OS écrit dans la nuit sous une subite inspiration.

Les personnages ne m'appartiennent pas.

Bonne lecture.


Ultimatum

La nuit était déjà bien avancée. La citadelle était calme, silencieuse. Elle avait revêtu son habit de ténèbres pour laisser à ses occupants quelques heures de répit avant de retourner sur le champ de bataille. Ils dormaient tous du sommeil du juste, un sommeil ô combien mérité après tous leurs efforts. Tous, sauf moi.

Morphée refusait de me prendre dans ses bras et de m'y bercer jusqu'au petit matin. Pourtant toutes les conditions étaient réunies pour me plonger dans un sommeil profond. La fatigue accumulée ces derniers jours aurait dû m'aider, mais elle ne faisait qu'embrumer mon esprit, me laissant à des divagations dont le résultat final ne me convenait guère. Ma chambre était plongée dans le noir, seul un faible rayon de lune s'infiltrait par la fenêtre, les draps recouvraient mon corps dénudé, et surtout il était là. Couché sur le ventre, son bras dont la peau noire était pareille à de l'encre reposait sur mon ventre et sa tête était calé sur mon torse. Sa respiration était calme, régulière il dormait. Il était là, mais pour combien de temps encore… ?

La lueur de la lune tintait ses cheveux d'argent. Il était si serein, si beau lorsqu'il dormait. Si innocent. J'avais peur de me réveiller un matin et de voir qu'il n'était plus là, qu'il était parti les rejoindre… Je savais que ce jour viendrait, tout le monde le savait. Lui-même le savait. Ce n'était qu'une question de temps. Chacun s'y préparait à sa manière. Mais même préparé, la vérité que nous nous efforcions tous de taire était difficile à admettre. Et ce jour approchait. Inexorablement. Je savais que bientôt il partirait, il me quitterait pour partir les rejoindre. Et lorsque ce jour viendrait, je ne pourrais rien faire, rien d'autre qu'accepter qu'il s'en aille, et attendre.

De plus en plus souvent je voyais passer dans ses yeux d'argent un éclat doré, son sourire doux et amical se transformait pour devenir plus cruel. Ses rêves se muaient souvent en cauchemars liés au quatorzième. Ses absences devenaient de plus en plus longues, de plus en plus fréquentes. Quelques fois il me semblait même l'avoir entendu parler tout seul. Non pas seul. Avec lui. Lui qui ruinait nos vies par sa simple existence et celle de son clan. De sa « famille ».

La question que je me posais souvent c'est pourquoi, si ce fichu Noah avait tant la fibre familiale, pourquoi voulait-il enlever Allen à sa famille ? La congrégation et ses membres étaient sa famille, personne ne pouvait lui enlever ça. Je pensais que ce Noah aurait été dans la capacité de comprendre. Mais visiblement non.

Je vivais dans l'attente. L'attente qu'il parte. L'attente qu'il m'abandonne. L'attente de me retrouver seul. L'attente de voir mon cœur déjà bien abimé se fendre et se briser encore une fois. L'attente et la peur, voilà mon quotidien. L'ultimatum avait déjà commencé et il touchait bientôt à sa fin.

-Kanda ? Tu ne dors pas ?

Les yeux grands ouverts, Allen m'observait, curieux de me voir encore éveillé en plein milieu de la nuit.

-Non, pas plus que toi… Tu as fais un cauchemar ?

Il hocha la tête en signe d'affirmation. Je lui ouvris alors mes bras où il se réfugia sans se faire prier, me serrant contre lui de toutes ses forces. Je ne l'avais même pas senti bouger. Rapidement il se rendormi, me laissant seul avec mes pensées.

La nuit accueillit mes larmes avec pudeur. Je retins un sanglot pour ne pas réveiller mon ange endormi. Je l'aimais. Je l'aimais si fort. Mais j'étais en train de le perdre.

J'avais peur. Et la seule chose qu'il me restait à faire, c'était attendre.

Le temps était bientôt écoulé. L'ultimatum touchait à sa fin.