Texte écrit dans le cadre de la 6ème nuit du Fof, sur le thème énergie.
Epitaphe
Depuis aussi longtemps qu'il s'en souvienne, lui et Fred, son jumeau, avaient toujours été joueurs, casse-cous et plein d'énergie. Ils avaient toujours été très doués pour faire les 400 coups à leur famille, à leurs amis… ou plutôt les 4000 coups, pensait Georges en souriant. Ils exprimaient leur trop plein de sentiments, d'énergie, en faisant des farces, et plus tard, ils s'en étaient servis pour rendre le sourire à ceux qui n'arrivaient pas à l'avoir pendant la guerre.
Ils avaient eu leur propre boutique, où ils pouvaient créer et vendre tout leurs produits, toutes leurs inventions. Ils avaient une très belle boutique, sur le chemin de Traverse, pleine de souvenirs maintenant. Souvenirs d'un temps lointain, où ils débordaient d'énergie et de cette joie de vivre enfantine. Un temps où ils pouvaient se battre sans que cela soit méchant ou définitif, où se disputer ne représentait rien car on pouvait toujours s'excuser le lendemain. Car en ce temps là, si joyeux, ils avaient un lendemain. A ce moment, ils n'avaient, pour être heureux, qu'à faire des farces stupides sur leur petit frère, à l'écouter raller auprès de leur mère. Ils pouvaient rire de tout, même de ce qui n'était pas drôle, et ils avaient un rire qui débordait de tellement d'énergie, de joie de vivre, que tous riaient avec aux, pas un ne pouvait y résister. C'était magique. La vraie magie, celle du rire et de l'énergie qu'il leur permettait de transmettre. Cette énergie qui pouvait tout renverser, toutes les barrières et les murailles, qui réchauffait les âmes et les cœurs. Ils avaient un don pour le transmettre.
Mais maintenant, maintenant que Fred, son double, son jumeau, sa presque moitié, était parti, cette énergie était partie, envolée. Il ne pouvait plus ni l'avoir, ni la donner. Pas comme avant. Pas comme avec lui. Sans son jumeau, il n'était plus rien, à peine un demi-Georges.
Mais, c'était justement pour ces raisons-là qu'il se devait de lui rendre hommage, et c'était pour cela qu'il s'avançait, devant une foule de sorcières et de sorciers, quelques-uns connus, la plupart inconnus, pour aller parler des héros de la guerre. Héros dont Fred faisait parti. Fred qui avait emmené un bout de lui en partant. Le laissant vie. Vide d'énergie et d'espoir.
Pourtant, lorsqu'il commença à parler, tout le monde ressenti comme un fragment de cette énergie qu'ils avaient, il y a déjà si longtemps…
