Petite coproduction Avec "Myrtillez". Bonne lecture à vous :)
Chapitre 1
La voûte céleste s'étendait en paillettes sous ses yeux. Le jour se levait et le ciel arborait des couleurs surréalistes, nuances d'orangés et de rosés entremêlés dans des soupçons de violet.
De l'arrière de l'appareil semblaient filtrer de longues nuées blanches irrégulières et imparfaites, marquant de leur emprunte la trajectoire suivie par la fine carlingue.
Tel un petit poucet, l'avion laissait donc une trace de son passage. Pour un court instant du moins. Probablement que quelques milliers de mètres plus bas, quelqu'un levait la tête et, apercevant la longue trainée nuageuse se disait « Quelqu'un pense à moi ».
Elle détacha son regard du hublot et reporta son attention en direction de l'écrivain, endormi à côté d'elle. Il y avait comme du déjà vu dans l'air songea-t-elle, repensant à un trajet un peu similaire, effectué en sa compagnie quelques mois plus tôt.
Elle sourit doucement à cette évocation (ou bien était-ce devant la moue légèrement baveuse de son « collègue » ?), puis, rattrapée par la réalité de cette situation fronça les sourcils. Qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter une telle proposition ?
Elle secoua la tête et accola à son tour son visage contre le dossier du siège, de profil.
Mécaniquement, elle revécut en pensée le moment qui quelques jours plus tôt avait mené à ce vol.
Elle se revoyait encore parfaitement, accoudée contre son bureau, détaillant son tableau blanc préféré, désespérément vide de meurtre, lorsque l'écrivain avait débarqué à ses côtés, tenant dans sa main une enveloppe et arborant un sourire de gamin enjoué.
Il avait secoué cette dernière devant elle, jouant des sourcils pour se donner un air faussement mystérieux.
-Vous ne devinerez jamais ce que j'ai reçu par la poste ce matin.
-Ils se sont enfin décidés à vous accorder votre bac ? L'avait gentiment taquiné la jeune femme.
L'écrivain avait froncé les sourcils, faisant mine de bouder, mais bien vite l'envie de partager la nouvelle avait reprit le dessus.
-Non, c'est une lettre de quelqu'un que nous n'avons pas vu depuis un petit moment. Je vous laisse essayer de deviner de qui il s'agit.
-Mmh..., avait fait la jeune femme en se mordant la lèvre songeuse, il va falloir m'en dire un peu plus Castle. Je suis très mauvaise en devinettes.
L'écrivain avait réfléchit un court instant, avant de proposer son premier indice :
-Aloors...C'est quelqu'un qui a un don de mimétisme plutôt poussé. Qui fait ça très bien disons !
La jeune lieutenant avait haussé les sourcils. Elle n'était pas vraiment plus avancée.
- C'est une femme, avait-il cru bon de préciser. Une femme de caractère !
Beckett avait secoué la tête de droite à gauche. Non, vraiment, elle ne saisissait pas du tout à qui l'écrivain faisait allusion.
Il avait finit par hausser les épaules, et avait confié un peu frustré :
-Bon...j'ai bien un autre indice, mais c'est trop facile, vous allez deviner immédiatement.
-N'est-ce pas le but final Castle ? Avait soulevé la jeune femme. Que je finisse par savoir qui est cette femme et que nous retournions tous deux à des activités un peu plus « professionnelles » ?
Il avait haussé les épaules, grommelant un vague « certes », avant de se saisir d'un crayon bic sur le bureau de la jeune femme, de faire mine d'étaler quelque chose sur ce dernier, et de sniffer l'intégralité de la chose invisible avec le crayon.
- Castle, pourquoi est-ce que vous vous droguez sur mon...Oh...je crois que j'ai compris...Vous faites allusion à Nathalie Rhodes ?
L'écrivain avait levé le pouce en signe de victoire.
-Pfiu...J'ai cru qu'on n'allait jamais y arriver !
-En même temps on pouvait difficilement faire plus flou que vos premiers indices, avait noté la jeune femme taquine.
- Comme vous l'avez dit vous même, vous êtes juste très mauvaise en devinettes, avait rétorqué l'écrivain, un soupçon vexé.
Un silence éloquent avait habité l'espace pendant un instant.
-Mais, elle n'est plus en cure de désintoxication ? S'était alors surprise Beckett, ignorant le léger affront et reportant la discussion sur le sujet qui les préoccupait.
-Eh bien apparemment non, elle serait sortie la semaine dernière, et il semblerait qu'elle ait besoin de nous, enfin plus particulièrement, de vous. De vos lumières.
La jeune femme avait haussé un sourcil.
-De mes lumières ?
Il avait hoché la tête.
-Il y a dans cette enveloppe une invitation toute particulière à votre intention. Elle voudrait que vous veniez passer quelques jours sur le tournage de Heat Wave. Depuis son léger accroc de parcours elle a la sensation d'avoir perdu « la flamme » qui habite le personnage de Nikki, elle voudrait que vous l'aidiez à la retrouver. Que vous lui expliquiez comment, dans les moments de doute vous vous recentrez sur votre carrière et vous allez de l'avant.
Beckett avait secoué la tête.
-Je suis sincèrement désolée d'apprendre qu'elle a perdu « la flamme », et son invitation me touche. Mais il est hors de question que je me rende à Los Angeles. Nous avons du travail ici !
Castle avait jeté un regard au tableau blanc, puis à la jeune femme, puis au tableau blanc à nouveau.
-Il n'y a rien pour l'instant, mais ça va bien finir par venir ! Avait insisté Beckett avec un semblant de conviction dans la voix.
-Regardez-vous, avait murmuré l'écrivain, vous en êtes presque à espérer qu'un meurtre ou une affaire sordide ne vienne vous sauver de toute inactivité. Pourtant je pense que ça vous ferait du bien de prendre quelques jours de repos, un peu de recul après les événements des dernières semaines.
-Je ne vois pas de quoi vous voulez parler Castle, avait rétorqué la jeune femme.
En réalité, elle savait très bien à quoi il faisait allusion. En moins de 6 mois la jeune femme s'était fait tirer dessus, avait souffert de symptômes post-traumatiques suite à cette agression, s'était fait kidnapper, avait du sortir l'écrivain et sa mère des griffes de faux-docteurs braqueurs de banque. Cela représentait tout de même une bonne moyenne « d'événements » dans un si court laps de temps.
-Quand êtes-vous partie en vacances pour la dernière fois Kate ? Avait poursuivi l'écrivain. Quand vous êtes-vous totalement déconnectée de votre job pour quelques jours, sans penser aux conséquences, sans vous inquiéter des enquêtes en cours ?
Un court silence avait suivi cette interrogation.
-Je...Cet été ! Avait enfin rétorqué la jeune femme, fière d'avoir une date aussi proche à proposer en retour.
-Je parle de vraies vacances, pas d'une convalescence après blessure par balle...
Elle avait baissé la tête, ne sachant que répondre. En réalité elle était bien incapable de se souvenir de la date de ses dernières vacances. En avait-elle réellement prit un jour ? Sans qu'elles ne soient imposées par un pépin de santé ou par des conditions météorologiques extrêmes ?
-Vous voyez, avait poursuivi l'écrivain devant son mutisme, alors prenez cette invitation comme une opportunité. Comme l'occasion de changer un peu d'air, de vous sortir certaines choses de l'esprit. Et puis vous vous étiez bien entendue avec Nathalie, non ?
Elle lui avait jeté un regard semi-convaincu.
-Sur la fin...avait-il cru bon de préciser.
Kate avait longuement hésité. Il y avait quelque chose de tentant dans la proposition de Nathalie, mais une part d'elle, obnubilée par son job, avait du mal à accepter l'idée de lâcher prise, même pour un court laps de temps.
Elle repensait aux mots de son thérapeute lors de leur toute dernière séance :
« Kate, vous ne cessez de me répéter que vous désirez aller de l'avant, ne plus vous laisser guider par votre passé. Mais est-ce que vous avez seulement songé à laisser un peu de côté votre présent et tout ce qu'il implique pendant un petit moment ? Histoire d'appréhender l'avenir avec l'esprit un peu plus clair. De savoir ce que vous voulez vraiment ? Vous devriez peut être prendre des vacances ».
Ses paroles résonnaient soudain étrangement au moment où l'écrivain se présentait au poste avec une telle proposition. Elle le soupçonna même d'être de mèche avec lui. Mais étant donné qu'il ignorait tout de ces séances, cela semblait tout de même difficilement concevable.
Elle avait prit une profonde inspiration, avant de concéder à mi-voix :
-Je vais y penser Castle.
Ce dernier avait déjà un poing serré en guise de mini signe de victoire.
-Oh, et elle a précisé que vous pouviez venir avec le génie qui a crée Nikki, avait-il ajouté au passage, arquant un sourcil et affichant un large sourire, exempt de toute modestie.
Elle aurait dû refuser, insister pour continuer à contempler ce tableau blanc en espérant qu'il se passe quelque chose. Partir plusieurs jours avec l'écrivain avait un côté soudain trop « officiel », et puis cette omniprésence « hors cadre professionnel » n'allait-elle pas les obliger à aborder certains sujets qu'elle préférait pour l'instant éviter encore un peu ?
Elle n'aurait pas su déterminer ce qui finalement l'avait convaincue d'accepter. Et, assise dans cet avion, elle s'interrogeait toujours à ce sujet.
Le fait est qu'elle se retrouvait bel et bien, à peine cinq petits jours plus tard, à bord de ce jet privé que l'écrivain avait fait affréter spécialement pour eux.
Il semblait y avoir ses habitudes à en juger par l'accolade amicale échangée avec le pilote lorsqu'ils étaient monté à bord, et sa remarque sur l'hôtesse qui n'était pas une des « hôtesses habituelles ».
-Il vous arrive souvent de voyager en « jet privé » ? S'était-elle interrogée alors qu'ils s'installaient à leur place.
-Vous savez, les vols commerciaux c'est tellement surfait, avait répondu l'écrivain taquin, faisant mine d'être « au dessus de ça », avant de préciser qu'il s'en était jusqu'ici surtout servi pour se rendre à des galas de charité et autres sollicitations aux quatre coins du pays. Ainsi il gardait ses petites habitudes et pouvait fonctionner selon ses propres horaires.
-Et puis dans cet aérodrome il y a comme un esprit de famille, Earl le pilote est un ami avait-il précisé, confirmant la nature de ses relations avec ce dernier.
Earl était donc aux commandes, Janice, l'hôtesse de l'air qui n'était donc pas « une habituée » (et cela se sentait légèrement au travers de certains gestes « empruntés »), passait de temps en temps dans les allées pour s'assurer qu'ils n'avaient besoin de rien. Et, depuis à présent deux bonnes heures, ils s'éloignaient des rives new-yorkaises pour rejoindre d'autres rives, à l'autre bout du pays.
Le trajet devait durer un peu plus de 6 heures selon ce qu'avait annoncé le pilote à l'embarquement. Ce qui signifiait qu'il leur restait quatre longues heures avant d'atterrir à Los Angeles. Ils avaient décollé avant 7h, étant attendus à la mi-journée (heure de Los Angeles) par l'équipe du film et surtout l'actrice principale de l'adaptation qui tenait, selon l'écrivain, à leur offrir un somptueux déjeuner pour fêter leur arrivée.
Kate estima que terminer sa nuit, à l'image de l'écrivain, ne serait pas un luxe compte tenu de la journée qui les attendrait sur place et du décalage horaire qu'il faudrait assumer à leur arrivée.
Elle ferma les yeux, et laissa peu à peu le sommeil la gagner. Une dizaine de minutes plus tard, elle sombrait.
C'est plus ou moins au même moment qu'à ses côtés, Castle refit surface. Il ouvrit un œil, puis deux. Face à lui, à quelques centimètres à peine, le visage paisible de la jeune femme endormie.
Il songea qu'il était peu commun de la voir si sereine dernièrement. Il espérait vivement que cette petite escapade à l'autre bout du pays allait prolonger un peu cette sérénité.
Bon bien sûr il aurait surement à essuyer une réaction un tantinet houleuse lorsque Beckett découvrirait la vraie raison de sa présence sur les lieux. Mais il comptait bien mettre en avant le fait que ce voyage était surtout pour elle l'occasion de se déconnecter un peu de son quotidien chahuté, et qu'il n'avait omit une partie de la vérité que dans son intérêt.
Elle avait besoin de cette parenthèse, c'était un fait. Il n'était d'ailleurs pas tellement étonné que cette demande de « mise au vert » ait été si bien accueillie par le Capitaine Gates. Depuis l'affaire du sniper, la patronne du district 12, sous ses airs froids et distants, semblait veiller plus que d'ordinaire sur l'état de la jeune femme.
Quant à Ryan et Esposito, ils avaient bien entendu accueilli cette nouvelle avec bienveillance. Ryan leur avait souhaité de se ressourcer afin de revenir en forme pour son mariage. Esposito, lui, avait adressé un clin d'œil complice à l'écrivain qui avait fait mine de l'ignorer...
« Oui, songea-t-il, elle allait très certainement lui en vouloir, mais cela en valait la peine. »
Il décolla lentement le visage de son siège, prenant garde à ne pas réveiller Kate, puis jeta un regard autour de lui. À travers le hublot un ciel bleu sublime occupait tout l'espace. Il reporta son attention sur l'intérieur de l'appareil. Ce n'était pas un immense jet luxueux comme l'on peut parfois en apercevoir au cinéma ou dans les revues consacrées aux « grandes fortunes », l'appareil était décoré modestement. Deux allées, de 4 sièges chacune, faisaient face à un petit coin salon, surmonté d'un placard en verre transparent dans lequel figuraient quelques bouteilles que l'écrivain n'ouvrait jamais et un kit de secours.
Une main se posa soudain sur son épaule, il releva la tête surpris. L'hôtesse de l'air lui faisait face.
-Vous voulez boire quelque chose ? Chuchota-t-elle, prenant garde de ne pas troubler le sommeil de la jeune femme à ses côtés.
Il secoua la tête de gauche à droite pour refuser poliment puis sourit faiblement en signe de remerciement.
La jeune femme hocha la tête et repartit avec son plateau vers le fond de l'appareil, manquant au passage de faire tomber ce qu'il contenait.
Elle avait dû avoir son diplôme dans une pochette surprise songea l'écrivain, repensant à ce moment, un peu plus tôt, où elle avait manqué de l'asperger de champagne en glissant dans l'allée.
Il prit une profonde inspiration, reposa sa tête contre le dossier de son siège et reporta à nouveau son attention sur le profil endormi de la jeune femme.
Il aurait pu la contempler ainsi durant des heures, détaillant la douceur visible de son visage apaisé, la sérénité de ses paupières closes, le naturel de ses lèvres à peine surmontées d'un léger soupçon de beige.
Le trajet était paisible, le temps magnifique, et la vue tout autant donc. L'avion semblait reposer sur un matelas de coton...Difficile de céder bien longtemps aux affres du sommeil après la courte nuit qu'il venait de passer.
Il ferma les yeux et sombra à nouveau.
C'est une violente secousse qui les tira tous deux du sommeil dans un sursaut collectif quelques heures plus tard.
Où se trouvaient-ils ? Que se passait-il ? Quelle heure était-il ?
Il leur fallut un court instant pour réaliser et se remettre en situation.
L'avion, le trajet New-York/Los Angeles, Nathalie Rhodes...
Et à travers le hublot, un temps qui n'avait plus rien d'idyllique. Le ciel, presque noir, était déchiré de part en part, par de larges éclairs les vitres de l'avion, imbibées d'eau, tremblaient faiblement, comme sur le point de céder sous la pression de grêlons gros comme le poing.
Le bruit extrême de ces derniers, frappant l'habitacle de l'appareil propulsé à quelques centaines de km/h, avait quelque chose de franchement surréaliste. On aurait dit qu'ils essuyaient les tirs du camp ennemi en temps de guerre.
La jeune femme écarquilla les yeux de surprise et jeta un coup d'œil inquiet à l'écrivain.
Il se voulut rassurant et mentit un peu :
-Ne vous inquiétez pas Beckett, nous traversons sûrement juste quelques turbulences. Rien de bien grave ! J'ai l'habitude !
La jeune femme ne semblait pas convaincue, et, alors que l'appareil était secoué une nouvelle fois, leur procurant la drôle de sensation de dévaler une montagne russe à l'envers, elle désigna soudain du regard une forme prostrée de l'autre côté de l'habitacle.
Au niveau du « petit salon », l'hôtesse de l'air était assise dans le siège qui lui était réservé, sanglée au dernier cran, ses jambes ramenées contre elle et tremblait comme une feuille.
-Ca aussi vous avez l'habitude ? S'enquit-elle d'une voix mal assurée.
L'écrivain fronça les sourcils. Quelque chose n'allait effectivement pas.
Il détacha sa ceinture et entreprit de se lever.
-Vous pensez vraiment que c'est le moment de jouer les héros Castle ? L'interrogea Beckett, haussant légèrement la voix pour se faire entendre.
Castle secoua la tête et désigna la porte du cockpit quelques mètres plus loin.
-Je vais demander à Earl ce qui se passe et essayer de rassurer notre hôtesse ! Ce qui est un peu le monde à l'envers si vous voulez mon avis, tenta-t-il d'humoriser.
Il fit quelques pas incertains dans l'allée, une nouvelle secousse manqua de le faire trébucher mais il se raccrocha à l'un des fauteuils du petit salon.
Il adressa un coup d'œil à l'hôtesse et lui lança d'une voix forte :
-Ca va aller mademoiselle ?
La jeune femme ne répondit pas, le regard toujours dans le vague, prostrée, les jambes toujours tremblantes, elle semblait complètement déconnectée de la réalité.
Il y avait quelque chose d'assez peu rassurant dans ce comportement songea-t-il. Si elle-même semblait céder à la panique, à quoi devaient-ils s'attendre ?
Il frappa à la porte du cockpit, et sans attendre de réponse s'engouffra à l'intérieur.
Une violente secousse referma la porte à sa place.
Earl, solidement accroché au manche de son appareil semblait lutter pour garder le cap tandis qu'une nuée de grêlons s'abattait sur la vitre face à lui.
Castle, pour éviter de chuter à la prochaine secousse, prit place à ses côtés et attacha sa ceinture. Puis il s'adressa à son ami. Des gouttes de sueur perlaient du front du vieil homme qui pourtant devait « en avoir vu d'autres ».
-A quel point c'est mauvais Earl ? S'enquit l'écrivain inquiet.
Le pilote secoua la tête.
-On approchait de Los Angeles quand la tour de contrôle m'a informé qu'une tempête surréaliste avait gagné la vallée en moins d'une heure. Ils m'ont redirigé sur l'aéroport de San Francisco en faisant une boucle par l'océan pour éviter le gros nœud de la tempête. Mais depuis près de 10 minutes j'ai perdu tout contact avec la tour de contrôle et mon mode de pilotage automatique ne répond plus non plus. Je ne peux plus compter que sur mes appareils de bord pour nous diriger à travers ce bourbier.
-Je vois...fit l'écrivain gagné à son tour par l'inquiétude mais qui tentait de dégager un peu de sérénité. Et ça donne quoi pour l'instant ?
-Ça donne que je n'y vois fichtrement rien Rick, répondit le vieil homme, la voix vaguement assurée mais la main légèrement tremblante. Il y a une demi-heure on volait en plein soleil, j'avais même sorti les lunettes, et nous voici au beau milieu de ce je ne sais quoi...
Il soupira.
-Tout ce que je sais c'est que nous sommes quelque part au dessus de l'océan, à une bonne centaine de miles des côtes, et qu'il faut que j'arrive à nous ramener sur la terre ferme pour nous poser sans encombres à SFO (aéroport de San Francisco, ndla).
Il désigna le paysage apocalyptique qui leur faisait face.
-Et ça mon cher ami, je suis au regret de te dire que ce n'est pas gagné.
Un nouvel éclair zébra le ciel, comme pour confirmer ses dires et l'avion perdit encore un peu d'altitude. Nouveau tour de montagnes russes. Earl s'agrippa plus fort encore au manche de son petit appareil.
Castle sentait peu à peu l'angoisse le gagner. Il pensa soudain à Beckett qui était restée à l'arrière.
-Il faut que j'aille rassurer ma partenaire Earl.
Le vieil homme hocha la tête, trop concentré sur son pilotage pour vraiment réagir.
L'écrivain se releva, et avant de quitter le cockpit posa une main sur l'épaule de son ami.
-J'ai confiance en toi, tu vas nous sortir de là comme un chef ! C'est pas à un vieux briscard comme toi qu'on va apprendre à voler hein !
Il se forçait à avoir l'air enjoué, tentant d'insuffler un peu d'optimisme à travers ses mots. Mais il n'était pas certain que cela ait l'effet escompté. Et surtout que l'optimisme soit vraiment de mise, il venait de remarquer que toute la partie droite du tableau de bord de son ami s'était éteinte.
Lorsqu'il refit son apparition dans la queue de l'appareil, il aperçut Beckett, toujours assisse à son siège, les mains comme incrustées dans les assises, le regard glacé par l'inquiétude. Il n'avait pas tellement l'habitude de la voir céder à la panique (si on excluait un certain incident récent impliquant un tigre), et d'ailleurs son inquiétude présente semblait plutôt « contenue ». Pas de cris, pas de réaction disproportionnée. Elle était digne, comme toujours.
Elle leva la tête vers lui, le regard plein d'espoir, espérant qu'il revienne avec des nouvelles rassurantes.
Il fit quelques pas dans sa direction avant qu'une nouvelle secousse, plus violente que les autres ne le projette sur le sol. Son front vint taper le bord métallique du dossier du siège devant lui, et il fut sonné un instant. Incapable de se relever.
-Castle !
La jeune femme avait détaché sa ceinture et s'était levée d'un bond pour venir à sa rencontre. Elle s'assit sur le sol face à lui pour éviter d'avoir à imiter sa dernière cascade.
L'écrivain s'était redressé et accolé contre l'accoudoir du siège.
Ainsi, assis l'un face à l'autre, ils échangèrent un regard effrayé alors qu'une nouvelle secousse, moindre celle-ci, secouait l'appareil.
Il n'y avait pas grand chose à dire, elle n'osa même pas lui demander ce qu'il en était, le regard de l'homme traduisait suffisamment son inquiétude pour ça.
-Vous croyez en dieu ? Lança soudain l'écrivain.
Elle haussa un sourcil surprise par sa question, puis leva les yeux au ciel et secoua la tête.
Elle n'en savait fichtrement rien. Etait-ce une solution de se mettre à croire juste dans un instant pareil de toute façon ?
-Et vous ? L'interrogea-t-elle, éludant la réponse.
-Oh moi, tenta d'humoriser l'écrivain pour dédramatiser un peu, je me fie plutôt à Gandalf dans ce genre de situation...
Elle sourit malgré elle. Il avait le don de plaisanter même au pire des moments.
Son sourire fut cependant de courte durée, l'appareil connut soudain une nouvelle embardée, bien plus violente que les précédentes, ils eurent l'impression de chuter sur plusieurs centaines de mètres et glissèrent vers l'avant de l'avion tandis que l'hôtesse quelques mètres derrière eux était plaquée violemment au fond de son siège et poussait un cri suraigu.
Les lumières s'éteignirent. Le noir total s'installa dans la carlingue le temps qu'ils s'habituent à l'obscurité extérieure.
Et puis tout à coup le silence. Un silence surréaliste car l'appareil continuait à chuter...Propulsé vers les abymes, comme au ralenti.
Un silence troublé uniquement par les sanglots étouffés de l'hôtesse.
L'écrivain ferma les yeux. Ce n'était pas possible, ça ne pouvait pas finir comme ça, pas aussi bêtement. Pas après tout ce qu'ils avaient traversé ensemble.
Il sentit soudain une main qui cherchait la sienne.
-Castle...
Le murmure de la voix de la jeune femme le fit frissonner de tout son être. Ce n'était même pas un murmure de désespoir...C'était plutôt de la résignation.
Il saisit la main dans la sienne et la plaqua contre sa poitrine. Restant silencieux.
Le silence oui, et cette chute sans fin...Combien de temps encore avant l'impact ?
Ils s'habituaient progressivement à l'obscurité et percevaient à nouveau ce ciel noir de nuages à l'extérieur
-À quoi pensez vous ? Murmura la jeune femme, la voix étrangement apaisée.
Il se mordit la lèvre.
-Alexis...
Elle resserra la pression de sa paume contre la sienne.
Et, le constat qu'elle n'avait en dehors de son père personne là, en bas, qui comptait vraiment sur elle lui vrilla soudain le ventre. Etait-ce le genre de bilan qu'elle avait eu envie de dresser au moment de quitter cette terre ?
Tant de regrets, et si peu de temps pour réparer les choses...
-Vous avez vu Titanic ?
La voix de l'écrivain venait de l'arracher à ses pensées. Derrière eux les sanglots de l'hôtesse avaient cessé depuis un instant.
-Titanic ? Demanda-t-elle interloquée.
-Nous sommes au dessus de l'océan, nous allons nous écraser en pleine mer. Si le choc ne nous tue pas sur le coup nous allons nous retrouver à plusieurs mètres de profondeur. Si vous êtes encore consciente à ce moment là, promettez moi de tout faire pour essayer de remonter. Battez des jambes, propulsez vous vers la surface...Remplissez vous poumons d'air au moment de l'impact et essayez de remonter.
Elle hocha la tête, bien qu'il ne puisse la voir. « Si le choc ne nous tue pas sur le coup » avait-il précisé. En voilà une idée qu'elle était rassurante songea-t-elle...
C'était presque drôle...Elle ne put d'ailleurs retenir un léger hoquet.
L'écrivain haussa les sourcils.
-On va probablement s'écraser, et vous riez ?
Sa question eut pour effet de dédoubler son envie de rire. Elle pouffa doucement tandis que l'appareil continuait sa chute.
Combien de temps fallait-il pour parcourir les quelques milliers de mètres les séparant de la surface de l'océan ?
L'écrivain interdit, était légèrement surpris par la réaction de la jeune femme. Il avait entendu parler de ces gens qui accueillent la mort avec sérénité, mais dans un fou rire... ? Il n'avait pas encore eu l'occasion de faire l'expérience de la chose.
-Est-ce que vous pouvez me faire partager la cause de votre hilarité ? Demanda-t-il, je n'aurais rien contre rire un peu moi aussi dans un tel moment.
Elle se mordit la lèvre et tenta de reprendre son sérieux.
-Hum, non, c'est juste ce que vous avez dit sur le fait que le choc allait sûrement nous tuer tous les deux sur le coup.
En prononçant ces mots elle se sentit partir à nouveau dans un fou rire incontrôlable. Pourtant la situation était tout sauf drôle.
C'était sûrement les nerfs.
L'écrivain demeura un instant interdit avant de songer à l'absurdité de la situation. Un premier hoquet le secoua, puis un deuxième...Un court instant plus tard ils riaient doucement tous les deux.
Quelques mètres plus loin, une jeune femme terrorisée se demandait dans quel asile de fous elle avait embarqué et songea que jamais elle n'aurait dû accepter cette mission ridicule...
À cet instant précis, l'avion sembla connaître un dernier sursaut de vie, se redressant légèrement et lentement dans un drôle de grincement.
Castle haussa un sourcil, ils cessèrent instantanément de rire. Se pouvait-il qu'il y ait encore de l'espoir ?
L'avion continuait de chuter, mais il semblait légèrement moins penché, presque porté à nouveau à l'horizontale. Il songea qu'un mètre ou deux derrière eux, Earl était certainement en train de tout donner pour les sauver.
Puis le paysage au niveau des hublots changea totalement, en lieu et place de nuages et d'éclairs ils aperçurent la cime d'arbres qui se faisaient soudain très proches...Extrêmement proches...
Ils poussèrent un cri et sursautèrent au moment ou la première branche éventra le hublot à leur droite.
Un énorme appel d'air leur coupa paradoxalement la respiration. L'avion était chahuté dans tous les sens et un vent glacial s'insinua à l'intérieur de l'appareil.
Le reste ne fut qu'un enchaînement d'images floues et désordonnées. Des branches encore des branches, un cri inhumain de la part de l'hôtesse, l'avion peu à peu disloqué, éventré...Et le réflexe ultime de l'écrivain de projeter la jeune femme vers l'extérieur avant de s'y porter lui aussi dans la foulée.
Ils atterrirent plusieurs mètres plus bas, inconscients tous les deux, tandis que l'avion allait s'encastrer dans un sol mouvant et prenait feu.
Combien de minutes s'étaient écoulées avant que Kate ne se réveille ? D'heures peut-être ? Elle aurait été incapable de le déterminer. Toujours est-il que lorsqu'elle ouvrit les yeux, une lumière blafarde lui agressa les rétines et qu'elle dû s'y reprendre à plusieurs fois avant de parvenir à les garder ouverts.
Elle tenta de rassembler ses esprits, où était-elle ? Que s'était-il produit ?
Elle était visiblement allongée quelque-part, quelque chose de rêche semblait incrusté dans ses joues, comme des milliers de petits cailloux minuscules...Et cette odeur de brûlé entêtante...
Elle décolla mécaniquement sa joue du sol, il s'agissait en fait de sable. Elle en avait sur toute la partie droite du visage.
Elle leva la main pour frotter et se débarrasser de la chose et manqua d'étouffer un cri, une douleur lancinante au niveau de son épaule avait interrompu son geste. Elle tenta de bouger l'autre bras qui lui semblait indemne et prit donc appui sur ce dernier pour se relever doucement et s'asseoir avant d'enlever enfin tout ce sable.
Elle tenta doucement de mouvoir ses jambes et constata avec soulagement qu'elles semblaient indemnes (si on faisait fi des égratignures recouvrant ses chevilles et d'une vilaine balafre lui recouvrant la cuisse droite). Son pantalon par contre, lacéré par endroits, s'en était sorti avec moins d'honneurs.
Elle cligna des yeux et reporta son attention sur le paysage surréaliste qui s'offrait à elle. Elle était assise sur une sorte de promontoire, une dune de sable. Face à elle, sûrement quelques mètres plus bas, l'océan, paisible... Paysage de carte postale. Au dessus de sa tête un ciel bleu magnifique, le même que quelques heures plus tôt lors du décollage à New-York, et au loin des nuages sombres, dernières traces de la tempête qu'ils venaient d'essuyer.
Tout lui revint en mémoire...L'invitation, Nathalie Rhodes, l'avion, la tempête, le pilote, l'hôtesse… Castle !
Prenant conscience qu'elle ne le voyait nulle part autour d'elle et que son champ de vision était restreint dans cette position, elle tenta de se redresser puis de se lever complètement pour essayer de l'apercevoir. S'en était-il sorti lui aussi ? La dernière chose qu'elle avait en mémoire c'était le bras solide de son partenaire, la projetant à l'extérieur de l'appareil. Tout ce qui avait pu suivre cet instant était un immense flou.
Elle fit quelques pas hésitants dans le sable brûlant (elle avait visiblement perdu ses chaussures dans sa chute mais elle ne les voyait nulle part) et lorsqu'elle dépassa enfin la dune, le paysage de désolation qui s'offrit à elle la fit frissonner.
Quelques mètres plus bas, la carcasse carbonisée de l'avion avait dessiné un large arc de cercle de cendres sur son passage avant de s'encastrer dans une autre dune de sable. L'appareil était méconnaissable.
À deux ou trois mètres de là, il lui sembla distinguer un corps féminin à demi-brûlé, celui de l'hôtesse très certainement. Elle frissonna. Est-ce que le pilote avait subit le même sort lui aussi ?
Elle songea qu'en la projetant à l'extérieur de l'appareil l'écrivain lui avait certainement sauvé la vie, mais où avait-il atterri en sautant pourtant à peine quelques secondes après elle ?
Elle sonda le paysage du regard, lorsqu'elle l'aperçut enfin, à sa droite, au niveau de ce qui ressemblait fort à une petite « plage », ou une crique...Il n'y avait plus de dunes, l'endroit était entouré d'une épaisse végétation, c'était une large étendue de sable ouvrant sur l'océan.
Son corps était échoué là, au bord de l'eau. Immobile. De temps en temps une vague venait lécher la pointe de ses pieds. Nus eux aussi.
Elle secoua la tête, il ne pouvait pas être...Ce n'était simplement pas possible. Pas après l'avoir sauvée elle.
Elle se précipita à sa rencontre, manquant de trébucher à de nombreuses reprises, ignorant la douleur qui lui vrillait le bras.
Plus elle s'approchait, plus ses craintes semblaient avérées. L'écrivain semblait avoir été rejeté par l'océan, ses vêtements étaient trempés, il était sur le ventre, la tête dans le sable, inanimé.
Combien de temps avait-il passé dans l'eau avant que l'océan ne le rejette ? Quelques instants seulement ? Plusieurs minutes ?
Elle était à présent parvenue à son niveau, elle s'agenouilla dans le sable et tenta de le retourner sur le dos.
Elle commença par le secouer légèrement, peut être était-il simplement inconscient ? Comme elle un instant plus tôt.
Mais l'écrivain ne réagit pas à ses secousses. Elle se pencha sur sa poitrine pour écouter son cœur.
Elle n'entendait rien.
Elle se saisit de son poignet qui reposait mollement dans le sable et tenta de prendre son pouls.
Il lui sembla le sentir qui battait très faiblement, mais elle se demandait si le tremblement nerveux secouant ses propres mains ne lui jouait pas des tours.
Rassemblant par la pensée tout ce qu'elle savait au sujet des gestes de premiers secours, elle plaqua ses mains sur le thorax de l'écrivain, dans une position mainte fois répétée, et commença un massage cardiaque.
« 1...2...3...4...5 » compta-t-elle à voix basse.
Il fallait atteindre 30 compressions régulières avant de pratiquer un bouche à bouche. 2 insufflations. Puis reprendre le massage à nouveau.
Elle appuyait avec conviction sur le thorax de l'écrivain « 12...13...14...15 ». Il fallait qu'il se réveille, il n'avait pas le droit de partir aussi bêtement. Pas comme ça... « 20...21...22...23...». Allez bon sang ! Songea-t-elle. « 26...27...28...29...30 ».
Elle pencha la tête de l'écrivain en arrière, pinça son nez et lui abaissa le menton pour lui entrouvrir la bouche.
Elle approcha son visage du sien et s'apprêtait à plaquer ses lèvres sur les siennes pour pratiquer la première insufflation, lorsque, dans un sursaut inattendu, celui-ci lui recracha une grande giclée d'eau dans le visage avant de se redresser et de lui donner un coup dans le front, la projetant légèrement en arrière.
Elle écarquilla les yeux de surprise, se retrouvant assise dans le sable.
De son côté aussi l'écrivain avait à présent les yeux ouverts, écarquillés eux aussi, et prit une longue inspiration. Comme si par cette dernière il insufflait tout ce qui avait manqué à ses poumons durant les dernières minutes écoulées.
Puis il se mit à haleter légèrement, alternant inspirations et expirations avec avidité, savourant cet air qui entrait et sortait à nouveau de son organisme.
Après un court instant qui sembla durer une éternité à la jeune femme, il tourna la tête dans sa direction, les yeux toujours un peu révulsés.
Il déglutit, prit une longue inspiration avant de lui lancer :
-Je suis toujours vivant ou bien ? Parce que la première vision que j'ai eu c'est vous sur le point de m'embrasser alors...
S'ensuivit un sourire qui se voulait probablement coquin, mais qui, vu l'état de l'écrivain était plus effrayant qu'avenant.
La jeune femme leva les yeux au ciel, et sourit malgré les pitreries de Castle. Elle était extrêmement soulagée.
Elle s'approcha de lui, glissa une main derrière sa nuque pour l'aider à se redresser et éventuellement recracher le reste d'eau qu'il avait dans les poumons.
Ils restèrent un instant silencieux, le temps que l'écrivain reprenne complètement ses esprits et sa respiration.
Puis, comme la jeune femme un moment plus tôt, il jeta un coup d'œil au paysage de carte postale qui leur faisait face.
-Où sommes-nous ? Fit-il intrigué.
La jeune femme haussa les épaules.
-Sûrement quelque part sur les côtes californiennes, pas trop loin d'une grande ville avec un peu de chance. Votre ami pilote nous a sauvé la vie en atteignant la côte à temps.
Elle désigna derrière eux un haut promontoire, un large rocher blanc, sorte de mini falaise, en haut de laquelle on accédait par un petit chemin de terre envahi de végétation.
-Je propose d'attendre que vous alliez un peu mieux et que nous montions là haut pour essayer de distinguer où nous sommes et où se trouve la ville la plus proche.
L'écrivain hocha la tête, et c'est ainsi que quelques minutes plus tard, ils entamaient l'ascension du rocher.
Castle boitait légèrement et peinait à reprendre complètement son souffle, mais en dehors de cette considération, le choc ne semblait pas trop l'avoir amoché. Sûrement le fait d'avoir atterri en bord de mer et non à même le sable directement. De son côté, Kate était toujours tiraillée par la douleur au niveau de son épaule, mais estimait que ce n'était pas le moment de se laisser miner par des petits bobos.
Après une dizaine de minutes d'une lente ascension, ils parvinrent enfin en haut du rocher. L'écrivain n'en pouvait plus, il se pencha, les mains sur ses genoux pour reprendre son souffle tandis que Beckett de son côté se retournait vers l'intérieur des terres pour essayer de distinguer quelque chose.
-Alors ? Combien de temps va-t-il falloir marcher jusqu'à la prochaine ville d'après-vous ? S'enquit-il entre deux reprises d'air.
La jeune femme ne répondit-pas.
-Kate ? Lança-t-il intrigué en redressant la tête dans sa direction.
Elle leva les yeux au ciel l'air de demander « Pourquoi ? » puis répondit enfin.
-Je pense que marcher n'est pas forcément le terme approprié Castle.
Il haussa un sourcil intrigué, avant de se redresser complètement et de détailler le paysage qui leur faisait face.
Devant lui, sur plusieurs kilomètres de long semblait s'étendre une dense forêt, surmontée de temps en temps de rochers, de falaises. Puis, derrière les falaises, une étendue de sable à nouveau.
Et juste après le sable...L'océan à perte de vue.
