Bonjour à tous, petite nouvelle sur ce forum, je suis heureuse de vous présenter la dernière en date de mes histoires.

Ceci est mon premier écrit portant sur la série britannique Doctor Who. Elle inclut des références à l'ancienne série et aux huit premières saisons de la nouvelle série. Elle ne prendra donc pas compte de ce qui se passera donc la future saison qui arrivera bientôt (saison 9).

Cette histoire est un défi personnel pour moi car j'ai voulu le plus de cohérence avec la série alors que je n'ai vu que la nouvelle série. Je me suis aussi imposée quelques difficultés pour me pimenter la tache. Chacun des chapitres sera nommé de manière à reprendre le sentiment ou l'émotion qui est important dans le chapitre (et qui ont une importance pour la suite). De plus, j'ai écrit cette histoire à plusieurs voix et principalement pas celle du Docteur alors le point de vue est particulier.

Bonne lecture


Chapitre : Avoir des regrets

Du temps s'était écoulé, beaucoup de temps, trop de temps. Combien d'années, de décennies, de siècles avaient défilé depuis la fois où il avait entendu les autres seigneurs du temps lui demander son nom afin de revenir dans le bon univers ? (1) Cette fameuse nuit où ces confrères lui avaient alors donné la chance de poursuivre sa route, pour parvenir à les retrouver et rentrer chez eux… chez lui. Gallifrey. Sa treizième incarnation avait disparue il y avait cela bien des années, tout comme sa chère Clara qui l'avait aidé autant qu'elle le pouvait au début de son nouveau cycle de régénération. Mais comme toute humaine, elle avait vieilli et avait fini par ne plus pouvoir l'accompagner dans ses aventures. Il avait dû prendre alors une terrible décision et lui en avait fait part : elle n'avait pas pu lui en vouloir et lui avait dit adieu.

Une larme coula des yeux du Docteur, ses yeux ternis par le Temps et les guerres. Il ne parvenait à s'y faire. Perdre ou abandonner ses compagnon de voyage, il avait dû s'y résoudre pour le bien de ceux-ci, mais lui souffrait toujours de leur départ, sans jamais pouvoir diminuer la souffrance. Il pensa alors aux autres camarades de voyage qu'il avait eus, tous ceux qu'il avait eu la chance de croiser au fil de son errance à travers les époques et les planètes. Chacun avait gardé une place plus ou moins importante dans ses cœurs et il ne les oublierait pas. Ils faisaient partie de lui, jamais il ne serait devenu ce qu'il était si leurs routes ne s'étaient pas croisées.

Toutefois, le Docteur savait que ce n'était des figures passagères dans sa vie et que jamais ils ne remplaceraient le vide qu'il y avait dans sa vie. Un manque qui n'était dû qu'à la perte puis à l'ignorance de la localisation de sa planète natale. Peu après son sauvetage de Gallifrey (à l'aide de deux autres de ses incarnations) (2), il avait compris que son monde était perdu dans un autre univers et n'attendait que son retour. Il avait alors continué sa course dans l'Espace et le Temps, à voyager, tout en guettant un signe de la part des autres seigneurs du temps. Mais l'attente avait commencé à s'éterniser et sa patience à s'effacer dans le temps. Après plusieurs siècles, il avait fini par abandonner l'idée de garder quelqu'un à ses côtés. Il racontait chaque fois son histoire, celle de son peuple, mais il savait aussi que jamais il ne pourrait totalement partager tout cela avec des personnes qui ne venaient pas de Gallifrey.

Il s'était alors retrouvé seul avec lui-même, à vagabonder de galaxie en galaxie. Il avait encore sauvé des peuples, des planètes et mis fin à des conflits, mais en faisant en sorte de ne jamais resté assez longtemps à un endroit afin d'éviter de tisser des liens. Il avait souvent couru, jamais pour fuir, mais toujours en s'obligeant ne pas regarder en arrière. Il s'était alors fixé comme objectif, quel qu'en soit le prix, de retrouver sa chère planète qui l'avait vu naître il y a de cela plusieurs millénaires. Ses voyages auraient pu paraître sans logique aux yeux d'un étranger, mais lui connaissait parfaitement l'univers pour savoir où chercher précisément des informations qui pourrait le mener à Gallifrey. Cela lui avait pris plusieurs siècles, des centaines d'années de solitudes, pour ressembler tous les renseignements dont il avait besoin.

Mais il y était parvenu, il avait retrouvé son « chez lui», où il pourrait enfin se sentir à sa place parmi les siens. En fissurant juste assez l'Espace et le Temps (avec tous les risques de cela comporte bien sûr), il était parvenu à extirper Gallifrey du monde parallèle où sa chère planète avait été sauvegardée mais aussi enfermée par ses soins. Il se souviendrait toujours de ce jour où il put enfin la revoir. Pas à travers ses souvenirs ou cachée de l'autre côté d'un faille entre deux univers, non juste devant ses propres yeux. Il s'était mis alors à pleurer de joie, sentiment qui fut encore décuplé lorsqu'il entendit les premières tentatives de communication au Tardis de la part d'autres seigneurs du temps. Les temps qui suivirent furent les plus joyeux qu'il eut connus connu depuis des siècles, car il avait enfin senti le manque qui le meurtrissait disparaître. Les retrouvailles avec les autres seigneurs du temps furent pour beaucoup pour cela. Accueilli comme un héros par les siens pour les avoir sauvés de leur destin funeste de la Guerre du Temps, il ne compta plus le nombre de festivités qui eurent lieu sur la planète toute entière les mois qui suivirent.

En effet, et à son plus grand plaisir de pouvoir à nouveau (re)visiter les différents paysages de son monde, le Haut Conseil des seigneurs du temps l'invita à faire une sorte de tournée sur toute la planète pour que le peuple dont il faisait partie et dont était maintenant une légende puisse le rencontrer. L'annonce de son retour sur Gallifrey s'était en effet répandue rapidement à travers les différentes contrées après qu'il soit atterri dans la capitale de Gallifrey. Il était donc parti à la redécouverte du monde sur lequel il avait passé les premières années de sa longue existence. Il savait qu'il avait tout perdu, sa famille et ses biens, lors de la Guerre. Mais la mélancolie de savoir ce qu'il ne pourrait pas les faire revenir était atténuée par toutes les rencontres qu'il fit et tout ce que le temps avait pu conserver de l'époque où il avait quitté la dernière fois son monde. De plus que le temps avait été pour une fois de son côté : figer Gallifrey et l'envoyer dans un univers parallèle avait eu pour conséquence que le temps ne s'était pas écoulé de la même manière depuis son dernier voyage sur Trenzalore (3). Le Docteur avait vécu près de mille ans depuis qu'il était passé sur le lieu de son tombeau alors que deux siècles à peine s'étaient écoulés pour les autres seigneurs du temps. Ceux-ci avaient reconstruit en partie les dégâts provoqués par la Guerre du Temps mais certaines traces étaient toujours présentes, pour leur rappeler leur Histoire et leur éviter que celle-ci ne se répète.

Ce périple pour le Docteur fut donc aussi empreint de douleur due aux souvenirs de tout ce qui avait été perdu et de tous ceux qui avaient péri sous les joncs des Daleks. Toutefois, le reste fut bien plus radieux puisqu'il put aussi revoir des connaissances qui avaient survécu à la Guerre du Temps et aux deux derniers siècles. Des personnes qu'il avait côtoyées il y a bien longtemps de cela mais qu'ils avaient toujours espéré revoir. Ce voyage à la fois initiatique et du souvenir s'étendit sur près de neuf mois, le temps chez les humains de créer une nouvelle vie pensait-il. Lui-même avait en quelque sorte été en pleine renaissance depuis son retour parmi les siens. Mais pouvait-il vraiment se comparer à un nourrisson alors qu'on le percevait alors avec le visage d'un vieil homme ? Depuis sa décision d'abandonner l'idée d'être accompagné dans ses voyages pour se consacrer exclusivement à la recherche de Gallifrey, jamais le Docteur ne s'était régénéré. Cette présente incarnation avait donc déjà vécu plusieurs siècles : cela se lisait aussi bien dans son âme torturé par la recherche de Gallifrey, que par les traces qu'avait laissées le temps sur son corps.

Le Docteur se retrouvait maintenant là, assis dans l'une des chaînes de montagnes les plus reculées de sa planète, à regarder le coucher des soleils qui veillaient sur Gallifrey. Il avait fini il y a quelques jours seulement sa tournée tout autour de la planète puis s'était reclus dans un endroit loin de toute la civilisation gallifréenne pour se retrouver seul. Il en avait besoin après le tourbillon de personnes qu'ils avaient croisées et côtoyées les derniers mois. Il n'avait compris que plus tard que ce n'était pas une simple envie de s'isoler de son peuple, mais d'abord une nécessité vitale. Lorsqu'il avait senti les premiers effets, il ne s'était pas étonné ni n'avait été peiné, car il savait que le temps était venu, celui de changer. Il avait alors pris ses dispositions et pris soin de laisser le peu d'affaires qu'il avait avec lui dans un endroit où il était certain que personne ne viendrait visiter pendant son absence. Son regard se porta vers un point précis de l'immense étendue aride qui s'étalait en contrebas des montagnes où il se trouvait. Une plaine désertique qui ne lui avait jamais été inconnue puisqu'une grange en bois y était construite. Une petite bâtisse sans importance pour les autres, mais qui était des plus symboliques pour lui. Le lieu où tout aurait pu basculer (4) et aussi celui auquel il avait laissé la garde de ses affaires.

Le Docteur contempla les ultimes rayons des soleils embraser le ciel d'une teinte rougeâtre. C'était la dernière fois qu'il verrait ce spectacle avec ses yeux-là. Demain serait un autre jour et il y aurait un autre Docteur. Sa seule crainte à cet instant-là était de ne pas savoir sa chère boîte bleue à ses côtés pour ses derniers instants. C'était sa première régénération pour lequel il n'était pas dans le Tardis ou non loin de celui-ci. Cependant, il savait que la seule âme qui l'avait accompagné dans son errance était alors au siège de l'État-major, entre de bonnes mains. Faire revenir Gallifrey dans son univers d'origine ne s'était pas fait sans dégâts et c'est son Tardis qui en avait en grande partie fait les frais. De nombreuses réparations assez conséquences assorties d'un long temps de repos étaient nécessaires si la machine à voyager dans le temps souhaitait un jour revoyager. Le Docteur avait donc dû se résoudre à partir pour son périple sur Gallifrey sans sa vieille amie, la laissant au soin de techniciens plus expérimentés que lui. La séparation n'avait toutefois pas été facile, son Tardis refusant au début de se laisser manipuler ou réparer par une autre personne que « son Docteur ». Il ne s'était pas imaginer que la prochaine fois qu'elle le reverrait, ce ne serait pas avec le même visage que celui qu'il avait lorsqu'il était parti. Mais il savait qu'elle le reconnaîtrait, quel que soit sa régénération.

Le Docteur sentit ses cœurs se serrer un peu plus fort puis vit ses mains se mettre à briller d'un fort éclat. L'énergie de régénération était maintenant présente, le moment fatidique allait bientôt arriver. Il n'y avait plus de retour possible en arrière. Et il ne le voulait en rien changer quoi que ce soit. Il n'y avait rien au cours de la vie avec ce visage qui allait alors disparaître qu'il aurait voulu oublié. Avec cette régénération, il était parvenu à ce que de nombreux de ses anciens visages n'avaient pas réussi à faire : retrouver sa planète natale et son peuple. Rien ne pouvait le rendre alors plus heureux.

Alors pourquoi, au terme de cette vie où il avait pu réaliser son souhait le plus cher, des regrets étaient présents ?


(1) cf. Le Nom du Docteur

(2) cf. Le Jour du Docteur

(3) cf. L'Heure du Docteur

(4) cf. Le Jour du Docteur


Voici ce court premier chapitre, qui je l'espère, vous a intrigués et qui vous fera attendre la suite. Je préfère vous prévenir à l'avance, je suis du genre à toujours faire de longues histoires et celle-ci devrait compter au moins une vingtaine de chapitres. Je suis preneuse de toutes les commentaires que vous souhaitez faire, cela est toujours un plaisir d'avoir des retours sur ce que j'écris.

A bientôt pour la suite.