux, s'étira, cherchant à se repérer. « Ah oui, la planque » jugea t-il. Le retour au milieu de la nuit à la fin de cette mission aussi délicate qu'interminable. Le regard soulagé de Finch en le retrouvant. John sourit. Comme chaque matin c'était la pensée de son associé qui provoquait son premier sourire de la journée. Il se rappela ses gestes attentifs lorsqu'il avait pris soin de sa blessure, ses mains sur sa peau qui le faisait frissonner, raviver en lui une envie, un désir inavouable qu'il avait de plus en plus de mal à réprimer, il en était conscient. Depuis quand ? Il se souvenait seulement d'un besoin de plus en plus puissant de le voir, d'être avec lui, de la nécessité d'entendre le son de sa voix, de le voir sourire, surtout si ce sourire lui était destiné. Leur amitié avait grandit lentement pour devenir solide, indéfectible, ça il le savait. Mais quand s'était-elle muée en amour ? Il en avait pris conscience un jour où Finch s'était trouvé exposé. Il avait alors réalisé que sa vie dépendait de la sienne, et pas seulement pour leur association, et compris ce qu'il éprouvait vraiment envers son partenaire. Cela ne l'avait pas dérangé, trop tard pour cela, et trop tard pour occulter ses sentiments. Depuis il souffrait juste de ne pouvoir les exprimer. Il n'avait aucune envie de le perdre ou de le voir s'éloigner de lui, il ne supporterait pas une distance entre eux, ce qui arriverait forcement si Finch apprenait la vérité « enfin un jour il me sera peut être impossible de continuer à me taire » songea t-il. C'était déjà de plus en plus difficile.

Il chassa ces pensées négatives pour profiter de l'instant présent et de la perspective du petit déjeuner avec lui. Il se tourna vers le réveil et écarquilla les yeux, choqué : 10H21 ! Il se leva précipitamment. Comment avait-il pu dormir autant ? Trois heures auraient du lui suffire ! Et comment pouvait-il autant se laisser aller ? Enfin ça c'était sans doute la présence apaisante de son partenaire. « Je deviens trop confiant, c'est une imprudence » se morigéna t-il tout en enfilant son pantalon « pour moi et surtout pour lui je dois rester vigilant !» Il portait un maillot et ne prit pas la peine d'enfiler une chemise, de toute façon ensuite il aurait besoin d'une douche chaude et de vêtements propres.

Il entrouvrit doucement la porte et aperçu Finch assis dans le canapé devant son ordinateur portable. Il ne portait pas sa veste mais n'en était pas moins tiré à quatre épingles avec sa chemise blanche aux plis réguliers et son gilet. Il sourit. Son associé serait resté élégant même en plein désert ou au milieu d'une banquise songea t-il. Il s'avança.

-« Bonjour Finch »

Ce dernier se tourna aussitôt vers lui.

-« Bonjour M Reese. Bien dormi ? » Demanda t-il en lui adressant un sourire, satisfait de le retrouver. En revanche il se détourna presqu'aussitôt et John fut déçu de ne pas pouvoir en profiter plus longtemps « toujours son ordinateur » songea t-il frustré.

Il ne pouvait deviner que c'était en fait sa tenue qui avait provoqué cette réaction chez son associé. Il n'avait pu s'empêcher de détailler sa silhouette, son torse musclé que le maillot ne dissimulait pas vraiment, ses pieds nus frôlant le parquet, et tout cela avec ce sourire si lumineux qui n'appartenait qu'à lui. C'était un peu trop pour Finch qui n'y était pas préparé.

-« Très bien Finch. Trop en fait, vous avez vu l'heure ? »

-« Vous aviez besoin de vous reposer M Reese »

-« La prochaine fois ne me laissez pas dormir aussi longtemps »

-« La prochaine fois, programmez votre alarme M Reese car il n'est pas question que j'interrompe votre sommeil quand vous en avez autant besoin »

-« Je vois. Je ne peux pas compter sur vous alors ? » Se moqua l'ex agent.

-« Pas sur ce sujet, je le crains » jugea l'informaticien sur le même ton « mais ce sera bien le seul » songea t-il

-« Vous avez déjeuné ? »

-« Non pas encore. Je vous attendais » répondit Finch « Et je le regrette ! » pensa t-il en lui-même, parce que la perspective de s'assoir en face de son agent et de sa "tenue décontractée" lui semblait des plus perturbantes ! S'il avait pu deviner, il n'aurait pas attendu « ou j'aurais pu dire que j'avais déjeuné ». Sauf qu'il ne pouvait pas lui mentir.

-« Vous venez ? » interrogea Reese alors qu'il revenait avec la cafetière et la déposait à côté de la théière de l'informaticien.

-« J'arrive » murmura Finch en se levant avec réticence.

-« Tout va bien Finch ? » s'étonna l'ex agent. Il déposa une tasse de thé devant lui comme il prenait place.

-« Merci. Tout va bien. Cette mission est enfin terminée. C'est un soulagement » ajouta t-il pour entretenir la conversation.

John remarqua qu'il semblait éviter son regard et s'étonna de son attitude mais il préféra ne pas l'interroger car cela risquait de le braquer. Il le connaissait assez pour anticiper sa réaction. Il agit donc comme si tout était normal. Il découvrirait plus tard la raison de sa gêne en l'étudiant discrètement.

-« J'en suis soulagé moi aussi et je dirais que Lionel pense la même chose. On peut dire que ce type nous aura donné du fil à retordre ! »

-« Comment va votre blessure ? »

-« Bien docteur. Ce n'est pas douloureux »

Finch ne put retenir un sourire au mot "docteur". Précisément ce qu'espérait son agent.

-« Tant Mieux. Et si je suis votre médecin alors j'avais bien le droit de vous laisser dormir »

-« Touché » commenta Reese

-« Et je poursuis la prescription en vous incitant à vous détendre puisque nous n'avons pas de numéro »

-« Bonne idée Finch. Après le petit déjeuner je me prépare et nous irons chercher Bear pour sa promenade au parc. Ce sera une excellente façon de nous détendre »

L'informaticien tressaillit.

-« J'ai dit que vous en aviez besoin M Reese. Je ne pensais pas me prescrire la même chose »

-« Vous devriez. Vous êtes fatigué vous aussi, ça se voit. Cette mission nous aura fait manquer de sommeil à tout les deux et Bear sera heureux de votre compagnie » trancha John « enfin pas autant que moi » songea t-il.

Alors que Finch de son côté s'interrogeait « seulement Bear ? Je préférerais que ce soit vous…»

-« Bien. Dans ce cas il m'est difficile de refuser » dit-il simplement.

Et John retint un sourire réjouit. Il lui tendit la corbeille de croissants, manœuvrant pour frôler la main de son associé, juste heureux de ce bref contact, tandis que Finch retenait un soupir, ses nerfs mis à rude épreuve. Il fut soulagé que le repas se termine et que John aille s'enfermer dans la salle de bains pour se préparer.

Il en sortit vingt minutes plus tard, revêtu de l'un de ces habituels costumes, et Finch soupira en songeant qu'il allait enfin pouvoir relâcher un peu la pression.

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Ils ne firent que passer à la bibliothèque. Le temps de récupérer Bear et ils rejoignaient le parc.

Il était midi et ils croisèrent de nombreux employés venu faire une pause. Au vu de leur petit déjeuner tardif, aucun des deux n'avait faim. John joua longuement avec Bear qui semblait ne jamais se lasser de courir derrière sa balle de tennis. Finch profitait du spectacle et se détendait de tout ce stress accumulait ces derniers jours. Il espérait que la prochaine mission serait plus calme et surtout les tiendrait moins éloigné l'un de l'autre.

Vers 15H Bear donna enfin des signes de fatigue. John qui était revenu s'assoir près de son associé le remarqua.

-« Il est temps de rentrer » jugea t-il. Puis une autre idée lui traversa l'esprit tandis qu'il rattachait la laisse du chien.

-« Il est trop tard pour le déjeuner et trop tôt pour le dîner. Que diriez-vous d'un goûter Finch ? »

L'informaticien lui lança un regard surpris

-« Je connais un salon de thé où il font d'excellentes pâtisseries et où les chiens sont tolérés sur la terrasse et comme il fait beau »

Finch n'hésita pas vraiment

-« D'accord » répondit-il à la grande satisfaction de son associé « je ne refuse jamais une bonne tasse de thé » se justifia t-il

-« C'est bon à savoir pour la prochaine invitation » le taquina Reese

Une heure tranquille à la terrasse du salon de thé à discuter de tout et de rien, chacun profitant de la présence de l'autre, Bear endormi à leurs pieds. Puis ils se décidèrent à rentrer à la bibliothèque, Finch souhaitant vérifier son système, John refusant catégoriquement sa suggestion de rentrer chez lui pour se détendre « Je ne serais nulle part mieux qu'avec vous » songea t-il

Finch s'installa donc devant ses ordinateurs tandis que Reese prenait place dans un coin à lire un peu, ou en tout cas à faire semblant, préférant nettement rester à observer son partenaire discrètement. Il s'absenta un peu plus tard pour aller chercher le dîner. Chacun vit alors arriver l'heure qu'ils détestaient le plus, celle de leur séparation. Mais comme d'habitude aucun des deux ne l'exprima et ils rentrèrent chacun de leur côté espérant le retour du jour pour retrouver l'autre.

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Lorsque John parvint à la bibliothèque le lendemain matin, il sentit tout de suite une certaine tension dans l'atmosphère. Finch était à sa place, devant ses écrans, mais son attitude rigide l'interpella. Il remarqua la photo d'un homme sur le tableau. « Nouveau numéro » songea t-il « est ce cela qui le perturbe ? Peut être le connaît-il ? »

-« Bonjour Finch » lança t-il d'un ton neutre. Il posa leur petit déjeuner et câlina Bear venu à sa rencontre.

-« Bonjour M Reese » répondit sobrement l'informaticien.

-« Nous avons une nouvelle mission ? » demanda t-il en examinant la photo de plus près. Un homme brun, la trentaine, en uniforme « un militaire ? » s'interrogea Reese en fronçant les sourcils.

-« En effet » répondit Finch avec une certaine réticence que John capta et qui l'intrigua plus encore.

-« Quelque chose ne va pas Finch ? »

-« Tout va bien M Reese » répondit Finch. Réalisant que son attitude réservée attirait l'attention de son agent, il enchaina précipitamment « Justin Hallen, 36 ans, steward, célibataire. Il a un appartement dans Brooklyn qu'il ne doit pas occupé très souvent compte tenu de sa profession. Pour l'instant je n'ai pas beaucoup plus d'information »

-« Le numéro est tombé depuis longtemps ? » interrogea Reese d'un air innocent, façon détournée de s'assurer que son associé n'était pas arrivé trop tôt ce matin.

-« Juste au moment où j'entrais dans le bâtiment, il y a une demi heure »

Reese hocha la tête rassuré.

-« Donc ce type a un métier plutôt prenant. Je suppose qu'il est toujours entre deux vols ? Moyen long courrier ? »

-« Ni l'un ni l'autre. Monsieur Hallen n'est pas employé d'une compagnie d'aviation mais de navigation »

-« De navigation ? » répéta Reese perplexe.

-« Il travaille sur "Le Celtic "un bateau de croisière qui assure régulièrement des traversées de 18 jours. Des séjours à thèmes qui semblent avoir un certain succès »

-« Hum. Oui ça peut être agréable pour quelques jours de vacances » estima Reese « enfin j'espère que pour cette fois Hallen est à terre, sinon je vais avoir du mal à le suivre »

« C'est bien ça le problème ! » songea Finch dépité. Ce matin, il était arrivé de bonne humeur dans leur repaire. La seule perspective d'une nouvelle journée à ses côtés, l'idée de le revoir très bientôt, suffisait à le réjouir. Puis il avait reçu l'appel de la machine, ce qui l'avait fait soupirer à la perspective des nouveaux dangers qu'ils devraient peut être affronter. Mais à cet instant il n'imaginait pas ce que ce nouveau numéro leur réservait : une nouvelle séparation. Et pas seulement pour quelques heures ! Depuis il ne cessait de tourner cette idée dans son esprit, s'en désespérant un peu plus à chaque minute. Etre loin de lui, ne pas pouvoir veiller sur lui, l'aider. Il savait, pour l'avoir endurer pendant ces trois derniers jours, à quel point sa présence lui était nécessaire.

-« Finch ? »

L'informaticien sursauta. Perdu dans ses pensées il n'avait pas répondu à la question

-« Il est à terre effectivement » annonça t-il

-« Tant mieux » soupira Reese soulagé.

-« Mais seulement jusqu'à ce soir. Il embarque demain matin pour la prochaine traversée »

-« Demain matin ? » s'exclama John sans pouvoir masquer totalement sa contrariété « Mais je ne peux pas suivre ce type sur son bateau ! »

-« Si la mission le nécessite… » Commença l'informaticien.

-« Finch ! Un voyage de dix huit jours ! »Protesta t-il. Il réalisa qu'il se montrait peut être un peu trop démonstratif. Aussi reprit-il plus calmement « Je ne peux pas m'absenter aussi longtemps. La machine peut nous transmettre d'autre numéros entretemps » il hésita, puis affirma « Et je ne peux pas vous laisser seul à gérer tout cela pendant tant de temps »

« Et encore moins vivre trois semaines loin de vous » songea t-il désespérément.

Finch l'observa, un peu étonné de la véhémence de sa réaction, mais préféra ne pas relever.

-« Je sais M Reese. Mais si la mission exige que vous le suiviez pendant la traversée il faudra bien le faire. Je vais voir s'il est possible de faire une réservation » ajouta l'informaticien en se tournant vers son ordinateur.

-« Venez avec moi » répondit spontanément l'ex agent.

Finch se figea, ses mains immobilisées au dessus du clavier.

-« Pardon ? » demanda t-il en levant les yeux vers John.

Reese pinça les lèvres d'avoir laisser échapper sa pensée. Mais c'était plus fort que lui.

-« Venez avec moi » répéta t-il

-« Vous êtes sérieux ? » Demanda l'informaticien perplexe. Mais au fond de son esprit l'idée s'imposait et surtout son incidence : ne pas être séparé de lui.

-« Il sera difficile de garder le contact pendant la traversée et je ne pourrais pas assumer les recherches tout seul » tenta John.

-« Il y aura une liaison satellite » suggéra Finch « Mais il est certain que la distance pourrait être source de retard »

-« Ce qui serait une gêne » insista Reese.

-« Et puis vous pourriez avoir besoin d'aide… »

L'ex agent se tendit. Ca en revanche c'était une option qui ne lui plaisait pas. Il n'était pas envisageable que Finch courre un quelconque danger.

-« Eventuellement mais je pense qu'un soutien logistique suffira. Il est hors de question que vous soyez exposé »

Finch eut un sourire amusé.

-« Il me semble que le simple fait d'embarquer sur ce navire équivaudra à être sur le terrain M Reese et donc "exposé"»

L'ex agent parût réfléchir, pesant le pour et le contre.

-« Vous avez raison. C'est une mauvaise idée » concéda t'il finalement. Il hésita puis ajouta « Mieux vaut que vous restiez ici, la liaison satellite suffira »

C'était dit clairement à contrecœur et Finch s'en rendit bien compte. Il se sentit réchauffé par cette impression que John ne voulait pas être séparé de lui. Il n'en connaissait pas la raison mais il en était heureux.

-« Nous ne pouvons pas risquer de rater cette mission. Je vous accompagne » affirma t-il alors.

L'ex agent le fixa un instant. Partagé entre la joie de ne pas le quitter et la crainte de le voir participer d'un peu trop près à l'enquête.

-« Ok » consentit-il « Mais dans ce cas il va falloir établir quelques règles »

-« Des règles ? » demanda Finch qui avait repris ses manipulations.

-« Vous serez là pour les recherches et rien d'autre. Pas question que vous interveniez d'une autre façon et pas de contact avec Hallen au cas où il serait la menace »

-« En résumé je reste enfermé dans la cabine nuit et jour ? » s'amusa Finch « C'est radical, cela ne me donne plus très envie de vous suivre »

-« Hum, non. Vous pourrez sortir mais vous devrez être prudent »

-« Je le serais M Reese mais honnêtement je ne pense pas risquer grand-chose puisque vous serez à proximité »

-« Merci Finch. Vous avez raison. Je ne laisserais personne vous atteindre »

-« Je sais. Je vous fais confiance » approuva l'informaticien.

Reese sourit. Son associé n'imaginait surement pas à quel point ces mots lui faisaient plaisir. Et il y avait la perspective de voyager avec lui, coupé du monde. Ils pourraient peut être se rapprocher un peu ? Songea t-il. Si cela ne tenait qu'à lui ils créeraient de nouveaux liens. Il détailla la silhouette de son partenaire. « Je pourrais même me contenter d'une seule cabine pour toute la traversée, une seule chambre voir même un seul lit… » La pensée accentua son sourire. Heureusement que Finch lui tournait le dos. Il ne se voyait pas lui faire part de ses pensées « mais peut être qu'un jour cela pourrait changer » espéra t-il.

-« En attendant je pense que vous pouvez commencer à surveiller M Hallen ? » proposa Finch, le tirant de ses réflexions « avec un peu de chance l'affaire se réglera d'ici ce soir et nous n'aurons plus à envisager le voyage? »

-« C'est une possibilité » Reese se demanda s'il devait prier pour cette option, partagé entre son envie de voyager avec lui et son besoin de le protéger.

-« Son adresse est sur votre téléphone »

-« Alors j'y vais » l'ex agent saisit un beignet au passage « Je vous appelle lorsque je l'aurais localisé »

-« Entendu M Reese ». Finch le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il quitte la pièce, puis continua ses recherches, pas aussi concentré qu'il l'aurait fallut. « Venez avec moi ». Les paroles de Reese tournaient dans son esprit. Il avait dit cela si spontanément comme s'il refusait absolument de le quitter. D'ailleurs il semblait contrarié par l'idée de cette traversée. C'était étrange. Quand à la perspective de voyager seul avec lui dans l'espace somme toute assez limité d'un navire, de le côtoyer d'aussi près à longueur de journée, et de nuit !, c'était particulièrement perturbant ! Mais il saurait résister, parce que rester à l'attendre à la bibliothèque et devoir vivre sans le voir autant de temps lui était tout bonnement impossible !

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Reese appela au bout d'une demi-heure. Posté sur le toit de l'immeuble voisin, il épiait leur numéro par la fenêtre.

-« Je l'ai en visuel Finch. A priori tout semble normal »

-« Je n'ai rien de nouveau non plus. Ses comptes sont réguliers. Il n'est pas très bien payé mais je suppose que les voyages sont une compensation. Et il n'a pas de dépense pendant les traversées »

-« Visiblement il a une petite amie »

-« Pas à ma connaissance »

-« En tout cas il est en bonne compagnie. Une jeune femme brune. Il la raccompagne à la porte » il observa quelques instants puis ajouta « Je ne suis pas sur qu'il s'agisse d'une relation établie. La fille porte une tenue plus adaptée à une soirée et ne paraît pas habituée des lieux »

-« Une simple rencontre ? » suggéra Finch.

-« C'est possible. J'ai l'impression qu'il prépare ses bagages, sans doute pour prendre son poste »

-« Le bateau lève l'ancre très tôt demain matin »

-« Au fait Finch vous avez une réservation ? »

-« Oui. Il restait des places disponibles. Les plus chères évidements, mais l'essentiel est que vous puissiez embarquer. A la veille de la traversée ce n'est pas évident »

-« Je vois. Je vais devoir préparer une valise moi aussi alors »

-« Ce serait recommandé si la menace ne se manifeste pas d'ici ce soir »

-« Je verrais cela plus tard » il n'osa pas lui demander s'il prévoyait aussi la sienne. Peut être avait-il changé d'avis ? « Ou recouvré la raison » songea t-il. N'avait-il pas dit « l'essentiel est que vous puissiez embarquer » il n'avait pas employé le pluriel…

-« Hallen s'apprête à sortir. Je vais le suivre. Vu qu'il emporte sa valise je suppose qu'il va se rendre à la capitainerie pour la déposer »

-« Cela doit faire partie de la procédure » approuva l'informaticien « D'ailleurs les passagers sont aussi invités à déposer leurs valises à l'avance »

-« Tant pis. Moi je n'en aurais pas le temps. Je la ferais enregistrer demain matin »

-« Certaines personnes n'arrivent que pour l'embarquement. Vous ne serez sans doute pas le seul à agir ainsi M Reese »

-« En revanche, combien y aura-t-il de passager sur ce bateau ? » interrogea l'ex agent

-« Il est prévu pour accueillir 200 passagers, pourquoi ? »

-« Parce que c'est autant de menaces si Hallen est la victime »

-« En effet. Nous n'aurons que l'embarras du choix »

-« Bien Hallen a quitté l'immeuble. Je vous rappelle plus tard »

-« Soyez prudent »

La recommandation le fit sourire. Reese suivit le steward jusqu'à la capitainerie où il discuta longuement avec l'un des employés. John fut intrigué par son attitude vaguement …envahissante. Ce type lui faisait une drôle d'impression. Hallen quitta le port et se dirigea vers le centre ville. Il se rendit dans deux magasins de vêtements puis prit place à la terrasse d'un restaurant. Il y fut rejoint après quelques minutes par une jeune femme blonde. La façon dont il l'accueillit ne laisser planer aucun doute sur la nature de leur relation. Reese rappela son associé.

-« Finch ? Hallen s'est arrêté dans une brasserie pour le déjeuner. Il avait rendez vous avec une jeune femme »

-« Celle de ce matin ? »

-« Non. Une autre très différente mais avec laquelle il semble très intime »

-« Il aurait donc deux compagnes à la fois ? » suggéra l'informaticien.

-« Ou une compagne et une maîtresse et dans ce cas nous serions face à une banale histoire de jalousie »

-« Si c'est le cas la menace devrait être facilement identifiable »

-« Espérons-le. Je vais aller m'installer à proximité pour appairer son portable »

Le repas se déroula tranquillement. Le couple semblait bien s'entendre « pas de tension apparentes » songea Reese. La jeune femme le quitta à la fin du déjeuner et Hallen regagna son appartement. Avant de sortir à nouveau pour se rendre dans un grand magasin. Vers 17H il repassa chez lui pour en ressortir quelques minutes plus tard en tenue de jogging. « Sportif ?» s'interrogea Reese un peu perplexe. Il le suivit jusqu'au parc où il fût rejoint par une jeune femme pour son entrainement. Voyant l'heure tourner, Reese commençait à se dire que l'affaire ne se résoudrait pas aussi rapidement que cela aurait été souhaitable.

Cette fois ce fut Finch qui le rappela.

-« Du nouveau M Reese ? L'inspecteur Fusco n'a trouvé aucun élément sur M Hallen »

-« Il est occupé à faire un jogging au parc en galante compagnie. Vous n'allez pas le croire Finch mais sa partenaire n'est ni la femme de ce matin ni celle avec qui il avait rendez vous à midi, mais il semble avoir les même liens avec elle qu'avec les deux autres »

Finch toussota. John pouvait presque visualiser son associé, les lèvres pincées en signe de désapprobation.

-« Ce Monsieur semble avoir beaucoup de succès auprès de la gente féminine alors ? »

-« C'est une certitude. J'ai l'impression qu'il est particulièrement instable. Reste à savoir si l'une de ses conquêtes pourrait vouloir s'en prendre à lui »

-« Peut être si nous pouvions les identifier ? »

-« Ca risque d'être compliqué. J'ai cloné son téléphone à midi mais il n'a aucun contact enregistré en dehors des relations professionnelles et il semble effacer ses messages très régulièrement. J'ai écouté la conversation mais je n'ai obtenu qu'un prénom »

-« Je vais essayer de me connecter à son opérateur pour retrouver la trace de ses SMS »

-« Connecter ou pirater ? » le taquina John

-« Je crains de ne rien obtenir avec une demande officielle M Reese » répondit l'informaticien sur le même ton

John suivit Hallen lorsqu'il rentra chez lui. Il reçu un appel un peu plus tard, une invitation pour une sortie dans un club de la ville qu'il déclina « J'embarque demain » justifia t-il « On verra à mon retour ». « Apparemment il ne bougera plus ce soir » estima Reese. Il le vit se préparer un dîner rapide puis s'installer devant son téléviseur. Finch le rappela.

-« M Reese ? »

-« Oui Finch du nouveau ? »

-« J'ai obtenu un historique des SMS de M Hallen. Quelques conversations, de nombreux rendez vous. Il se sert de ce moyen pour communiquer mais efface chaque message et même les contacts dès que l'histoire est terminée »

-« Et il y a eut beaucoup "d'histoire terminée" ? »

-« je n'ai eu accès qu'au trois derniers mois mais rien que pour ce laps de temps c'est assez conséquent. Vous aviez raison de le juger instable »

-« Si c'est une histoire de jalousie nous n'allons pas manquer de candidates » soupira Reese « en tout cas je ne pense pas que la menace apparaisse ce soir. Il est sur le point d'aller se coucher. Je vais rentrer et préparer ma valise. A quelle heure dois-je embarquer ? »

-« 8H30 »

-« Donc j'irai au port pour 7H30 »

-« Vous feriez bien de rentrer rapidement si vous voulez avoir le temps de dormir un peu »

Finch capta le soupir de son agent.

-« C'est bien la première fois que je vous vois rechigner à une mission M Reese » constata t-il d'un ton qui se voulait taquin mais sonnait un peu faux.

-« Avouez qu'elle est un peu spéciale Finch »

-« Cela vous changera de la routine »

-« On va dire cela » jugea l'ex agent. Il hésita puis renonça à poser la question qui lui brulait les lèvres.

-« A demain Finch »

-« Bon repos M Reese » l'informaticien coupa la communication. Reese n'avait pas évoqué leur départ. Il en parlait comme s'il était le seul à partir « il regrette sa proposition ? » se demanda t-il « sans doute parce qu'il ne veut pas me voir exposé » du moins il souhaitait que ce ne soit pas pour éviter sa compagnie. Il ferma son installation puis saisit son manteau.

-« Allez viens Bear. Ce soir tu pars avec moi, nous allons rendre visite à l'un de tes amis »

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John regagna son loft. Une fois sur place il prépara rapidement une valise et se coucha pour essayer d'obtenir quelques heures de sommeil. Il s'efforça de bloquer les pensées négatives qui envahissaient son esprit et l'idée de leur séparation. Finch n'avait pas confirmé son voyage et il était persuadé que son associé y avait renoncé. « C'est trop dangereux. Il sera exposé » se répéta t-il D'ailleurs cette possibilité aurait du suffire à lui faire accepter cette renonciation. Sauf que son besoin de lui était encore plus fort que sa prudence.

Il finit par s'endormir d'un sommeil nerveux, peu reposant.

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OoooooooooO

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John se leva à 6H30, prit une douche rapide et se prépara. Il ne lui faudrait pas longtemps pour rejoindre le port. Il se demanda s'il devait faire un détour par la bibliothèque. Son associé n'y serait pas si tôt. Mais partir sans l'avoir revu au moins quelques minutes…. Il soupira et ferma sa valise après y avoir glissé sa trousse de toilette. Il leva les yeux vers le réveil, 6H55. Il était temps de descendre.

A cet instant deux coups frappés à sa porte le firent sursauter. Il alla ouvrir, espérant que peut être…

-« Harold ? »

-« Bonjour M Reese. Êtes-vous prêt ? »

-« Heu oui. Vous venez finalement ? »

-« N'est ce pas ce que nous avions prévu ?»

-« Si. Enfin je pensais que vous aviez peut être changé d'avis »

-« La mission avant tout » se justifia Finch, ne pouvant révéler ses véritables motivations.

-« Oui bien sur » approuva Reese. Pourtant il vit une lueur dans le regard de son associé et il lui sembla qu'il y avait autre chose. « Tu te fais des idées » songea t-il

-« Et bien allons-y. Ce voyage me plaît davantage en votre compagnie » affirma t-il en se retournant pour saisir sa valise.

Finch ne put s'empêcher de rougir et préféra se détourner pour que John ne voit pas le plaisir que lui apportait cette simple remarque.

Ils prirent l'ascenseur et gagnèrent le parking. Finch déverrouilla le véhicule et enclencha l'ouverture du coffre pour que John puisse y mettre sa valise. L'ex agent observa les deux grandes valises de son partenaire « il ne voyage pas léger » songea t-il. Puis il prit place dans la voiture et avisa un sac sur la banquette arrière.

-« Vous avez aussi une sacoche ? » ne put-il s'empêcher de demander.

-« Mon ordinateur et ma trousse de toilette » répondit Finch en démarrant.

-« Vous ne la laissez pas dans votre valise ? »

-« Je préfère garder avec moi les objets de première nécessité, ordinateur, trousse de toilette, vêtements de nuit. Ainsi j'ai le minimum si ma valise s'égare »

-« C'est bien pensé » jugea Reese « J'y penserai la prochaine fois pour ma trousse de toilette. Pour le reste je n'ai ni ordinateur ni pyjama à emporter » ajouta t-il distraitement.

Finch se mordit les lèvres à cette affirmation. Il souhaita qu'ils n'aient pas à se côtoyer durant la nuit. Ce serait véritablement trop perturbant pour lui !

-« Nous serons à l'heure » affirma Reese sans remarquer le trouble de son associé « Au fait vous avez trouvé un hébergement pour Bear ? »

-« Il a rejoint son pet sitter habituel »

-« Léon ? »

-« Oui. Je doute que M Tao soit toujours raisonnable avec lui mais Bear l'aime bien »

-« Et c'est réciproque même si Léon soutient parfois le contraire » s'amusa Reese « Vous avez réservé deux cabines ? »

-« En effet. Deux suites voisines. J'espère qu'elles seront confortables puisque je vais devoir y rester cloîtré » le taquina Finch.

L'ex agent comprit l'allusion.

-« Voyons Finch, vous pourrez aussi profiter du bon air marin, tant que vous restez dans mon champ de vision » précisa John sur le même ton.

Finch eut un mince sourire mais ne répondit pas. Ils arrivaient à la marina.

-« Allez vous occuper des inscriptions » affirma Reese « je m'occupe des bagages »

-« Je peux vous aider M Reese »

-« Non. Rien de pénible pour votre dos. Je vous laisse votre sac » répliqua John en lui tendant sa sacoche. Finch éprouva ce sentiment de protection que seul John pouvait lui faire éprouver et qui lui était si précieux. Il prit le sac et se dirigea vers la capitainerie tandis que son agent prenait un chariot et de dirigeait vers l'enregistrement.